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Full text of "Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle, appliquée aux arts, à l'agriculture, à l'économie rurale et domestique, à la médecine, etc"

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NOUVEAU 

DICTIONNAIRE 

D'HISTOIRE  NATURELLE , 

APPLIQUÉE  AUX  ARTS, 

A  l'Agriculture ,  à  l'Economie  rurale  et  domestique  , 
à  la  Médecine ,  etc. 

PAR  UNE  SOCIÉTÉ  DE  NATURALISTES 
ET    D'AGRICULTEURS. 

Nouvelle  Edition  presqu'entièrement  refondue  et  considé- 
rablement augmentée  ; 

AVEC  r-S  FIGURES  TIRÉES  DES  TROlS   RÈGNES  DE  LA    NATURE. 

TOME     XXXIV. 


DE    L'iMPRIMEIlIF.    d'aBEI,    LANOE  ,    RUE    DE    LA    HAUfE. 

A   PARIS, 

Chez  DETERVILLE,  LIBRAIRE,  KUE  HAUTEFEUIT/fE     rO    8i 


M  DCCC  XIX. 


Indication  des  Planches  du  Tome  XXXIV. 

B  7.  Plantes,  pag.  64. 
Tliek  élevé.  —  Thuya  à  sandarac.  —  Tongchu  platanoïdc,  —  Tulipier." 

G  34.  Oiseaux,  paj.  128. 
Hoéro-taire  nighobarra. — Tisserin  nélicourvi,  avec  son  nid. 

P  29.  Oiseaux  ,  pag.  184. 
Picucule  lalapiot. — Pigeon  à  ventre  jaune.— Tangarasepticolor.  — .Todier  vert. 

R  8.  Reptiles^  pag.  25 2. 
Toilue  franche.  —  Tortue  caret.  —  Tortue  luth.  —  Tortue  mataraala.  —  Tor- 
tue serpentine.  —  Tortue  réliculaire.  —  Tortue  à  lignes  concentriques.  —  Tortue 
à  petites  rayes.  —  Tortue  bourbeuse. 

R  4-  Oiseaux ,  pag.  279,^ 
Troglodyte  de  Buénos-Ayres. —  Toucan  à  gorge  jaune.  — Touraco  louri. — 
Tournepierre. 

R  g.  Poissons,  pag,  3G5. 
Taenianole  large  raye.  —  Taenioïde  herraanien.  —  Télrodon  perroquet,  —  Té- 
trodon  raye.  —  Tétodron  lune.  —  Trachine  vive.  —  Trachine  lepture.  —  Tricho- 
pode  mentonnier.  —  Trigie  rouget. 

P  i5.  Vers,  pag.  428. 
Sertulaîre  plume.  —  Sertulaire  distique.  —  Sertulaire  pélasgiennc.  —  Sertulaire 
hydriforme.  —  Sertulaire dichotome.  —  Ténia  cucurbitain.  —  Ténia  des  brebis. — 
Tentaculaire  de  la  Dorade.  —  Thétis   lièvre.  —  Thalassèrae  échiure.  —  Tri- 
chiure  de  l'homme. 

R  2.  Coquilles,  ^a^.  446. 
Taret  naval.  —  Telline  foliacée.  —  Telline  verge.  — Térébratule  vitrée. — Tes- 
tacelle  haliotide.  —  Tonne  pomme. —  Toupie  sorcière.  —  Toupie  ossilin. — Tou- 
pie retan.  —  Tridacne  géant.  — Trigonie  nodulcuse. 

R  1.  Insectes,  pag.  ^gS. 
Scarabée  hercule.  — Scolie  à  quatre  points. —  Scolopendre  fourcTiue.  — Scor- 
pion roussâtre  ,  ses  peignes  grossis. —  Sépidie  crislée. —  Sinodendron  cylindrique. 
—  Staphylin  bourdon.  —  Teigne  des  blés.  —  Téléphore  ardoisé. —  Ténébrion  de 
la  farine.  —  Tétralome  des  champignons.  —  Tiphie  à  grosses  cuisses,  — Ttjtome 
bimaculé.  —  Trogossite  mauritanique. 


.      NOUVEAU 

DICTIONNAIRE 

D'HISTOIRE   NATURELLE. 

T  H  Ë 


THÉRÉBINTACÉES.  Famille  de  plantes  quloffre  pour 
caractères  :  un  calice  moaophylle  libre;  une  corolle  formée 
de  pétales  en  nombre  déterminé  ,  insérés  à  la  base  du  calice, 
et  alternes  avec  ses  divisions  ;  des  étamines  ayant  la  même 
insertion  que  la  corolle,  en  nombre  égal  à  celui  des  pétales  » 
et  alternes  avec  eux  ,  ou  en  nombre  douWe  ;  un  ovaire 
libre,  simple,  ou  multiple,  en  nombre  déterminé.  Dans 
les  fleurs  à  ovaires  simples,  un  style  souvent  unique  et  ter- 
miné par  un  stigmate  entier  ou  profondément  divisé  ,  quel- 
quefois multiple,  avec  un  nombre  égal  de  stigmates,  rare- 
ment  nul;  un  fruit,  capsule,  ou  baie,  ou  drupe,  à  une  ou 
plusieurs  loges  monospermes.  Dans  les  fleurs  à  ovaires  mul* 
tiples,  autant  de  styles  et  de  stigmates  simples  que  d'ovaires; 
même  nombre  de  capsules,  toutes  monospermes  et  distinc- 
tes ;  semences  ordinairement  renfermées  dans  un  noyau  os-« 
seux  ;  périsperme  nul  ;  radicule  penchée  sur  les  lobes. 

Les  plantes  de  cette  famille  ont  une  tige  frutescente  ou  ar- 
borescente; leurs  feuilles  sont  alternes  ,  dépourvues  de  sti- 
pules, simples,  ou  ternées  ou  ailées  avec  impaire,  or- 
dinairement munies  d'une  nervure  longitudinale  et  sail- 
lante ,  de  laquelle  parlent  plusieurs  nervures  transversales  ; 
les  fleurs  presque  toujours  hermaphrodites  et  complètes  , 
affectent  diverses  dispositions. 

Ventenat ,  de  qui  on  a  emprunté  ces  expressions  ,  rap- 
porte à  celle  famille  ,  qui  est  la  douzième  de  la  quatorzième 
classe  de  son  Tableau  du  règne  végétal ^  et  dont. les  caractères 
XXXIV.  r:>-/. 


T  n  E 

sont  figurés  pi.  22  ,  n."'  i  et  2  du  même  ouvrage,  vingt-deux 
genres  sous  cinq  divisions  ;  savoir: 

i.**  Les  thérébintacées  à  ovaire  simple  ,  à  fruit  uniloculaire 
et  monosperme:  AcAJOU ,  Anacarde,  MAisr.iER  et  Sumac. 

2''.  Les  lliérébintacces  à  ovaire  simple,  à  fruit  multilocu- 
laire  ,  dont  quelques  loges  sont  sujettes  à  avorter  :  Came- 

LÉE,  RUMPHIE  ,  COMOCLADE,  BaLSAMIER  ,  MOLLE  ,  PjSTA- 
CHIER  ,   GOMART  ,  ToLU  et  iMoMBIN. 

3.°  Les  thércbintacccs  à  ovaire  multiple  et  à  fruit  com- 
posé de  plusieurs  capsules  monospermes  :  Aylante  et 
Brucée. 

4.°  Les  genres  qui  ont  de  l'affinité  avec  les  tliérébinlacées 
et  avec  les  rhamnoïdes  :  Cnestis,  Fagara  ,  Clavalier  et 
Ptelée. 

5."  Les  genres  qui  ont  de  l'affinité  avec  les  thérébinta- 
cées seules  :  ]}or>o>E  ,  Carambolier  et  Noyer,  (b.) 
THERÉBINTHE.  Espèce  du  genre  Pistachier. 
Je  dois  de  plus  citer  le  Thérebinthe  oléifère  qui  a  les 
feuilles  pinnées,  tantôt  avec,  tantôt  sans  impaire,  el  les  fo- 
lioles ovales-lancéolées.  Il  se  trouve  à  la  Cochinchine  ,  où  on 
le  cultive  à  raison  de  ses  amandes,  dont  on  retire  une  huile 
jaune,  odorante  ,  amère  ,  qui  ne  rancit  point ,  el  qu'on  em- 
ploie ,  dans  le  pays,  pour  parfumer  leâ  cheveux  et  faire 
des  onguens  aromatiques.  (B.) 

THfeREBmTHlZUSA.  Pierre  jaune,  tirant  sur  le 
rouge,  dont  Pline  parle  ,  satis  plus  de  détails,  et  que  Ber- 
trand et  quelques  commentateurs  regardent,  je  ne  sais  sur 
quelles  données,  comme  un  Jaspe.  F.  Terebinthizusa  , 
véritable  manière  d'écrire  ce  nom.   (desm.) 

THEPiENL\BIN.  C'est  la  Maî^ne  du  sainfoin  aluagi. 
Voyei  ce  mot  et  l'article  Agul.  (b.) 
THERESE  JAUNE.  Foyez  le  genre  Bruant. 
THERÈVE,  Thereoa.  Genre  d'insectes  de  Tordre  des 
diptères  ,  famille  des  tanystomes,  dont  les  caractères  sont  : 
trompe  saillante  ,  membraneuse  ,  courte  ,  bilabiée  ,  ren- 
fermant un  suçoir  de  quatre  soies  et  deux  palpes  adhérens  à 
deux  d'elles;  antennes  de  la  longueur  de  la  tête  ,  de  trois 
articles,  dont  le  premier  plus  long,  cylindrique  ;  le  second 
court  ;  le  dernier  conique ,  terminé  par  un  stylet  articulé  ; 
corps  allongé ,  velu  ou  soyeux  ;  abdomen  conique  ;  tarses  à 
deux  pelotes. 

Linnœus  avoit  mis  ces  insectes  avec  les  mouches  ,  dont  ils 
diffèrent  essentiellement  par  les  antennes  et  par  la  trompe. 
Geoffroy  a  fait  de  l'espèce  qu'il  a  connue  ,  un  iaun  ,  quoique 
les  ihérhes  s'éloignent  encore  de  ce  genre  ,  par  les  mêmes 
considérations,    f  abricius,  après  les  avoir  d'abord  réunis 


T  H  E  j 

avec  les  on/Ziraa; ,  les  a  ensuite  isolés,  mais  en  leur  appliquant 
le  nom  de  bikion,qixe  Geoffroy  avoit  donné  depuis  long-ienips 
à  des  insectes  d'un  genre  très-distinct  que  Fabricius  s'est  vu 
contraint  de  rétablir  et  qu'il  a  nomme  kirtea.  Je  me  suis  donc 
vu  contraint  d'imposer  une  nouvelle  dénomination  aux  Inbiuns 
de  cet  auteur  ,  et  j'ai  pris  celle  de  Th£RÉae  {cJiasseur  aux 
bêles).  11  me  l'a  enlevée  pour  l'appliquer  à  des  diptères  qui 
ont  presque  tous  les  caractères  des  nwuchcs.,  et  qui  ne  sont 
nullement  carnassiers,  ce  qui  rend  l'application  du  nom  en- 
core plus  injuste.  Conséquent  dans  mes  principes  ,  je  conti- 
nuerai d'appeler  thérhes  les  insectes  que  Fabricius  désigne 
sous  le  nom  de  bibiuns.  On  ne  sait  rien  de  particulier  sur  eux. 
Ils  se  tiennent  sur  les  plantes  et  s'y  nourrissent  de  proie. 

L'espèce  la  plus  commune  est  îa  Thereve  plébéienne  , 
Tliereva  plebeAa  ;  Bibio  plebeia  ^  Fab.  ;  Must a  plebeia ,  Linn. , 
pi,  R.  lo — 7  de  cet  ouvrage  ;  le  Taon  nuir  à  anneaux  du  ventre 
lordésde  bIanc.,Qeoii.Cet  insecte  est  long  d'environ  cinq  lignes; 
sa  tête  est  pubescente,  grise  antérieurement ,  d'un  gris  jaunâ- 
tre postérieurement,  avec  les  yeuxbruns;  il  a  trois  petits  veux 
Jisses  distincts  et  ayant,  au-devant  d'eux,  deux  taches  noires 
luisantes  ,  contiguës;  les  antennes  sont  noires  ;  le  corselet  est 
pubescent,d'uncendré-jaunâtre,avec  deux  raies  grises  ou  plus 
pâles  sur  le  dos;  l'abdomen  est  long,  conique  ,  avec  le  bord 
postérieur  des  anneaux  grisâtre  ou  d'un  gris  jaunâtre  ;  les 
pattes  sont  jaunâtres,  avec  les  cuisses  cendrées  ;  les  ailes  ont 
des  nervures  jaunâtres. 

La  ThÉrève  bordée  ,  Bibio  marginata,  Fab.  ,  est  noire  , 
avec  le  bord  postérieur  des  anneaux  de  l'abdomen  blanc  ,  et 
les  ailes  tachetées  de  noir. 

La  Tuérève  grisbtte  ,  Bibio  anilis,  Fab.  ,  a  le  corselet 
gris,  l'abdomen  d'un  blanc  soyeux  et  les   ailes  sans  taches. 

THERIDION,  Theridion.Latrodectus,  ^'3i\ck.',Arunea y 
Linn. ,  Geoff. ,  Deg.  ,  Fab.  Genre  d'arachnides  ,  de  la  fa- 
mille des  aranéïdes  ou  des  fileuses  ,  tribu  des  inéquitèles  ,  et 
distingué  des  autres  genres  de  cette  division  paroles  carac- 
tères suivans  :  la  première  paire  de  pattes  et  ensuite  la  qua- 
trième les  plus  longues  de  toutes  ;  yeux  au  nombre  de  huit 
et  disposés  ainsi  :  quatre  au  milieu,  formant  un  carré  pres- 
que équilatéral ,  et  dont  les  deux  antérieurs  sur  une  émi- 
nence  ;  deux  autres  de  chaque  côté  ,  le  plus  souvent  rappro- 
chés obliquement  par  paires,  etplacésaussisurune  élévation  ; 
mâchoires  inclinées  sur  la  lèvre  ,  tronquées  obliquement  et 
extérieurement  à  leur  extrémité. 

Les  théridions  sont  du  nombre  de  ces  aranéïdes  que  les 


4  T  II  E 

iialuralisles  ont  désignées  sons  la  dénomination  générale 
à' araignées JUmulièrcs.  Leur  abdomen  ,  par  sa  mollesse  cl  la 
variété  de  ses  couleurs,  se  rapproche  de  celui  des  épéïres  ;  les 
pattes  sont  longues  et  déliées.  Quelques  espèces  se  tiennent 
60US  les  pierres;  d'autres  habitent  les  parties  peu  fréquentées 
ou  rarement  visitées  de  nos  maisons  ,  el  font  leurs  toiles  ,  soit 
aux  angles  des  murs,  soit  dans  les  armoires  et  parmi  les 
meubles;  mais  la  plupart  des  autres  choisissent  ,  pour  domi- 
cile ,  des  arbres  ou  des  (leurs.  Telle  est  particulièrement  l'es- 
pèce que  M.  Walckenaër  a  nommée  bienfaisante  ,  et  dont  il 
a  si  bien  étudié  les  mœurs.  Il  nous  a  présenté  ,  dans  le  cin- 
quième fascicule  de  son  histoire  des  animaux  de  celle  famille, 
des  observations  extrêmement  curieuses  cl  très-complètes  sur 
l'accouplement  de  ce  ihéridion. 

En  voici  l'extrait  : 

Nos  jardins,  nos  potagers,  offrent  très  -  communément , 
surtout  en  automne  ,  celte  espèce.  Sa  toile  irrégulière ,  malgré 
son  extrême  ténuité  ,  garantit  souvent  les  raisins  de  la  mor- 
sure des  insectes.  Il  est  même  rare  que  Ton  serve  ce  fruit  sans 
que  l'animal  ne  s'y  trouve.  Il  se  plaît  aussi  à  tendre  des  fils 
sur  la  surface  des  feuilles,  entre  les  fleurs  à  corymbes  et  à 
l'extrémité  de  différens  végétaux.  La  femelle  fait  trois  pontes 
différentes  en  été.  Son  cocon  est  lenticulaire  ,  aplati,  d'un 
tissu  serré  et  d'un  blanc  très-éclatant. 

Les  jouissances  de  l'amour  absorbent  tellement  les  deux 
sexes  ,  que  l'on  peut ,  lorsque  l'accouplement  a  commencé  ^ 
détacher  la  feuille  qui  en  est  le  théâtre  ,  observer  ,  avec  une 
forte  loupe  ,  cette  union ,  sans  que  le  couple  en  paroisse  un 
instant  troublé. 

L'accouplement  s'effectue  le  plus  ordinairement  sur  des 
arbustes  de  nos  jardins  ,  tels  que  des  liias ,  des  rosiers  ,  etc.  ; 
vers  la  mi-mai ,  et  plus  particulièrement  dans  la  matinée  des 
jours  où  le  temps  est  disposé  à  l'orage.  Les  deux  sexes  se  re- 
couvrent d'un  tissu  rare  et  délié  qu'ils  construisent  en  com- 
mun. Le  mâle  ,  après  avoir  tendu  quelques  fils  ,  sur  cette 
partie  de  la  tente,  où  sa  femelle  est  placée,  s'avance  vers 
elle  ,  lui  chatouille  ,  une  minute  ou  deux  ,  tantôt  avec  l'organe 
générateur,  tantôt  avec  ses  deux  premières  pattes  ^  le  dos  , 
et  la  détermine  enfin  à  sortir  de  l'état  ir.nmobile  et  contracté 
où  elle  se  lient.  Elle  soulève  un  peu  son  ventre  ;  les  pattes 
du  mâle  se  porlentau^sitôt  sur  sa  partie  sexuelle  et  provoquent 
au  plaisir  par  leurs  tilillalions  vives  et  précipitées.  Cédante  ces 
instances  ,  la  femelle  sk  tourne  subitement  vers  le  mâle  ,  pose 
ces  pattes  sur  spa  corselet ,  se  voit  soutenue  par  les  siennes ,  et 


THE  5 

lui  donne  la  facililé  d'appliquer  rexlre'mîle'  anfe'rleure  d'un  de 
SCS  palpes  contre  Torgane  sexuel  propre  à  la  femelle.  Celle-ci 
ayant  sa  léle  opposée  à  celle  du  mâle  ,  soutenue  par  quelques 
filsels'aidanl  d'une  de  ses  pattes  postérieures,  fait  passer  toutes 
les  autres  par-dessus  sa  têle,  et  les  rejette  du  côté  opposé  au 
palpe  fe'condatcur  qui  est  mis  en  action.  Le  mâle  ,  appuyé 
fortement  contre  la  feuille  ,  par  le  bout  de  l'abdomen  ,  a  son 
corselet  et  ses  palpes  relevés  en  l'air  ;  les  trois  premières 
pattes  ,  du  côté  opposé  à  celui  du  palpe  agissant,  soutiennent 
la  femelle,  tandis  que  la  dernière,  du  même  rang,  est 
(iloye'e  sous  l'abdomen  qui  s'incline  de  ce  côté  ;  l'autre  patte 
postérieure  et  le  palpe  mis  en  jeu  ,  sont  allongés  et  tendus  ; 
les  trois  autres  pattes,  de  ce  côté  ,  s'agitent  ou  caressent  dou- 
cement l'abdomen  de  la  femelle.  Cependant ,  lorsque  le 
mâle  a  perdu  son  ardeur  par  la  jouissance  ,  il  arrive  assez 
souvent  que  les  deux  sexes  ne  sont  plus  face  à  face  ,  mais  que 
leurs  corps  sont  placés  parallèlement  l'un  à  l'autre. 

Ils  restent  accouplés  pendant  deux  ou  trois  minutes,  et 
quelquefois  plus  long-temps.  La  femelle  se  sépare  la  pre- 
mière ,  et  allongeant  ses  pattes  sur  le  corselet  du  mâle  ,  saule 
par-dessus  lui,  fait  quelques  pas  et  se  retourne.  Celui-ci  la 
poursuit ,  s'arrête  à  quelque  distance  d'elle  ,  sa  face  opposée 
à  la  sienne  ,  et  cherche  encore  à  la  retenir  en  tendant  quel- 
ques nouveaux  fils  autour  d'elle  ,  qui ,  quelquefois ,  lui  tourne 
le  dos.  Souvent  elle  se  fait  un  rempart  avec  les  trois  pre- 
mières paires  de  pattes  qu'elle  ramasse  par-dessus  la  tête.  Le 
mâle  en  fait  autant,  mais  de  temps  à  autre  il  étend  une 
patte  pour  chatouiller  l'abdomen  de  sa  compagne  ,  qui  se 
prête  enfm  à  de  nouveaux  plaisirs.  Ces  scènes,  lorsque  le 
temps  est  favorable  ,  se  renouvellent  jusqu'à  sept  ou  huit  fois 
dans  l'espace  de  deux  heures.  Les  amours  terminés  ,  les  deux 
sexes  vivent  tranquillement  ensemble,  et  cette  bonne  union 
paroît  être  générale  parmi  les  théridions,  et  faire  une  excep- 
tion particulière. 

Les  organes  générateurs  dumâle,  ainsi  que  dans  les  autres 
aranéïdes,  ne  se  développent  et  ne  se  montrent  sous  le  der- 
nier article  des  palpes,  formant  au-dessus  d'eux  une  espèce 
de  calotte,  teruiinée  en  pointe,  que  dans  Félat  aduli'e  et 
vers  le  temps  de  l'accouplement.  Ils  présentent  un  appareil 
de  pièces  compliquées,  de  différentes  formes,  rougeâlres,  et 
qui  contribuent  plus  ou  moins  directement  à  la  g^éneration! 
Celles  dont  l'action  est  plus  immédiate,  sont  ri."  le  pénis 
qui  a  la  forme  d'un  petit  corps  cylindrique  ,  allongé  ,  d'nne 
substance  rougeâtre  ,  et  terminé  par  une  petite  pièce  d  ua 
noir  très-luisant  ;  2."  un  autre  corps,  sanguinolent,  trans- 
parent, globulaire  ,  et  qui,  au  moment  de  rirUromission  da 


s  THF. 

pénis,  devient  Irès-rou^e ,  se  gonfle  à  un  tel  point,  que  son 
volume  est  cinq  on  six  fois  plus  considérable  qu'il  n'étoit  pri- 
mitivement. Les  deux  pénis  étant  insérés  un  peu  sur  le  côté 
intérieur  des  palpes  et  un  peu  terminés  en  dedans,  repré- 
senteut  deux  petites  cornes  rentrantes  et  inclinées  l'une  vers 
l'autre;  on  remarque,  en  outre ,  la  convexité  et  le  gonfle- 
ment du  deiîiier  article  des  palpes ,  dont  la  base  forme  une 
espèce  de  calotte  ou  de  capsule  au  corps  globuleux  qui  accom- 
pagnent le  pénis  ;  l'action  des  pattes  antérieures  du  mâle  qui 
le  serrent  contre  sa  femelle  ,  augmente  la  pression  de  ces 
pièces,  et  fait  que  le  pénis  s'enfonce  de  plus  en  plus  dans  la 
partie  féminine  destinée  à  le  recevoir.  Un  relâchement  gé- 
néral et  respectif  dans  les  organes  annonce  que  l'acte  de  la 
copulation  est  terminé;  mais  il  se  renouvelle  bientôt  et  jus- 
qu'à douze  fois  ,  dans  le  court  espace  de  trois  minutes.  A 
l'œil  nu  ,  les  deux  individus  paroissent  être,  pendant  tout  ce 
temps,  dans  une  parfaite  immobilité  ,  et  ce  n'est  qu'avec  une 
forte  loupe  que  l'on  découvre  ces  exercices  amoureux.  L'ac- 
couplement fini ,  les  pièces ,  dont  nous  avons  vu  le  jeu  ,  ren- 
trent dans  la  cavité  qui  leur  est  propre. 

J'avois  partagé  {Nouv.Did.  d'Hlst.  nal.^  iom.  %[^.  ,pag.  i34.) 
la  sous- famille  des  ara?^n(?«j/Ç/a«c//^re5  en  trois  subdivisions, 
qui  forment  aujourd'hui  autant  de  genres  ,  savoir  -.les  Thé- 
RiDiON,les  ScYTODEetles  Pholcus.  Le  second  est  le  seul  de 
cette  sous-famille  où  les  yeux  ne  soient  qu'au  nombre  de  six. 
Les  théridions  diffèrent  des  pholcus:  1°  par  leurs  pattes, 
dont  la  première  paire  et  ensuite  la  quatrième  sont  les  plus 
longues  ,  au  lieu  que  dans  les  pholcus  ,  la  seconde  paire  est 
celle  qui ,  dans  la  série  décroissante  des  grandeurs  ,  vient 
après  l'antérieure;  2.°  par  la  disposition  des  yeux  ;  dans 
les  théridions  ,  les  quatre  du  milieu  forment  un  quadrilatère  , 
dont  les  deux  antérieurs  sont  situés  sur  une  petite  éminence  , 
et  les  autres  placés  par  paire  ,  une  de  chaque  côté.  Dans 
les  pholcus,  on  voit  à  chacun  des  bouts ,  un  groupe  de  trois 
yeux  disposés  triangulairement  ;  les  deux  autres  sont  Isolés, 
sur  une  ligne  transverse,  au  milieu  de  l'intervalle.  Ces  or- 
pancs  sont ,  d'ailleurs  ,  presque  égaux  dans  ces  deux  genres. 
:Vi.  Walckenaër  a  cru  devoir  instituer  un  genre  de  plus  :  celui 
des  L\TRODECTES  {Latrodecius).  Mais  je  le  réunis  à  celui  des 
tiiéridion,  parce  qu'il  ne  s'en  éloigne  pas  essentiellement  quant 
a  la  disposition  des  yeux  et  quant  à  la  forme  des  parties  de 
la  bouche  ,  et  que  cet  habile  naturaliste  réprouve  lui  même 
les  genres  que  l'on  voudroit  établir  d'après  les  différences  lé- 
gères que  ces  parties  présentent  dans  les  théridions,  et  qui  lui 
<nit  fourni  les  moyens  de  subdiviser  ce  genre. 


THE  7 

ïl  est  vrai  que,  suivant  lui,  la  seconde  paire  de  pattes  est 
la  plus  longue  ,  après  celle  de  devant  ;  mais  plusieurs  indi<^ 
vidus  que  j'ai  reçus  bien  conservés,  d'Italie  ,  ne  m'ont  point 
offert  ces  rapports.  La  première  paire  ,  et  ensuite  la  qua- 
trième,m'ont  parusurpasser  les  autres  en  grandeur, dejmême 
que  chez   les  ihéridioos.  Rossi  est   aussi  d'accord  avec  moi. 

M.  Walckenaër  a  divisé  les  théridions  en  neuf  petiies  fa- 
milles que  j'ai  réduites  à  deux  (  Gen.  cnist.  et  inser.l.  ) ,  en  pre- 
nant pour  base  la  considération  de  la  disîance  respective 
des  deux  yeux  de  chaque  bout,  qui  sont  tantôt  écartés  l'un 
de  l'autre,  tantôt  contigus  ou  réunis  ;  mais,  à  l'exception  du 
ihêridion  malmignatte  ^  où  Tintervalle  compris  entre  les  deux 
yeux  de  chaque  extrémité  est  plus  sensible,  il  est  difficile 
d'apprécier  rigoureusement  dans  les  autres  espèces, qui  sont 
d'ailleurs  petites,  les  limites  exactes  de  cette  même  distance. 
Ces  yeux  ,  diriî^és  obliquement,  sont  portés  sur  un  pédicule 
commun  ,  en  forme  de  tubercule  ,  ou  si  l'on  veut ,  sur  au- 
tant de  supports  particuliers  ,  mais  dont  les  bases  sont  op- 
posées et  se  confondent. 

La  manière  dontle  cocon  est  composé ,  nous  présente  deux 
divisions  très-naturelles.  Dans  le  plus  grand  nombre  des  thé- 
ridions, il  est  formé  d'une  bourre  plu5  ou  moins  dense  et 
plus  ou  moins  lâche  ,  que  Lister  compare  à  de  la  laine  car- 
dée. Dans  les  autres,  c'est  un  véritable  tissu  de  soie  ,  fort 
serré  et  membraneux  ;  mais  il  est  difficile  de  trouver  des  ca- 
ractères qui  soient  dans  une  parfaite  relation  avec  ces  diffé- 
rences d'habitudes.  J'ai  conservé ,  le  plus  qu'il  m'a  été  pos- 
sible ,  dans  la  série  des  espèces  ,  Tordre  de  ces  rapports. 

De  tous  les  théridions  connus  ,  l'espèce  la  plus  digne  de 
notre  attention,  est  celle  que  Rossi  nomme  iZ-gnttata  y  et 
qu'il  soupçonne  (i)  être  l'araignée  appelée  viarmignatto  ou 
marmagnato  (2),  dans  l'île  de  Corse.  Sa  morsure,  suivant 
iui,  est  mortelle  pour  l'homme  même. 

Elle  produit  les  symptômes  les  plus  graves  ,  et  que  les  su- 
dorifiques,  les  scarifications  peuvent  à  peine  faire  disparoî- 
tre.  Elle  tend,  sur  les  sillons  dos  champs,  différens  fils  ,  afin 
d'arrêter  ou  de  gêner  la  marche  des  criquets,  dont  elle  fait 
sa  proie.  Le  corps  renversé  ,  et  suspendue  par  les  pattes  de 
devant ,  elle  tire  ,  à  l'aide  des  postérieures,  de  nouveaux  fik 
qu'elle  lance  très-vite    et  par  un   mouvement   ondulatoire, 


(i)  C'est  effectivement  la  même,   par  la  comparaisoa  que  j'ai  faite  de 
celle  que  j'ai  reçu£  de  Corse  sous  ce  nom,   avec  celle  de  Rossi. 


(aj  Latrodecte  ma</tti</n««6  de  M.  Valckcnaër. 


8  THE 

sur  les  paltes  du  criquet,  jusqu'à  ce  qu'elle  l'ait  assez  garrotte 
pour  s'en  approcher  sans  rien  craindre.  Elle  le  pique  près 
du  cou,  et  le  suce  ensuite  à  son  aise  ,  l'animal  ne  tardant  pas 
à  tomber  en  convulsion  et  à  périr.  Renfermée  dans  un  vase 
avec  lui  ,  lorsqu'il  n'a  pas  été  mordu  ,  elle  épuise  ,  à  force 
de  chercher  à  l'envelopper ,  sa  matière  soyeuse ,  et  meurt 
elle-même,  ayant  perdu  toutes  ses  forces.  Elle  n'attaque  point 
le  scorpion  d'Europe  et  des  araignées  différentes  qui  partagent  sa 
captivité  ;  mais  il  n'en  est  pas  ainsi  des  individus  de  sa  pro- 
pre espèce  ,  elle  leur  fait  une  guerre  à  mort.  On  a  observé 
que  lorsque  ce  ihéridion  est  plus  commun,  un  hyménoplère, 
connu  dans  le  pays  sous  le  nom  trivial  de  mouche  de  Saint- 
Jean^  probablement  une  espèce  de  sphex  ou  de  pompile  ,  en 
détruit  un  grand  nombre.  Le  cocon  est  de  la  grandeur  d'une 
noisette  ,  et  la  mère  le  garde  assidûment.  M.  Tbiébaud  de 
Berneaud  a  donné  ,  dans  la  Relation  de  son  Voyage  à  l'île 
d'Elbe,  des  détails  sur  cette  aranéïde. 

Degéer  a  observé  qu'une  autre  espèce  de  théridion  (  \\i- 
raignée  biponctuée  de  Linnœus  )  file  autour  de  l'insecle  arrêté 
dans  son  piége,ainsi  qu'aux  environs,  de  nouveaux  fils,  en  les 
tirant  avec  ses  pattes  postérieures  ,  afin  d'empêcher  sa  proie 
de  rompre  ses  entraves,  et  pour  l'attaquer  ensuite  à  force  ou- 
verte ,  la  tuer  et  l'entraîner  dans  son  domicile.  C'est  ordinai- 
rement la  fente  d'une  croisée.  Les  angles,  les  coins  des  murs 
qui  l'avoisinent ,  sont  tapissés  de  sa  toile  ,  qui  est  lâche  et 
diffuse. 

\.,Les  deux  yeux  latéraux  postérieurs  séparés^  ainsi  que  les  deux 
intermédiaires, des  yeux  antérieurs  çorrespondans,par  un  écart  très- 
sensible  ;  les  huit  disposés  sur  deux  lignes  transi'erses  ,   presque 
égales  et  presque  parallèles. 
Nota.  Lèvre  triangulaire. 

A.  Lèvre  plus  courte  de  moitié  au  moins  que  les  mâchuires  ,    dilaléc  exté- 
rieurement à  sa  base,  avec  le  sommet  oblus  ou  presque  arrondi. 

Théridion  MARMIGNATTO,  Théridion  \Z-guttatum  ;  Aranea 
i^-gutlata  ,  Ross.  ;  Latrodecte  malmignaite  ,  Walck  ,  îiist.  des 
aran. ,  fasc.  i  ,  pi.  5  ;  la  femelle.  Corps  noir,  long  de  près 
d'un  centimètre;  abdomen  globuleux,  avec  treize  petites  ta- 
ches rondes,  d'un  rouge  de  sang.  En  Toscane,  où,  suivant  Rossi, 
elle  est  appelée /?2ar/ni*^«a«o  ;  elle  se  trouve  aussi  en  Corse, 
d'oii  je  l'ai  reçue  sous  le  nom  de  rnarmagnato.  Voy.  les  Gé- 
néralités. 

L'araignée  mactans  de  Fabrlcius  paroît  être  de  celte  divi- 
sloa.  Elle  est  noire  ,  avec  quatre  taches  d'un  beau  rouge  ,  sur 
Vabdomeh.  En  Amérique. 


THE  9 

B.  Lèvre  un  peu  plus  courte  seulement  que  les  mâchoires,  en  forme  de 
triangle  presque  isocèle  ,  et  pointue  au  sommet. 

ThÉRIDION  porte-triangle,  Theridion trianguli fer, ^V alck. , 
HisL  des /Iran.,  fasc.  3,  pi.  5.  Corps  de  la  femelle  long  de 
sept  millimètres  ;  tronc  d'un  brun  jaunâtre;  abdomen  globu- 
leux ;  son  dessus  ,  avant  la  ponte  ,  blanc  ou  jaune  ,  avec  deux 
bandes  rougeâtres  ,  longitudinales,  très-anguleuses  ou  den- 
tées sur  leurs  bords;  dessous  et  pattes  jaunâlres, 

A  Paris  ,  dans  les  meubles  et  les  armoires  abandonnes  ou 
rarement  visités.  Ponte  vers  le  commencement  de  septem- 
bre. Cocon  de  la  grosseur  d'un  pois  ,  composé  d'une  soie 
blanche  et  molle  ,  attaché  au  haut  de  la  toile  ,  par  des  fils 
d'uiri  tissu  très-clair  ,  lâche  et  flasque.  Largeur  de  la  toile  , 
d'environ  six  décimètres  et  demi;  fils  dirigés  de  haut  en  bas, 
mais  formant  supérieurement  une  toile  horizontale. 

TîîÉRlDiON  DE  l'ortie,  Theridion  j«V/ca?,Walck.  Abdomen 
ovale-globuleux,  avec  des  taches  blanches  dans  son  contour , 
dont  deux  supérieures  plus  prononcées;  trois  lignes  chevron- 
nées, d'un  rouge  obscur  à  sa  partie  postérieure.  Environs 
de  Paris  ,  sur  l'ortie. 

II.    Yeux  latéraux  rapprochés ,  mais  non  antigas. 

Nota.  Yeux  formant  un  quadrilatère  très-allongé,  et  portés 
sur  une  élévation  commune;  mâchoires  cylindriques,  courtes; 
lèvre  large,  surtout  à  sa  base,  irès-arrondie  au  sommet.  Ces 
aranéïdes,  selon  M.  Walckenaër  qui  nous  fournit  ces  obser- 
vations,se  cachent  sous  les  pierres, les  champignons,  etc.,  for- 
ment, pour  envelopper  leurs  œufs,  un  cocon  sphériquc  com- 
posé d'une  bourse  dense,  compacte  ,  unie,  mais  ne  fonnant 
point  de  tissu. 

Ce  naturaliste  compose  cette  petite  famille  (la  sixième  du 
genre,  dans  sa  Méthode  )  ;  de  deux  espèces,  i."  Le  Theri- 
dion OBSCUR  ,  Theridion  ohscurum  ,  dont  l'abdomen  et  les 
pattes  sont  noirs.  2."  Le  Theridion  marqué,  Theridion  sig- 
natum  ,  dont  l'abdomen  est  brun,  avec  quatre  traits  jaunes, 
placés  dajis  son  contour.  Ces  deux  espèces  se  trouvent  aux 
environs  de  Paris. 

III.    Yeux  latéraux  se  touchant  ou.  géminés. 

Nota.  Espèces  recouvrant  leurs  œufs  d'une  bourse  lâche 
et  peu  serrée. 

A.  Lèvre  presque  carrée  ou  en  forme  de  triangle  élargi  à  sa  base  et  large- 
ment tronqué  au  bout. 

'   Abdomen  globuleux  ou  plus  sphérique  qu'ovaljire. 

iVo/a.  Espèces  habitant  soit  l'intérieur  des  maisons  ,  soit  le 


»o  r  11  j: 

dessous  des  pierres  ,  les  caves  ,   et  généralement  les  lieux 
sombres. 

f  Lèvre  en  forme  de  carré  large. 
Cette  divison  ne  comprend  qu'une  espèce  ,  le  ThÉridion 
CRYPTICOLE  de  M.  Walckenaër  ,  et  qui  compose  sa  quatrième 
famille  des  théridions.  L'abdomen  est  d'un  rouge  pâle  avec 
des  lignes  noirâtres. 

■JLèvre  en  forme  de  triangle  élargi   à  sa  base,  et  largement  troaqué  à 
son  sommet. 

ThÉridion  a  quatre  points,  Theridion  quadnpunctatum  ; 
T.  A.  punctatum  ,  Walck.  ;  A.  bipunctata  ,  Linn.  ,  Ollv.  ;  A. 
ounclala,  Deg.;  List.,  Aran.j  tll.  ii.  Corps  d'un  brun  noirâtre, 
luisant  ;  abdomen  un  peu  aplati  en  dessus  ,  marqué  de  quatre 
à  six  points  concaves  ,  rangés  sur  deux  séries  longitudi- 
nales ,  avec  une  raie  arquée  d'un  gris  jaunâtre  à  sa  base  ,  et 
quelquefois  deux  autres  ,  de  la  même  couleur,  dont  une  sem- 
blable à  la  précédente  ,  située  à  l'extrémité  postérieure  ,  et 
l'autre  allant  de  celte  extrémité  au  milieu  ;  côtés  de  cet  ab- 
domen un  peu  roussâtres. 

Cocon  formé  de  fils  lâches ,  blancs  ;  œufs  rougeâtres  ,  au 
nombre  d'environ  cinquante ,  point  ou  peu  agglutinés  entre 
eux,et  se  disséminant  à  l'ouverture  de  l'enveloppe. 

Commune  dans  les  maisons,  les  fentes  des  fenêtres,  et  y 
passant  l'hiver. 

ThÉridion  tacheté  ,  Theridion  maculaium  ;  T.  maculalum^ 
"Wâlck.  ;  A.  albo-maculata  y  Dcg. ,  Ollv.  Petite,  d'un  brun 
noirâtre  ;  abdomen  ayant  en  dessas  quatre  paires  de  taches 
blanches  ,  inégales,  et  ses  cotés  bordés  d'une  bande  de  la 
même  couleur  ,  découpée  ou  anguleuse  sur  ses  deux  bords  ; 
pattes  tachetées  d'un  brun  plus  clair. 

Cocon  rond;  enveloppe  intérieure  d'une  soie  très-blanche 
€t  très-serrée  ;  l'extérieure  plus  lâche.  Une  vingtaine  d'œufs, 
«phériques ,  d'un  rougeâtre-jaunâtre. 

Trouvée  sous  une  pierre ,  sur  les  bords  de  la  mer  Baltique, 
par  Degéer. 

ThÉridion  paykullien,  Theridion  paykullianum;  T.  parkul- 
lianum,  Walck.  ,  Hist.dss  anin.  ,  fasc.  4,  tab.  4.  M.  Walc- 
ienaër  regarde  aujourd'hui  (  lïisi.  des  aran.  )  celte  espèce 
comme  la  même  que  la  précédente.  Dans  ce  cas  ,  il  n';iurolt 
pas  fallu  changer  la  dénomination  quelle  avolt  déjà  rerne. 
Je  crois  qu'on  peut  néanmoins  les  distinguer  spécifiquement. 
Celle-ci  a  le  tronc  noir  ;  l'abdomen  est  d'un  brun  noir ,  avec 
un  demi-cercle  situé  à  sa  partie  antérieure;  une  ligne  au 
milieu,  coa^)ée  par  qualrc  chevrons,  formant  une  bande 


THE  lî 

étroite  et  dentëe  ou  une  triple  croix  ,  blancs  ;  au-dessus  de 
celte  croix  ,  du  côté  du  tronc  »  est  un  point  de  la  même  cou- 
leur ;  les  pattes  sont  d'un  brun  uniforme.  Dans  la  précédente 
elles  sont  tachetées.  Individu  mâle. 

M.  Walckenaër  l'a  trouvée  une  seule  fois  ,  dans  le  bois 
de  Vincennes  ,  sous  une  pierre  ,  le  a4.  octobre. 

Les  environs  de  Paris  offrent  une  espèce  voisine  de  la  pré- 
cédente, longue  de  douze  millimètres  ,  toute  noire,  ayant 
sur  l'abdomen  des  points  enfoncés ,  et  un  demi-cercle  d'un 
rouge  de  sang  à  sa  partie  antérieure.  Elle  vit  aussi  sous  les 
pierres. 

*  *  Abdomen  ovalaire. 

Nota.  Espèces  habitant  les  plantes  et  rapprochant  les 
feuilles  pour  s'y  enfermer  au  teirjps  de  leur  ponte.  ' 

TbÉRIDION  COUROTSNÉ,  Theriâion  redimilum,  Walck.,Latr.; 
Aronea  redimita ,  Linn.  ;  Schœff.,  ïcon.  insect. ,  pi.  64-  ,  fig-  8. 
Petite,  blanchâtre  :  tronc  glabre  ,  avec  une  raie  noire  longi- 
tudinale ;  abdomen  garni  de  poils,  blanc,  avec  un  ovale 
couleur  de  rose  ,  en  dessus  ,  noirâtre ,  avec  une  ligne  plus 
foncée  et  suivant  le  milieu  de  sa  longueur  en  dessous  j 
pattes  velues. 

Habitation  dans  une  feuille  ,  dont  les  bords  sont  rappro- 
chés et  retenus  avec  de  la  soie  ,  et  dont  l'intérieur  est  ta- 
pissé de  la  même  matière  avec  une  ouverture  à  l'un  des  bords; 
cocon  placé  auprès  ,  rond  ,  d'une  seule  couche  de  soie  , 
plus  ou  moins  bleu,  renfennant  une  centaine  d'œufs  (  io8, 
Degéer)  sphériques  ,  d'un  jaune  pâle,  gardés  soigneuse- 
ment par  la  mère  ,  qui  se  laisse  plutôt  tuer  que  de  les  aban- 
donner, et  qui  déchire  ,  lorsqu'ils  sont  éclos  ,  l'enveloppe  , 
pour  faire  un  passage  aux  petits.  Ponte  à  la  fin  de  juillet  ou 
en  août. 

Petits  d'un  jaune  pâle ,  très-velus  et  ayant  leurs  pattes 
proportionnellement  plus  courtes,  à  leur  naissance. 

Teinte  du  cercle  ou  du  dessus  de  l'abdomen  variant  un 
peu  ,  quelquefois  vert  ;  milieu  du  cercle  offrant  une  ligne 
rouge  et  longitudinale  ,  dans  une  autre  variété. 

Le  Théridion  ové  ,  Ovatum  {A.  omtus,  Clerck. ,  pi.  3  , 
tab.8)  de  M.  Walckenaër  ,  n'est  peut-être  qu'une  autre  va- 
riété ,  où  le  rouge  a  plus  d'étendue  et  forme  une  bande 
ovale  ,  dans  son  milieu.  C'est  Wiraignée  a  bande  rouge  de 
Geoffroy. 

Le  Théridion  rayé,  T.  Uneatum  {A.  lineatus, Clerck,  pi,  3, 
tab.  lo),  a  le  tronc  et  les  pattes  noirâtres,  avec  l'abdomen 
jaune  ,  ponctué  de  noir  sur  les  côtés  ;  le  milieu  du  tronc  et 
du  ventre  a  une  ligne  noire. 


"  T  H  E 

luaranea  senoculata  de  Fabriciusest  voisine  rie  celte  espèce. 

Ces  arancïdes  sonl  coiimmncs  aux  environs  de  Paris. 

TliEr.JDlON  BIENFAISATST  ,  Thendioii  benignum  ,  Walck.  , 
Bisl.  (les  Jran.,  fasc.  5,  lab.  8,  Corselcl  brun,  avec  des  poils 
gris  à  sa  partie  antérieure;  abdomen  ovale,  mais  élevé  ;  fauve, 
avec  une  série  de  taches  noires  ,  le  l()ni>  du  milieu  du  dos  , 
dont  la  première  grande  ,  carrée  ,  bordée  antérieurement 
de  poils  gris  ,  et  les  autres ,  ou  les  postérieures  ,  transverses. 
Femelle. 

Mâle  assez  semblable  à  sa  femelle,  dans  son  premier  âge, 
mais  très-différent  lorsqu'il  est  adulte.  Corps  noir,  avec 
les  pattes  fauves  ;  abdomen  ovale-allongé  ,  à  poils  ferrugi- 
neux et  à  taches  peu  marquées. 

Espèce  très-commune  ,  des  plus  petites  :  faisant ,  dans 
l'intérieur  des  feuilles,  à  l'extrémité  des  rameaux,  des 
plantes,  entre  les  grappes  de  raisin,  etc.,  une  petite  toile 
très-fine  et  irrégulière.  Trois  pontes,  en  été.  Cocon  lenticu- 
laire ,  aplati ,  d'un  tissu  serré  et  d'un  blanc  éclatant. 

M.  Walckenaër  a  donné,  sur  son  accouplement,  des 
détails  fort  circonstanciés  et  très  curieux.  V.  les  Généra- 
lités. 

B.  Lèvre  demi-circulaire. 

Nnla.  Espèces  enfermant  leurs  œufs  dans  une  enveloppe 
de  soie  d'un  tissu  serré  ,  formant  un  cocon  globuleux,  habi- 
tant les  plantes  et  l'intérieur  des  bàtimens  ou  les  cavités 
naturelles  ;  abdomen  globuleux  et  renflé  à  sa  partie  supé- 
rieure. 

ThÉRIDION  crénelé  ,  Theridlon  dentlculaium  ,  Walck.  ; 
List.  Àran. ,  tit.  i6.  Sa  couleur  tire  sur  le  livide,  suivant 
Lister.  L'abdomen  est  globuleux,  avec  une  bande  longitudi- 
nale ,  droite  ou  d'un  gris  rougeâtre  (  \^  alck.  )  ,  dentelée  sur 
ses  bords,  avec  de  petites  lignes  noirâtres,  dont  l'étendue 
diminue  graduellement ,  de  chaque  côté.  Les  pattes  sont 
noirâtres. 

Se  trouve  aux  environs  de  Paris  et  en  Angleterre. 

ThÉRIDION  lunule,  Theridion  hinaliitn;  T.  sysiphum,  Latr.; 
AValck.  Hisl.  des  Jran.  ,  fasc.  3  ,  lab.  g  ;  Araneus  lunaliis  , 
Clerck,  pi.  3,  lab.  7  ;  Frisch., ///,s«°r;/.,  loin.  lo,  lab.  18;  List. 
Aran.  ,  tit.  i4-.  Abdomen  Irès-élevé  en  dessus  ,  en  forme  de 
bosse  arrondie  ,  et  pointu  à  sa  partie  inférieure ,  dans  les 
deux  sexes,  mélangé  de  blanc,  de  rouge  cl  de  noir,  avec  des 
lignes  blanches  en  forme  d'étoile  ,  sur  l'élévation  dorsale  , 
dans  les  femelles.  Corps  petit, 

M.   Walckenaè'r  rapporte  à  cette  espèce  VA.  sîsyphius  de 


THE  ,3 

Clerck  ,  pi.  3 ,  lab.  5  ,  et  même  ,  dans  son  TaJjleaa  des  ara- 
néïdes,  V A.fornwsus  de  cet  auteur.  La  seule  figure  de  Clerck, 
qui  convient  à  son  i.  sisyphe^  est  celle  que  j'ai  citée.  M.  AValc- 
kenaër,  en  mentionnant  pour  synonyme  de  celte  espèce 
ï A. /iinulée  à' Olivier  ,  semble  le  rcconnoîlre  ,  puisque  cette 
dernière  est  celle  que  Clerck  a  décrite  sous  ce  nom,  et  qui 
l'avoit  été  auparavant  par  Lister,  tit.  i^. 

Suivant  M.  Walckenaër,  le  mâle  est  rouge,  avec  l'abdo- 
men entièrement  noir.  La  femelle  a  le  dessus  du  corselet 
noir  ;  l'abdomen  mélangé  et  les  pattes  d'un  beau  blanc  ,  avec 
quelques  anneaux  noirs.  Jeune  ,  celte  espèce  est  d'un  rouge 
pâle  uniforme.  Lister  ne  dit  rien  de  ces  différences  d'âge  et- 
de  sexe.  Le  corps  de  celte  espèce  est,  d'après  lui,  fauve  ou 
presque  rouge,  avec  plusieurs  petites  lignes  blanches,  ea 
forme  d'éloiles  ,  sur  l'élévation  du  dos.  Les  pattes  sont  de 
la  couleur  du  corps  et  sans  taches.  Ces  observations  s'accor- 
dent avec  les  miennes.  Le  cocon  est  lenticulaire  et  roussàlre  ; 
on  en  trouve  de  deux  à  cinq,  dans  le  nid  de  la  femelle;  il  lui 
arrive  ,  mais  très-rarement  ,  de  n'en  faire  qu'un  ,  mais  qui 
est  alors  plus  grand,  ou  de  la  grosseur  d'un  petit  pois,  et  qui 
contient  une  quantité  d'œufs  plus  considérable. 

J'ai  trouvé  fréquemment  cette  espèce  aux  enviroqfs  de 
Paris  ,  sous  les  corniches  ou  saillies  des  maisons  ,  et  sous 
celles  des  remparts  qui  environnent  le  Champ  de  Mars. 

Théridion  a  nervures  ,  Theiidiun  netvosiim  ,  Walck.  ; 
List.  Aran.,  tit,  i3;  A.  sisyphius,  Clerck.,  Aran.  pi.  3,  lab.  5  ; 
A.  neivosa  ,  Olivier,  Couleur  du  corps  tirant  sur  le  noirâtre 
(  verte  ,  dans  le  mâle  ,  suivant  M.  Walckenaër  )  ;  yeux  laté- 
raux se  louchant  presque  ;  abdomen  presque  globuleux, 
ayant  sur  le  dos  des  espaces  d'un  brun  rougeâlre,  entrecou- 
pés de  nervures  et  de  petites  veines  blanchâtres  ,  le  tout 
imitant  une  feuille  ,  dont  les  bords  sont  anguleux  ;  les 
pattes  sont  tachetées;  le  cocon  est  de  la  grandeur  d'un  grain 
de  poivre  ,  bleuâtre  et  quelquefois  roussàlre  ;  il  contient 
environ  quarante  œufs,  qui  sont  très  blancs  et  sphériques. 
M.  Walckenaër  dit  que  le  cocon  est  d'un  vert  sale  ,  que  la 
mère  le  retient  toujours  entre  ses  patles,  et  qu'on  ne  peut 
le  lui  faire  abandonner,  ainsi  qu'à  celles  de  la  même  divi- 
sion. Il  a  trouvé  plus  communément  cette  espèce  sur  les 
'branches  de  chêne.  Lister  ,  que  no^s  avons  suivi ,  nous  ap- 
prend qu'elle  est  très-répandue  en  Angleterre  ,  et  qu'au  com- 
mencement de  juin,  ou  quelquefois  beaucoup  plus  tôt,  elle 
fait  sa  toile  sur  le  genêt  épineux,  l'acanthe  et  quelques  autres 
plantes  élevées.  Elle  place  sou  nid  auprès.  Ce  nid  ou  son 


i4  THE 

domicile  est  formé,  d'une  toile  épaisse  ,  très-blanche  ;  il  est 
convexe  ou  arqué  en  dessus  ,  ouvert  en  dessous.  Celui  de 
l'espèce  précédente  a  la  mémo  forme  ,  et  Lister  le  compare 
à  un  casque.  Cierck  dit  que  celui  de  son  A.  sisyphe  ressemble 
à  une  cloche. 

Suivant  M.  Walckenaër,  la  femelle  rassemble  dans  le 
nid  des  provisions  pour  les  petits  qui  naissent  au  mois  de 
juillet. 

Je  n'ai  point  observé  le  ThÉRIDION  aphane,  T.  aphanes 
de  M-  Walckenaër  ,  et  q^ui  forme  seul  sa  huitième  famille  du 
genre.  Les  yeux  latéraux  sont  rapprochés  et  au  niveau  des 
inférieurs;  la  lèvre  est  grande  et  triangulaire  ;  les  mâchoires 
sont  étroites  et  cylindriques  ;  l'abdomen  est  ovale-globuleux, 
renflé  à  sa  partie  supérieure  ,  qui  est  surmontée  de  tuber- 
cules. Le  corps  n'a  guère  plus  d'une  ligne  de  long  ;  le  corselet 
et  les  pattes  sont  d'un  gris  verdâtre  ,  entrecoupé  de  noir  ; 
l'abdomen  est  varié  de  brun  et  de  noir. 

M.  Walckenaër  dit  que  cetle  espèce  est  commune  aubois 
de  Vincennci.  Ses  habitudes  lui  sont  d'ailleurs  inconnues. 

U'araignée  des  morts  de  Rossi ,  est  une  petite  espèce  de 
théridion,qui  fait  son  séjour  habituel  dans  les  collections  d'in- 
sectes. Elle  n'est  pas  plus  grosse  qu'un  grain  de  millet ,  d'un 
rOussâtre  luisant,  avec  deux  lignes  noires  sur  le  corselet; 
l'abdomen  est  plus  foncé  que  le  corselet,  rayé  de  blanc  et 
globuleux  ;  les  pattes  sont  ponctuées  de  noir,  (l.) 

THERMALES  (EAUX),  T.  Eau.  (pat.) 

THERMANTIDES.  C'est  ainsi  que  M.  Hauy  nomme 
des  matières  minérales  qui  n'offrent  que  des  indices  de  cuis' 
son,  et  qui,  par  conséquent,  n'ont  pas  été  vitrifiées.  Ces 
matières  sont  de  deux  sortes,  les  unes  volcaniques  et  les 
autres  non  volcaniques.  Les  premières  forment  trois  espèces  > 
nommées  par  M.  Haiiy  : 

2'hermannde  cimeniaire.  V.  Pouzzolane. 

Thermaniide  iripoMenne.  F.  Tripoli. 

Thermantidepuhérulente.V.  Gendres  VOLCANIQUES. 

Les  thermantides  non  volcaniques  sont  de  deux  espèces  ^ 
savoir  : 

Thermantide  porcellanite.  V.  Jaspe  PORCELAINE. 

Thermantide  tripoléenhe.  V.  Tripoli,  (ln,) 

THERMES.  V.  TERMiÈs.  (s.) 

THERMIE.  Synonyme  de  Thermopsis.  (b.) 

THERMOPSIS,  ï'/?erwo;?5?:s.  Genre  établi  par  R.Brown, 
pour  placer  la  PodALyrie  lupinoïde  ,  qui  diffère  des  autres 
par  un  calice  oblong ,  bilabié  ,  postérieurement  convexe, 
aminci  à  sa  base,  divisé,  à  moitié,  en  cinq  parties  ;  par  une 


T  II  E  i5 

corolle  papiïionnacëe  ,  h  pétales  presque  égaux  ,  dont  l'é- 
tendard est  latéralement  recourbé  ;  par  des  étamines  persis- 
tantes; par  un  légume  linéaire,   comprimé,   polysperme. 

(B.) 

THERMOS ,  Thermus.  Nom  des  Lupins,  chez  les  Grecs. 
V.  LupiNus.  (lis.) 

THERMUÏIS.  V.  OcYMOÏDEs.  (ln.) 

THÈSE.  Synonyme  de  Sécurinéga.  (b.) 

THESEION.  Théophrasle  donne  ce  nom  à  une  plante 
qui  nous  est  entièrement  inconnue  :  Linnseus,  le  regardant 
comme  sans  emploi,  en  a  fait  celui  de  ihesivm^  qu'il  a  affecté 
à  un  genre  de  plantes.  Cependant  Adanson  rapporte  le  ilie- 
aeion  de  Théophraste  au  même  genre  ,  croyant  sans  doute 
que  c'est  le  thesium  linophyllum.  V,  Thésioh  et  Leptomérie. 

(LN.) 

THESION  ,  Thesium.  Genre  de  plantes  de  la  pentandrie 
monogynie  et  de  la  famille  àc&  éléagnoïdes ,  qui  offre  pour 
caractères  :  un  calice  presque  campanule  ,  coloré  intérieure- 
ment, à  quatre  ou  cinq  divisions;  cinq  étamines  opposées 
aux  découpures  du  calice,  et  insérées  sur  sa  base  ;  un  ovaire 
inférieur  surmonté  d'un  seul  style  à  stigmate  simple  ;  une 
noix  crustacée  ,  couronnée  par  le  style  qui  persiste  ,  et 
formée  par  la  partie  inférieure  du  calice  ,  qui  s'est  en- 
durcie. 

Ce  genre,  duquel  le  genre  Leptomérie  ,  de  R.  Brown, 
se  rapproche  beaucoup,  et  aux  dépens  duquel  Nultal  a  établi 
son  genre  Comakdre  ,  renferme  des  plantes  à  feuilles  al- 
ternes et  à  fleurs  ordinairement  aiillaires,  dans  la  partie 
supérieure  des  rameaux.  Les  unes  sont  herbacées  ,  les  autres 
frutescentes.  On  en  compte  une  trentaine  d'espèces  ,  dont 
deux  sont  d'Europe ,  et  toutes  les  autres  du  Cap  de  Bonne- 
Espérance.  Ces  dernières  sont  peu  connues. 

Les  deux  indigènes  sont  le  Thésion  likophylle  ,  qui  a  la 
panicule  foliacée  et  les  feuilles  linéaires.  Il  est  vivace  ,  et  se 
trouve  souvent  en  grande  abondance  sur  les  montagnes  cal- 
caires, le  long  des  bois,  au  milieu  des  pâturages  secs. 
Ses  tiges  sont  étalées  sur  la  terre  et  fort  rameuses.  Ses  fleurs 
aont  jaunâtres,  et  varient  dans  le  nombre  de  leurs  parties. 
On  n'en  fait  aucun  usage. 

Le  TeÉsioN  des  Alpes  a  les  grappes  foliacées  et  les  feuilles 
linéaires.  Il  se  rapproche  infiniment  du  précédent,  mais  il 
est  annuel.  On  le  trouve  sur  les  montagnes  froides.  (B.) 

THESKE.  Autrefois  les  Egyptiens  donnoienl  ce  noin  aw 
cyclamen  des  anciens,  (ln.) 


i6  T  IJ  E 

THESPÉZIE  ,  Thespezia.  Genre  de  plantes  e'iahli  p.ir 
Corréa  pour  la  Ketmie  a  feuilles  de  peupliek  ,  <jui  (liftVMo 
des  autres  par  son  fruit  ,  qui  est  une  capsule  charnue  ,  lé- 
gèrement pentagone,  à  cinq  loges,  divisées  cnatune  eu 
cinq  autres  incomplètes  ,  contenant  quatre  graines  ovales  et 
soyeuses,  (b.^) 

THE'IHYDES.  Subdivision  de  la  classe  des  Ascidies, 
selon  Savigny.  (^b.) 

THETHYUiM.  Nom  des  Ascidies  ,  dans  Arislote.  (b.) 

THEUDEÎvUS  LAPIS.  Selon  Reuss  ,  la  Tourmaline 
riOiRE  a  reçu  ce  nom  autrefois,  (ln.) 

THEVEl'lE  ,  Theoetia.  Nom  que  porte  l'AitouAi  dans 
Viîortus  ch'ffort/anus.  (b.) 

THEXIMON,  L'on  dit  que  les  Gaulois  donnoîent  ce 
nom  à  rABlSTOLOCilE  COJMMUKE  {^arisiolochia clematllis  ,  L.  ). 

(ln.) 

THEYON.  L'un  des  noms  grecs  donnés  autrefois  à  la 
Belladone,  (ln.) 

THL  Bel  arbre  du  Tonquin  ,  dont  la  feuille  est  un  poison, 
•niais  dont  le  fruit  se  mange.  Ce  fruit  a  la  forme  et  la  couleur 
d'une  pomme  reinette  ,  et  renferme  cinq  gros  pépins  plats  et 
de  fort  durs.    On  ignore  à  quel  genre  il  appartient,  (li.) 

TllLV  ,  Thia.  Genre  de  crustacés,  de  l'ordre  des  déca- 
podes, famille  des  brachyures,  tribu  des  orbiculaire.s ,  établi 
par  M.  Léach  ,  sur  une  espèce  qu'il  rapporte  ,  avec  doute, 
au  cancer  residuus  d'Herbst  ,  tab.  4^ ,  fig.  i-  Le  test  est  pres- 
que orbiculaire  ,  tronqué  postérieurement  ;  les  yeux  sont 
très-petits,  à  peine  saillans  -,  les  antennes  extérieures  sontplus 
longues  que  le  corps  ,  ciliées  de  chaque  côté;  les  doigts  des 
serres  antérieures  sont  tléchis  ;  les  tarses  des  autres  pattes 
sont  une  fois  plus  courts  que  les  jambes,  avec  les  ongles 
pointus,  flexueus  et  sillonnés  ;  la  queue  du  mâle  est  com- 
posée de  cinq  anneaux. 

Ce  genre  paroît  avoisiner  ,  dans  l'ordre  naturel ,  les  co~ 
jys/es.)  \esalé/êcyrles  ,  les  leucosies^  etc.  La  Thia  polie  ,  Thia 
poUta  ,  qui  lui  sert  de  type  ,  est  représentée  par  M.  Léach  , 
dans  le  second  volume  de  ses  Mélanges  de  Zoologie  ,  pi.  io3. 
Sa  patrie  est  inconnue,  (l.) 

Tirll ARE  BATARDE.  CQSl\:\VQluiapertusaAQ  Linneeus. 

(DESM.) 

THIARE  ÉPISCOPALE  etTHL\RE  PAPALE.  Co- 
quilles du  genre  voluta  de  Linnseus,  qui  appartiennent  main- 
tenant au  genre  MiTRE.  V.  ce  mot.  (desm.) 

TîlIARE  FLUVLVTILE.  Coquille  du  genre  des  bulimes 
de  Brueuières,  qui  se  trouve  dans  les  eaux  douces  de  l'Inde, 


1  li  I  i^ 

THIBAtJDlA.  Genre  de  plantes  de  la  famille  des  bruyères 
et  de  la  décandrie  monogynie,  établi  par  Ruiz  et  Pavon,  et 
figuré  dans  le  quatrième  volume  de  la  Flore  du  Pérou.  Il 
comprend  Ifois  espèces  :  ce  sont  des  arbustes  à  feuilles  al- 
ternes ou  éparses,  toujours  vertes,  coriaces  ;  à  pédoncules 
solitaires  ,  asillaires  ou  terminaux  ,  portant  des  (leurs  en 
grappe  un  peu  pencliées,  souvent  latérales.  Les  caractères 
de  ce  genre  ,  voisin  des  airelles  ,  sont  :  calice  à  cinq  dents  ; 
corolle  en  coupe  ;  dix  élainines  à  anthères,  s'ouvrant  par  une 
fente  longitudinale  ;  style  simple  ,  à  un  stigmate  à  cinq  an- 
gles ;  baie  tronquée  ,  couronnée  parle  calice  devenu  charnu, 
et  à  cinq  loges  polyspermes. 

Ces  arbustes  croissent  dans  les  Andes  du  Pérou.  Leurs 
baies  légèrement  acides  sont  bonnes  à  manger, 

CegenreestdédiéàM.Thibaud,  professeur  de  botanique 
à  l'écoîé  de  médecine  de  Strasbourg. 

Humboldt ,  Bonplandet  Kunth, dans  leur  bel  ouvrage  sur 
les  plantes  de  l'Amérique  méridionale  décrivent  treize  nou- 
velles espèces  de  ce  genre, 'qui  se  rapprochent  infiniment 
des  Airelles  ,  et  dont  les  fruits  se  mangent  comme  ceux  de 
ces  dernières.  Le  genre  cavinion  de  Dupetit-ïhouars  rentre 
dans  celui-ci.  (Ë.) 

THICH  DOUNG  EL  Les  Gochînchinois  nomment  ainsi 
et  CaY  bouisg  ,  VErythrîna  coralloclendrum  ,  L.  (ln.) 

THIDER.  Nom  hébreu  de  I'Obme.  Selon  Scaliger  cet 
arbre  est  le  didar  des  Arabes ,.  et  il  dit  que  ce  nom  signifie 
arbre  aux  punaises.  P.  Bellon  donne  à  l'orme  les  noms  arabes 
de  aîbahand  ci  cldidar.  Mallhiole  écrit  dirdar  et  hizach.  Avi- 
cenne  nomme  les  graines  de  l'orme,  cdhefara  beldemez.  (ln,) 

THIEN-CAl-TSAL  C'est ,  en  Chine,  le  nom  que  porte 
Une  plante  de  la  syngénésie  (  Veilesina  spicaia  ^  L.  ),  que  les 
Chinois  mangent  en  salade,  (ln.) 

THIEN  PHAO.  Espèce  de  Morelle  qui  croît  en  Chine 
et  en  Cochinchine.  C'est  le  solanum  hiflorum ,  Lour.  (ln.) 

THILACHION  ou  THILAQUI,  Thilachium.  Arbre  à 
feuilles  alternes,  péliolées  ,  ovales,  glabres,  très-entières, 
à  fleurs  portées  sur  des  pédoncules  terminaux  ,  qui  forme  un 
genre  dans  la  polyandrie  monogynie,  selon  le  botaniste 
Loureiro, 

Ce  genre  a  pour  caractères  :  un  calice  formé  d'une  seule 
pièce  oblongue  ,  turbinée  ,  dont  la  partie  supérieure  se  sépare 
de  l'inférieure  à  l'époque  de  la  floraison,  par  une  déchirure 
circulaire  ;  point  de  corolle  ;  soixante-dix  étamines  fort  gran- 
des ;  jun  ovaire  supérieur ,  sirié  ,  porté  sur  un  pédicule,  à 


i8  T  n  T 

stigmate  sessile  et  presque  rond  ;  une  Laie  oLIongue  ,  à  dis 
côtes  ,  uniloculalre  et  polysperme. 

Le  thiladiion  se  trouve  dans  les  forêts  de  la  Cochinchine. 
II  a  quelques  rapports  avec  les  Calyptranthes  ,  et  encore 
plus  avec  les  Câpriers,  (b.) 

THILCO.  Nom  de  pays  d'une  Fuchsie.  (b.) 
THILI.  Espèce  de  Grive  du  Gîiili.r.GRiVE  tilly,  à  l'ar- 
ticle Merle,  (s.) 

THILICRANIA.  Quelques  botanistes  ont  écrit  ainsi  le 
thelycrania  et  theUcraniu  de  The'ophraste,  nom  qui  signifie 
cornouiller  femelle  ^  en  grec.  On  le  rapporte  à  notre  cornus  san- 
guinea ,  L.  (ln.) 

THILOGLOTTE,  ThUogloUis.  Genre  de  plantes  de  la 
gynandrie  diandrie  et  de  la  famille  des  orchidées  ,  établi  par 
F.  Bauer  dans  ses  Illustrations.  On  en  voit  la  figure,  pi.  7  de 
son  ouvrage  ,  mais  je  n'en  ai  pas  le  texte  ;  et  sts  caractères 
sont  si  compliqués,  qu'il  m'a  été  impossible  de  suppléer  ce 
texte  ,  par  le  moyen  delà  figure  ,  pour  leur  description,  (b.) 
THIM  ou  THYM  ,  SERPOLET  ,  Thymm  ,  Linn. 
(^Didynamic  gymno^permîe.)  Genre  de  plantes  de  la  famille  des 
labiées ,  quiadesrapporlsavecles Origans, les MÉLissEset la 
Thymbra,  elqui  comprend  de  petits  arbustes  odorans,dontles 
fleurs  sont  rapprochées  en  paquetsaux  nœuds  ouauxexlrémités 
des  rameaux.  Le  calice  de  chaque  (leur  est  allongé  et  à  cinq 
dents  ,  dont  trois  supérieures  et  deux  inférieures  ;  son  ouver- 
ture est  fermée  par  des  s'oies.  La  corolle  est  monopétdie  •,  le 
tube  a  la  longueur  du  calice  ,  et  le  limbe  est  partagé  en  deux 
petites  lèvres,  dont  celle  d'en  haut  est  droite ,  obtuse  et  échan- 
crée,  etcelle  d'en  bas  découpée  en  trois  lobes, celui  du  milieu 
étant  le  plus  large  ;  quatre  étamines  recourbées  ,  deux  lon- 
gues et  deux  courtes  ,  insérées  au  tube  de  la  corolle.  Au  centre 
est  un  germe  qui  soutient  un  style  mince  ,  terminé  par  un 
stigmate  divisé  en  deux  parties  aiguës.  A  ce  germe  succèdent 
quatre  semences  nues,  petites  et  rondes  ,  qui  mûrissent  dans 
le  calice  ,  dont  le  col  est  rétréci. 

Le  genre  Calament  ,  qu'on  avoit  proposé  d'établir  aux 
dépens  de  celui-ci ,  n'a  pas  été  adopté.  11  n'en  est  pas  de 
même  de  celui  appelé  BRACHYSTÈME,qui  a  pour  type  le  Thim 
de  Virginie. 

Le  genre  des  thims  renferme  une  cinquantaine  d'espèces. 
Je  ne  cite  ici  que  les  plus  intéressantes. 

TuiM  COMMUN  ou  CULTIVÉ,  2'hyinus  vulgatis ,  Linn.  C'est 
un  arbuste  qui  croît  dans  des  lieux  pierreux  ,  en  Italie  ,  en 
Espagne  et  dans  la  France  méridionale.  On  le  cultive  dans 
tous  les  jardins,  qu'il  parfume  par  son  odeur  forte  etaroma- 


T  H  I  19 

tique.  Sa  tige,  qui  persiste  rhlver,  est  tlroile  ,  ligneuse  ,  peu 
élevée  ,  rameuse  et  de  couleur  cendrée.  Ses  feuilles  sont  op- 
posées ,  menues  ,  étroites  ,  ovoïdes ,  repliées  sur  elles-mêmes 
par  les  côlés  -,  il  y  en  a  une  variété  à  feuilles  larges.  Ses.fleurs, 
petites  et  de  couleur  purpurine,  naissent  au  sommet  des  ra- 
meaux en  épis  verlicillés  ;  elles  paroissent  au  milieu  du  prin- 
temps ou  au  commencement  de  l'été  ,  suivant  le  climat. 

Le  thlm  est  communément  cultivé  en  bordure  ;  il  supporte 
trèS'bien  les  rigueurs  de  l'hiver.  On  le  multiplie  ou  de  graines , 
ou  plus  souvent  en  séparant  ses  racines ,  soit  en  octobre ,  soit 
au  mois  de  mars.  Cette  plante  entre  dans  les  pari'ums ,  et  sert  à 
assaisonner  les  alimens.  Elle  contient  une  huile  essentielle, 
très-âcre  et  de  couleur  jaune  ;  ou  en  relire  quelquefois  une 
once  sur  huit  livres  d'herbe.  Cette  huile  dépose  une  cerîaine 
quantité  de  camphre  qui  a,  h  peu  près,  le  coup  d'œil  du  sucre 
candi. 

Thim  serpolet  ,  Thymus  serpyllum  ,  Linn,  ,  vulgairement 
le  serpolet  ou  ihim  saumge  ,  plante  grêle  ,  rampante  ,  vivace  , 
Irès-aromatique  ,  qu'on  trouve  en  Europe  sur  les  collines  , 
dans  les  pâturages  secs,  et  qui  est  ordinairement  l'indice  d'un 
sol  aride.  Sa  racine  rameuse  ,  fibreuse  et  déliée,  pousse  plu- 
sieurs petites  tiges  carrées  ,  dures,  ligneuses  et  rougeâtres, 
garnies  de  feuilles  opposées  ,  planes,  ovales,  obtuses,  ciliées 
à  la  base.  Ses  fleurs  viennent  en  petits  bouquets  aux  sommités 
des  tiges;  elles  sont  ordinairement  de  couleur  incarnate  , 
quelquefois  blanches  ou  bleues.  Il  y. a  aussi  des  variétés  de 
serpolet  à  larges  feuilles ,  à  feuilles  velues  ou  panachées  ,  à  feuilles 
sentant  le  citron. 

Le  serpolet ,  en  s'étendant  sur  la  surface  des  terres  légères  , 
détruit  peu  à  peu  les  autres  plantes.  li  fleurit  pendant  tout 
l'été.  Les  abeilles  aiment  beaucoup  ses  Heurs.  Les  chèvres  et 
les  moutons  mangent  celle  plante  ;  les  lapins  surtout  en  sont 
très-friands  ;  elle  donne  à  leur  chair  un  nîcitlcur  goût.  Les 
cochons  n'y  touchent  pas. 

Le  TïïlM  AKî^UEL,  Tliymus  acinos  ,  Linn.,  vulgairement  thim 
champêtre,  petit  hasi/ic  sauvage.  11  s'élève  à  un  demi-pied,  a  des 
tiges  anguleuses  ,  droites,  un  peu  rameuses  ;  des  feuilles  op- 
posées,  ovales,  aiguè's  ,  dentées,  se  terminant  en  pétioles 
par  le  bas  ;  des  fleurs  rouges  verticiilées  et  des  pédoncules 
uniflores.  Il  se  trouve  sur  les  bords  des  chesrJns  et  des  bois  ^ 
dans  les  lieux  secs  et  arides,  et  fleurit  tout  Télé.  11  est  aro- 
matique ,  cordial  et  tonique  ;  mais  on  en  fait  peu  d'usage  en 
médecine. 

Le  Thim  piperelle  ,  Thymus  piperella,JJna. ,  originaire 
d'Espagne.  Sa  lige  est  ligneuse.  Ses  feuilles  sont  entières  , 


Bo  T  H  L 

ovales  ,  obtuses  ,  glabres  ,  luisantes,  et  marquées  en  dessous 
de  nervures  saillantes  et  obli(j!]es. 

Le  thlm  (les  Alpes  diffère  fort  peu  du  thim  clmmpêlre.  Le  ihim 
de  Crète  ou  de  Candie  appartient  au  genre  Sarriette.  F.ce  mot. 

(D.) 

THLM  SAUVAGE.  C'est  le  Thim  serpolet,  (b.) 
THLM  DES  SAVANNE5.  C'est  la  Turnèue  a  feuil« 

LES  d'orme,  (u.) 

TH  LMïiRA.  V.  T.TYîviaRA.  (mv) 

THlMELi^EA.  V.  TaYMEr.ïiA.  (ln.) 

TîilN-KLIiOAM.  Espèce  de  réséda  (  /«.».  chineiisis  ,  L.) 
qui  croît  en  Chine.  Loureiro  dii  «fu'ellc  est  propre  à  teindre 
les  toiles  en  jaune  ,  comme  la  (^acde  (^resedù  luteola').  (ln.) 

THiMUS.  F.  Thymus,  (ln  ) 

.TIILN.  V.  Lai'rier.  (s.) 

TniO-T[lIO.  V.  AvoiRA.  (L^^) 

TilIBSÉ.  Nom  égypiien  d'une  tortue  du  Nil  ,  q^l  fait  la 
guerre  aux  jeunesCROCODiLES,ol  surtout  aux  œufs  de  c-s  rep- 
tiles. Soiinini(  Voynge  en  Egypte^  rapporte  que  d'un^  por- 
tée de  cinquante  crocodiles,  sept  seulement  échappèrcm!  à  la 
denl  vorace  d'un  th'rsé.  (^n  ne  sait  pas  positivement  qi.;lle 
est  l'esp-'^ce  de  /(>r/^i/e  à  laquelle  ce  nom  convienl;il  est  possible 
qu'elle  ne  soit  pas  encore  connue  des  naturalistes,  (b.) 

THISTEL.  C'est  l'un  des  noms  que  portent  les  CuAR- 
DONS  ,  dans  le  nord  de  l'Europe.  f\  Disïhel.  (ln.). 

THLASPl.  Les  anciens  ùonnoient  ce  nom  à  plusieurs 
plantes.  Dioscoride  écrit  ihiaspi ,  ainsi  que  Pline  ,  quelque- 
fois thhispidlon  ,     et  thlaspion. 

<f  Lj  Ihlaspi,  écrit  Dioscoride,  est  une  petite  herbe  à  feuil- 
les étroites,  longues  d'un  doigt,  grassetles  ci  pendantes 
contre  terre.  Sa  tige  est  mince,  branchue,  haute  d'un  pied  el 
demi  ;  autour  est  le  fruit  qui  va  en  se  dilatant  dès  le  pédon- 
cule. Sa  graine  est  semblable  à  celle  du  cardamun  ou  cresson 
alénois  et  close  dans  de  petites  bourses  (siiicules  )  fendues 
et  échancrées  à  l'exiréiaiié ,  en  forme  de  lentille  ou  de  bou- 
clier ,  comprimées  el  plaies  d'un  colé.  Celle  forme  a  fait 
donner  le  nom  de  ihlaspi  à  celle  plante  (i)  ;  sa  fleur  est 
blanche.  Elle  croît  le  long  des  chemins  ,  des  haies  el  des 
fossés  ;  sa  graine  esl  chaude  ,  acre  au  gosier.  Elle  purge  la 


(~i)  Ainsi  le  thlaspî  devoit  son  nom  à  la  forme  orbiculairc  etéchancréc  de 
son  Iruit,  et  par  conséquent  pas  à  l'odeur  qu'il  exhale  étant  froissé,  comme 
ledit  Vcnlenal. 


bile  lorsqu'on  en  prend  la  décoction  au  poitls  d'un  arélabule. 
Prise  en  remède  ,  clic  est  bonne  aux  scialiqnes.  Prise  en 
potion  ,  elle  fait  sortir  le  sang  ,  et  rompt  les  aposlèmcs  in- 
Icrnes.  Elle  est  emnîcqagogue  ,  et  fait  avorter.  Cratevas  in- 
dique une  autre  sorte  de  thlaspi ,  que  quelques  personnes 
nomment  siiiapï  de  Perse  ,  lequel  a  ses  feuilles  larges  ,  et  ses 
racines  grosses.  Pris  ep  remède  ,  il  soulage  les  sciât  ques.» 
Diosc. ,  tom.  il>6. 

Cette  description  se  retrouve  dans  Pline.  Ce  naturaliste 
ajoute  seulement  que  ces  deux  ihlaspi  sont  très-efficaces  con- 
tre les  tumeurs  des  aines  ,  mais  autant  qu'on  ne  fait  usage 
que  d'une  seule  main  pour  cueillir  ces  herbes  ,  et  qu'on  dise 
en  même  temps  pour  quel  emploi.  Pline  ne  donne  aussi  qu'un 
demi-pied  de  hauteur  à  son  ihlaspi  à  feuilles  étroites. 

(i,-»iicn  attribue  les  mêmes  propriétés  aux  thlaspi  ,  mais 
parce  nom  il  désigne  la  graine,  et  il  en  distingue  un  plus 
grand  nombre  d'espèces;  savoir:  i.'^  le  thlaspi  commun  qui 
jcroissoit  partout,  de  couleur  interniédiaire  entre  le  jaune  et 
le  jroîix  ,  rond,  et  souvent  plus  petit  que  le  millet  ;  a.*'  le 
thlaspi  (le  Crète  ;  .\.^  le  thlaspi  lie  Cappaduce ,  qui  éloit  le  meil- 
leur, tirant  sur  le  noir,  beaucoup  plus  gros  que  le  thlaspi 
commun  ,  nullement  rond  ,  mais  aplati  sur  le  côté  ,  comme 
l'exprlmoit  son  nom.  Comme  ce  ihlaspi  de  Cappadoce  et  le 
comnmn  croissoieni  en  abondance  en  Cappadoce,  Galien  nous 
apprend  que  ,  de  crainte  de  ne  pas  recevoir  le  meilleur  ,  on 
le  préféroil  ;  4-^  'e  thlaspi  de  Saimis ,  qui  éloit  différent  du 
thlaspi  commun  et  du  thlaspi  de  Crète. 

C'est  au  ihlaspi  des  anciens  qu'appartiennent  les  noms 
plus  récens  de  myù's  ou  mhitts ,  myopteron  dusmophon ,  chez 
les  (irecs,  de  scandulntium  ,  chez  les  Romains,  etc. 

L'on  rapporte  la  première  espèce  de  ihlaspi  de  Diosco- 
ridc  et  de  Pline,  au  ihlaspi  aivense ,  L.  ;  c'est  l'avis  d'An- 
guillara,  de  Dodonée,  du  Lobel ,  elc.  Fuschius  cite  le  iepi- 
dum  rnderale  ,  Matlhiole  ,  le  thlapsi  campestre  ^  L. ,  et  Zan- 
noni ,  le  tepidiuin  perfoliatitm  ,  L.  Er.fin  ,  on  a  cité  des 
espèces  à'alyssum  et  de  Liscutella  ,  le  myaqri'm  satl\?um,  etc. 

La  seconde  espèce  est  considérée  par  C.  Bauhin  et  par 
d'autres  botanistes ,  comme  notre  raifort,  cochlenria  armo- 
racia,  L.  (Cependant  on  a  cité  le  lunariu  aniuta,  L.  Mallhiole 
est  pour  le  thlaspi  urvense ,  et  FLischins  pour  le  thlaspi  cam- 
ppstre.  Il  paroît  que  Galien  a  voulu  parler  à  la  fois  de 
graines  de  thlaspi ,  et  de  celles  de  quelques  espèces  iVihcris. 
On  donne  les  iherir,  iimbellata  et  oâarata  pour  les  thlaspi  de 
Crète  et  de  Gappaloce.  On  a  également  ç^\\.é.\t  thlaspi  av" 
vense ,  L. 


22  T  H   L 

Tous  CCS  rapprochemens  et  beaucoup  d'aaires  sont  très- 
vagues  ,  et  l'on  ne  peut  eu  tirer  aucune  conclusion  satisfai- 
sante. A  la  nature ,  à  la  qualité  des  graines  ,  et  à  leur  forme  , 
on  ne  peut  me'connoîlre  des  plantes  crucifères  dans  \esihlaspi 
des  anciens  ,  et  nos  citations  font  voir  que  c'est  dans  la  seule 
famille  des  crucifères  qu'on  a  cherché  ces  plantes.  C.  Bau- 
hin  nous  fait  connoitre  que  jusqu'à  lui  ce  nom  avoit  été  ap- 
pliqué à  des  espèces  de  tJdaspi ,  à''iheiis ,  à'alyssum,  de  draba, 
de  cochlearia,  de  hinaria  ,  à'erisymum,  iVarabis  ,  etc.  Ce  na- 
turaliste rassemble  lui-même  sous  le  nom  de  thlaspi  un  grand 
nombre  de  ces  plantes  ;  mais  il  divise  cette  réunion  en  sept 
sections  ,  qu'il  désigne  de  la  manière  suivante. 

i.o  Les  thlaspi  aroense  ,  où  sont  placés  les  ifA/â5y»i  arvense  , 
alpestre ,  campestre  et  hiitum  ,  L. 

2."  Les  thlaspi  umbellatum  ,  qui  comprennent  les  ièeris 
umbeîluta,  amara  ,  odorata  ,  pinnata  et  linijolla  ,  L. 

3.0  Les  thlaspi  m ontanum  :  nous  y  remarquerons  le  ;>e//rtna 
alliacea,  le  thlaspi  saxalilis ,  les  alyssum  campestre  et  montanum, 
Viberis  mxaiilis ,  L. 

4-°  Les  thlaspi  dits  alysson.  Il  y  place  les  alyssum  calycinum 
et  maritinnim ,  L. 

5.0  Les  thlaspi  dypeatnm ,  L.  :  nos  biscutella  et  le  clypeata 
jonthlaspi  y  rentrent.    • 

6.*^  Les  thlaspi  fruiicosum,  qui  renferment  des  iberis  et  des 
alyssum,  à  tiges  ligneuses;  par  exemple,  ïiberis  saxatilis  et 
les  alyssum  s  pi nosiim  et  incanum. 

7.°  Les  thlaspi cxoticum ,  au  nombre  de  deux,  le  cochlearia 
danica  et  le  lepidium  pcrfoliatum. 

C.  Bauhin  compte  ainsi  à']  espèces  de  thlaspi,  et  il  n'y 
place  pas  le  thlaspi  bursa  pastons ,  qu'il  prétend  avoir  été 
compris  par  les  anciens  parmi  leurs  thlaspi. 

Après  C.  Bauhin  ,  on  voit  encore  quelques  botanistes  ap- 
pliquera nom  de  thlaspi  aussi  vaguement.  Plukenet  le  donne 
au  cheiraïUhus  farseiia  ,  L.  ;  Barrclier  au  bunias  cochlearioides  , 
W.  ;  et  Morison  ■àVanastatira-hierochanù'ai ,  Ind.  polygl.). 

Tournefort ,  en  prenant  pour  caractère  la  forme  de  la 
silicule  bordée  d'une  membrane  ,  se  trouva  réunir  dans  son 
genre  thlaspi  nos  espèces  de  tlilaspi  et  à^iben's  qui  offrent  ce 
caractère.  Il  rejeta  les  autres  espèces  de  thlaspi  dans  son 
Bursa  pasloris ,  caracicrisé  par  les  silicules  nues  et  triangu- 
laires; et  les  autres  Iberis  dans  son  thlaspidhim  ou  biscutella 
de  Linnœus.  Mais  Linnœus  ayant  égard  à  la  grandeur  respec- 
tive des  pétales  ,   prit  dans  les  thlaspi  les   espèces  à  pétales 


T  Tî    L  23 

ëgaux,  et  réunit  ainsi  une  partie  des  tlilaspi  et  \ehursa postons 
de  Tournefort  en  un  seul  genre.  Celte  réunion, adoptée  par 
Adanson,  a  été  improuvée  par  Necker,  Mœnch  et  Venlenat, 
qui  persistent  à  séparer  le  Imrsa  postons  du  thlaspî ,  Je  premier 
sous  le  nom  de  marsycocarpe  {/niit  en  bourse,  en  grec)  ,  et  le 
second  sous  celui  de  capsella  ,  que  Césalpin  avoil  imposé  à 
l'espèce  commune.  Dans  ces  derniers  temps,  Robert  Brown  a 
fondé  sur  le  thlaspi  saxatitis ,  son  genre  œtionema.  Mais  d'une 
autre  part,  on  a  réuni  au  ihlaspi  le  psychine  de  Desfontciines; 
on  a  ôlé  également  du  ihlaspi  le  myagium  chhirœfolium  ,  yV.  , 
que  Tournefort  y  avoil  pkicé  ,  et  le  latifuliiim  satmim  ,  que 
Desfontaines  y  avoit  introduit,  et  dont  on  a  fait  le  genre  lepia. 
V.  Thlaspi.  (lm.) 

THLASPI  ,  Thlaspi.  Genre  de  plantes  de  la  lélradyna- 
mie  siliceuse  et  de  la  famille  des  crucifères  ,  qui  offre  pour 
caractères  :  un  calice  de  quatre  folioles  ouvertes  ;  une  co- 
rolle de  quatre  pétales  égaux;  six  étamines,  dont  deux  plus 
courtes;  un  ovaire  supérieur,  surmonté  d'un  style  simple  ; 
une  silicule  émarginée  presque  en  cœur  ,  et  renfermant  plu- 
sieurs semences. 

Ce  genre  contient  des  plantes  à  feuilles  alternes ,  simples, 
et  à  fleurs  portées  sur  de  longs  pédoncules,  soit  disposées  en 
épis  ,  soit" en  panicules.  On  en  compte  près  de  quarante  es- 
pèces, presque  toutes  d'Europe. 

Les  plus  communes  ou  les  plus  remarquables  de  ces  espè- 
ces sont  : 

Le  Thlaspi  des  champs  ,  qui  a  les  siliques  orbiculaires  ; 
les  feuilles  oblongues  ,  dentées  et  glabres.  Il  est  annuel,  et  se 
trouve  dans  les  champs  sablonneux,  quelquefois  en  si  grande 
quantité  ,  qu'il  couvre  le  terrain. 

Le  Thlaspi  alliacé  a  les  siliques  presque  ovales  ,  ren- 
flées ;  les  feuilles  oblongues ,  obtuses,  dentées  et  glabres. 
Il  est  annuel  ,  et  se  trouve  dans  les  parties  méridionales  de 
l'Europe.  Ses  feuilles  ,  lorsqu'on  les  froisse  ,  donnent  une 
odeur  d'ail.  On  l'emploie  assez  généralement  à  chasser  les 
punaises,  en  le  mettant  sous  l'oreiller;  mais  on  ne  doit 
avoir  que  fort  peu  de  confiance  en  ce  moyen. 

Le  Thlaspi  perfolié  aies  siliques  presque  encœnr;  les 
feuilles  de  la  lige  en  cœur,  glabres  ,  presque  dentées,  et  la 
tige  rameuse.  Il  se  trouve  dans  les  champs  des  montr.gnes.  Il 
est  bisannuel. 

Les  semences  de  ces  trois  espèces  ont  une  saveur  acre, 
piquante  ,  qui  laisse  dans  la  bouche  un  gcût  d'ail  ou  d'o- 
gnon.    On  les  regarde  comme  incisives  ,  détersives  et  apériti- 


24  T  H  I. 

ves ,  propres  à  rappeler  les  règles  ,  et  à  dissoudre  le  sang  coa- 
gulé. On  les  emploie  aussi  en  masticatoires, pour  faire  cou- 
ler les  humeurs  du  cerveau.  Elles  entrent  dans  la  grande 
ihériaque. 

Le  TuLASPi  CHAMPÊTRE  a  Ics  siliqucs  presque  rondes  ,  les 
feuilles  sagittées ,  dentées  ,  hlanchâtres.  Il  est  bisannuel,  et 
se  trouve  dans  les  champs  en  friche  ,  dans  les  jardins,  il  s'élève 
souvent  à  plus  d'un  pied. 

Le  ÏHLASPi  BOURSE  A.  PASTEUR  .1  les  siliqucs  prcsquc  en 
cœur,  et  les  feuilles  radicales  pinnatifides.  Il  est  annuel,  et 
se  trouve  en  Europe  ,  dans  tous  les  lieux  cultivés.  Peu  de 
plantes  sont  plus  communes  autour  des  habitations  ,  et  va- 
rient autant.  On  leconnoîlsous  les  noms  vulgaires  de  lahourtt, 
de  malelle  et  de  bourse  à  berger.  Les  bestiaux  le  mangent  sans 
le  rechercher.  Il  est  un  peu  amer  ,  légèrement  astringent 
et  anti  scorbutique.  Il  sert  de  type  au  genre  Gapselle. 

Le  TuLASPi  PSYCHINE  a  les  siliqucs  presque  ovales,  del- 
toïdes et  terminées  par  le  slyle  ,  les  feuilles  lancéolées  en 
cœur,  dentées,  amplexicaules  et  pubescenfes.  Il  est  annuel  , 
et  se  trouve  en  Barbarie.  Desfontaines  ,  qui  l'a  figuré  pi.  1^8 
de  sa  Flore  Atlantique  ,  en  a  fait  un  genre  sous  le  nom  de  PsY- 

CIIINE. 

Le  genre  Aethionème  a  été  établi  pour  placer  le  Thlaspi 
DES  ROCHERS,  et  le  genre  Lipia,  pour  placer  le  Tulaspi  a 

LARGES  FEUILLES,  (b.) 

THLASPI  FAUX.  C'est  la  Lunaire,  (b.) 

TflLASPI  DES  JARDINIERS,  estl'ÏBÉRiDE  en  om- 
belle. On  appelle.encore  de  ce  même  nom  I'Ibéride  tou- 
jours VERTE,  (b.) 

THLASPI  JAUNE.  V.  Alysse  jaune,  (b.)  . 
THL/VSPI  DE  MONTAGNE.  C'est  UpÉRiDE  amère. 

(B.) 

THLVSPiDIOiDES.Nom  sous  lequel  Barrècc  désigne, 
dans  sa  France  équinoxiale  ,  le  dodornsa  vlsrosa  ,  arbrisseau 
visqueux  qui  croît  dans  les  deux  Indes  ,  et  dont  les  fruits 
ont  un  peu  l'apparence  des  silicules  du  thlaspi  des  champs, 

(LN.) 

THLASPIDiON  oa  THLASPIDIUM.  Synonyme  de 

Thlaspi  ,  chez  les  Grecs.  Ces  noms  se  composent  de  deux 
mots  grecs  ;  Tun  est  celui  de  la  plante  ,  et  Taiilre  signifie 
bouclier,  allusion  à  la  forme  des  fruits  en  bouclier.  V. 
Thlaspi.  Chez  les  modernes  ,  Tragus  Ta  appliqué  ,  je  ne 
sais  trop  pourquoi  ,  à  Vallialre  (  eiyslmiim  aUiaria  ^  L.  ,  qu'il 
XiommQ  thl^spidium  cornulum  ^  à  cause  de  ses  siliqucs  grêles 


T  II  O  25 

el  non  pns  orbirulaires.  Tourncfort  a  clé  plus  conséquent, 
lorsqu'il  Ta  donné  aux  Liscuie'/es  et  à  quelques  ihen's  qui  ont 
une  silicule  formée  de  deux  lobes  semi-orbiculaires  el  acco- 
lés. C'est  dans  ce  sens  qn.c  Dillen  ,  P.ivin  et  d'autres  auteurs 
se  sont  servis  de  ce  nom,  que  ics  botanistes  actuels  ont  sup- 
primé ,  quoique  Adanson  el  Mœnch  aient  persisté  à  le  don- 
ner au  genre  biscuteila  de  Linr^nnus.  (ln.) 

TilLASPION  et  ÏHLASPIOS.  V.  Tulasiu  (  des  an- 
ciens ).  (ln.) 

THLILTIC.    V.  QuAUHTECHAl.LOTr  THLiLTIC.  (HESM.) 

THOA  ,  Thoa.  (ienre  de  polypier  établi  par  Lannairoux, 
aux  dépens  des  Sertulmres,  Il  présente  pour  caractères: 
un  siype  phyloïde  rameux,  à  tige  formée  de  tubes  nombreux, 
enhelacés;  cellules  presque  nulles;  polypes  saillans  ;  ovai- 
res irrégulièrement  ovoïd,cs. 

La  Sertulaire  h alécin.e,  figurée  dans  Ellis  ,  pi.  lo,  A  , 
B  ,  C  ,  lui  sert  de  type. 

Ce  genre  renferme  ,  de  plus  ,  le  ÏKOA  Dp  Savigisy,  qui 
vit  dans  la  Méditerranée,  et  que  Lamouroux  a  figuré  pi.  6  de 
son   ouvrage   sur  \çs,  polypiers  roi aUlgènes  flexibles,  (r.) 

THOA  ,  Thoa.  Arbrisseau  noueux  et  tortu  ,  à  branches 
sarmenteuses,  à  feuilles  opposées  ,  ovales,  entières  ,  ternù- 
nées  par  une  longue  pointe  ,  el  à  fleurs  en  épis  axi  îaires, 
qui  forme  un  genre  dans  la  monoccie  polyandrie  ,  el  dans  la 
famille  des  orties. 

Ce  genre,  qui  diffère  peu  du  Gnet,  a  pour  caractères  :  de 
n'avoir  ni  calice  ni  corolle.  Les  (leurs  mâles  sont  composées 
d'un  épi  articulé  sur  chaque  nœud  ,  dtiquel  sortent  plusieurs 
élamines.  Les  fleurs  femelles  sont  au  nombre,  de  deux  à  la 
base  de  chaque  épi  mâle,  et  coinposé,es  d'un  ovaire  oblong, 
surmonté  d'un  style  à  stigmate  tuberculeux  ;  et  une  capsule 
lisse  ,  à  une  seule  loge  ,  qui  recouvre  une  coque  couverte  de 
poils  roides  et  piquans  ,  <ians  laquelle  sont  deux  amandes.* 

Le  tlioa  a  été  découvert  par  Aiiblet  ,  dans  les  forêts  de  la 
Guiane.  Ses  amandes  ,  boiiliîies  oa  grillées  ,  sont  bonnes  à 
manger  ;  mais  malheur  à  celui  qui  ne  sail  pas  éviter  les  poils 
dont  elles  sont  entourées  ,  car  ils  font  éprouver  des  déman- 
geaisons intolérables. 

Lorsqu'on  entame  Fécorce  de  cet  arbre  ,  il  suinte  de  la 
plaie  une  liqueur  blanche  qui  ,  en  se  desséchant ,  devient 
une  gomme  transparente.  Lorsqu'on  coupe  les  branches,  il 
en  découle  abondamment  une  liqueur  insipide  qu'on  peut 
boire  dans  le  besoin,  (b  ) 

THOA.  Arbre  ré.sincux  de  Madagascar,  doBl  le  genre  ne 
m'est  p;as  connu,  (b.) 


=6  T  H  O 

THOMISE,  Thomisus,  Walck.  ,  Latr.;  Àranea,  Linn.  » 
Geoff.  ,  Fal).  ;  Heteropoda  ,  Misumcna  ,  Lnfr.  (icnrc  d'arach" 
nidcs  ,  de  l'ordre  des  pulmonaires,  faïuilie  des  araneïdes  » 
tribu  des  lalérigrades  ,  ayant  pour  caraclères  :  animaux 
pouvant  marcher  en  tous  sens  ,  étendant  leurs  pâlies  ,  dans 
toute  leur  longueur  ,  lorsqu'ils  sont  en  repos  ,  et  don!  les 
quatre  antérieures  ordinairement  plus  longues  ,  tantôt 
presque  égales,  et  tantôt  de  différentes  longueurs  ,  la  se- 
conde paire  surpassant  la  première  ;  yeux  au  nombre  de 
huit,  formant  le  plus  souvent ,  par  leur  réunion  ,  un  seg- 
ment de  cercle  ou  un  croissant  ;  les  deux  latéraux  posiérieurs 
plus  reculés  en  arriére,  ou  plus  rapprochés  des  bords  lalé- 
raux  du  corselet  que  les  autres  ;  corps  du  plus  grand  nombre 
aplali  ,  à  forme  de  crabe ,  avec  l'abdomen  ,  grand  ,  arrondi 
ou  triangulaire;  mâchoires  inclinées  sur  la  lèvre. 

C'est  plus  particulièrement  aux  espèces  de  ce  genre  qu'on 
a  donné  ,  en  Europe  ,  le  nom  A'araignres  crabes.  Eiles  ont, 
en  effet ,  avec  ces  crustacés,  quehjUL's  rapports  de  forme  et 
d'allure  ;  leur  corps  est  courl  ,  apl.ui ,  el  souvent  brun  ou 
roussâtre  ;  l'abdomen,  dans  plusieurs  ,  s'élargil  postérieu- 
rement, et  a  une  figure  triangulaire.  Elles  élalenl  toujours 
leurs  pattes  lorsqu'elles  sont  en  repos,  et  marchent  de  côté, 
à  reculons,  ou  dans  une  ligne  directe  ,  de  même  que  les 
crabes.  Leurs  yeux  placés  sur  le  devant  du  Ironc,  et  dont  les 
deux  latéraux  postérieurs  sont  souvent  plus  reculés  en  ar- 
rière que  les  deux  inicrriiédiaires  de  la  même  ligne  ,  forment 
plus  ou  moins  un  croissant,  un  segment  de  cercle  ,  dont  la 
courbure  est  tournée  en  avant  ;  les  latéraux  sont  souvent 
portés  sur  des  tubercules  et  plus  gros  ;  mais,  en  général  ,  ils 
sont  proportionnellement  plus  petits  que  dans  les  autres 
aranéïdes.  Les  mandibules  sont  aussi  moins  fortes;  leur  pre- 
mière pièce  ,  dans  celles  de  notre  seconde  section  ,  n'a  pas 
ou  n'a  presque  pas  de  dentelures,  et  se  rapproche  de  la  figure 
d'un  coin  ;  le  crochet  est  fort  petit.  Les  mâchoires  sont  lon- 
gitudinales ,  presque  de  la  même  largeur  ,  mais  inclinées 
sur  la  lèvre,  en  ne  laissant  au  dessus  d'elles  qu'un  vide  très- 
petit  ,  ou  la  fermant  même  presque  absolument.  La  lèvre 
est  tantôt  presque  carrée  ,  tanlôlen  ovale  plus  ou  moins  al- 
longé ,  soit  arrondie  ,  soit  pointue  au  sommet.  Les  palpes 
sont  filiformes  dans  les  femelles,  terminés  en  massue  ovoïde 
dans  les  mâles.  Le  corselet  est  ,  en  général  ,  en  forme  de 
cœur,  large  el  aplati  ;  celui  ,  néanmoins  ,  des  espèces  de  la 
seconde  section,  est  élevé  ,  tombe  brusquement  à  sa  partie 
antérieure  ,  et  coinmence  ainsi ,  sous  ce  rapport ,  à  se  rap- 
procher de  celui  des  araignées  loups.  L'abdomen  varie  un  peu 


T  Tî  O  37 

quant  à  ses  proportions  relatives.  Néanmoins  ,  il  est  pres- 
que toujours  arrondi  ou  pyramidal;  sa  base  s'avance  sur  le 
dos  du  tronc  ,  et  recouvre  ainsi  son  extrémité  postérieure. 

Dans  un  grand  nombre  d'espèces  ,  la  seconde  paire  de 
pattes,  et  ensuite  la  première  ,  sont  les  plus  longues  ;  dans 
d'autres,  la  première  surpasse  un  peu  la  seconde;  mais, 
alors  elle  est  naturellement  plus  grosse  que  les  autres,  et  que 
les  postérieures  surtout.  Quelques  espèces  présentent  d'aufres 
modifications  dans  les  longueurs  respectives  de  ces  organes. 

Ainsi,  comme  l'a  très-bien  observé  M.  W  alckenaer  ,  il 
n'est  point  de  genre  qui  soit  plus  facile  à  reconnoîlre  au  pre- 
mier coup  d'œil,  à  raison  de  sa  forme  générale  et  de  son 
habitas,  et  il  n'en  est  pas,  cependant,  dont  il  soit  plus  diffi- 
cile de  fixer  rigoureusement  les  caractères  ,  ou  de  les  réduire 
à  un  signalement  très-simple. 

La  plupart  des- thomises  sont  presque  glabres  ,  ou  n'ont 
que  des  poils  clair-semés.  On  les  voit  courir  à  terre,  grimper 
sur  les  buissons,  sur  les  plantes  ,  même  sur  des  arbres  éle- 
vés ,  d'où  ils  descendent  souvent  par  le  moyen  d'un  fil  qu'ils 
dévident  ,  et  avec  lequel  ils  peuvent  remonter  ;  aussi  Lister 
les  compare-t-il  à  des  danseurs  de  corde.  Contractant  leurs 
pattes  contre  le  corps  ,  ils  se  balancent,  en  quelque  sorte  , 
dans  l'air,  impriment  à  leur  fil  un  mouvement  ,  et  le  diri- 
gent comme  si  la  nature  leur  avoit  donné  des  ailes  et  des 
rames.  Degéer  dit  aussi  que  ces  aranéïMes  dévident ,  toujours 
en  marcbant,  un  fil  qui  est  allacbé  à  l'endroit  où  elles  éloient 
assises.  On  les  rencontre  encore  dans  les  corolles  des  (leurs, 
où  elles  saisissent  les  petits  insectes  qui  viennent  s'y  poser. 
Le  tbomise  tigré  est  très-commun  sur  les  tiges  des  arbres  ;  sa 
couleur ,  presque  semblable  à  celle  de  leur  écorce  ,  sa 
forme  plate  et  son  immobilité,  empêchent  souvent  qu'on  l'y 
distingue.  Clerck  a  vu  le  T.  à  cré/e^qaiX  conservoit  dans  une 
boîte,  faire  à  un  de  ses  angles  une  petite  toile  mince  comme 
du  papier.  Il  paroît  néanmoins  constant ,  d'après  les  obser- 
vations des  autres  naturalistes  ,  que  les  thomises  ne  tendent 
point  de  filets  pour  surprendre  leur  proie  ,  qu'ils  la  pren- 
nent à  la  course  ,  ou  qu'ils  attendent  patiemment  qu'elle 
vienne  se  livrer  imprudemment  à  eux.  M.  Walckenacr  dit 
qu'ils  s'introduisent  dans  les  toiles  abandonnées  des  autres 
aranéïdes  ,  et  qu'ils  profitent  du  fruit  de  leurs  travaux.  Nons 
ne  parlons  que  des  espèces  indigènes.  11  paroîlroit ,  d'après 
des  observations  recueillies  par  quelques  voyageurs  ,  que  les 
autres  tîiomises  exotiques  seroicnt  plus  industrieux  ,  ou  se 
rapprocheroient  des  épéïres  ;  qu'ils  vivroicnt  même  dans 
les  maisons.   Il  seroit  cependant  possible  qu'ils  s'emparas- 


2»  T  îl  O 

sent  «îcs  toiles  forâïiées  par  d'autres  aranéïdes  ,  ainsi  que 
M.  Walck(.'iiaër  le  dit  relalivem.^nt  aux  espèces  d'Europe. 
Les  dernières  s'einbarasscnt  quelquefois  dans  les  fils  des 
épéïres  ,  et  leur  servent  de  nourriture  ,  ainsi  que  l'a  vu 
Lisler. 

Degéer  a  été  témoin  de  l'accouplement  du  thomise  citron  : 
ayant  trouvé  au  mois  Je  mal  plusieurs  individus  de  celte  es- 
pèce sur  un  buisson  de  saule  ,  il  les  mit  dans  le  mcnie  pou- 
drier. Les  plus  foibles  devinrent  bienlôl  la  proie  des  plus 
forts  ,  et  il  se  vit  obligé  de  les  séparer.  Il  découvrit  ,  dans 
ce  nonbrc  ,  un  iudivid-i  tout  différemment  coloré  ,  et  qui 
paroissoit  ôlrc  d'une  aulro  espèce.  Mais  il  se  douta  que 
c'éloit  un  mâ!e  ,  et  il  en  fut  parfaitement  convaincu  ,  en  le 
voyant  monter  sur  le  corps  d'une  femelle  qu'il  plaça  à  côté  de 
lui  ,  se  glisser  ,  par  derrière  ,  sous  son  ventre  ,  et  chercher 
l'endroit  où  il  falloit  appliquer  l'un  de  ses  palpes.  La  femelle 
se  tint  toujours  tranquille,  et  ne  donna  aucun  signe  de  mé- 
contentement. 

Le  cocon  est  composé  d'une  soie  blanche,  très-serrée,  et 
formant  un  tissu  papyracé  ou  membraneux.  11  est  ordinaire- 
ment orbicuiairc  el  fort  aplati.  On  aura  une  idée  de  sa 
forme,  en  se  représenlant  deux  calolles  peu  bombées  ,  ap- 
pliquées Tune  contre  l'autre  en  sens  opposé  ,  et  réunies 
par  leurs  bords.  Ijos  cocons  de  quelques  grands  ihomises  de 
la  Nouvelle  -  îloUauiIe  ont  un  rayon'de  onze  à  douze  milli- 
nièlrcs.  Celui  du  ihouiise  décrit  par  Lister- ,  titre  So-S""*  , 
est  d'un  blanc  de  neige,  angulaire  ,  et  a  une  forme  radiée.  Il 
le  trouva  attaché  à  une  petite  branche  de  genêt  é[)ineux  ou 
de  Vulex)  europœus,  au  commencement  do  juin.  Il  vit  encore 
sur  le  mémo  sous-arbrisseau,  et  à  la  même  époque,  le  cocon 
d'une  autre  espèce  du  même  genre  ,  et  (un  étoit  attaché  à 
une  des  sommités  des  branches.  La  fomcTlc  étoit  crampon- 
née sur  son  cocon.  Lisler  ayant  arraché  le  rameau  qui  le 
portoit,ct  l'ayant  placé  avec  le  thomise  dansupc  boite,  celle 
tendre  mère  n'essaya  point  de  monter  ,  et  se  tint  constam- 
ment sur  son  cocon  ,  en  le  mettant  sous  sa  poitrine.  Le 
thomise  citron  ,  donl  j'ai  parié  plus  ba'ït  i  plie  une  feuille  de 
saule  en  deux,  et  en  remplit  la  capacité  intérieure  d'une 
toile  de  soie  blanche  ,  au  nulieu  de  laquciie  il  renferme  sa 
coque  qui  est  ovale  ,  et  environ  de  la  grosseur  d'un  noyau  de 
cerise.  La  feuille  est  ensuite  fermée  de  tous  côtés  par  une 
toile  semblable  à  celle  de  l'intérieur  ,  forte  et  assez  épaisse. 
La  femelle  se  place  à  sa  surface  extérieure,  veille  assidû- 
ment à  la  garde  de  son  dépôt ,  et  ne  lâche  point  prise,  quoi- 
qu'on essaye  de  la  chasser  ;  d'autres  espèces  placent  leurs 


T  II   O  ag 

cocons  d.Tis  les  fentes  des  pieux  ,  etc.  Les  œufs  des  thoniises 
sont  ronds,  plus  ou  moins  jaunes,  quelquefois  d'une  couleur 
de  chair  paie  ,  el  aii  nombre  de  quarante  à  cinquante,  dans 
quelques  cocons,  d'une  cent. "ire  dans  d'autres.  l!s  ne  sont 
point  cohcrens.  Les  petits  naissent  en  juin  ou  en  juillet. 
Four  passer  l'hiver  ,  ils  se  cachent ,  ainsi  que  leurs  mères  , 
sous  les  las  de  feuilles  sèches,  sous  diffcrens  corps  ,  quel- 
fjucfois  même  dans  les  vieux  nids  des  petits  oiseaux  ,  etc. 
On  les  voit  re]iaroîlre  dès  les  premieis  Leaux  jours  du  prin- 
temps. Lorsqu'on  saisit  les  thomises,  ils  replient  leurs  pattes 
vers  le  corps  ,  et  se  mettent  en  peloton  ,  comme  le  font 
d'autres  e.'ipècos  d'araneïdes. 

M.  AValckenaër  a  divisé  ce  genre  nombreux  et  difficile,  en 
dix  familles ,  el  dans  lesquelles  il  forme  des  coupes  sous  le 
nom  de  races.  Je  suivrai  une  marche  plus  simple  ,  celle  que 
commande  la  nature  de  cet  ouvrage. 

Je  commencerai  par  les  e  pèces  dont  les  pattes  sont  ge'né- 
ralemenl  grêles,  fort  allongées, presque  de  la  même  grosseur, 
ou  dont  l'épaisseur  diminue  si  graduellement,  qu'elle  est 
presque  insensible.  Leur  corps  est  plus  aplati,  ordinairement 
couvert  d'un  duvet  qui  le  colore.  Le  tronc  n'est  point  ouest  peu 
élevé  antérieurement;  sa  chute  est  arrondie  ou  en  laïus  peu 
incliné.  11  esl  plus  en  cœur  el  moins  largement  tronqué  que 
dans  les  suivantes.  Les  tarses  sont  le  plus  souvent  houppeux 
ou  garnis  de  brosses  en  dessous.  La  lèvre  esl  proportionnel- 
lement plus  courte,  se  rapprochant  de  la  forme  carrée  ou 
d'un  ovale  peu  allongé ,  très-arrondi  ou  obtus  au  sommet. 
Les  mandibules  sont  généralement  plus  fortes  ,  cylindriques 
et  très-velues,  dentées. dans  plusieurs  espèces.  L'abdomen 
est  ovaie  ,  petit  ou  de  la  grandeur,  au  plus,  du  tronc  dans  le 
plusgrand  nombre. Ces  espèces  vivent  plus  habituellement  sur 
les  arbres  ou  sur  les  plantes  ;  quelques-unes  même  ,  et  toutes 
exotiques,  paroissent  se  tenir  dans  les  maisons.  De  là  je  passe 
à  celles  dont  les  pattes  sont  plusgrosses  el  plus  courtes;  dont 
le  tronc  est  plus  élevé  ,  plus  largement  tronqué  ,  et  tombe 
presque  perpendiculairement  en  devant.  Leurs  mandibules 
sont  courtes,  cunéiformes,  point  ou  peu  dentées  el  terminées 
par  un  crochet  très-pèlit.  Leur  lèvre  foVuie  un  ovale  étroit  ou 
allongé.  Une  ou  deux  espèces  présentent  peu  de  différences 
dans  la  grosseur  des  pattes;  mais,  dans  le  plus  grand  nombre, 
les  deux  ou  quatre  paires  antérieures  sont  lrès-sensib!ement 
plus  grosses  et  plus  longues;  et,  si  on  compare  celles  de  la 
seconde  paire  avec  la  troisième,  cette  discordance  devient 
très-frappante.  Le  corps  est  glabre  ou  très-poilu  ;  labdomeu 


3o  T  H  O 

est  fort  large  ,  orbîculaire  ou  pyramidal.  On  les  voit  errer  çà 
et  là  et  courir  souvent  à  terre. 

I.  Teux  disposés  sur  deux  lignes  parallèles ,  droites  ,  très -rappro- 
chées {la  postérieure  plus  longue;  P antérieure  placée  toujours  près  du 
bord  antérieur  du  tronc  (i)  ou  lui  étant  presque  contîguë). 

Nota.  Espèces  grandes,  exotiques  ;  mandibules  fortes,  très- 
hérissées  de  poils,  et  môme  dentées  au  côté  interne  ;  lèvre  se 
rapprochant  de  la  forme  carrée,  courte  dans  plusieurs  ;  yeux 
inégaux;  les  intermédiaires  antérieurs  rapprochés  sur  une  pe- 
tite saillie  ou  éminence  ;  corps  presque  toujours  fort  aplati , 
recouvert  d'un  duvet  ;  extrémité  antérieure  du  tronc  point  ou 
peu  élevée  ,  ne  tombant  point  brusquement  (2)  ;  abdomen 
ovale  ;  pattes  longues  et  grêles, et  dont  la  seconde  paire,  en- 
suite la  première,  ordinairement  plus  longues.  Ces  derniers 
caractères  se  retrouvent  aussi  dans  les  deux  divisions  sui- 
vantes. 

Thomise  marron  ,  Thomisus  casianeus.  Cette  espèce  se 
trouve  au  Cap  de  Bonne  -  Espérance  ,  et  m'a  été  donnée 
par  M.  Gattoire.  Elle  est  longue  de  trente-cinq  millimètres. 
Son  corps  est  moins  large  ,  plus  allongé  et  plus  convexe  que 
dans  ses  congénères ,  et  se  rapproche  ,  par  sa  forme ,  des 
épéïres.  Les  pattes  sont  même  proportionnellement  plus 
courtes  et  plus  fortes  ,  et  leurs  longueurs  respectives  sont , 
à  ce  qu'il  m'a  paru  ,  les  mêmes  que  celles  du  même  genre. 
La  première  paire  est  un  peu  plus  longue  que  la  seconde  ; 
la  quatrième  diffère  peu  de  cette  dernière.  Le  corps  et  les 
pattes  sont  d'un  fauve  marron  et  recouverts  d'un  duvet  de 
la  même  couleur.  Le  tronc  forme  un  ovoïde  tronqué  en 
devant,  et  s'élève  assez  fortement  et  en  s'arrondissant  dans 
le  milieu  de  sa  longueur  ;  son  bord  antérieur  a  une  ligne 
grisâtre  transverse  ,  et  on  en  voit  deux  autres  de  la  même 
couleur  ot  formées  de  même  sur  le  côté  extérieur  de  la 
base  des  mandibules.  Les  yeux  sont  rougeâtres  et  brillans; 
les  deux  latéraux  antérieurs  sont  beaucoup  plus  gros  que 
les  autres  ;  l'intervalle  qui  les  sépare  des  deux  intermédiaires 
du  même  rang  est  un  peu  plus  court  que  celui  qui  est  entre 
eux;  les  yeux  intermédiaires,  sont  un  peu  plus  forts  que  les 
quatre  postérieurs  ;  ceux-ci  sont  égaux  et  placés  presque  à 
égale  distance  les  uns  des  autres.  Les  mandibules  sont  for- 


(i)  L'espace  sous-oculaire,  et  que  M.  Valckenaër  nomme  le  bandeau, 
est  très-court ,  ou  presque  nul. 

(2)  Dans  les  dernières  divisions,  cette  partie  du  tronc  forme  une  chuta 
très-brusque  et  presque  perpendiculaire. 


T  Tî  O  3i 

tes,  noirâtres,  exceplé  en  <lcssous  où  elles  sont  en  partie 
d'un  fauve  assez  vif;  le  côté  interne  est  liérissé  iSe  poils 
et  denté,  La  bouche  ,  la  poitrine  ,  le  dessous  des  hanches 
et  une  grande  partie  du  ventre  ,  sont  noirs.  La  lèvre  est 
courte  et  large.  Les  mâchoires  ont  leur  extrémité  supérieure 
tronquée  et  très-velue.  L'ahdomen  est  ovalaire.  Les  pattes 
sont  armées  de  piquans  noirs,  sans  taches  en  dessus;  le  des- 
sous de  leurs  cuisses  est  en  partie  fauve  ;  celui  des  jambes  a 
deux  bandes  ou  taches  transverses  noires.  Le  duvet  inférieur 
des  tarses  est  noirâtre. 

Thomise  deLamarck,  Thomisus  Lamarcki ,  Latr,  Son 
corps  est  long  d'environ  vingt  millimètres  ,  et  a  la  forme 
ordinaire  des  thomises  ;  mais  son  tronc  est  plus  convexe 
que  dans  les  suivantes.  Les  quatre  yeux  antérieurs  sont 
presque  égaux  et  un  peu  plus  gros  que  ceux  de  la  ligne  pos- 
térieure ,  qui  sont  aussi  presque  de  la  même  grandeur.  Les 
uns  et  les  autres  sont  séparés  ,  dans  leur  rang  ,  par  des  es- 
paces de  la  même  largeur  ;  les  intermédiaires  sont  seulement 
un  peu  plus  rapprochés  entre  eux.  Le  tronc  et  les  pattes  sont 
couverts  d  un  duvet  d'un  gris  cendré  ;  celui  qui  garnit  l'ab- 
domen est  brun  ;  on  remarque  à  sa  base  supérieure  une  pe- 
tite bande  noire  en  forme  d'arc  ;  le  milieu  du  ventre  est  de 
la  môme  couleur, et  il  a  tout  autour  une  teinte  roussâlre.  Les 
pattes  sont  allongées,  avec  des  piquans  noirs  et  assez  nom- 
breux; la  seconde  paire  et  ensuite  la  première  sont  les  plus 
longues;  la  troisième  est  la  plus  courte.  Le  dessous  des 
cuisses  est  noir  a  sa  base  ,  et  cette  couleur  se  divise  ,  du 
côté  de  la  jantbe ,  en  deux  rangées  de  points  ;  les  jambes  ont 
une  bande  noire  près  de  leur  origine  inférieure  ;  le  duvet  des 
tarses  est  obscur  ;  la  poitrine  est  noirâtre. 

Cette  espèce  se  trouve  à  i'IIe-de-France.  Fabricius  a  dé- 
crit,  sous  le  nom  de  nohilis^  une  ararseide  Fort  analogue  à 
celle-ci  ou  à  la  précédente.  Elle  est  grande,  cendrée,  avec 
la  poitrine  irès-noire,  et  le  dessous  des  jambes  fascié  de 
noir.  Sous  les  yeux  est  une  ligne  blanche  oui ,  de  chaque 
côté  ,  s'étend  en  forme  de  rameau  jusqu'à  la  moitié  de  la 
longueur  des  mandibules.  Cette  espèce  se  trouve  dans 
rinde. 

Le  Thomise  cancéride,  TAotowus  caticendes,àe  M.  Walc- 
kenaé'r  ressemble  au  thomise  Laniarr.k  quant  aux  yeux  et  aux 
longueurs  respectives  des  pattes  ;  mais  il  est  plus  grand,  d'un 
brun  foncé,  avec  un  duvet  gris,  sans  taches  noires  sur  le 
dessus  de  l'abdomen  ni  sur  les  jambes.  Les  pattes  sont  très- 
longues  et  tout  hérissées  de  longs  poils.  Le  bouton  des 
palpes  du  mâle  forme  un  ovoïde  pointu  renfermant  dans  sa 


32  ^j-  î!   O 

cavité  inférieure  Torgane  sexuel.  L'on  y  distingue  iloux  corps 
écailleux,donl  1  inférieur  plus  grand  est  contourné  en  formé 
d'anue.'iu  interrompu,  et  dont  le  supérieur  ressemble  à  un 
tubercule  tronqué  ,  avec  une  ouverture  circulaire  ;  larlicle 
qui  précède  le  bouton  est  armé,  à  son  extrémité  extérieure,' 
d'une  pL'tlie  épine  écallleuse  et  pointue.  Ce  thomise  a  éié 
rappo:  lé,  par  Péron  et  M.  Lcsueur.de  la  Nouvelle-Hollande. 
Le  U'homise  plaguse,  Thomisus  plagusius^  des  mêmes  con- 
trées ,  est  bien  distingué  des  précédens  par  sa  forme  beau- 
coup plus  aplatie,  comme  membraneuse  ;  par  sa,  yeux  in- 
termédiaires très -écartés  des  latéraux  ou  plus  rapprochés 
entre  eux  ,  et  dont  les  deux  antérieurs  sont  les  plus  gro^' 
de  tous  ,  et  par  ses  mandibules  proportionnellement  pliïà' 
courtes,  mais  plus  grosses.  Le  corps  ,  à  Texcepiion  de  Tab- 
domen  ,  est  moins  garni  de  duvet  ;  il  est  d'un  brun  pufcé 
clair,  avec  le  bord  extérieur  du  tronc  et  les  mandibules" 
noirâtres.  Les  pattes  n'ont  point  de  taches  ;  leurs  tarses  sôn-^ 
seulement  plus  foncés. 

Dans  le  Thomise  leucosie,  Thumlsus  Icucusia  ,  espèce 
voisine  de  VA.  regia  de  Fabricius  ,  la  f<>rme  est  semblable 
à  celle  du  thomise  cancéride  ,  et  les  qialrc  yeux  iatérauf 
sont  plus  gros  que  les  intermédiaires.  Le  corps  est  d'un  brun' 
fauve  pâle  ,  ou  chamois.  Le  bord  antérieur  du  tronc  a  une 
raie  phis  claire  ou  d'un  gris  jaunâtre  et  Iransverse  ;  on  en 
voit  une  autre  de  la  même  couleur,  mais  plus  grande,  en 
forme  de  bande  et  bordée  de  noir  postérieurement,  à  son 
extrémité  postérieure  et  dorsale;  les  pattes  sont  garnies  de 
piquans  noirs  et  qui  prennent  leur  origine  sur  des  points  de 
la  même  couleur  ;  elles  n'ont  point  de  taches  ou  de  bandes 
bien  prononcées  ;  la  seconde  paire  et  ensuite  la  quatrième 
sont  les  plus  longues  ;  la  première  et  la  troisième  sont  presque 
égales.  —  JJe  l'ile-de  France. 

]..e  J'homise  PINNOThèke,  T.  pinnu/Iiercs^de  M.  ^Valcke- 
tiaër,  m'a  paru  avoir  la  première  paire  de  pattes  et  la  qua- 
trième plus  longues  que  les  autres  et  presque  égales ,  cd  qui 
éloigne  celte  espèce  des  précédentes.  Son  corps  est  plus 
oblong  que  celui  du  tliomise  leucosie^  d'un  brun  foussâlre  , 
avec  une  raie  blanche  au  bord  antérieur  du  tronc  ,  et  deux 
autres  de  la  même  couleur  sur  les  mandibules.  Les  qn'alre 
yeux  r.ntérieurs  ,  les  latéraux  surtout,  sont  plus  gros;  lés" 
quatre  de  la  ligne  postérieure  sont  petits.  Les  jambes  sont 
un  peu  grisâtres  et  ont  deux  bandes  transverses  noirâîres. 
L'avant  dernier  article  des  palpes  du  mâle  a  un  avancement 
Lidenié,'et  dont  la  dent  inférieure  est  plus  forte,  —  De  la 
Nouvelle -Hollande. 


T  H  a  33 

Le  ThOMISE  chasseur  ,  T.  venatorîus  (  Aranea  vemitorin 
Linn  ;  Nhundiu  il?  Pison.  )  ,  est  une  des  grandes  espèces  du 
genre.  Son  corps  est  d'un  brun  roussâtre  ,  avec  une  bande 
iransvcrse  d'un  fauve  plus  clair  à  l'extrémité  postérieure  du 
corselet,  et  une  raie  jaunâtre  ,  droite  et  pareillement  irans- 
verse,3  son  bord  antérieur,  au-dessous  de  la  première  liene 
oculaire  ;  le  bord  postérieur  du  corselet  et  le  devant  de  l'ab- 
domen sont  aussi  de  celte  dernière  couleur.  Les  mâchoires 
la  lèvre  et  la  majeure  partie  de  la  première  pièce  des  man- 
dibules, sont  roussàires;  l'origine  de  ces  mandibules  est  noire, 
mais  avec  un  duvet  grisâtre  ;  leur  seconde  pièce  ou  le  crochet 
est  noir  ;  les  quatre  yeux  latéraux,  et  surtout  ceux  des  bouts 
de  la  ligne  antérieure,  sont  plus  gros;  les  deux  intermédiaires 
postérieurs  sont  les  plus  petits  de  tous  ;  les  quatre  antérieurs 
sont  rapprochés  ;  l'espace  qui  sépare  les  deux  du  milieu  est 
nn  peu  plus  étendu  que  celui  qui  est  compris  entre  eux  et  les 
latéraux;  les  pâlies  sont  longues  ,  hérissées  de  piquans  noirs 
et  mobiles,  qui  parlent  de  petites  taches  ou  de  points  pareil- 
lement noirs  ;  la  seconde  paire  et  la  première  ensuite  sont 
les  plus  longues  ;  la  troisième  est  la  plus  courte. 

Ce  thomise  est  commun  aux  Antilles,  dans  la  Guiane 
et  au  Brésil.  II  se  ti-.nt,  à  ce  qu'il  paroît ,  dans  les  habita- 
tions ,  où  il  fait  la  guerre  aux  kakerlacs  et  aux  ravets  (blattes)  ; 
aussi  ,  m'a-t-on  dit ,  cet  animal,  loin  d'être,  comme  les  au- 
tres de  la  même  famille  ,  un  objet  d'aversion  ,  est-il  vu  avec 
plaisir;  il  m'a  encore  été  assuré  que  dans  quelques-unes  de 
cesparties  duNouveau-IVIonde,les  propriétaires  d'habitations 
infectées,  de  kakerlacs  se  procuroient ,  pour  s'en  délivrer , 
cette  espèce  d'aranéïde  ,  el  même  à  prix  d'argent. 

II.   Yeux  placés  sur  une  ou  deux  lignes  courbes ,  formant  un  seg- 
ment de  cercle  ou  un  croissant. 
A.  La  troisième  paire  de  pattes  plus  longue  que  la  quatrième. 

TaOMiSE  TIGRÉ  ,  Thomisus  iigrinus,  Walck. ,  Lalr.  ;  Ara- 
nea lœvipes,  Linn.,  Fab.,  Oliv.  ;  Aranea iigrina ,  Deg.  Clerck.; 
Aran.  ,  pi,  6,  tab.  3  ;  Aranea  jejuna  .,  Panz.  ,  Faun.  Insect. 
Germ.  ,  fasc.  83,  tab.  21  ;  Schaeff,  Icon.  insect.,  tab.  i8q, 
%7-  ,  '9' 

Le  corps  est  long  de  cinq  à  six  millimètres  ,  aplati  ,  tout 
couvert  d'un  duvet  blanc  ou  grisâtre,  quelquefois  un  peu 
verdâtre,  et  moucheté  ou  (igré  de  noir.  Les  mandibules  sont 
noires,  allongées  el  cylindriques;  les  yeux  forment  un  crois- 
sant; les  deux  intermédiaires  antérieurs,  et  les  quatre  laté- 
raux, sont  placés  tout  autour  d'un  espace  un  peu  plus  élevé, 
et  en  forme  d'arc;  les  latéraux  sont  un  peu  plus  gros;   les 

XX  XIV.  3 


H  .T  H  0 

deux  antérieurs  sont  rapprochés  des  deux  intermédiaires  de 
devant ,  et  à  une  cerlaine  distance  du  bord  antérieur  du  cor- 
selet, le  bandeau  étant  assez  étendu.  Le  corselet  est  en  forme 
de  cœur;  son  dessus  a,  dans  plusieurs,  deux  taches  plus 
grandes  et  circulaires.  L'abdomen  est  triangulaire  ou  plutôt 
presque  rhomboïdal;  les  taches  y  sont  disposées  en  raies  ou 
bandes  transversales.  Les  pattes  sont  longues ,  compi  imées , 
et  très  variées  de  noir  et  de  gris  ou  de  blanc.  Degéer  dit  que 
les  deux  dernières  paires  sont  beaucoup  plus  courtes  que  les 
autres  ;  mais  cela  n'est  pas  exact ,  car  celles  de  la  troisième 
paire  sont  presque  aussi  longues  que  celles  de  la  seconde, 
et  suivant  Clerck,  elles  surpassent  les  premières.  On  remar- 
que sur  ces  pattes  ,  de  petites  épines  grises  ou  blanches.  La 
soie  qu'elle  file  est  d'un  très-beau  blanc. 

Cette  espèce  est  commune  sur  les  arbres  ,  souvent  même 
sur  les  murailles  ,  les  cloisons  de  bois  ,  où  elle  se  tient  les 
pattes  aussi  étendues  que  possible,  et  le  corps  appliqué  con- 
tre le  plan^de  position.  Dès  qu'on  la  touche,  elle  s'échappe 
avec  une  grande  promptitude. 

La  femelle  pond  environ  cent  œufs  qui  sont  libres,  ronds 
et  jaunes.  Elle  les  place  ,  suivant  Clerck  ,  dans  les  fentes  des 
poteaux  ou  des  pieux  qui  ne  sont  pas  enduits  de  couleur  ,  et 
dans  une  exposition  au  nord.  Ils  sont  enveloppés  d'un  tissu 
mince  et  gardés  par  la  mère.  Les  petits  naissent  vers  la  fm 
de  juillet ,  dans  le  climat  de  la  Suède.  Le  mâle  ressemble  à 
la  femelle. 

On  placera  dans  cette  division  ,  i."  le  Thomise  flam- 
boyant, 7V/0TOtj>Ms  aMrfio/H5,  deM.  Walckenaër  ,  ou  Xaraneus 
aureolus  de  Clerck  (  pi.  6  ,  tab.g),  dont  l'abdomen,  d'après 
le  premier  de  ces  auteurs,  est  pyriforme  ,  allongé,  verdâtrc, 
avec  des  taches  rougeâtres,  en  forme  de  flammes.  La  femelle 
pond  de  quarante  à  cinquante  œufs  réunis  en  une  masse  de 
grandeur  moyenne  et  ronde.  2.°  Le  Thomise  cespituole, 
Thomisus  cespiticolens  du  même.  Son  abdomen  est  ovale,  jau- 
nâtre ,  avec  une  tache  rouge  ,  triangulaire,  au  milieu  de  la 
partie  antérieure  du  dos,  et  des  lignes  transverses  de  la  mêmjî 
couleur,  à  l'autre  extrémité.  Ces  deux  espèces  se  trouvent 
aux  environs  de  Paris.  Leurs  yeux  sont  en  croissant ,  sessiles 
et  égaux-,  le  corselet  est  arrondi.  Je  ne  connois  ni  l'une  nï 
l'autre. 

B.   La  troisième  paire  de  pattes  plus  courte  que  la  quatrième  (  et  générale- 
ment  que  toutes  les  autres  ). 

*  Seconde  paire  de  pattes  plus  longue  seulement  que  la  première. 

Toutes  lus  pattes  presque  de  la  même  grosseur  (allongées)  ;  yeux 


T  H  O  35 

ifbrmaht  un  croissant  profondément  échancré  postérieurement  le 
dernier  des  latéraux  étant  très-reculé  en  arrière,  et  lantérieur  très- 
rapproché  de  l'intermédiaire  correspondant  de  la  première  ligne; 
troncature  antérieure  du  corselet  égalant  au  plus  la  moitié  de  sod 
diamètre  ;  mandibules  cylindriques. 

Nota.  Comme  dans  les  divisions  précédenles  ,  le  corps 
est  plus  allongé  ,  plus  aplati  que  dans  les  suivantes.  Le  tronc 
forme  un  cœur  brièvement  tronqué  en  devant  ;  les  yeux  sont 
petits  ,  moins  inégaux  que  dans  les  espèces  suivantes,  sessiles 
ou  sans  pédicule  bien  distinct. 

Thomise  disparate,  Thomîsus dlspar ^  Walck.  Cette  pe- 
tite espèce  a  beaucoup  de  rapports  avec  le  thomise  tigré  ^  et 
se  trouve  comme  lui  sur  les  arbres.  Elle  est  aplatie,  recou- 
verte d'un  duvet  d'un  gris  cendré.  L'abdomen  est  déprimé  , 
suborbiculaire  ;  dans  les  jeunes  individus  ,  le  corps  est  d'un 
blanc  jaunâtre  ,  pointillé  de  noirâtre  clair.  On  remarque  de 
chaque  côté  du  corselet  et  sur  les  bords  de  l'abdomen ,  une 
raie  ou  bande  de  cette  couleur,  hes  pattes  sont  d'un  jaunâ- 
tre très-pâle  ,  très-longues  et  fines.  La  première  et  la  qua- 
trième paires  sont  presque  de  la  même  longueur.  Ses  mâchoi- 
res ont  cela  de  particulier  ,  que  leur  côté  extérieur  est  dila- 
té à  sa  base. 

Commun  aux  environs  de  Paris. 

Thomise  oblong,  Thomisus  oblongus,  Wâlck.^  Hist.  des 
Aran. ,  fasc,  4-  •>  tab.  5  ;  femelle,  corps  long  d'environ  neuf 
millimètres  ,  étroit,  allongé  ,  d'un  jaunâtre  très-pâle  ;  yeux 
noirs  ;  corselet  rayé  longitudinalement  de  brun  ;  les  deux  li- 
gnes du  milieu  larges  ,  convergentes  postérieurement.  Ab- 
domen fort  allongé,  cylindracé,  avec  trois  raies  brunes  longi- 
tudinales, dont  celle  du  milieu  plus  forte  ,  et  des  points  de  la. 
même  couleur,  dont  deux  plus  marqués,  à  sa  partie  posté- 
rieure; pattes  sans  taches.  Mâle  semblable  à  la  femelle. 

Commun  aux  environs  de  Paris  ,  sur  les  plantes. 

Le  Thomise  argenté  ^  Thomisus  argentatus ,  a  la  même 
forme.  Le  corselet  et  les  pattes  sont  rougeâlres  ;  l'abdomeni 
a  des  taches  argentées.  —  Même  habitation.  Ces  deux  espèces 
ont  moins  de  duvet  que  la  précédente  et  la  suivante. 

Thomise  rhombifère,  Thomisus  rhombifer ;  Thomisus  rhom-^ 
bôîcus  ,  Walck.  ;  Clerck  ,  pi.  6  ,  tab.  2. 

Cette  espèce  ,  longue  de  six  à  sept  millimètres  ,  est  moins 
allongée  que  les  précédentes,  et  a  ,  au  premier  coup  d'œil 
de  la  ressemblance  avec  les  araignées-loups.  Le  milieu  du  cor- 
selet est  même  élevé  en  carène  écrasée.  Le  corps  de  la  fe- 
melle est  plus  ou  moins  roussâlre  ou  grisâtre.  Cette  dernière 
couleur  est  plus  prononcée  le  long  de  la  carène.  L'ahdomenf 


36  T  H  O 

est  ovale,  et  offre  en  dessus ,  au  milieu  de  sa  hase  ,  une  tacïie 
très  noire,  mate  ,  elliptique  ,  très  pointue  ;(ux  deux  bouts,  eî 
bordée  de  grisâtre.  Selon  Clerck  ,  la  quatrième  paire  de  pat- 
tes surpasse  un  peu  en  longueur  la  seconde  ,  et  la  première 
est  même  plus  courte  que  la  troisième  ;  mais  il  m'a  paru  que 
les  longueurs  diminuoienl  dans  l'ordre  suivant  :  4-7  2,  3,  i.  Ces 
pattes  sont  d'un  roussâtre  pâle  et  sans  taches.  Les  yeux  laté- 
raux sont  un  peu  plus  gros. 

Une  femelle  prise  par  ce  naturaliste,  pondit  une  cen- 
taine d'œufs  ronds  et  jaunes,  qu'elle  renferma  sous  un  tissu. 

Le  mâle  est  long  de  six  millimètres.  Son  corps  est  noirâ- 
tre ,  avec  la  carène  du  corselet,  ses  bords  latéraux  et  l'abdo- 
men ,  d'un  gris  foncé  ;  cette  carène  a  de  chaque  côté,  en  de- 
vant ,  une  ligne  |>lus  claire.  La  tache  noire  du  dessus  de  l'ab- 
domen est  bordée  de  gris  jaunâtre.  Les  valvules  recouvrant 
les  stigmate^  sont  jaunâtres.  La  seconde  paire  de  pattes  est 
plus  longue  que  la  première  ;  la  quatrième  paroît  su  passer 
les  autres.  L'organe  sexuel  forme  une  sorte  d'ovoïde  tronqué 
au  bout  antérieur ,  et  au  dessus  duquel  l'on  voit  une  petite 
pièce  saillante  ,  pointue  ,  en  forme  de  crochet.'  J'ai  trouvé 
cette  espèce  ,  au  mois  d'avril ,  dans  les  bois,  aux  environs  de 
Paris.  Elle  court  très-vite,  et  paroît  ,  sous  plusieurs  rap- 
ports ,  se  rappocher  des  miaoïnmales. 

J'ai  reçu,  de  M  de  lirébisson  ,  un  joli  ihomise  découvert 
par  cet  habile  observateur, dans  le  dépnriement  du  Calvados, 
et  que  jenoiumerai  rnOMlSE  arlequin  Th.  histrio.  Son  corps 
est  long  de  près  de  sept  millimètres,  entièrement  d  un  rouge 
de  sang  foncé ,  m^is  avec  un  léger  duvet  bl>mc  sur  les 
palpes,  sur  les  mandibules  et  les  pattes.  Le  corselet  est 
un  peu  convexe  ,  avec  .une  bande  le  long  du  milieu  du  dos  , 
et  une  ligne  à  chaque  bord  latéral ,  blanches,  et  produites 
par  un  duvet  semblable.  L'abdomen  est  en  ovoïde  court  , 
renflé,  très  -  agréablement  tacheté  de  blanc  ,  et  formé  de 
même.  Le  dos  a ,  à  sa  base  ,  une  tache  plus  foncée  ou  d'un 
rouge  noirâtre  ,  oblongue  ,  unidentée  de  chaque  côté  ;  elle 
est  circonscrite  par  deux  lignes  blanches  ,  formant  un  ovale 
dont  la  pointe  est  prolongée  et  tronquée.  Au-dessus  de  l'a- 
nus est  un  triangle  renversé  et  forme  par  trois  lignes  blan- 
ches; les  côtés  de  l'abdomen  sont  traversés  chacun  et  obli- 
quement, par  trois  autres  lignes  blanches,  mais  divisées  et 
composant  de  petits  traits  et  des  pomts.  Le  ventre  et  les  côtés 
supérieurs  et  inférieurs  de  l'abdomen  ont  un  duvet  blanc  ; 
à  l'excepùon  des  parties  tachetées  de  blanc, le  corps  est  pres- 
que glabre.  Lespattes^sont  longues, très-peu  velues, mais  avec 
quelques  petits  piquans  ;  la  seconde  paire  est  évidemment 


T  lî  O  37  ^ 

la  plus  longue;  les  deux  dernières  diffèrent  peu,  à  la  pre- 
mière inspeclion,  Peul-êlre  faut-il  la  placer  à  côté  des 
thomi  es  flamboyant  et  respillcole  ,  qui  forment  la  septième 
fanaille  de  M.  Walckenaër.  Les  yeux  sont  petits,  à  peu 
près  égaux;  le  latéral  postérieur  n'est  pas  aussi  reçue  en 
arrière  ,  que  dans  plusieurs  espèces  de  cette  division.  Il  est 
même  presque  de  niveau  avec  l'intermédiaire  de  la  se- 
conde ligne. 

f  f  Les  deux  paires  de  pattes  postérieures  sensiblement  ou  brusque- 
ment plus  grêles  que  les  antérieures  ;  yeux  formant  un  simj)le  seg- 
ment de  cercle  point  ou  peu  concave  {)Ostérieuremont  ;  les  quatre 
derniers  dispose»  sur  une  ligne  transverse  ,  presque  droite  ,  ou 
peu  arqiïée  en  arrière  à  ses  extrémités;  les  latéraux  peu  éloignés 
l'un  de  l'autre;  troncature  antérieure  du  corselet  large,  plus 
•grande  que  la  moitié  de  son  plus  grand  diamètre  transversal;man- 
dibules  en  lorme  de  coin  ou  rétrécies  au  bout  et  formant, réunies, 
no  triangle. 

Nota.  Dans  cette  division  et  la  suivante  ,  le  port  diffère 
de  celui  des  espèces  précédentes  (i).  Le  corselet  est  plus  épais 
ou  plus  élevé  ,  moins  rétréci  en  devant ,  et  sa  forme  tend  à 
se  rapprocher  de  celle  d'un  carré  élargi  et  arrondi  postérieu- 
rement; la  partie  qu'on  a  nommée  le  front,  tombe  brusque- 
ment. Les  yeux  latéraux  sont  placés  sur  des  éminences  sail- 
lantes ,  quelquefois  en  forme  de  cornes.  Dans  le  ihomisema- 
lacosfraré qm  terminera  le  genre,  tous  les  yeux  sont  groupés 
sur  une  éminence  ,  et  dans  une  disposition  très  analogue  à 
celle  qu'ils  ont  dans  les  ctènes  et  les  oxyopes.  L^abdomen  est 
orbiculaire  ou  triangulaire  ,  et  plus  large  postérieurement  ; 
son  volume  surpasse  ^elui  du  corselet.  Les  pattes  sont  plus 
courtes  que  dans  les  divisions  précédentes  ;  les  quatre  exté- 
rieures sont  sensiblement  plus  grosses.  Cette  différence  de 
proportions  sera  très-frappante  dans  la  dernière  division.  Ici 
les  deux  premières  paires  sont  presq'ie  égales  et  beaucoup 
plus  fortes  que  les  deux  dernières. 

Le  corps,  dorénavant,  sera  presque  glabre  ou  simplement 
poilu;  il  devra  ses  couleurs,  non  â  un  d  ivel,  mais  à  la  teinte 
de  l'épiderme. 

Thomise  arrondi  ,  Thomîsns  rotundaius ,  Walck.,  Hist.  des 


(i)  J'avais  formé,  avec  les  précédentes  ("Nouv.  Dict.d'Hist.  na,t.,  toin.. 
a4.  fag-  i35J  le  G.  hét6b.opodk,  àcieropoda,  et  avec  les  suivantes,  le  G. 
wisrM8NB,mi««mfa.  Dans  ce  deraier  les  mandibules  sont  cunéiformes  et  h 
kvre  est  ovale  allongée.   Ces  deux  coupes  sont  naturelles. 


53  T  H  O 

Aran. ,  fasc.  2  ,  tab.  7  ,  la  femelle  ;  Aranea  glohosa ,  Fab.  , 
Oliv.;  Aranea  irregularis,  Panz.,  Faun.  Insecl.  Germ.  ,  fasc.  y^j 
lab.  20  ;  Aranea  plantigera  ,  Rossi. 

Le  corps  est  long  de  cioq  à  six  millimètres  ,  noir  et  luisant. 
Le  corselet  est  plus  élevé  au  milieu  du  dos  ,  un  peu  incliné 
et  même  déprimé  triangulairemeiit ,  à  sa  partie  antérieure. 
Les  yeux  forment  un  segment  de  cercle  court  et  large  ,  les 
quatre  de  la  ligne  antérieure  étant  presque  en  ligne  droite  ; 
les  latéraux  sont  un  peu  plus  gros  ,  et  posés  sur  une  légère 
éminence.  Le  bandeau  et  une  partie  des  mandibules  sont  d'un 
jaunâtre  brun.  Dans  d'autres  individus,  ces  parties  sont  noires, 
ainsi  que  le  corps;l"abdomen  est  globulaire  ;  son  dos  est  rouge 
ou  jaunâtre  tout  autour  ,  et  son  milieu  o.ftre  une  grande  tache 
noire,  très-découpée  ou  divisée  angulairement  sur  ses  côtés; 
le  ventre  est  noir ,  avec  des  lignes  transversales  ,  inclinées  et 
rougeâtres.  Les  pattes  sont  un  peu  velues:  les  quatre  anlé 
rieures  sont  noires  ,  avec  les  jambes  et  les  tarses  entrecou- 
pés de  brun  et  de  blanc-jaunâtre.  Les  quatre  dernières  sont 
de  celte  dernière  couleur,  avec  des  taches  d'un  brun  noirâ- 
tre. Dans  quelques  individus  ,  toutes  les  pattes  sont  presque 
cntièrcmeni  noires. 

En  France  ,  en  Alleiriagne  ,  en  Italie. 

Nota.  L'araignée  hrune-burdée  (  aranea  fusco-margiaala  )  de 
Degéer  ,  à  laquelle  il  rapporte  V aranea  viatic a  de  Linnœus  , 
doit  appartenir  à  cette  division,  s'il  est  vrai,  comme  il  le  dit, 
que  la  seconde  paire  de  pattessoitplus  longue  que  la  première. 
Cette  espèce  est  longue  de  près  de  neuf  millimètres  ,  brune  , 
avec  l'abdomen  aplati  ,  et  terminé  par  deux  angles  obtus, 
ce  qui  lui  donne  une  figure  approchante  de  celle  d'un  trian- 
gle. Il  est  bordé  latéralement,  dans  les  deux  sexes,  d'une 
Lande  d'un  brun  obscur,  et  dont  le  bord  interne  est  blanc. 
Celte  espèce  se  tient  sur  les  pins.  Le  mâle  diffère  un  peu  de 
la  femelle. 

Le  ThomisE  diane  ,  Thomlsus  dlana^  de  M.  Walckenaè'r 
appartient  encore  à  celle  division.  11  est  petit ,  jaune  ,  avec 
l'abdomen  pyriforme  ,  et  marqué,  sur  le  dos,  de  deux  taches; 
rouges  ,  l'une  antérieure  et  l'autre  postérieure  :  celle-  ci  a  la 
figure  d'un  croissant. 

*  *  Seconde  paire  de  pattes  de  la  longueur  de  la  première,  ou  même  un 
peu  plus  écurie. 

Nota.  Voyez  ,  à  l'égard  de  leur  port,  ce  que  nous  avons 
dit  dans  nos  remarques  sur  la  division  précédente.  Les  quatre 
pâlies  antérieures  sont  beaucoup  plus  fortes  que  les  autres. 
Les  mâles ,  dans  quelques  espèces  ,  diffèrent  beaucoup  dd 
leurs  femelles. 


T  l]   ()  39 

4-  Yeux  dispersés  ou    point  groupés  sur  une  éminciice  particulière 
du  tronc  et  formant  ua  large  segmeat  de  cercle. 

TuoMlSE  CRETE,  Tlioiiilsus  cvisfatus,  Walck.,  Latr,  -^Aranea^ 
n.°  4  1  Geoff.  ;  Clerck  ,  Aran.  ,  pi.  6  ,  tab.  6. 

Corps  long  de  cinq  millimètres  ,  parsemé  de  poils  noirs; 
tronc  d'un  jaunâtre  obscur ,  avec  une  bande  brune  de  chaque 
côté, plus  ou  moins  étendue,  et  ayant,  dans  quelques  indi- 
vidus, une  raie  ou  de  petites  taches  jaunâtres;  les  quatre 
yeux  latéraux  plus  gros  et  portés  sur  un  petit  pédoncule» 
aux  angles  supérieurs  de  la  troncature  antérieure;  les  in- 
termédiaires petits;  deux  antérieurs  situés  un  peu  au-des- 
sous des  latéraux  de  la  même  ligne  ;  abdomen  orbiculaire  , 
aplati,  brun,  avec  une  grande  tache  d'un  jaunâtre  obscur, 
profondément  dentée  sur  ses  bords  ,  ou  même  comme  par- 
tagée postérieurement  en  lignes  transverses  le  long  du 
milieu  du  dos;  cinq  points  enfoncés  sur  cet  espace  ;  bords 
latéraux  dans  quelques-uns  et  pattes  jaunâtres  ou  pâles;  la 
seconde  paire  est  au  moins  aussi  longue  que  la  première  ,  si 
elle  ne  la  surpasse  pas  un  peu  ;  les  jambes  sont  munies  de 
petites  épines. 

Le  mâle  ,  ou  du  moins  l'individu  présume  tel  ,  a  une  dis- 
position de  couleurs  plus  prononcée  ;  les  cuisses  et  le  pre- 
mier article  de  ses  quatre  pattes  antérieures  sont  bruns  en 
dessus  ;  l'organe  sexuel  présente  quelques  petits  crochets  en 
saillie. 

Fabricius  a  décrit  cet  individu  sous  le  nom  d'^'/.  h'tu- 
raia.  Le  corps  est  quelquefois  presque  cnlièreuient  brun, 
(^ctte  variété  me  paroît  être  le  T.  enfumé  , /«iVû/w* ,  de 
Î^L   Walckenaër. 

Celte  espèce  est  la  plus  commune  des  enviroiTs  de  Paris. 
Ou  la  trouve  en  tout  temps  ,  môme  en  hiver.  Elle  se  cache  , 
pendant  celte  saison,  dans  les  trous  ,  sous  les  débris  de  dif- 
iérens  corps  ,  etc.  On  peut  placer  ,  près  de  cette  espèce  , 
Varanea  utomaria  de  Panzer  ,  Faiin.  InsecL  Gemi.  ,  fasc.  74  , 
lab.  19,  ainsi  que  son  .^4.  annula/a,  ibid. ,  fasc.  86,   tab.  22. 

Le  Thomise  FLORicoi,E  ,  T.f.uiicola^  de  M.  Walckenaër, 
et  qui  est,  suivant  lui,  V  arunea  dorsaia  de  Fabricius,  a  le  corps 
vert,  avec  l'abdomen  en  ovale  allongé  ,  plus  large  à  sa  partie 
postérieure,  couleur  de  chajr  en  dessous  et  sur  les  côtés  ,  et 
brun  en  dessus,  V.  Panzer,  Faun,  Inscct.  Gerrn.  ,  fasc.  71  , 
tab.  2i.« 

Le  Thomise  lynx,  Thomisus  lynceus^  Latr.  Longueur  , 
sept  millimètres.  Corps  glabre  ,  d'un  jaunâtre  très-pâle,  avec 
un  grand  nombre  de  petites  taches  et  de  points  noirâtres  ; 
abdomen  très-grand  ,  ovoïdo-trigonc  ,  plus  large  postéricu- 


4o  T  H  O 

rement  ;  yeux  intermédiaires  fort  petits;  les  latéraux  rota- 
blement  plus  grands,  parlés  chacun  sur  un  fort  tubercule  ; 
pattes  très  polnlillées  de  noirâlre.  —  Environs  de  Bordeaux. 
M.  Wyifkeiiaër  a  décrit  et  figuré  (  Hist.  des.  Aran.  ,  fasc. 
3  ,  lab.  7  ^,  une  espèce  assez  analogue  ,  et  qu'il  nomme  :  T. 
CHARGÉ,  Tonuslus.  Le  corps  est  jaune  ;  les  yeux  lalérauxpos- 
térieurs  soni  "placés  sur  des  tubercules  saillans  ;  Tabdomen 
est  court,  très-large  et  a.rondi  postérieurement,  avec  deux 
tubercules  sur  le  dos  ;  les  pattes  sont  jaunes,  —  Des  envi- 
rons de  Lyon. 

Le  Thomise  TRONQUÉ,  Thomlsus  iruncatus.yVahV.;  Jranea 
trunrata  ,  Pall.  (^Spic.  zool.)  ;  A.  horiida  ,  Fab.  ?  Frisch.  , 
Insert.  Germ. ,  tom.  7,  pag.  10,  tab.  5  ?  Schœff.  ,  Icon.  , 
Insect.  tab.  59  ,  fig.  7.  Cetle  espèce,  dont  les  plus  grands 
individus  sont  longs  d  environ  sept  niillimèlres  ,  a  de  grands 
rapports  avec  la  suivante  ,  surtout  par  la  forme  du  tronc  ;  sa 
partie  antérieure  et  supérieure,  ou  le  fronl,  est  dilatée  angu- 
lairement  de  chaque  côté,  en  forme  de  pointe  conique  ou  de 
corne  pointue  et  sur  laquelle  sont  placés  les  yeux  latéraux, 
un  en  devant  et  l'autre  par  derrière  ;  les  intermédiaires  pos- 
térieurs sont  situés  dansl'entre-deux,  près  de  la  base  interne 
de  ces  pointes,  et  portés  sur  un  très-pelil  tubercule  ;  les  in- 
termédiaires antérieurssontplacés  immédiatement  au-dessous 
du  milieu  du  front  un  peu  plus  rapprochés  entre  eux  que  les 
correspondans  et  saillans  ;  tous  les  yeux  sont  petits  et  pres- 
que égaux.  Le  corselet  est  blanchâtre  ou  d'un  jaunâtre  pâle  , 
particulièrement  le  long  du  milieu  du  dos;  ses  côtés  ont  une 
grande  tache  ou  bande  noirâlre  ou  plus  obscure  ,  quelquefois 
divisée  par  des  rayons  de  la  couleur  du  dos;  la  partie  anté- 
rieure de  ce  corselet  est  roussâtre  dans  une  autre  variété. 
L'abdomen  est  grand,  jaunâtre  ou  d'un  roussâtre  clair,  quel- 
quefois tacheté  irrégulièrement  en  dessus  de  rouge  ,  d  une 
forme  triangulaire  ,  déprimé  ,  avec  les  angles  postérieurs  et 
latéraux  dilatés  et  obtus  ;  la  région  anale  est  un  peu  avancée 
et  arrondie  ;  l'espace  qui  réunit  en  dessus  les  deux  saillies 
latérales  est  un  peu  relevé  en  arête  iransverse  ,  ce  qui  fait 
paroître  l'extrémité  postérieure  de  l'abdomen  comme  rou- 
geâlre.  Les  pattes  sont  blanchâtres  ou  d'un  jaune  très-pâle  ; 
les  quatre  antérieures  sont  beaucoup  plus  grandes  ,  presque 
égales  ,  avec  des  bandes  transverses  rougeâtres;  leurs  jambes 
.sont  garnies  intériiMin^ment  de deuJî rangées  de  petitesépines. 
Un  individu  de  ma  collection,  que  l'analogie  m'a  fait  présumer 
être  le  mâle  ,  est  testacé,  avec  les  côtés  du  corselet  plus  fon- 
cés ;  les  jambes  (leur hase  exceptée)  el  les  tarses  des  quatre 
pattes  antérieures  noirâtres. 


T  H  O  4» 

JJ Araignée  à  pattes  de  deoant  longues  et  arlcquinèes  de  Geof- 
froy, et  à  laquelle  il  rapporte  MA.  viatica  de  Linnseus, espèce 
incertaine;  celle  que  Lister  décrit,  titre  39,  paroissent 
avoir  de  Taffinité  avec  le  thomisc  tronqué. 

Il  est  commun  aux  environs  de  Paris,  et  a  les  habitudes 
du  ihomise  citron. 

Le  Thomtse  coupé,  T.secatus  (Walck.),  aune  forme  ana- 
logue. Il  est  petit, brun  ,  avec  le  tronc  plus  clair;  l'extrémité 
postérieure  de  l'abdomen  est  terminée  par  trois  saillies  ob- 
tuses, avec  quelques  petits  poils. — De  la  Nouvelle-Hollande. 

Le  Thomise  citron  ,  Thomisus  dtreus  ,  Walck.  ,  Latr.  ; 
Araignée  citron  ,  Geoff.  ;  A.  citrea  ,  Deg.  ;  Scbœff.  ,  Icon.  , 
Inserf .  ^  tab.  19,  fig.  i3;  Clerck.,  Aran.  suec.  ,  pi.  6,  tab.  5  ? 
A.  oslefiH^  Scopoli ,  variété.  Il  ressemble  beaucoup  au  précé- 
dent ;  sa  couleur  est  d'un  jaune  citron,  plus  ou  moins  vif, 
tirant  tantôt  sur  le  vert ,  tantôt  sur  le  blanchâtre  ;  le  corselet 
a  deux  bandes  longitudinales  ,  plus  foncées  ,  une  de  chaque 
côté  ;  TabrloiTieu  est  aplati  ,  plus  large  postérieurement ,  mais 
sans  proéminences  ou  saillies  latérales  ;  son  dos  offre  sou- 
vent deux  raies  ou  taches  rouges  ou  couleur  de  souci  ,  et  des 
points  concaves;  ces  taches  sont  quelquefois  remplacées  par 
de  simples  points  colorés  ;  les  pattes  sont  d'une  couleur  uni- 
forme. 

On  trouve  souvent  cette  espèce  sur  les  fleurs ,  où  elle 
saisit  les  mouches  et  autres  insectes  qui  viennent  s'y  poser. 
Elle  place  son  cocon  entre  des  feuilles  ,  et  y  dépose,  suivant 
M.  VV^alckenaër ,  une  cinquantaine  d'œufs.  D'après  les  ob- 
servations de  Degéer ,  le  mâle  ,  voisin  du  ihomise  ombellicole 
de  M.  V^'^alckenaër ,  est  très-différent  en  couleurs  de  la  fe- 
melle ;  les  palpes  terminés  par  un  bouton  ovale  et  conique 
sont  bruns;  c'est  aussi  la  teinte  du  corselet  sur  lequel  on  voit 
une  tache  d'un  vert  clair,  et  une  autre  de  couleur-  testacée  , 
et  située  antérieurement  ;  l'abdomen  est  ovale  ,  aplati,  d'un 
vert  clair  et  jaunâtre  ,  avec  deux  bandes  longitudinales,  dé- 
coupées ,  d  un  brun  obscur  sur  le  dos,  et  une  autre  ,  de  la 
même  couleur  ,  à  chaque  bord  latéral;  les  quatre  pattes  anté- 
rieures sont  brunes,  avec  quelques  taches  plus  claires;  les  au- 
tres sont  d'un  vert  livide.  L'a.  scorpiforniis  de  Fabricius  est 
probablement  le  mâle  de  quelque  espèce  analogue. 

M.  Walckenaër  soupçonne  que  son  Thomise  calycin, 
.7',  caiycinu.^ ,  V aranea  calycina  de  Linnpeus  ,  dont  tout  le  corps 
est  jaune  ,  n'en  est  qu'une  variété,  V.  Scheeff. ,  Icon.  Ins.  , 
tab.  112  ,  fig.  8, 

Le  'l'uOMiSE  HÉRI.SSÉ,  Thomisushirtus.  Corps  de  la  femelle 
long  de  cinq  millimèlres ,  d'un  vcrdàtic  pâle,  tout    hérissé 


42  T  ÎI  O 

tîe  poils  élevés  ,  grisâtres  ;  un  grand  nombre  de  ceux  des 
paites  ,  parliculièroment  des  qualrc  antérieures,  portés  sur' 
un  petit  tubercule  el  spiniformes  ;  les  tubercules  du  côté  in- 
terne du  second  article  des  deux  premièresjambes,  plus  longs, 
formant  une  série  de  dents  ;  tarses  épineux  ;  yeux  petits  , 
pâles;  les  deux  latéraux ,  de  chaque  côté  ,  pédicules;  abdo- 
men arrondi. 

Feu  Péron  et  M.  Lesueur ,  ont  trouvé  celte  singulière 
espèce  aux  environs  de  Nice. 

Le  TuoMiSE  RUGUEUX,  ïugosi/s ,  de  M.  Walckenaè'r, 
a  l'abdomen  triangulaire  ;  tout  son  corps  est  d'un  roussâlre 
foncé  et  graveleux  ;  chaque  paire  d'yeux  latéraux  est  placée 
sur  une  légère  éminence  ;  les  pattes  ont  quelques  parties 
tl'un  brun  plus  pâle.  —  lle-<ie-France. 

f  t  Yeux  groupés  sur  une  liminence  particulière  du' tronc  el  formant 
un  cioissant  triangulairet 

Cette  division  n'est  composée  que  d'une  seule  espèce,  le 
Thomese  MalacostRaCÉ,  Thomisus  malacostraceus  y  de  M. 
Walckenaè'r.  Elle  est  petite  et  brune  ;  ses  yeux,  places  sur 
une  éminence  en  forme  de  tubercule  ,  représentent  un  seg- 
ment de  cercle  presque  triangulaire ,  el  dont  la  pointe  est 
tronquée.  Elle  se  trouve  à  la  Nouvelle-Hollande  ,  d'où  elle 
a  été  apportée  par  Péron  et  M.  Lesueur.  (l.) 

THON.  Poisson  du  genre  des  Scombres,  que  Cuvier, 
d'après  lé  rapprochement  de  ses  nageoires  dorsales  ,  regarde 
counne  devant  servir  de  type  à  un  sous-genre. 

Les  Bonites  font  partie  de  ce  sous-genre. 

On  trouve  le  Thon  dans  toutes  les  mers  de  l'Europe  ; 
il  parvient  à  une  grandeur  considérable.  Sa  chair  est  d'un 
bon  goût ,  et  peut  être  facilement  conservée  ^  ce  qui  fait  qu'il 
devient  dans  la  Méditerranée  ,  principalement,  l'objet  d'une 
pêche  très-importante. 

Le  corps  de  ce  poisson  a  la  forme  d'un  fuseau  aplati,  c'est- 
à-dire  ,  qu'il  est  plus  épais  aux  deux  tiers  de  sa  longueur,  ou 
qu'il  s'amincit  vers  la  tête  ,  et  encore  plus  vers  la  queue  ;  sa 
Jêle  est  petite  ,  et  se  terrniae  en  pointe  émoussée  ;  l'ouver- 
ture de  sa  bouche  est  large  ;  sa  mâchoire  inférieure  avance 
sur  la  supérieure  ,  el  est  garnie,  ainsi  que  cette  dernière^  de 
petites  dents  pointues;  sa  langue  est  courte  et  unie;  ses  narines 
sont  placées  auprès  des  yeux  ,  qui  sont  grands;  les  opercules 
de  ses  ouïes  sont  formés  de  deux  lames  ;  son  dos  est  gris- 
d'acier,  et  son  ventre  argentin  ;  l'un  el  l'autre  sont  couverts 
d'écaillés  minces ,  qui  se  détachent  aisément  ;  la  première 
ïiagcoire  du  dos  est  bleuâtre  et  composée  de  quinze  rayons  i 


T  H  O  43 

la  seconde  est  jaunâtre  ,  et  formée  de  douze  rayons  ;  celles 
de  la  poitrine  sont  également  jaunes  ,  avec  vingt-deux  rayons  ; 
celles  du  ventre  grises,  avec  sept  rayons;  celle  de  l'anus 
jaunâtres,  avec  douze  rayons;  celle  de  la  queue  est  d'un  gris- 
noir,  très-grande  ,  en  forme  de  croissant,  et  composée  de 
vingt-un  rayons  ;  enfin,  les  nageoires  surnuméraires  ou  faus- 
ses nageoires,  sont  jaunes,  très-petites,  et  varient  en  nom- 
bre ,  tant  en  dessus  qu'en  dessous  ,  de  sis  à  douze  ;  mais  il 
y  en  a  le  plus  communément  huit. 

Ce  poisson  a  ordinairement  deux  à  trois  pieds  de  long  ; 
maison  en  pèche  quelquefoisde  bien  plusgrands, c'est-à-dire., 
de  sept  à  huit  pieds.  Un  de  ces  derniers  éloit,  selon  Pennaut, 
du  poids  de  quatre  cent  soixante  livres.  Ainsi ,  ceux  que 
Celli  assure  être  du  poids  de  mille  livres  ,  doivent  avoir  près 
du  double  de  la  longueur  précitée.  Le  thon  nage  avec  la 
plus  grande  rapidité  ,  et  suit  volontiers  les  vaisseaux,  autant 
pour  jouir,  selon  Commerson,  de  l'ombre  qu'ils  répandent, 
que  pour  profiler  des  restes  de  la  cuisine  ,  qu'on  jette  à  I^ 
mer.  Il  vit  de  poissons,  principalement  de  ceux  qui  vont  en 
troupes  ,  comme  \ts maquereaux  ,  les  harengs^  les  ejsocels,  etc. 
Jl  est  d'une  voracité  proportionnée  à  sa  grosseur. 

Selon  l'opinion  générale  ,  le  thon  entre  dans  la  Méditer- 
ranée au  printemps,  et  n'en  sort  qu'en  automne,  quoiqu'il 
ait  déposé  son  frai  immédiatement  après  son  arrivée.  Ce- 
pendant il  est  très-probable  que  l'immense  majorité  ne  fait, 
à  l'époqie  de  leur  apparition  ,  que  sortir  des  profondeurs 
de  celte  mer  pour  parcourir  ses  rivages  (  V.  au  mot  Ha- 
reng. ).  Cette  dernière  opinion  est  confirmée  par  le  témoi- 
gnage de  Cetli,  qui  assure  qu'on  en  a  observé  quelquefois 
de  grandes  quanlilés  en  hiver  ,  sur  les  côtes  de  Sardaigne. 
Dans  l'Océan  ,  même  entre  les  tropiques,  on  n'en  voit  que 
rarement  daris  cette  saison  ,  et  par  la  même  raison  ,  quoi- 
qu'ils dussent  y  être  plus  abondans  que  pendant  l'été. 

On  a  fait  de  toi^t  temps  ,  et  on  fait  encore  en  ce  moment , 
sur  les  thons  ,  beaucoup  de  contes  qu'il  est  inutile  de  rap- 
porter. S'il  est  des  lieux  de  la  Méditerranée  qu'ils  préfèrent 
à  d'autres  ,  c'est  que  ces  lieux  sont  plus  favorables  au  déve- 
loppement de  leurs  petits  ,  et  qu'ils  leur  fournissent  une 
nourriture  plus  abondante.  Les  anciens  avoient  déjà  remar- 
qué qu'ils  ne  fraient  pas  à  l'embouchure  des  fleuves  ,  comme 
ia  plupart  des  autres  poissons  ,  mais  sur  les  côtes. 

Ces  mêmes  anciens  ont  fréquemment  menlionné  le  thon 
dans  leurs  écrits.  Ils  ai^pe\o\ent  rordyles ,  les  jeunes  qui  nais- 
soient  dans  la  Mer  Noire,  et  pélamides  ,  les  moyens  qui  se 
pûchoient  dans  la  Méditerranée.  Depuis  ,   on  a  donné  ces 


T  H  O 

noms  à  d'autres  pois  sons  du  même  genre ,  qu'on  a  cru  être 
ceux  des  anciens  ,  ce  qui  a  jeté  de  la  confusion  dans  la  syno- 
nymie ,  et  fait  croire  à  quelques  auteurs  que  les  anciens 
avoient  commis  la  grave  erreur  de  prendre  d'autres  poissons 
pour  celui  dont  il  est  ici  question.  Pline  dit  qu'on  ne  le  pê- 
choil  que  dans  l'Hellespont,  Ja  Propontide  et  le  Pont- 
Euxin  ,  depuis  le  commencement  du  printemps  jusqu'à  la  fin 
de  l'automne.  Du  temps  de  Rondelet,  c'étoit  sur  les  cotes 
d'Espagne  ,  près  le  détroit  de  Gibraltar  ;  aujourd'hui,  c'est 
dans  le  golfe  de  Lyon ,  c'est-à-dire  sur  les  côtes  de  France, 
d'italit?  et  des  îles  intermédiaires,  principalement  de  la 
Sardaigne ,  qu'on  en  tire  le  plus. 

On  en  prend  aussi  sur  les  côtes  de  l'Océan  ,  oii  ils  arrivent 
à  la  suite  des  maquereaux  et  des  //«re«^,s  qu'ils  dévorent  ;  mais 
là  ,  on  ne  fait  pas  pour  eux  une  pcche  spéciale ,  on  se  con- 
tente de  ceux  qui  tombent  dans  les  filets  ordinaires  ,  ou  qui 
mordent  à  la  ligne  ,  amorcée  d'un  de  ces  poissons  ou  même 
seulement  de  leur  image  imparfaitement  imitée  ,  avec  du 
linge  et  des  plumes  blanches.  On  emploie  aussi  le  même  ar- 
tifice pour  s'emparer  de  ceux  qui ,  dans  la  haute  mer ,  suivent 
les  vaisseaux,  souvent  en  bandes  nombreuses,  et  pendant 
des  centaines  de  lieues  ,  et  dont  la  chair  est  un  supplément 
aussi  utile  qu'agréable  aux  nourritures  salées  qu'on  consomme 
journellement. 

Mais  c'est  de  procédés  plus  compliqués,  et  exécutés  par 
un  grand  nombre  d'hommes,  de  ceux  qu'on  emploie  sur  les 
côtes  françaises  de  la  Méditerranée,  en  Sardaigne  ,  en  Corse 
et  en  Italie  ,  qu'il  est  intéressant  de  donner  la  description. 

Ces  procédés  varient  dans  chaque  lieu  ,  mais  peuvent  se 
réduire  à  deux ,  la  pêche  à  la  thonaire  et  celle  à  la  madrague. 
On  donne  le  nom  de  thonaire  à  une  enceinte  de  filets  qu'on 
forme  rapidement  sur  la  côte  ,  pour  arrêter  une  bande  de 
thons  que  des  sentinelles,  placées  au  sommet  d'un  rocher 
ou  d'une  tour  ,  ont  vue  s'approcher  de  la  terre.  L'intérieur 
de  cette  enceinte  est  successivement  rétréci  par  de  nouveaux 
filets  flottés  et  lestés  comme  les  prcnùers  ,  c'est-à-dire  garnis 
de  lièges  et  même  de  petits  barils  ,  à  leur  partie  supérieure  , 
et  chargés  de  morceaux  de  plomb  ou  de  pierres  ,  a  leur  partie 
inférieure.  Lorsque  cette  enceinte  ,  qu  on  appelle yarJ/n, sur 
les  côtes  de  France,  est  devenue  Irès-peiiie  ,  qu'elle  n"a  plus 
que  trois  à  quatre  brasses  d'eau  de  profondeur  ,  on  amène  à 
terre  les  thons  qui  s'y  trouvent  renfermés  avec  un  autre  filet 
qu'on  appelle  bouclier,  qui  se  rapproche  de  la  seine  par  sa 
forme ,  et  qui  porte ,  comme  elle  ,  à  sa  partie  inférieure ,  une 
grande  poche  dans  laquelle  ils  s'accumulent. 


T  H  O  ^5 

On  employoit  beaucoup  ce  moyen  pour  prendre  les  thons 
èColliouie  ,  et  on  l'employoit  encore  communément  ,  au 
rapport  de  Forlis ,  sur  les  côtes  de  la  Calabre  et  de  la  Si- 
cile ;  mais  il  est  cependant  bien  moins  avanîageux  que  le 
second  ,  c'est-à-dire  ïannadrague ^  qui  est  en  ce  moment 
presque  exclusivement  en  usage  sur  les  côtes  voisines  de 
Marseille  ,  de  Gènes  ,  et  en  Sardaigne. 

Cette  madrague  est  un  grand  parc  qui  reste  construit  dans 
la  mer  pendant  toute  la  saison  de  la  pêche  ,  c'est-à-dire  pen- 
dant six  mois  ,  et  dont  l'enceinte  est  distribuée  en  plusieurs 
chambres,dont  la  grandeur  diminue  à  mesure  qu'elles  s'éloi- 
gnent de  l'ouverture.  Tous  les  filets  qui  composent  ce  parc 
sont  flottés  et  lestés  comme  la  thonaire  ,  mais  ,  de  plus  , 
maintenus  en  place  par  des  cordes  attachées  à  des  ancres. 

L'ouverture  delà  madrague  est  fort  élargie  par  deux  filets 
divergens  ,  et  un  autre  filet  qui  va  jusqu'à  la  terre  ,  lui  est 
perpendiculaire.  Les  thons  qui  ,  pendant  leur  migration  an- 
nuelle ,  suivent  presque  toujours  le  rivage  ,  trouvant  leur 
chemin  barré  par  ce  dernier  filet,  descendent, en  le  côtoyant, 
dans  la  première  chambre  de  la  madrague  ,  que  l'on  ferme 
du  côté  extérieur,  dès  qu'on  s'aperçoit  qu'il  y  en  a  un  cer- 
tain nombre.  Alors,  soit  avec  du  sable  qu'on  leur  jette  sur 
le  corps  ,  soit  avec  un  filet  appelé  mangure  ^  que  Ton  traîne 
derrière  eux,  soit  en  les  épouvantant  de  toute  aulre  manière, 
on  les  fait  successivement  passer  de  chambre  en  chambre, 
ayant  soin  d'ouvrir  la  porte  extérieure  de  chaque  chambre, 
dès  qu'ils  sont  enfermés  dans  la  suivante  :  le  poisson  arrive 
enfin  dans  la  dernière,  qu'on  appelle  chambre  de  mort ,  corpon 
oxicorpou.  Là,  ils  sont  accumulés  dans  un  espace  très-étroit, 
au-dessus  d'un  filet  horizontal,  qu'on  soulève  lorqu'on  veut 
terminer  la  pêche  ;  de  manière  qu'on  les  prend  irès-aisément 
à  la  main  ,  lorsqu'ils  sont  petits  ,  et  avec  des  crochets  et  des 
cordes  ,  lorsqu'ils  sont  très-gros.  Quelque  redoutable  que 
paroisse  ce  poisson  ,  il  est  très-timide  ,  et  lorsqu'il  se  sent 
pris ,  il  ne  fait  que  rarement  usage  de  ses  moyens  de  défense. 
En  conséquence,    on  s'en  empare  sans  beaucoup  de  danger. 

La  pêche  de  la  chambre  de  mort  qui  ne  se  fait  que  de  loin 
en  loin  ,  attire  souvent ,  surtout  dans  les  commencemens  , 
un  grand  nombre  de  spectateurs  autour  de  la  madrague.  C'est 
une  véritable  fêle  quelquefois  animée  par  de  la  musique  ,  et 
toujours  suivie  de  scènes  actives  et  divertissantes ,  qui  lais- 
sent de  longs  souvenirs. 

Au  reste,  l'établissement  d'une  madrague  est  un  objet 
d'une  très  grosse  dépense  ,  car  elle  doit  avoir  au  moins  cinq 
ceols  brasses  de  long  ,  et  en  a  souvent  plus  du  doubie.  Quel- 


^6  T  H  O 

quefoîs  la  pcche  ne  dédommage  pas  des  frais,  maïs  d'autres 
fois  aussi ,  elle  produit  des  bénéfices  très-considérables.  On 
peut  voir  dans  le  Traité  des  pêches  à^  Duhamel ,  et  dansT/JA^- 
loire  naturelle  de  Snrdaigne  par  Cetli  ,  la  description  et  la 
mesure  de  tous  les  filets  qu'on  y  emploie  ;  le  détail  des  pro- 
cédés dont  on  se  sert  pour  diriger  le  poisson  dans  les  diver- 
ses enceintes ,  etc.  ;  le  tout  accompagné  de  figures  expli- 
catives. 

Si  la  pêche  du  thon  procure  d'importans  bénéfices  à  quel- 
qnes-unes  de  nos  villes  maritimes,  elle  en  donne  encore  de 
plus  grands  à  celles  de  la  Sardaigne.  On  évalue  ,  selon  Cetti, 
à  quarante-cinq  mille  ,  le  nombre  des  thons  qu'on  y  prend 
chaque  année.  Là  ,  celle  pêche  se  fait  avec  encore  plus  d'ap- 
pareil qu'en  France  ,  et  le  canon  en  annonce  toujours  les 
premiers  résultats. 

La  chair  des  thons  est  blanche  ,  savoureuse  et  très-saine  ; 
aussi,  de  toute  antiquité  ,  elle  a  été  recherchée  même  sur  les 
tables  les  plus  délicates.  Les  Romains  en  estimoient  princi- 
palement la  tête  et  le  dessous  du  ventre,  comme  plus  déli- 
cats ,  et  encore  aujourd'hui ,  on  préfère  les  mêmes  parties. 
(^)n  a  remarqué  ,  il  y  a  long-temps  ,  que  cette  chair  varioit 
en  qualité  ,  qu'elle  étoit  molle  ou  tendre  ,  ressembloit  à  celle 
du  veau  ou  à  celle  du  bœuf,  selon  la  partie  du  corps  où  on 
la  coupolt. 

On  mange  le  thon  frais,  salé  ou  mariné.  Les  moyens  qu'on 
emploie  pourle  saler,sontàpeu  prèslesmêmes  queceux  qu'on 
nieten  usage  pour  la  Morue  ;  c'est-à-dire  qu'on  lui  ouvre  le 
ventre  ,  on  enlève  ses  inleslins ,  son  épine  dorsale  ;  on  le  lave 
.n  grande  eau  ;  on  le  coupe  en  morceaux  ;  on  le  met  pendant 
quelques  jours  dans  une  saumure  ,  et  ensuite  à  demeure  , 
avec  des  couches  alternatives  de  sel ,  dans  des  barils  où  on 
le  presse  fortement.  On  a  soin  ,  dans  cette  opération,  de 
mettre  dans  des  barils  particuliers  chaque  partie  correspon- 
dante du  corps,  car  les  parties  du  ventre  ou  de  la  panse  , 
en  conséquence  de  ce  qui  a  été  observé  ,  précédemment  se 
vendent  plus  cher  que  celles  du  dos. 

Lorsqu'on  veut  le  mariner  après  l'avoir  retiré  de  la  sau- 
mure ,  on  le  mel  dans  de  petits  barils  ou  des  vases  de  terre 
que  Ton  achève  de  remplir  d'huile. 

Comme  les  thons  soni  ordinairement  très-gras  ,  il  en  sort, 
lorsqu'on  les  presse  pour  les  saler,  une  assez  grande  quan- 
tité d  huile  ,  qui  est  employée  par  les  corroyeurs ,  mais  qui,, 
si  elle  étoit  fabriquée  à  la  sortie  du  poisson  de  la  mer  y 
ponrroit  être   comestible. 

C'est  principalement  en  Italie  »  en  Espagne  et  en  Tur- 


T  H  O  43^ 

t[\xie  ,  qu''on  vend  le  thon  salé.  On  n'en  consomme  guère  que 
de  frais  et  de  mariné  en  France.  On  en  envoie  une  grande 
quantité  de  celte  dernière  espèce  ,  à  Paris. 

Le  thon  ,  comme  beaucoup  d'autres  poissons  ,  est  tour- 
menlë  par  plusieurs  animaux  des  genres  Lernée,  Calige  , 
et  autres  de  la  famille  des  crustacés  suceurs  ,  ainsi  que  par 
beaucoup  de  vers  intestinaux.  Les  anciens  ont  rapporté  que 
souvent  il  éprouvojgtpar  suite  de  leurs  piqûres,  des  douleurs 
si  cruelles,  qu'il  en^devenoit  furieux,  et  sautoil  sur  les  vais- 
seaux ou  sur  les  rochers.  Il  a  pour  ennemis  ,  les  requins  ,  l  es- 
padon,  et  sans  doute  plusieurs  autres  espèces  de  gros  pois- 
sons voraces.  (b.) 

THON.  Nom  allemand  de  I'Argile.  V.  ce  mot.  (ln.) 
THONEISENSTEIN.   V.  Fer   oligiste  argilifère, 

(LN.) 

THONERDE  (  reine)  ou  alumine  pure.  Werner  a  dé- 
signé ainsi  I'Alumine  sous-sulfatée  de  Halle  ,  en  Saxe, 
F.  Alumiî^è  pure,  vol.  I  ,  pag.  388.  (ln,) 

THONG-PIN-NGAU.  Nom  donné  ,  en  Cochinchlne  ; 
à  une  plante  herbacée  sur  laquelle  Lourelro  a  fait  son  genre 
spaihium.  (LN.) 

THONPORPHYR.  V.  Argilophyre, à l'ariicle Roche, 
vol.  29  ,  pag.  388.  (ln.) 

THONSCHIEFER.  C'est-à-dire,  argile  schisteuse,  en 
allemand.  V.  Schlste  argileux.  Les  minéralogistes  alle- 
mands ont  aussi  appliqué  ce  nom  aux  véritables  argiles  lors- 
qu'elles sont  feuilletées,  (ln.) 

THONSTEIN et  VERHAERTETER-THON  des  mi- 
néralogistes allemands,  1^.  Argile  endurcie,  vol.  2  ,  p.  489. 

(LN.) 

THO  PHUC  LINH.  V.  Thu  fu  lin.  (ln.) 

THOR  ou  TORA.  Gesneret  Aldrovande  disent  que  ces 
mots  chaldéens  désignent  le  Taureau,  (desivî.) 

THOI\  ou  TOR.  Nom  hébreu  de  la  Tourterelle,  (v.) 

THORA.  V.  TnoRE  et  Tora.  (ln.) 

THORA  PAERU.  Nom  malabare,  sous  lequel  le  cajan 
est  figuré  dans  Rhéede  (M«/.  6 ,  t.  i3)  ,  selon  Willdenow. 

(LN.) 

THORACiQUES  {Poissons).  Nom  d'une  division  de  la 
classe  des  poissons  ,  qui  renferme  ceux  des  osseux  dont  les 
nageoires  ventrales  sont  placées  sous  les  pectorales.  V.  au 
mot  Poisson  et  au  mot  Ichthyologie.  (b.) 


48  T  îî  O 

THORACIQUES.  M.  de  Blaînvîlle  donne  ce  nom  à  sa 
tribu  des  décapodes  tétracères,  q;ji  renferme  tous  les  crustacés 
proprement  dits  ,  hruchyures  ou  macroures.  (DESai.) 

thorax;.  C'est  la  cavité  de  la  poitrine  renfermée  par 
les  cerceaux  osseux  des  côtes, dont  les  vraies  s'articulent  avec 
une  sorte  Je  plastron  pectoral  en  devant ,  nommé  sternum 
(  V.  SyuELETTE)  ,  et  en  arrière  avec  lesorerlèbres  dorsales. 
La  cavité  du  thorax  est  plus  large  que  prolonde  chez  l'homme 
et  les  premiers  singes,  mais  plus  comprimée  sur  les  côtés 
chez  les  autres  mammifères.  Elle  est  très-ample  dans  les  oU 
seaux ,  qui  ont  aussi  de  vastes  poumons  et  une  respiration 
étendue. 

La  cavité  thorachique  ,  destinée  à  contenir  les  poumons  et 
le  cœur,  est  d'ordinaire  divisée  en  dt^ux  parties  par  le  mé~ 
diastin,  et  séparée  de  l'abdomen  par  un  diaphragme  chez  les 
mammifères  ,  ou  une  duplicature  du  péritoine  dans  les  rep- 
tiles. Elle  n'est  pas  distincîe  de  l'abdomen  chez  les  poissons, 
qui ,  à  proprement  parler,  n'ont  pas  de  thorax,  car  ils  man- 
quent de  poumons. 

Le  thorax  des  insectes,  ouleur  corselet,  est  parfaitement  dis- 
tinct de  leur  abdomen  par  une  sorte  d'étranglement, chez  la 
plupart  des  espèces  dans  leur  éiat  parfait.  V.  Insecte,  (l.) 

THORAX.    Coquille   appelée   Porcelaine   cauris  ou 

KORIS.  (B.) 

THORE  ou  THORA.  ilspèce  de  Renoncule.  Il  paroît 
constant  que  nos  pères  se  servoient  du  suc  de  cette  plante 
pour  empoisonner  leurs  flèches  ,  et  que  la  mort,  précédée 
d'engourdissement,  de  vertiges  et  d'enduré  générale  ,  étoit  la 
suite  des  blessures  qu'elles  faisoient.  On  croyoit  alors  que  la 
décoction  de  l'espèce  d' Aconit  appelée ««///om  par  Linnceus, 
étoit  le  remède  le  plus  approprie  contre  ce  poison  :  mais  au- 
jourd'hui on  en  doute  beaucoup,  attendu  que  toutes  les 
plantes  de  ce  genre  sont  elles-mêmes  plus  que  suspectes. 

(B.) 

THOREE  ,  Thora.  Genre  de  plantes  de  la  famille  des 

CoNFERVES  ,  établi  par  Rory-Saint-Vincent.  Ses  caractères 

sont  :  tilamens  solides,  et  extérieurement  recouverts  de  filets 

ciliformes,  courts,  fins,  articulés,  et  qui  forment  un  duvet. 

Ce  genre  est  voisin   des  Batrachospermes,   Il   renferme 

quatre  espèces  ,  dont  une  seule  se  trouve  dans  les  rivières  de 

France.    V.  tom.  12  ,  pi.  18  des  Annales  du  Muséum,  (b.) 

TH  ORIBETHRON.  V.  Leontopetalon.  (ln.) 


T  H  O  49 

THORINE.  V.  l'article  Terre,  (ln.) 

THORPHAT.  Nom  du  Raifort  chez  les  anciens  Afri- 
cains, (ln.) 

T  H  OS  (les  anciens.  Animal  carnassier  que  plusieurs  com- 
menlateurs  rapporlcnt  au   Chacal,  et  d'autres  au   Lyisx. 

(desm.) 

THOTTE,  ThoUea.  Genre  de  plantes  établi  parRolibolî. 
Il  a  pour  caractères  :  une  corolle  monopétale  à  trois  lobes  ; 
point  de  calice  ;  un  grand  nombre  d'élamines  attachées  à  un 
réceptacle  tronqué  et  radié  ;  un  ovaire  supérieur  surmonté 
dun  stigmate  sessile  ;  une  silique  à  quatre  angles,  (b.) 

THOUAROU.  C'est,  dans  Barrére  ,  le  nom  que  les 
naturels  de  la  Guiane  ont  imposé  à  THirondelle  de  mer 
dite  le  Noddi.  V.  Sterne,  (v.) 

THOUARSE,  Thuarsiaoxx  llmarea.  Graminée  rampanie 
de  Madagascar  ,  qui  seule  constitue  un  genre  dans  ia  po« 
ïygamie  triandrie. 

Ce  genre  présente  pour  caractères  :  les  fleurs  latérales 
polygames;  fleurs  inférieures  hermaphrodites  ;  calice  de  deux 
valves  et  à  deux  fleurs  ;  corolle  de  deux  valves  ovales  et  mu- 
tiques. 

Depuis  ,  M.  Brown  a  rapporté  deux  nouvelles  espèces  à 
ce  genre  ,  dont  les  caractères  sont  figurés  pi.  22  ,  n.".  9  ,  de 
TAgrostographie   de  Palisot-de-Reauvois,  sous  le   nom  de 

MiCROTHUARÈJE.  (B.) 

THOUINIE  ,  Ihoiiinia.  Linnœus  fils  a  imposé  ce  nom  à 
nn  genre  qu  il  forma  ,  par  erreur  ,  sur  une  plante  déjà  dé- 
crite par  son  père  sous  le  nom  de  Chionanthe  de  Ceylan. 
On  l'a  transporté  ,  ensuite  ,  au  genre  appelé  Humbodltia, 
par  Lamarck,  et  Endrachiots  par  Jussieu.  Swartz  l'adonné 
à  un  genre  de  la  diandrie  monogynie  ,  que  Willdenow  a  ap- 
pelé LiNOCiÈRE.  V.  ce  mot. 

Dombey  avoit  aussi  donné  ce  nom  à  un  genre  du  Chili, 
qui  rentre  dans  celui  appelé  Lardîzabale. 

Il  n'y  avoit  donc  pas  véritablement  de  thouinie  ;  aussi  Poi- 
teau  ,  dans  un  travaihsur  les  plantes  de  Saint  Domingue  qu'il 
a  présenté  à  l'Institut ,  a-t-il  cru  devoir  appliquer  ce  nom 
à  un  nouveau  genre  qu'il  a  formé  dans  l'octandrie  mono- 
gynie et  dans  la  famille  des  savonniers. 

Ce  genre  a  pour  caractères  :  un  calice  en  cloche  à  quatre 
divisions  ;  quatre  pétales  insérés  sur  un  disque  hypogyne  , 
barbus  en  dedans  vers  le  milieu  ;  huit  étamines  insérées  sur 
le  disque-,  un  ovaire  supérieur,  à  trois  angles,  portant  un  style 
à  trois  stigmates  ;  trois  samares  réunies  à  leur  base  ,  et  con- 
tenant chacune  une  graine  sans  périsperme. 


5a  ï    H   R 

Ce  genre  ne  renferme  que  trois  espèces  ,  la  Thouinie  deN' 

TF-E  ,    la    TlIOUlME  A   FEUILLES  TERNÉES,   et    la    ThOLINIE  A 

FEUILLES  AILÉES.  Ce  sonl  des  arbrisseaux  à  feuilles  alternes  , 
bordées  de  dents  épineuses  ,  rayées  en  dessous  de  nervures 
parallèles  ,  et  à  fleurs  disposées  en  épis.  On  les  trouve  à 
Saint-Doininf;ue. 

Depuis,  Huinboldt  et  Bonpland  ,  Plantes  éqninoxîales  ^ 
ont  décrit  et  figuré  une  quatrième  espèce  qui  croît  aux 
environs  d'Acapulco.  (B.) 

THOUR.  \JAuio(hsOM  Bœvf  sauvage  de  Pologne.  V.  l'es- 
pèce de  l'AuROCHS  dans  l'article  Bœuf,  (desm.) 

THOUREUX.  Nemnich  rapporte  ce  nom  au  (iouET  , 
dans  laparlie  française  de  son  Diclionnaire  polygloite  d'Histoire 
natuirlle.  (DES M.) 

ÏHOUS  {Canisihous ,  Linn.  ).  Quadrupède  de  Surinam, 
considéré  comme  une  espèce  de  chien  ,  le  Reisard  crabier. 
Sonnini  croit  que  c'est,  au  contraire,  le  Raton  crabieu. 

(deijJI.) 

THOUYOU.  Nom  abrégé  de  celui  de  thouyouyou  ,  que  le 
jahiru  porte  à  la  (iuiane.  (F.  Jabiru.)  La  plupart  des  orni- 
thologistes ont  mal  à  propos  appliqué  ce  nom  à  Vauiruche  de 
Magellan.,  oiseau  bien  <ljfférent  du  yoZi/ra.  V.  Nandu.  (s.) 

ÏHR^ACIA.  Pline  indique  trois  variétés  de  la  pierre  ainsi 
nommée,  Tune  verte  ,  l'autre  plus  pâle,  et  une  troisième 
offrant  comme  des  gouties  de  sang.  L'héliotrope  est  celle 
de  nos  pierres  qui  offre  de  telles  variétés.  V.  Héliotrope  et 
Silex  héliotrope,  (ln.) 

THRAN.  On  appelle  ainsi,  dans  le  Nord  ,  Thulle  qu'on 
relire  des  poissons  de  quelque  espèce  que  ce  soit. 

Celle  qui  découle,  sans  feu  ,  de  la  graisse  ou  des  foies  de 
poissons  accumulés  dans  des  tonneaux  ,  prend  le  nom  de 
ihran  clair .,  et  celle  qui  est  l'effet  de  leur  ébullilion  prend 
celui  de  ihran  brun.  V.  au  mot  HuiLE  et  au  mot  Poisson,  (b.) 

THRASIE  ,  Thrnsia.  Plante  vivace  des  bords  de  l'Oré- 
noque  ,  qui  seule  ,  Flore  de  P Amérique  méridionale  par  Hum- 
boldt  ,  Bonpland  et  Runth  ,  forme  ,  dans  la  triandrie  di- 
gynie  et  dans  la  famille  des  graminées,  tfn  genre  fort  voi- 
sin des  Paspales. 

Les  caractères  de  ce  genre  consistent  :  en  un  rachis  mem- 
braneux, dilaté,  portant  desépilleis  de  deux  (leurs,  dont  l'une 
gst  hermaphrodite  et  i'aulre  mâle  ;  leur  balle  calicinale  com- 
posée de  deux  valves,  dont  l'une  est  profondément  divisée  et 
offre  une  seule  arête  ,  et  dont  l'autre  est  entière  et  mulique. 
y.  pi.  3j  de  l'ouvrage  précité,  (b.) 


T  n  R  5i 

THRASI  ou  piulot  TRASi.  Nom  du  souchet  commes- 
tîble  dans  le  Véronais.  Malhiole  ,  Cesalpin  ,  Lobel  et  Clu- 
sius  le  lui  ont  conservé,  (ln.) 

THRAUPIS.  Ce  nom,  moiiié  grec  moitié  latin  ,  a  été 
appliqué  par  Gaza  et  Hermolaiis  au  Chardonneret,  par 
Belon  au  Tarfn  ,  et  par  Turner  au  Verdier.  (s.) 

THRÉEKELmE  ,  Threekeldia.  Arhusle  qui  croît  à  la 
Nouvelle-Hollande  sur  les  bords  de  la  mer  ,  dont  les  feuilles 
sont  alternes,  à  demi  cylindriques  ,  les  fleurs  axillaires  ,  so- 
litaires et  sessiles  ,  lequel  seul,  selon  R,  Brown ,  constitue 
un  genre  dans  la  triandrie  et  dans  la  famille  des  chénopodées  , 
peu  éloigné  dos  Soudes.  Les  caractères  de  ce  genre  sont: 
calice  urcéolé  ,  tronqué  ,  entouré  de  trois  écailles  membra- 
neuses; une  baie  solide  à  semence  ovale  ,  renfermée  dans  le 
calice.  (R.) 

THRICHEICHUS.  Nom  latin  que  les  zoologistes  mo- 
dernes ont  donné  au  Morse.  V.ce  mot.  (s.) 

ÏIIRIDACÎA.  V.  Mandragora.s,  vol.  lo  ,  p.  175.  (ln.) 

THRIDACINE.  F.  Thridax.  (ln.) 

THRIDAX  ou  TRIDAX.  Nom  des  Laitues,  chez  les 
Grecs,  lactuca  des  Latins.  Théophraste,  Dioscoridc  et  Pline 
en  indiquent  deux  espèces  :  Tune  culiivée  ,  qui  est  notre 
Laitue  cultivée  ,  et  l'autre  sauvage  ,  qui  paroît  être  le 
ihridacine  de  Galien  et  le  lactuca  scariola,h.  V.  LaCTUCA.  (lIS.) 

ÏHRINAX,  Ihrinax.  Genre  de  plantes  établi  par  Swariz 
dans  rhexandrie  monogynie  et  dans  la  famille  des  PALMtERS. 
Il  a  pour  caractères  :  un  calice  à  cinq  dents  ;  point  de  corolîe  ; 
six  étaniines  ;  un  ovaire  supérieur  surmonté  d'un  style  à  stig- 
mate émarginé  ;  une  baie  monosperme. 

Le  palmier  que  renferme  ce  genre  s'élève  à  trente  pieds  , 
et  acquiert  cinq  à  six  pouces  de  diamètre.  On  l'emploie, 
sous  le  nom  de  palmetfe ,  à  la  Jamaïque  et  à  Cuba,  où  il  croît 
abondamment  sur  le  bord  de  la  mer,  à  faire  des  pieux ,  des 
digues  ,  des  solives  pour  les  cases  à  nègres.  Il  jouit  de  la  pro- 
priété de  se  conserver  très-long-temps  sans  altération  dans 
l'eau  et  dans  la  terre.  Ses  feuilles  sont  flabelliformcs,  avec 
un  appendice  à  leur  base  et  un  pétiole  mince.  Son  spadix  est 
fameux  et  ses  spathes  propres,  sont  simples,  (b.) 

THRINCIE,  'Ihrincia.  Genre  de  plantes  établi  par  Rolhc, 
sous  le  nom  de  Colobion,  et  adopté  par  Willdenow  pour 
placer  les  Liondens  hiîrissé  et  bifide  de  Linna^us.  Il  dif- 
fère fort  peu  de   celui  appelé  Apârgie  par  Scbreber. 

Il  offre  pour  caractères  :  un  calice  de  huit  folioles  ;  un  ré- 
ceptacle g.Trni  d'alvéoles  :  les  aigrettes  du  bord  ,  membra- 
neuses et  muliifides  et  celles  du  centre  stipitées  et  plumeuses. 

(B.) 


52  T  !}   R 

THRIPOPHAGOS.  Dcnominalion  grecque  allribuée 
par  Gharlelon  au  Grimpereau.  (s.) 

THRIPS,  Thrips,  Linn.,  Geoff. ,  Deg.  ,  Fab.  Genre  d'in- 
sectes de  l'ordre  des  hémiptères,  section  des  liomoptères  , 
(aniille  des  hyménélylres  ,  tribu  des  tliripsides,  ayant  pour 
caractères  :  bec  parlant  de  ia  base  intérieure  de  la  leie,  très- 
petit,  composé  d'une  gaîne  à  deux  valves  Iriarticulées  entre 
lesquelles  est  le  suçoir,  avec  deux  palpes  très -courts,  fdi- 
formes  et  de  trois  articles  ;  élytres  et  ailes  presque  sembla- 
bles ,  linéaires  ,  ciliées  sur  leurs  bords  ,  étendues  horizonta- 
lement sur  l'abdomen  ;  tarses  très  -  courts  ,  à  deux  articles  , 
dont  le  dernier  vésiculeux ,  sans  onglets;  corps  linéaire, 
terminé  postérieurement  en  pointe  formant  une  sorte  de 
queue;  tête  déprimée  en  carre  long;  antennes  insérées  au- 
devant  des  yeux  ,  rapprochées  ,  presque  sclacées  et  presfjue 
de  la  longueur  de  la  léle  et  du  corselet ,  de  huit  articles  ; 
segment  antérieur  du  tronc  beaucoup  plus  grand  que  les  au- 
tres ,  soit  presque  conique  ,  soit  en  forme  de  demi  -  cercle 
allongé  ;  pattes  courtes  ;  les  antérieures  presque  ravisseuses, 
à  cuisses  beaucoup  plus  grandes. 

Les  ihrips  sont  de  très-  petits  insectes.  Ils  vivent  sur  les 
fleurs  et  sur  les  écorces  ,  où  se  trouvent  aussi  leurs  larves  : 
elles  ne  diffèrent  de  l'insecte  parfait  que  par  le  défaut  d'ély- 
tres  et  d'ailes. 

ThrIPS  noir,  Thrips  physapus  ,  Linn.  ,  Geoff.  ,  Fab.  Il  a 
au  plus  une  ligne  de  long  ;  il  est  entièrement  noir;  ses  ailes 
sont  blanches,  transparentes,  garnies  d'une  frange  de  poils 
assez  longs. 

On  le  trouve  aux  environs  de  Paris  ,  sur  les  fleurs.  Il  est 
très-agile  et  vole  à  peu  de  distance  ;  lorsqu'on  le  touche  ,  il 
élève  le  derrière  et  courbe  son  corps  en  arc. 

Sa  larve  vit  sur  les  Heurs  :  elle  est  blanche  ;  son  corps  est 
allonc'é  ,  terminé  en  pointe  et  garni  de  poils. 

ThRIPS  du  genévrier,  1  hrips  jiiniperina  ,  Linn.,  Geoff., 
Fab.  11  est  moins  grand  que  le  précédent ,  d'un  brun  grisâtre, 
avec  les  ailes  blanches. 

On  le  trouve  en  Europe ,  dans  les  galles  ou  boutons  des 
fleurs  du  genévrier;  il  saute  bien  et  s'échappe  dès  qu'on  le 
touche. 

On  connoît  encore  deux  autres  espèces  de  ilirips  ,  qui  sont 
celui  de  Vorme  et  celui  à  bandes  ;  ils  diffèrent  peu  des  deux 
précédens.  La  larve  du  premier  est  rouge  et  vit  en  société 
sur  l'écorce  et  dans  le  tronc  des  vieux  aunes;  on  trouve  le 
thrips  à  bandes  sur  les  fleurs  compos.ées.  (l.) 

THRISSA  ou  ÏHRIZA.  Ancien  nom  que  les  Grecs 


T  TT  Pv  53 

applîqtîoicut  à  un  poisson  qui  nous  est  inconnu.  Linnrous  en 
a  i'ail  la  désignation  spécifique  d'une  (espèce  de  Clupée  que 
Eroussonnel  a  décrile  avec  de  grands  détails  dans  sa  Décade 
ii:hihyolof;iqite.  (DESM.) 

THUiSSE.  Nom  que  donne  Cuvier  au  genre  de  poisson 
appelé  ïMyste  par  Lacép'''de.  (b.) 

THRîXSP^:i\ME  ,  'Thrixspermum.  Plante  parasite  à  ra- 
cines simples  et  très-courtes  ;  à  tige  longue  et  comprimée  ; 
à  feuilles  engainantes,  petites,  linéaires,  lancéolées,  très- 
entières,  recourbées;  à  fleurs  d'un  jaune  pâle  ,  rougeâircs  à 
l-'inlérieur  et  disposées  en  épis  serrés  ,  droits  et  latéraux. 

Celle  plante  forme  ,  selon  Loureiro,  dans  la  gynandriè 
monandrie  et  dans  la  famille  des  orchidées,  un  genre  dont 
les  caractères  consistent  :  en  un  calice  commun  en  forme  de 
chaton  linéaire,  comprimé,  charnu,  formé  d'écaillés  alternes, 
aiguës  et  uniOores;  en  une  corolle  de  cinq  pétales  linéaires 
presque  égaux  ;  en  un  tuhc  biîabié  inséré  à  la  base  des  deux 
pétales  inférieurs, dont  la  lèvre  supérieure  est  entière  et  ovale, 
et  la  lèvre  inférieure  a  trois  divisions,  les  latérales  étant  ob- 
tuses et  la  moyenne  plus  longue  ,  conique  et  relevée  ;  en  une 
étamine  courte  adhérenîe  au  pistil  ;  c«  un  ovaire  inférieur  à 
style  épais  et  à  stigmate  simple  ;  en  une  capsule  oblongue,  tri- 
gone,  émarginée  ,  uniloculaire  ,  tri  valve  et  poiysperme. 

Le  ihrixsperme  croît  à  la  Cochinchine  sur  les  vieux  arbres.  Il 
peut  faire  partie  des  Angrecs  ,  si  on  conserve  à  ce  genre  les 
caractères  vagues  (jue  lui  a  donnés  Linnéeus.  (b.) 

THROSQUE,  Throscus,  Latr. ,  Walck.  -,  ElaUr ,  Linn. , 
Oliv.  ;  Dcnnestes^^  Fab,  ;  Trixagus,  Kugel. ,  Gyllenhal.  Genre 
d'insectes  de  l'ordre  des  coléoptères,  section  des  penlamères, 
famille  des  serricornes ,  Iribu  des  élatérides. 

Le  petit  coléopière  d'après  lequel  ce  genre  a  été  établi  , 
a  des  rapports  avec  les  iaupîns  et  les  dermcstcs.  Son  corps  est 
elliptique  ,  déprimé  ,  avec  la  tête  enfoncée  jusqu'aux  yeux 
dans  le  corselet;  les  antennes  de  sa  longueur,  de  onze  arti- 
cles ,  dont  les  trois  derniers  forment  une  grande  massue,  en 
scie  au  côté  interne,  et  qui  est  ret^ue  dans  une  cavité  infé- 
rieure de  cette  partie  du  corps  ;  les  mandibules  fortes  ,  avec 
la  pointe  entière;  les  palpes  courts,  terminés  en  tète;  les 
mâchoires  bifides;  la  languette  membraneuse,  presque  échan- 
crée  ;  le  corselet  presque  trapéziforme  ,  se  rétrécissant  de 
sa  base  à  son  extrémité  antérieure  ,  sans  rebords,  lobé  pos- 
lérieurcîT^îent  et  lerniiné  par  des  angles  aigus  ;  les  pattes 
courtes,  contractiles,  à  articles  des  tarses  entiers,  et  lu 
slsrnum  antérieur  semblable  à  celui  des  iaiipiiis.  Cet  insecte 
a  aussi ,  comme  eus,  la  ficullé  de  sauter,  et  se  sert  des  mêmes 


54  T  H  R 

moyens.  Quoiqu'il  diffère  de  ce  genre  par  la  manière  dont 
se  terminent  ses  antennes,il  appartient  néanmoins, par  Ten- 
semble  de  ses  autres  rapports  ,  à  la  même  famille. 

On  ne  connoît  encore  qu'unc^seiile  espèce  ,  qui  est  Velate 
dcrmesloïdes  de  Linnseus  ,  le  taupin  daolcorne  d'Olivier  et  le 
derinestes  adstrklor  de  Fabricius.  Il  est  très-petit  ,  d'un  brun 
obscur  ,  soyeux  ,  avec  Técusson  oblong ,  pointu,  et  les  élytres 
marquées  de  petits  points  enfoncés  ,  disposés  en  séries  longi- 
tudinales ;  le  dessous  du  corps  est  un  peu  plus  clair.  Il  habite 
les  bois  ombragés ,  plantés  de  chêne  ,  et ,  suivant  les  obser- 
vations de  M.  Hellwig,  sa  larve  subit  ses  métamorphoses 
dans  la  partie  ligneuse  de  cet  arbre. 

M.  le  baron  Dejean  l'a  trouvé  en  P^spngne.  (l.) 

TU  RUSH.  Nom  anglais  des  Grives,  (v.) 

THRYALLE,  ThryalUs.  Arbuste  du  Brésil,  à  rameaux  cy- 
lindriques ,  articulés;  à  feuilles  opposées,  pétiolées  ,  ovales, 
très -entières  ,  accompagnées  de  stipules  sélacés  ;  à  (leurs 
jaunes  ,  petites  ,  disposées  en  grappes  dans  la  dichotomie  des 
rameaux  et  accompagnées  de  bractées. 

Cet  arbuste  forme,  dans  la  décandrie  monogynie  et  dans 
la  famille  des  érables,  un  genre  qui  offre  pour  caractères  : 
un  calice  divisé  en  cinq  parties  ;  cinq  pétales  ;  dix  étamines  ; 
un  ovaire  surmonté  d'un  seul  style  ;  une  capsule  à  trois  coques. 
Ce  genre  est  le  vorsda  d'Adanson.  (b.) 

THRYALLIS.  Suivant  Pline,  on  donnoit  ce  nom  aa 
lychnilis ,  qui  est  une  de  ses  espèces  de  verbascum  oa  pJilomis. 
V.  Verbascuim.  (ln.) 

TllRYALLIS.  Plante  mentionnée  par  Théophraste,  que 
quelques  botanistes  rapprochent  de  la  sanguisorbe  ,  sangid- 
sorha  officinalls  ,  L.  ou  de  la  pimprenelle ,  poierium  sangui- 
sor/ja,  L.  (LIS.) 

THRYAS.  L'un  des  noms  de  la  plante  epimedion  ou  epi- 
med'ium^  mentionnée  par  Dioscoride  et  par  Pline,  (ln) 

THRYBl  ou  ÏRIBI.  Nom  que  Ion  donne  ,  dans  1  île  de 
Candie,  l'ancienne  Crète,  au  satureira  thymbra  ^  L. ,  au 
rapport  d'Honoré  Belli.  (l>!.) 

THRYOCÉPHALE,  Thryocephalum.  Genre  de  plantes 
de  la  monoécle  triandrie  et  de  la  famille  des  cypéroïdes  , 
établi  par  Forsler.  11  est  peu  différent  des  Kyllinges  ,  cl 
offre  pour  caractères  :  des  épis  îà  ccaillçs  contenant  trois  à 
quatre  fleurs,  dont  une  ou  deux  inférieures  femelles  ;  trois 
étamines  ;  deux  stigmates  ;   une  semence  arrondie. 

Les  plantes  de  ce  genre  ,  qui  se  trouvent  dans  les  îles  de 
la  mer  du  Sud,  ont  une  tige  triangulaire  et  des  épis  en  lêlÇ: 
ceinte  d'une  collerelle  de  trois  folioles,  (b.) 


T  H  R  55 

THRYORON,  L'un  des  noms  grecs  anciens  de  la  Bel- 
ladone (  atropa  helladona  ,  L.  ).  (ln.) 

THRYOTHORE,  Thyothon/s,  VieîU.  ;  Moiadlla,  Linn.  ; 
Syhiu ,  Lalh.  Genre  de  l'ordre  des  oiseaux  Sylvains  et  de 
la  famille  des  Grimpereaux.  V.  ces  mots.  Caractères  :  bec 
allongé  ,  épais  à  sa  base  ,  cylindrique  ,  fléchi  en  arc  ,  délié  , 
pointu  et  comprimé  sur  les  côtés  ;  mandibules  égales  ;  narines 
oblongues,  en  parliecouverles  d'une  membrane  proéminenle; 
languecarlibgincuse,  grcle  cl  aiguë  ;  quatre  doigts,  trois  de- 
vant ,  un  derrière  ;  les  extérieurs  réunis  à  leur  base  ;  le  pouce 
grêle,  plus  long  que* le  doigt  interne;  l'ongle  postérieur  le 
plus  long  de  tous;  ailes  courtes,  arrondies,  concaves,  à 
penne  bâtarde  allongée  et  large  ;  les  troisième  .  quatrième 
et  cinquième  rémiges  les  plus  longues  de  toutes  ;  queue  sus- 
ceptible de  rester  relevée.  Lorsque  j'ai  établi  cette  division, 
je  ne  connoissois  qu'une  seule  espèce  (  le  thryothore  des  ro- 
sejux')  ;  mais  depuis  j'ai  eu  occasion*  d'en  voir  d'autres, 
qui  se  trouvent  au  Erésil ,  au  Paraguay  et  à  Cayenne  ; 
tous  ne  fréquentent  pas  les  endroits  aquatiques  ;  ils  grimpent 
sur  les  plantes,  comme  celui-ci  sur  les  roseaux,  non  pas 
cependant  de  la  même  manière  que  notre  grimpeieau  ;  ils 
saisissent  en  travers  ,  avec  leurs  pieds,  le  roseau  ou  la  tige 
d'une  plante  quelconque  ,  et  les  parcourent  de  bas  en  haut 
par  petits  sauts  ;  habitude  qui  les  rapproche  de  plusieurs 
de  nos  fauvettes  des  rivages,  et  particulièrement  de  Ia/a«- 
oeite  effarmile;  mais  ils  ont  le  bec  et  les  ailes  autrement 
conformés  ;  ils  diffèrent  des  troglodytes  proprement  dits  par 
leur  bec ,  plus  robuste ,  épais  à  sa  base ,  plus  ou  moins  arqué , 
et  par  leur  pouce  toujours  plus  long  que  le  doigt  interne  ; 
mais  ils  ont,  avec  ceux-ci,  les  plus  grands  rapports  dans 
leurs  ailes ,  le  port  de  leur  queue  et  les  raies  transversales 
qui  sont  sur  les  pennes  alaires  et  caudales.  Toutes  les  espèces 
de  ce  petit  groupe  n'habitent  que  le  nord  et  le  sud  de  r^Vmé- 
rique;  du  moins  je  n'en  connois  pas  dans  les  autres  parties 
du  monde.  Quelques-unes  présentent  entre  elles  une  telle 
analogie  .  que  les  descriptions  peuvent  quelquefois  ne  pas  pa- 
roître  suffisantes  pour  les  bien  distinguer  ;  mais  on  saisit  fa- 
cilement les  différences  qui  les  caractérisent,  quand  on  peut 
les  comparer  en  nature. 

Le  Thryothore  coraya.  Cet  oiseau  est  décrit  à  l'article 
Ratara  .  vol.  3  ,  page  091  ;  mais  je  crois,  après  l'avoir  exa- 
miné de  nouveau,  qu'il  seroit  mieux  classé  dans  ce  genre. 

Le  Thryothore  a  gorge  rayée,  Thryolhorus  rutilas  y 
Vieill.  Cet  oiseau  a  le  dessus  de  la  tête  ,  du  cou  ,  du  corps 
et  des  ailes,  d'un  brun  verdâtre  ;  les  paupières  blanches, est 


^6  T  ïî   R 

même  qu'une  bandelette  qui  part  ôa  bec,  passe  au-dessus 
de  l'œil  et  se  termine  à  la  nuque  ;  une  raie  verdàlre  passe 
au-dessous  d'elle  ,  naît  à  l'angle  postérieur  de  l'œil  et  s'élend 
aussi  loin  ;  les  joues  sont  tachetées  de  blanc  et  de  verdàlre  ; 
la  gorge  et  le  haut  du  cou  ,  en  devant,  ont  des  raies  trans- 
versales, alternativement  blanches  et  noires;  ces  mêmes 
raies  ,  mais  beaucoup  plus  larges  ,  se  font  remarquer  sur  les 
pennes  caudales  ;  le  reste  du  cou  et  les  parties  postérieur'^s 
sont  d'un  roux  vif,  qui  blanchit  sur  le  milieu  du  ventre  ;  le 
bec  et  les  pieds,  bruns  ;  la  queue  est  allongée  et  arrondie  à 
son  extrémité.  Longueur  totale  ,  environ  cinq  pouces  un 
quart. 

Un  individu  de  cette  espèce  est  au  Muséum  d'Histoire 
naturelle  :  son  étiquette  porte  qu'il  se  trouve  dans  l'Amé- 
rique septentrionale  ;  mais  est-ce  bien  la  contrée  qu'il  ha- 
bite ?  ne  serolt-ce  pas  plutôt  l'Amérique  méridionale  ? 

Le  ThuyOTHORE  K  long  BLC  ,  Tlu-yolliurus  lungirosiris ,. 
Vieïll.  Quoique  cet  oiseau  du  Brésil  ait,  dans  son  plumage  ^ 
des  rapports  avec  les  autres  ,  on  le  distinguera  toujours  l'a- 
cilement ,  à  son  bec  robuste  ,  long  de  quinze  lignes  depuis 
les  coins  de  la  bouche  ,  et  un  peu  arqué  depuis  son  milieu 
jusqu'à  sa  pointe  ;  noirâtre  en  dessus  ,  jaunâtre  en  dessous  , 
mais  seulement  vers  sa  base;  le  dessus  delà  tête  est  d'un  brun 
sombre  ;  les  sourcils  sont  bleus  ;  une  tache  brune  part  du 
coin  postérieur,  de  l'œil  et  s'étend  jusqu'aux  oreilles;  les  joues 
sont  d'un  blanc  sale  ,  tacheté  de  brun  ;  toutes  les  parties  su- 
périeures d'un  roux  rembVuni;  les  pennes  alaires  et  caudales 
rayées,  en  travers,  de  roux  et  de  noir;  la  gorge  est  blanche  ; 
toutes  les  parties  postérieures  sont  rousses  ,  et  les  pieds  noi- 
râtres. Longueur  totale,  près  de  six  pouces.  De  la  collection 
de  M.  Desmarest  ;  un  autre  individu  est  dans  celle  dç 
M.  le  baron  Laugier. 

Le  TllRYOTHOUE  A  OREILLES  NOIRES  ,  Thryothorus  mc- 
hnos,  Yieill.  Cet  oiseau,  du  Brésil ,  a  le  bec  et  les  pieds 
bruns;  la  tête,  noirâtre  en  dessus  ;  les  plumes  des  oreilles  et 
des  joues,  noires  et  tachetées  de  blanc;  le  dessus  du  cou,  du 
corps  et  des  ailes,  roussàtre  ;  la  queue,  rayée,  en  travers, 
de  noir  et  de  roux  clair;  la  gorge,  blanche  ,  avec  une  bordure 
noire  sur  les  côtés  ;  toutes  les  parties  postérieures  ,  grises  , 
avec  du  roux  sur  les  flancs.  Un  individu  de  cette  espèce  est 
dans  la  collection  de  M.  Laugier. 

Le  Thryothore  des  rivages  ,  Thryothorus  ïiltoralls , 
Vieill.  ;  Syhia  Iudo{>iciana ,  Suppl.  i5o,  Lath.  ;  Certlila  cavull- 
idaiia ,  Wilson  ,  pi.  12  ,  fig.  6  de  son  Amei\  OmiLholos^y  ,  sous 
la  dénomination  de  Great  carolina  ojien  \  et  pi.  enl.  de  Buff,  , 


T  îl  O  ^7 

n  "  73o  ,  fie.  I  ,  sons  celle  de  iroghdyte  de  la  loimione.  Cet 
oiseau  a  ,  dans  son  plumage  ,  de  l'analogie  avec  le  thryoihore 
des  roseaux;  mais  c'est  une  espèce  dislincte  ,  reconnue  pour 
telle  par  Wilson,  et  qui  en  diffère  par  son  ramage  et  plu- 
sieurs de  ses  habiludes.  On  le  trouve  constamment  ,  au  mois 
de  mai,  sur  les  bords  de  la  Delaware;  cependant  il  se  montre 
rarement  en  Pensylvanie ,  et  plus  encore  dans  1  Etat  de  INew- 
Yorck;  au  contraire,  on  le  rencontre  fréquemment  sur  les 
bords  de  la  rivière  James  ;  il  paroît  se  plaire  dans  1  obscu- 
rité des  cyprès  qui  bordent  les  marais  ,  les  cavernes  pro- 
fondes ,  dans  les  piles  de  bois  tombées  par  vétusté  ,  près  des 
rivières  et  des  petites  rigoles;  il  a  toutes  les  habitudes  de 
notre  troglodyte  ;  il  se  cache  dans  les  trous,  les  crevasses 
de  la  terre  ,  et  est  sans  cesse  en  mouvement;  il  paroît  et  dis- 
paroît  à  chaque  instant.  Son  cri  ,  qu'il  jette  de  temps  à  autre, 
est  haut,  fort,  pareil  à  un  éclat  de  rire  ,  et  semble  exprimer, 
selon  Wilson  ,  le  mot  cUrr-nip  ,  prononcé  en  allongeant  la 
première  syllabe  et  appuyant  fortement  dessus;  il  a  un  autre 
ramage,  niais  beaucoup  plus  doux  et  plus  musical  ;  il  semble 
alors  prononcer  les  mots  anglais  iweel  wliliam,  sweet  ml- 
îiam.  , 

>  Cet  oiseau  a,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  un  plumage  assez 
analogue  à  celui  du  ^/j/yo^/iore  ^^5  roseaux,  et  encore  plus  a 
celui  du  troglodyte  œdon  ;  mais  quelque  rapport  qu  il  y  ait 
entre  les  nuances  et  la  distribution  des  couleurs  ,  on  le  re- 
connoîtra  toujours  en  examinant  les  plumes  du  bas  du  dos, 
lesquelles  sont  d'une  teinte  uniforme  ,  tandis  que  ,  chez  les 
<leux  autres  ,  ces  plumes  ont  chacune  une  tache  blanche  sur 
leur  milieu  ,  entre  la  couleur  d'un  gris  foncé  ,  qui  couvre  leur 
base  ,  et  celle  d'un  brun  rougeâtre  qui  est  à  leur  extrémité  ; 
mais,  pour  apercevoir  ces  taches  ,  il  faut  déranger  les  plu- 
mes avec  la  main  ou  les  soufller,  sans  quoi  elles  ne  sont  pas 
visibles. 

Le  thryothore  des  rivages  a  cinq  pouces  de  longueur  to- 
tale ;  toutes  les  parties  supérieures,  d'un  brun  rougeàlre  ;  les 
ailes  et  la  queu^, pareilles  et  rayées  transversalement  de  noir  ; 
une  bandelette  d'un  blanc  jaunâtre  part  des  narines  ,  passe 
ensuite  au-dessus  de  l'œil  et  descend  sur  les  côtés  du  cou  , 
presque  jusqu'au  dos;au-dessous  de  cette  bandelette  on  en  voit 
une  autre  d'un  brun  rougeâtre  qui  part  de  l'angle  postérieur 
de  l'œil,  et  s'étend  jusqu'aux  épaules  ;  la  gorge  est  d'un  blanc 
jaunâtre;  le  devant  du  cou,  la  poitrine  et  le  ventre  sont 
d'une  teinte  de  rouille  claire  ;  les  couvertures  inférieures  de 
la  queue, blanches;  celles  du  dessus  de  l'aile  ont  un  liseré  de 
eelte  couleur  à  leur  extrémité  ;  le  bec  est  long  de  neuf  ligaes^ 


58  T  II  R 

robuste  ,  un  peu  arque'  vers  le  bout,  d'un  noir  bleuâtre  en 
dessus,  et  d'un  bleu  clair  en  dessous;  l'iris  est  couleur  de 
noisette;  la  queue,  cunéiforme  ;  le  tarse,  couleur  de  cbair  et 
robuste.  La  femelle  ne  diffère  du  maie  qu'en  ce  qu'elle  n'a 
point  de  blanc  dans  l'aile.  Des  individus,  que  je  soupçonne 
des  jeunes  de  l'année  ,  ont ,  comme  notre  troglodyte  ,  les  plu- 
mes du  manteau  rayées  en  travers,  d'une  nuance  plus  sombre 
que  celle  du  fond.  Tel  est  celui  décrit  par  Lalham,  et  quel- 
ques autres ,  que  j'ai  eu  occasion  de  voir. 

Latham  a  d'abord  décrit  cet  oiseau  comme  une  variété  de 
notre  troglod.te  ,  et  ensuite  ,  dans  le  2.^  Supplément  de  son 
Gêner,  synopsis  et  dans  son  Index  ,  comme  une  e'ipèce  parti- 
culière ,  sous  les  dénominations  de  louisiana  warhle.r  et  de 
syhia  ludwidana.  Euffon  ,  qui  ne  connoissoit  d'autre  troglo- 
dyte dans  l'Amérique  septentrionale  ,  que  son  troglodyte  de 
la  Louisiane.,  l'a  donné  pour  le  représentant  du  noire,  dans 
cette  partie  du  monde  ,  et  lui  a  rapporté  ce  que  le  père  Char- 
levoix  dit  du  roitelet  du  Canada;  niais  c'est  une  méprise  ,  ce 
roitelet  n'est  autre  que  le  troglodyte  œdon.  V.  ce  mot. 

Nota.  L'oiseau  qui  est  figuré  dans  mon  Histoire  des  Oi- 
seaux de  l'Amérique  septentrionale, sous  le  nom  de  troglodyte 
des  roseaux  ,  est  un  individu  de  l'espèce  décrite  ci-dessus  ,  et 
toute  sa  partie  bistorique  appartient  au  thryothore des  roseaux. 
Je  me  suis  aperçu  trop  tard  de  cette  erreur  pour  l'indiquer 
dans  cet  ouvrage  ;  mais  je  m'empresse  de  la  signaler  ici. 

Le  Thryothore  des  ro.seaux  ,  Thr}othorus  arwidineus  , 
Vieill.  ;  Certliia  paîustris  ,  Wilson  ,  pi.  12  ,  fig.  l^.  de  son  Amer. 
Ornitli. ,  sous  le  nom  de  marsh  ivren.  Cet  oiseau  a  quatre  pou- 
ces neuf  lignes  de  longueur  totale  ;  toutes  les  parties  supé- 
rieures d'un  brun  foncé  ,  excepté  le  dessus  de  la  tête  et  du 
cou  ,  ainsi  que  le  milieu  du  dos  ,  qui  sont  noirs  ;  ces  deux 
dernières  parties  sont  striées  de  blanc  ,  et  cette  couleur  for- 
me des  taches  sur  le  milieu  des  plumes  du  bas  du  dos  ,  qui 
ne  sont  visibles  que  lorsque  celles-ci  sont  soulevées  ;  la  queue 
est  courte  ,  arrondie  et  rayée  transversalement  de  noir  ;  une 
large  bandelette  blanche  passe  au-dessus  de  Toell  et  descend 
sur  les  côtés  de  la  nuque  ;  on  remarque  sur  ceux  du  cou  des 
Oiides  d'une  couleur  d'argile  claire  ;  toutes  les  parties  infé- 
rieures sont  d'un  blanc  d'argent  pur,  à  l'exception  des  cou- 
vertures inférieures  de  la  queue  dont  la  teinte  est  mêlée  de 
brun;  les  pieds  sont  d'un  brun  clair;  1  ongle  postérieur  est 
allongé,  demi  circulaire,  et  très-aigu  ;  le  bec, grêle,  un  peu 
arqué;  la  langue, étroite  ,  très-conique,  pointue  et  cornée  à 
son  extrémité  ;  l'œil  est  couleur  de  noisette. 

C'Jt  oiseau  habite  les  endroits  marécageux  ;  il  se  tient  dans 


T  îï  R  59 

!es  roseaux,  et  sembJe  préférer  ceux  dont  Je  pie<1  est  baigné 
d'eau  ;  il  en  parcourt  sans  cesse  la  tige  do  la  même  manière 
que  noire  fauvelie  ejfcvvatte  ^  avec  l.TqiK-lle  il  a  encore  du  rap- 
port par  son  ramage  et  son  babil  conlinuel  ;  je  ne/l'.ii  jamais 
vu  se  poser  sur  les  arbres  et  sur  les  arbrisseaux;  il  semble 
même  éviter  de  s'arreler  dans  les  broussailles  el  les  buissons 
qui  sont  sur  les  bords  ou  dans  le  ccnire  de  sa  demeure  ordi- 
naire ;  son  chant,  si  on  peut  donner  ce  nom  à  une  réunion 
de  divers  cris  répétés  vingt  fois  de  suite,  sans  interruption  et 
presque  sur  le  même  ton,  est  enroué,  glapissant  ,  et  aussi 
désagréable  que  le  coassement  des  grenouilles  ses  compagnes 
habituelles  ,  el  aussi  incommode  par  sa  longue  durée.  Si  vous 
entendez  ,  dit  AVilson  ,  un  foible  craquemeni  ,  à  peu  près 
semblable  au  bruit  que  produisent  les  bulles  d'air  qui  s'ou- 
vrent un  passage  à  travers  un  terrain  marécageux  ,  lorsqu'on 
marche  dessus  ,  vous  aurez  à  peu  près  une  idée  de  ce  ramage. 
Plusieurs  couples  de  cette  espèce  se  trouvent  dans  le  même 
arrondissement,  et  les  mâles  semjjlent  prendre  plaisir  ,  com- 
me les  grenouilles,  à  crier  plus  fort  les  uns  que  les  antres; 
ils  se  font  entendre  tant  que  durent  les  couvées,  depuis  le 
lever  de  l'aurore  jusqu'à  midi ,  recommencent  quelque  temps 
avant  le  coucher  du  soleil ,  et  continuent  une  ou  deux  heures 
après. 

Ce  thryothore  est  très-commun'dans  les  marais  qui  avoisi- 
nent  la  ville  de  New-York  ;  il  y  arrive  au  mois  de  mai  el  les 
quitte  aux  approches  de  l'automne.  Si  la  nalure  a  donné  à  cet 
oiscaiî  un  chant  très-désagréable  ,  elle  l'a  doué  d'une  indus- 
trie rare  ,  pour  mettre  sa  progéniture  à  l'abri  de  toutes  les 
intempéries  de  l'air;  il  lie  son  nid  à  plusieurs  liges  de  ro- 
seaux, et  toujours  au-dessus  des  plus  hautes  eaux;  les  liens 
sont  d'une  telle  solidité  que  le  vent  le  plus  violent  ne  peut  les 
détacher;  sa  forme  est  celle  d'un  melon  allongé;  des  li- 
ges d'herbes,  de  petites  racines,  des  feuilles  sèches,  sont 
à  l'extérieur;  tous  ces  matériaux  sont  entremêlés  de  vase, 
et  présentent  une  sorte  de  bousillage  que  l'eau  ne  peut  péné- 
trer ,  lorsqu'il  est  séché  par  le  soleil;  l'inlérieur  de  ce  berceau 
est  garni  de  plumes  ,  de  bourre  et  d'autres  matières  mollet- 
tes; l'entrée  est  sur  le  côté,  vers  le  milieu,  el  surmontée  d'un 
petit  loit,  qui ,  en  s'avançant  au-delà  ,  empêche  la  pluie  d'y 
pénétrer.  La  ponte  est  de  cinq  ou  six  œufs,  très  petits  et  d'une 
couleur  d'élain  foncée. F.  la  note  qui  est  à  l'article  du  Thryo- 
thore DES  RIVAGES. 

Le  Thryothore  toute-voix,  Thryo/horus pofyghtlus^YieilL 
Le  nom  de  todo  vox)  a  été  appliqué  à  cet  oiseau  du  Paraguay 
par  M.  de  Azara  ,  parce  qu'il  a'a  poiui  do  noiiî  parliculior  et 


6o  T  H  R 

que  son  chant  est  très-varié  ;  il  se  tient  C£>nstamment  dans  les 
plaines  couverles  d'herbes  hautes  ,  souslesquelles  il  se  cache 
et  d'où  il  ne  sort  que  quand  on  est  prêt  à  marcher  dessus; 
alors  il  vole  à  une  centaine  de  pas,  et  si  l'on  court  sur  lui, 
on  est  étonné  de  reconnoître  qu'il  est  déjà  loin  ;  pour  l'ordi- 
naire on  ne  parvient  à  le  faire  partir  que  trois  fois  ,  au  bout 
desquelles  il  est  impossible  de  le  forcer  à  prendre  son  essor. 
C'est  un  oiseau  farouche  et  inquiet;  on  le  voit,  matin  et  soir, 
monter,  par  petits  sauts,  sur  les  rameaux  les  plus  minces  des 
plantes,  en  tenant  la  queue  relevée  ;  mais  il  n'entre  jamais 
dans  les  bois,  ni  dans  les  halliers  ,  ni  dans  les  hal/itations. 
Cette  manière  de  grimper  sur  les  liges  des  herbes ,  comme 
le  troglodyte  des  reseaux  sur  ces  plantes  ,  m'a  déterminé  a 
le  placer  dans  le  même  genre,  avec  d'autant  plus  de  motifs 
qu'il  en  a  les  principaux  caractères. 

M.  de  Azara  a  vu  un  grand  nombre  de  ces  oiseaux  au  Pa- 
raguay, jusqu'à  la  rivière  de  la  Plata;  dans  la  saison  des 
amours  le  mâle  se  montre  assez  long-temps -sur  les  plantes  , 
et  son  chant  est  si  varié  et  si  gracieux  qu'il  ne  le  cède ,  selon 
lui ,  qu'à  celui  du  rossignol  ;  ses  modulations  sont  nombreu- 
ses ,  douces  ,  agréables  et  pleines  d'expression.  La  femelle, 
selon  Noseda  ,  cité  par  ce  naturaliste  ,  chante  aussi ,  d'une 
voix  plus  aiguë  et  un  peu  moins  bien  que  le  mâle  ;  mais 
M.  de  Azara  croit  que  c'est  une  erreur. 

Ce  ihiyothore  a  quatre  pouces  de  longueur  totale  ,  le  bec 
long  de  quatre  lignes  et  demie  un  peu  courbé  ,  fortement 
comprimé  sur  les  côtés  ,  noir  en  dessus,  blanchâtre  en  des- 
sous et  jaune  intérieurement ,  comme  celui  de  tous  les  oi- 
seaux de  cette  division  et  de  celle  des  troglodytes;  la  gorge, 
la  partie  antérieure  du  cou  ,  la  poitrine  ,  les  couvertures 
inférieures  et  les  bords  des  pennes  de  l'aile,  sont  blanches  ; 
le  ventre  est  d'un  roussâtre  clair;  un  trait  presque  blanc  sur- 
monte l'œil,  derrière  lequel  est  un  autre  trait  parallèle  et 
brun  ;  un  mélange  de  blanc  et  de  roussâtre  couvre  le  reste 
des  côtés  de  la  tète  ;  le  derrière  du  cou  est  noir  et  rayé  en 
long  de  blanc  ;  d'autres  lignes  noirâtres  traversent  le  fond 
brun-roussâlre  du  dos  et  du  croupion  ;  elles  sont  plus  nom- 
breuses et  plus  apparentes  sur  les  couvertures  supérieures 
delà  queue;  l'extérieur  de  ces  pennes,  le  côté  supérieur 
et  l'extrémité  des  pennes  alaires  ,  sont  rayés  en  travers  de 
brun  clair  et  de  noirâtre  ;  il  en  est  de  même  des  grandes  cou- 
vertures des  ailes  ;  les  autres  sont  d'un  brun  clair  ;  le  reste 
des  ailes  est  brun ,  et  celui  de  la  queue,  noirâtre  ;  le  tarse 
est  olivâtre. 

Sonnini  donne  cet  oiseau  pour  le  troglodyte  de  la  Louisiane, 


T  II  U  6i 

mais'il  n'est  pas  de  la  même  espèce.  F.  Thryothore  des 

BIVAGES.  (V.) 

ÏMRYSAISTHE  ,  Thrysanthus.  Genre  de  piaules  élabli 
par  Elllot,  dans  le  second  volume  du  journal  de  l'académie 
des  sciences  naturelles  de  Philadelphie  ,  pour  placer  la  (jLY- 
ClTSE  FRUTESCENTE  de  Linnœus.  Ses  caractères  sont  :  éten- 
dard calleux  à  la  base  et  appendiculé  ;  tube  denliculé,  entou- 
rant le  support  de  l'ovaire  ;  légume  coriace  ,  cylindrique  ,  à 
deux  loges,  (b.) 

THUAREA.  r.  Thouarse.  (ln.) 

THUC-TIEO.  Nom  que  l'on  donne,  en  Cochinchine,  à 
une  espèce  de  poivre  {piper pinnahim ,  Lour.)  dont  les  feuilles 
et  les  fruits  sont  employés  dans  la  préparation  des  alimens.- 
C'est  le  Xu  TSIA  des  Chinois,  (ln.) 
THUEIA.  V.  Thya.  (ln.) 

THU  EU  LIN.  Nom  donné  en  Chine  au  china  ,  racine 
d'une  espèce  du  genre  salsepareille  {smilax  china,  L, ).  Les 
Cochinchinois  la  nomment  tho-phuc-Unh.  (ln.) 

THU-GIN-SEN.  Espèce  de  chardon  à  racines  tubé- 
reuses ,  qui  croît  en  Chine  ,  et  que  les  Chinois  emploient 
'dans  leur  médecine  comme  corroborative.  Loureiro  la  rap- 
porte, mais  à  tort ,  an  carduus  hiùerosus ,  Linn.;  car,  d'après  la 
description  qu'il  en  donne  ,  c'est  une  plante  nouvelle,  (lis.) 

THULV  ou  THUYA  ,  TJwya  ,  Linn.  {Momoécie  mona- 
delphie.)  Genre  de  plantes  de  la  famille  des  conifères,  qui  se 
rapproche  beaucoup  du  Cyprès,  et  qui  comprend  des  arbres 
ou  des  arbrisseaux  dont  le  feuillage  est  toujours  vert  et  com- 
munément aplati,  et  dont  les  fleurs  sont  unisexuelles.  Les 
mâles  et  les  femelles  viennent  sur  le  même  individu.  Les 
premières  sont  réunies  en  un  chaton  ovoïde  ,  formé  de  s\x 
écailles  opposées  ,  sur  trois  rangs  ,  concaves,  obtuses  à  leur 
sommet ,  munies  chacune  ,  à  leur  base  antérieure  ,  de  quatre 
anthères  presque  sesslles.  Les  secondes  présentent  un  chaton 
ayant  la  forme  d'un  cône,  composé  d'écaillés  oblongues, 
connivcntes  longiludinalement ,  munies  en  dehors  ,  au-des- 
sous de  leur  sommet,  d'un  tubercule  ou  d'un  petit  onglet; 
sous  chaque  écaille  ,  11  y  a  deux  ovaires ,  surmontés  chacun 
d'un  style  très-court  à  stigmate  concave.  Les  semences  sont 
en  nombre  égal  à  celui  des  ovaires,  et  garnies  à  leurs  côtés 
d'un  rebord  membraneux  plus  ou  moins  saillant.  Le  fruit 
entier  ou  cône  est  presque  rond,  et  formé  de  la  réunion  des 
écailles  devenues  épaisses,  et  contenant  chacune  deux  se- 
mences. 

Dans  les  thuyas  ,  les  feuilles  ressemblent  à  des  espèces 
d'éc-ailles  verdâtres.  Elles  sont  courtes ,  opposées ,  tantôt 


62  T  11  U 

obiuses,  taniôt  aiguës,  le  plus  souvent  imbrique'es ,  eJ  quel- 
quefois tlistautcs.  Les  chatons  viennent  à  l'extrémité  des  ra- 
meaux. Ll-s  cônes  terminaux  ou  axiiiaires  sont  lisses  dans  le 
thuya  d'Occident, raboteux  dans  le  thuya  d'Orient, et  à  quatre 
valves ouforinés  de  quatre  écailles  dans  le  thuya  articulé.  Ces 
trois  espèces  sont  les  plus  intéressantes  du  genre  ,  qui  n'en 
renferme  que  huit  à  dix. 

Le  Thuya  d'Occident  ou  du  Canada  ,  vulgairement 
arbre  de  vie  {ihuya  occidenialis ,  Linn.) ,  est  le  plus  ancienne- 
ment connu  en  France  ;  le  premier  qu'on  y  ait  vu,  fut  ap- 
porté du  Canada  à  François  \.".  Cet  arbre  croît  naturellement 
dans  cette  partie  de  l'Amérique,  en  Sibérie,  et  dans  d'autres 
•contrées  sepletitrionales.  U  s'élève  à  plus  de  quarante  pieds 
sur  un  Irnnc  fort  ligneux  ,  que  revêt  dans  sa  jeunesse  une 
écorce  lisse  et  d'im  brun  foncé;  à  mesure  que  l'arbre  vieillit, 
son  écorce  se  fend  et  devient  moins  unie.  Ses  branches  sont 
disposées  alternativement  sur  un  même  plan  et  fort  éloignées 
les  unes  des  autres;  elles  forment  un  angle  très-ouvert  avec 
la  tige  ;  les  plus  jeunes  penchent  souvent  vers  le  bas  ;  celles- 
ci  seulement  sont  garnies  de  feuilles  obtuses  et  imbriquées, 
qui  ressemblent  à  celles  du  cyprès.  Ces  feuilles  sont  hui- 
leuses et  répaiideni  une  odeur  forte  quand  on  les  froisse.  Cet 
arbre  fleurit  pour  l'ordinaire  au  commencement  du  prin- 
temps;les  (leurs  mâles  tombent ,  et  les  femelles  sont  rempla- 
cées par  des  cônes  lisses,  à  écailles  obtuses  ;  les  semences 
mûrissent  en  septembre. 

Le  Thuya  d'Orient  ou  de  la  Chine,  Thuya  orientalls 
Linn. ,  envoyé  de  ce  dernier  pays  par  des  missionnaires  fran- 
çais ,  diffère  du  précédent  par  sïïs  branches  ,  qui  sont  plus 
rapprochées,  et  beaucoup  mieux  garnies;  par  ses  feuilles 
terminées  en  pointe  et  d'un  vert  plus  brillant  ;  par  ses  cônes 
raboteux,  plus  larges,  d'une  couleur  grise,  et  dont  les 
écailles  sont  aiguës  et  crochues. 

«  (^yiG.\  est,  dit  Fougeroux  {Journal de  physique^  novembre 
«  1781  )  ,  celui  de  ces  deux  thuyas  qu'on  doit  appeler  thuya 
«  Theophrasti  ?  Est-ce  celui  d'Orient  ou  celui  d  Occident  ? 
«  o!î  ne  seroit-ce  pas  un  arbre  du  genre  des  cyprès  ou  des  cè- 
«  dres  ,  dont  Théophraste  auroit  voulu  parler,  et  qu'il  auroit 
«  nommé  thuya  ?  Si  l'on  doit  nommer  thuya  Theophrasti 
«  celui  d'Occident,  comment  cet  auteur  grec  a-t  il  pu  con- 
«  noître  une  plante  de  la  partie  occidentale  de  notre  globe  ?... 
<'  Le  fruit  du  thuya  d  Occident  ressemble  à  un  petit  cône  de 
«  sapinctfe  ou  de  rnélèse  ;  sa  graine  très-fine  est  ailée.  Au 
«  contraire,  le  thuya  d'OrienI  a  le  fruit  et  la  graine  appro» 
«   chant  du  fruit  et  de  la  graine  du  cyprès  :  enfin  ,  il  semble 


T  îî  U  63 

a  que  le  thuya  de Théophraste  doit  être  celui  d'Orient,  qui 
«  est  le  plus  élevé,  dont  le  tronc  est  nu,  l'écorce  brune, 
«  et  la  lige  terminée  par  une  belle  lêle,coniquc,  formée  par 
«  les  r.Tmeaux  redressés.   «  (i) 

Ces  deux  arbres  font  l'ornement  de  nos  bosquets  ,  sur- 
tout le  thuya  de  la  Chine,  dont  la  verdure  est  plus  gaie, 
et  qui  d'ailleurs  est  très-dur  ,  et  s'acclimate  facilement  en 
Europe.  On  les  multiplie  de  semences  ,  de  marcottes  et  de 
boutures. 

On  sème  les  graines  de  thuya  dans  une  terre  légère  ,  bien 
préparée  ,  à  Texposition  du  midi  ,  aussitôt  que  les  gelées  ne 
sont  plus  à  craindre,  en  ayant  soin  de  la  peu  enterrer.  Les 
arrosemens  doivent  être  fréquens ,  mais  légers.  Pendant  les 
deux  premières  années ,  on  laisse  les  jeunes  pieds  se  fortifier  , 
en  ayant  Tattention  de  les  garantir  ,  en  hiver,  de  la  neige 
et  du  grand  froid.  A  la  fin  de  la  seconde  année,  on  repique 
chaque  pied  séparément  ,  à  deux  pieds  de  distance  en  tous 
sens.  Après  la  troisième  ou  la  quatrième  année  ,  vers  la  fin 
de  rhiver ,  on  les  place  à  demeure  ;  ils  n'exigent  plus  alors 
aucun  soin  particulier. 

Le  thuya  de  Canada  prend  très-bien  de  bouture  ,  lors- 
qu'elle est  faite  en  septembre  dans  une  terre  marneuse  et 
sur  une  plate-bande  exposée  à  l'ombre.  Pour  ces  boutures  , 
on  choisit  les  branches  de  la  même  année,  et  on  laisse  au 
bout  de  chacune  un  petit  nœud  du  bois  de  l'année  précé- 
dente -,  on  les  enfonce  de  trois  ou  quatre  pouces  ,  plus  ou 
moins,  suivant  leur  longueur.  Si  le  printemps  suivant  est 
sec  ,  on  garnit  leur  pied  d'un  peu  de  terreau,  pour  entretenir 
la  terre  fraîche  et  épargner  les  arrosemens.  En  automne  , 
ces  boutures  ont  pris  d'assez  fortes  racines  pour  pouvoir  être 
transplantées,  soit  en  pépinière,  soit  à  demeure. 

C'est  aussi  en  automne  qu'on  couche  les  jeunes  branches 
des  thuyas  ,  quand  on  veut  les  multiplier  par  marcottes  ;  les 
individus  élevés  ainsi ,  sont  ensuite  transplantés  et  traités 
comme  les  boutures.  Ces  deux  moyens  de  reproduction  sont 
prompts ,  mais  ne  donnent  pas  d'aussi  beaux  arbres  que  les 
semis.  Au  bout  de  deux  ans  ,  les  pieds  venus  de  semences 
surpassent  de  beaucoup  les  autres  dans  leur  accroissement. 
11  y  a  une  variété  du  thuya  de  Canada  à  feuilles  panachées, 
qu'on  trouve  dans  les  jardins  de  quelques  curieux  ;  on  ne 
peut  se  la  procurer  que  par  boutures  ou  par  marcottes. 


(i)  Olivier  a  rapporté,  des  bords  delà  mer  Caspienne,  un  thuya  fort 
peu  dînèrent  de  celui  de  la  Chine  ,  qui  paroit  être  celui  de  Théophraste. 
On  le  cultive  dans  les  jardins  de  Gels  et  de  Noisette.  {NoUde^l.  Jioso.  ) 


64  T  H  ÎT 

Leslhuyas  s'élèvent  d'eux-mêmes  dans  une  «lireclion  v^r- 
licalc  ,  sans  les  soins  de  l'homme  ;  à  mesure  que  leur  lôle 
se  forliiie  ,  les  branches  inférieures  se  détruisent  peu  à  peu, 
parce  que  la  sève  de  ces  arbres  tend  sans  cesse  vers  le  som- 
met ;  il  est  donc  comme  inutile  ,  ou  pluli^t  il  est  dangereux 
d'abattre  ces  branches.  On  sait  que  les  plaies  faires  aux  arbres 
résineux  par  amputation  se  cicatrisent  avec  peiiie  ,  cl  occa- 
sioncnt,  pendant  long-temps,  un  (lux  de  résine  ,  (lux  qui 
les  épuise.  Lorsqu'au  contraire  les  branches  se  détachent 
d'elles-même  du  tronc,"  il  n'y  a  point  dVxsuJafion  ,  et  les 
plaies  se  trouvent  bientôt  recouvertes  par  l'écorce. 

Les  thuyas  de  la  Chine  et  du  Canada  donnent  en  Irance 
de  la  graine  fertile  ;  ceux  de  ces  arbres  qui  étoietit  un  peu, 
forts,  n'ont  point  souffert  dans  le  terrible  hiver  de  1788  à. 
1789.  Quoiqu'ils  se  plaisent  dans  les  terrains  humides  des 
vallées,*^ ils  croissent'nussi  sur  les  terrains  secs  qui  ne  sont 
pas  arides.  Le  thuya  du  Canada  est  docile  au  ciseau  comme 
l'if.  Malesherbes  a  vu  dans  un  jardin  de  Zurich  un  vaste  ca- 
binet de  verdure  ,  composé  de  plusieurs  pieds  de  thuyas  qui 
se  rejoigooient  en  berceau,  et  formoient  un  couvert  impé- 
nétrable non-seulement  aux  rayons  du  soleil,  mais  à  la  pluie 
même.  Kalm  dij.  que  cet  arbre,  très-commun  dans  le  Canada , 
ne  se  trouve  point  vers  le  sud,  passé  le  2<=  deg.  12  min.  de 
latitude  nord.  On  le  nomme  en  Canada  et  à  Albany,  cèdre 
liane.  On  le  trouve  dans  des  terrains  de  différente  nature  , 
mais  plus  communément  dans  ceux  où  les  racines  rencontrent 
de  l'humidité  ;  il  paroît  même  préférer  les  marais.  On  en 
voit  dans  les  fentes  et  crevasses  de  montagnes  qui  ne  sont 
jamais  grands.  Les  plus  grands  thuyas  que  Kalm  ait  observés,; 
étoient  de  trente  à  trente-six  pieds  de  îiauteur.  Il  a  compté, 
quatre  vingt-douze  couches  annuelles  sur  un  tronc  de  dix 
pouces  de  diamètre  ,  et  cent  quarante-deux  sur  un  tronc  de 
quatorze  pouces.  Le  bois  de  cet  arbre  est  regardé  par  les 
Canadiens  comme  incorruptible;  ils  en  font  un  grand  usage  : 
ils  l'emploient  en  pieux  pour  leurs  clôtures,  en  palissades 
pour  les  fortifications;  ils  en  couvrent  leurs  maisons;  ils  en 
construisent  les  membres  et  la  quille  de  leurs  bateaux;  et  avec 
des  jeunes  branches  garnies  de  leurs  feuilles,  ils  en  font  des 
balais  qui  embaument  les  chambres  où  on  s'en  sert. 

Thuya  KV.'\ïCv\±,ThuyaaHirulala,Viit&{oxiiAmQs.  Cet  arbre , 
figuré  pi  R.  7  de  ce  Dictionnaire, croîtnalurellement  en  Bar- 
barie, où  Desfontaines  l'a  observé,  et  d'où  il  l'a  rapporté  en 
Europe.  C'est  un  arbre  élevé  d'environ  dix-huit  a  vingt  pieds 
dans  son  pays  natal.  Ses  branches  forment  un  angle  droit 
avec    sa  tige;    ses  rameaux  sont  nombreux,   comprimes, 


11.  7- 


JJc\.fl-C     ,M . 

X  .   T/ier    e/oix'   ■ 

2,  .  T/i/a/ti    a    J)r/it/(i/<Tr 


T  H  U  G5 

striés,  veils,  arlîculés  à  la  manière  des  prèles  ,  et  fragiles- 
Ses  feuilles  s'élèvent  au  nombre  de  quatre  de  chaque  arlicu- 
lalion  qu'elles  embrassent;  elles  sont  Irès-peliles,  érigées, 
inégales  ,  pointues  et  munies  à  leur  base  de  glandes  à  peine 
visibles.  Le  chaton  que  forment  les  liiHus  uiât..*s  est  petit  , 
ovale  ,  obtusément  létragone  et  un  peu  penche;  les  écailles 
qui  le  composent  sont  disposées  sur  quatre  rangs,  faites  en 
bouclier  ,  et  portées  sur  un  pédicelle  ;  leur  couleur  est  d'un 
jaune  pâle;  sous  chaque  écaille  on  voit  trois  ou  quatre  an- 
thères arrondies  et  sessiles.  Les  fleurs  femelles  naissent  so- 
litaires à  Texlrémité  des  rameaux;  leur  cône  est  tétragone  et 
i  angles  obtus  ;  il  est  formé  d-e  quatre  valves  ou  écailles  li- 
gneusi's,  épaisses,  faites  en  cœur,  creusées  longiludinale- 
menl  à  l'extérieur,  vers  leur  milieu  ,  convexes  intérieure- 
ment ,  et  s'ouvrant  de  la  base  au  sommet  ;  il  y  en  a  deux 
plus  grandes  ,  opposées  et  fertiles  ,  et  deux  plus  étroites  ,  qui 
sont  stériles;  les  premières  contiennent  quelques  petites  se- 
mences environnées  d'une  large  membrane. 
^  Ce  thuya  cxoî[  naturellement  en  Barbarie,  sur  les  collines 
incultes.  Desfontaines  a  observé  que  dans  un  sol  aride  ,  il  ne 
s'élève  qu'à  la  hauteur  d'un  arbrisseau  ,  tandis  que  dans  une 
lerre  substantielle  et  grasse  ,  il  acquiert  plus  de  vingt  pieds 
d'élévation. 

Jusqu'à  présent  on  avoit  cru  que  la  résine  connue  sous  le 
nom  de  sandurarpte  ou  sandarac^éloh  produite  par  une  espèce 
de  (tENEVrier  ;  mais  Broussonnet  assure  que  c'est  le  thuya 
articulé  qui  la  donne.  Elle  nous  vient  d'Afrique  en  larmes 
blanches,  plus  transparentes  que  celles  du  mastic.  On  l'ap- 
pelle aussi  vernis  ou  verm'x  ,  parce  qu'on  l'emploie  beau- 
coup dans  ces  préparations.  En  faisant  dissoudre  cette  ré- 
sine dans  de  Ihuile  de  lin  qu  de  térébenthine  ,  ou  dans  de 
l'esprit-de-vin,  on  en  compose  un  vernis  liquide  très-hianc 
et  brillant,  mais  fort  tendre.  Tout  le  monde  sait  l'usage 
ordinaire  qu'on  fait  de  la  poudre  de  sandaruquc ,  pour  adou- 
cir le  papier  sur  lequel  on  écrit,  et  pour  l'empêcher  de 
Loire. 

Celle  substance  résineuse  {Mat  méd.  de  Geoffroy)  a  à' 
peu  près  les  mêiiîes  propriétés  niediciniiles  que  le  Mastic; 
mais  on  en  fait  plus  rarement  usage  intérieurement.  Admi- 
nistrée de  celle  manière,  elle  déterge  les  ulcères  internes  et 
guérit  les  anciennes  hémorragies  ou  diarrhées  ;  extérieure- 
ment, elle  arrête  le  sang,  fortifie  les  jointures  des /nem- 
Lres;  dissoute  dans  l'huile  rosat  ou  autre  huile,  ^lle  est 
bonne  contre  les  engelures,et  propre  à  apaiser  les  douleurs 
hémorroïdales.  (d.) 


66  T  H  U 

THUIA.  V.  TnuYA  et  Thya.  (ln.) 

THUJA.  V.  Thuya,  (ln.) 

THUILÉE.  Variété  de  la  Tortue  caret,  (b  ) 

THUMARA-HINDI  {fmU  des  Indes).  Le  TAMARIN 
{tamarindus  indica,  L.  )  est  ainsi  nommé  dans  le  Dar-Four, 
royaume  d'Afrique.  Ses  fruits  mêlés  avec  de  l'eau  composent 
une  boisson  rafraîchissante.  Piles  et  desséchés  »  ils  forment 
une  pâte  qui  donne  une  décoction  cathartique  et  diapho- 
rétique.  (ln.) 

THUMERSTEIN  ou  Pierre  dethum.  Les  Allemands 
ont  ainsi  nommé  I'Axinite  ,  parce  que  c'est  la  variété  qui  se 
trouve  aux  environs  de  la  ville  de  Thum  qu'ils  ont  connue 
la  première.  V.  Axinite.  (ln.) 

THUNRERGE,  Thunbergia.  Genre  delà  didynamie  an- 
giospermie  et  de  la  famille  des  acanthoïdes  ,  dont  les  carac- 
tères consistent  :  en  un  calice  double,  l'extérieur  diphylle  et 
l'intérieur  à  douze  dents  ;  en  une  corolle  campanuJée  ,  à  cinq 
divisions  obtuses  ;  en  quatre  étamines,  dont  deux  plus  courtes  ; 
en  un  ovaire  supérieur  surmonté  d'un  style  simple  ;  en  une 
capsule  à  deux  loges,  terminée  par  deux  cornes. 

Ce  genre  ,  fort  voisin  du  Septas,  renferme  deux  plantes 
volubles,h  feuilles  opposées  et  à  fleurs  solitaires  et  axillaires. 

L'une  f  la  Thunberge  du  Cap  ,  a  les  feuilles  ovales  ob- 
tuses, velues  en  dessous,  et  la  corolle  jaune.  Elle  vient  du 
Cap  de  Bonne-Espérance,et  se  rapproche  des  Barrelières. 
Voyez  ce  mot. 

L'autre,  la  Thunberge  odorante,  a  les  feuilles  en  cœur 
aigu,  anguleuses  à  leur  base  ,  et  glabres.  Elle  vient  de  l'Inde , 
et  se  rapproche  des  Liserons.  Sa  fleur  est  odorante. 

On  a  aussi  donné  ce  nom  à  un  autre  genre  qui  a  été  de- 
puis réuni  aux  Gardènes.  (b.) 

THUNDERSTONE  ou  pîerre  de  tonnerre.  V.  BÉLEMt 
NITE.  (DESM.) 

THUOC  DUOC.  Nom  que  la  Pivoine  {pœonîa  offidnalis) 
porte  en  Cochinchine.  (ln.) 

THUOC  GIOI.  T.  Mau  soi  cot.  (ln.) 

THUOC  KUU.  Loureiro  nous  apprend  que  la  plante, 
ainsi  nommée  à  la  Cochinchine  ,  est  l'Armoise  vulgaire.  V. 
Ngai-ye.  (ln.) 

THUOC-ONQUANAM-BIENetMAN-KINH.Noms 
donnés  en  Cochinchine  à  un  G  atilier  (  viiex  trifoUa  ,  Linn.  ) 
qui  croît  sur  les  bords  de  la  mer.  Ses  fruits  sont  très-em- 
ployés par  les  médecins  de  l'Inde  ,  tant  intérieurement 
qu'extérieurement.  Ils  sont  échâuffans,  céphaliques,  emuié- 
nagogues^   et   utiles  dans  les   foiblesses   des  membres    et 


T  H  Y  67 

ia  paralysie.  La  plante  a  «n  goût  amef;  elle  exhale  une 
odeur  forte  ,  un  peu  aromatique.  Tuoc-on  est  le  nom  du  Ne- 
gundu  ,  autre  espèce  du  même  genre,  nommée  Muem-Kim  en 
Chine,  (ln.) 

THUONG-THAO.  Espèce  de  clématite  ainsi  nommée 
en  Cochinchine,  et  dont  les  fleurs  sont  dioîques  comme 
dans  le  clematis  dioka  ,  L. ,  qui  n'est  pas  la  même  plante, 
comme  le  croyoit  Loureiro.  La  plante  de  Cochinchine  est 
le  clematis  loureiriana  ,  Dec.  (LN.) 

THUR.  En  Pologne  et  en  Lithuanie,  ce  nom  est  celui  de 
Vaurochs  ,  espèce  de  Bœuf.  V.  ce  mot.  (desm.) 

THURAIRE  ,  Thuraria.  Arbuste  rameux  ,  à  feuilles  al- 
ternes, roides  ,  pétiolées  ,  ovales  ,  entières  ,  caduques  ,  et  à 
fleurs  terminales  ,  qui  forme  ,  au  rapport  de  Molina  ,  dans 
la  décandrie  digynie  ,  un  genre  fort  voisin  des  Codons. 

Ce  genre  apourcaraclères:un  calice  tubuleux;  une  corolle 
monopétale  ,  infundibuliforme  ,  entière  ;  dix  étamines  ;  deux 
ovaires  supérieurs,  surmontés  chacun  d'un  style  sétacé  ;  une 
capsule  biloculaire  et  disperme. 

Le  thuraire  croît  au  Chili.  Il  transsude  de  son  écorce  une 
résine  blanche  qu'on  recueille  en  automne,  et  qui,  mise 
sur  des  charbons  ardens  ,  répand  une  odeur  des  plus  suaves. 
Elle  est  fort  amère  :  on  l'appelle  eîicens  àdins.  le  pays  ,  et  on 
l'emploie  aux  mêmes  usages  que  le  véritable  encens,  (b.) 

THURIS  LIMPIDÏFOLIUM.  J.  Bauhin  ,  Dale- 
champs  ,  Lobel ,  ont  désigné  ainsi  le  sarmcenia  fiava  ,  plante 
de  l'Amérique  septentrionale ,  dont  les  feuilles  sont  droites, 
tubuleuses  et  fermées  par  nn  opercule,  (ltm.) 

THURON  ou  THURUS.   C]tsK  Vaurochs  ou  bœuf  de   ' 
Pologne.  Voy. ,  à  l'article  Bceuf,  l'histoire  de  cette  espèce,  (s.) 
THUS.  Nom  latin  de  I'Encens.  C'est  le  Ubanos  ou  liba- 
noion  des  Grecs,  (ln.) 

THUS  TERRAE,  L'un  ^ts  noms  du  chamœpiiys  des  an- 
ciens, (ln.) 

THUSAI  et  TUSAL  Noms  orientaux  des  Couronnes 
impériales,  selon  Clusius  ,  etc.  (ln.) 

THUY  XUONG  BO.  Nom  donné,en  Gochinchine,àro- 
rontium  coi:hinchinense.  (LN.) 

THYA  ou  THYON  ou  THUEIA,  et  encore  THUIA  ou 
THUYA.  Arbre  vert  mentionné  par  Théophraste,  et  dont 
Pline  parle  d'après  cet  auteur  grec  ,  en  le  nommant 
irogetes  ,  thya  ci  brida,  ihéophraste  place  le  ////a  parmi  les 
arbres  verts  sauvages  ;  il  le  dit  semblable  au  cyprès,  surtout 
au  cyprès  sauvage,  par  ses  rameaux  très- élevés  ,  ses  feuil- 
les,  son  tronc   et  son  fruit.  11  croissoit  au  sommet   des 


68  T  TT  Y 

montagnes.  Selon  Pau9anias,oD  avoit  sculpte,  avec  son  bois, 
des  figures  de  Merrure  de  huit  pieds  de  longueur.  «Cet  arbre, 
dit  Pline, a  été  connu d'iiomère;  il  est  appelé  trogetes  el  aussi 
Ihya  par  d'autres  personnes.  Homère  le  place  parmi  les  par- 
fums qu'on  brùloit  ,  à  cause  de  leur  bonne  odeur,  chez 
Circé,  qu'il  considéroit  comme  une  déesse.  C'est  une 
erreur  fort  grande  de  croire  avec  certaines  gens ,  que  par 
ce  nom  Homère  ail  entendu  indiquer  collectivement  tous 
les  parfums  ;  en  effet,  il  cite  dans  le  même  vers  le  cèdre 
et  le  larix  ,  d'où  Ton  voit  manifeslemerft  qu'il  a  voulu  dési- 
gner des  arbres  seulement.  Théophraste,  qui  fut  le  premier 
écrivain  du  temps  d'Alexandre-le- Grand  ,  environ  4.4.0  ans 
après  la  fondation  de  Rome  ,  parle  avec  grand  éloge  de  cet 
arbre,  et  dit  que  la  charpente  de  plusieurs  anciens  temples 
est  faite  avec  son  bois  ,  de  nature  pour  ainsi  dire  immortelle 
et  incorruptible  ,  el  qui ,  employé  pour  les  toits  ,  résisloil  à 
toutes  les  vicissitudes.  Rien  de  plus  contourné  que  sa  ra- 
cine ;  aussi  en  fait  on  les  ouvrages  les  plus  précieux.  C'est 
principalement  autour  du  temple  de  Jupiter  Ammon  qu'existe 
cet  arbre.  11  croit  aussi  dans  la  partie  inférieure  de  la  Cyré- 
naïque.  Mais  pour  les  tables  faites  avec  ce  bois  ,  Théo- 
phraste n'en  parle  pas  ;  aussi  n'en  est-il  question  que  depuis 
Cicéron  ,  du  temps  duquel  elles  parurent  pour  la  première 
fois.  11  y  a  un  autre  arbre  du  même  nom  ,  produisant  une 
pomme  rejetée  par  quelques  gens,  à  cause  de  son  odeur  et  de 
son  amertume  ,  et  recherchée  pard'autres,  dont  on  décore  les 
maisons,  et  nous  n'en  dirons  rien  de  plus.  »  Plin.liv.  i3  ,  ch. 
16.  Ce  second  thya  est,  dit-on,  le  citronnier.  Ce  même  natu- 
raliste s'exprime  delà  manière  suivante  à  l'égard  àuùiula,  liv. 
12,  ch.  17.  «  L'homme  est  tellement  rassasié  de  ce  qu'il  pos- 
sède, qu'il  recherche  avec  avidité  ce  qui  est  à  autrui.  Ainsi  les 
Arabes  vont  jusque  dans  la  contrée  des  Héliméens  cher- 
cher l'arbre  hruhi ,  semblable  au  cyprès  étalé  ,  dont  les  ra- 
meaux sont  blanchâtres,  et  qui  briilent  en  exhabnl  un  par- 
fum délicieux  ,  qui  ,  dans  la  chronique  de  l'empereur  Claude 
César  ,  est  donné  pour  une  chose  surprenante.  Les  Parthes, 
y  est-il  dit,  parfument  leur  boisson  avec  les  feuilles  de  cet 
arbre  :  son  odeur  est  voisine  de  celle  du  cèdre,  et  sa  fumée 
e  t  un  remède  contre  les  autres  bois.  Cet  arbre  croît  au  delà 
du  Pasitigris  ,  sur  le  mont  Zagrus  ,  sur  les  frontières  de  la 
ville  de  Silaca.  » 

Ainsi  donc  le  -ihya  croissoit  en  Afrique ,  et  le  bruta  en 
Asie,  au-delà  du  Tigre;  tous  les  deux  étaient  des  arbres 
verts  , semblables  au  cyprès,  et  donnant,  lorsqu'on  les  brù- 
loit ,  une  odeur  analogue  à  celle  du  cèdre  ;  tous  les  deux 


T  Tî  Y  69 

éfoient  des  arbres  peu  connus.  Il  n'est  p.ns  prouvé  qu'ils 
appartinssent  à  la  inéuie  espèce  ;  cependant  on  ne  sauroit 
douter  qu'ils  ne  fussent  des  arbres  delà  famille  des  conifères. 
G.  Bauhin  les  rapporte  tous  deux  au  /huya  ocn'denia/is ,  ce  qui 
paroît  extraordinaire  ,  puisque  cet  arbre  a  été  apporté  du 
Canada  sous  François  1.^^  ;  mais  il  a  peut-être  confondu  en 
une  seule  espèce  ce  thuya,  sa  variété  qui  croît  en  Sibérie  , 
elle  thuya  d'Orient,  llest  possible  même  que  le  hrula  ÎÛX 
ce  dernier  arbre  ou  le  iJiiiya  qu'on  trouve  en  Sibérie  :  et 
il  n'est  peut-être  pas  ridicule  de  rapporter  le  ihuya  d'Afrique 
au  ilniya  artiailata  ^  Desf.  ,  ou  même  au  ihiiyacvpresso'ides^  L., 
bien  que  celui-ci  n'ait  été  observé  qu'au  Cap  de  Bonne- 
Espérance. 

Clusius  a  figuré  sous  le  nom  à'ahJiel  ou  hahel ^  un  fruit 
analogue  à  celui  des  cyprès  ,  mais  plus  petit ,  qu'il  avoit  reçu 
de  Syrie  ,  mais  qui  se  trouve  aussi  en  ligvple  et  en  Arabie, 
et  qu'il  dit  être  celui  d'un  arbre  fort  connu  dans  (nu!  TOrient. 
Il  le  rapproche  du  thya  des  anciens  ;  car  il  n'est  pas  de  l'avis 
de  C.  liauhin  qui  le  retrouve  dans  notre  thuya  ,  ni  du  senii- 
inent  d'Anguillara,  qui  le  rapporte  aune  variété  de  la  Sabime, 
espèce  de  genévrier  ,  mais  à  tort  ,  puisque  le  fruit  dçs  gené- 
vriers est  une  baie,  et  non  pas  un  cône  écailleux  comme  celui 
<lu  cyprès  auquel  Théophrasle  dit  que  le  fruit  du  thuya  res- 
semble. Uabhel  est  considéré  avec  doute  ,  par  G.  lîauliin  , 
comme  le  grand  cèdre  de  Dioscoride  ,  et  il  y  ajoute  encore 
avec  doute  le  synonyme  de  thya  de  Théophraste  :  il  men- 
tionne lui-même  l'arbre  qui  fournil  Vahhcl  sous  le  nom  à'ar- 
hor  l'Aipresso  similis  syria.  Cet  arbre  est  le  tac  décrit  par  l'au- 
svolfius  ,  sur  lequel  on  recueille  une  sorte  de  gomme  ,  dite 
taxa.  Ainsi  cet  arbre ,  peu  connu  des  botanistes,  seroit  pro- 
bablement le  thya  de  Théophrasle.  Mais  la  plante  donnée 
pour  telle  par  C.  Bauhin  {  l  urhor  vliœ  de  Bclon  ,  Clusius, 
Dodonée)  ,  a  conservé  le  nom  de  thuyn,  et  est  devenue  le 
type  d'un  genre  pou  nombieux  en  espèces  ,  dans  lequel 
Linnrcus  avoit  placé  le  tamanx  arliculala  ^  Forsk.  (ln.) 

THYASSiïvE,  Thyassim.  Genre  de  coquilles  établi  par 
Léncb.  Une  diffère  pas  de  celui  appelé  Ligule  par  Monlagu, 
et  Ampiiidesme  par  Lamarck.  Voy.  ce  dernier  mol.  (b.) 

THYl  TES.  C'est,  dans  les  anciens,  le  nom  d'une  espèce 
de  marbre  qui  s'exploitoit  en  Laconie.  (i>N-) 

THYîTKS.  Pierre  dont  il  est  fait  mention  dans  les  ou- 
vrages de  Dioscoride,  et  qui,  selon  Bertrand,  paroît  être 
une  sorte  d'argile  endurcie  et  vcrdâtre.  (desm.) 

r.HYLACàOX.  Nom  que  ics  Grecs  donnoienl  aux  folli- 
eules  de  l'ornje.  (^i/-.) 


7^^  T  II  Y 

THYLACIS.  Illîger,  Proûr.Syst.mamm.  etapîum,  propose 
de  changer  le  nom  de  perameles  dont  la  composilion  lui  paroît 
vicieuse,  en  celle  de  thylacis ,  pour  désigner  un  quadrupède 
marsupial  de  la  Nouvelle-Hollande.  Voy.  Peramèle.  (desm.) 
THYLACITIS.  Reneaulme  donne  ce  nom  à  la  variété 
grandiflore  de  la  GE^mA]SE  acaule,  (ln.) 
THYM.  Voy.  Thim.  (desm). 

THYM  ou  THYMALE.  Poisson  du  genre  Salmone.  (b.) 
THYM  BLANC.  C'est  la  Germandrée  des  montagnes,  (b.) 
THYM  DES  MONTAGNES.    C'est,    à  Saint-Domingue,  la 

TURNÈRE  A  FEUILLES  DORÉES.  (B.) 

THTxMdesSxVVanes.  C'est  ,  à  la  Martinique,  la  Turnère. 

DES  montagnes,  (b.) 

THYMALE,  Thymalus.  Genre  d'insectes  de  l'ordre  des 
coléoptères ,  section  des  pentamères  ,  famille  des  clavi- 
cornes ,  tribu  des  peltoïdes. 

On  avoit  d'abord  confondu  ces  insectes  avec  les  sitpha  de 
Linnœus,  ou  Uspeliis  de  Geoffroy.  Fabricius  ayant  cru  devoir 
les  en  séparer,  en  a  formé  un  genre  propre  qu'il  a  désigné 
de  celte  manière  ,  et  avec  d'autant  moins  de  raison  que  le 
naturaliste  français  n'en  a  décrit  aucune  espèce.  L'inconvé- 
nient qui  résulte  de  celte  fausse  application  nominale,  m'a 
déterminé  à  substituer  au  mot  peltis  celui  de  thymalus.  Tous 
les  entomologistes  de  l'Allemagne  et  du  nord  de  l'Europe  ont 
néanmoins  conservé  la  dénomination  de  Fabricius. 

Les  thymales  diffèrent  des  silpha  de  Linnœus  par  leurs 
mandibules  terminées  en  une  poinle  bifide;  ils  se  rappro- 
chent beaucoup  plus  des  nllidules  ;  mais  les  articles  de  leurs 
tarses  sont  entiers;  leurs  palpes  sont  plus  gros  à  leur  extré- 
mité ,  et  leurs  mâchoires  sont  armées,  au  côté  interne,  d'une 
dent  cornée.  Le  port  est  d'ailleurs  le  même.  Ces  insectes  se 
trouvent  sous  les  écorces  des  arbres  morts  ,  mais  plus  parti- 
eulièrement  en  Allemagne  et  en  Suède  ;  car  on  n'en  a  encore 
découvert  en  France  qu'une  seule  espèce,  savoir  :  le  Thy- 
MALE  à  BORDURE,  2'hymalus  Umbaiiis,  qui  est  le  peltis  limbata 
de  Fabricius ,  nommée  bninnea  par  Paykull.  Elle  est  petite  , 
presque  hémisphérique  ,  d'un  brun  bronzé,  pubescente  ,  avec 
îe  limbe  extérieur  rougeâlrc;  les  élytres  ont  des  stries  ponc- 
tuées. L'insecte,  dans  l'état  vivant,  est  souvent  parsemé  d'une 
poussière  blanche  qu'on  peut  enlever,  mais  qui  reparoît.  Le 
T.  ÉCHANCRÉ,  T.lunatus  {Silpha  liinata,  Oliv.  ;  Peltis  grossa  ^ 
Fab.),  est  presque  une  fois  plus  grand  que  le  bouclier  thora^ 
ciqiie  ,  ovoïde  ,  aplati ,  d'un  brun  noir  ,  glabre  ,  avec  le  cor- 
selet très-court ,  fortement  échancré  ep  devant ,  très-poia- 


T  H  Y  71 

tilIé;  l'écusson  petit,  arroncli;  les  élytres  grandes,  profondé- 
ment ponctuées,  et  ayant  trois  lignes  élevées. 

Le  T.  FERRUGINEUX  ,  T.  ferrugineus  (  Peliis  feiruginea , 
Fab.  )  ,  a  la  même  forme  ;  mais  il  est  beaucoup  plus  petit  p 
de  couleur  ferrugineuse  ,  avec  six  lignes  élevées  sur  les  étuis , 
et  deux  rangées  de  points  enfoncés  dans  les  intervalles.  Le  T. 
DENTÉ  ,  T.  dentata  {Sïlpha  dentata  ,  Fab.),  est  plus  allongé  , 
plane,  d'un  noir  obscur,  raboteux,  avec  des  lignes  garnies 
de  petits  faisceaux  de  poils  sur  le  corselet  et  les  élytres.  Cette 
espèce  est  plus  rare  et  se  trouve  dans  les  troncs  pourris  des 
pins  et  des  sapins,  (l.) 

THYMALON,  THYMON.  Deux  noms  grecs  de  TIf 
(  taxus  haccaia  )  cbez  les  anciens,  (ln.) 

THYMARNOLION  des  mages  ou  philosophes  de  l'an- 
tiquité. C'est  la  plante  nommée  hippomarthrum  par  les  Grecs. 
V.  ce  mot.  (ln.) 

TIIYMBRA  ,  Thymhra.  Genre  de  plantes  de  la  didyna- 
mie  gymnospermie  et  de  la  famille  des  labiées,  dont  les  ca- 
ractères consistentren  un  calice  tabulé,  bilabié  et  marqué  exté- 
rieurement, sur  chaque  côte,  d'une  rangée  de  poils  ;  en  une 
corolle  bilabiée  ,  dont  la  lèvre  supérieure  est  bifide ,  et 
l'inférieure  trilobée  ;  en  quatre  étamines,  dont  deux  plus 
courtes  ;  en  quatre  ovaires  ,  du  centre  desquels  sort  un  style 
demi  bifide  ;  en  quatre  semences  nues  au  fond  du  calice  qui 
persiste. 

Ce  genre  renferme  des  plantes  à  feuilles  opposées  et  à 
fleurs  disposées  en  verticilles  ou  en  épis  terminaux.  On  en 
compte  trois  espèces,  qui  ont  une  odeur  approchant  de  celle 
du  thym  ,  et  les  mêmes  piopriélés  médicales. 

Le  ToYMJiRÂ  EN  ÉPIS  a  les  fleurs  en  épis  ;  il  est  vivace  et 
se  trouve  en  Grèce  et  en  Syrie. 

Le  Thymbra  verticillé  a  les  fleurs  verticitlées  ;  it  est  vi- 
vace et  se  trouve  dans  les  parties  méridionales  de  l'Europe, 
où  on  l'appelle  hyssope  de  montagne. 

Le  Thymbra  cilié  a  les  fleurs  en  tête,  les  feuilles  linéai- 
res et  ciliées  ;  il  est  vivace  et  se  trouve  sur  les  côtes  de  la 
Barbarie. 

Le  Thymbra  de  la  Caroline, de  Walter ,  constitue  au- 
jourd'hui le  genre  Macbridée  d'Elliot.  (b.) 

THYMBRA.  Nous  avons  parlé,  à  l'article  saturéia  ^  Aei 
plantes  que  les  Grecs  nommoient/A/mè/a  et  thymhri  ^  qui  sont 
kosSarriettes, lesquelles  ont  élé  nommées  autrefois  thymbra 
par  les  botanistes.  Actuellement  l'on  nomme,  avec  Linnœus, 
thymbra^  un  genre  de  plantes  delà  famille  des  labiées  ,  assez 
éloigné  du  satureia  ,  et  qui  ne  comprend  qu'une  seule  àt% 


7^'  T  n  Y 

plantes  désignées  primitivement  par  ce  même  nom;  c'est  le 
ihymbra  spicata  de  Barrclier  (  Icon.  laSi  ),  qui  est  peut-être 
l'un  des  anciens  Ihymhra  ^  de  même  que  le  satureia  thymhra. 
Adanson  adopte  le  genre /A/mAra,  Linn.  ,  mais  le  nomme 
abulfali.  Il  ne  faut  pas  y  rapporter  :  i.°  le  ihymbra  capensis  de 
Plukenet(Alm,,  t.  229,  fig.  5),  qui  est  \e  pnfygahihelsteria,  L.  ; 
a."  le  genre //?jm^r«  de  ïourneforl ,  qui  comprend  les  espèces 
de  thym  dont  les  (leurs  sont  verlicillces.  axillaires,  et  munies 
d'un  calice  terminé  par  cinq  soies.  V.  Tjiyjvibra,  ci-dessus. 

(LN.) 

THYMBRE.  Nom  vulgaire  spécifique  d'une  Sariette  et 
de  TOrigats  coMivruN.  (b.) 

Ti3Y\IELAEA  ,  et  Thymelaia.  Arbrisseau  mentionné 
dans  les  écriis  de  Pline  et  de  Dioscoride  ,  et  qui  avoit  à 
la  fois  l'aspect  du /////yTO«/«5  et  de  l'olivier  (par  la  forme  et 
les  feuilles);  c'est  ce  qu'exprime  thymelaia  en  grec.  Pline 
commence  rënuméralion  des  arbustes  qui  croissent  en  Asie 
et  en  Grèce  ,  par  la  citation  de  Vellèbonne^  et  par  une  courte 
description  du  tliymclira.  «  Du  nombre  de  ces  arbustes  ,  dit- 
il ,  est  celui  qui  produit  le  graniim  - gmdiuin,  et  que  quelques 
personnes  appellent  iinum.  L'arbuste  ihymelœa ^  est  encore 
nommé  rhame'œa  (olivier  nain  ),  pyros  arhne  ^  cnestron  ou 
f.neorum.  Il  ressemble  à  Tolivier  sauvage  :  ses  feuilles  sont  plus 
étroites  et  gommcuses  lorsqu'on  les  mord  ;  il  a  la  gr.mdeur 
du  myrte,  et  une  graine  semblable,  en  forme  et  en  couleur,  à 
celle  du  froment ,  et  dont  on  ne  se  sert  qu'en  médecine 
(  Plin.  ,  liv.  i3  ,  ch.  21.  )  . .  .  .  La  graine  de  iliymelœa  a  la 
couleur  du  corcus  (  espèce  de  galle  brune  qui  vient  sur  le 
chêne  cocheniliirère),  et  est  un  peu  plus  grosse  que  le  poivre; 
elle  est  caustique  et  brûlante  ;  aussi,  quand  on  veut  en  faire 
«sage,  on  l'enveloppe  avec  de  la  mie  de  pain  afin  qu'elle  ne 
brûle  point  la  gorge  en  l'avalant.  C'est  un  remède  qui  agit 
avec  promptitude  sur  les  personnes  empoisonnées  avec  de  la 
ciguë;  il  est  propre  à  resserrer  l'estomac.  »  (Plin,  liv.  27, 
chap.  9.  ) 

Chez  I)ioscft;-îdc ,  il  est  dit  :  que  le  thymelaia  est  la  plante 
qui  porte  le  coccos gnidlos  ou  corcognidion,  qu'en  Syrie  on  ap- 
pelle apoUmim  parce  qu'il  ressemble  au  lin  qu'on  sème,  qu  il 
produit  plusieurs  rameaux  d'un  bel  aspect,  quoique  grêles  et 
de  deux  coudées  de  hauteur  (trois  pieds);  qu'il  a  les  feuilles 
pareilles  à  celles  du  chamelaia,  mais  plus  étroites  et  plus 
épaisses,  et  gluantes,  et  gommeuses  lorsqu'on  les  mord;  que 
sa  fleur  est  blanche,  et  sa  graine  ronde  comme  celle  du  myrie, 
d'abord  verte,  et  puis  rouge;  que  l'écorce  de  son  fruit  est  dure  et 
coire  en  dehors,  blanche  en  dedans;  que  ses  feuilles  sont  nom- 


T  H  Y  '73 

inccs  particulièrement  c«^oro«;  qu'il  croît  sur  les  montagneiï 
arifles,  et  que  ceux  qui  disent  que  \e  corcos  gnidion  est  le  fruit 
du  clianieliiici,  sont  dans  l'erreur,  abusés  sans  doute  par  la  res- 
semblance de  leurs  feuilles.  Dioscoride  expose  aussi  l'emploi 
médical  et  les  vertus  du  thymelaia;  on  empioyoit  ses  graines 
et  ses  feuilles  comme  purgatives,  et  lorsqu'on  faisoit  usage 
des  feuilles  il  falloit  supprimer  leurs  côtes  (  pétiole  ) ,  et  les 
piler  ensuite,  etc.,  etc. 

On  ne  trouve  point  le  lliymelaia  dans  Thcophrasle  ,  mais 
il  décrit  un  cneuron  dont  il  distingue  deux  espèces, que  quel- 
ques botanistes  ont  dit  être  le  chamelaia  et  le  thymelaîa  de 
Dioscoride. 

Chezlialicn  ,  il  n'est  question  que  du  chamelœa  qu'il  donne 
pour  une  plante  très-anière  ,  utile  ponr  nionditier  les  vieux 
ulcères.  Mais  Dioscoride  distingue  ce  chamelaia  du  Ihymelaia 
que  'l'iiéophraste  paroît  avoir  confondu  dans  son  cneorum.  Se- 
lon Dioscorid'.',  le  rhamœlaia  étoit  une  plante  haute  de  huit  à 
dix  pouces  ,  à  feuilles  semblables  à  celles  de  l'olivier ,  mais 
plus  petites  et  qui  éloient  brûlantes ,  purgatives ,  et  qu'on  em- 
pioyoit ,  comme  le  dit  (ialien  ,  pour  nettoyer  les  ulcères. 
Pline,  qui  avoit  d'abord  dit  que  le  thymelœa  s'appcloit  aussi 
chamelœa  ,  décrit  ailleurs  le  vrai  chamelœa  comme  un  pe- 
tit arbuste  sarmenteux  ,  pas  plus  haut  de  huit  pouces  ,  et 
à  feuilles  et  baies  semblables  à  celles  de  l'olivier,  etc. 

L'on  a  diversement  rapporté  le  ^/ijmc/<E(^/  et  le  chamelaea\ 
d'abord  le  pren>ier  a  été  désigné  aussi  pan  ihynie/œa, chamelœa, 
Diosc.  ;  et  le  second,  par  chamelœa  tout  simplement,  ou  par 
chamelœa  nigra. 

Enfin  il  nous  reste  à  parler  du  cneoron  de  Théophraste  ; 
Pline, qui  transcrit  cet  auteur,  admet  avec  lui  deux  espèces 
de  cneuron;  l'une  noire  ,  l'autre  blanche  et  odorante  ,  toutes 
les  deux  rameuses,  et  qui  (ieurissoient  après  l'équinoxe  d'au- 
tomne. Nous  avons  vu  que  Pline  place  le  nom  de  cneoron 
parmi  les  synonymes  de  ihymelaea^  et  dans  un  autre  passage 
il  dit  que  c'est  le  casia  d'Hyginus.  Le  cneoron  blanc  de  Théo- 
phraste avoit  les  feuilles  coriaces  ,  oblongues,  semblables  à 
celles  de  l'olivier  ;  tandis  que  les  feuilles  du  cneoron  noir 
étoient  charnues,  pareilles  à  celles  du  tamarisc.  Le  cneoron 
Z>/anc  s'éle  voit  moins  de  terre,  et  sentoit  peu;  \e  cneoron 
noir,  au  contraire  ,  avoit  une  forte  odeur;  leurs  racines  s'en- 
fonçoicnt  profondément,  et  leurs  rameaux  nombreux,  courts, 
ligneux  ,  se  divisoient  presque  dès  le  pied  ,  comme  chez 
l'osier,  etc. 

Maintenant  voici  les  opinions  des  botanistes  sur  ces  di- 
verses plaiilcs; 


74  T  H  Y 

Le  Thymel.ea  ou  Ihymelaia  de  Dîoscoride  et  de  Pline  » 
est  rapporté  au  âaphne  gnidium  par  Malthiole  ,  Dodonée , 
Gesner  cl  la  plupart  des  botanistes.  Anguillara  cite  le  cneorum 
tricoccon,  Valérius  Cordus  le  daphne  mezeream ,  et  Tragus  le 
daphne  laiireofa. 

Le  CiiAMEL^EA  ou  chamelaia  des  Grecs  et  des  Latins  ,  se- 
roit,  suivant  Matthiole,  Dodonée,  et  beaucoup  d'autres  am- 
icurs,  \e  aieomm  tricoccum,  L.  ;  Tragus  veut  que  ce  soitle  daphne 
Tfiezereum.  Anguillara  croit  que  le  daphne  collina  est  le  chame- 
hKa  ou  le  cneoron  de  Galien. 

Les  CiSEORONsdeThéophraste  et  de  Pline  sont  rapportés, 
savoir  :  i."  Le  Cneoron  noir,  srn passerina hirsuia^  par  Césat- 
pin  ;  au  daphne  r.neontm  ,  par  Mallhiole  ,  Clusius  ,  etc.  , 
et  au  rosmarimis  officinalis  par  Dodonée  et  par  Dale- 
cî'?mps  qui  le  nomme  casia  nigra  Theophrasti.  2.°  Le  ClSEO- 
RON  BLANC ,  au  daphne  mezereum^  par  quelques  naturalistes  ;  au 
comwbulus  cneorum  ,  par  Dalechamps  ;  et  au  saponaria  ocy- 
mdîdes  ,  par  Matthiole. 

En  résumé  ,  ces  quatre  plantes  des  anciens  sont  générale- 
ment rapportées  au  daphne  gnidium^  au  cneorum  tricoccon ,  au 
daphne  cneorum  et  au  conoobulus  cneorum.  Il  est  à  remarquer 
que  l'espèce  de  daphne  désignée  ])arthyme/œa  ne  se  trouve  point 
au  nombre  des  végétaux  cites  ci-dessus. 

Les  plantes  que  les  botanistes  ont  désignées  par  ihymelœa  , 
jjsqu'à  Linnœus ,  sont  des  espèces  de  daphne,  de  passerina, 
<\q  g/obuhiria ,  et  le  cneorum  tricoccon  ,  Linn.  Le  genre  que 
'J^ournefort  nommoit  thymelœa ,  se  composoit  des  genres, 
daphne,  passerina  et  stelkra,  L.  Quelques  botanistes  du  temps 
de  Tournefort,  ou  qui  lui  ont  succédé,  ont  continué  à  faire 
usage  de  cette  dénomination  ,  et  ils  ont  indiqué  des  plantes 
exotiques  telles  que  des  espèces  de  protea  et  de  lachnœa 
(  Plukn.  )  ,  de  slrutthiola  et  de  passerina  (  Burman.  )  ,  de  gni- 
dia  (  Burm.  et  Breyn.  )  ,  \]iedyoiis  rupestris  ,  L.  et  le  iourne- 
foriia  siiffru/icosa  (Sloan.  ),  le  dirca  pabislris  (  Gronov.  ).  Main- 
tenant il  n'y  a  plus  de  genre  du  nom  de  thymelœa  en  bota- 
nique, quoique  Haller  ait  cherché  à  le  faire  revivre  en  le 
substituant  au  nom  de  daphne.  V.  LaurÉole.  (ln.) 

THYMÉLEE.  Plante  du  genre  des  Lauréoles.  (b.) 

THYMÉLEES.  Famille  de  plantes  qui  répond  à  celle 
appelée   des  Dapunoïdes  par  Ventenat.  (b.) 

THYMIAMA.  Ecorce  de  l'arbie  qui  fournit  Volihan.  V. 
Narcaphte.  (s.) 

THYMO.  C'est  le  Sai.motse  thymale.  (b.) 

TUYMON  ou  THYMOS.  V.  Thymus,  (ln.) 

THYxMOPHYLLE ,  Thymophylla.  Sous-arbrisseau  de  k 


T  H  Y  7^^ 

Nouvelle-Espagne,  à  rameaux  articule's  ,  à  feuilles  oppo- 
sées ,  sétacées  ,  velues  ,  à  fleurs  solitaires  à  rextrémité  des 
rameaux ,  qui  seul  constitue  un  genre  dans  la  syngénésie 
égale  et  dans  la  famille  des  corymbifères. 

Les  caractères  de  ce  genre  ,  selon  Lagasca  ,  sont  les  sui- 
vans  :  calice  commun  monophylle  ,  campanule,  dénié  ;  ré- 
ceptacle nu  ;  aigrette  formée  par  cinq  écailles  tronquées  et 
fort  courtes,  (b.) 

THYMUM.  F.  Thymus,  (ln.) 

THYMUS  ou  THYMUM  des  Latins  ,  Thymos  et  Thy- 
MON  des  Grecs. 

Théophraste  indique  deux  sortes  de  thymos  ,  Tune  blanche 
et  l'autre  noire.  11  dit  que  le  thymos  est  fort  tardif  à  fleurir  , 
car  il  commence  à  donner  des  fleurs  vers  le  solstice  d'été, 
et  il  fait  observer  que  les  abeilles  vont  alors  recueillir  leur 
miel  sur  cette  plante. 

Selon  cet  auteur  ,  les  jardiniers  jugeoient  à  la  vue  du  thy- 
mos si  la  saison  du  miel  seroit  bonne  ou  mauvaise. «En  effet, 
dit-il  ,  si  les  fleurs  tombent  de  bonne  heure  ,  ce  qui  peut 
être  causé  par  les  pluies  ,  le  miel  ne  sera  pas  abondant ,  et 
la  récolte  du  miel  sera  mauvaise.  On  aperçoit  aisément , 
ajoute-t-il ,  la  graine  du  ihymbra,  et  même  celle  de  Vuriga- 
juirn  ;  mais  il  est  impossible  de  trouver  celle  du  thymos ,  tant 
elle  est  mêlée  de  fleurs. 

Selon  Dioscoride ,  «  le  thymos  est  fort  commun  et  fort 
c^)nnu.  C'est  une  petite  herbe  qui  produit  plusieurs  ra- 
meaux, entourés  de  plusieurs  feuilles  petites,  étroites  et 
menues,  à  la  cime  desquels  naissent  de  petites  têtes  ou  de 
petits  bouquets  garnis  de  fleurs  incarnates.  11  croît  dans  les 
lieux  maigres  et  pierreux.  Pris  en  boisson  avec  du  vinaigre 
et  du  sel ,  il  purge  les  flegmes  :  sa  décoction  est  profitable 
à  tous  ;Ceux  qui  ont  l'haleine  courte  ;  elle  est  vermifuge  , 
diurétique  ,  emménagogue;  et  même  cause  la  sortie  du  fœtus. 
Administré  en  électuaire  avec  du  miel,  il  fait  expectorer; 
appliqué  avec  du  vinaigre  ,  il  résout  toutes  tumeurs  récentes 
et  le  sang  caillé.  Il  enlève  les  verrues  pendantes  dites  thymos: 
applique  avec  du  vin,  il  soulage  les  sciatiques.  Il  est  fort  boa 
pour  les  foiblesses  de  la  vue  ,  si  l'on  continue  à  en  manger. 
11  donne  fort  bon  goût  à  la  viande  et  aux  sauces  ,  et  profite  à 
ceux  qui  sont  en  bonne  santé.  »  V.  liv.  3,  chap.  4-4- 

Ailleurs  Dioscoride,  en  traitant  de  Yepithymon,  s'exprime 
ainsi  :  «  'L'âpitliymon  est  la  fleur  du  thymos  qui  est  plus  dure  , 
et  qui  est  semblable  au  Ijiymbra  (  sarriette^.  Il  a  de  petites 
têtes  menues  et  légères  ,  qui  tiennent  à  de  petites  queues  en 
forme  de  cheveux.  Pris  avec  da  miel,  il  est  purgatif  et  chasse 


75  T  H  Y 

la  rnélancolie  ;  pris  au  poids  d'un  acéiabule,  ou  en  auÊ;men- 
tant  de  doses  jusqu'à  quatre  drachmes,  avec  du  miel,  du 
sol  ,  et  un  peu  de  vinaigre,  il  est  particulièrement  bon  aux 
personnes  mélancoliques  ,  et  à  celles  qui  sont  pleines 
de  vcntosités.  Il  croît  en  abondance  en  Gappadoce  et  en 
Pamphylie.  »  Diosc.  ,  liv  4,  chap.  179. 

Pline  admet,  comme  Tliéophraste  ,  un  thymus  noir,  et 
un  thymus  blanc,  et  rapporte  les  mêmes  particularités  que 
nous  avons  rapportées  d'après  Théophrasle.  11  ajoute  que  la 
graine  du  thymus  est  invisible,  et  même  qu'elle  consiste 
dans  sa  (leur,  laquelle  étant  semée  ,  germe  comme  le  feroit 
une  graine.  Il  fait  remarquer  que  le  miel  d'Athènes  doit  sa 
célébrité  au  thymus,  sur  lequel  les  abeilles  alloient  le  re- 
cueillir. L'on  avoit  essayé  de  semer  cette  plante  en  Italie 
pour  y  perfectionner  le  iniel  ;  mais  les  tentatives  n'eurent 
point  de  succès,  car  le  thymus  d'Athènes  croissoit  dans 
un  terrain  voisin  de  la  mer ,  dont  le  voisinage  influoit 
sur  sa  qualité  ;  les  anciens  mêmes  croyoient  que  là  les  thy- 
mus prospéroient  seulement.  «  Cependant,'  ajoute  Pline, 
je  suis  prévenu  qu'en  Languedoc,  il  y  a  des  plaines  rocailleu- 
ses couvertes  de  thymus  ,  où  l'on  amène  des  bestiaux  des 
contrées  Irès-éloignées  ,  pour  les  refaire  et  les  engraisser,  ce 
qui  est  d'un  grand  profit  pour  les  propriétaires  de  ces  pâtu- 
rages. »  (  PI.  liv.  24,  chap.  10  ). 

Au  chapitre  21  du  même  livre  ,  Pline  revient  sur  les  thy- 
mus, et  expose  leurs  propriétés  avec  un  peu  plus  de  détails 
que  Dioscoride  ,  et  parmi  ce  qu'il  dit,  il  fait  noter  que  le 
thymus  blanc  étoît  le  meilleur,  qu'il  croissoit  sur  les  coteaux  , 
et  que  sa  racine  éloit  dure  comme  du  bois  ;  l'autre  espèce 
éloit  noire ,  et  jetoit  des  fleurs  noires  :  ces  deux  thymus  avoienl 
les  mêmes  vertus. 

Ce  naturaliste  traite  aussi  de  ïepithymum,  dont  il  admet 
deux  sortes.  L'une  éloit  la  fleur  que  produisoit  le  thymus 
semblable  à  la  sarriette  ,  et  par  conséquent  verte  ,  puisque 
c'étoit  là  la  couleur  des  fleurs  de  ce  thymus.  On  l'appeloil 
hypopheon.  L'autre  epiihymum  n'avoit  point  de  racine  ,  et  rcs- 
sembloit  à  des  poils. 

Ainsi  donc,  Tbéophrastc  et  Pline   ont  deux  espèces  de 
thymus  qui  sont  les  mêmes,  tandis  que    Dioscoride  n'en   a- 
qu'une. 

Ce  dernier  naturaliste  a  une  espèce  ^'fipkhymon  ,  et  Pline 
en  a  deux,  dont  une  est  celle  chevelue  et  la  mêm(ïdécrile  par 
Dioscoride. 

Galien  dit  du  thymon  et  de  Vcpithymon  ,  qu'ils  sont  échauf- 
fans   et  secs.    Il   l'ail  observer  qu'on  doit  prendre  garde  de 


T  H  Y  77 

faire  usage  du  thymon  noîr  ,  car  il  aifére  le  tempérament , 
<  l  rentl  colérique.  <f  11  fatU  choisir,  dit-il,  celui  qui  a  une  fleur 
incarnale  ,  bien  que  le  meilleur  (  le  plus  actif?)  soit  celui  qui 
a  la  fleur  blanche.  » 

C'est  à  notre  thym  vulgaire  qu'on  pouvoit  rapporter  le 
thymus  noir  des  anciens.  Ce  thym,  comme  l'on  sait,  offre  des 
variétés  nombreuses  à  fleurs  blanches  ou  rouges  ,  à  feuilles 
étroites  ou  larges  ;  cependant ,  c'est  au  saiureia  capitaia  ,  L. , 
que  Malthiole,  Lobel  ,  V.  Cordus  ,  Clusius  ,  C.  Bauhin  , 
rapportent  le  thymus  àe  Dioscoride. 

Li'cpithymon  des  anciens  est  beaucoup  plus  difficile  à  re- 
connoîlre  ;  ou  c'éloit  une  variété  du  thym  ,  ou  bien  la  cus- 
cute {cuscuta  epithymum,  L.  ),  et  cette  dernière  opinion  est  la 
plus  reçue. 

Nous  avons  vu  plus  haut  que  le  thymos  servoit  à  résoudre 
certaines  tumeurs  qui  porlolent  le  même  nom  ,  et  peut-être 
l'avoit  il  reçu  lui  même  à  cause  de  celte  propriété.  Cepen- 
dant on  a  avancé  que  ce  nom  dérive  d'un  mot  grec  qui  signifie 
âme,  courage,  et  que  le  thymus  l'avoit  reçu  à  cause  de  son 
odeur  agréable  et  propre  à  ranimer  les  esprits  vitaux.  On  dit 
aussi  qu'il  tire  son  élymologie  d'un  mol  qui  exprime  l'idée  de 
parfumer,  parce  que  les  anciens  Grecs  se  servirent  du  tJiy- 
mos  comme  de  l'encens  ,  dans  leurs  sacrifices.  Le  thymos 
devoit  à  ses  fleurs  en  bouquets  ou  en  têles  les  noms  suivans 
qu'on  lui  donnoit ,  cephalothon  ,  thyr^ion  et  sfepJianon. 

Les  botanistes  modernes  ont  donné  le  nom  de  thymus  au 
thym  commun  à  quelques  espèces  du  même  genre,  à  des  sa- 
iureia et  thymhra.  Tournefort  l'avoit  limité  aux  (hynis  .i  ti^^e 
droite,  vivace  ,  et  à  fleurs  agglomérées,  axillaires  ou  termina- 
les. Linnaeus  n'a  pas  cru  devoir  adopter  ce  genre, avec  raison 
et  il  a  réuni  en  un  seul  qu'il  nomme  thymus ,  les  genres  thy- 
mus, serpyllum  ,  thymltra  et  r.Unopudium  (  en  partie  de  Tour- 
nefort ).  C'est  à  ce  genre  que  Scopoli  ,  et  quelques  autres 
botanistes,  ajoutent  plusieurs  espèces  de  mélisses  (  M.  cala^ 
mintha  ,  grandiflora ,  etc.  )  ,  ce  à  quoi  se  refuse  le  port  de  ces 
plantes.  D'une  autre  part, on  a  fait  attx  dépens  du  thymus  L., 
le  genre  admis,  avec  Di  len  ,  et  celui  nommé  furera  par 
Adanson,  kœllia  par  Mœnch ,  et  hrachystemum  par  Mi- 
chaux ,  et  que  Persoon  réunit  au  pychnaidhemum  :  le  tiiyîuus 
virginicus,  L.,  est  son  type.  V.  Serpyllon,  et  Thym,  (ln.) 

THYNJNE,  Thyniius.  Genre  d'insecles  ,  de  Tordre  des 
hyménoptères, section  des  porte-aiguillons,  famille  des  fouis- 
seurs ,  tribu  des  sapygites  ,  distingué  des  autres  genres  de 
cette  tribu  parles  caractères  suivans  :  antennes  presque  sé- 
tacées  ,  grêles^  mandibules  (du  moins  dans  ks  wàles  ) 


yS  T    II    Y 

étroites  ,  arquées  ,  simplement  unidente'es  au  côté  interne  J 
yeux  entiers. 

Fabricius  a  institué  ce  genre  sur  un  insecte  de  la  Nouvelle- 
Hollande  ,  celui  auquel  il  donne  le  nom  spécifique  de  den~ 
iatus  ,  et  que  Rœmer  et  Donovan  ont  figuré  ,  le  premier  , 
dans  sonédition  des  genres  d'insectes  de  Sulzer  (  tab.  35, 
fig.  8  )  ,  et  le  second,  dans  son  entomologie  de  celte  contrée  , 
pi.  4iî  fig-  i;  mais  les  autres  espèces  de  thynnes,  et  qui  sont 
au  nombre  de  trois  ,  appartiennent  à  la  tribu  des  apiaires. 
Celle  qu'il  nomme  échancré,  et  que  j'ai  vue  dans  la  collection 
de  M.  Banks  ,  est  du  genre  siélîde,  et  a  été  décrite  ,  comme 
nouvelle  ,  dans  ma  monographie  des  anthidiês.  Elle  se  trouve 
en  Afrique.  Les  deux  autres  espèces  ,  dont  on  peut  voir  les 
figures  dans  Donovan  ,  ibid. ,  me  paroisseut  devoir  cire  placées 
avec  les  cœlioxydes. 

Lesthyanes,  proprement  dites  ,  ne  se  rapprochant  point 
des  stizes  comme  je  l'avois  soupçonné  avant  d'avoir  vu  ces 
insectes  ;  mais  des  sapyges  ,  des  myzines  et  des  tengyres.  Je  ren- 
voie ,  pour  d'autres  détails,  au  quatrième  volume  de  mon 
■Gênera  crustac.  et  insectorum.  Le  docteur  Léach  se  propose  de 
publier  une  monographie  de  ce  genre,  (l.) 

THYNNUS.  ]Nom  latin  du  Thon  {Scomher thynnus ,  L.  ). 

(DESM.) 

THYON  et  THYUM.  F.Thya.  (ln.) 

THYOU.  C'est,  dans  Belon,  un  desnomsduTftAQUET. 

(V.) 
THYOURRE.  C'est ,  à  Baïonne  ,  le  Centropome  loup. 

(B.) 

THYPHA.  Nom  latin  de  la  Massette.  (b.) 

THYREOCORIS.  Schrank  donne  ce  nom  au  genre  d'in- 
sectes hémiptères  appelé  Scutellaire  par  M.  de  Lamarck. 

(desm  ) 

THYRÉOPHORE  ,  Thyreopfiora  ,  Meig.  ,  Illig.  ,  Lat. 
Genre  d'insectes  de  l'ordre  des  diptères,  famille  des  athéri- 
cères,  tribu  des  muscides,  distingué  des  autres  de  la  même 
division,  par  les  caractères  suivans  :  corps  oblong  ;  balan- 
ciers nus  ;  ailes  couchées  horizontalement  sur  le  corps  ;  téta 
presque  gobuleuse ,  avec  les  antennes  très-courtes ,  terminées 
par  un  article  globuleux,  muni  d'une  soie,  et  entièrement 
reçues  dans  une  cavité  frontale  ;  pattes  postérieures ,  grandes 
et  arquées  en  dehors. 

ThyrÉOPHORE  CYISIOPHILE  ,  Thyreophora  cynophila  ,  Panz, , 
Faun.  Insect.  Germ.  ,  Fasc.2.1^^  tab.  22,  Elle  est  d'un  bleu 
noirâtre  ,  velue,  avec  la  tête  d'un  jaune  rougeâtre  ;  les  an- 
tennes ,  les  yeux  ,  un  pQint  sur  le  vertex  et  un  autre  à  l'oc-r; 


T  II  Y  7<J 

ciput,  noirs  ;  les  ailes  sont  transparentes  ,  avec  deux  points 
noirs  sur  chaque;  l'écusson  est  prolongé  et  terminé  par  deux 
pointes  ;  les  cuisses  postérieures  sont  plus  grosses  et  arquées. 
On  trouve  cet  insecte  dans  l'arrière-saison,  sur  les  cadavres 
des  chiens.  La  mouche  four  chue,  àç.  Fabricius  ,  et  probable- 
ment celle  qu'il  nomme  mficeps,  ainsi  que  sa  scatophaga 
:2-spinosa,  sont  des  thyréophores.  (l.) 

THYRIDE  ,  Thyris.  Genre  d'insectes  de  l'ordre  des  lé- 
pidoptères ,  famille  des  crépusculaires  ,  établi  par  M.  le 
comte  de  Hoffmansegg,  pour  séparer  des  sphinx  l'espèce 
qae  F ahr'icins  nomme  fenestrina. 

Cet  insecte  semble  faire  le  passage  dessésies  auxzygènes. 
Ses  antennes  sont  légèrement  en  fuseau  ,  presque  sétacécs  , 
simples  et  sans  houppe  à  leur  extrémité;  les  ailes  sont  pres- 
que hori/.ontales  ,  écartées,  anguleuses  (et  vitrées).  Ce 
petit  lépidoptère  a  été  découvert  aux  environs  de  Paris  par 
M.  Duponchel  ,  qui  consacre,  avec  fruit,  ses  momens  de 
loisir  à  l'étude  des  insectes,  (l.) 

THYRSE.  Sorte  de  disposition  des  fleurs  qui  se  confond 
souvent  avec  I'Épi  ,  avec  la  Grappe  et  avec  la  Pamcule. 

Dans  le  thyrse  ,  l'axe  est  droit  et  entouré  de  pédoncules 
courts  et  ramifiés  qui  portent  les  fleurs.  Le  Lilas  en  offre  un 
exemple.  (B.) 

THYRSIS.  D'un  mot  grec  ,  qui  signifie  bouquet  ou  thyrse. 
Reneaulme  donne  ce  nom  à  I'Oëillet  de  poète  (  Dianthus 
barbatus ,  L.  )  ,  dont  les  fleurs  forment  un  bouquet  à  l'exlré- 
mité  des  tiges,  (ln.) 

THYRSITES.  F.  Ocymoïdes.  (ln.) 

THYSANE  ,  Thysanus.  Grand  arbre  à  feuilles  pinnati- 
fides,  à  folioles  oblongues,  très-entières,  glabres,  au  nombre 
de  dix  paires,  et  à  fleurs  blanches,  disposées  en  panicules 
axiUaires  ,  qui  forme  ,  selon  Loureiro  ,  un  genre  dans  la  dé- 
candrie  pentagynie,  et  dans  la  famille  des  térébinlhacées. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  un  calice  de  cinq  folioles 
lancéolées,  concaves,  velues  et  persistantes;  une  corolle  de 
cinq  pétales  ;  dix  étamines  ;  un  ovaire  supérieur  ,  tétragone  , 
surmonté  de  quatre  styles  à  stigmates  bifides  ;  quatre  drupes 
oblongs ,  bossus ,  couverts  d'une  écorce  lanugineuse ,  qui  s'ou- 
vrent par  le  côté,et  contiennent  quatre  noix  solitaires, ovales, 
oblongues,  enveloppées  à  leur  base  d'une  tunique  charnue  et 
frangée. 

Le  thysane  se  trouve  dans  les  forêts  de  la  Cochinchinc. 
Willdenow  lui  trouve  quelques  rapports  avec  le  Langit  ; 
mais  ils  sont  trop  éloignés  pour  mériter  d'être  mentionnés. 

(B.) 


T  H  \ 

THYSANOTHE  ,  Thysanothus.  (ienre  <3e  plantes  dtabH 
parR.  Brown  dans  l'hexandrie  nionogynie,et  dans  ia  lamille 
des  asphodèles.  Il  a  été  appelé  Chalamyspore  par  Salis- 
hury.  L'Ornithogale  TRIANDRE  de  Labillardière  lui  a  é!é 
réuni.  Ses  caractères  sont  :  corolle  à  six  découpures  pro- 
fondes ,  ouvertes,  les  intérieures  plus  larges;  six  et  quelque- 
fois seulement  trois  élamines  inclinées  ;  un  ovaire  à  un  seul 
style  et  à  stigmate  simple  ;  une  capsule  à  trois  valves  ,  à  trois 
ïo^es  ,  renleruiant  chacune  deux  semences  ,  l'une  droite  et 
l'autre  pendante. 

Une  vingtaine  d'espèces ,  toutes  de  la  Nouvelle-Hollande  , 
se  réunissent  sous  ce  genre.  (B.) 

THYSANOUKES  ,  Tliysanoura.  Second  ordre  de  notre 
classe  des  insectes,  et  dont  les  caractères  sont:  corps  aptère, 
ne  subissant  pas  de  métamorphoses;  lûle  distincte;  deux  an- 
tennes ;  six  pattes  attachées  au  corselet  ;  des  mandibules  ;  des 
mâchoires  et  des  palpes;  leur  corps  est  souvent  couvert  d'é- 
eailles,  s'enlevant  par  le  toucher,  ou  velu,  et  terminé  par 
trois  filets,  ou  une  queue  fourchue  ,  servant  à  sauter  ;  les  tarses 
ont  deux  crochets. 

Ces  insectes  sont  rongeurs  ,  se  tiennent  dans  les  lieux  re- 
tirés ou  couverts-,  soit  sous  des  pierres  ,  sous  des  écorce» 
d'arbres  ,  soit  dans  les  armoires  de  nos  appartemens,  les 
magasins,  etc.  Plusieurs  paroissent  être  nocturnes.  Ils  cou- 
rent très-vite  ,  ou  sautent  facilement  par  le  moyen  de  leur 
queue. 

Cet  ordre  comprend  les  familles  Lépismènes  et  PoDU- 
RELLES.  7 //j5r7»oj^/e  signifie  ,  en  grec  ,  (jueite  frangée.  rL?) 

THYSriES  ou  THYITES.  Marbre  connu  des  anciens, 
dont  le  fond  cloit  panache  de  vert.  (DESM.) 

THY^SSELllNUM.  Pline  donne  ce  nom  à  une  plante 
qu'on  cîoil  être  le  selinum  sybestre  (  V.  Selinon).  Ce  selinum 
est  le  type  du  genre  thysselinum  de  Tournelorl,  adopté  par 
Adanson  ,  et  qui  est  le  selJnum  ,  L.  Sprengel  et  Hoffmann 
ont  fait  un  genre  thysselinum  aux  dépens  de  celui  -  ci  ,  et 
Hoffmann  le  caractérise  ainsi  :  fruit  recouvert  d  «ne  écorce 
émarginée  à  la  base  ,  à  cinq  côtes,  dont  trois  dorsales  plus 
proéminentes  et  obtuses,  entre  deux  des  côtes  rubanées  ; 
axe  central  plane,  recouvert  d'une  écorce  ;  involucres  uni- 
versel et  partiel  polyphyllcs.  H  paroît  que  le  genre  calUsuca 
de  Fischer  doit  en  faire  partie,  (ln.) 

TI  SA.VOYANNE  JAUNE.  Nom  vulgaire, au  Canada, 
de  I'Hellébore  a  trois  fleurs  ,  de  Michaux,  (b.  ) 
TIAIBI.  V.  Taiibi.  (s.) 


T  T  -R  8i 

TIAM.  Selon  Adanson ,  ce  nom  étoît  celui  de  I'Estra- 
GON  .  chez  les  anciens  Africains,  (lis.) 

TIARELLA.  (ienre  élabli  parLinnseus,  auxdépensdu  mt- 
telhi  de  Tourneforl,qni  comprenoit  égalemenl  le  roucouyer, 
bixa,  L.  Le  genre  miieUn  de  Linnseus  est  aussi  un  démembre- 
ment du  genre  de  TourneCort  ,  qui  sVs«  irouvé  ainsi  divisé  en 
trois,  savoir:  TiAR  ELLE, MiTELLE  et  Rou(0  yek.  F.ces  mots. 
Dans  le  premier  de  ces  genres,  le  frnif  a  la  forine  d'une  tiare. 
Quelques  botanistes  pensent ,  avec  Adanson  ,  que  les  genres 
iiarelhi  et  mifplla  ne  peuvent  être  s<'' parés,  (ln.) 

TIARELLE,  Tîarella.  Genre  de  plantes  de  la  décandrie 
digynie  ,  et  de  la  famille  des  saxifragées  ,  dont  les  caractères 
consistent  :  en  un cdice  à  cinq  divisions;  en  ime  corolle  de  cinq 
péta  les  en  tiers,  et  insérés  au  calice:  en  dixélamines:  en  un  ovaire 
supérieur  surmonté  de  deux  styles persistans;  en  une  capsule 
à  une  loge  et  à  deux  valves  ,  dont  une  plus  grande ,  contenant 
plusieurs  semences. 

Ce  genre  renferme  trois  plantes  a  feuilles  radicales,  sim- 
ples ou  ternées ,  et  à  fleurs  disposées  en  épis  sur  une  hampe 
quelquefois  munie  de  deux  feuilles  opposées  ,  qui  sont  fort 
peu  distinguées  des  Mitellfs. 

La  TiARELLE  A  FEtTLLEs  EN  CŒUR  ales  fcuillos  simples 
et  cordiformes.  Elle  est  vivace  ,  et  se  trouve  dans  l'Amé- 
rique et  dans  l'Asie  septentrionale.  C'est  une  petite  plante 
fort  élégante  ,  qu'on  cultive  au  jardin  du  Muséum  de 
P.'îns,  et  chez  Cels. 

La  TiARELLE  TR[FOLTr,E  a  les  feuiUes  ternées.  Elle  est 
vivace  ,  et  se  trouve  en  Russie,  (b.) 

TKRIDIUM.  Ce  genre,  établi  par  Léhmann,  diffère  des 
Héliotropes  par  ses  fruits  composés  de  quatre  petites  noix 
Liloculaires  ,  au  lieu  d  être  uniloculaires.  L'Héliotrope  des 
lu  les  en  fait  partie.  R.  Brown  avoit  déjà  fait  remarquercette 
différence,  (ln.) 

TL\TI  \.  Un  des  noms  vulgaires  de  la  Grive  litorne.  (v.) 

TIA  l'O  N  \]V1-L,\.  Nom  donné  en  Corhinrhine,  à  une 
espère  de  ntélisse  propre  à  ce  pays,  et  que  1  on  y  cultive 
(  meli\xa  ni^o^u ,  Lour.  )  Ses  propriétés  sont  les  mêmes  que 
celle  du  T     TO  (  melixm  rrellra  ,  L.  ).  (i.N.) 

TI\    rO-l'AU.    r.   RaU    JHOiVI-LOUNG    (l.\.) 

TllîC  VDI  et  TIPC  Vî)ï.  Synonymes  de  I  ^IPCADI. nom  turc 
de  IHyxcin'hr  musquée  {H.  mmcuri.L.).  V.  Dipcadi.  (ln.) 

T1HF«:Pv{)N.  V.  TiBURiN.  (s.) 

Tiiîl  \  ,  qui  signifie  aussi  une  flûte,  est  l'un  des  os  de  la 
jambe  ,  placé  à  la  région  interne  ,  avec  le  péroné  ,  autre  os 
plus  foible  ,  situé  à  la  région  externe  ,  et  formant  en  bas  ia 

xxxiv.  G 


02 


T   l  V, 


malléole  cxlerne ,  comme  le  tibia  forme  rinterne  ,  au  baâ 
de  la  jambe. 

Le  tibia,  s'arlicule  à  sa  parlle  supérieure,  avec  l'os  de  la 
cuisse  ou  fémur  ,  et  forme  en  devant  le  genou  ,  marqué  par 
un  gros  os  sésamoïde  connu  sous  le  nom  de  rotule  A  la  par- 
tie inférieure  ,  le  tibia  s'arlicule  avec  l'astragal  et  le  calca- 
néum,  os  du  Tarse.  F.  ce  mot  ainsi  quecelui  de  PiED.(viREY.) 
TIBÏANE  ,  Tlhiana.  Genre  de  polypiers,  établi  par  La- 
marck  dans  le  voisinage  des  Sertulaires  ;  il  l'avoit  d'abord 
appelé  Sacculine.  Ses  caractères  sont  -.polypier  fixé  ,  tubu- 
leux  ,  membraneux  ou  corné  ,  légôrement  encroûté  à  l'exté- 
rieur ,  perforé  sur  les  côtés  ;  à  ouvertures  alternes,  amples  , 
un  peu  saillantes. 

Les  deux  espèces  qui  composent  ce  genre  viennent  des 
mers  australes  ;  l'une  d'elles  a  été  figurée  par  Lamouroux  , 
pi.  7  de  son  ouvrage  sur  les  polypiers  coralligènes  flexibk'S. 
11  les  regarde  comme  plus  voisines  des  ïubulaires  que  des 
Sertulaires.  (c.) 

TIBOUCHINA,  2'ibouchiiia.  Arbrisseau  à  tiges  quadran- 
laigures,  couvertesd'écailles  recourbées  à  leurpointe;àfeuilles 
opposées,  ovales,  terminées  en  pointe  ,  munies  en  dessous, 
ainsi  que  leur  pétiole  et  leurs  bords  ,  de  trois  nervures  écail- 
leuses,  à  fleurs  pourpres ,  solitaires  ou  géminées  dans  les 
aisselles  des  feuilles  des  plus  petits  rameaux. 

Cet  arbrisseau  forme,  dans  la  décandrie  monogynic  ,  un 
genre  dont  les  caractères  présentent  :  un  calice  lubulcux  à 
cinq  divisions  aiguës  ,  couvert  d'écaillés  et  accompagné  de 
bractées  ;  une  corolle  de  cinq  pétales  ,  dont  un  beaucoup 
plus  grand  ;  dix  étamines  ;  un  ovaire  oblong  ,  à  cinq  angles, 
couvert  d'écaillés  ,  surmonté  d'un  style  à  stigmate  aigu  ;  une 
capsule  à  cinq  loges  remplies  de  semences  menues.  Elle  est 
renfermée  dans  le  calice,  qui  grossit  et  s'ouvre  par  le  haut, 
en  cinq  valves.  ' 

Ijaiihouchina^qxxe  quelques  botanistes  réunissent  aux  MÉ- 
LASTOMES, croît  dans  les  sables  de  la  (iuiane.  Toutes  ses  par- 
ties répandent  une  odeur  agréable,  et  ses  (leurs  ,  en  infusion , 
passent  pour  pectorales,  (b.) 

TIBOURBOU.  Nom  que  les  naturels  de  la  Guiane  don- 
nent à  un  arbre  qu'Aubleta  désigné  par  apeiba  tihourhuu^  et  qui 
est  Vapeiba  des  Brasiliens,  d'après  Marcgrave  ;  le  slounpu  de 
Lœfling  e\.Vaubleliaiibourbouà(iWA\àeino\v.  r.AuBLETIE.  (ln.) 
TIBULUS.  Pline  ,  en  traitant  des  espèces  de  Pl^'S ,  et 
spécialement  du  pinasier  ,  fait  observer  que  plusieurs  per- 


T   I  E  83 

sonnes  pensent  que  le  iibulus  qui  croît  sur  les  plages  de  l'Iia- 
li«  est  la  même  plante  que  le  pinasler  sybesùis,  auquel  ou 
donnoit  un  nom  différent:  néanmoins,  le  iibulus  étoit  plus 
grêle  et  plus  serré;  il  n'avoit  presque  pas  de  nœuds  ni  de 
résine.  On  en  conslruisoit  des  llbuiiiiques  ,  sorte  de  petits 
bâtimens  légers  et  fm-voiliers.  Hermolaiis  prétend  qu'il  faut 
lire  stmlulus  au  lieu  de  tihulus ,  et  cette  leçon  a  été  adoptée 
par  plusieurs  éditeurs  de  Pline  ;  en  effet ,  stiobuhis  étoit 
un  nom  qui  s'appliquoit  à  tous  les  pins  ,  à  cause  de  leur  fruit 
en  forme  de  cône,  slwbylos.  11  est  possible  que  le  iiLuhis,  dit 
aussi  pînus  tubuUts ,  ait  été  noire  piiius  mugJio.  {li^.) 

TlBURINouTlBURON.  C'est  un  des  noms duSQUALE' 

MAllTEAU.  (B.) 

TIBUS.  F.  Stratiotes.  (ln.) 

TICANTO.  r.  TlKANTO.  (LN.) 

TICHACH.  Les  Tschuwaches  donnent  ce  nom  aux  jeunes 
Chevaux,  (desm.) 

TICHI.  Graine  de  l'Inde  ,  dont  on  tire  une  huile  qu'on 
mêle  avec  l'opium  ,  avant  de  mettre  ce  dernier  dans  le  com- 
merce. J'ai  quelques  motifs  pour  croire  que  c'est  au  genre 
Sésame  qu'elle  appartient,  (b.) 

TICHODROMA.  Genre  d'oiseaux  du  Prodromus  d'IIi- 
ger  ,  qui  ne  renferme  qu'une  seule  espèce,  le  Grimpebeau 

DE  MURAILLES.  (V.) 

TICHURI.  En  Finlande  ,  c'est  le  nom  de  là  Marte 
MiiSX  ,  Mustcla  lulreola,  Linn,  (DESM.) 

TICORE  ,  Ozophyl/um.  Arbrisseau  à  feuilles  alternes  , 
longuement  pétiolées  ,  ternées  ,  à  folioles  pétiolées  ,  ovales, 
aiguës,  très-entières  ,  glabres,  à  fleurs  blanches  disposées 
en  corymbe  sur  de  longs  pédoncules  terminaux  ,  qui  forme 
un  genre  dans  la  monadelphie  pentandrie  et  dans  la  famille 
des  azédarachs. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  un  calice  à  cinq  dents  ; 
une  corolle  de  cinq  pétales  infundibuliformes;  cinq  étamines 
réunies  en  tube  ;  un  ovaire  supérieur  surmonté  d'un  style  à 
stigmate  arrondi  ;  une  capsule  à  cinq  loges. 

Le  ticure  croît  dans  les  forêts  de  la  Gulane.  Ses  feuilles 
froissées  exhalent  une  odeur  désagréable  approchant  de  celle 
des  Stramoines.  11  se  rapproche  du  Bonplandie  ou  Angus-> 

TURE.   (B.) 

TlCTlC.^Xom  que  porte  ,  à  Madagascar,  le  (iRand  Fr- 
GUiER  A  TÈTE  BLEUE.  On  donne  aussi  cette  dénomination 
au  ToDiLR  DE  l'Amérique  méridionale,  (v.) 

TIGTIVIE.  F.  l'article  Tyran,  (v!) 


84  TIF 

TIEGERERZ  et  TIEGERSTEIN.  Voy.  Mine  ti- 
grée, (ln.) 

TIE-LI-MU.  Nom  donné  ,  en  Chine  ,  à  un  grand  arbre 
que  Loareîro  a  découvert  dans  les  hautes  montagnes  sep- 
tentrionales de  la  Cochinchine.  F.  Cay  lim  vang,  (ln  ) 
TIEN.  L'un  des  noms  tartares  des  écureuils,  (desm.) 
TIEN  HOA  FUEN.  Nom  donné  ,  en  Chine  ,  à  une 
plante  dont  Loureiro  fait  un  genre  particulier.  Il  la  nomme 
Soîenia  heterophylla.  (ln.J 

TIEN  LUM.  Nom  donné  ,  en  Chine  ,  à  une  plante  her- 
bacée que  Loureiro  nomme  Garciana  cochinchinensis.  (ln.) 

TIEN-NAN-SIN.  Les  Chinois  donnent  ce  nom  à  une 
ïspèce  de  Gouet  (  arum  pentaphylliim  )  ,  dont  la  racine  passe 
pour  un  remède  contre  la  morsure  des  serpens.  (ln.) 

TIEN  SIEN  TAN.  Plante  herbacée  de  la  Chine,  dont 
les  tiges  pilées  donnent,  par  la  coction  ,  une  couleur  jaune 
solide  qu'on  mêle  avec  le  curcuma  et  le  carthame  ,  dont  la 
couleur  est  plus  belle,  mais  point  du  tout  permanente.  Celte 
herbe  est  la  fibraurea  iinrAoria  de  Loureiro.  (ln.) 

TIEN-SUON.  Espèce  d'ornithogale  qui  croît  en  Chine 
(  Ornithogalum  sinense  ,  Lour.  ).  C'est  peut-être  la  même 
plante  que  V ornithogalum  japoniçum  de  Thunb.  (ln.) 

TIEOBO  et  HO-TIEO.  Noms  donnés,en  Cochinchine, 
au  Poivre  noir  (  Piper  nîgrum  ,  L.  ).  (ln.) 

TIEO-HOI.  Nom  du  Fenouil  (y^ndAum  fœniculum'),  en 
Cochinchine.  (ln.) 

TIEO-RUNG.  C'est  le  nom  d'une  espèce  de  Poivre 
(  Pîper  sylvestre  ,  Lour.  ) ,  qui  croît  dans  les  bois  de  la  Cochin- 
chine. (ln.) 

TIERAN  ou  TIERS  AN.  (  Vénerie.)  Le  Sanglier  à 
rage  de  trois  ans.  (desm.) 

TIERCE.  Nom  vulgaire  de  la  Circée  parisienne  ,  aux 
environs  de  Paris,  (b.) 

TIERCELET.  On  appelle  ainsi  le  mâle  de  toutes  les  es- 
pèces d'oiseaux  de  proie ,  parce  qu'il  est  d'un  tiers  environ 
plus  petit  que  la  femelle  ;  mais  on  le  dit  plus  communément 
de  Vépervier  et  de  Vautour,  (s.) 

TIERS.  Variété  de  la  Sarcelle  proprement  dite.  V.  Ca- 
nard, (desm.) 

TIERS.  C'est ,  dans  Belon  ,  le  nom  du  harle  à  manteau 
noir.  V.  Harle.  (v.) 

TIEUTÉ.  Espèce  du  genre  Vomique.  (b.) 
TIFFAH.  Nom  arabe  de  la  Pomme  (^Pyrus  malus).  En 
E'^ypte  ,  on  nomme  iiffahchamy^ies  pommes  qu'on  y  apporte 


T  I  G  85 

cle  Syrie  ,  et  liffa  heledi ,  celles  qui  croissent  dans  les  jardins 
du  pays,  (lis.) 

TIFFAH-DAHABY  (  pomme  -  d'or  ),  et  iiffah-d-heh 
(  pomme-d'amour  ).  Noms  arabes  de  la  Morelle  d'Ethio- 
pie (  Solanum  œihiopicum  ,  L.  }.  (ln.) 

TIFLEH.  Nom  arabe  du  Laurier  rose  (Nerium  oîean- 
der,  L.  ).  (ln.) 

TIGAREA.  F.  Tagarier  et  Purshie.  (ln.) 

TIGARIER  ,  Tigarea.  Genre  de  plantes  de  la  dioécie 
polyandrie  ,  et  de  la  famille  des  dilléniacées,  qui  offre  pour 
caractères  :  un  calice  à  quatre  ou  cinq  divisions  ovales,  aiguës 
et  concaves  ;  une  corolle  de  quatre  ou  cinq  pétales  presque 
ronds  et  concaves  :  dans  les  fleurs  mâles  ,  un  grand  nombre 
d'élamines  insérées  au  calice  ;  dans  les  femelles  ,  un  germe 
ovale  ,  surmonté  d'un  style  à  stigmate  obtus  ;  une  capsule 
presque  ronde ,  uniloculaire  et  bivalve,  et  ne  renfermant 
qu'une  semence. 

Ce  genre,  depuis  réuni  aux  tétracères,  renferme  deux  ar- 
brisseaux à  tiges  sarmenteuses  ,  à  feuilles  alternes  ,  accom- 
pagnées de  stipules  ,  et  à  fleurs  portées  sur  des  grappes 
axillaires. 

L'un,  le  Tigarier  âpre,  a  les  feuilles  chagrinées  ou  cou- 
vertes de  poils  ras,  crochus  et  roides. 

L'autre  ,  le  Tigarier  velu  ,  a  les  feu-illes  glabres  en  des- 
sus ,  et  velues  en  dessous. 

Tous  deux  se  confondent  à  la  Guiane  ,  dont  ils  sont  ori- 
ginaires ,  sous  le  nom  de  liane  rouge  ,  et  passent  pour  un  bon 
reuiède  contre  les  inaladies  vénériennes,  ils  sont ,  par  leur 
abondance  et  l'enlacement  de  leurs  rameaux  ,  un  des  plus 
grands  obstacles  aux  voyages  dans  l'intérieur  des  forêts  de 
ce  pays.  (B.) 

TIGE.  V.  Arbre,  (tol.) 

TIGE  EN  CHEVILLE.  V.  Seps  ou  Cèpes  chevillés. 

(B.) 

TlGER-ILTïS.  La  Marte  perouasca  est  ainsi  appelée 
dans  les  Voyages  de  Pallas.  (desjvi.) 

TIGER,  TYGER  ,  en  anglais,  et  Tieger,  Tiegertiiier 
en  allemand.  Noms  du  Tigre,  (desm.) 

TÏ  GL/\L  Nom  donné,  en  Cocliinchine  ,  à  une  tsfihct  de 
salseoareille  {Sm'ilax  perfoliatii ,  L.),  qui  passe  pour  avoir  les 
ini-nies  vertus  que  la  saiseprireille  commune,  (ln.) 

TIGLL\.  Nom  italien  du  Tilleul,  (ln.) 

T1GLL\  GRANA  et  TÎLIA.  Dans  hs  anciennes  phar- 
macopées, ces  noms  dcsigueut  les  graines  du  croion  (i^Uuin 


86  T  T  G 

Linn.,  encore  à  présent  nommées  grm'nw  de  ilîli.  F^,Croton. 

(LN.) 

TIGLIUM.  Nom  spécifique  d'une  espèce  de   Croton. 

(LN.) 

TTGNON  ou  TEIGNON.  Noms  vulgaires  de  la  Bar- 
DAKE  ,  OU  plutôt  de  ses  semences  qui  s'attachent  aux  habits. 

(desm.) 

TIGN()S\.  Nom  italien  de  I'Oronge  fausse  {agaricus 
miiscaniis  ,  L.).  (e.) 

TIGRE  OU  TIGRE  ROYAL.  Mammifère  carnassier 
digitigrade  et  du  genre  des  Chats.  V.  ce  mol.  (desm.) 

'TKiRE.  Dénonïination  sous  laquelle  on  a  souvent  désigné 
diverses  espèces  de  grands  chats,  dont  le  pelage  est  moucheté 
de  taches  noires  en  rose  sur  un  fonil  fauve, telles  que  celles  du 
jaguar  ,  de  la  punllièie  et  du  léopard.  V .  au  mot  Chat.  (desm.) 

TIGRE.  Coquille  du  genre  Cône,  (b.) 

TKiRE.  On  a  donné  ce  nom  à  une  coquille  du  genre 
Porcelaine  {rypraa  iif^n's).  (desm.) 

TUiRE  ou  TIGRE.  Poisson  du  genre  Squale  {squalus 
iigrinus  ,  Linn.).  (B.) 

TJGRE.  La  Punaise  du  poirier  (ocanthia  pyri)  ^  et 
l'AcARE  du  pêcher  portent  aussi  ce  nom.  (b.) 

TIGRE  D'AMÉRIQUE.  F.  l'histoire  da  Jaguar  dans 
Tariicle  Chat,  (desm.) 

TIGRE  B\RRET.  C'est  ainsi  que  Brisson  a  nommé  le 
guépard,  espèce  de  Chat,  (s.) 

TIGRE  DU  BRÉSIL.  C'est  le  Jaguar.  F.  l'article 
Chat,  (desm.) 

TIGRE  CHAT.  Les  Européens  qui  fréquentent  l'île  de 
Ceyian  ,  appellent  ainsi  une  espèce  de  quadrupèdes  du  genre 
Chat  ,  qu'on  présume  voisine  de  celle  du  serval,  (desm.) 

TIGRE  D'EAU.  Gemelli  Carrerl  (  Foyage  autour  du 
Monde)  dit  qu'il  y  a  en  Chine  deux  espèces  de  tigres,  le  tigre 
royal  et  le  tigre  d'eau,  ainsi  nommé  parce  qu'il  se  nourrit  de 
poissons  et  qu'il  demeure  dans  les  bois  proche  des  rivières. 

TIGRE  FRISE.  L'un  des  noms  que  Brissoa  a  donnés 
au  guépard,   quadrupède  du  genre  Chat,  (s.) 

TIGRE  (GRAND).  F.  Tigre,  (s.) 

TIGRE  DE  LA  GUYANE,  de  Desmarchais.  Il  paroît 
que  c'est  le  Jaguar.  F.  au  mot  Chat,  (desm.) 

TIGRE  DES  IROQUOÎS,  de  Charlevoix.  C'est  le  cou- 
guar,  espèce  de  Chat.  F.  ce  mol.  (desm.) 

TIGRE   (LOUP).    Peul-elre  l'animal  désigné   sous  ce 


T  T  J  87 

nom  par  Kolbe  ,  appartient  à  l'espèce  da  Guépard..  F.  l'ar- 
ticle Chat,  (desm.) 

TKiRE  LOUP.  Quelques  voyageurs  ont  donné  ce  nom 
à  THyène.  (j>.) 

TKiRE  MARIN.  Dénomination  appliquée  aux  Phoques 
dont  la  peau  esr  tachetée,  (s.) 

TIGRE  NOIR,  C'est  une  variété  noire  du  Jaguar  d'A- 
mérique ,  connue  aussi  par  le  nom  dejuguore'ié.  (desm.) 

TIGRE  NOIR.  F.  l'histoire  du  Mêlas,  à  l'article  Chat. 

(desm.) 

TIGRE  POLTRON.  On  donne  ce  nom  au  Couguau 
F.  Tarticle  Chat,  (desm.) 

TIGRE  PUCE.  Nom  donné  vulgairement  à  un  insecte 
rond  ,  de  couleur  grise  ,  qui  ronge  les  feuilles  de  quelques 
arbres  fruitiers.  C'est  peut-être  une  espèce  de  tingis.  F.  ce 
mot.  (l.) 

TIGRE  ROUGE.  A  Cayenne,  on  donne  ce  nom  au 
CouGUAR.  F.  l'ariicle  Chat,  (desm.) 

TIGRESSE.  La  Femelle  du  Tigre,  (s.) 

TIGRIDIE,  TIGRINE,  T/gridia.  Plante  du  genre  des 
Ferrares,  que  Jussieu  en  a  sépai^ée  pour  en  former  un  par- 
ticulier ,  auquel  11  donne  pour  caractères  :  une  corolle  à 
tube  court ,  à  limbe  grand ,  glane  ,  divisé  en  six  parties , 
dont  trois  exiérieures  et  ovales  ,  et  trois  intérieures  plus 
petites  ,  rétrécies  à  leur  onglet  et  au-dessous  de  leur  som- 
met ;  trois  éiamines  ,  dont  les  filamens  sont  réunis  dans 
toute  leur  longueur  en  une  gaine  tubuleuse  ;  uft  ovaire  infé- 
rieur, surmonté  de  trois  stigmates  bifides;  une  capsule 
triangulaire  ,  trivalve  et  polysperme.    • 

Une  nouvelle  espèce,  laTiGRiDiE  cacomite  ,  a  une  racine 
tubéreuse,  qui,  avant  la  conquête  du  Mexique,  donnoil  une 
fécule  nourrissante  aux  babitans  de  la  vallée  de  Mexico,   (b.) 

TIGRIE,  Un  des  noms  piémontais  du  Cassenoix.  (v.) 

TIGRINE.  F.  TiGRiDîE.  (b.) 

TIGRIS.  Nom  latin  du  Tigre,  (s.) 

THIOL  ou  TIPUL,  C'est  ainsi  que  les  Indiens  nomment 
la  Grue,  (s.) 

TUÉ,  Pipra  pareola.  F.  Manakiis  tué,  tome  iq,  page 
i65.  (V.) 

TIJE-GUACU,  c'est-à-dire  grand  tîjé ;  nom  brasilieii 
d'un  grand  Manakin.  (s.) 

TIJE-GUAGU-PAROARA.  C'est ,   au  Brésil ,  le  Pâ- 

ROARE.  (s.) 

TIJE-PIRANGA.  Nom  brasilien  du  Jacapa  écarem:: 
et  du  ca/(i/r<a/ proprement  dit  de  Brisson.  (v.) 


sa  T  I  L 

TIKAGTISTK.  M.  Lacépède  indique  ce  nom  groënlan- 
dais  coiimu-  eictiii  celui  du  Physetère  microps.  (desm.) 

ïiîvANTO.  Genre  établi  par  Ad^inson,  el  qui  a  pour 
type  l'arbre  que  les  habîlans  du  Malabarnomment  cacumidluy 
les  brames  ticanlu  et  cacamoulou  ^  les  Portugais  ^roon  de  veado. 
Lainarck  a  fait  voir,  dans  rEnryrlopédie,que  cet  arbre  est  le 
même  que  celui  qu'il  nomme  gmhmdiua  paniculuta.  (ln,) 

TlKLIN.  Nom  générique  des  Râles  aux  Philippines,  (v.) 

TIL.  C'est  la  même  chose  que  le  TiLLEt'L.  (R.) 

TILEZIA.  Genre  déplante  établi  par  Meyer  danssaFlore 
de  la  colonie  holKimlaise  d'Esséquebo.  (R  ) 

TiLIA.  Pline  mentionne  sous  ce  nom  des  arbres  dont  il 
distingue  deux  sortes  :  le  ûlia  mâle  et  le  till a  femelle ,  qui, 
selon  lui,  différoieni  entièrement.  Le  bois  du  tilia  mâle  étoit 
beaucoup  plus  dur,  plus  roux,  plus  noueux  et  plus  odorant 
que  celui  du  tilia  femelle;  son  écorce  étoit  aussi  plus  épaisse, 
et  sans  souplesse  lorsqu'on  l'avoit  enlevée  ;  il  ne  portoit  ni 
fleur  ni  fruii  ,  comme  le  tilia  femelle.  Celui-ci  étoit  un  gros 
arbre  à  bois  blanc,  et  de  qualité  supérieure.  Pline  fait  ob- 
server comme  une  chose  étonnante  ,  qu'aucun  animal  ne 
touchoit  aux  fruits  du  tilia  femelle  ,  et  que  son  écorce  et  ses 
feuilles  avoient  une  saveur  douce.  Entre  l'écorce  et  le  bois 
de  ce  tilia  se  irouvoient  des  peaux  ou  tuniques  minces, formées 
de  plusieurs  membranes  avec  lesquelles  on  faisoit  les  liens  de 
tUiu  Ces  peaux  n'éloienl  autre  chose  que  les  membranes 
qui  forment  ce  que  nous  nommons  le  liher^  et  que  les  Grecs 
désignoient  par  philyra.  C'est  avec  les  peaux  les  plus  minces 
du  liliu  qu'on  faisoil  des  rubans.  Les  héros  de  l'antiquité  se 
ceignaient  le  front  de  couronnes  ornées  de  tels  rubans , 
et  c'éloit  même,  an  dire  de  Pline,  un  très-grand  honneur. 
Ce  naturaliste  nous  apprend  que  le  boi5  du  tilia  fenielle  ne 
se  laissoit  point  attaquer  par  les  vers,  et  que  quoiqu'il  ne 
fûl  pas  d'une  grande  dimension  ,  il  étoit  utile. 

Pline,  en  trailant  des  usages  du  tilia^  dit  qu'ils  sont  presque 
tous  les  mêmes  que  ceux  de  l'olivier  sauvage:  on  n'eu)ployoit 
guère  que  ses  feuilles;  elles  éloienl  emménagogues,  et  on  les 
ap;»!iquoit ,  mâchées  ,  sur  les  ulcères  qui  venoienl  dans  la 
bouche  des  petits  enfans. 

\oilà  ce  que  Piine  dit  au  sujet  Aes  tilia',  mais  ce  naturaliste 
a  confondu  ic^  plusieurs  plantes.  En  effet ,  les  propriétés 
médicales  qu'il  altribue  au  lilia  sont  précisément  celles  que 
Dioscoride  rapporte  à  l'arbrisseau  qu'il  nomme  pliillyrea 
(  V.  ce  mot  )  ,  et  même  la  description  que  cet  ancien  bota- 
niste en  donne  est  tout-à-fail  différenic  de  celle  du  illia , 
par  Pline.  En  outre,  la  description  du  tilia  par  Pline  n'est 
qu'un  extrait  de  ce  que  Théophraste  a  dit  de  ses  philyra.  En 


T  T  T.  89 

effet ,  Théophraste  admet  deux  espèces  de  pMyra ,  l'une  mâle 
el  l'autre  femelle,  très-différentes  l'une  de  l'autre  par  leur 
port  et  par  la  nature  de  leur  bois  :  l'une  donnoit  du  fruit, 
l'autre  n'en  donnoit  pas;  le  philyra  mâle  avoit  une  écorce 
d'une  telle  dureté,  qu'elle  ne  pouvoit  se  plier;  son  bois  étoit 
jaune,  dur,  compacte  et  noueux;  l'écorce  du  yo/?//jra  étoit 
plus  souple  ,  maniable  ,  blanche  ,  odorante  ;  on  s'en  servoit 
pour  faire  des  paniers;  son  bois  étoit  blanc.  Le  philyra  {&- 
melle  portoit  seulement  des  fleurs  et  des  fruits  ;  ses  Heurs 
apparoissoient  dans  le  même  temps  que  celles  des  arbres 
domestiques;  sa  Heur,  encore  en  bouton  ,  avoit,  suivant 
Théophraste,  outre  la  queue  (pédoncule)  qui  devoit  lui 
servir  de  soutien  par  la  suite  ,  une  autre  petite  queue  à  la- 
quelle elle  étoit  attachée  ;  celle  (leur  éloil  verte  étant  en 
bouton  ,  mais  elle  étoit  jaunâtre  lorsqu'elle  éloil  épanouie. 
Le  fruit  avoii  une  forme  ronde  allongée,  il  étoit  gros  comme 
une  fève  (ou  pois),  assez  semblable  aux  grains  du  lierre  ,  et 
partagé  en  cinq  angles  semblables  à  des  nervures  qui  partoient 
de  la  cime  du  fruit  et  diminuoient  insensiblement  de  grandeur. 
Cette  s  ructure  étoit  beaucoup  plus  visible  dans  les  fruits  les 
plus  gros.  Quand  on  brisoit  ceux-ci  ,  il  en  sorloit  une  graine 
pareille  à  celle  de  Tarroche.  Les  feuilles  et  Técorce  ànphilyra 
îemelle  étoient  douces  el  agréables  ^u  goût.  Ses  feuilles  sont 
comparées  à  celles  du  lierre  par  Théophraste,  excepté  qu  en 
s'arrondissant  elles  devenoieiit  plus  pointues,  qu'elles  étoient 
plus  recourbées  vers  le  pétiole  ,  et  que,  depuis  le  milieu, 
elles  s'allongeoient  en  pointe  ,  ayant  le  bord  un  peu  plissé, 
crispé  et  légèrement  (finement  ?)  dentelé.  Cet  arbre  avoit  une 
moelle  de  même  consistance  que  celle  du  bois,  c'est-à-dire 
molle  et  tendre. 

L'on  rapporte  communément  le  philyra  mâle  de  Théo- 
phraste ou  ù'iia  mâ'e  <le  Pline  ,  à  notre  tilleul  des  bois  {tilia 
Ttncrophylla  ,  Vent.,  Decand.).  Cependant,  il  est  à  croire  que 
c'est  le  tilleul  à  bois  rouge  (  T.rubra  ,  Bosc  )  ,  commun  en 
Toscane.  Le  philyra  femelle  ou  il  lia  femelle,  passe  pour 
notre  tilleul  cultivé  (iiliaplai  phylla^Veui.');  c'est  peut-être 
aussi  le  Tilleul  de  CoRiNTHh.Cestilleulsd'Europesontcon- 
sidérés  par  Linnîenset  par  beaucoup  de  botanistes  comme  des 
variétés  dune  même  espèce  ,  qu'ils  désignent  par  iîlia  euro- 
pœa.  Quelques  botanislesont  cru  reconnoître  le  phylira  mâle 
diiosToriiie  ou  dans  Talaterne,  mais  ils  sont  dans  Terreur  :  ces 
desix  plantes  sonl  le /)/^/e«  et  \e  phylira  âe  Théophraste. 

11  est  exIrêrMement  douteux  que  l'arbre.vu  par  Pline  près 
Tiburics ,  ail  été  un  tilia  ^  c'est-à-dire  un  tilleul.  (Jn  sait 
que  ce  naturaliste  roaiain  avance  que  l'on  avoit  greffé  sur  cet 
arbre  d'autres  arbres,  et  qu'il  l'avoit  vu  chargé  de  toutes  sorte* 


9^^  T  I  L 

tie  friiîts  ;  une  brnnclic  portoit  des  noix  ,  mie  aulre  des  fruiîs 
en  baie,  d'autres  des  figues,  des  poires,  des  grenades,  diverses 
pommes,  etc.  Il  ajoute  que  cet  arbre  vécut  peu  de  temps. 

Nous  avons  dit  plus  haut  que  le  phHyra  do  Throphrasle  et 
le  [thillyrca  de  Dioscoride  sont  des  plantes  dilYerenles  ,  et 
nous  avons  dit  à  Tarlicle  Puillykea  que  cette  plante  de 
Dioscoride  parofl  avoir  été  une  espèce  de  FiLARlA. 

Ou  peut  croire  que  le  nom  de  tilia  est  une  corruption  du 
grec  p!c!ea  ^  nom  de  l'orme  (T.  Ulmus)  ,  qui,  lui-même, 
sembleroit  dériver  d'un  mot  qui  signifieroit  ailes.  On  sait 
que  les  fruits  de  l'orme  sont  ailés,  et  que  ceux  du  tilleul 
sont  garnis  de  bractées  qui  leur  servent  en  quelque  sorte 
d'ailes  lorsqu'ils  sont  transportés  par  le  vent.  Quant  au  nom 
grec  de  pin /ira,  on  le  fait  dériver  du  mol/)/i)/A>/J ,  feuille. 
On  le  doniioit  au  tilleul  à  cause  de  son  liber  qu'on  enlevoit 
aisément  en  feuilles  ou  lanières.  Les  Latins  mêmes  en  fai- 
soieni  usage  dans  ce  sens  ,  car  on  lit  dans  Horace  ,  liv. 
1.",  ode  38  : 

Disph'cer^t  ncxc  plrlira  roron^T. 

Le  nom  àe  phil/yren  paroît  avoir  la  même  racine  ;  mais  en 
ce  cas  ,  ces  deux  noms  ne  sont  pas  exactement  écrits  ,  car  il 
faudroit  phyllirea  cl  ph)//ir(i. 

Liiez  les  modernes  ,  le  nom  de  i.'Iia  a  été  constamment  aT- 
fecté  aux  tilleuls  ,  dont  Tournefort  fil  le  premier  un  genre 
qui  a  été  adopte  par  tous  les  botanistes  ,  et  dont  Ventenat 
a  donné  la  monograpbie.  J'.  Tilleul,  (ln'.) 

TILL\CEES,  Ti/icir ,  Juss.  Famille  de  plantes  dont  les 
caractères  consistent  :  en  un  calice  polvpbvlle  oumultipar- 
tite  ;  en  une  corolle  formée  de  pétales  en  nombre  déterminé, 
alternes  avec  les  folioles  ou  les  divisions  du  calice;  en  des  éta- 
mines  ordinairement  en  nombre  indéterminé  et  distinctes  ou 
plus  rarement  peu  nombreuses  et  monadelpbes;  en  un  ovaire 
simple,  à  style  souvent  unique  .  à  stigmate  simple  ou  divisé  ; 
en  une  baie  ou  capsule  ordinairement  nuiltiloculaire,  à  loges 
mono  ou  polvspermes,  à  cloisons  insérées  sur  le  milieu  des 
valves  dans  les  fruits  capsulaircs  :  en  un  périsperme  cbarnu  ; 
en  un  embryon  quelqnelois  un  peu  courbé;en  des  cotylédons 
planes:  ennne  radicule  presque  toujours  inférieure. 

Les  plantes  de  cette  famille  sont  presque  toujours  arbo- 
rescentes ou  frutescentes.  Leur  tige  recouverte,  en  général  , 
d'une  écorce  souple  ,  porte  des  feuilles  alternes,  simples  ou 
munies  de  stipules.  Leurs  Heurs  ordinairement  complètes  , 
rarement  dioïques  .  alïeclent  différentes  dispositions. 

^  enfenat ,  de  qui  on  a  emprunte  ces  expressions,  rapporte 
à  celle  famille  ,  qui  esl  la  dix-buitième  de  la  treizième  classe 


T  I  L  9. 

«Je  son  Tahleau  duRègne  végétal ^  et  dont  les  caractères  sont 
figures  pi.  17  ,  fig.  4  du  même  ouvrage,  seize  genres  sous 
trois  divisions. 

i.o  Étamines  en  nombre  déterminé  et  monadelphes  :  Val- 
TiiERiE,   Hki;matnne,  Mahlh^e. 

a.°  Elaniines  distinctes,  presque  toujours  en  nombre  in- 
déterminé; IVuil  mulliloculaire  :  Atstichore  ,  Corete,  IIÉ- 

LLOCARPE  ,    LaPI'LLIER  ,  SpARMANE  ,   QlaPALIER  ,  S^OA^E, 

Apeira,  Calablre,  Rimeot,  Ramontchi,  Stuartie,v 
Greuvier  et  Tilleul. 

^y  Etamines  en  nombre  indéterminé  ,  distinctes  ;  fruit 
uniloculaire  :  KoucouYER  ,  Laet  et  Banare. 

Depuis  ,  Jussicu  a  séparé  les  genres  de  la  première  section 
pour  en  former  une  nouvelle  famille  ,  celle  des  Hermaîsnia- 
CÉES  (  V.  au  supplément  )  ,  séparée  elle-môine  des  Stercu- 
LIACÉES  de  Venlenat,  ol  on  leurajoint  les  genres  Ho!sCKEME, 
Espère,  Nu^TlNGlE  ,  Colonie,  DiPiopuiiACTE  ,  Lliiee  , 
Heptaque,  Oncoi!A  ,  Mauurie,  JJecadie  ,  Salramie, 
Ablame  ,  B (ONDEE,  Ryame,  Yallee  ,  \entenatie  ,  Di- 
gère, Tricuspioarie,  Élacocarpe  et  Gatnitre,  (b.X 

TILL  et  TILLAS  ou  KILLAS.  Noms  que  porte,  en 
Cornouailles  ,   le  sdiîste   argileux.    Voyez  l'article  Schiste. 

(LN.) 

TILIGUERTA.  Reptile  du  genre  lézard  ,  à  queue  verli- 
cillée  deux  fois  plus  longue  que  le  corps,  à  cent  quatre-vingts 
plaques  inférieures  ,  etc.  Le  mâle  est  vert  et  la  femelle  brune. 

(DESM.) 

TILIN.  C'est  le  comis  mercator ,  Linn.  V.  CÔNE.  (B.) 
TILKO  d'Adanson.  V.  Thilco.  (ln.) 
TILL.  Espèce  de  Laurier  des  Canaries,  (b.) 
TILLANDE.  Nom  latin  francisé  des  Caragattes.  (b.) 
TILLANDSIA,  (ienre  de  plantes  consacré  par  Linnseus 
à  la  mémoire  de  Tillands  ,  botaniste  suédois,  qui  publia,  en 
1678,  un  catalogue  des  plantes  d'Abo,  orné  de  figures  en  bois 
d'une  médiocre  exécution.  Ce  genre  se  compose  d'espèces 
que  Plumier  avoll  réparties  dans  ses  genres  renealmia  et  ca- 
raguata.  Il  est  décrit,  dans  ce  Dictionnaire  ,  à  l'article  Ca- 
ragatte.  C'est  le  genre  karuguata  d'Adanson.  (ln.) 

TILLAS.   V.  TiLL.  (DES3I.) 

TILLAU.  Nom  vulgaire  du  Tilleul,  (b.) 
TILLDRA.  Nom  que  THuîtrier  porte  en  Islande,  (s.) 


92  T  T  L 

TILE-OR  des  Anglais.  C'est  le  Cdivre  oxydulé  ter- 
reux, (ln.) 

TILLE,  Tillus.  Genre  d'insectes  de  l'ordre  des  coléop- 
tères, section  des  pentamères,  famille  des  serricornes,  tribu 
des  clairones. 

Ce  genre,  que  j'ai  établi  dans  mon  Entomologie  d'après 
une  espèce  décrite  par  Linnaeus  sous  le  nom  de  chrysomela 
elongatu,  et  rangée  par  Fabricius  parmi  les  lagries  ,  doit  être 
considéré  comme  ayant  beaucoup  de  rapports  avec  les  clai- 
rons ,  dont  il  diffère  principalement  par  le  nombre  d'articles 
des  tarses ,  qui  est  visiblement  de  cinq  dans  les  tilles  ,  et  qui 
ne  paroît  que  de  quatre  dans  les  clairons  ;  c'est  pourquoi  j'ai 
fait  observer,  en  rédigeant  dans  le  même  ouvrage  le  genre 
clairon ,  que  les  trois  dernières  espèces  qui  avoient  cinq  arti- 
cles aux  tarses  ,  appartenoient  au  genre  tille.  Les  tilles  ont 
d'ailleurs  les  antennes  en  scie,  grossissant  un  peu  vers  le  bout; 
de  plus  ,  le  dernier  article  des  tarses  est  bilobé  ;  les  palpes 
maxillaires  sont  presque  filiformes  et  le  dernier  article  des 
labiaux  est  grand  et  sécuriforme.  La  seconde  espèce  de  tille 
que  j'ai  décrite, et  que  je  n'avois  pu  observer,  en  a  été  séparée 
par  Lalreille  ,  qui  en  a  formé  un  genre  sous  le  nom  d'ÉNO- 
l'LiE.  V.  ce  mol.  Cet  auteur  place  aussi  avec  les  tilles  le  clairon 
vnlfnscié  de  Fabricius. 

Les  tilles  fréquentent  les  plantes  et  les  fleurs  et  se  nour- 
rissent des  sucs  mielleux  qui  s'y  trouvent  répandus  ;  mais  on 
n'y  reconire  jamais  les  larves  qui  vivent  probablement  dans 
la  substance  du  bois  ou  dans  la  terre  ,  ce  qui  dislingue  encore 
ce  genre  de  celui  des  chrysomèles,  dont  les  larves  vivent  sur  les 
plantes  et  en  rongent  les  feuilles. 

Le  tille  allongé esl  noir,  un  peu  velu  ;  les  antennes  sont  fili- 
formes ,  presque  de  la  longueur  de  la  moitié  du  corps  ;  le  cor- 
selet est  rougeâlre  ,  cylindrique,  à-peu-près  de  la  largeur  de 
la  tcle.  Il  se  trouve  en  France ,  en  Allemagne,  en  Angleterre, 
sur  les  fleurs. 

Le  tille  ambulant  de  Fabricius  n'est  qu'une  variété  du  pré- 
cédent, distinguée  par  la  couleur  noire  de  son  corselet.  Les 
iil/es  damicorne  et  de  Weher^Axx  même  auteur, sont  des  énoplies. 

(O.L.) 

TILLEE  ,  Tillœa.  Genre  ,de  plantes  de  la  tétrandrie  té- 
tragynie  et  de  la  famille  des  succulentes  ,  qui  présente  pour 
caractères  :  un  calTce  à  trois  ou  quatre  divisions  ;  une  corolle 
de  trois  ou  quatre  pétales  ;  trois  ou  quatre  étamines  ;  trois  ou 
quatre  ovaires  supérieurs,  surmoutés  d'un  style  court,  à  stig- 
maie  simple  ;  trois  ou  quatre  capsules  polyspermes. 

Ce  genre  renferme  des  plantes  très-petites,   à  feuilles 


TIL  gî 

charnues,  opposées,  et  à  fleurs  axillalrcs.  On  en  compte  huit 
à  dix  espèces ,  dont  quatre  appartiennent  à  l'Europe.  Les 
deux  plus  communes  de  ces  dernières  sont  : 

La  TiLLÉE  AQUATIQUE,  qui  a  la  tige  droite,  les  feuilles 
linéaires,  les  fleurs  sesslles  et  quadrifides.  Elle  est  annuelle, 
et  se  trouve  sur  le  bord  des  eaux ,  dans  les  lieux  sujets  aux 
inondations.  Elle  a  à  peine  un  pouce  de  haut ,  mais  elle  se 
fait  remarquer  par  sa  couleur  rouge.  Elle  est  commune  au- 
tour des  mares  de  Fontainebleau.  Decandolle  en  a  fait  nou- 
vellement un  genre, sous  le  nom  deBuLLiARDE.dans  l'ouvrage 
de  Redouté  sur  les  Plantes  grasses  ,  fondé  sur  le  nombre  des 
parties  de  la  fructification  et  sur  la  présence  d'écaillés  à  la 
base  de  l'ovaire. 

La  TiLLÉE  MOUSSEUSE,  quî  cst rampante  et  qui  a  les  fleurs 
trifides.  Elle  est  annuelle  et  se  trouve  dans  les  terrains  sa- 
blonneux, surtout  ceux  qui  sont  sujets  à  être  inondés  pendant 
l'hiver.  Elle  a  à  peine  deux  lignes  de  haut ,  mais  se  prolonge 
quelquefois  en  rampant  jusqu'à  un  pouce  et  plus.EUe  est  com- 
mune au  bois  de  Boulogne. 

Les  espèces  étrangères  sont  toutes  originaires  du  Cap  de 
Bonne-Espérance.  (B;) 

TILLET.  L'un  des  noms  du  Tilleul,  (ln.) 

TILLEUL,  Tilia.  Genre  de  plantes  de  la  polyandrie 
monogynie  et  de  la  famille  de  son  nom  ,  qui  réunit  une  dou- 
zaine d'arbres ,  dont  trois  sont  communs  dans  nos  bois  et 
s'emploient  fréquemment  à  la  décoration  des  jardins. 

Les  caractères  de  ce  genre  sont  :  un  calice  coloré  et  caduc, 
à  cinq  divisions  profondes  ;  une  corolle  à  cinq  pétales  obius, 
munis  chacun  d'une  écaille  dans  les  tilleuls  d'Amérique  ;  des 
élamines  nombreuses  à  anthères  arrondies  ;  un  ovaire  ovale 
ou  rond,  velu  ,  surmonté  d'un  style  mince  ,  plus  long  que 
les  élamines  dans  le  tilleul  d'Europe  ,  et  persistant;  un  stig- 
mate à  cinq  dents  ;  une  capsule  coriace ,  sphérique ,  à  cinq 
loges  et  à  cinq  valves,  s'ouvrant  à  la  base  et  ne  renfermant 
qu'une  ou  deux  semences  ,  parce  que  les  autres  avortent.  Les 
fleurs  et  les  fruits  sont  soutenus  par  des  pédoncules  axillaires 
rameux  à  leur  extrémité  ,  et  attachés  par  le  bas  au  centre 
d'une  espèce  de  feuille  colorée  ,  longue  et  étroite.  Ce  der- 
nier caractère  ,  quoique  secondaire,  suffit  pour  distinguer  les 
tilleuls  de  tous  les  autres  arbres. 

Les  tilleuls  ont  tous  une  tige  haute  ,  droite ,  avec  une  belle 
tête  ;  une  écorce  gercée  sur  le  tronc,  d'un  gris  verdâlrc  srir 
les  branches  ;  des  feuilles  alternes,  péîiolées  ,  simples  ,  en- 
tières et  d'un  beau  vert;  la  forme  de  ces  feuilles  est  ovale  et 
en  cœur ,  leur  sommet  pointu  et  leurs  bords  dentés  en  scie  j 


d4  T  I  L 

elles  ont  Pinconvénient  de  tomber  de  très -bonne  bcure  en 
automne  ,  mais  elles  ne  sonl  pas  sujettes  à  être  dévorées  par 
les  insectes  ,  comnie  celles  de  Vormeau.  Les  fleurs  sont  d'un 
blanc  un  peu  jauaàlre. 

L'accroissement  du  tilleul  est  assez^rapide  ;  la  durée  de  sa 
vie  est  de  plusieurs  siècles.  Beaucoup  de  ceux  plantés,  par 
ordre  de  Sully,  devant  la  porte  des  églises  de  campagne  , 
existent  encore  (i).  H  peut  être  privé  de  presque  tout  son 
bois  et  végéter  cependant  avec  la  plus  grande  vigueur,  comme 
on  en  a  tant  d'exemples  en  France  et  ailleurs. 

Thomas  Brown  fait  mention  d  un  de  ces  arbres,  dont  la 
circonférence  étoit  de  quarante  -  huit  pieds  et  la  hauteur  de 
quatre-vingt-dix.  Il  existe  en  ce  moment,  près  Mellc  en  Poi- 
tou ,  dans  la  cour  du  château  de  Chaille  ,  un  antique  tilleul 
qui  n'a  peut-être  pas  son  égal  dans  toute  la  France.  Sa  tige  , 
qui  est  creuse  ,  a  quarante-cinq  pieds  environ  de  tour  ;  elle 
porte  six  branches  parfaitement  horizontales,  dont  le  dia- . 
mètre,  à  leur  base,  a  plus  de  trois  pieds  huit  pouces  ;  ces 
branches,  qui  depuis  long  temps  se  seroiont  rompues  sous 
leur  propre  poids,  sans  les  forts  étais  qui  les  soutiennent , 
ont  quarante-  trois  pieds  de  longueur,  ce  qui  donne  à  cet 
arbre  prodigieux  une  circonférence  totale  de  trois  cents  pieds. 
De  différens  points  des  branches  horizontales  s'élèvent  seize 
grosses  branches  perpendiculaires  de  plus  de  quarante  -  six 
pieds  de  hauteur  et  d'une  grosseur  proportionnée  ;  chacune 
d'elles  forme  seule  un  très-grand  arbre  ;  de  sorte  que  ce  til- 
leul ,  dont  la  hauteur  est  de  soixante  pieds  ,  présente  le  spec- 
tacle d'une  forêt  sur  ime  seule  tige. 

C'est  principalement  en  allée  et  en  quinconce  qu'on  cul- 
tive le  tilleul  dans  nos  jardins.  Cet  arbre  souffre  l'élagage 
et  la  tonte  ,  aussi  bien  que  l'orme.  C'est  en  hiver  qu'on 
doit  lui  faire  subir  ces  opérations,  qui  nuisent  toujours  à  sa 
croissance  et  je  dirois  même  à  sa  beauté  ,  si  je  ne  craignois 
les  reproches  des  amis  des  jardins  symétriques  et  des  allées 
régulières. 

Toute  exposition  et  tout  terrain  conviennent  au  tilleul  ; 
cependant  il  prospère  mieux  au  nord  et  dans  un  sol  léger.  Il 
est  ordinairement  mis  en  place  à  cinq  ou  six  ans  ;  mais  on  en 
a  vu  des  pieds  de  trente  ans  se  prêter  à  leur  transplantation. 

On  multiplie  les  tilleuls  par  le  semis,  par  les  drageons  en- 


(i)  Un  tilleul  planté  à  Morat,  en  1472  ,  à  l'occasion  de  la  bataille  gagnée 
celte  année  par  les  Suisses  sur  les  Bourguignons ,  existe  encore  ;  mais  , 
disent  les  l'euiiles  pubjiijues,  il  a  beaucoup  souffert  par  un  ouragan,  le  S 
Hiars  1818, 


T  T  L  95 

racines,  et  par  marcoUes.  La  première  mélliode  est  préfé- 
rable ,  mais  incertaine,  les  graines  étant  souvent  infécon- 
des. De  plus  ,  elle  est  très-longue  ,  de  sorte  que  beau- 
coup de  personnes  aiment  mieux  employer  celle  des  mar- 
cottes ,  qui  poussent  de  bonnes  racines  dans  l'espace  d'une 
année  ;  à  ce  terme  ,  on  peut  les  enlever  et  les  placer  en 
pépinière  ,  en  rangs  éloignés  de  quatre  pieds  ,  et  à  deux 
pieds  entre  elles  dans  les  rangs.  Le  meilleur  temps  pour 
marcoUer^  ces  arbres  et  pour  enlever  les  marcottes  ,  est 
la  fin  de  septembre  ,  quand  leurs  feuilles  commencent  à 
tomber.  Pour  obtenir  de  bonnes  brancbes  à  marcotter,  oa 
coupe  un  tilleul  près  de  terre  ;  il  pousse  ,  l'année  suivante  , 
un  grand  nombre  de  forts  rejetons  ,  qui  seront  très-propres 
à  être  marcottés  l'automne  d'après,  surtout  si  l'on  a  soin 
d'en  retrancher  les  pljs  petits  pendant  l'été  ;  car  si  on  les 
laissoit  croître  tous ,  ils  seroient  beaucoup  plus  foibles.  Ils 
aiment  une  terre  substantielle  et  fraîche.  Dans  les  terrains 
très-légers,  ils  se  dépouillent  avant  la  fin  du  mois  d'août; 
dans  les  terres  argileuses,  ils  viennent  mal ,  et  plus  mal  en- 
core sur  le  bord  des  rivières,  lorsque  leurs  racines  atteignent 
le  niveau  des  eaux.  Cet  arbre  demande  encore  à  être  ga- 
ranti des  vents  d'ouest ,  sans  quoi  il  est  sujet  à  des  chancres 
qui  le  défigurent ,  et  le  font  périr  ;  j'ai  constamment  remar- 
qué qu'à  cette  exposition  l'écorc^  en  étoit  gercée,  même 
séparée  de  l'aubier. 

Toutes  les  parties  des  tilleuls  présentent  quelque  utilité. 
Leurs  fleurs  sont  très-recherchées  des  abeilles,  qui  en  reti- 
rent un  miel  abondant.  Avec  elles,  on  compose  une  boisson 
ihéiforme  ,  d'un  usage  fréquent ,  et  qui  est  regardée  comme 
antispasmodique,  et  bonne  contre  les  affections  hystérique  et 
hypocondriaque.  Mais  on  a  beaucoup  exagéré  les  vertus  de 
ces  fleurs.  La  graine  de  tilleul  est  quelquefois  employée  à 
faire  une  sorte  de  chocolat.  Le  bois  de  ces  arbres  est  blanc, 
tendre,  mou,  il  ploie  facilement;  mais  il  n'est  point  léger, 
dit  Feuille,  comme  le  prétendent  Miller  et  Duhamel.  Ce 
Lois  est  bon  pour  la  sculpture  commune,  et  passable  pour 
le  tour.  Dans  les  montagnes  de  la  Franche-Gomié,  on  en 
fait  des  sabots.  Duhamel  a  vu  un  château  dont  les  poutres 
étoient  de  tilleul;  mais  11  ne  vaut  rien  pour  la  menuiserie  ,  et 
se  mâche  sous  le  rabot ,  si  l'outil  n'est  pas  parfaitement  affilé. 
Les  graveurs  en  bois  le  recherchent ,  parce  qu'il  n'est  point 
sujet  à  être  venaoulu.  Par  la  même  raison,  on  en  fait  des 
boîtes  qui  sont  très-propres  à  conserver  les  herbiers  des  bo- 
tanistes. Ce  bois  ne  chauffe  pas  beaucoup,  mais  il  donne  un 
charbon  très-propre  à  composer  la  poudre  à  canon. 


96  T  I  L 

Quand  on  manque  d'osier,  on  peut,  à  sa  place,  employer 
aux  ouvrages  de  vannerie  les  jeunes  rejetons  de  tilleul.  Avec 
sa  seconde  e'corce  détachée  par  lanières  longues  et  minces  , 
qu'on  fait  rouir,  on  tresse  des  chaussures  ,  des  nattes  plus  ou 
moins  fines,  desharts  et  des  cordes  de  toutes  grosseurs  ,  qui 
servent  communément ,  à  Paris  ,  de  cordes  à  puits.  Ailleurs, 
comme  en  Lilhuanie,  on  en  fait  des  trails  de  voilure  ,  ou  des 
liens  pour  les  traîneaux.  En  Suisse,  dit  -Bourgeois,  on  gar- 
nit et  l'on  ferme ,  avec  ces  cordes ,  les  ouvertures  et  les  join- 
tures des  barques  et  des  bateaux,  parce  qu'elles  ont  la  pro- 
priété de  se  conserver  plusieurs  années  dans  Teau  sans 
se  pourrir,  et  de  fermer  exactement  les  joints  qu'elles  rem- 
plissent. Dans  quelques  endroits,  on  en  garnit  l'extérieur  des 
fiacons  et  des  bouteilles. 

Enfin  ,  on  tire  du  Ironc  du  tilleul,  par  incision  ,  une  lym- 
phe, qu'on  fait  fermenter,  et  qui  donne  une  liqueur  vineuse 
assez  agréable. 

Quelque  multipliés  que  soient  les  tilleuls  ,  dans  nos  jar- 
dins, leurs  espèces  avoient  échappé,  jusqu'à  ces  derniers 
temps,  aux  observations  des  botanistes.  Venlenat  même,  qui 
a  fait  leur  monographie,  en  a  oublié  deux,  dont  Tun  est  des 
plus  connus,  et  l'aulre  est  cultivé  depuis  long-temps,  el  est 
mentionné  dans  les  auteurs.  C'est  à  M.  Bosc  qu'on  doit 
d'avoir  distingué  ces  deuxjlernières. 

Le  Tilleul  des  bois,  TUla  europeaXÀnn.-,  TiUa  microphylla y 
Vent.  ;  a  les  feuilles  petites  ,  d'un  beau  vert  en  dessus  , 
glauques  et  glabres  en  dessous  ;  les  fruits  petits  ,  presque 
ronds  et  velus.  Il  croît  dans  les  bois  d'une  partie  de  la 
France,  et  fleurit  en  juin.  C'est  le  plus  robuste  ,  celui  qui 
s'élève  le  plus  ,  celui  dont  on  emploie  presque  exclusive- 
ment la  seconde  écorce  pour  faire  des  cordes  à  puits.  On 
le  cultive  rarement  dans  les  jardins  ,  comme  inférieur  en 
beauté  aux  deux  suivans  ;  mais  il  est  préférable  pour  la  greffe. 

Le  Tilleul  de  Hollande,  ou  Tilleul  des  jardins,  ou 
Tilleul  femelle  ,  Tilia  platyphylla  ,  Vent.  ;  a  les  feuilles 
grandes,  d'un  vert  clair,  velues,  légèrement  glauques  en 
dessous  ;  les  fruits  gros  et  pourvus  de  quatre  à  cinq  arêies 
saillantes;  ses  jeunes  pousses  sont  à  peine  rougeâlres.  II  se 
cultive  fréquemment  dans  les  jardins,  et  y  est  confondu  avec 
le  suivant. 

Le  Tilleul  de  Corinthe,  Bosc,  a  les  feuilles  grandes , 
obtuses,  d'un  vert  plus  foncé,  moins  velues  que  celles  de  l'es- 
pèce précédente  ;  les  fruits  de  même  grosseur  ,  mais  jamais 
pourvus  d'arêtes.  Il  est  le  plus  généralement  eaiployé  dans 
ia composition  des  allées  des  jardins  des  environs  de  Paris,où 


T  I  L  P7 

îl  se  fait  remarquer  par  la  vive  couleur  de  ses  jeunes  pousses. 
Tous  deux  se  trouvent,  au  rapport  tle  M.  Bosc,  flans  ie=  bois 
de  l'est  <ie  la  France  ,  et  sont  hien  distingués  des  Lûclicrons, 
Ils  le  sool  égaleinenl  des  pépiniéristes  des  environs  de  Paris' 
Le  premier  est  le  plus  beau  des  deux.  Ils  s'él.Hent  moins 
que  le  tilleul  des  bois,  mais  se  prêtent  peui-élre  mieux  à  tous 
les  caprices  du  j.irdinier. 

Le  TiLLE'  I,  GLABRE  ,  à  feuilles  en  cœur,  denic'es  en  scie 
très-po'.nlues  et  glabres;  à  pétales  tronqués  et  «ontcs  au  som- 
met ;  à  noix  ovale  et  uiarquét;  de  rolos  peu  s.'.ili.-T^ips.  Il 
s'élève  jusqu'à  quatre-vingts  pieds.  On  le  trotWe  en  Canada 
et  dans  les  hautes  moiila^'n.,s  de  la  C"!oline.  Les  l.abiians  du 
Connecticul  font  du  papier  avec  son  liber.  On  \c  muliiolie 
dans  plusieurs  jardins  des  environs  de  Paris,soilpa  •  marcotics 
soit  par  greffe.  La  largeur  de  ses  feuilles  et  la  c.  ■'"— - 
blanche  de  son  écorce  le  font   disting;ier  de  fort  loin 


Le  TiLiEUL  DE  LA  LOUISIANE.  Il  diffè-e  du  précédent  par 
ses  fruits,  qui  n'ont  point  de  côies,  par  ses  feuilles  d'une 
forme,  amsi  que  d'une  couleur  propre,  el  par  ses  jeunes  pous- 
ses très-rouges.    On  le  cultive  comme  lui    d.i.is   nos  jardins 

Le  Tilleul  pubescent,  à  feuilles  tronquées  obliqu,  ment 
à  leur  base  ,  el  pubescentes  en  dessous;  à  pétales  écliannés  • 
à  noix  sphérique  et  lisse.  11  est  très-couimun  d-ins  la  Caroline! 

Le  Tilleul  HETÉROPHYLLE,  à  feuilles  ovales,  finement 
dentées  en  scie  ,  tantôt  eehancrées  à  leur  base  tantôt  tron- 
quées obliquement  ou  sur  le  même  plan  ;  à  pédoncules  très- 
longs  ;  à  fruits  gros  comuie  un  pois.  Il  se  plaît  d.uis  les  par- 
ties maritimes  de  la  Virginie  e(  de  la  Caroline  ,  et  ne  s'élève 
qu  a  la  hauteur  de  nos  arbres  fruitiers. 

Le  Tilleul  akgenïe  ou  àfeuilles  rondes,  remarquable 
par  ses  feuilles  situées  verticalement  et   d'un  b!,,ne  dt^nei-c 
à  leur  surface  inférieure.    Cette  espèce  croît  li.lurellemrnt 
dans  la  Hongrie  ,  et  Bn^gnière  et  Olivier  l'ont  trouvée  prcs 
deConstanlmople.  M.  (iordon  l'introduisit  ^n  Angleterre 
en   1767.   Alton,   directeur   du  jardin  de  Kew,    eu   envoya 
quelques  pieds,  1!  y  a  quatorze  ans,  à  MM.  Thouin  et  Cels 
qm  les  ont  propagés  avec  succès,  l'un  dans  !e  jardin  du  Mu! 
seum  d  Histoire  naturelle,  et  l'autre  dans  sa  pépinière  d'Ar 
cueil.  Ils  ont  été  greffés  sur  le  tilleul  de  Hollande.  Thouîn  a 
semé    leurs  grines,    qui  ont    parfaitement  levé;    de  sorte 
quaujourd  hui  il  est  fort  commun   dans  nos  jardins      qu'il 
orne  ,  plus  qu'aucun  autre ,  par  son  beau  port  et  par  le  con- 
traste  des  deux  couleurs  de  ses  feuilles,  (d.) 

TILLEUL  A  FEUILLES  COUPÉES.  Dans  l'Histoire 


98  T  I  M 

de  la  Lousiane ,  par  Le  Page  Du  Pralz,  ce  nom  est  donné 

TuflPIER.  (b.) 

TILLI.  r.  TiLLY.  (DESM.) 

TILLIA-PALIJNGA.  Nom  du  cristal  déroche  ou  quar» 

crislallisé  ,  à  Ceylan  et  au  Malabar,  (ln.) 
TILLOT.  C'est  le  Tilleul,  (ln.) 
TILLUS.  Nom  latin  du  genre  Tille,  (desm.) 
TILLY.  V.  Grive  tilly,  à  l'article  Merle,  (v.) 
TILOCAPiO.  Nom  que  les  Brames  donnent  à  l'arbre  que 

les  habitans  du  Malabar  désignent  par  TsiERA-CANiRAM.  V. 

ce  mol.  (ln.) 

TILO-ONAPU.  La  Balsamine    porte   ce   nom    dans 

Rhéede.  V.  Onapu.  (b.) 

TILS.  Nom  indien  du  Sésame,  (b.) 

TILVAU.  Nom  picard  du  Chevalier  aux  pieds  verts, 

V.  ce  mot.  (v.) 

TIMBO.  Nom  brasilicn  de  la  Baillère  de  Cayenne.  (b.) 
TIM-BOC.  Les  Cochinchinois  nomment  ainsi  la  même 

plante  que  les  Chinois  appellent  Tem  sin  tsao.   V.  ce  mol. 

(LN.) 


TIRU-CALLI.  Espèce  d'EupHORBE.  (b.) 
TIMBRE  VIOLET.  Espè(        ' 


;ce  d' Agaric  qui  croît  en  touffe 
dans  les  bois  des  environs  de  Paris  ,  et  qui  se  fait  remarquer 
par  son  chapeau  violet  en  dessus  et  blanc  en  dessous  ,  et  par 
son  pédicule  contourné  ,  également  violet.  Il  ne  paroît  pas 
nuisible.  Paulet  l'a  figuré  pi.  m  ,  de  son  Traité  des  cham- 
pignons, (b.) 

TIMIÈR.  Nom  vulgaire  à\x  Sorbier  des  oiseaux  ,  aux 
environs  de  Gènes,  (b.) 

TlMlPi  ATTA.  Poisson  des  rivières  de  Sibérie  ,  dont  le 
nom  générique  n'est  pas  connu,  (b.) 

TTMITL  Palmier  des  bords  de  l'Orénoque  ,  que  le  man- 
que de  renseignemens  ne  permet  pas  de  rapporter  à  aucun 
des  genres  connus,  (b.) 

TlMMEPiMAN.  Nom  que  les  Suédois  donnent  à  une 
espèce  de  Lamie.  V.  ce  mot.  (ln.) 

TIMMIE ,  Timmia.  Genre  de  plantes  cryptogames  ,  de 
la  famille  des  mousses  ,  établi  par  Bridel.  Ses  caractères 
consistent  :  à  avoir  un  péristome  externe  ,  à  seize  dents 
acérées  ;  un  péristome  interne,  aussi  muni  de  seize  prolon- 
gemens  articulés  sur  la  membrane;  des  fleurs  monoïques.  Il 
à  pour  type  le  mnie  mégapoliiain  de  Gmelin,  V.  Mnië  et 
Mousse.  Gmelin  a  donné  le  même  nom  au  genre  de  plantes 
appelé  Certanthe.  V.  ce  mot.  (b.) 

TIMONE.  Arbre   d'AmboIne  que  Rumphms  a  figuré  » 


TIN  99 

ftàaîscloiit  il  n'a  pas  décrit  les  parlies   de  la  frucUficalloa  , 
de  sorte  qu'on  ne  sait  à  quel  genre  il  appartient,  (b.) 

TIMONIUS.  Variété  à  feuilles  étroites  de  Veryihalis  po- 
lygama^  Forst. ,  figurée  pL  14.0  du  volume  m  de  l'Herbier 
d'Amboine.  (ln.) 

TIMORON.  Dans  quelques  éditions  de  Dioscoride,  on 
donne  ce  nom  comme  un  de  ceux  du  conion  des  Grecs   (ln  ) 

TIMOTHY-GRASS.  Nom  anglais  duFLÉAU  després.Vb  ) 

TtN.  Nom  anglais  de  l'ÉxAm.  (ln.) 

TlîSAMO\J,Cryptura,  Vieill.  ;  T^/mo,  Linn.;  Tinamus, 
Lath.  Genre  de  l'ordre  des  oiseaux  Gallinacés  et  de  la  fa- 
mille des  NUDIPÈDES.  V.  ces  mois.  Caractères:  bec  nu  à  sa 
base  ,  grêle  ,  droit ,  à  pointe  arrondie  et  obtuse  ;  mandibule 
supérieure  à  dos  élargi  ,  fléchie  vers  son  boulet  couvrant  les 
bords  de  l'inférieure  ;  narines  oblongues,  couvertes  d'une 
membrane  et  siluées  vers  le  milieu  du  bec  ;  langue  très- 
courte  ,  triangulaire  ;  bourbe  ample  ;  orbites  presque  nues  ; 
tarses  ou  lisses  ou  couverts  par  derrière  d'écaillés  saillantes  • 
ongles  courts,  courbés,  larges  et  un  peu  obtus,  creuses 
en  gouttière  par-dessous  ,  rinlermédiaire  dilaté  sur  son  bord 
interne;  ailes  concaves,  arrondies  ;  la  première  rémige  courte  ; 
les  quatrième  ,  cinquième  et  sixième  ,  les  plus  longues  de 
toutes  ;  queue  courte  et  composée  de  dix  pennes  chez  les  uns 
nulle  chez  les  autres. 

Ce  genre  est  divisé  en  deux  sections:  la  première  renferme 
les  espèces  qui  portent  une  queue,  le  plus  souvent  entière- 
ment cachée  sous  ses  couvertures  ;  la  deuxième  se  compose 
de  celles  qui  n'en  ont  point  :  tels  sont  les  Tinamous  guazu  et 

"ÏNAMBUI. 

Le  nom  tmamou  est  celui  que  les  naturels  de  la  Guiane 
française  donnent  aux  oiseaux  de  ce  genre.  Nos  colons 
ainsi  que  les  Espagnols  de  l'Amérique  ,  les  connoissent 
sous  la  dénomination  de  perdrix,  que  Barrère  et  Brissc  n 
ont  pour  ainsi  dire  consacrée  ,  en  les  rangeant  parmi  Us 
perdrix.  Mais  les  attributs  caractéristiques  ,  qui  sont  rapportés 
ci-dessus,  forment  des  dissemblances  assez  tranchées  poi  r 
séparer  distinctement  les  tinamous  des  perdrix.  «  Nous  au- 
«<  rions  dû  placer  ,  dit  Buffon  ,  le  genre  des  tinamous  après 
«<  celui  de  l'outarde  ;  mais  ces  oiseaux  du  nouveau  continent 
«  ne  nous  étoient  pas  alors  assez  connus  ,  et  c'est  à  M.  Son- 
«  nini  de  Manoncour  que  nous  devons  la  plus  grande  partie 
«  des  faits  qui  ont  rapport  à  leur  histoire,  ainsi  que  les  des- 
«  criptions  exactes  qu'il  nous  a  mis  à  portée  de  faire  ,  d'après 
«  les  individus  qu'il  nous  a  donnés  pour  le  Cabinet  du  Roi,  » 
(  Histoire  des  Oiseaux),  En  effet,  j'ai  vu  beaucoup  de  tinamous 


loo  TIN 

dans  les  forêts  de  la  Guiane,  et  ils  ont  été  l'un  des  gibiers  le* 
plus  délicals ,  comme  les  plus  communs ,  que  j'y  ai  rencontrés. 
Leur  chair  est  blanche  ,  ferme  et  succulente  ;  son  goût  appro- 
che de  celle  de  la  perdrix ,  sans  cependant  avoir  de  fuuiet. 
Les  cuisses  et  le  croupion  ont  d'ordinaire  une  saveur  amère  , 
qui  vient  des  fruits  du  balisier  dont  ces  oiseaux  se  nourrissent. 
Ils  mangent  aussi  les  cerises  et  les/à'^*  sauvages  ,  les  fruits  du 
palmier  comon ,  et  même  ceux  du  cafeyer  ^  lorsqu'ils  entrent 
dans  les  plantations  qui  avoisinent  les  bois.  Ils  ramassent  ces 
fruits  et  d'autres  de  différentes  espèces  sur  le  sol ,  qu'ils  grat- 
tent comme  les  poules;  ils  recherchent  aussi  des  insectes. 
Presque  continuellement  sur  la  terre,  ils  ne  se  perchent 
guère  que  pour  passer  la  nuit ,  et  toujours  sur  les  branches  les 
plus  basses  des  arbres  ou  des  arbrisseaux. 

Ces  oiseaux ,  qui  se  trouvent  au  Brésil  comme  à  la  Guiane, 
et  vraisemblablement  dans  d'autres  parties  de  l'Amérique 
méridionale,  ont  toutes  les  habitudes  des  gallinacés  ;  ils  vo- 
lent pesamment  et  courent  avec  vitesse.  On  les  rencontre 
communément  en  petites  troupes  ,  et  par  paires  dans  la 
saison  des  amours.  Ils  font  deux  pontes  par  an  ,  et  toutes 
deux  très- nombreuses  ,  dans  un  creux  qu'ils  pratiquent  en 
grattant  la  terre,  et  sur  une  couche  d'herbes  sèches.  Leur 
rappel ,  qui  se  fait  entendre  le  plus  souvent  matin  et  soir, 
est  un  long  siftlement,  tremblant  et  plaintif,  que  les  chasseurs 
savent  imiter  pour  les  attirer  à  portée  du  coup  de  fusil,  (s.) 

Nous  devons  à  M.  de  Azara  de  nouveaux  détails  sur  les 
iînamous ,  qui  portent ,  au  Paraguay ,  le  nom  à'ynamlu.  Ce 
nom  est  celui  que  les  Guaranis  ,  peuplade  de  C£tle  contrée  , 
donnent  à  une  famille  d'oiseaux  que  les  Espagnols  appellent 
prrdrîx^s'ils  sont  gros, et  cailles  s'ils  sont  petits.  Ce  savant  natu- 
raliste espagnol  dit  qu'ils  ressemblent  aux  perdrix  par  le  grand 
nombre  de  leurs  œufs;  la  ponte  sur  la  terre,  recouverte  seule- 
ment de  quelques  brins  d'herbe  ;  l'habitude  d'être  pulvérisa- 
teursetde  ne  jamais  se  percher;  lenatureltimideet  trisle;leur 
vol  pesant,  court  et  bruyant;  la  rapidité  de  la  course  ;  la  bonté 
de  la  chair  ;  l'estomac  charnu  et  la  grosseur  du  corps.  Ce- 
pendant, il  y  a  entre  eux  beaucoup  plus  de  différences  que  de 
ressemblances.  Les  ynambiis  ne  vont  point  en  campagne  et 
se  réunissent  rarement  par  paires;  de  sorte  que  les  petits, 
nouvellement  éclos  ,  courent  de  côté  et  d'autre  ,  sans  que 
personne  les  ait  vus  rassemblés.  Ils  se  nourrissent  plutôt  de 
chenilles  que  de  graines ,  et  ils  préfèrent  les  terres  incultes 
aux  campagnes  cultivées  ;  ils  différent  encore  des  perdrix  en 
ce  qu'ils  n'ont  poiut  de  peau  nue  autour  des  yeux  ;  qu'ils 
ont  la  tête  plus  petite  ;  le  cou  plus  long  et  plus  délié  ;  la  lan- 


T  I  N  ïof 

gue  semblable  à  celle  de  la  cigogne  ;  le  bec  plus  droit  et  long, 
moins  gros ,  moins  fort  et  moins  pointu;  les  ouvertures  des 
narines  allongées  et  plus  avancées  sur  le  bec,  et  ils  n'ont 
point  de  queue.  Ces  oiseaux  sont  criards  ,  surtout  le  soir  et 
le  malin  ,  et  quelques-uns  durant  la  journée  entière  ;  leur 
naturel  est  peu  défiant  ,  peu  sociable  ,  timide  et  triste  ;  ils 
sont  d'une  telle  indolence  ,  qu'ils  restent  tranquilles  presque 
tout  le  jour  à  la  même  place  ;  leur  démarche  est  vive  et  agile  ; 
leur  course  rapide  ;  leur  vol  bas  ,  borisontal  et  droit.  Le 
manque  de  queue  les  empêche  de  se  tourner  avec  facilité 
en  volant  :  ils  ne  prennent  leur  essor  que  quand  ils  y  sont 
forcés  ,  et  ils  sont  bientôt  fatigués. 

IjQ?,  ynambus  ne  boivent  point,  et  leur  principale  nourriture 
se  compose  d'insectes  ,  auxquels  ils  joignent  des  fruits  et  des 
racines  qu'ils  cherchent  au  commencement  et  à  la  fin  du  jour, 
même  au  clair  de  la  lune. 

Quelques  espèces  habitent  les  campagnes;  les  autres  se 
tiennent  dans  les  bois  ,  ne  quittent  point  les  cantons  les  plus 
fourrés  et  ne  se  posent  jamais  sur  les  arbres.  On  distingue 
les  ynainbus  des  bois  de  ceux  des  campagnes  par  divers  attri- 
buts ;  ils  volent  moins,  et  seulement  quand  on  les  inquiète  ; 
encore  vont-ils  à  peine  à  quarante  pas  ;  mais  ils  sont  plus 
défians.  Ils  ont  le  doigt  postérieur  plus  court  et  ne  l'appuient 
pas  sur  le  sol;les  plumes  des  cuisses  sont  arrondies,el  les  cou- 
vertures supérieures  du  croupion  ,  dirigées  en  arrière  ,  bien 
fournies  de  barbes  et  remarquables  par  leurs  bordures  qui 
font  le  trait  le  plus  saillant  du  plumage  ;  les  écailles  du  tarse 
plus  grandes  ;  le  bec  un  peu  pîas  foibie  et  moins  pointu.  Les 
ynam/jus  des  champs  ont  de  petits  cils  qui  manquent  à  ceux 
des  bois  ;  le  fond  du  plumage  îles  premiers  a  des  teintes 
fauves ,  rouges  et  brunes  ;  celui  des  seconds  est  obscur  et 
bleuâtre. 

Nota.  Tout  cet  article,  'est  extrait  de  la  traduction  fran- 
çaise ,  faite  par  Sonnini ,  de  V Apiiniamien'os  para  la  Hisioria 
nalura/  de  lo:  paraxos  del  PdniguoY  àeJ^on  Félix  de  Axara.  Il 
en  est  de  même,  comme  je  l'ai  déjà  dit  ailleurs  ,  pour  tout 
ce  qui  a  rapport  aux  oiseaux  da  Paraguay.  Je  me  suis  seule- 
ment borné  à  vérifier  les  faits  dans  le  texte  espagnol. 

*  Le  TiTîAMOU  SLEUÀTRE,  Cryptwa  cœrukscens^  Yieiil. 
M.  de  Azara  a  décrit  cet  oiseau  sous  le  nom  ^''ynainhu  azii- 
iiido  ,  et  qnelqiîes  naturels  du  Paraguay  V appeilant ynambua- 
pequia  (^ynoimbu  sans  éclat).  Il  a  onze  pouces  trois  quarts  de 
longueur  totale;  la  tête  d'une  teinte  plombée,  plus  claire 
sur  les  côtés  ;  les  parties  inférieures  d'un  rougcâtre  pâle  ;  les 
plumes  des  cuisses  et  des  jambes  noires  au  milieu ,  avec  trois 


loa  T  I  N 

lignes  parallèles  à  leurs  bords ,  l'une  rousse  ,  la  deuxième 
noire ,  et  celle  qui  forme  la  bordure ,  d'un  roux  pâle  ;  les  cou- 
vertures supérieures  et  inférieures  des  aile^  noirâtres  ,  à 
l'exception  des  grandes  qui  sont  de  couleur  d'acier  bruni ,  de 
même  que  les  pennes  ;  les  parties  supérieures  bleuâtres ,  sous 
un  aspect ,  et  d'un  roux  foncé  sous  un  autre  ;  le  croupion  , 
de  la  dernière  teinle  ;  le  tarse  ,  couleur  de  feuille  morte  ; 
l'iris  ,  orangé  ;  le  bec  ,  d'un  rouge  de  corail.  11  y  a  ,  au  Mu- 
séum d'Histoire  naturelle,  un  individu  qui  a  beaucoup  de 
rapport  avec  le  précédent  ;  mais  il  porte  une  taille  moins 
io()gue,et  iln'apoinl  les  grandes  couvertures  ni  les  pennes  des 
ailes  de  couleur  d'acier  bruni. 

*•  Le  Ti^JAMOU  CARAPÉ  ,  Cryptura  nana ,  Vieill.  Carapé  est 
le  nom  q\xe  les  Guaranis  des  Missions  du  Paraguay  donnent 
à  cet  oiseau  ;  il  veut  dire  ynambu  nain.  D'autres  ,  dit  M.  de 
Azara  ,  qui  nous  l'a  fait  connoîtrc ,  l'appellent  ynamhu  yani\ 
c'est-à-dire,  grand-père  de  l'ynambu.  Il  est  très-  rare  aux 
Missions,  et  il  le  paroît  encore  plus  qu'il  ne  l'est  en  effet , 
parce  qu'il  se  cache  dans  les  herbes,  et  qu'il  n'en  sort  que 
quand  on  marche  ,  pour  ainsi  dire  ,  dessus  lui;  à  peine  vole- 
l-il  l'espace  de  vingt  pas ,  et  il  se  cache  ensuite  ,  de  sorte  qu'on 
ne  peut  trouver  s^  remise.  C'est  un  oiseau  solitaire  ,  qui  ne 
pénètre  jamais  dans  les  bois  ,  et  qui  se  lient  constamment 
4ans  les  campagnes  et  dans  les  pâturages  bien  fournis  d'her- 
bes. Il  fait  entendre,  dans  les  mois  d'octobre  et  de  novem- 
bre ,  un  cri  perçant  qui  exprime  la  syllabe  pi. 

Il  a  six  pouces  de  longueur  totale  ;  les  parties  inférieures 
blanches  ,  avec  des  taches  longitudinales  et  roussâlres  sur  le 
devant  du  cou  ,  et  des  lignes  transversales,  noirâtres  et  d'un 
blanc  lavé  de  roux  sur  les  côtés  du  corps  ;  le  front,  les  côtés 
de  la  tête  d'un  roux  clair  ,  varié  de  petites  taches  noirâtres  ; 
les  plumes  du  dessus  de  la  tête  ,  de  la  dernière  teinte  ,  avec 
quelques  points  et  une  bordure  presque  imperceptible  de 
blanc  sale:le  dessus  du  cou  et  le  croupion,  variés  de  roux  ,  de 
blanc  et  de  noir  ;  les  pennes  et  les  couvertures  extérieures  de 
î'aile  ,  rayées  transversalement  de  noir  ,  de  roussâlre  ,  et  ta- 
chetées de  blanc  ;  le  tarse, d'un  olivâtre  clair;  le  bec,  brun  en 
dessus  et  blanchâtre  en  dessous. 

LeTiNAMou  DE  Cayenne,  F.  Tinamoumagoua. 

Le  TtiSAMOU  CENDlili,  Qyplura  cinerea  ,  Yieill.  ;  Tinamus 
ci'nneus ,  Lath.  ;  pi.  enlum.  de  VHistaire  naturelle  de  Buffon  , 
11."  l.nG.  «  jNous  avons  adopté  cette  dénomination  ,  dit  Buf- 
«  fon  ,  parce  qu'elle  fait ,  pour  ainsi  dire  ,  la  description  de 
«  l'oiseau,  qui  n'éloit  connu  d'aucun  nainraliste  ,  et  que  nous 
«  devons  à  M.  Sonniul  de  Manoncour.  11  est,  en  effet  ,  d'un 


TIN  loS 

«  brun  cendré  fanTcé  ,  uniforme  sur  tout  le  corps  ,  et  cette 
«  couleur  ne  varie  que  sur  la  tête  et  le  cou,  où  elle  prend 
«  une  teinte  de  roux.  »  Les  grandes  pennes  des  ailes  et  la 
mandibule  supérieure  du  bec  sont  noirâtres  ;  la  mandibule  in- 
férieure est  d'un  blanc  sale  ,  et  les  pieds  sont  grisâtres.  Cet 
oiseau  a  un  pied  de  longueur  totale. C'est,  de  tous  les  tinavious^ 
le  moins  commun  à  la  Guiane  française ,  où  il  porte  le  nom 
de  perdrix  cendrée. 
Le  TiNAMou  (grand).  V.  Tinamou  magouâ. 
Le  TiNAMOU  GUAZU,  Cryptera  guazu  ^  Vieill.  Le  nom  de 
celte  espèce ,  décrite  pour  la  première  fois ,  par  M.  de  Azara , 
sous  celui  àynambu  guazu ,  signifie  grand  ynambu.  On  la 
trouve  au  Paraguay,  dans  les  pâturages  gras  et  fournis  d'her- 
bes hautes  où  elle  se  tient  cachée,  et  d'où  elle  ne  s'envole  que 
lorsqu'on  est  prêt  à  lui  marcher  sur  le  corps,  ou  qu'on  lui 
jelle  des  pierres.  Son  cri ,  que  Ton  entend  de  fort  loin  ,  est 
un  sifflement  triste  et  un  peu  tremblant.  Elle  cache  son  nid 
dans  quelque  touffe  de  paille  ou  d'herbe  ;  sa  ponte  est  de 
sept  œufs  ,  d'un  violet  très-brillant  et  d'une  égale  grosseur 
aux  deux  bouts.  Quand  cet  ynambu  est  effrayé  ,  il  relève  les 
plumes  de  sa  tête  en  forme  de  huppe. 

Il  a  seize  pouces  et  demi  de  longueur  totale  (des  individus 
n'en  ont  que  quatorze)  :  les  plumes  du  dessus  de  la  tête  sont 
noires  et  bordées  foiblement  de  roux  clair;  l'oreille  est  cou- 
verte par  une  tache  noirâtre  ;  le  reste  de  la  tête  et  du  cou  en 
entier  est  d'un  roux  clair;  les  plumes  du  dessus  du  corps  et 
les  couvertures  supérieures  de  l'aile  sont  étroites  ,  arron- 
dies ,  avec  une  triple  bordure  roussâlre,  noire  et  blanche  ; 
les  pennes  sont  rouge^âlres  ,  tachetées  de  noirâtre  ;  le  ventre 
et  les  jambes  ,  rayéà  transversalement  de  noirâtre  sur  un 
fond  blanc  ,  lavé  de  brun  ;  le  reste  du  dessous  du  corps  ,  est 
d'un  brun  mêlé  de  roussâtre;  le  bec,  d'un  brun  bleuâtre  ,  et  le 
tarse  ,  d'un  blanc  pâle. 

Le  jeune  ,  dans  son  premier  âge  ,  a  des  lignes  noires  sur 
le  sommet  et  les  côtés  delà  tôle  ;  le  dessus  du  corps  ,  d'un 
brun  foncé  et  tacheté  de  blanc  ;  le  dessous,  d'un  brun  clair  ; 
toutle  plumage, tellement  embrouilléethérissé  qu'au  toucher  il 
ressemble  à  la  peau  d'un  quadrupède;  enfin, pourloules  pennes 
aux  ailes  ,  celles  de  la  partie  extérieure  qui  sont  rouges.  Sui- 
vant Sonnini ,  cet  ynambu  paroît  être  le  zonccoWn  {perdix 
cristuid);  mais  ce  rapprochement  ne  me  paroît  pas  admissible, 
attendu  que  celui-ci  a  une  huppe  pendante  ,  une  taille  de 
moitié  plus  courte  et  une  queue. 

*  Le  TiNAJlou  MACAO,  Cryptura  adspeisa,  Vieill.;  Tina- 
mus  udspersus  ,  Tcnuu.  Cet  oiseau,  que  Tenuiiinck  a  décrit 


T  I  N  . 

<V,Tprès  un  inùividu  qui  fait  partie  du  Muséum  d'histoire 
naturelle  de  Berlin,  se  trouve  au  Tirésil,  dans  la  province 
de  Para  ,  où  il  porte  le  nom  à'ynnmiju  macao.  Voici  la  des- 
cription qu'il  en  fait:  «  Ses  dimensions  portent,  en  longueur 
totale,  environ  onze  pouces;  le  bec,  depuis  la  pointe  jus- 
qu'aux plumes  du  front,  mesure  un  pouce;  le  tarse  a  un 
pouce  huit  lignes.  Le  sommet  de  la  tête  est  d'un  brun  foncé; 
la  gorge  porte  une  couleur  blanche  ,  légèrement  nuancée  de 
grisâtre  ;  la  partie  supérieure  du  cou  est  d'un  brun  rongeâlre, 
onde  de  fines  raies  noires  ,  ujais  la  partie  antérieure  du  bas 
du  cou  est  d'un  grisâtre  également  onde  de  raies  noirâtres  ; 
toutes  les  parties  supérieures  du  corps  sont  d'un  brun  rou- 
geàiro,  rayées  transversalement  et  irrégulièrement  de  fines 
bandes  noires,  qui  forment  tS-^s  zigzags;  la  couleur  brune 
rougeàire  qui  se  trouve  sur  les  couvertures  des  ailes  et  sur  les 
plumes  du  croupion  est  moins  pure  que  sur  le  dos,  et  paroît 
nuancée  de  grisâtre  ;  la  poitrine  est  d'un  gris  fauve  ,  mais 
qui.  est  varié  de  petits  tr.iits  et  de  points  plus  foncés;  le 
ventre  est  de  la  même  couleur,  mais  plus  claire  ;  l'abdomen 
et  les  cuisses  sont  d'u:i  blanc  sale,  onde  de  lignes  ferrugi- 
neuses, excepté  sur  le  milieu  de  l'abdomen  qui  cstunicolore  ; 
les  couvert u.  es  q«ii  cachent  la  queue  en  dessous  sont  d'un  blanc 
fauve,  mais  mar(jué  de  bandes  irréeulières  noires  et  de  quel- 
ques bandes  ferrugineuses  ;  les  rémiges  sont  brunâtres  ,  sans 
taches  ;  les  pennes  secondaires  et  les  plus  grandes  couver- 
tures des  ailes  sont  d'un  brun  cendré ,  mais  variées  comme 
1  -s  plumes  du  dos  par  des  zig/ags,  disposés  transversalement; 
les  pennes  de  la  queue  sont  brunâtres  depuis  leur  base  ,  mais 
la  pointe  est  rayée  de  zigzags  noirs  très  fins;  les  couvertures 
du  dedans  des  ailes  sont  brunâtres;  l'iris  est  d'un  brun  rou- 
geàtre.   » 

Le  TiNAMOU  MAGOUA,  Ctypiûra  mnf^oua  ^  Vieill.  ;  Tinanms 
hnisiliensis  ^  Lath.  ;  pi.  enlum  A&V Histoire  naturelle  de  Bu ffuri  ^ 
n.°  476.  (  Nota,  que  celle  figure  est  fautive,  en  ce  qu'elle  re- 
présente la  peau  qui  entoure  les  yeux,  absolument  dégarnie 
de  plun»es,  tandis  que  cette  peau  est  couverte  de  plumes 
courtes,  brunes  et  variées  de  gris.)  Il  s'appelle,  au  Brésil , 
înaroucagiia  ,  d'où  Buffon  a  {a\{  wagoi/a  ^  nom  sous  lequel  il 
l'a  décrit  ;  à  la  (iuiane  fran-  aise  ,  grouse  perdrix  par  les  co- 
lons ;  iinumon  et  plus  souvent  ainwn  par  les  naturels. 

Le  grand  lltiamou  a  la  taille  du  faisan ,  mais  son  corps  est 
plus  ramassé  et  plus  gros  ;  il  est  aussi  beaucoup  plus  charnu  : 
il  a  le  dessus  de  la  tête  d'un  roux  fonce  ,  la  gorge  et  le  ventre 
blancs  ,  et  le  reste  du  pluniage  d'un  gris  brun  plus  ou  moins 
foncé  ,  plus  ou  moins  taché  de  noirâtre.  Cette  dernière  Iciute 


TIN  io5 

est  celle  des  pieds  ;  les  yeux  sont  noirs  ,  ainsi  que  la  mandi- 
bule supérieure  du  bec  ;*i'inférieure  est  blanchâtre. 

Le  sifflement  par  lequel  les  firands  tinomous  se  rappellent , 
est  un  son  grave  et  fort.  Ils  ne  manquent  pas  de  le  faire  en- 
tendre au  coucher  du  soleil.  La  ponte  est  de  douze  à  seize 
œufs  ,  presque  ronds ,  un  peu  plus  gros  que  ceux  de  poule  , 
et  d'un  beau  bleu  verdâlre  :  ces  œufs  sont  très  -  bons  à 
manger,  (s.) 

*  Le  TiN/VMOU  MOCOICOGOÉ,  Cryphira  soh'taria  ^  Vieill. 
Noos  devons  la  connoiss.ince  de  cellf  espèce  à  M.  de  Azara, 
qui  V aç\ic\[e  y nanifiu  muroirogoé ,  nom  que  lui  ont  imposé  les 
(juaranis  du  P.iragnay;  les  Américains  le  connoissent  aussi 
sous  le  nom  de  mhaturaai'gua.  Cet  ynonihii  prononce  ce  mot 
lentement,  et  en  séparant  chaque  syllabe  ,  d'un  ton  triste. 
M.  de  Azara  a  entendu  ce  cri  plusieurs  fois,  au  coucher  du 
soleil ,  dans  les  forets  toufùies  qui  font  sa  demeure  habi- 
tuelle -,  il  ne  se  perche  pas  sur  les  arbres  et  il  ne  court  point 
pen'iant  le  jour  ;  il  vil  sohlaire  ;  il  a  les  mêmes  habitudes  que 
le  ti.iamoK  iataupa  ,  mais  il  n'a  pas  la  même  manière  de  se 
cacher.  Ou  assure  que  sa  ponte  consiste  en  deux  œufs  violets  » 
selon  les  nns  ;  d  un  !)leu  verdâlre  ,  selon  les  autres. 

Le  moroirugue  A  dix  neuf  pouces  de  longueur  totale  ;  le  bec 
long  de  quinze  lignes  et  demie;  les  côtés  de  la  tête  sont 
poinliiiés  de  noirâtre  et  de  roux  clair  ;  un  trait  roux  com- 
mence au-dessus  de  Toeil  et  descend  jusqu'aux  deux  tiers  des 
côtés  du  cou;  sous  ce  trait,  il  y  en  a  un  second  parallèle 
d'une  nuance  plus  foncée  ;  le  reste  de  ces  deux  tiers  du  cou, 
le  des.sus  et  le  derrière  de  la  tête  sont  piquetés  comme  les 
côtés,  et  le  dernier  tiers  est  dun  plombé  verdâlre  ,  plus 
sombre  en  liessous  ;  le  dos,  le  croupion  et  les  couvertures 
supiriem-es  des  liles  (»nt  l.v  mê.ne  nuance  ,  mais  plus  claire 
et  traversée  p;u-  un  gr;u)d  nou)bre  de  raies  presque  noires; 
il  y  a  aussi  un  peu  pius  de  jaune  mêlé  à  la  couleur  verdâlre 
des  couvertures  ,  a  l'exception  de  celles  de  la  partie  externe 
de  l'aile,  qui  sont  presque  noires,  comme  toutes  les  pennes, 
dont  la  moitié,  du  côte  extérieur,  est  variée  de  zigzags  el  de 
points  roux  :  les  ^lles  sont  en  dessous  d'un  blanc  argentin  ; 
la  poitrine  el  le  ventre,  d'un  bl.-inc  plombé  ,  rayé  et  pointillé 
de  brun  très  foible  ;  les  côlés  du  corps  et  les  plumes  dés  jam- 
be.s  ,  rayés  également  de  noirâtre  el  de  blanc  sale  ;  les  plu- 
mes du  bas  du  venlre,  variées  de  jaune  clair  et  de  brun  ;  le 
tarse  est  d'une  leinle  plombée  peu  foncée  ;  l'iris,  dun  brun 
roussâire  ;  le  bec,  d'im  noir  bleuâtre.  Des  individus  ont  des 
dimensions  el  des  couleurs  plus  foibles  :  M.  de  Azara  croit 
que  ce  sont  les  femelles  de  celle  espèce. 


ïo6  TIN 

Le  iinamou  tao  ,  que  M,  Temminck  de'crit  d'après  Illiger, 
et  qui  se  trouve  au  Brésil,  dans  la  province  de  Para,  où  il 
est  connu  sous  la  dénomination  à'ynamhu  tao,  a  de  grands 
rapports  avec  le  précédent  ;  peut-être  est-il  de  la  même  es- 
pèce. L'ornithologiste  hollandais  les  réunit  :  «  en  attendant , 
dit  il ,  que  des  observations  plus  détaillées  nous  fassent  mieux 
connoîlre  Vynamhu  mocoicogoé ^  désigné,  assez  vaguement, 
par  l'auteur  espagnol.  »  Nous  avons  copié  exactement  la  des- 
cription que  M,  de  Azaraa  donnée  du  mocoicogoé,  pour  mettre 
le  lecteur  à  même  de  juger  si  la  critique  de  M.  Temminck 
n'est  pas  aussi  déplacée  que  presque  toutes  celles  qu'il  se 
permet  souvent  à  tort  et  à  travers. 

Le  iinamou  tao  a  vingt  pouces  de  longueur  totale  ;  le  bec 
long  de  dix-sept  lignes  ,  depuis  sa  pointe  jusqu'au  front;  la 
tête  noirâtre  ,  avec  des  taches  grisâtres  à  peine  distinctes  ; 
une  bandelette  noire  et  variée  de  petites  lignes  blanches  , 
passant  au-dessus  de  l'oeil  et  descendant  sur  le  milieu  de  la 
partie  postérieure  du  cou  ;  les  joues  ,  sous  les  yeux,  le  bas  de 
la  gorge,  le  haut  du  cou  en  devant,  ses  côtés,  présentent 
les  mêmes  couleurs  et  distribuées  de  même  ;  le  menton  et  le 
reste  de  la  gorge  sont  blanchâtres  ,  et  variés  de  noirâtre 
d'une  nuance  obscure  ;  les  côtés  de  la  tête  noirâtres  ;  cette 
couleur  prend  la  forme  d'une  bande  qui ,  de  l'oreille,  des- 
cend de  chaque  côté  jusqu'à  la  partie  inférieure  du  cou  ,  et 
sert  de  bordure  à  celle  qui  est  variée  de  noir  et  de  blanc  ;  le 
bas  du  devant  du  cou  et  la  poitrine  ont  des  petits  points  noi- 
râtres sur  un  fond  cendré;  le  dos,  le  croupion  et  les  couver- 
tures des  ailes  sont  noirs ,  avec  des  zigzags  cendrés  ;  on  re- 
marque ,  sur  les  couvertures  supérieures  de  la  queue  ,  que 
ces  zigzags  sont  moins  distincts, ^et  que  la  couleur  noire  do- 
mine vers  leur  extrémité  qui  est  pointillée  de  cendré  ;  le 
yenire  est  de  cette  couleur  ,  couvert  de  zigzags  moins  purs 
et  très-serrés  ;  le  reste  des  parties  inférieures  et  les  plumes 
des  jambes  sont  roussâlres  et  ondes  de  noir;  un  cercle  brun 
est  au  bas  de  la  jambe  ;  les  couvertures  inférieures  de  la  queue 
sont  ferrugineuses  ,  avec  quelques  ondes  noires  sur  le  bord 
des  plumes  ;  les  pennes  de  l'aile  d'un  noirâtre  par  ;  les  secon- 
daires ont  des  zigzags  d'un  cendré  foncé  ;  les  pennes  de  la 
queue  en  ont  d'un  gris  blanchâtre  sur  un  fond  noirâtre  ;  le 
bec  est  d'un  noir  cendré;  l'iris  d'un  brun  roussâtre  et  le  tarse 
d'une  couleur  de  plomb  claire. 

*  Le  TlNAMOU  OAUiA^\  ,  Cryptura  sti'igulosn,  Vieill.;  Tiiia- 
mus  stiigulu&us,  Temminck.  C'est  à  cet  auteur  que  l'on  doit  la 
première  description  de  cette  espèce,  qui  se  trouve  au  BrésiU 
Oariuna  est  le  nom  que  les  habitans  de  la  pro^  incc  du  Paraguay 


TIN  ,o7 

lui  donnent  ;  quelques-uns  l'appellent  ynambu  pinime.  Il  a  dix 
pouces  une  ou  doux  lignes  de  longueur  ;  le  front  et  le  sommet 
de  la  tête,  noirs;  la  gorge,  d'un  blanc  un  peu  roussâtre  ;  les 
joues  ,  l'occiput ,  la  nuque  et  le  bas  du  cou  ,  d'un  roux  foncé  ; 
la  poitrine  et  les  flancs, d'une  teinte  plombée  ,  nuancée  d'oli- 
vâtre; le  ventre,  d'un  cendré  jaunâtre,  avec  des  ondes  pres- 
que imperceptibles  d'un  cendré  clair;le  milieu  de  l'abdomen, 
d'un  blanc  pur;  ses  côtés,  variés  de  brun  noirâtre  et  de  jaunâ- 
tre; les  couvertures  de  la  queue  ,  rousses,  terminées  de  blanc 
roussâtre  et  variées  de  zigzags  noirs  ;  le  dos,  les  scapulaires , 
les  petites  couvertures  des  ailes  et  le  croupion ,  d'un  roussâtre 
très-foncé  avec  un  liseré  noir  à  l'extrémité  des  plumes ,  pres- 
que imperceptible  sur  les  trois  premières  parties,  mais  large 
et  très-distinct  sur  le  croupion  et  les  couvertures  supérieures 
de  la  queue  ;  les  grandes  couvertures  des  ailes  et  le  bord  ex- 
térieur des  pennes  secondaires  cà  et  là  parsemés  de  petites 
tacbes  jaunâtres  et  couverts  de  zigzags  noirs  ;  les  pennes  de 
la  queue, d'un  cendré  bleuâtre,  se  changeant  en  olivâtre  vers 
leur  bout,  sur  lequel  on  remarque  deux  taches,  l'une  noire  et 
l'autre  jaunâtre;  le  bec  est  blanchâtre  à  la  base  et  en  dessous, 
il  est  brun  dans  le  reste  ;  les  tarses  et  les  doigts  sont  d'un 
cendré  jaunâtre. 

Le  TlNAMOU  (  PETIT  ).   V.  TlNAMOU  S013Ï. 

*  Le  TlNAMOU  iiAYÉ  ,  Ciypiura  syloicola ,  Vieill.  Cet  oi- 
seau ne  sort  point  des  grandes  forêts ,  où  il  vit  solitaire  ;  sa 
ponte  est  de  quatre  œufs  d'un  violet  lustré.  Il  a  douze  pouces 
trois  quarts  de  longueur  totale  ;  le  dessus  de  la  tête  ,  d'un 
brun  bleuâtre  ;  le  reste  de  cette  partie ,  le  cou  en  entier 
et  le  dessus  du  corps,  rayés  transversalement  de  noirâtre 
et  de  roussâtre  ;  les  parties  inférieures,  d'un  blanc  jaunâtre  ; 
les  plumes  des  jambes ,  bordées  de  blanc  roussâtre ,  et  fes- 
tonnées de  la  même  teinte  et  de  noir  ;  les  couvertures  supé- 
rieures de  l'aile, rayées  comme  le  dessus  du  corps,  et,  en  ou- 
tre ,  piquetées  irrégulièrement  ;  les  grandes  couvertures  et 
les  pennes  alaires,  de  couleur  ,marron  ;  le  tarse,  d'une  teinte 
de  feuille  morte  ;  le  bec, d'un  noir  bleuâtre;  et  l'iris,  d'un  roux 
vif.  C'est  Yynambu  listado  de  M.  de  Azara. 

Le  TlNAMOU  souï,  Cryptura  soui,  Vieill.;  Tînamus  soui ^ 
Latham  ;  planche  enluminée  de  VHisfoire  naturelle  de  Biiffon  , 
n.°  82g,  Sa  grosseur  est  la  même  que  celle  delà perdrLv grise  , 
et  sa  longueur  de  huit  à  neuf  pouces.  Sa  queue  ,  très-courte  , 
est  recouverte  par  les  grandes  couvertures,  ce  qui  rend  la 
partie  postérieure  de  l'oiseau  tout-à-fait  ronde.  Ce  caractère 
très-sensible  a  été  saisi  par  les  créoles  de  la  Guiane  fran- 


«o8  T  I  N 

çaise  ,  qui  connoissenl  ce  Hmimou  sous  la  dénomination  de 
perdrix  cul  rond  :  les  naturels  du  pays  l'appellenl  soûl. 

Le  dessus  de  la  tête  et  le  haut  du  cou  sont  noirs;  celte 
couleur  devient  moins  sombre  sur  le  bas  du  cou  et  tout  le 
dessus  du  corps,  par  un  mélange  de  brun.  Toute  la  partie  in- 
férieure est  d'Lui  roux  clair;  l'on  voit  seulement  une  teinte 
blanchâtre  à  la  gorge. 

Cette  espèce  est  assez  commune  dans  les  terres  de  la 
Guiane.  On  la  trouve  aussi  au  Pérou  ,  dans  la  province 
de  Quito,  et  dans  les  bruyères  des  Gonlilières  des  Andes. 
Le  soûl  fréquente  non-seulement  les  bois,  mais  il  se  tient 
dans  les  broussailles  des  plantations  abandonnées,  et  s'ap- 
proche même  des  habitations.  Son  nid  ,  de  forme  hémisphé- 
rique ,  construit  de  feuilles  étroites  et  longues,  est  posé  sur 
les  branches  les  plus  basses  des  arbrisseaux,  et  sa  ponte 
consiste  en  quatre  ,  cinq  ou  six  œufs  blancs  ,  un  peu  plus 
Si'os  que  ceux  du  pigeon.  Cet  oiseau  est  fort  bon  à  manger; 
il  a  la  chair  et  le  goût  de  la  perdrix;  mais  cWe  manque  de 
fumet,  comme  tout  le  gibier  des  climats  chauds  de  TAmé- 
rique.  (s.) 

Le  TiNxwou  TÂO.  F.  Tinâmou  mocoicogoé. 

*  Le  TlMAMOU  TATAUPA ,  Qjptura  tataupa  ,  Vieill.  Le 
nom  à'ynamlm  tataupa  ,  que  les  naturels  du  Paraguay  ont  im- 
posé à  cet  oiseau,  signifie  ynamlju  de  clieminée .,  peut-être, 
dit  M.  de  Azara,  parce  qu'il  s'approche  souvent  des  habi- 
tations champêtres,  et  voisines  des  cantons  les  plus  cou- 
verts ,  où  il  se  tient  ordinairement.  Sa  ponte  est  de  quatre 
œufs  d'un  bleu  foncé  et  brillant.  On  dit  que,  quand  quel- 
qu'un passe  auprès  de  son  nid ,  la  mère  en  sort  les  ailes 
traînantes,  et  que,  par  différentes  altitudes ,  elle  cherche  à 
l'engager  à  la  suivre  et  à  s'éloigner.  Son  cri  est  plus  fort  et 
plus  sonore  que  dans  toutes  les  autres  espèces  ;  il  commence 
par  la  syllabe  ;>/,  d'un  ion  élevé  et  répété  précipitamment 
pendant  plusieurs  secondes,  jusqu'à  ne  plus  êlre  qu'une  es- 
pèce de  fredon,  suivi  du  mot  churoro  répété  deux  ou  trois 
fois  de  suite.  Quand  cet  ynambu  se  couche ,  il  s'appuie  la 
poitrine  sur  le  tarse  ,  baisse  le  devant  du  corps  et  la  tête, 
étale  les  dernières  plumes  du  corps  et  les  soulève  en  demi- 
cercle,  de  sorte  que  l'on  voit  son  ventre  par  derrière  sans 
apercevoir  son  corps. 

Le  tataupa  a  neuf  pouces  un  quarl  de  longueur  totale  ;  le 
«Icssus  de  la  tête,  d'un  brun  noirâtre;  les  cotes  et  le  derrière 
de  cette  partie  ,  le  devant  du  cou ,  la  gorge  ,  les  couvertures 
supérieures  et  inférieures  du  bord  de  l'aile  ,  d'une  teinte 
plombée  ;  la  poitrine  et  les  parties  postérieures,  cendrées  ;  le 


TIN  105 

dessus  du  cou  ,  du  corps  et  des  ailes  ,  de  couleur  d'acier 
poli  ;  les  plumes  des  côlés  du  corps,  d'un  brun  plombé  ;  cel- 
les des  cuisses,  noires  et  variées  de  blanc  ;  celles  des  jambes, 
d'un  brun  roussàtre  et  nuancées  d  un  blanc  mêlé  de  roux  ; 
le  croupion, rayé  de  roux  clair  et  de  noir;  le  tarse, d'un  rouge 
lustré ,  quelquefois  violet  ;  le  bec  elTiris,  d'un  rouge  de  co- 
rail. 

Le  TlNAMOU  VARIÉ,  Crypturavarlegaîa,  Vieil  1.  ;  Tlnamus 
variegatus,  Lath,  ;  pi.  enium.  âe  VHùlurre  naturelle  àe  Bufforiy 
n."  828.  Cette  espèce  ,  que  les  colons  de  la  Guianc  française 
aip^eWcnl  perdrix  pintade,  a  la  têle  noire  en  dessus;foules  les 
parties  supérieures  rayées  de  roux, de  brun  et  de  noirâlre;  les 
inférieures,  de  couleur  rousse  ,  à  l'exception  de  la  gorge  et  du 
milieu  du  ventre,  qui  sont  blancs,  et  des  jambes,  qui  ont 
des  raies  blancbes,  brunes  et  rousses;  les  aik-s  ,  brunes, 
et  les  pieds ,  noirâtres.  Sa  longueur  totale  est  de  onze 
pouces. 

Sans  être  aussi  commun  que  le  grand  tinamou,  celui-ci 
se  volt  fréquemment  dans  les  bois  de  la  Guiane.  La  femelle 
pond  dix  à  douze  œufs  moins  gros  que  ceux  de  là  faisane  . 
et  très-agréables  à  la  vue  par  leur  jolie  couleur  de  lilas. 

TlNAMOU  YNArYlBUI  ,  Ctyptura  fasciota ,  Vieill.  Les  Guarinis 
appellent  cet  oiseau ynam/jui  ei  yiiarnùumi,  noms  qui  signifient 
petit  ynambw,  les  Espagnols  du  Paraguay  le  nomxncnl  petite 
perdrix, e{  quelques-uns  caille.  Cet  ynambu  fait  entendre,  pen- 
dant toute  l'année,  un  cri  long,  cadencé  ,  mélancolique  et 
assez  fort  pour  être  entendu  de  loin  ;  il  ne  quille  point  les 
campagnes  ,  et  il  est  d'un  naturel  si  stupide  qu'on  peut  le 
tuer  à  coups  d'épée,et  même  le  saisir  à  la  main.  La  manière 
de  le  prendre  est  une  preuve  de  sa  stupidité  :  pour  cela  le 
chasseur  a  une  gaule  de  six  à  neuf  pieds,  au  bout  de  laquelle 
est  ajusté  un  lacet  à  nœud  coulant,  fait  avec  une  plume  de 
Vuutruche  de  Magellan  ,  afin  qu'il  se  tienne  ouvert  :  muni  de 
cet  instrument  et  d'un  sac  ,  le  chasseur  entre  dans  les  cam- 
pagnes, et  quand  11  rencontre  l'ynambui,  il  en  approche,  en 
faisant  quelques  circuits  avec  son  cheval  :  l'oiseau  se  tapit  et 
reçoit,  sans  bouger,  le  lacet  au  cou.  La  ponte  de  cette  esoèce 
est  de  six  à  huit  œufs  violets.  Dix  pouces  un  quart  font  sa  lon- 
gueur totale  ;  les  plumes  du  sommet  de  la  tète  sont  presque 
noires  ,  et  bordées  de  roussàtre  :  celles  des  cotés  et  du  derrière 
de  cette  partie, d'un  roux  blanchâtre, poinlillé  denoirâtie  •  les 
plumes  du  cou,  en  dessus,  et  du  corps, noires  ,  rayées  trans- 
versalement de  roux  et  bordées  de  blanc  roussàtre;  les  ailes 
rousses  et  rayées  en  travers  de  noirâtre  ;  la  gorge  est  blan- 
châtre ;  le  devant  du  cou,  d'ua  bran  mêlé  de  blanc  et  de 


no  TIN 

roux  ;  le  tarse  ,  d'un  brun  pâle  ;  l'iris,  d'un  roux  vif  ;  le  heCi 
brun  en  dessus,  et  blanchâtre  en  dessous.  Celte  espèce  se 
trouve  aussi  au  Brésil. 

M,  de  Azara  rapproche  de  ce  tinamou  plusieurs  coUns  du 
Mexique,  desquels  Sonnini  en  indique  un  (  le  coyokos  )  pour 
être  le  même  oiseau  que  l'ynambui  ;  mais  on  ne  peut  ad- 
mettre aucun  de  ces  rapprochemens  ,  puisque  tous  les  colins 
ont  une  queue  aussi  longue  et  aussi  fournie  que  celle  de  nos 
perdrix  ,  ce  qui  n'existe  pas  chez  ce  tinamou.  (v.) 

TINAMUS.  Nom  des  tînamous  en  latin  moderne  de  no- 
menclature. V.  Tinamou.  (s.) 

TINGA.  Nom  latin  de  la  Tanche,  (desm.) 
TINGAL  ou  TINKAL.  V,  Soude  boratee.  (ln.) 
TINGLÏER.  Un  des  noms  de  I'Anguillaire  icacore  , 
actuellement  réuni  aux  Ardisies.  (b.) 

TlNCTORlUS-FLOSdeTragus.G'estl'AsTER  amelle. 

TINDALO.  Bois  de  marqueterie  des  Philippines.  J'i- 
gnore quel  est  le  genre  de  l'arbre  qui  le  produit.  (B.) 

TINDA-PANA.  Nom  malabare  d'un  arbre  que  J.  Bur- 
mann  dit  être  le  ceanotus  asiatlcus.  Il  est  figuré  vol.  i  ,  pi.  48 
de  l'ouvrage  de  Rhéede.  La  planche  ^9  représente  le  Tinda 
parua.  F.  ci-après,  (ln.) 

TINDA-PARUA.  Le  Mûrier  de  l'Inde  {Morus  indica) 
est  figuré  sous  ce  nom  dans  ÏHurtus  malaharicus  de  Rhéede. 

(B.) 

TINE,  Tinus.  Genre  de  plantes  établi  par  Linnaeus  ,  mais 
depuis  réuni  aux  Glethra  (  Cleihra  timfolia ,  Linn.  ).  Voyez 
TlNUS.  Cb.) 

TINEA.  Nom  latin  des  petits  lépidoptères  nocturnes  à 
ailes  longues  et  souvent  enroulées  autour  du  corps ,  qui 
appartiennent  à  la  famille  des  Tineïtes,  et  principalement 
au  genre  des  Teignes.  V.  au.ssi  Aleyrode.  (desm.) 

TINEÏTES,  Tinœiles  (  Phalœnœ  tineœ ,  Linn.).  Tribu 
d'insectes  ,  de  l'ordre  des  lépidoptères  ,  famille  des  noctur- 
nes ,  ayant  pour  caractères  :  antennes  sétacées  ;  ailes  supé- 
rieures longues  et  étroites -,  les  inférieures  larges  et  plissées 
dans  le  repos  ;  les  quatre  entières  ou  sans  fissures ,  tantôt 
couchées  sur  le  corps ,  tantôt  moulées  autour  de  lui ,  ou 
pendantes  et  serrées  sur  les  côtés  ,  lui  formant  une  sorte  de 
manteau  ,  relevées  quelquefois  postérieurement  en  crête  de 
coq;  corps ,  ainsi  enveloppé  ,  ayant  une  forme  linéaire  ,  ou 
celle  d'un  triangle  long  et  étroit. 

Ces  insectes  sont  très-petits,  mais  souvent  ornés  de  cou-? 


TIN  », 

leurs  brîllanles,  avec  le  bord  postérieur  de  leurs  ailes  frangé. 
Leurs  chenilles  ont  communément  seize  pattes  ;  quelques- 
unes  en  ont  deux  de  moins  ,  et  Degéer  nous  en  a  fait  connoî-, 
treune  espèce  de  la  division  des  mineuses,  qui  en  a  dix-huit  y 
toutes  membraneuses.  Leur  corps  est  ordinairement  ras  et 
peu  coloré.  Elles  vivent  toutes  à  couvert  ;  les  unes  dans  des 
tuyaux  qu'elles  se  fabriquent ,  les  autres  dans  l'intérieur  des 
substances  dont  elles  se  nourrissent.  Celles  qui  se  prati- 
quent des  galeries  dans  l'intérieur  des  feuilles ,  ont  reçu  le 
nom  de  mineuses  ;  les  espèces  qui  vivent  dans  des  tuyaux  qui 
sont  leur  ouvrage ,  ont  été  nommées  teignes.  On  les  a  distin- 
guées en  teignes  vraies  ou  teignes  proprement  dites  ,  ou  en  tei- 
gnes fausses  ,  selon  que  l'habitalion  de  ces  chenilles  est  porta- 
tive ,  ou  fixée  à  demeure  et  immobile.  Les  espèces  qui  gâ- 
tent ou  détruisent  les  étoffes  de  laine  ,  les  pelleteries  ,  sont 
de  la  première  sorte.  Les  fourreaux  sont  construits  des  subs- 
tances alimentaires  de  l'animal  liées  avec  de  la  soie  ,  ou  su- 
perposées sur  un  tuyau  de  cette  matière.  On  en  connoît  qui 
emploient  jusqu'aux  lichens  des  murs.  La  forme  du  fourreau 
varie;  ces  chenilles  savent  l'allonger  par  un  bout ,  ou  même 
en  augmenter  l'épaisseur  ,  en  le  fendant  par  une  extrémité, 
pour  y  ajouter  ensuite  une  nouvelle  pièce.  Leurs  excrémens 
sont  de  la  couleur  des  corps  qu'elles  rongent.  Elles  subissent 
leurs  métamorphoses  dans  leurs  habitations  ,  après  avoir  eu 
soin  d'en  boucher  les  extrémités  avec  de  la  soie. 

Les  chenilles  mineuses  creusent  en  divers  sens  le  paren- 
chyme des  feuillesqui  leur  servent  de  nourriture.  Telle  est  l'o- 
rigine de  ces  portions  desséchées ,  en  forme  de  taches  ,  de  li- 
gnes ondulées  et  serpentiformes  ,  que  l'on  voit  sur  beaucoup 
de  feuilles.  Les  boutons,  les  fruits,  les  semences,  souvent 
même  celles  du  blé  ,  enfin  ,  jusqu'à  des  galles  résineuses  de 
certains  arbres  conifères  ,  servent  de  retraite  et  d'alimens  à 
d'autres. 

Je  partage  ainsi  cette  tribu  : 

t.    Palpes  supérieurs  tntièrement  caches;   les   dêiua  inf6ri*urs  seuis 
appartins. 

^.  Palpes  inférieurs  recourbés  dès  leur  origine. 

•  Une  langue  allongée  et  très -distincte. 

t  AntenDCs  écartées  à  leur  naissance. 

Les  genres  :  Lithosie  ,  Yponomeute  ,  OEcophore. 

tt  Antennes  très-rapprochécs  à  leur  naissance,  (fort  longues). 

Le  genre  Adèle, 


■la  TIN 

•  •  Langue  très-courle  ou  peu  distincte. 
Le  genre  Teigne. 

B.  Palpes  inférieurs  avancés. 
Les  genres  :  Gallér[e,  Phycide,  Euplocampe,  Alucite. 

II.   Les  quatre  fal'pes  découverts  (avancés  en  forme  de  bec  ). 

Le  genre  Crambus,  (l.) 

TINET.  Nom  espagnol  d'un  Dauphin  ,  que  Brisson  rap- 
porte au  Dauphin  grampus  des  Anglais,  (desm.) 

TINGAZU.  Nom  donné,  par  M.  de  Azara  ,  à  un  Coucou 
du  Paraguay  ,  qui  paroît  être  le  même  oiseau  que  le  Coucou 
PIAye  de  Buffon.  V.  l'ariicle  Councou.  (v.) 

TINCtIS,  Tingi's  ,  Fab.  ;  Cimex  ^  Linn.  ,  (icoff.  Genre 
d'insectes,  de  Tordre  des  hémiptères  ,  section  des  hétcrop- 
tères,  famille  des  géocorises  ,  tribu  des  membraneuses ,  dont 
les  caractères  sont  ;  antennes  terminées  par  un  article  un  peu 
plus  gros  ,  ovale  ,  le  troisième  fort  allongé  ;  bec  engaîné  à  sa 
base,avec  les  bords  de  la  fente  où  il  est  logé  fort  relevés;corps 
membraneux;  élylres  très-réticulées. 

La  plupart  des  insectes  de  ce  genre  sont  très-remarquables 
par  la  demi-transparence  de  leur  corselet  et  de  leurs  élylres  , 
leur  réticulalion  ,  leurs  nervures  ,  et  la  saillie  de  leurs  bords 
latéraux.  Ils  sucent  les  végétaux,  et  quelques  espèces  occa- 
sionnent par-là  un  tel  dérangement  dans  l'organisation  des 
plantes  sur  lesquelles  elles  vivent ,  quil  s'y  forme  des  mons- 
truosités ou  des  apparences  de  galles  ,  comme  on  l'observe 
souvent  sur  les  fleurs  du  teucriam  chamœdrys. 

Ce  genre  a  été  formé  par  Fabricius  ,  qui  i'avoit  d'abord 
réuni  à  ses  acantldes. 

Le  Tingis  du  poirier  ,  et  l'espèce  suivante ,  avoient  été  ran- 
gés avec  les  Corés  ,  dans  la  première  édition  de  cet  ou- 
vrage. 

TiNGlS  CLAVICORNE  ,  Tingis  chwlcornis.  Geoffroy  décrit 
celte  espèce  sous  le  nom  de  punaise  iigre.  Son  corps  n'a  qu'un 
peu  plus  d'une  ligne  de  long  ;  sa  lêle  est  noire  ;  son  corselet 
est  noir  au  milieu  ,  blanchâtre  sur  les  cotés  ;  il  a  trois  lignes 
élevées  dans  sa  longueur  ;  les  élytres  sont  blanchâtres  ,  réti- 
culées et  ponctuées  de  noir.  Geoffroy  observe  que  les  deux 
premiers  articles  des  antennes  sont  courts  ,  le  troisième  fort 
long  ,  et  le  dernier  en  massue. 

La  larve  de  celte  espèce  habite  l'inférieur  des  fleurs  de  la 
germandrée  ,  ieucrium chamœdiys ,  et  produit,  avant  qu'elles 


T    \    ^  î:3 

s'ouvrent ,  une  espèce  de  galle  ,  en  leur  faisant  acquérir  un 
volume  extraordinaire.  Réaumur  en  avoit  parlé  dans  ses 
Mémoires,  tom.  3,  tab.  34,  fig.  i — 4- 

11  faut  rapporter  à  ce  genre  la  punaise  à  fraise  an.iqite  de 
Geoffroy  ,  qne  Fabricius  cite  comme  synonyme  de  son  tin- 
gis  du  poirier  (  T.  yyyr/),  mais  qui  me  paroît  devoir  en  être  dis- 
tinguée ,  cette  dernière  espèce  ayant  une  ligne  élevée  sur  le 
milieu  du  corselet.  (  V.  la  figure  de  Villors  ,  Entum. ,  Linn. , 
tome  3  ,  fig.  17).  Rien  n'est  plus  singulier  que  cet  insecte. 
Sa  tête  est  brune  et  petite  ;  son  corselet  a  des  rebords  larges  , 
diaphanes,  membraneux  ,  réticulés,  qui  forment  des  aile- 
rons sur  les  côtés,  et  vont  même  recouvrir  sa  tête  ;  les  étuis 
pareillement  larges ,  débordent  aussi  le  corps,  et  sont  mem- 
braneux ,  réticulés  ,  avec  deux  bandes  brunes  ,  transverses  ; 
les  antennes  sont  semblables  à  celles  de  Tespèce  précédente, 
mais  plu^  fines  ;  les  dilatations  latérales  du  corselet  forment 
autour  du  cou  de  l'insecte  une  sorte  de  fraise  antique. 

Le  tingis  du  poirier  est  quelquefois  si  abondant  sur  les 
feuilles  de  cet  arbre,  qu'il  lui  nuit  beaucoup,  51  les  dessè- 
che, en  suçant  leiur  parenchyme  ,  et  en  ne  laissant  que  l'é- 
piderme. 

Ce  genre  peut  être  divisé  en  deux,  suivant  que  le  corselet 
a  le  bord  postérieur  droit  ou  plongé  enécusson.  (t,.) 

TINGMIK  ou  TiNGMlFiKSO.\K.  Nom  d'un  Cormoran  du 
Groenland.  V.  CoîmoRAN  tingmik.  (v.) 

TINGULONG.  Rumphius  appelle  ainsi  IcBalsamier  de 
Java  (  Amyris pro  iinn) ,  arbre  qui  croît  dans  les  îles  de  l'Ar- 
chipel de  rinde.  (b.) 

TINI(le),  Falco  tinus  ,  Lath.  V.  Tarlicle  Oiseau  de 
PROIE,  (s.) 

TlNIER.LePfNCîMBROs'appelle  ainsi  dans  les  Alpes,  (b.) 

TINION.  Un  des  noms  vulgaires  du  Chieîsdent.  (b.) 

TINNE  DE  BEURRE.  Coquille  du  genre  des  Cônes. 

(B.) 

TINNUNCULUS.  Nom  latin  de  la  Cresserelle.  (s.) 
TINOPORE  ,  Tinoporus.  Genre  de  Coquilles  établi  par 
Denys  de  Monifort.  Ses  caractères  sont:  coquille  libre,  uni- 
valve,  cloisonnée  et  cellulée  ,  spirée  et  lenticulaire;  test 
granulé  extérieurement  ;  ouverture  semiliinaire,  placée  vers 
la  circonférence  et  sur  un  des  côtés  ;  dos  caréné  ,  armé  de 
quatre  pointés  au  plus  ;  les  deux  centres  bombés  et  relevés. 
L'espèce  qui  a  servi  de  type  à  ce  genre  provenoit  de  la 
mer  des  Indes  ,  et  avoit  deux  lignes  de  diamètre  :  on  en 
trouve  plusieurs  autres  dans  la  Métliterranée  et  le  golfe  Pei-- 
siqae. 

xxxiv.  8 


îi/f  T  I  N 

Si, ces  espèces  n'avoient  ni  cornes  ,  ni  ouverture  ;  elles  se 
placeroient  parmi  les  Camérines.  (b.) 

ÏINSCIIEMET.  C'est ,  suivant  quelques  commenta- 
teurs ,   le  nom  hébreu  de  Vihis.  (s.) 

TINTENAQUE  ouïINTENAGUE.  F-Tontenaque. 

(L.) 

TINTILAUM.  Nom  portugais  de  la  Mésange  charbon- 
nière, (v.^ 

TINUS.  Plante  cite'c  par  Pline,  qȔi  la  placjoit  au  nombre 
de  ses  lauriers ,  en  faisant  observer  que  ses  baies  sont  bleues  , 
et  que  l'on  regarde  celte  plante  comme  un  laurier  sauvage. 
Les  botanistes  pensent  que  c'est  notre  laurier  (  vlbur- 
num  tinus).  En  conséquence  ,  ils  ont  nommé  cet  arbris- 
seau, tinus ,  laurus  tlnus  et  laurus  syli'estris.  Tourncfort  est 
un  de  ceux  qui  l'ont  appelé  tinus;  et  même  ce  naturaliste  en 
a  fait  un  genre  distinct  de  celui  qu'il  nomme  viburnum  et  de 
celui  qu'il  désigne  par  opiilus.  Ces  trois  genres  peuvent  être 
caractérisés  ainsi  : 

r/>ij<5.  Fleurs  hermaphrodites,  baie  couronnée  par  le  calice 
persistant. 

Viburnum.  Fleurs  hermaphrodites,  baies  nues. 

Opulus.  Fleurs  du  centre,  hermaphrodites;  celles  de  la  cir- 
conférence, neutres  ,  et  beaucoup  plus  grandes. 

Ces  trois  genres  ont  été  réunis  en  un  seul  par  Linnaeus  (W- 
Zi«r«î/m),  quoique,  dans  son  catalogue  des  plantes  du  jardin  de 
Cliffort,  il  les  eût  d'abord  distingués.  Ce  naturaliste  trans- 
porta le  nom  de  tinus  à  un  arbre  d'Amérique,  qui  est  le  vol- 
^amma,Bro\vn,Jam.,etla §///cna  d'Adanson.  Jussieule  soup- 
çonnoit très-voisin  des  clethra,  et  Swariz  reconnut  que  c'en 
étoit  une  espèce  {clcth.  iinifolia ,  S\v.,Willd.  ).  Jussieu  soup- 
çonnoit  aussi:  i".  qu'un  certain  arbrisseau,  rapporté  du  Pé- 
rou par  Joseph  de  Jussieu,  pourroit  être  une  espèce  de  tinus; 
mais  Cavanilles  lui  trouva  des  caractères  suffisans  pour  en 
faire  un  genre  distinct:  c'est  son  strigilia  (^foveolaria  ^  Ruiz  et 
Pavon  ;  tremanthus  ,  Pers.  )  ;  :l^\  que  le  tinus,  figuré  dans  Bur- 
mann  ,  Zeyl.  ,  t,  io3,  qui  est  le  badulam  tsahinagapatam  de 
Ceylan  ,  d'après  Kermann  ,  pourroit  faire  partie  du  genre 
qu'il  appelle  badula  ,  genre  réuni  par  Valh  à  Vardisia  ,  dans 
lequel  on  retrouve  le  tinus  de  Burmann  sous  le  nom  d'ardî- 
sia  humilis,  Valh. .  Willd.  Enfin  ,  il  y  a  le  tinus  flore  pleno  de 
Willich  ,  qui  est  le  decumaria  barbara  :  ainsi  donc  aucune 
des  plantes,  nommées  tinus.,  ne  forme  actuellement  de  genre 
de  ce  nom,  et  elles  se  trouvent  rentrer  dans  des  genres  très- 
différens.  (ln.) 

TIJNY.  V.  ce  mol  dans  rarlicle  Oiseaux  de  proie,  (v.) 


T  I  P  iï5 

TIONAMA.  L'O^hiogi.osse  serpentaire  porte  ce  nom 
t3ans  Rhéede.  (b.) 

TJONGINE.  Synonyme  de  Beckée.  (b.) 

TIONKOM.  Espèce  de  Dattier  du  Sénégal  dont  les 
fruits  sont  petits,  mais  agréables,  (b.) 

TIOQUET.  Kom  vulgaire  du  Pinson  d'Ardenne  en 
Bourgogne,  (s.) 

TIOURÉ.  En  Languedoc,  on  donne  ce  nom  au  Tuf  cal- 
caire déposé  par  les  eaux  de  certaines  fontaines  ,  qui 
incrustent  tous  les   corps  qui  se  trouvent  sur  leur  passage. 

(  DESM.) 

TIOI3TE.  Nom  samoïède  du  Morse,  (b.) 

TIPHA.  r.TvPHA.  (LN.) 

TIPHÉ.  C'est  I'Ulve  intestinale  ,  dans  The'ophraste, 

(B.) 

TIPHIE,  Tfphîa,  Fab.  Genre  d'insectes  de  l'ordre  des 
hyménoptères,  section  des'porte-ajguiiions, famille  des  fouis- 
seurs ,  tribu  des  scolièles.  Ses  caractères  sont  :  un  aiguil- 
lon dans  les  femelles  ;  lèvre  inférieure  évasée ,  arrondie  , 
voûtée  et  à  divisions  latérales  très-petites  ;  antennes  filifor- 
mes ,  insérées  près  du  bord  antérieur  de  la  tête,  dont  le 
premier  article  plus  grand  et  conique  ,  le  second  court  ,  le 
troisième  de  la  longueur  des  suivans  ou  guère  plus  grand  ; 
point  de  lèvre  supérieure  apparente  ;  mandibules  arquées  , 
sans  dents  ;  cellule  radiale,  unique,  fermée  dans  les  mâ- 
les, ouverte  dans  les  femelles;  deux  cellules  cubitales, 
recevant  chacune  une  nervure  récurrente  ;  la  seconde  cel- 
lule plus  petite  et  distante  du  bout  de  l'aile. 

Les  tiphies  ont  la  tête  arrondie  postérieurement  ,  avec 
les  yeux  entiers  et  ovales  ;  le  premier  segment  du  corselet 
grand  ,  presque  carré  ,  distinct ,  et  dont  le  bord  postérieur 
est  droit,  de  niveau  avec  forigine  des  ailes;et  le  second  seg- 
ment tronqué  postérieurement;  l'abdomen  allongé  ,  ellip- 
soïde ,  un  peu  conique  ,  déprimé  ,  avec  le  premier  anneau 
un  peu  rétréci;  les  pattes  courtes,  à  cuisses  comprimées,  à 
jambes  courtes  ,  grosses  ,  épineuses  ou  ciliées  ,  avec  \qs  épi- 
nes terminales  grandes. 

Ces  insectes  sont  très-voisins  des  mutilles  et  des  myrmoses. 
Ils  ne  vivent  point  en  so.cielé  ,  et  les  deux  sexes  ont  des  ailes. 
On  les  rencontre  sur  les  fleurs;  les  femelles  creusent  des  trous 
dans  les  terrains  sablonneux,  afin  d'y  placer  leurs  œuf^s.  Leur 
derrière  est  armé  d'un  aiguillon  qui  pique  assez  fortement. 
Ces  petits  animaux  sont  ordinairement  de  couleur  noire  ,  et 
leur  corps  est  velu. 

TiPHiE  A  GROSSES  CUISSES  ,  Tiphîafemurata,  Fab.  ;  pi-  R  , 


i.G  T  I  P 

ï  ,  1 3  de  cet  ouvrcige.  Elle  est  longue  <3ê  cinq  lignes  ,  noire  , 

avec  des  poils  gris;  elle  a  les  antennes  courtes,  roulées  en 

spirale  ;  les  cuisse^s  de  la  première  et  de  la  dernière  paire  de 

pattes,  fauves  ;  les  ailes  plus  courtes  que  l'abdomen  ,  un  peu 

obscures. 

On  la  trouve  sur  les  fleurs,  aux  environs  de  Paris,  en  An- 
gleterre ,  en  Allemagne  et  dans  le  midi  de  l'Europe  ,  à  la  fin 
de  l'été. 

TiPHiE  VELUE,  Tiphia  villusu,  Fab.  Elle  est  entièrement 
noire  ,  sans  taches  ,  avec  des  poils  cendrés  sur  le  corps  ;  les 
ailes  noirâtres. 

On  la  trouve  en  France  ,  en  Hongrie ,  au  printemps. 

TiPHiE  DOS-MARQUÉ  ,  Tiphia  ephippium,  Fab.  Elle  est  pres- 
que une  fois  plus  grande  que  la  iiphie  à  grosses  cuisses  ,  toute 
noire  ,  avec  une  tache  rouge  carrée  sur  le  corselet. 

Elle  se  trouve  aux  Antilles  et  dans  l'Amérique  méri- 
dionale. 

La  Tiphie  glabre^  mentionnée  dans  la  première  édilion  de 
cet  ouvrage,  fait  partie  du  genre  Bethylus  de  Fabricius  ; 
mais  je  soupçonne  qu'elle  appartient  plutôt  à  celui  de  mérie. 

TIPHION  ou  TIPHIUM.  Plante  mentionnée  par  Théo- 
phraste  ,  et  que  quelques  botanistes  rapportent  au  Tussi- 
lage commun  (  T.  furfara.  L.  ).  (ln.) 

TIPHLE,  2i>/i/e.  Kafincsque-Smaltz  appelle  ainsi  un 
nouveau  genre  de  poissons,  qui  comprend  les  syngnathus  iiphie 
€t  acus  die  Linnreus  ,  auxquels  il  donne  les  dénominations 
nouvelles  de  tiphle  hexagonus  et  de  lipide  heplagonus. 

Ce  genre  est  ainsi  caractérisé  :  une  nageoire  dorsale;  deux 
nageoires  pectorales,  une  anale  et  une  caudale,  (desm.) 

Tl-PHU-Pl.  Nom  donné  ,  en  Chine,  à  un  arbrisseau 
dont  il  est  question,  dans  ce  Dictionnaire,  à  l'article  Cé- 

DREL.  (lis.)  . 

TIPIACA.  La  fécule  de  Maî^ioc  s'appelle  amsi  dans  nos 
ports  de  mer.  (b  ) 

TIPIJL.  V.  TiiiOL.  (s.) 

TITULAIRE,  Tipulaiia.  Genre  ùe  plantes  établi  par 
Nultall,  Gênera  of  Nurlk  American  Plants,  pour  placer  l'Oa- 
CHis  DISCOLOR  de  Pursh.  Ses  caractères  sont  :  pétales  spatules 
étendus;  lèvre  entière,  sessile ,  avec  un  grand  éperon  à  sa 
base  ;  colonne  du  pistil  sans  ailes,  épaisse,  libre;  anthère  oper- 
culée ,  persistante;  quatre  masses  du  pollen  parallèles.(B.) 

TIPULAIRES,  Tipulariœ.  Tribu  d'insectes  de  l'ordre 
des  diptères,  famille  des  némocères  ,  dont  les  caractères 
sont  :  antennes  de  six  articles  et  au-delà  (  le  plus  souvent  i4 


T  \  V  117 

et  16);  trompe  soîl  très-courte  et  tcnnini-e  par  ^eux  grosses 
lèvres,  soit  en  forme  de  bec  ,  mais  perpendiculjtire  ou  diri- 
gée le  long  de  la  poitrine  ,  sans  suçoir  composé  et  poignant  ; 
palpes  courbés  ou  relevés, et  dont  la  longueur  ne  dépasse  pas 
alors  celle  de  la  tête. 

Ces  insectes  composent  le  genre  tipula  de  Linnreus,  et  telle 
est  Porigine  du  nom  de  tipulaires  que  j'ai  impose  à  celte  tribu. 

Leur  corps  est  ordinairement  allongé  ;  leur  têle,  ronde  , 
occupée  plus  ou  moins  par  deux  grands  yeux  à  réseau  ,  n'a  pas 
ordinairement  de  petits  yeuxlisses;le  corselet  est  renflé  et  rond; 
le  premier  segment  est  apparent  dans  plusieurs  ;  les  ailes  sont 
allongées;  les  balanciers  sont  longs;  il  n'y  a  pas  de  cuille- 
rons  ;  l'abdomen  est  long  et  presque  cylindrique  ;  les  pattes 
sont  longues  ,  menues  dans  le  plus  grand  nombre  ;  les  inrses 
sont  terminés  par  deux  petits  crochets  et  une  pcliie  pelote. 

Î1  est  très-facile  de  distinguer  ,  au  premier  coup  d'oeil ,  les 
tipulaires  des  autres  diptères  ,  par  la  longueur  et  le  peu  de 
grosseur  de  leur  corps  ,  par  l'étendue  de  leurs  ailes  et  par 
leurs  patteslonguesetminces  qui  peuvent  àpeine  soutenir  leur 
corps, et  que  l'insecte  balance  et  fait  vaciller  continuellement. 
Plusieurs  petites  espèces  ont  beaucoup  de  ressemblance  avec 
les  cousins  ,  avec  lesquels  Swammerdam  et  (ioedart  les  ont 
confondues;  mais  un  léger  examen  de  leur  bouche  suffit  pour 
les  distinguer  de  ces  insectes,  dont  la  trompe  est  longue, 
avancée  ,  au  lieu  que  celle  des  tipulaires  est  le  plus  souvent 
peu  saillante  et  bilabiée. 

C'est  dans  les  prairies  qu'on  voit  le  plus  communément  les 
grandes  espèces ,  qui  ,  dans  la  plupart  des  campagnes  ,  ont 
leur  nom  particulier.  Goedart  et  Leuvvenhoeck  les  ont  nom- 
mées tailleurs;  d'autres  auteurs  les  ont  appelées  iipules  cuutu- 
fières;\es  petites  sont  connues  sous  le  nom  de  îipules  culicifurmes. 
Parmi  les  premières ,  il  y  en  a  qui  ont  jusqu'à  vingt  lignes  de 
long. 

Dès  le  commencement  du  printemps  jusqu'à  la  fin  de  l'au- 
tomne ,  on  voit  paroître  les  grandes  tipulaires  dans  les  prai- 
ries ,  mais  surtout  dans  cette  dernière  saison.  Quoiqu'elles 
s'élèvent  assez  haut,  elles  volent  peu  loin.  Dans  de  certains 
temps  ,  elles  ne  font  usage  de  leurs  ailes  que  pour  s'aider  à 
marcher,  et  réciproquement  leurs  pattes  les  aident  à  voler; 
elles  s'en  servent  pour  soutenir  leur  corps  au-dessus  àca 
plantes  et  le  pousser  en  avant.  Quelques  espèces  des  plus 
petites  se  tiennent  presque  coAilinuellemeni  en  l'air.  Dsns 
toutes  les  saisons  de  l'année,  à  de  certaines  heures  du  jour  , 
on  en  voit  des  nuées  s'élever  et  s'abaisser  on  suivant  une  lir:re 
verlicalc  ;  elles  font  un  petit  Ijruit  qu'on  enienclroil  peu  ,  s'il 


"S  T  I  P 

n'était  pr(xluit  par  la  quantité  innombrable    cle  celles  qui 
volent  en  même  temps  et  ensemble. 

Les  larves  de  ces  insectes  varient  beaucoup  par  la  forme  et 
par  les  lieux  quelles  habitent.  En  général  ,  elles  ressemblent 
à  des  vers  allongés  ;  leur  tête  est  de  figure  constMnie  et  leur 
corps  divisé  en  anneaux-,  les  unes  ont  des  appe/idlces  pedi- 
formes  ,  les  autres  en  sont  dépourvues.  Celles  des  grandes 
espèces  ont  la  tête  petite  ,  ordinairement  cachée  sous  le  pre- 
mier anneau  ;  en  dessus  ,  cette  lête  est  munie  de  deux  cornes 
charnues,  et  en  devant  de  deux  crochets, au-dessous  desquels 
sont  deux  pièces  écailleuses  imuiobiles  ;  ces  quatre  pièces 
leur  servent  à  couper  et  à  broyer  les  alimens  dont  elles  se 
nourrissent.  Sur  le  dernier  anneau  de  leur  corps  est  an  enfon- 
cement qui  contient  les  deux  stigmates  par  où  elles  respirent 
l'air.  Ces  larves  vivent  dans  les  terrains  humides  des  prairies, 
où  elles  se  tiennent  à  un  ou  deux  pouces  de  profondeur.  Elles 
se  nourrissent  de  terre  et  de  terreau.  Quoiqu'elles  ne  nian-- 
gent  point  de  plantes  ,  elles  leur  font  cependant  beaucoup  de 
tort,  parce  que, comme  elles  changent  souvent  de  place,  elles 
soulèvent  et  détachent  les  racines  ,  qu'elles  exposent  à  être 
desséchées  par  le  soleit  Ces  larves  vivent  aussi  dans  Igs  ca- 
vités des  arbres  à  demi-pourris,  où  elles  trouvent  un  terreau 
assez  semblable  à  celui  du  fumier.  Elles  subissent  leurs  mé- 
tamorphoses dans  la  terre,  et  s'y  changent  en  nymphes  de 
couleur  grisâtre,  dont  les  anneau* sont  hérissés  de  tubérosités 
et  d'épines  simples  ou  fourchues,  inclinées  en  arrière.  C'est 
sur  leur  tête  que  sont  alors  les  organes  de  la  respiration  , 
qui  consistent  en  deux  cornes  plus  ou  moins  longues  ,  selon 
les  espèces.  Peu  de  temps  avant  leur  dernière  métamorphose, 
elles  font  usage  des  pointes  de  leurs  anneaux  pour  se  pousser 
et  s'élever  au-dessus  de  la  surface  de  la  terre  jjisqu'à  la  hau- 
teur de  la  moitié  de  leur  corps,  et  elles  y  restent  jusqu'à  ce 
que  la  peau  qui  les  tient  comme  emmaillotées,  se  fViide  pour 
leur  donner  passage  au  moment  où  elles  deviennent  insectes 
parfaits.  Presque  aussitôt  après  leur  dernière  métamorphosej, 
les  tipulaires  s'accouplent ,  et,  pendant  l'accouplement ,  le 
mâle  se  tient  accroché  au  derrière  de  sa  femelle  avec  les  deux 
pinces  qui  terminent  son  abdomen.  Leur  jonction  dure  près 
de  vingt  -  quatre  heures  sans  interruption,  et  souvent  elles 
volent  sans  se  séparer. 

Quand  les  femelles  sont  fécondées  ,  elles  déposent  leurs 
œufs  dans  la  terre,  en  faisant  usage  ,  pour  celte  opération  , 
àes  pièces  écailleuses  en  forme  de  pinces  qu'elles  oni  à  Tex- 
trémité  du  ventre.  Pendant  la  ponte  ,  leur  altitude  est  très- 
singulière  ;  elles  tiennent  leur  corps  élevé  verticalement  et 


T  I  P  119 

enrou<;ent  la  partie  supérieure  de  leur  plrtce  dans  la  terre 
jusqu'à  l'organe  de  la  pièce  inférieure  ,  qui  est  le  conduit  par 
où  passent  les  œufs  :  après  en  avoir  laissé  un  dans  le  premier 
trou ,  elles  s'éloignent  pour  en  faire  un  autre  ,  et  ainsi  de 
suite  jusqu'au  dernier.  Ces  œufs  sont  oblongs.,  un  peu  re- 
courbés et  d'un  noir  luisant  :  chaque  femelle  en  pond  une 
assez  grande  quantité. 

Quant  aux  larves  des  petites  tipulaires,  les  unes  vivent  dans 
les  bouses  de  vaches  ,  les  autres  dans  différentes  espèces  de 
champignons  ,  quelques  autres  dans  les  eaux.  U agaric  du  chêne 
en  nourrit  une  espèce  assez  singulière ,  qui  ne  pénètre  point 
dans  la  substance  de  cette  plante  ,  mais  qui  se  tient  en  des- 
sous du  chapiteau.  Cette  larve  ,  qui  est  sans  appendices 
en  forme  de  pattes  ,  et  dpnt  la  peau  est  humide  et  gluante 
comme  celle  d:Qs  limaces ,  ne  rampe  jamais  sur  V  agaric  an»; 
elle  tapisse  tous  les  endroits  où  elle  passe  d'un  enduit  gluant 
qu'elle  tire  de  sa  bouche.  Quand  elle  veiU  se  fixer  quelque 
part,  elle  applique  cette  liqueur  contre  un  des  points  de  la 
place  qu'elle  doit  habiter ,  et  la  fUe  en  lames  minces  ,  dont 
elle  applique  plusieurs  les  unes  contre  les  autres  et  en  attache 
les  bouts  à  un  point  opposé.  Elle  forme  aussi  une  espèce  de 
petit  toit  delà  même  manière  ,  et  se  tient  à  l'abri  entre  cette 
matière  qui  lui  sert  de  lit  et  de  tente.  On  ne  trouve  guère 
plus  de  huit  ou  dix  de  ces  larves  sur  ics  plus  grands  agarics. 
Parvenues  à  leurgrosseur  ,  vers  la  lin  de  l'été  ,  elles  s'enfer- 
ment dans  une  coque  à  grandes  mailles  ,  qu'elles  construisent 
avec  une  liqueur  semblable  à  celle  dont  elles  font  leur  nid  , 
et  elle  leur  sert  aussi  à  remplir  les  vides  de  ces  mailles.  Ces 
coques  sont  de  figure  conique  ,  et  raboteuses  à  leur  surface  : 
l'insecte  parfait  en  sort  environ  quinze  jours  après  que  la 
larve  s'est  changée  en  nymphe. 

Les  larves  qui  vivent  dans  l'eau  diffèrent  beaucoup  entre 
elles  parles  formes;  elles  n'ont  d-e  commun  que  les  stigmates, 
dont  le  nombre  est  le  même  pour  toutes,  quoique  diverse- 
ment figurés.  Les  unes  nagent  avec  beaucoup  d'agilité  ,  les 
autres  habitent  des  trous  qu  elles  font  dans  la  terre  aux  bords 
des  ruisseaux  où  l'eau  pénètre;  plusieurs  s'enfermerrt  dans 
les  fourreaux  qu'elles  font  avec  des  fragmens  de  feuilles 
pourries  ,  des  graines  çl  autres  matières  qu'elles  trouvent  à 
leur  portée.  Les  nymphes  de  ces  larves  ne  diffèrent  guère 
moins  entre  elles  que  les  larves  elles-mêmes.  Quelques-unes 
de  ces  nymphes  restent  immobiles  au  fond  dutrouqu'habitoi 
la  larve  ;  d'autres  nagent  et  courent,  avec  vitesse  dans  l'eau. 
Toutes  sont  pourvues  d'organes  par  lesquels  elles  respirent, 
et  elles  les  appliquent  souvent  à  la  superficie  de  l'eau  ponr 
pomper  l'air.  Les  tipulaires  que  ces  larves  produisent  .sont 


assez  pfilites  :  ce  sont  celles  qu'on  appelle  cuikifonnes.  Leur 
ressemblance  avec  les  cousins  les  fait  craindre  de  ceux  qui  ne 
les  connoissenipas  ;  mais  elles  ne  font  aucun  mal.  Ceux  qui 
youdronr  connoilre  plus  parliculièremenl  les  habitudes  des 
insectes  de  ce  genre,  consulieronl  Réaumur ,  et  surtout  les 
Mémoires  de  Degéer. 

Tous  ces  insectes  multiplient  beaucoup  ,  et  malgré  leurs 
ennemis,  les  espèces  sont  très- nombreuses.  Sous  leur  der-< 
ïiière  forme  ,  les  tipulaires  sont  poursuivies  par  les  oiseaux  , 
qui  en  détruisent  une  grande  quantité  ;  et  celles  dont  les 
larves  vivent  dans  Teau  ,  servent  à  nourrir  les  poissons  et  les 
insectes  aquatiques  carnassiers.  On  en  trouve  quelques  es- 
pèces au  milieu  de  l'hiver. 

Je  divise  cettre  tribu  en  quatre  sections. 

I  Antennes  filiformes  ou  sétacées,   grêles ,  toujours  plus  longues  que  la 
tête  ;  corps  menu  et  allongé. 

J.  Les  CuLiciFORMES,  CiiUciformes. 

Point  d'yeux  lisses  ;  ailes  toujours  couchées  sur  le  corps  , 
ou  en  toit  ,  n'ayant  que  des  nervures  longitudinales;  yeux, 
du  moins  ceux  du  mâle,  en  croissant  et  presque  contigus  ou 
très-rapprochés  postérieurement. 

Les  genres:  Tanype,  Chorètre,  Chironome  ,  Cérato- 

POGON,    CÉCIDOMYIE  ,  PsiCHODE. 

B.  Les  Tekricoles  ,  IWrlcolœ. 

Point  d'yeux  lisses;  ailes  le  plus  souvent  très  -  écartées  , 

réticulées ,  du  moins  postérieurement  ;  yeux  ovales  et  entiers. 

Les  genres  :  TiPULE  ,  Cténopiiore,  Pédicie,    Néphro- 

TOME  ,   LiAIONIE  ,   PtYCHOPTÈRE  ,  TaiCHOCÈRE  ,  ErIOPTÈRE, 

Héxatome. 

C.  Les  Fungivores  ,  Funghonv. 

Trois  petits  yeux  lisses  (  ailes  toujours  couchées  sur  le 
corps  ). 

Les  genres  :  Asindule,  Rypiie,  Molobre,  Mycéxophyle, 
Macrocère. 

II,  Antennes  épaisses,perfoliées,  guère  plus  longues  que  la  tête,  soit  ea 
forme  de  massue,  soit  presque  cylindriques  ou  coniques;  corps  court, 

épais, 

D.  Les  Floricoles  ,  Floricolœ. 
,    Les  genres  Dilophe  ,  Bibion  ,  Scatopse  ,  Simulie  ,  Pen- 

THRÉTIE,  (L.) 

TIPULE,  Tipiiia.  Genre  d'insectes  de  l'ordre  des  dip- 
tères, famille  des  némocères. 
Dans  la  méthode  de  Linnseus  et  des  nalurailsles  qui  l'ont 


Tir  121 

suivi  ,  ce  genre  comprend  un  grand  nombre  d'espèces  très- 
diversifiées  sdus  les  rapports  d'organisr.iion  et  des  habitudes. 
Il  cloil  donc  convenable  de  le  simpliiier,  en  le  divisant  en 
plusieurs  groupes  coordonnes  à  ces  différences ,  et  c'est  ce 
que  M.  Meigen  et  moi  avons  tenté  les  premiers.  La  réunion 
de  ces  nouveaux  genres  Corme  aujourd'hui  une  tribu  parti- 
culière, celle  des  tipulaires  (  V.  ce  mot  )  ,  et  le  genre  tipule 
proprement  dit  est  restreint  aux  espèces  qui  ont  pour  carac- 
tères :  antennes  presque  sélacées  ,  simples  ,  de  treize  articles, 
dont  le  premier  plus  grand  ,  presque  cylindrique,  le  second 
presque  globuleux  ;  les  autres  cylindriques  ,  le  troisième 
allongé  ;  point  de  petits  yeux  lisses  ;  yeux  ovales  ,  entiers  ; 
trompe  fort  courte,  terminée  par  deux  grandes  lèvrps  -,  der- 
nier article  des  palpes  long,  noueux  ou  comme  articulé  ;  ailes 
réticulées  postérieurement;  pattes  longues:  abdomen  terminé 
en  massue  dans  les  maies  ,  et  par  une  pointe  écailleuse  bi- 
valve dans  les  femelles. 

Ce  genre  fait  partie  de  celle  division  des  grandes  tipules, 
qu'on  a  distinguées  sous  le  nom  de  coniurières  ^  de  tailleurs , 
et  dont  les  larves  vivent  dans  la  terre.  Ces  larves,  ainsi  que 
leurs  nymphes  ,  diffèrent  peu  de  celles  des  cténophures  et  des 
autres  tipulaires  analogues. 

Les  principales  espèces  sont  :  i."  La  TiPULE  DES  PRÉS  , 
Tipiila  pratensis ,  Fab.  ,  Meig.  ;  Schseff. ,  Icon.  insect.  ,  tab.  i5, 
fig.  5.  Son  corps  est  noir,  avec  le  front  et  des  taches  sur  le 
corselet ,  fauves  ;  l'abdomen  de  la  femelle  a  aussi ,  sur  les 
côtés,  d'autres  taches  de  celte  couleur.  2.°  La  Tipule  lunu- 
LÉE ,  Tipula  lunata  ,  Fab. ,  Meig.  Elle  est  cendrée  ,  avec  une 
ligne  noirâtre  le  long  du  dos  de  l'abdomen  ;  les  ailes  sont 
cendrées  ,  avec  une  lunule  marginale  blanchâtre.  3.°  La 
TiPULE  OLÉRACÉE  ,  Tlpula  oleiacea  ^  Fab. ,  Meig,  ,  Deg.  Elle 
est  d'un  brun  grisâtre  ,  sans  taches  ,  avec  les  ailes  bordées 
extérieurement  de  brun.  On  la  trouve  en  grande  quantité  dans 
les  prairies,  pendant  l'automne.  Réaumur,  Mém.  Jnsert. ,  t.  5  , 
Mém.  I  ,.pl.  3,  a  donné  une  description  1res  -  détaillée  des 
organes  sexuels  de  cette  espèce.  L'allilude  de  la  femelle,  au 
moment  de  sa  ponîe  ,  est  très-singulière  :  elle  se  tient  droite, 
et  marche  de  temps  en  temps  et  toujours  dans  cette  direction 
verticale.  Les  deux  pattes  postérieures  placées  au  -  delà  du 
dos  et  assez  en  arrière,  sont,  avec  la  pointe  écailleuse  en 
forme  de  queue  du  bout  de  l'abdomen  ,  les  seules  parties 
qu'elle  pose  à  terre.  L'animal  fait,  au  moyen  de  cette  pointe, 
un  trou  dans  la  terre,  et  après  y  avoir  introduit  un  œuf  et 
peut-être  quelques  autres  de  plus,  il  fait  im  pas  en  avant  pour 
recommencer  une  semblable  opération. Sa  oueue  ou  la  pointe 


122  '  T    I    Q 

anale  est  fôrmde  de  deux  valves  ,  dont  l'inféneure  sert  à  con- 
duire les  œufs.  C'est  dans  les  prairies  et  dn;is  les  [)late-bandes 
des  jardins,  nouvellement  labourées,  qu'elle  les  dépose;  les 
plantes  qui  peuvent  s'y  trouver  ne  lui  sont  pas  inutiles,  parce 
que  la  tipuie  y  appuie  ses  paJtes  antérieures. 

La  larve  a  le  corps  en  forme  d'un  cylindre  allongé  ,  un 
peu  aminci  aux  deux  bouts,  grisâtre  et  sans  pattes;  la  tête 
est  écailleuse  ,  petite  ,  munie  de  deux  petites  antennes  ,  et  a 
pour  bouche  deux  crochets  cornes  ,  fixes ,  convexes  en  de- 
hors ,  concaves  en  de  lans,  dentelés  au  bord  supérieur,  avec 
une  piècf;  charnue  et  triangulaire  daos  l'espace  intermédiaire; 
le  dernier  anneaji  offre  six  rayons  de  grandeur  inégale  ,  dis- 
posés ,  dans  son  contour  ,  avec  six  stigmates,  rangés  sur  deux 
lignes  ,  2  et  4,  et  dont  les  deux  supérieurs  plus  grands;rinté- 
rieur  du  corps  présente  deux  grandes  trachées  longitudinales, 
qui,  près  de  l'extrémité  postérieure,,  se  divisent  chacune  en 
un  faisceau  de  petits  filets  aboutissant  aux  sliomates. 

Lorsque  ces  larves  sont  très-mullipliees  ûaris  une  prairie  , 
elles  sont  nuisibles  à  sa  végétation,  non  qu'elles  rongent  les- 
racines  desplantes,  mais  parce  qu'à  force  de  labourer,  elles 
les  empêchent  de  recevoir  les  surs  nourriciers. 

La  nymphe  est  allongée  ,  cylindrique  ,  avec  deux  petites- 
corncs  à  la  tête  ,  propres  à  la  re?piValion  ,  et  de  petits  tuber- 
cules épineux  sur  les  anneaux  de  l'abdomen.  Sur  le  point 
d'opérer  sa  dernière  métamorphose,  ceite  nymphe  en  fait 
usage  pour  s'élever  et  parvenir  près  de  la. surface  de  la  terre, 
au  elle  devient  insecte  parfait. 

La  ti pille  pectinicor ne  représentée  ici,  pi.  R.  io-8  ,  est  du: 
genre  clênophore.  (L.) 

TIQUARIER.  V.2iM  mot  Tigarier.  (b.) 

TIQUE.  (  Ornith.  )  C.'est,  en  Sologne  ,  le  Pipi  des  ar»- 
BRES.  (v.> 

TIQUE  DES  CHIENS.  V.  Ixode.  (l.) 

TIQUE  OU  CIRON  DE  LA  GALE.  T.  Acarus.  (l.) 

TIQUE  ou  CIRON  DU  FROMAGE  ET  DE  L\ 
FARINE.  F.A.CARITS.  (l.) 

TIQUE  DES  PAYS  CHAUDS.  V.  Ixode,  Chique  , 
NiNOAS  ,  Puce,  (l.) 

TIQUE  dite  TISSERAND  D'AUTOMNE.  Espèce 
âHjK  aride  qui  se  trouve  très-communément  en  automne ,  sous 
les  feuilles  des  plantes  de  plusieurs  arbres,  du  tilleul  surtout  , 
et  qui ,  suivant  Geoffroy  ,  file  de  la  toile  couune  les  arai- 
gnées,  que  le  peuple  nomme ^/s  de  lu  Vierge.  Mais  je  pense 
que  cet  illustre  naturaliste  est  à  cet  égard  dans  l'erreur. 
Qelte  arachnide  est  ïofarus  telariiis  de  Linnscus  ,  que  nous 
yapporlons  au  gQmcgamase.  (l.) 


T  î  R  ï^3 

TIQUE  DES  VOLAILLES  ou  KARAPATE.   Nom 

donne  ,  dans  l'île  Bourbon  ,  et  dans  quelques  autres  îles  des 
Indes  ,  à  une  espèce  dUacaride  ^  un  ixode  probablement  ,  qui 
s'attache  en  grande  quantité  aux  volailles  ,  et  se  gorge  de 
leur  sang.  Les  punies  qui  en  sont  infestées  ne  peuvent  quel- 
quefois rapprocher  les  ailes  de  leur  corps  ,  et  sont  forcées 
de  les  écarter  plus  que  d'ordinaire.  Cçt  animal  pullule 
beaucoup,  se  logeant  dans  les  endroits  les  moins  appa- 
rens  du  poulailler  ,  et  se  dérobant  à  tous  les  regards.  On  est 
obligé  de  brûler  ces  poulaillers ,  et  souvent  les  neufs  sont 
dans  le  même  état  au  bout  de  six  mois.  V.  le  mémoire  de 
M.  Beauvois  ,  Journ.  de  Physique  ,  Suppl. ,  tom.  xili  ,  1778. 

CL;) 

TIQUES  ,  Riclniœ.  Division  de  la  tribu  des  acarides 
(acarus,  Lînn.)  famille  des  holètres,  classe  des  arachnides  , 
ayant  pour  caractères  :  des  trachées  ;  huit  pattes  simplement 
ambulatoires;  bouche  sans  mandibules  et  mâchoires  pro- 
prement dites  :  un  suçoir. 

I.  Corps  recouvert ,  du  moins  en  partie ,  d'un  derme  coriace  ou  erail- 
leux,  très-plat,  l'animal  étant  à  jeun;  point  d'yeux  distincts. 

A  Suçoir  et  palpes  appareils. 
Les  genres  :  Ixode^  Argas. 

B.  Point  de  suçoir  ni  de  palpes  apparens. 
Le  genre  UfioPODii. 

II.  Corps  entièrement  mou j  toujours  simple  ou  assez  épais;   des  ycuK, 
distincts. 

Les  genres  :  Cheylète,  Smaris  ,  Bdelle.  (l.) 

TIQUILIE  ,  7/V/î//7/tt. Plante  du  Pérou  à  tige  dichotome  , 
îioueuse  ,  et  à  feuilles  allernes,  qui  forme  un  genre  dans  la 
penlandrie  monogynie  et  dans  la  famille  des  borraginées. 

Ce  genre  ,  fort  voisines  du  Gremil  ,  qui  ne  diffère  pas  dis, 
CoLDENiE  ,  suivant  Lehman  ,  offre  pour  caractères  :  un  ca- 
lice divisé  en  cinq  parties  ;  une  corolle  infundibuliforme  ,  à 
découpures  émarginées  et  à  gorge  nue  ;  cinq  étamines-sail- 
lanles  ;  un  ovaire  supérieur  surmonté  d'un  style  fort  long  à. 
deux  stigmates  et  quatre  semences  ,  dont  une  avorte  ordinai- 
rement, (b.) 

TIR.  Nom  du  Palmiste  du  Sénégal.  E/aîs  guinensis^'luinii. 

(B.) 

TIRANITPL ,  T/ran//«.  Genre  de  Coquilles  établi  par 
Deuys-de-Montfort.Ses  caractèressont  :  coquille  libre,  uni- 
valve,  cloisonnée  ,  droite  ,  en  cône  fistuleux;  cloisons  on- 
dulées sur  les  bords  ;  ouverture  ovale,  ondulée,  horisonlale;, 
soiumet  pointu  et  siphon  centraL 


1^4  TIR 

L'espèce  qui  sert  de  type  à  ce  genre  se  trouve  fossile  ,  mais 
presque  toujours  brisée,en  Allemagne  et  près  de  Rouen.  Des 
calculs  font  croire  qu'elle  a  dû  avoir  jusqu'à  douze  pieds  de 
long.  Knorr  l'a  figurée,  Suppl.  pi.  12.  Celle  dont  elle  se  rap- 
proche le  plus  est  la  Ijacui.ite,  (b.) 

TIRASSE  (  chasse.  )  Nom  d'un  grand  filet  qui  sert  à 
prendre  les  cailles  ou  les  perdrix,  avec  un  chien  couchant 
ou  avec  un  appeau.  V.  l'article  Perdrix,  (v.) 

TIRASSETO.  Dans  le  midi  de  la  France,  on  donne  ce 
nom  à  la  Renouée.  (desm.) 

TIRA-TALI  {nheed..  Mal.  Il, p.  53).  Nom  d'une  espèce 
de  liseron  Ç^convohyulus  maximus .,  Linn.  suppl.),  au  Malabar.  11 
ne  faut  pas  confondre  cette  plante  avec  le  tlru-calU  (  Rhéede  , 
Mal.  8,  tab.  4-)i  qui  est  une  espèce  à' euphorbe  à  laquelle  les 
botanistes  ont  donné  le  même  nom.  (ln.) 

TIRCIS.  Nom  d'une  espèce  de  lépidoptère  diurne,  du 
genre  Satyre.  V.  ce  mot.  (l.) 

TIRE-ARRACHE.  Nom  que  l'on  donne,  en  certains 
cantons  ,  à  la  Grive  rou&serolle,  V.  ce  mot.  (v.) 

TIRE-BOURRE,  Une  SERPULE(5C7?«/oa«g^«//ja)  a  reça 
ce  nom,   à  cause  de  sa  disposition  en  spirale.  (desM.) 

TIRE-CENDRES.  On  a  donné  ce  nom  à  la  tourmaline., 
à  cause  de  la  propriété  électrique  qu'elle  possède,  et  qui  lui 
permet  d'attirer  les  cendres  et  autres  corps  légers  ,  quand 
elle  a  été  chauffée.  V.  Tourmaline,  (lw.) 

TIRE-D' AIIjE(^ fauconneiie).  Un  oiseau  vole  à  tire-d'aile, 
quand  il  vole  avec  vigueur,  (s.) 

TIREFOND  ,  Haustator.  Genre  de  Coquilles  établi  par 
Denys-de-Montfort  dans  le  voisinage  des  Turritelles.  Ses 
caractères  sont  :  coquille  libre  ,  univalve  ,  à  spire  régu- 
lière, pyramidale  très-allongée  ;  point  d'ombilic  ;  ouverture 
carrée,  entière  ;  lèvres  tranchantes  désunies;  carène  tran- 
chée. 

Ce  genre  renferme  deux  espèces  qui  se  trouvent  fossiles  et 
en  abondance  à  Grignon  ,  à  Courtagnon  et  à  Chnumont 
près  de  Trie.  L'une  a  les  tours  de  spire  striés  et  l'autre  les  a 
unis.  Quelques  individus  ont  jusqu'à  trois  pouces  de  long.  (B.) 

TIRE-LANGUE.  Nom  vulgaire  du  Torcol  en  Pro- 
vence. V.  ce  mot.  (v.) 

TIRE-POIL.  C'est  un  des  noms  delà  Vulselle  ,  mya 
vulsella.  L.  (DESM.) 

TIRER  {vénerie).  Une  lêtetirede  long,  lorsqu'elle  perce  en 
avant  sans  s'arrêter. 

lue  limier  qui  trouve  la  voie  et  veut  avancer  ,  tire  sur  le  trait. 


TIR  ,25 

On  dit  aux  chiens  :  lirez ,  chiens  ,  tirez  ,  pour  les  faire  sui- 
vre, (s.) 

TIRER  {fauconnerie  ).  On  fait  tirer  l'oiseau  de  vol ,  quand 
on  le  fait  becqueter  un  pàl  dur  et  nerveux,  afin  de  lui  exci- 
ter l'appétit,  (s.) 

ÏIRIGA.  F.  Toui  TiRicA,  article  Perroquet,  page  38 1. 

TIRTCTA  et  DORISARTRUM.  Selon  Tabernœmon- 
tanus,  la  plante  que  les  Africains  nommoient  ainsi  est  le  GiN- 
GlDioN;  d'autres  auteurs  croient  que  c'est  le  Lepidium.  (ln.) 

TIRIDA,  Tricta  et  Tirista.  Noms  corrompus  de  ïi- 
RICTA  (  F.  ce  mot  )  ,  et  qui  se  trouvent  dans  quelques  ouvra- 
ges de  botanique ,  et  notamment  dans  le  Pinaje  de  Mentzel. 

(LN.) 

TIRIN.  C'est ,  dans  Belon  ,  le  nom  du  Serin.  F.  ce  mot- 

(V.) 

TIRI-PANNA.  On  donne  ce  nom  à  I'Acrostique  lan- 
céolée sur  la  côte  de  Malabar,  (b.) 

TIRIRI.  Nom  donné  à  des  Tyrans  d'après  leur  cri.  F. 
le  genre  Tyran,  (v.) 

TIRIT.  Nom  lorrain  du  Mouchet.  (v.) 

TIRIT.  Palmier  de  l'Amérique  méridionale  ,  dont  le 
genre  n'est  pas  connu,  (b.) 

TIRITS.  Le  Bruant  proyer,  dans  quelques  lieux  de  la 
France,  (desm.) 

TIRO-PEOUS.  Dans  le  Languedoc,  on  appelle  ainsi  les 
litres  de  Bardaise.  (desm.) 

TIROIR  {fauconnerie  ).  Paire  d'ailes  de  chapon  ou  de;?o«- 
lei ,  ajustée  avec  un  morceau  d'étoffe  rouge  ,  en  forme  d'oi- 
seau, et  qui  sert  aux  fauconniers  pour  rappeler  l'oiseau  sur 
le  poing,  (s.) 

TIROT.  C'est  la  Raie  bouclée,  (desm.) 

TIRRAPHIS,  Tirraphis.  Plante  graminée  delà  Nou- 
velle-Hollande, qui  seule  constitue  un  genre,  selon  R. 
Brown. 

Les  caractères  de  ce  genre  sonl:balle  caliclnale  de  deux  ou 
d'un  plus  grand  nombre  de  fleurs  ;  lafleursupérieure  stérile; 
balle  florale  de  deux  valves  ,  l'inférieure  terminée  par  trois 
arêtes,  la  supérieure  mutique.  (b.) 

TIRREBARBE.  Nom  de  1' Huître  vulselle.  (b.) 

TIRSA.  Graminée dugenrestlpe,  observée  dans  l'Ukraine 
par  Guettard,  qui  l'a  décrite  dans  ses  mémoires.  C'est  le  siipa 


i26  T  I  S 

ucranica  ,  Lk.  Les  cosaques  la  font  manger  par  leurs  che- 
vaux qui  en  sont  Irès-friands.  (ln.) 

T1R.U  ,  Tirus.  Genre  de  poissons  abdominaux  établi 
par  Rafinesque  -  Smaltz ,  pour  placer  un  poisson  des  mers  de 
bicile  Irès-voisin  des  saumons  ,  et  auquel  il  reconnoît  les  ca- 
ractères suivans  :  corps  cylindrique  ;  bouche  garnie  de 
dénis  ;  trente  rayons  à  la  membrane  branchioslége  ;  une 
nageoire  dorsale  plus  éloignée  de  la  léte  que  ne  le  sont  les 
nageoires  abdominales,  lesquelles  sont  dépourvues  d'ap- 
pendices. Ce  genre  diffère  principalement  de  celui  des  élops 
par  le  nombre  des  rayons  de  la  membrane  branchiostége  , 
et  par  le  manque  d'appendices  aux  nageoires  abdominales. 

Le  TlUU  MARBRÉ,  Tirus  marmoratus^  a  le  dos  marbré  de  gris 
etdefauve,  etses  flancs  sont  variés  delignes  noires  flexueuses 
avec  le  ventre  blanc.  Sa  mâchoire  supérieure  est  plus  longue 
que  l'inférieure  ;  sa  nageoire  dorsale  a  douze  rayons  ;  sa  ligne 
latérale  est  droite.  Ce  poisson,  x\o\x\mé  Uni  ovl poisson  tiru  sur 
les  côtes  de  Sicile  ^  est  long  d'un  peu  moins  d'un  pied.  Sa 
chair  est  peu  recherchée.  (DESM.) 

TISAVOYANNE.  Nom  que  les  Français  du  Canada 
donnent  à  deux  plantes  qui  leur  servent  à  teindre  ,  l'une  en 
rouge,  c'est  la  Garance;  l'autre  en  jaune,  c'est  I'Hellé- 

BORE   A  TROIS  FEUILLES.   V.  ClIIENDElNT.  (B.) 

TÏSCAQUET.  C'est  le  Galanga  arondinacé.  (b.) 
TISSA.  Adanson  donne  ce  nom  à  un  genre  particulier 
qu'il  fait  avec  Varenaria  média,  L.  ,  et  qu  il  dislingue  du  genre 
arenaria  ,  L. ,  qu'il  nomme  gypsophyium,  par  ses  étamines  au 
nombre  de  cinq  ;  par  ses  graines  sphériques  et  par  ses  feuilles 
stipulées.  Il  n'a  pas  été  adopté,  (ln.) 

TISSERANDS,  Texiores,  Vieill.  Famille  de  l'ordre  des 
oiseaux  Sylvains,  et  de  la  tribu  des  Anysodactylls.  V.  ces 
mots.  Caractères:  pieds  médiocres  ,  un  peu  forts;  tarses  an- 
nelés,nus;  quatre  doigts, trois  devant,  un  derrière;  les  doigts 
extérieurs  réunis  seulement  à  leur  base;  le  postérieur  épaté; 
bec  robuste,  ou  médiocre,  ou  allongé  ,  à  base  nue,  et  for- 
mant un  angle  arrondi  ou  aigu  dans  les  plumes  du  front,  lon- 
gïcone,  pointu  ,  rarement  échancré  à  l'extrémité  de  sa  partie 
supérieure  ;  douze  rectrices.  Cette  famille  se  compose  des 
genres  Loriot,  Tisserin,  Ictérie,  Carouge,  Baltimore, 
TROUPiAiE  et  Ca.ssique.  V.  ces  mots,  (v.) 

TISSERAND  D'AUTOMNE.  F.  Tique,  (l.) 

TISSERIN  ,    Ploceus  ,    Cuvier  ;    Loxia  ,    Oriohis  ,    Lalh, 

Genre  de  l'ordre  des  oiseaux  Sylvains  et  de  la  famille  des 

Tisserands.  V.  ces  mots.  Caractères:  bec  robuste,  s'avançant 

sur  le  front  en  forme  d'angle  aigu;  longicône,  convexe  en  des- 


T  I  S  ,,^ 

sus,  un  peu  comprimé  par  les  côtés,  enlier,  presque  droit , 
aigu,  quelquefois  un  peu  bombé  ;  mandibule  inférieure  à 
bords  fléchis  e«  dedans  ;  narines  oblougues,  couvertes  d'une 
membrane;  langue  cartilagineuse, frangée  à  la  pointe;  ailes 
à  penne  bâtarde  chez  plusieurs  ,  la  deuxième  et  la  troisième 
rémige  les  plus  longues  de  toutes;  quatre  doigts, trois  devant, 
nn  derrière  ;  les  extérieurs  réunis  à  leur  base.  Tous  les  oi- 
seaux de  cette  division  se  trouvent  soit  en  Afrique  ,  soit  dans 
les  (irandes-Indes  ;  leur  nom  générique  vient  de  ce  qu'ils 
font  leurs  nids  avec  beaucoup  d'art,  et  les  entrelacent  de 
brins  d'herbe,  talent  qui  les  rapproche  àescassiijues^  des/rou- 
pîales  et  des  carouges,  qu'ils  semblent  remplacer  dans  l'ancien 
continent.  Des  auleurs  placent  encore  dans  ce  groupe  le 
gros  bec  social  ou  répuhlicain  ,  que  j'ai  laissé  ,  peut-être  à  tort, 
dans  le  genre  où  il  éloit  précédemment. 

Le  Tisserin  baglafecht  ,  Ploceus  haglafecht  ^  Vieill.  ; 
Loxia  philippina,  var.,  Latham.  Cet  auteur  fait  de  cet  oiseau 
une  variété  du  tisserin  ioucnam  courvi.  (F.  ci-après.)  Mais  Buf- 
fon  le  présente  comme  une  espèce  particulière.  Il  est  vrai 
qu'il  existe  entre  ces  deux  oiseaux  de  grands  rapports  dans 
leur  plumage  et  dans  leurs  habitudes  ;  mais  le  haglafechl  dif- 
fère du  toucnam  cour^i  par  des  couleurs  autrement  nuancées  et 
distribuées  ;  la  tache  noire  qui  est  des  deux  côtés  de  la  tête, 
s'élève  presque  au-dessus  des  yeux;  les  teintes  jaunes  et 
brunes  du  dessus  du  corps  sont  moins  marquées;  les  grandes 
couvertures  des  ailes  ,  leurs  pennes  et  celles  de  la  queue  sont 
d'un  brun  verdâtre  et  bordées  de  jaune  ;  l'iris  est  jaunâtre  ; 
elles  ailes,  dans  leur  état  de  repos,  vont  à  peu  près  au 
milieu  de  la  queue.  Cette  espèce ,  qui  se  trouve  en  Abyssinie  , 
donne  aussi  à  son  nid  une  forme  différente ,  et  montre  un 
peu  plus  d'industrie  dans  les  précautions  qu'elle  prend  pour 
mettre  sa  postérité  à  couvert  de  l'humidité  et  de  la  voracité 
de  ses  ennemis.  Elle  roule  ce  nid  en  spirale  à  peu  près  comme 
un  nautile  ,  le  suspend  à  l'extrémité  d'ung, petite  branche  au- 
dessus  d'une  eau  dormante  ,  et  place  l'entrée  dans  la  partie 
inférieure  ;  mais  toujours  l'ouverture  est  du  côté  de  l'est , 
c'est-à  dire  du  côté  opposé  à  la  pluie. 

Le  Tisserin  bicolor,  Pioceus  /ncolor,  Vieill.,  se  trouve  au 
Sénégal  ;  il  a  six  pouces  et  demi  de  longueur  totale  ;  la  tête 
et  la  nuque,  noirâtres;  le  dessus  du  cou  ,  le  dos  ,  les  couver- 
tures des  ailes  et  le  bord  extérieur  des  pennes  d'un  brun  oli- 
vâtre ;  les  rémiges  et  les  rectrices  ,  brunes  ;  le  croupion 
pareil;  les  plumes  de  la  gorge  et  du  devant  du  cou, de  la  même 
couleur,  et  jaunes  à  leur  extrémité  ;  la  poitrine  et  les  parties 
postérieures,  d  un  jaune  vif  et  foncé  ;  le  bec,  gris  soinbre  en 


I--8  T  I  S 

dessus,  jaune  sur  les  bords  et  en  dessous,  si  ce  n'est  à  la 
base  ;  les  pieds  et  les  ongles,  gris. 

Le  Tisserin  cap-jauîsie  ,  Ploceus  atrir.apillm ,  Vieil!.  Cet 
oiseau, que  Ton  trouve  en  Afrique  dans  le  royaume  de  Congo 
et  de  Cacongo,  d'où  il  a  été  rapporté  par  le  naturaliste  Per- 
rein  ,  a  la  gorge,  le  devant  du  cou,  rocciput,  le  dessus  du 
corps,  les  ailes  et  la  queue,  noirs;  le  sommet  de  la  tête,  les 
côtés  de  la  gorge  et  du  cou  ,  le  dessous  du  corps  et  les  cou- 
vertures inférieures  de  la  queue  ,  le  bord  exiérieur  des 
pennes  alaircs  et  caudales,  d'un  jaune  orangé;  le  bec  est 
noir,  et  les  pieds  sont  bruns;  taille  du  Tisserin  cap-more. 

Le  Tisserin  CAP-moke,  P/ocem  faxtor,  Yieill.  ;  Orio/us 
iexior ,  Lalh. ,  pi.  enl.  de  Buff.  ,  n.  "*  ZjS  et  876.  Cet  oiseau  , 
comme  la  plupart  de  ceux  qui  habitent  sous  le  climat  ardent 
de  l'Afrique,  porte  un  habit  dont  les  couleurs  varient  d'une 
saison  à  l'autre.  An  printemps,  sa  tête  est  recouverte  d'une 
espèce  de  capuclion  d'un  brun  mordoré  ,  qui  est  remplacé 
dans  l'arrière-saison  par  une  couleur  jaune.  Celle  dernière 
teinte,  plus  ou  moins  orangée,  règne  sur  le  dos,  ainsi  que 
sur  la  partie  inférieure  du  corps,  et  borde  les  couvertures 
des  ailes,  les  pennes  et  celles  de  la  queue,  dont  la  couleur 
principale  est  noirâtre.  Il  paroît  que  le  jeune  est  deux  ans 
à  parvenir  à  ce  changement.  Pendant  ce  temps,  un  jaune 
foible  domine  sur  presque  tout  son  plumage;  il  prend  un  ton 
brun  olivâtre  sur  la  (cle  ,  derrière  le  cou  et  sur  le  dos.  La 
grosseur  du  cap-more  est  un  peu  au-dessous  de  celle  d  l'é- 
tourneau  ;  son  bec  est  d'une  couleur  de  corne  brune  ;  son 
iris  est  orangé  ;  et  son  tarse  rougeâtre. 

Cet  oiseau  se  trouve  au  Sénégal,  et  dans  le  royaume  de 
Congo  et  Cacongo.  Son  chant  est  singulier  et  fort  gai.  Ceux 
qu'on  a  vus  vivans  en  France  annoRçoient  des  dispositions 
à  nicher,  quoiqu'ils  n'y  fussent  pas  excités  parla  présence 
de  leur  femelle.  Ils  ont  construit  des  nids  avec  des  brins 
d'herbe  ou  des  joncs,  qu'ils  entrelaçoient  dans  le  grillage  de 
leur  cage.  11  est  très-probable  qu'avec  quelques  soins,  et  en 
leur  procurant  une  chaleur  convenable  ,  l'on  parviendroit  à 
les  faire  multiplier. 

Le  Tisserin  NELicouRVi ,  Ploceus  pensi/is  ^  Vieill.;  Loxia 
pensilis^  Lath.,pl.  (x34.,  fig.  i  de  ce  Dictionnaire.  Cet  oiseau 
ne  montre  pas  moins  d'industrie  dans  la  construction  de  son 
nid,  que  le  bagbfecht  et  le  touenam  courvi.  Il  le  compose  de 
pailles  et  de  joncs  entrelaces  avec  adresse,  et  le  suspend  à 
une  branche  (lexible  au  bord  des  ruisseaux  ;  il  pratique  au 
haut  une  poche  dans  laquelle  sont  les  œufs  ,  et  y  adapte  un 
tuyau  allongé  tourné  en  en-bas, et  au  bout  duquel  est  l'entrée; 


Ct  .  34 


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T  T  s  f^g 

h  la  ponte  suivante,  il  y  attache  un  nouveau  nid,  ainsi  de 
suite.  On  voit  quelquefois  cinq  à  six  cents  de  ces  nids  sus- 
pendus à  un  seul  arbre.  La  femelle  ne  pond  que  trois  œufs. 

La  taille  du  neli  courvl  est  celle  du  moineau  franc  ;  la  tête 
et  le  devant  du  cou  sont  jaunes  ;  une  raie  verdâlre  part  de 
l'angle  du  bec,  et  s'étend  sur  les  côte's ,  au-delà  de  l'œil;  le 
dessus  du  cou  et  du  corps  est  d'un  vert  terne;  le  ventre, gris 
foncé;  les  pennes  de  la  queue  et  des  ailes  sont  noires  et 
ces  dernières  bordées  de  verdâlre;  Tiris  est  jaune;  le  bec 
les  pieds  et  les  ongles  sont  de  la  teinte  de  la  queue. 

On  doit  ces  détails  à  Sonnerat ,  qui  a  observé  celte  espèce 
à  Madagascar.  Mauduyt  la  regarde  comme  une  variété  du 
toucnam-courvi. 

Le  Tisserin  a  collier,  Ploceus  collans^  Vieill.  Cet  oi- 
seau, que  l'on  trouve  en  Afrique,  au  Sénégal,  et  dans  le 
royaume  d'Angola  et  de  Congo,  a  le  bec  ,  la  têle  ,  la  gorge, 
le  cou  en  entier,  le  haut  de  l'aile,  les  pennes  intermédiaires 
et  de  la  queue,  noirs;  cette  couleur  descend  jusque  sur  le 
milieu  de  la  poitrine  ,  où  elle  est  terminée  par  une  grande 
tache  rousse  qui  forme  une  sorte  de  collier;  les  pennes  des 
ailes,  leurs  couvertures  supérieures  et  les  scapulaires  sont 
variées  de  noir  et  de  jaune  ;  le  reste  du  plumage  est  de  la 
dernière  teinte  ;  les  pieds  sont  d'un  brun  rougeâtre  •  les 
pennes  alaires  et  les  latérales  de  la  queue,bordées  en  dehors 
de  jaune  un  peu  verdâtre  ;  taille  du  tisserin  cap-more. 

Le  Tisserin  a  gorge  noire  ,  Ploceus  nigrkolUs ,  Vieill., 
pi.  45  des  Oiseaux  chanteurs^  sous  la  dénomination  de  malimhe 
à  gorge  noire.  Ou  rencontre  cette  espèce  en  Afrique,  sur  la 
côte  de  Malimbe ,  dans  le  royaume  de  Congo  et  de  Cacongo  ; 
elle  a  le  bec  et  le  milieu  de  la  gorge  noirs;  une  large  tache 
de  la  même  couleur,  sur  la  nuque;  le  dos,  le  croupion,  les 
ailes  et  la  queue, d'un  brun  verdâtre,  plus  foncé  sur  les  cou- 
vertures alaires  et  d'une  nuance  plus  claire  à  l'extérieur  des 
pennes  alaires  et  caudales  ;  la  tête,  les  côtés  de  la  gorge,  le 
devant  du  cou  ,  la  poitrine,  le  ventre,  le  cou  et  les  partie* 
inférieures  de  la  queue  ,  d'un  beau  jaune  qui  tire  à  l'orangé 
sur  les  premières  parties;  les  pieds  bruns;  longueur  totale, 
cinq  pouces  et  demi  environ. 

Le  Tisserin  huppé  ,  ou  le  Malimbe  ,  Ploceus  cristatus , 
Vieill. ,  pi.  P  3,  n**  I  de  ce  dictionnaire.  Le  nom  de  malimbe 
qu'a  imposé  Sonnini  à  cette  espèce  ,  est  celui  d'une  contrée 
d'Afrique  située  sur  la  côte  occidentale,  dans  le  royaume  de 
Congo  et  Cacongo  ,  où  elle  a  été  observée  par  Perrein  de 
Bordeaux.  La  base  des  mandibules  et  les  yeux  sont  entourés 

xxxiv.  (^ 


i3o  T  I  S 

de  plumes  noires;  celles  de  la  tête  sont  longues  ,  déliées, 
soyeuses,  et  forment  une  très-jolie  huppe  d'un  rouge  écar- 
late  ;  celte  belle  couleur  s'étend  sur  les  joues ,  la  gorge  et  le 
haut  de  la  poitrine;  un  noir  lustré  est  répandu  sur  tout  le  reste 
du  plumage  ;  le  bec  ,  les  pieds  et  les  ongles  sont  noirs. 

La  femelle  n'est  point  huppée  ;  elle  a  le  bec  plus  gros  à  la 
base  ,  et  le  crochet  un  peu  moins  long  ;  elle  diffère  encore 
dans  la  distribution  des  deux  couleurs  rouge  et  noire  ;  la  pre- 
mière couvre  le  dessus  de  la  tête  et  la  nuque;  la  seconde, 
indiquée  par  une  raie  étroite  qui  borde  la  mandibule  supé- 
rieure ,  teint  les  côtés  de  la  tête  jusqu'au-dessous  des  oreilles  , 
ia  gorge  ,  le  devant  du  cou  ,  et  tout  le  reste  du  plumage  ; 
mais  elle  est  moins  foncée  et  lustrée  que  sur  le  mâle  ;  lon- 
gueur totale ,  six  pouces  trois  lignes;  grosseur  àeiape-grièche 
rousse. 

Ces  oiseaux  se  tiennent  ordinairement  sur  des  arbres  por- 
tant des  figues,  qui  ressemblent  parfaitement  à  celles  d'Eu- 
rope, et  placent  leur  nid  sur  des  branches  formant  un  trian- 
gle :  ils  lui  donnent  une  forme  ronde,  pratiquent  l'ouver- 
ture sur  le  côté  ,  en  composent  l'extérieur  d'herbes  fines , 
arrangées  avec  art,  et  garnissent  l'intérieur  de  coton.  La 
ponte  est  de  trois  à  cinq  œufs  de  couleur  grisâtre  ,  dont  le 
xnâle  et  la  femelle  se  partagent  l'incubation.  C'est  vers  les 
mois  d'octobre  et  de  novembre  qu'on  les  trouve  à  Malimbe. 
Ils  ne  restent  sur  ces  sortes  de  figuiers  que  pendant  le  temps 
où  ils  sont  chargés  de  fruits,  et  disparoissent  du  pays  immé- 
diatement après  jusqu'à  l'année  suivante. 

Le  Tisserin  jonquille,  Ploceus  jonquillaceus ,  Vieill.  On 
le  trouve  en  Afrique  sur  la  côle  d'Angola  ;  sa  longueur  est 
de  cinq  pouces  et  demi;  le  bec,  noir  ;  le  tarse,  brun  ;  le  haut 
de  la  tête,  d'un  noir  verdâtre  ,  ainsi  qu'un  trait  qui  part  de  la 
mandibule  supérieure,  passe  à  travers  l'œil,  et  s'étend  jus- 
qu'à l'occiput;  celte  couleur  est  remplacée  par  une  teinte 
olive  foncée  sur  la  nuque,  et  qui  s'éclaircit  sur  les  autres  par- 
ties supérieures ,  sur  les  ailes  et  sur  la  queue  ;  une  bandelette 
jaune  prend  naissance  au  bec  ,  forme  un  sourcil  sur  les  yeux 
et  s'étend  au-delà  ;  toutes  les  parties  inférieures  sont  d'un 
beau  jaune  jonquille. 

Le  Tisserin  ^oiK^Ploceus  mgernmus ,  Vieill.  L.et  oiseau, 
que  le  naturaliste  Perrein  a  trouvé  dans  le  royaume  de  Congo 
et  Cacongo,est  totalement  noir  et  de  la  taille  du  tisserin  jon- 

auille.  .       ,r.  .,,       I    //  j 

Le  Tisserin  orangé , P/oceu5  auranùus,  Vieill., pi.  44  des 
Oiseaux  chanteurs,  sous  le  nom  de  malimbe  ot ange. Cetie  espèce 
se  trouve  en  Afrique  ,  dans  le  royaume  de  Congo  et  de  Ca^ 


T  I  S  i3i 

congo ,  et  a  ê\ê  rapportée  de  Malimbe  par  le  naturaliste  Per- 
rein  ;  elle  a  cinq  pouces  de  longueur  totale;  le  bec  est  d'un 
brun  sombre  ;  le  trait  noir  qui  se  trouve  sur  les  côlés  de  la 
tête  ,  part  de  la  mandibule  supérieure  ,  et  s'arrêle  au-dessus 
de  Toeil  ;  un  jaune  orangé  occupe  le  reste  de  la  tête  ,  la  gorge 
et  les  parties  postérieures;  cette  couleur  est  plus  foncée  sur 
le  devant  du  cou  et  sur  la  poitrine,  un  peu  plus  claire  sur  le 
ventre,  et  verdoyante  sur  le  reste  du  dessous  du  corps;  le 
dessus  du  cou  ,  le  dos  ,  le  croupion  ,  les  couvertures  supé- 
rieures de  la  queue  et  les  petites  des  ailes  sont  d'une  couleur 
olive  ;  les  njoyennes  jaunes  ,  les  grandes  et  les  pennes, de  cette 
teinte  en  dehors  et  d'un  vert  noir  en  dedans  ;  les  pennes  cau- 
dales sont  en  dessus  pareilles  à  celles  des  ailes ,  t-t  en  dessous 
d'un  jaune  verdâtre  tirant  au  gris ,  mais  plus  clair  sur  les 
bords;  les  pieds  sont  d'un  brun  jaunâtre. 

Le  Tisserin  a  tête  noire,  Ploceu^  melaiwcephalus^  Vieil!.  ; 
loxia  abyssinica ,  Lath.  La  taille  de  cet  oiseau  est  celle  du 
Hnoineau  ;  l'iris  est  rouge  ;  le  bec ,  la  tête  ,  la  gorge  et  la  poi- 
trine sont  noirs  ;  le  reste  du  dessous  du  corps  ,  les  jambes  et 
la  partie  supérieure  du  corps,  d'un  jaune  clair;  les  plumes 
scapulaires  ,  noirâtres  ;  les  couvertures  des  ailes  ,  brunes  et 
bordées  de  gris  ;  les  pennes  des  ailes  et  -de  la  queue  frangées 
de  jaune  ,  et  les  pieds  ,  d'un  gris  rougeâlre. 

Ainsi  que  le  baglafecht ,  ce  gros-bec  des  Philippines  montre 
une  grande  industrie  dans  la  construction  de  son  nid,et  beau- 
coup de  prévoyance  pour  mettre  sa  progéniture  à  l'abri  de  la 
pluie  et  de  la  voracité  des  petits  animaux.  La  forme  de  ce  nid 
est,  selon  Buffon,pyramidale;il  est  suspendu  toujours  au-des- 
sus de  l'eau  et  à  Textrémité  d'une  petite  branche  ;  l'ouverture 
est  sur  l'une  des  faces  de  la  pyramide  ,  ordinairement  tournée 
à  l'est;  la  cavité  de  cette  pyramide  est  séparée  en  deux  par 
une  cloison,  ce  qui  forme,  pour  ainsi  dire  ,  deux  chambres  : 
ia  première,  où  est  l'entrée  du  nid,  est  une  espèce  de  vesti- 
bule où  1  oiseau  s'introduit  d'abord  ;  ensuite  il  grimpe  le 
long  de  la  cloison  intermédiaire,  puis  il  redescend  jusqu'au 
fond  de  la  seconde  chambre,  où  sont  les  œufs. 

On  trouve  cette  espère  en  Abyssinie  et  au  Sénégal. 

Le  T1--SERIN  TOUCNAM-COURVI,  rioreiis  philippinus,Yie\\l.  ; 
Loxia  philipp  na  ,  Lath. ,  pi.  enl.  de  Buffon  ,  n?  i35,  fig.  2  , 
sous  la  dénomination  de  gros-bec  des  Philippines. Cet  oiseau 
des  Philippines  auquel  on  a  conservé  le  nom  qu'il  porte  dans 
ces  îles  ,  est  remarquable  par  la  manière  dont  il  construit  son 
nid;  il  le  suspend  à  Textrémilé  des  branches  par  sa  partie  su- 
périeure, le  compose  de  petites  fibres  de  feuilles  entrelacées 
les  unes  dans  les  autres  ,  et  lui  donne  la  forme  d'un  sac  renflé 


i32  T  T  T 

et  arrondi  dans  le  milieu ,  dont  rouvortiire  est  placée  à  un 
des  côtés  ;  à  cette  ouverture  est  adapté  un  long  canal  com- 
posé des  mêmes  fibres  de  feuilles,  tourné  vers  le  bas,  et 
dont  l'ouverlure  est  en  dessous  ,  de  façon  que  la  vraie  entrée 
du  nid  ne  paroît  point  du  tout. 

Le  toucnam-courvi  a  le  dessus  de  la  tête,  le  derrière  du  cou 
et  le  haut  du  dos ,  jaunes  ;  cette  couleur  est  variée  de  brun  sur 
ces  dernières  parties  ,  ainsi  que  sur  les  scapulaires  ;  les  plu- 
mes du  croupion  et  de  la  partie  inférieure  du  dos  sont  brunes 
et  bordées  de  blanchâtre;  les  joues  et  la  gorge, de  la  première, 
teinte;  le  devant  du  cou  et  la  poitrine, jaunes,  les  autres  par- 
lies  postérieures,d'un  blanc  sale  lavé  de  jaunâtre  ;  les  pennes 
des  ailes  et  de  la  queue  ,  pareilles  à  la  gorge,  et  frangées  de 
roussâtre  clair  ;  le  bec  est  brun  et  les  pieds  sont  jaunâtres. 

La  femelle  a  le  plumage  brun  et  roussâtre  en  dessus  ; 
chaque  plume  est  bordée  de  celte  dernière  teinte  qui  couvre 
sans  mélange  la  gorge  et  tout  le  dessous  du  corps. 

Le  Tisserin  voilé  ,  Ploceus  velatus ,  Vieill.  Cette  espèce 
habite  en  Afrique  le  pays  des  Namaquois;  un  voile  mir  et 
velouté  couvre  le  front ,  les  côtés  de  la  tête  jusqu'au-dessus 
de  l'œil,  la  gorge  ,  le  devant  du  cou,  et  finit  en  pointe  sur 
le  haut  de  la  poitrine  ;  le  reste  de  la  tête  ,  le  dessus  et  les 
côtés  du  cou,  la  poitrine,  le  ventre  et  l'abdomen,  sont  d'un 
jaune  brillant  ;  le  dos  est  d'un  jaune  olivâtre  ;  le  croupion 
et  le  bord  extérieur  des  grandes  couvertures  des  ailes ,  de 
leurs  pennes  et  de  celles  de  la  queue  ,  du  même  jaune  ;  le 
reste  de  ces  pennes  est  d'un  olive  rembruni  ;  le  bec  est  d'un 
noir  bleuâtre, et  les  pieds  sont  gris;longueur  totale,  six  pouce* 
environ,  La  femelle  est  un  peu  plus  petite  que  le  mâle,  et  en 
diffère  en  ce  qu'elle  n'a  point  de  voile  noir;  le  capistrum  seul 
est  de  cette  teinte,  et  ses  autres  couleurs  sont  moins  vives. 
Ces  oiseaux  sont  dans  la  collection  de  M.   Temminck.  (v.) 

TISSU  CELLULAIRE  ,  Tissu  réticulaire.  Voyez 
Arbre,  (tol.) 

TIT.  Plante  citée  par  le  voyageur  Linscot,  et  qu'il  a  ob- 
servée dans  l'Inde.  Sa  racine,  de  la  grosseur  des  deux  poings 
réunis,  est  couverte  d'une  chevelure  jaunâtre,  douce  et 
soyeuse,  dont  on  se  sert,  dans  le  pays,  en  guise  de  plumes, 
pour  les  coussins.  Cette  plante  ne  nous  est  pas  connue,  (ln.) 

TIT.  Nom  que  les  Africains  donnoient  aux  MeNtha. 
V.  ce  mot.  (LN.) 

TITA.  Scopoli  donne  ce  nom  au  genre  cassipourea  d'Au- 
blet,  aussi  nom»né  Llgnotis,  V.  ce  mot  et  Cassipourier. 

(LN.) 

,  .TITAN-COTTE.  Noia  indien  du  fruit  d'une  Vomi- 


T  I  T  ^^^ 

QUE  ,  Sir)'cJinos  potatorum  ,  Linn, ,  avec  lequel  on  purifie  les 
eaux  troubles ,  et  qu'on  a  proposé  d'employer  à  la  clarifica- 
tion des  vins,  (b.) 

TITANE  (  Titant  et  Titanîum  ,  Chimie.  ;  Titane  , 
Hauy,etc. ).  C'est  dans  la  classe  des  métaux  proprement 
dits  que  les  chimistes  ont  placé  le  titane  ,  quoiqu'ils  n'aieiit 
point  encore  pu  Tobienir  autrement  qu'à  l'étal  d'oxyde  ,  çn 
décomposant  le  deuto  nitrate  oudeuto-muriate  de  titane  par 
l'ammoniaque. 

V oxyde  de  titane  ou  de  titinium  a  l'aspect  d'un  terre  blâtiche 
qui  change  de  couleur  lorsqu'on  la  calcine  fortement  avec 
du  charbon.  Alors  il  passe  au  jaune  (couleur  qui  di^paroîl 
par  le  refroidissement  ),au  rouge  ,  puis  au  bleu.  L'oxyde  blanc 
est  un  deuloxyde  ,  et  l'oxyde  rouge  un  protoxyde  ;  ce  der- 
nier se  présente  en  pellicule  brillante  ,  friable  ,  et  d'un 
rouge  plus  foncé  que  celui  de  cuivre  ,  et  pourroît  être  le 
titane  à  l'état  métallique  ,  ce  qui  est  l'avis  de  M.  Vau- 
quelin.  (  Voyez  Journ.  min.  ,  volume  2  ,  page  10  et'  sulv.  ) 
La  couleur  bleue  à  laquelle  il  passe  paroît  être  celle  d'un- 
oxyde  transparent.  L'oxyde  de  titane  offre  ,  par  les  essais  au 
chalumeau  ,  deux  degrés  d'oxydation  ;  l'un  donne  ,  avec 
les  flux ,  un  verre  jaune  dans  la  flamme  extérieure  ,  et  l'aulre 
dans  la  flamme  intérieure  produit  un  verre  d'un  pourpre 
bleuâtre  très-pur.  Les  chimistes  ne  savent  point  en  quelles 
proportions  l'oxygène  est  susceptible  de  se  combiner  avec  la 
titane  métallique.  Il  paroît  que  l'oxyde  bleu  est  celui  qui  en 
renferme  le  moins  et  qui  est  le  plus  pur.  C'est  sur  l'oxyde 
blanc  du  titane  qu'ont  été  faites  la  plupart  des  expériences 
qui  établissent  l'existence  de  ce  métal ,  et  par  une  circons- 
tance remarquable,  elles  prouvent  une  telle  analogie  avec  le 
zircone,que  le  professeur  Pfaff  qui  a  présenté  le  parallèle  des 
caractères  de  ces  deux  oxydes,  conclut  que,  si  la  zireone  et 
l'oxyde  de  titane  sont  deux  substances  dilYérenles  ,  comme  on 
le  croit  généralement ,  nous  ne  connoissons  point  la  méthode 
de  les  séparer  l'un  de  l'autre.  (Schvveigg. ,  Journ.,  vol.  ai  , 
pag.  240.  ) 

Voici  les  propriétés  de  l'oxyde  blanc  ou  deutoxyde  de 
titane,  découvertes  par  les  expériences  de  Klaprolji  el^- 
Vauquelln  ,  etc. 

Il  est  Indissoluble  dans  les  alcalis  caustiques,  mais  il  n'en 
est  pas  de  môme  avec  les  sels  alcalins  ,  car  il  est  soluble  dans^ 
les  carbonates  de  soude  ou  de  potasse. 

Dissous  dans  l'acide  sulfurique  allongé  d'eau  ,  et  la  disso- 
lution étant  évaporée  ,  on  a  une  masse  blanche  qu'on  a  coio^. 


1-34:  T  1  T 

parée  à  de  la  colle  de  farine.  Ce  résidu  pâteux  est  considéré 
comme  an  deuto-sulfate  de  titane.  , 

L'oxyde  de  titane  se  dissout  complètement  dans  l'acide 
nitrique.  L'évaporation  spontanée  donne  à  la  dissolution  la 
consistance  d'huile  et  l'on  y  aperçoit  de  petits  cristaux  dia- 
phanes rhomboïdaux,  selon  Kl.iprolh.  Suivant  M.  Thénard, 
on  obtient  le  deuto- nitrate  de  titane  en  traitant  par  l'acide  ni- 
trique l'hydrale  (de  deutoxyde)  de  titane,  extrait  du  deulo- 
muriate.  Ce  sel  est  blanc  ,  acide,  facilement  decomposab'e 
par  la  chaleur ,  et  cristallise  en  tables  hexagones. 

Le  deutoxyde  de  titane  est  de  même  dissous  par  l'acide 
muriatique  ,  par  lévaporation  spontanée  ;  il  se  prend  en 
masse  gélatineuse  (  deuto  muriate  de  titane)  transparente  ,  d'un 
jaune  clair,  qui  contient  de  petits  crisl  lux  cubiques.  Cette 
gelée  se  décompose  à  l'aide  de  la  chaleur  ,  et  l'oxyde  se  pré- 
cipite ,  peut-être  ,  à  l'élat  de  sous-muriale. 

La  potasse  ,  le  carbonate  de  potasse  ,  les  succinales  et  ben- 
zoates  neutres  ;  les  acides  arsenique  ,  phosphorique  ,  oxa- 
lique ,  tarlareux  et  malique,  précipitent  le  titane  de  ses  dis- 
solutions acides,  en  flocons  blancs.  L'addition  d'un  excès 
d'acide  succinique  ou  tartareux  ,  ou  d'acide  oxalique  ,  dissout 
ces  flocons.  Les  prussiates  alcalins  donnent  un  précipité  vert 
abondant,  entremêlé  de  brun.  Lorsque  l'oxydation  du  titane 
est  plus  forte,  le  prussiate de  potasse  produit  un  précipité  pres- 
que lout-à-faitbleu. 

L'ammoniaque  ,  versée  dans  la  dissolution  muriatique  ,  la 
colore  en  un  vert  sale  ,  et  il  se  forme  un  précipité  d  un  vert 
bleuâtre.  L'hydro-sulfure  d'ammoniaque  produit,  dans  la 
même  dissolution,  un  précipité  floconneux  clair-semé  ,  d'une 
couleur  olive  ,  foncée  ou  noirâtre.  Ce  précipité  ne  perd  point 
sa  couleur  par  le  lavage  ;  mais  lorsqu'on  l'expose  à  l'action 
du  soleil,  il  devient  tout- à-fait  bleu, 

La  teinture  de  noix  de  galles  précipite  le  titane  de  ces  dis- 
solutions en  brun  rougeâtre.  Dans  la  même  circonstance,  la 
dissolution  de  zircone  produit  un  précipité   floconeux  jaune. 

L'alcool  gallique  produit  aussi  un  précipité  brun  rou- 
geâtre. Si  la  dissolution  n'est  pas  étendue  d'eau,  elle  prend 
la  couleur  et  la  consistance  du  sang.  Les  alcalis  n  en  préci- 
pitent plus  rien.  Le  précipité  sec  est  rouge  ,  mais  par  la  cal- 
cination  il  devient  blanc  et  de  moitié  plus  léger. 

Une  lamed'étain  ,  plongée  dans  la  dissolution  muriatique 
et  renfermée  dans  un  flacon  bien  clos  ,  la  teint  en  rose 
pâle  ,  puis  en  violet  améthyste. 

Le  zinc  ,  mis  dans  la  même  dissolution  ,  allongée  d'eau  , 
produit  une  couleur  violette  qui  vise  au  bieu indigo  ,  couleur 


T  I  T  >^5 

que  la  chaleur  fait  disparoître,  en  précipitant  l'oxyde  de 
titane. 

En6n  l'oxyde  de  titane  ,  fondu  avec  l'énniail ,  le  colore  en 
jaune  paille  pur  et  uniforme. 

Cette  substance  métallique  a  été  découverte,  en  1781» 
par  William  Gregor ,  en  analysant  le  sable  d'un  ruisseau 
qui  traverse  la  vallée  de  Menachan  ou  Menacan  et  M'ena- 
kaii ,  en  Gornouailles,  où  il  est  en  assez  grande  abondance, 

Kirvvan  donna ,  à  ce  nouveau  métal ,  le  nom  de  menachine , 
et  le  sable  fut  désigné  par  celui  de  menakaniie  :  c'est  un 
titane  oxydé  ferrifère.  {V.  ci-après.) 

En  179S  ,  Klaproth  découvrit  un  métal  nouveau  dans  une 
pierre  de  Boïaick  ,  en  Hongrie  ,  et  qu'on  avoit  appelé  ,  jus- 
que-là,  schorl  rouge  de  Hongrie.  Ce  n'est  qu'en  1797  ,  qu'il, 
eut  occasion  de  reconnoître  que  ce  métal ,  qu'il  avoit  nommé 
titane  et  tltanium^  en  l'honneur  des  Titans,  enfans  de  la 
Terre,  étoit  le  même  que  le  menachine  ,  et  il  parvint  à  cette 
connoissance  en  analysant  le  menakanite  de  Gornouailles. 
Depuis  lors  le  titane  a  été  signalé  dans  une  multitude  d'en- 
droiis  et  dansdes  états  tellement  différens  les  uns  des  autres, 
que  les  minéralogistes  les  ont  considérés  comme  des  espèces 
étrangères  les  unes  aux  autres,  et  même  aux  métaux,  puis- 
que la  plupart  d'entre  elles  ont  été  placées  dans  la  classe 
des  pierres. 

Le  titane  et  ses  combinaisons-  appartiennent  aux  ter- 
rains primitifs,  de  transition  et  volcanique  ,  et  il  est  difficile 
de  dire  dans  lequel  de  ces  terrains  il  est  le  moins  abondant. 
Nulle  part  il  ne  fait  roche  à  lui  seul;  il  est  ou  dissémine  dans 
1-es  roches, ou  bien  en  combinaisons  avec  d'autres  substances. 
Il  est  toujours  à  l'état  d'oxyde  ,  mais  fort  rarement  pur  ,  et 
au  contraire  ,  presque  toujours  combiné  ,  d'une  part,  avec  le 
fer  et  quelquefois  la  magnésie  en  même  temps  ,  et  de  l'autre 
avec  la  silice  et  la  chaux.  La  première  de  ces  combinaisons  , 
qui  est  la  plus  abondamment  répandue  ,  et  qui ,  ainsi  que  la 
seconde  ,  n'est  exclusive  à  aucun  des  terrains  que  nous  ve- 
nons de  citer,  mérite  de  nous  arrêter  un  instant.  Le  fer  uni 
au  titane  y  est  toujours  à  l'état  d'oxyde  ,  et  cette  association 
est  tellement  fréquente  qu'il  est  peu  de  minerais  de  fer  oxydé 
qui  ne  contiennent  du  titane.  Ainsi  ,  M.  Piobiquet  l'a  décou- 
vert dans  le  fer  oxydulé  cristallisé  qu'on  trouve  dans  les  ro- 
ches chloriteuses  ,  en  Corse  ,•  et  leurs  analogues  d'autres 
contrées  ;  le  titane  existe  dans  le  fer  oxydulé  des  mines 
d'Arendal  et  de  Kongsberg,  en  Norwége  ;  il  a  été  signalé 
dans  le  fer  oligisle  de  Tîle  d'Elbe  ,  par  M.  Berzelius  ,  et  pro- 
bablement  que  l'expérience   en    démontrera    la   présence 


,36  T  I  T 

dans  les  autres  varîélés  de  fer  oligîste  ,  qui  s'éloign-ent,  pour 

l'aspecl,  de  celui  de  l'île  d'Elbe. 

Les  minéralogistes  ,  ayant  égard  aux  proportions  dans  les- 
quelles le  liiane  oxydé  et  le  fer  oxydulé  ou  oxydé  sont  com- 
binés ensemble,  ont  porté  ,  dans  l'espèce  du  fer,  la  combi- 
naison dans  laquelle  le  fer  oxydé  est  en  plus  grande  quan- 
tité,etia  désignentparlesnomsde  -.fer  oxydulé  tilané,  fer  titani- 
fère  et  àa fer  titane.  Si  l'on  persiste  à  regarder  ce  fer  comme 
nne  espèce  distincte,  il  faudra  non-seulement  y  rapporter 
le  fer  oxydule  tUaràfère  arénacé  et  celui  des  basaltes  ou  laves 
(F.  cet  article),  mais  encore  une  partie  du  fer  oxydulé  ; 
les  variétés  ,  par  exemple  ,  qu'on  trouve  dans  les  roches  de 
chlorile  ,  de  talc  et  même  de  quelques  granités.  Les  propor- 
tions du  titane  qu'elle^  contiennent  varient  de  2  à  g  et  même 
10  pour  100.  11  n'enlève  point  alors,  au  fer  oxydulé,  sa  pro- 
priété magnétique. 

C'est  avec  le  titane  que  les  minéralogistes  placent  la  com- 
binaison de  l'oxyde  de  ce  métal  avec  celui  du  fer,  lorsque  le 
premier  de  ces  oxydes  est  en  plus  grande  quantité  ,  ou  même 
en  proportion  égale.  M.  Berzelius  pense,  et  sans  doute  , 
avec  beaucoup  de  raison  ,  qu'il  faut  les  placer  toutes  dans 
l'espèce  du  fer,  et  en  adoptant  sa  nomenclature  cirtmique  , 
on  pourroil  les  considérer  comme  des  iiianiaies  de  fer  ou  du 
fer  tilaniaté  qu'on  subdiviseroit  en  variétés  ,  selon  les  propor- 
tions des  oxydes  de  titane  et  de  fer  ,  lesquelles  varient  de  i4 
à  84.  centièmes.  Mais  c'est  avec  réserve  que  M.  Berzelius 
propose  ses  subdivisions  ,  la  composition  de  l'oxyde  de  titane 
n'étantpas  bien  connue. 

Ces  observations  démontrent  que  le  fer  et  le  titane  ont 
une  -affiDité  extrême,  et  que  les  minerais  composés  de  ces 
deux  substances  métalliques  méritent  d'être  examinés  compa- 
rativement,sous  les  rapportschimiques  et  crislallographlques. 

Les  espèces  de  titane  sont  au  nombre  de  quatre  : 

Titane  anatase. 

Titane  chriclonite. 

Titane  oxydé. 

Titane  silicéo-calcaîre. 

TITANE  ANATASE  ou  ANATASE  {Schorl  hleu,  I\.- 
de-L.;  Schorl  couleur  bleu  indigo  et  Schorl  octaèdre  rectangulaire  ^ 
De  Bourn.  ;  Octàédrite  ,  Sauss.  ;  Oisanile  ,  Delam.  ;  Anatase  , 
Haiiy, Trait.;  ïitane  cinatase ^  Haiiy,  tabl.  ;  Octàédrite.,^ trn.  ; 
Octahedrite ,  James  ;  Pyramiden  niœnak  ,  Lud.  ) 

Celte  substance  n'a  jamais  été  trouvée  autrement  que  cris- 
tallisée en  cristaux  octaèdres  allongés  ,  à  plans  triangulaires  , 
isocèles,    égaux  et  sefublabjes,  dont  les  iacidcnccs  des  deus» 


T  T  T  13; 

pyramides  l'une  sur  l'autre  sont  de  iSyd.  lo'.  Ces  octaèdres 
sont  divisibles  parallèlement  à  leurs  faces  et  à  leur  base.  Ils 
ont  deux  à  cinq  lignes  de  longueur  ,  aur  deux  lignes  et  demie 
au  plus  de  diamètre  ;  mais  ils  sont  communément  beaucoup 
plus  petits  ,  et  offrent  souvent  des  facettes  additionnelles.  Ils 
se  font  remarquer  par  leur  éclat ,  par  des  stries  transversales 
parallèles  à  la  base  de  l'octaèdre  ,  et  par  la  netteté  de  leurs 
formes  rarement  altérées;  ils  sont  transparens,  et  alors  ils 
offrent  diverses  teintes  :  le  brun  jaunâtre  ,  le  brun  enfumé  , 
le  gris  ,  le  rouge  brun  et  le  bleu  indigo  pur;  on  en  cite  aussi 
de  blanc.  A  l'extérieur  ,  ils  ont  un  éclat  métallique  :  on  les 
brise  aisément.  Leur  cassure  a  un  éclat  adamantin  ;  elle  est 
feuilletée  ;  les  fragmens  rayent  le  verre. 

La  pesanteur  spécifique  du  titane  anatase  est  de  3,857  , 
selon  M.  Haiiy. 

Cette  substance  est  infusible  au  chalumeau  ;  mais  quand 
on  l'essaie  avec  du  borax,  on  obtient  un  verre  jaune-orangé 
ou  d'un  brun  rougeâtre  qui  passe  au  bleu  ,  et  devient  opaque 
par  augmentation  de  chaleur  ;  et  si  l'on  continue  pendant 
quelque  temps  ,  on  finit  par  obtenir  un  verre  blanc.  A  une 
température  beaucoup  plus  élevée  ,  la  coulçur  brune  reparoit 
et  on  peut  obtenir  de  nouveau,  en  variant  les  degrés  de  la 
chaleur,  les  mêmes  séries  de  couleurs,  et  il  suffit  pour  cela 
de  faire  agir  la  flamme  cxléiieurc  ou  la  flamme  intérieure; 
celle-ci  est  la  plus  intense.  Ces  changemens  de  couleurs  ont 
été  observés,  pour  la  première  fois,  par  Jens-Esni  *rck,  puis 
par  Vauquelin  ,  qui  a  été  conduit  par  eux  'a  soupçonner  que 
cette  substance  ,  considérée  jusque-là  comme  une  espèce  de 
pierre,  éloit  une  substance  métallique,  ce  qu'il  ne  tarda  point 
à  prouver  en  l'analysant,  et  il  reconnut  que  c'étoit  du  titane 
oxydé  pur.  M.  Berzelius  pense  qu'on  peut  conjecturer  que  cet 
oxyde  esta  un  degré  inférieur  d'oxydation, et  il  en  donne  pour 
raison  la  transparence  et  la  couleur  d'un  beau  bleu  que  pré- 
sente quelquefois  le  titane  anatase.  Il  paroît  cependant  que 
le  titane  anatase  ne  peut  pas  être  toujours  pris  pour  un  oxyde 
pur,  car  quelquefois  le  verre  de  borax  se  trouve  coloré  en 
vert ,  et,  selon  M.  de  Bournon  ,  laction  de  la  chaleur  déve- 
loppe ,  dans  plusieurs  cristaux,  la  propriété  d'agir  sur  Tai- 
guille  aimantée;  ainsi  l'oxyde  de  titane  se  trouveroil  uni  à  du 
fer,  ce  qui  n'a  rien  de  surprenant. 

M.  Haiiy  porte  le  nombre  des  formes  cristallines  de  ce  ti- 
tane à  quatre  ,  dans  son  tableau  comparatif.  Il  est  plus  con- 
sidérable ,  selon  M.  de  Bournon. 

I.  Titane  anatase  primitif  (  Haiiy,  Tabl.  coiiip.  et  Trait.  , 
vol.  3  ,  p.  i3i,pl.  167).  L'oclaùdre  prinsitif. 


i38  T  I  T 

2.  T.  a.  hùsé  (  Hauy,  /.  c.  ,  fig.  i68).  L'octaèdre  ,  dont  les 
sommets  sont  tronqués. 

'  3.  T.  horde,  Nob.  La  forme  précédente  augmentée  de  quatre 
facettes  linéaires  ,  remplaçant  les  bords  de  la  facette  qui 
interceple  chaque  sommet.  Cette  forme  est  commune. 

4..  T.  a.  diocfaèdre  (  Haiiy  ,  l.  c. ,  fig.  169).  La  précédente  , 
donl  la  facette,  qui  remplace  chaque  sommet ,  a  disparu  par 
le  grand  développement  qu'ont  pris  les  facettes  qui  rempla- 
cent les  bords ,  el  qui  forment  une  pyramide  à  quatre  faces 
triangulaires  ,  inclinée  sur  les  faces  primitives  respectives  de 
i38  il.  26'.  En  supposant  à  ce&  facettes  nouvelles  loul  le  déve- 
loppement nécessaire,  on  obtiendroit  un  nouvel  octaèdre, 
mais  celui-ci  auroit  un  sommet  obtus  de  laS  d.  53%  et  dont 
les  pyramides  s'entre-couperoient  sous  un  angle  complé- 
mentaire de  54  d.  2'. 

5.  T.  a.  promimde  {Hauy, l.  c.,fig.  170),  La  forme  primitive 
modifiée  à  chaque  sommet  par  huit  facettes  ou  petits  trian- 
gles scalènes  ,  n'ayant  leurs  corresponJans  que  sur  les 
arêtes  alternes  de  l'autre  pyramide.  En  leur  supposant  à 
toutes  le  développement  nécessaire  ,  on  pourroit  parvenir  à 
un  octaèdre  déprimé  rhomboïdal. 

6.  7'.  a.  emarginè  ,  Nob.  L'octaèdre  primitif  dont  les  arêtes 
longitudinales  sont  remplacées  par  des  facettes  dont  le  déve- 
loppement complet  produiroil  un  octaèdre  moins  aigu  que  le 
primitif  et  intermédiaire  entre  celui-ci  et  celui  qu'on  obtien- 
droit par  la  quatrième  variété.  D'après  cela  on  voit  que  le 
titane  anatasepeut  se  présenter  sous  quatre  formes  octaèdres 
différentes. 

Celle  substance  ne  se  trouve  qu'en  petits  cristaux  dissé- 
minés dans  quelques  roches  primitives  ,  ou  dispersés  çà  et 
là  à  lasurface  des  fissures  des  roches,  entremêlée  avec  d'autres 
cristaux. 

C'est  à  M.  Schreiber  qu'on  doit  la  première  connoissance 
du  titane  anatase  ,  donl  il  fit  la  découverte  ,  en  Dauphiné  , 
dans  les  roches  primitives  des  montagnes  de  l'Oisans  : 
Rome  -  Delisle  ,  en  a  parlé  le  second  sous  le  nom  de 
schori bleu  ,  nom  qiie  Delaméiherie  remplaça,  avec  raison  , 
par  un  autre,  celui  iVoisuiule  qui  éprouva  le  même  sort  ,  et 
également  avec  raison;  car  les  noms  de  pays  ne  peuvent  être 
que  défectueux  lorsqu'on  peut  trouver  ailleurs  les  substances 
auxquelles  on  les  affecte.  Ijv.schrol hieu  du  Dauphiné  conserva 
néanmoins  quelque  temps  le  nom  à'oisanite  ,  et  aussi  celui 
^oclaédrile    que   Saussure ,  qui   venoit  de   le    découvrir  au 


T  I  T  s'% 

Saint-Golhard ,  lui  imposa.  Cette  dénomination,  encore 
vicieuse  ,  puisqu'elle  conviendroit  à  toutes  les  substances 
qui  cristallisent  en  octaèdre  ,  a  été  remplacée  par  celle 
à'anatase  créée  par  M.  Haiiy,  qui  signifie,  en  grec ,  étendue 
en  hauteur  ,  et  fait  allusion  à  la  forme  allongée  des  cris- 
taux. Maintenant  qu'on  sait  que  c'est  du  titane  oxydé  ,  il 
faudra  employer  ce  nom  ou  celui  de  titane  anatase  ,  ce  qui 
nous  se»nble  plus  convenable. 

Le  titane  analase  a  donc  été  découvert,  pour  la  première 
fols  ,  en  Dauphlné.  Ses  cristaux,  remarquables  par  leur  bril- 
lant et  leurs  couleurs,  tapissent  les  cavités  des  dlfférenies 
veines  feldspithiques  et  quarzeuses  qui  traversent  les  roches 
granitiques.  M.  Schreib^r  en  fit  la  découverte  sur  la  rive 
gauche  du  ruisseau  du  Flumet ,  près  du  hameau  de  la  Vll- 
lette,  commune  de  Vaujany  en  Oisans,  au-dessus  d'Alle- 
mont,  déparlement  de  llsère.  Ces  cristaux  sont  associés 
au  quarz  ,  au  feldspath,  à  la  chlorite  ,  au  titane  crichtonite 
lamellaire  ,  à  la  chlorite  au  fer  oliglste  ,  etc.  On  a  retrouvé  de- 
puis ce  titane  dans  la  Gorge  de  la  Selle,  au-dessus  du  Pont- 
du-Dlable  ,  commune  de  Saint-Christophe  en  Oisans,  dans 
des  filons  de  quarz  et  de  feldspath  encaissés  dans  un  granité 
gris  ,  et  dans  la  dernière  moraine  ou  clapls  qui  est  à  la  base 
de  la  monlagne  ;  il  est  associé  avec  la  même  substance,  et 
s'offre  avec  la  même  diversité  de  couleurs. 

M.  De  Bournon  elle  le  béryl  parmi  les  subslanccs  qui  ac- 
compagnent le  titane  anatase  en  Dauphiné,  et  il  elle  avec  rai- 
son ,  comme  un  exemple  unique  ,  l'échantillon  qu'il  pos 
sède. 

Le  titane  anatase  a  été  découvert  ensuite  au  Saînt-Go- 
thardpar  de  Saussure,  et,  depuis  lui,  il  y  a  été  retrouvé  assez, 
souvent  :  les  cristaux  sont  brun  de  bois  ou  noirâtres  ,  quel- 
quefois gris  de  lin,  et  même  rougeâtres  ;  ils  sont  épars  sur  les 
druses  de  quarz  et  sur  le  feldspath  adulalre  ;  sur  les  mêmes 
druses  ,  on  voit  des  cristaux  de  fer  oligiste  ,  de  titane  oxydé 
rutile,  de  titane  sllicéo-calcaire  ,  et  beaucoup  plus  rarement 
de  zlrcon  prisme  brun  jaunâtre.  Dans  ces  derniers  temps  , 
on  a  découvert ,  dans  une  montagne  au-dessus  du  village  de 
Selvaz,  paysdes  Grisons,  des  cristaux  de  titane  analase  d'une 
rare  beauté,  et  peut-être  les  plus  gros  qu'on  puisse  citer. 

On  doit  faire  suivre  ,  dans  l'ordre  des  découvertes,  le  ti- 
tane anatase  rapporté,  par  M.  Launoy,  des  mont.ignes  de  la 
VlellIe-CastlUe  en  Espagne.  Ses  cristaux  sont  Irés-pellts, 
gris-noirâtres  ou  bleuâtres,  disséminés  dans  une  roche  mi- 
cacée qui  renferme  aussi  des  tourmalines  brunes,  ou  bien  im- 


i{o  T  1  T 

plantés  sur  les  faces  des  cristaux  de  quarz  qui  en  sont  toutes 
recouvertes. 

Vient  ensuite  le  titane  anatase,  qui  se  rencontre  à  Ba- 
règes,  dans  les  Pyrénées;  ses  cristaux  sont  a<;compagnés 
d'amianle  et  de  cristaux  de  feldspath  quadridécimal.  MM. 
Brochant  et  Brard  ont  découvert  l'anatase  aux  environs  de 
Mousliers  en  Tarantaise ,  en  très-petits  blocs, dans  les  fissures 
d'une  roche  primitive  et  granitique.  On  a  fait  aussi  la  décou- 
verte de  semblables  cristaux,  et  encore  dans  des  roches  ana- 
logues ,  dans  la  vallée  de  Cihainouni, 

Après  le  titane  anatase  de  ces  localités,  on  doit  placer  ce- 
lui ,  coloré  en  bleu,  observé  par  M.  de  Bournon  dans  un 
échantillon  de  granité  de  Cornouailles, 

Nous  citerons  encore  les  cristaux  de  celte  substance  ,  ob- 
servés, dans  les  cavités  d'uu  calcaire  de  transition  ,  à  Ha- 
deland  en  Norwége.  Ces  cristaux  joignent,  à  la  rareté  extrê- 
me ,  le  mérite  de  se  présenter  fort  gros  et  avec  de  très- 
belles  couleurs. 

Enfin  ,  nous  ferons  observer  que  de  petits  cristaux  gris- 
noirâtre,  d' anatase  ,  ont  été  observés  dans  des  parties  de  dia- 
mans  bruts  apportes  du  Brésil. 

Il  est  peu  de  substances  minérales  qui  plaisent  autant  aux 
amateurs  que  celle-ci ,  et  le  prix  assez  élevé  qu'ils  mettent 
à  ses  échantillons ,  en  est  la  preuve  ;  il  faut  dire  aussi  que  , 
quoique  nous  ayons  cité  neuf  pays  différens  qui  recèlent 
ce  minéral ,  il  ne  faut  pas  croire  qu'il  soit  commun  ;  car  , 
au  contraire,  il  est  fort  peu  répandu. 

TITAISE  CKlCHTONlTli  ,  Nob.  {rralionlle,  de  Bour- 
non ,  l^ucas;  fer  ù'taniaté,  Berz.).  Celte  jolie  espèce  de  titane 
a  été  décrite  ,  dans  ce  dictionnaire,  à  l'article  Craitonite  ; 
ainsi,  nous  sommes  dispenses  de  la  décrire  ,  et  nous  nous 
contenterons  de  quelques  observations  nécessaires  pour  jus- 
tifier la  résolution  que  nous  avons  prise  de  la  placer  avec  le 
titane. 

M.  Wollaslon  ,  par  un  essai ,  fait  ,  pour  ainsi  dire  ,  sur 
wne  miette  de  titane  crichlonile  ,  annonça  y  avoir  découvert 
la  zirconc  en  proportion  de  plus  d'un  tiers,  unie  avec  du 
fer  ,  du  manganèse  et  de  la  silice.  L'exactitude  et  le  soin 
que  cet  habile  chimiste  met  dans  ses  expériences,  ont  donné 
une  entière  croyance  à  ce  résultai. 

D'une  aulrc  part  ,  un  chimiste  aussi  exercé  et  aussi  digne 
de  foi,  M.  Berzelius,  vient  d'essayer  le  titane  crichtonite  ,- 
également  sur  des  miettes,  et  il  en  conclut  qu'il  est  composé 
de  titane  oxydé  et  de  fer  oxydulé  en  proportions  qui  diffèrent 
P>eu  d^  celles  qu'on  observe  dans  la  variété  du  titane  oxydé 


T  I  T  i4i 

ferrlfère  ,  nommé  menakanite  ,  analysé  parKlaproth  ;  mais 
il  avoue  ignorer  si  quelque  autre  principe  n'en  fait  pas 
partie. 

Si  Ton  examine  les  résultats  obtenus  par  ces  deux  chimistes, 
et  si  l'on  admet  que  la  zircene  et  le  titane  oxydé  sont  la 
même  substance ,  on  trouvera  qu'ils  sont  en  accord,  et  que 
s'il  existe  une  erreur,  il  est  encore  difficile  de  décider  de 
quel  côté  elle  est.  Dans  cette  conclusion  ,  nous  cous  guidons 
sur  celle  prise  par  M.  Pfaff,  dont  nous  avons  parlé  plus 
haut  au  sujet  de  la  grande  analogie  qui  existe  entre  la  zircone 
et  le  titane  oxydé  ;  analogie  qui  trouve  encore  des  preuve* 
dans  le   règne  minéral.  En  effet  , 

i.°  Partout  où  il  existe  des  sables  qui  contiennent  du  zir- 
con  ,  on  trouve  le  fer  oxydulé  titane. 

2."  Il  en  est  de  même  dans  les  laves  basaltiques  et  les 
scories  qui  offrent  le  zircon  hyacinthe 

3.°  Le  zircon  accompagne  au  Saint  -  Gothard  le  titane 
oxydé  rutile  ,  le  titane  silicéo-calcaire  et  le  fer  oligiste. 

il  y  a  donc  des  raisons  de  croire  à  l'identité  de  ces  deux 
oxydes  ,  et  l'on  peut  dire  ,  s'ils  sont  distincts  ,  que  la  pré- 
sence de  la  zircone  dans  la  craitonite  n'a  rien  de  choquant, 
puisqu'elle  accompagne  Tanatase.  Cependant ,  jusqu'à  ce 
qu'on  décide  la  question  de  la  différence  des  oxydes  de  titane 
et  de  zirconium  ,  il  paroît  convenable  d'admettre  que  le 
premier  de  ces  oxydes  est  la  base  de  la  craitonite;  son  as- 
sociation avec  le  fer  oxydulé  peut  venir  à  l'appui  de  ce  sen- 
timent. Nous  avons  fait  voir  que  cette  association  est  très- 
commune ,  et  ceci  va  nous  conduire  à  une  autre  observation 
sur  la  craitonite.  Parmi  les  variétés  cristallines  qu'on  rap- 
porte à  celte  substance  ,  il  en  est  une  qui  se  présente  en 
lames  minces  brunes  violacées,  opaques.  A  V article pyrrhosi- 
dérite  ^  nous  avons  signalé  la  grande  ressemblance  qu'il  y 
avoit  entre  cette  variété  du  fer  oligiste écailleux  etlet.  crich- 
tonite  lamellaire  ;  ce  rapprochement  n'est  peut-être  pas  aussi 
extraordinaire  qu'on  pourroit  le  croire;  il  est  appuyé  par 
l'analyse  et  par  des  considérations  cristallographiques.  M. 
Berzelius  a  reconnu  le  titane  oxydé  dans  le  fer  oligiste,  et 
le  fer  oxydulé  dans  le  t.  crichlonite.  Le  fer  oxydulé  contient 
aussi  du  titane  ,  et  dans  des  proportions  très-variables;  ainsi 
la  quantité  du  titane  dans  la  craitonite  n'est  pas  une  cause 
pour  l'éloigner  du  fer  oligiste  ;  en  second  lieu,  les  formes  cris- 
tallines de  ce  fer  et  celles  du  t.  crichtonite  ont  pour  noyau 
primitif  un  rhomboïde  ;  celui  du  fer  oligiste  est  un  rhomboïde 
un  peu  aigu.  Mais  dans  le  t.  crichtonite  ,    ou  Toa  n'a  eacorc 


e42  T  I  T 

aperçu  aucun  clivage,  oia  se  trouve  dans  la  singulière  posi- 
tion d'avoir  à  choisir  entre  cinq  rhomboïdes  différens;  et  oa 
parvient  à  ce  résuftat  en  supposant,  comme  nous  l'avons  fait 
pour  les  quatre  octaèdres  de  l'analase  ,  des  développeniens 
de  facettes  particulières.  Les  rhomhoïdes  du  t.  crichlonite  for- 
ment une  série  depuisle  rhomboïde  obtus  jusqu'au  rhomboïde 
fort  aigu  ,  qui  est  celui  qu'on  a  adopté  pour  noyau  primitif, 
parce  que  c'est  celui  qui  s'offre  naturellement ,  et  celui  sur 
lequel  on  a  observé  les  autres  facettes.  Cependant  toutes  les 
formes  ne  sont  pas  dans  ce  cas  ,  et  particulièrement  celle 
du  t.  crichtonite  lamellaire.  Celle-ci  est ,  d'après  M,  de 
Bournon,  un  octaèdre  segminiforme,  ou,  pour  parler  plus 
juste  ,  un  rhomboïde  dont  les  extrémités  sont  tronquées  très- 
près  de  leur  base  commune  ,  ce  qui  change  le  cristal  en  lame 
mince  et  hexagonale,  abords  remplacés  par  six  facettes  alter- 
nativement inclinées  en  sens  opposé.  ()r  cette  forme  existe 
aussi  dans  le  fer  oligiste;  et  comme  dans  ces  deux  substances 
ilfaut  rcconnoîtreun  rhomboïde  pour  forme  primitive, on  peut 
en  conclure  que  toutes  modifications  dut.  crichtonite  lamel- 
laire peuvent  se  rencontrer  aussi  dans  le  fer  oligisle.  Mainte- 
nant,si  l'on  réfléchit  i.oqueles  cristaux  de  t.  crichlonite  lamel- 
laire affectent,  dans  leurs  divers  groupemens,  les  dispositions 
propres  au  fer  oligiste  lamellaire  qui  l'accompagne  ;  2.°  qu'ils 
n'accompagnent  pas  les  autres  formesde  t.  crichtonite;  3."  que 
celles-ci  ne  se  trouvent,  comme  lespinlhère  (variété  du  titane 
sillceo  calcaire),  que  dans  des  localités  différentes;  4.°  que  l'a- 
natase  et  le  fer  oligiste  accompagnent  le  crichtonite  lamellaire 
comme  pour  démontrer  qu'il  en  fait  le  passage  ;  5.°  que  le 
rhomboïde  qui  sert  de  noyau  à  la  forme  du  t.  crichtonite  la- 
mellaire ,  paroît  différent  de  celui  qu'offrent  les  autres  cris- 
tallisations de  ce  titane, ce  qu'on  ne  pourra  affirmer  que  lors- 
qu'on connoîtra  le  clivage  et  les  incidences  très-précises  des 
facettes  des  cristaux  de  cette  forme ,  que  leur  petitesse  et 
leur  défaut  de  symétrie  ont  empêché  d'étudier  ;  il  semble  , 
d'après  ces  considérations  ,  que  le  t.  crichtonite  lamellaire 
doit  être  porté  parmi  les  variétés  de  fer  ,  et  regardé  comme 
du  fer  oligiste  titane. 

Le  titane  crichtonite  a  fait  le  sujet  des  observations  de 
M.  Cordier  (  Voyez  Annales  des  mines,  volume  3,  page 
4.39  ).  11  présume  qu'on  peut  y  réunir  l'helvin  de  Wer- 
ner  ;  mais  M.  Heuland,  le  premier,  puis  M.  Beudant ,  qui 
ont  eu  l'avantage  d'observer  de  très-beaux  cristaux  de  l'helvin, 
ont  fait  voir  que  cette  réunion  ne  peut  pasavoir  lieu, car  l'hel- 
vin cristallise  en  tétraèdre  et  ses  dérivés  ,  et  n'offre  jamais 
le  rhomboïde  parmi  ses  formes,  tandis  que  le  titane  crichlo- 


T  I  T  «43 

nite  cristallise  en  rhomboïde  et  ses  dérivés;  et  ne  présenSe 
jamais  le  tétraèdre  ni  aucun  de  ses  dérivés.  Enfin  l'existence 
du  titane  n'est  pas  encore  démontrée  dans  Thelvin. 

TITANE  OXYDÉ  (Id.  HaUy.).  Nous  diviserons  cette 
espèce  en  quatre  variétés  principales. 

Le  lilane  oxydé  proprement  dit,  ou  rutile; 
Le  titane  oxydé  chromifère  ; 
Le  titane  oxydé  ferrifère; 
Le  titane  oxydé  uranifère. 

I,  Titane  oxydé  rutile,  ou  le  Rutile  Ç^  Schorl  pourpre  en 
aiguilles  de  Madagascar  ,  etc.  R.  D.  ;  Schorl  crislallisé  opaque 
rouge ^  de  Hongrie^  de  Born.  ;  Spath  adamantin  brun  rovgeâtre 
du  Poitou^  Guyton-Morv.  ;  Schorl  rouge  et  sagéniie^  Saussure  ; 
Schorl  rouge  et  titanium  oa;y<fe,  Kl  apr.  ;  Ruth  il  o  u  Rutil  e  t  Nadelstein, 
AVern.  ;  Oxyde  rouge  de  iitannim  et  Ruthil,  Delam.  ;  Titaniie, 
Kirw. ,  Aik.  ;  Rutill^  Karst.  ;  Rutile^  James. ,  etc.  ) 

Ce  titane  doit  sans  doute  son  nom  de  rutile  que  lui  a  im- 
posé Werner,  et  qui  dérive  du  latin  ru///«5,  adjectif  qui  in- 
dique une  couleur  dun  roux  ardent ,  ou  de  feu  ,  à  sa  couleur 
rouge  de  sang  ou  d'hyacinthe ,  et  de  divers  degrés  d'intensité. 
Il  y  en  a  aussi  de  gris  d'acier,  de  blond  et  de  brun.  On  le 
trouve  amorphe  ,  ou  cristallisé  et  disséminé  dans  ses  gan- 
gues ;  sa  structure  est  lamelleuse  ,  et  l'on  en  tire  aisément 
par  le  clivage  ,  le  prisme  droit  à  base  carrée  qui  est  sa  forme 
primitive  ;  la  hauteur  de  ce  prisme  est  à  sa  largeur  comme 
onze  est  à  dix-sept ,  à  peu  près  ;  un  troisième  caractère  dis- 
tinclif  de  cette  substance  est  donné  par  son  infusibililé  au 
chalumeau  ,  lorsqu'on  l'essaie  sans  addition  ou  avec  des 
phosphates  ;  mais  lorsqu'on  emploie  du  borax  on  obtient  un 
verre  transparent  d'un  rouge  hyacinthe. 

Le  titane  rutile  est  fragile  ;  sa  cassure  transversale  aux 
lames  est  ou  conchoïde  ou  inégale  ;  ses  fragmens  rayent  le 
verre.  Il  est  communément  opaque  ,  cependant  il  est  aussi 
translucide  et  quelquefois  transparent  ;  sa  poussière  est  gris- 
jaunâtre  ou  orangée;  il  acquiert  l'électricité  résineuse  par  le 
frottement.  Sa  pesanteur  spécifique  est  de  4»i8o,  selon  Kla- 
proth;  de  4-j246,  d'après  Delamétherie,  et  de  ^jioaS,  suivant 
M.  Hauy. 

Klaproth,  à  qui  on  doit  la  première  connoissance  de  la 
composition  de  ce  titane,  a  reconnu  ,  en  analysant  celui  de 
Boinick  en  Hongrie  ,  que  c'étoit  de  l'oxyde  de  titane  presque 
pur  {Tri)-»  uni  à  une  quantité  très-foible  de  fer  et  de  manga- 


lU  T  I  T 

nèse.  M.  Vauqnelin  a  confirmé  ce  résultat  en  analysant  le 
titane  rutile  de  Sainl-Yrieix,  ainsi  que  M.  Berzelius,  qui  as- 
sure que  le  rutile  contient  toujours  de  l'oxydule  de  fer  et  de 
l'oxydule  de  manganèse. 

Les  formes  cristallines  de  ce  titane  sont  peu  nombreuses  , 
simples  ou  composées  ,  prismatiques  et  sillonnées  longitudi- 
nalement.  Le  prisme  droit  a  base  carrée  ,  dont  elles  dérivent, 
es!  divisible  dans  le  sens  des  diagonales  des  bases ,  suivant 
M.  Haiiy.  Quant  à  la  position  de  ces  bases,  elle  n'est  que 
présumée.  Voici  l'indication  de  quelques-unes  de  ces  formes. 

1.  Octaèdre  rec' angulaire  y  Haiiy,  et  Lucas,  Tab.  mm.  ,  2, 
p.  481 ,  d'un  brun  rougeâtre ,  a  été  découvert  parmi  des  cris- 
taux de  fer  oxydulé  de  Suède  ,  par  W.  Russel. 

2.  Diocùièdre ,  Haiiy ,  Tab/.  compar.  p.  3o2.  Prisme  à  huit 
pans  terminés  par  une  pyramide  à  4  faces  trapézoïdales;  inci- 
dences de  chaque  pan  du  prisme  sur  les  deux  adjacens ,  14.  î° 
8'  et  126»  52';  de  chaque  face  de  la  pyramide  sur  les  autres 
faces,  117°  2'  ;  sur  le  pan  correspondant  du  prisme,  i3i°  21'. 
Cette  forme  est  très-commune,  et  c'est  celle  que  présentent 
ou  tendent  à  présenter  les  cristaux  aciculaires  qu'on  observe 
dans  le  quarz  limpide  du  Brésil  et  d'autres  localités  ,  ou  qui 
accompagnent  le  fer  oligiste  au  Saint- Gothard. 

3.  BisLinitaire  ,  Haiiy.  Prisme  à  huit  pans  et  à  base  oblique  , 
inclinés  de  iSS^'ïl'un  sur  l'autre  ;  ne  s'observe  que  dans  les 
cristaux  géniculés  et  bigéniculés. 

4.  Ternaire ,  Haiiy.  Prisme  à  quatre  pans  à  base  rhombe  , 
incidence  des  pans  alternativement  de  126*'  Sa'  et  53^  8'  ; 
ne  se  troiwe  que  combiné  confime  le  précédent. 

5.  Soiis/racti/^  Haiiy.  Prisme  à  huit  pans,  tous  secondaires  , 
incliné  de  i53°  26'  comme  le  précédent.  Dans  ces  cristaux, 
les  sommets  paroissent  devoir  être  formés  par  un  seuiplan 
oblique  à  Taxe. 

6.  Trihexaèdre.  Prisme  à  six  pans ,  sommet  en  pyramide  à 
six  faces  triangulaires,  quelquefois  curvilignes.  Nous  ne  citons 
cette  variété  que  sur  l'autorité  de  Bruce.  Les  cristaux  qui  la 
présentent  sont,  d'après  lui,  d'un  gris  d'acier  très-écla- 
tant,et  traversent  un  quarz  bleuâtre  amorphe  trouvé  près  des 
niines  de  cuivre  de  Schylers ,  dans  le  comté  de  Berg  ,  aux 
États-Unis.  Ces  cristaux  méritent  d'être  étudiés  de  nouveau, 
leur  forme  ne  paroissant  pas  compatible  avec  le  noyau  pri- 
mitif du  titane;  ils  rappellent  la  forme  d'une  variété  d'anti- 
moine sulfuré. 

7.  Géniculé ,  Haiiy.  Deux  cristaux  des  formes  3,4?  ^1 
réunis  en  formant  une  espèce  de  coude  ou  genou,  de  manière 
que  les  sommets  semblent  être  engages  dans  l'intérieur  du 


T  I  T  1^5 

groupe.  Lorsque  ce  sont  deux  cristaux  bisunitaires,  le  coude 
est  formé  par  deux  faces  qui  se  coupent  sous  l'angle  de  1 14°  i8'. 

Quand  ce  sont  deux  cristaux  ternaires  ,  le  coude  est  formé 
par  deux  arêtes  qui  se  rencontrent  sous  l'angle  de  ii4°  18'. 

Enfin  ,  lorsque  les  deux  cristaux  sont  de  la  forme  souslrac- 
tive  ,  le  genou  est  formé  par  l'intersection  des  mêmes  faces 
et  sous  la  même  incidence  que  pour  les  crislaux  bisunitaires. 

8.  Bigéniculé.  Trois  cristaux  des  formes  3,  4  o"  ^  7  associés 
comme  dans  les  variéiés  géniculées. 

g.  Tiigéniculé.  Les  cristaux  au  nombre  de  quatre  en  cercle 
rompu,  dont  un  des  bouts  est  rentrant,  parce  que  la  somme  des 
angles  que  forment  les  coudes  ne  répond  pas  à  celle  des  an- 
gles d'un  polygone  régulier  d'un  même  nombre  de  cotés.  Ces 
cristaux  composés  sont  pius  rares  que  les  autres.  On  en  a  vir 
de  fort  gros  recueillis  en  Espagne  à  Horcajuelo  dans  la 
Nouvelle-Castille,  terminés  par  des  pyramides  tronquées; 
mais  l'angle  rentrant ,  qui  existe  presque  toujours  au  sommet 
de  ces  prétendues  pyramides,  et  les  stries  transversales  qui 
sillonnent  ces  cristaux,  en  rappellent  aussitôt  la  véritable 
forme.  Ce  titane  de  la  Nouvelle-Castille  a  été  nommé  cajiie- 
lite  :  il  a  pour  gangue  du  gneiss  décomposé. 

10.  Cyllndroide.  En  prisme  cannelé  et  strié  longitudinale- 
ment.  11  est  fort  commun. 

1 1.  Aciculaire  et  bacillaire  (  naddstein ,  Wcrn.  ).  En  prismes 
plus  ou  moins  déliés  ,  ou  plus  ou  moins  longs  ,  réguliers  ou 
cylindroïdes.  Cette  variété  offre  toutes  les  couleurs  (  V, 
à  l'article  des  quarz  accidentés  ,  vol.  28  ,  p.  448  ,  n."  18).  Les 
prismes  ont  quelquefois  la  finesse  et  l'apparence  de  cbeveux 
par  leur  couleur  blonde  ;  d'autres  fois  ils  forment  des  filets 
rouges  entre  -  croisés  de  toutes  manières  dans  du  quarz 
hyalin  ;  quelquefois  ils  ont  jusqu'à  quatre  et  cinq  pou- 
ces de  longueur  sur  un  diamètre  d'une  deirii-ligne  d'épais- 
seur :  telles  sont  les  aiguilles  de  titane  oxydé  qu'on  observa 
dans  le  quarz  limpide  de  Madagascar.  Le  quarz  limpide  du 
Brésil  offre  du  titane  aciculaire  gris  d'acier  et  opaque  ,  avec 
les  extrémités  rougeâlres  et  transparentes  :  ces  cristaux  sont 
droits  et  dirigés  de  manière  à  former  un  grillage.  Le  Brésil 
offre  également  du  titane  oxydé  cristallisé  de  diverses  formes 
et  des  couleurs  rouge,  blonde  et  brune. 

12.  Rélicuhiire  {sagénite  ^  Saussure  ;  ciispite  ^  Delam.  ),  En 
prismes  aciculaires  très  déliés  entre-croisés  et  formant  même 
un  tissu  réliculaire  à  mailles  rhomboïdales  quelquefois  très- 
serrées  ,  d'un  rouge  cuivreux  :  on  pourroil  le  comparer  à  un 
parquet  d'appartement.  Cette  jolie  variété  a  rarement  pins 
d'un  pouce  de  surface  en  carré.  C'estauSaint  Gothardqu  elle 

xxxiv.  lo' 


i.i6  T  T  T 

a  été  t)l>servée,  pour  la  première  fols,  par  Saussure,  dans 
du  quarz  ou  sur  des  roches  ;  depuis  ,  on  l'a  retrouvée  dans  la 
vallée  de  Dorori ,  près  Mousliers  en  Savoie ,  dans  les  cavités 
d'un  filon  calcaire.  Celte  variété  se  rencontre  aussi  ailleurs  , 
en  Hongrie  près  Boinick,  etc. 

1  i.  Fibreuse  ou  fascicuiée.  Les  prismes  sont  rapprochés  et 
parallèles  ou  radiés. 

I  ;.  Curvilignes.  Les  prismes,  au  lieu  d'être  droits  ,  sont  ar- 
qués et  même  flexueux.  Celte  variété  est  communément  en- 
gagée dans  du  quarz. 

i5.  Amorphe.  En  masses  informes,  en  noyaux  ou  en  veines 
dans  les  roches. 

i6.  Granutaire.  En  petits  grains  engagés  dans  du  quarz,  aux 
environs  de  New- Jersey  ,  dans  les  Etals- Unis. 

Le  titane  oxydé  rutile  appartient  aux  terrains  primitifs  ,  et 
se  rencontre  disséminé  dans  les  roches  ,  ou  bien  en  cristaux 
tapissant  les  cavités  qu'elles  renferment.  Ces  roches  sont  les 
gneiss  ,  les  micaschistes,  les  stéachistes  chlorileux,  les  roches 
amphiboliques  schisteuses,  des  roches  calcaires  et  même  les 
granités  et  les  syénites  ;  on  remarque  que  sa  gangue  est  pres- 
que toujours  le  quarz  qui  forme  des  veines  dans  ces  roches. 
Les  localités  où  il  se  trouve  sont  nombreuses. 

C'est  à  Boinick  el  Rhonitz  en  Hongrie  ,  où  il  a  été  ren- 
contré ,  pour  la  première  fois,  dans  des  veines  de  quarz,  qui 
traversent  des  couches  de  micaschiste  ;  il  y  est  en  prismes 
géniculés  souslraclifs,  cylindroïdes,  capillaires,  rélicolaires  , 
etc.  Le  quarz  dans  lequel  il  est  engagé  est  quelquefois  lim- 
pide el  cristallisé,  mais  plus  souvent  blanc  laiteux.  Il  y  en  a 
également  en  Transylvanie. 

A  Huttenberg  en  Carinihie  ,  il  y  a  une  variété  jaune  rous- 
sâtre  ,  avec  quarz  cristallisé,  sur  des  cristaux  primitifs  de  fer 
oxydé  carbonate. 

Le  titane  rutile  aciculaire  est  dans  du  quarz  en  Tyrol  , 
vallée  de  Rouris  ,  près  Salzbourg.  Lés  Alpes  piémontaises 
en  offrent  dans  plusieurs  endroits.  Il  est  en  gros  prismes 
rouges  cylindroïdes  engagés  dans  le  quarz,  derrière  le  village 
de  Saint  Martin  ,  vallée  d'Aost  ;  le  même  se  retrouve  dans 
du  talc  à  la  montagne  de  la  Novarda ,  commune  de  Lemmie, 
vallée  de  Viù.  Dans  la  montagne  de  la  Cardonera  ,  vallée 
de  Soana  ,  le  titane  de  même  variété  est  dans  du  quarz  , 
comme  dans  la  vallée  de  Biallèse  :  celui-ci  est  accompagné 
de  mica  prismatique  jaunâtre.  Des  cristaux  géniculés  ont  été 
observés  associés  au  pyroxt^ne-mussite  dans  les  montagnes 
qui  traversent  la  route  du  Simplon. 

Au  Saint-(iothardet  auSimplon,ct  dans  les  vallées  qui  en 
dépendent ,  le  titane  oxydé  rutile  forme ,  à  la  surface  des 


T  I  T  ,^7 

roches  de  micaschiste,  de  chlorile  et  talqueuses,  ainsi  que  sur 
les  cristaux  d'autres  substances  qu'on  y  trouve,  tcils  que  les 
cristaiix  de  roche,  de  feldspath  aduiaire,  et  de  fer  oligisie  , 
des  réseaux  plus  ou  moins  lâches,  très-élégans,  tantôt  d'un 
rouge  hyacinthe,  tantôt  d'un  rouge  cuivreux.  Ce  titane  se  pré- 
sente aussi  en  cristaux  dioctaèdresd'un  vif  éclat,  transparens, 
translucides  ,  et  d'un  rouge  brun.  Ces  cristaux  adhèrent  à 
des  groupes  de  cristaux  de  fer  oligisie  ,  souvent  d'une 
grande  netteté,  et  qui  ont  pour  gangue  de  gros  cristaux 
de  feldspath  aduiaire  et  de  quarz  ,  sur  lesquels  sont  des 
lames  de  mica,  quelquefois  du  titane  silicéo-calcaire ,  du 
titane  anatase  ,  et  beaucoup  plus  rarement  du  zircon. 

A  Saint-Jean-de-lJelleville  ,  au-dessus  du  hameau  de  Les- 
chaux,  vallée  de  Doron  ,  près  de  Mouliers,  en  Savoie,  les 
variétés  fibreuse  et  réticulaire  s'offrent  dans  un  filon  com- 
posé de  chaux  carbonatée,  de  fer  carbonaté,de  fer  oligiste  et 
de  quarz  ,  et  qui  traverse  des  couches  de  schiste  talqueux 
verdâtres  ou  blanchâtres. 

En  France,  on  rencontre  cette  espèce  de  titane  en  plu- 
sieurs endroits,  et  particulièrement  en  cristaux  roulés  et  ar- 
rondis à  la  surface  de  la  terre, aux  environs  de  Saint- Yrieix, 
(  départemeut  de  la  Haute-'Vienne)  ,  et  de  CharoUes  (  Saône 
et  Loire  ).  Dans  ce  dernier  endroit ,  on  le  trouve  aussi ,  en 
place  ,  dans  des  veines  de  quarz  qui  contiennent  du  mica  et 
des  tourmalines,  et  qui  traversent  les  roches  de  gneiss, 
qu'on  observe  dans  une  montagne  située  au  nord  de  la  com- 
mune de  Gourdon  ,  et  près  du  hameau  du  mont  de  Bre- 
tagne. On  cite  encore  cette  variété  entre  Nantes  et  Ingrande. 
En  Dauphiné  ,  dans  les  montagnes  au-dessus  d'Ailemonî , 
le  titane  se  rencontre  dans  des  veines  de  quarz.  Les  Pyré- 
nées présentent  également  le  titane  oxydé  rutile. 

En  Espagne,  celui  d'Horcajuélo  ouCajuelo,  près  Buy  tra- 
go  ,  à  douze  lieues  au  nord-est  de  Madrid,  dans  la  Nouvelle- 
Castille  ,  est  connu  depuis  fort  long-temps  ;  il  est  en  cristaux 
géniculés,trigéniculés  et  cylindroïdes  ;  il  ressemblée  celui  de 
Saint-Yrieix  ;  mais  ses  cristaux  sont  fréquemment  plus  gros 
et  de  la  grosseur  du  pouce. 

L'Angleterre  offre  cette  susbstance  ,  particulièrement  en 
Ecosse  et  dans  diverses  espèces  de  roches  primitives.  Le 
docteur  Macculloch  en  a  fait  la  découverte  dans  le  granité 
de  Cairngorm  ,  dans  le  calcaire  de  Rannoch  ,  et  dans  le 
rocher  de  Ben-Gloé.  M.  Smithson  l'a  observé  dans  une 
roche  de  syénile  de  l'île  de  MuU.  Il  se  trouve  encore  à  Craig 
Cailleach,  près  Kilin  ,  ayant  le  quarz  pour  gangue,  et  près 
Beddgelerti,  dans  le  Caernarvonshire. 

En  Norvvége ,  le  titane  oxydé  rutile  ,  a  été  découvert  p.rés 


*48  T  I  T 

Arendal,  dans  un  filon  de  granité  qui  traverse  le  gneiss.  II  a 
la  même  espèce  de  roche  pour  gangue  ,  à  Aschaffembourg 
en  Franconie. 

Il  faut  rapporter  au  fer  hydraté  cristallisé  ,  les  aiguilles 
brunes  et  rougeâtrcs  qu'on  observe  sur  les  parois  des  géodes 
d'améthyste  de  Tile  de  Kija,  sur  le  lac  Onega,  en  Russie  , 
qu'on  a  données  pour  du  titane  oxydé  rutile.  La  Sibérie  est 
peu  riche  en  celle  espèce  minérale  ;  on  l'a  observée  dans  les 
monts  Durais,  près  Ekaterinbourg,  et  près  la  ville  de  Sara- 
pulka,à  douze  wcrstes  de  Mursinska.  Dans  les  monts  Ourals 
il  est  en  filets  dans  du  quarz ,  comme  celui  de  Killin,  en 
Ecosse  ,  au  St.-Gothard  ,  etc.  Patrin  cite  un  cristal  de  bé- 
ryl ,  traversé  par  une  aiguille  de  ce  titane  de  la  montagne 
Odontchelon,  près  la  rivière  Ononn,  qui  se  jette  dans  le 
fleuve  Amour  ,  en  Daourie. 

Les  belles  et  grosses  masses  de  quarz  limpide  de  Mada- 
gascar sont  traversées  quelquefois  d'aiguilles  et  de  prismes 
de  ce  titane,  remarquables  par  leur  longueur,  et  souvent 
leur  finesse.  Ces  prismes  sont  tantôt  droits  ,  tantôt  courbes. 

Le  Brésil  est  peut-être  la  contrée  qui  offre  les  plus  belles 
variétés  et  les  plus  beaux  échantillons  de  celte  espèce  mi- 
nérale. Le  quarz  est  sa  gangue.  Elle  est  ou  en  cristaux  géni- 
culés  d'un  vif  éclat  et  de  couleur  rouge-brun,  ou  en  cristaux 
fins  ,  avec  sommets  ,  ou  simplement  aciculaires ,  et  d'un  gris 
d'acier  analogue  à  celui  de  l'antimoine  sulfuré  ;  alors ,  et 
quand  ils  sont  contenus  dans  le  quarz  limpide,  on  les  pren- 
droit  pour  de  l'antimoine  sulfuré  ,  si  leurs  extrémités  n'é- 
toient  pas  transparentes  et  rouges.  Parmi  les  autres  varié- 
tés de  ce  titane  du  Brésil,  il  faut  noter  celle  en  filets  plus 
ou  moins  longs  ,  rouges,  orangés  ou  jaunes  ,  qui  traversent 
parallèlement,   ou  bien  en  tous  sens  le  quarz  limpide. 

Cet  oxyde  a  été  observé  encore  dans  les  Andes  à  la  cime 
de  la  Silla  de  Caracas  ou  Sierra  de  Avila,  à  i3i6  toises  de 
hauteur. 11  est  commun  dans  beaucoup  de  lieux  desElals-Unis; 
à  Pendleton,  en  Caroline,  dans  un  terrain  d'alluvion  ,  et 
ailleurs,  dans  l'intérieur  de  la  Caroline  du  nord  ,  où  il 
abonde;  en  Virginie  ,  près  Pxichemond  ,  il  est  granulaire  ou 
compacte  ,  et  d'un  rouge  de  sang,  dans  un  quarz  blanc  lai- 
teux ,  avec  du  fer  oxydé  titane;  dans  le  Maryland,  près  Bal- 
timore, en  prisme  et  en  lames,  d'un  rouge  pâle,  dans  un 
quarz  jaunâtre;  dans  la  province  de  Delaware  ,  en  Pensyl- 
vanie,  à  London-Crove  ,  dans  le  comté  de  Chester  ,  en 
cristaux  disséminés  dans  un  calcaire  grenu  et  associé  au 
titane  silicéo  -  calcaire;  dans  le  comté  de  Delaware,  en 
cristaux,  sur  et  dans  l'intérieur  d'un  quarz  enfumé  et  amor- 
phe ;  dans  le  New -Jersey,  près  les  mine»  de  cuivre  de 


T  I  T  lii^ 

Schuylcr's ,  comlé  de  Bergen  ,  en  cristaux  Irlhexaèdre 
(  F.  n.*  6)  ;  dans  l'Etat  de  New- York  ,  près  Kingsbrldge  , 
cet  oxyde  Tait  partie  des  filons  qui  traversent  une  roche 
calcaire  primitive,  et  qui  sont  composés  de  quarz  fétide  , 
de  feldspaih  ,  de  mica  ,  et  de  chaux  carbonatée  ;  il  est 
amorphe  ,  ou  en  cristaux  prismatiques ,  demi-transparens  , 
ternaires  jgéniculés,  et  rcliculaires,  tantôt  d'un  rouge  foncé, 
tantôt  d'un  rouge  pâle  ;  une  variété  amorphe  ou  cristallisée  , 
d'un  gris  rougeâlre  foncé  ,  d'un  éclat  vif  et  translucide  sur 
les  bords,  a  été  découverte,  dans  un  calcaire  ,  sur  les  bords  de 
la  mer  d'Hudson,  dans  l'Etat  de  Massachussets  ,  à  Wor- 
thinglon,  dans  le  comté  de  Ilampshire  ,  en  prismes  striés , 
dans  un  quarz  blanc  qui  est  dans  une  roche  amphibolique 
Ceuilletée  ;  dans  le  Conneclicut ,  près  New-Haven  ,  et  dans 
la  province  de  Maine  ,  à  Topsham  ,  dans  des  roches  grana- 
tiques  ,  etc. 

Le  calcaire  primllif  dont  est  bâii  le  tombeau  de  Was- 
hington ,  et  qu'on  a  retiré  des  carrières  qui  sont  à  vingt-un 
milles  de  Baltimore ,  à  une  petite  distance  de  la  route  d'York 
à  Lancastre,  contient  du  fer  sulfuré  ,  du  feldpath  fétide  dont 
on  vient  de  faire  une  espèce  distincte  ,  sous  le  nom  de  ne- 
cronite  ^  du  mica  d'un  beau  brun  ,  de  l'amphibole  blanc,  et 
de  petits  cristaux  prismatiques  de  titane  oxydé  rutile  brun, 

IL  Titane  oxydé chromifère,  Haiiy  (titane  chromalé, 
Eckeb.  ).  Il  ne  diffère  pas,  quant  au  caractère  extérieur,  du 
titane  oxydé  rutile  ;  il  est  en  noyaux  et  en  petites  masses  , 
d'un  rouge-brun  foncé  analogue  à  celui  de  certain  grenat, 
et  n'a  été  trouvé  ,  jusqu'à  présent,  qu'à  Fernbo  ,  près  Sahla, 
en  Westmanie,  en  Suède,  dans  une  roche  primitive,  lal- 
queuse  et  verdâlre,  qui  renferme  aussi  du  quarz  et  des  toui- 
nialines  noires. 

Eckeberg  a  reconnu,  le  premier,  la  présence  du  chrome 
dans  r.e  titane,  et  Vauquelin  en  porte  la  quantité  à  trois 
centièmes. 

lïL  Titane  oxydé  ferrifère,  Haiiy  \  SiderotUanium  et 
Titanosideriiim ,  Klapr. ,  selon  que  le  fer  est  plus  ou  moins 
abondant.  11  est  noir,  ou  noir  grisâtre,  et  complètement 
opaque;  il  jouit  d'un  éclat  luisant  et  même  un  peu  métalli- 
que; sa  cassure  est  un  peu  lamelleuse  dans  un  sens,  mais 
dans  les  autres  elle  est  conchoïde  ou  inégale,  et  môme  dans 
les  variétés  amorphes,  elle  est  conchoïde  ou  inégale  dans 
toutes  les  directions.  On  le  brise  assez  aisément;  et  quand 
il  est  réduit  en  poudre,  il  fait  mouvoir  le  barreau  aimanté 
plus  souvent  que  loisqu'il  n'a  pas  été  pulvérisé.  Il  est  infu- 
sible au  chalumeau,  sans  addition,  oufyslble  selon  la  pli» 


T  I  T 

ou  moins  grande  quantité  de  fer  qu'il  contient  ;  lorsqu'il  est 
fusible  ,  on  obtient  un  verre  noir  brunâtre  ,  et  qui  attire  l'ai- 
guille ainniantéc.  A  l'analyse  ,'  on  y  reconnoît  que  l'oxyde  du 
titane  est  uni  aux  oxydes  de  fer  et  de  manganèse  ,  en  propor- 
tion très-variable;  aussi  n'y  a-t-il  pas  de  véritables  limites 
entre  le  fer  oxydé  titane  et  le  titane  oxydé  ferrifère  :  il  con- 
viendroit  donc  de  les  placer  ,  avec  les  espèces  de  fer  ,  à 
l'exemple  de  M.  Bcrzelius  ,  qui  en  fait  des  variétés  de  fer 
titaniaté  ;  ou  bien  il  ne  faudroit  conserver ,  dans  le  titane 
oxydé  ferrifère  ,  que  les  variétés  qui  n'attirent  point  du  tout 
l'aiguille  aimantée. 

Le  titane  oxydé  ferrifère  ne  se  trouve  guère  qu'en  petits 
grains  roulés  ou  en  sables  ;  cependant  il  y  en  a  aussi  de 
massif.  Dans  le  premier  cas ,  il  provient  de  la  destruction 
des  roches  primitives  ou  volcaniques  :  dans  le  second  ,  il  a 
été  observé  aussi  dans  ces  mêmes  roches  ;  toutes  ces  va- 
liétés  peuvent  être  rapportées  à  quatre  principales,  qui  sont  : 
le  ménakanîte  ,    Viserine  ,  le  nigrine  et  le  galUtzinile. 

A.  MeîJAKAISITE  (  "Titane  oxydé  ferrifère  granuliforme , 
Haiiy;  Menachaniie ,  Kirvv. ,  James.  ;  Menakan  et  Menakanite  ^ 
Wcrn.  ;  Maenakan  ,  Karst.  ;  Tttaneiseinsiein,  Hausm.).  Cette 
variété  a  été  découverte,  en  1791,  par  William  Grégor  , 
dans  le  sable  d'un  ruisseau  qui  traverse  la  vallée  de  Mena- 
kan, enCornouailies,  où  il  est  en  assez  grande  abondance. 

Ce  sable  est  noir  et  ressemble  à  de  la  poudre  à  tirer  :  ses 
grains  sont  arrondis,  un  peu  luisans  ;  dans  la  cassure  (qui 
est  un  peu  lamelleuse  dans  un  sens  )  ,  ils  ont  un  éclat  pres- 
que métallique  ;  ils  sont  assez  tendres  et  un  peu  attirables  à 
l'aimant.  Exposés  au  chalumeau  ,  ils  sont  infusibles  sans 
addition  ;  fondus  avec  le  borax,  ils  lui  donnent  une  couleur 
verte  qui  passe  au  brun  ;  leur  poussière  conserve  la  couleur 
du  minéral.  Leur  conlextureest  assezdense  ;  Grégoratrouvé 
que  lapesanteur  spécifique  de  ce  sable  métallique  est  de  4->427- 

Il  a  fait  sur  ce  minéral ,  un  grand  nombre  d'expériences 
qui  font  la  matière  de  deux  Mé moires (Joara.  de  Phys. ,  juillet 
et  août  1791),  et  il  a  reconnu,  le  premier,  qu'il  conlenoit  un 
nouveau  métal ,  auquel  il  a  donné  le  nom  de  ménakanîte. 
V.  plus  haut  Titane  ,  p.  i33. 

D'après  l'analyse  faite  par  Grégor  ,  le  sable  de  Ménakan 
contient  : 

Fer  attlrable  et  un  peu  de  manganèse ^9 

Oxyde  brun  rougeâtre  de  titane  (ou  ménakanîte).  .  4-^ 

Terre  siliceuse 3 

Perle.     . 4 


T  î  T  i5i 

Klaprolh  a  rëpétë  celle  analyse ,  et  a  obtenu  pour  résultat  : 

Oxyde    de   fer 5i 

Oxyde  de  titane  (  ou  ménakanite)  .     .     .  45,25 

Silice 3,5o 

Oxyde  de  manganèse.  . o,25 

La  perte  de  4-  que  Grégor  a  éprouvée  dans  son  ana- 
lyse ,  vient  de  la  désoxydation  du  fer  qui  avoit  été  chauffé 
jusqu'au  rouge  ,  et  qui  éfoit  devenu  forlemenl  allirable  ; 
ainsi ,  on  voit  que  les  deux  analyses  se  trouvent  parfaitement 
d'accord. 
Lampadius   a    trouvé    que    ce   titane    se    composoit   de 

Titane  oxydé 4^3,5 

Fer  oxydé       .......     5(),4^ 

Manganèse  oxydé '      o,5o 

Silice 3,3 

Alumine .       i,4 

On  indique  un  sable  analogue  sur  les  côtes  de  l'île  de  la 
Providence  en  Amérique  ;  dans  le  voisinage  de  Richemond 
en  Virginie  ;  et  à  Boiany  -  Bay  à  la  Nouvelle-Hollande. 
Chenevix  a  retiré  de  ce  dernier  qui  est  très-fin:  fer  oxydé,  ^9  î 
titane  oxydé,  4o  ;  silice  ,  ii. 

M.  Viviani  a  observésur  les  bords  de  la  mer  près  Gènes, 
entre  Sestri  et  Pigli ,  un  sable  de  cette  nature  ,  que  les  ora- 
ges et  les  pluies  y  charrient  d'une  montagne  située  au-dessus 
de  Pigli,  où  il  remplit  les  cavités  dan&un€  roche  de  schiste 
micacé  d'un  gris  argentin. 

Le  ménakaniic  diffère  du  fer  oxydulé  titane  ,  par  sa  struc- 
ture un  peu  lamelleuse  ,  par  sa  durelé  et  son  action  sur  l'ai- 
guille aimantée,  l'une  et  l'autre  inférieures  à  celle  de  cette 
variété  de  fer. 

Il  existe  à  Sparla  ,  province  de  New- Jersey  (  Etals- 
Unis  ),  de  la  chaux  carbonatée  lamellaire  en  masse,  qui 
contient  mie  grande  quantité  de  petits  grains  de  titane  oxydé 
ferrifère  ,  d'un  noir  grisâtre  ,  qui  ont  la  plus  grande  ressem- 
blance arec  le  ménakanite  de  Cornoflailles. 

Le  titane  oxydé  ferrifère  ,  observé  dans  un  granité  des 
monts  Ourals  en  Sibérie  ,  paroît appartenir  à  celte  variété. 
Lowitz  y  indique  53  de  titane  oxydé  et  47  de  fer  oxydé,  sur 
cent  parties. 

On  en  peut  dire  autant  du  nigrin  de  Bodenmais  en  Ba- 
vière ,  analysé  par  Vauquelin  ,  qui  contient  49iO  de  fer  oxy- 
dé ;  49,0  de  titane  oxydé  ,  et  2  de  manganèse.  Il  est  aussi 
dans  un  granité;  le  titane  de  ces  deux  dernières  localités  ne 
contenant  pas  de  silice. pourroit  constituer  une  variété  à  part. 


,52  T  I  T 

B.  IsEF.lNE  (  Titane  oxydé  j^rrifère  gramiliforme  ^  var.  ,- 
Haiiy  ;  variété  du  iiianeuenstein  ,  Hausm.  \  Iserin  ,  Wern.  , 
Reuss. ,  Karst.  ;  Iserine  ,  James.  ).  —  Celle  variélé  diffère 
de  la  précédente  par  la  propriété  qu'elle  a  de  fondre  au  cha- 
lumeau ,  avec  le  borax  ,  en  un  verre  brun  noirâtre  qui  attire 
légèrement  l'aiguille  aimantée.  Elle  est  d'un  noir  plus  foncé 
ou  brun,  et  d'un  éclat  très  vif  ;  elle  est  plus  pesante  ,  et  sa 
pesanteur  spécifique  s'élève  à  ^,5.  Selon  Klaproth  ,  l'iserine 
contient  28,0  de  titane  oxydé  ,  et  72  de  fer  oxydé.  On  ne  l'a 
trouvée  ,  jusqu'à  présent,  que  dans  le  Riescngebirge  en  Bo- 
hème ,  dans  le  lit,  et  un  peu  au-dessous  de  la  source  de 
riser  ;  elle  est  en  petits  grains  roulés  ,  ou  anguleux , 
dans  un  sable  granitique.  Il  est  douteux  que  ce  sable  soit 
détaché  des  roches  granitiques  et  primitives  ,  plutôt  que  des 
roches  de  trans'tion  ,  qu'on  observe  dans  cette  chaîne  de 
montagnes  de  la  Bohème.  Le  docteur  Mitchell,  après  un  exa- 
men le  plus  attentif,  s'est  assuré  que  l'iserine  ne  se  trouve  ni 
dans  le  granité  ,  ni  dans  le  basalte  qu'on  observe  dans  le  voi- 
sinage de  la  source  de  i'Iser. 

C.  la^lGRl^E.  {  Titane  oxydé  ferrifère ,  var.,  Haiiy;  Eisen- 
titan  ,  Hausm.  ;  Nigrin  ,  Wern.  ;  Nii^rine  ,  James.  ). — C'est 
encore  une  variété  granuliforme  ,  d'un  noir  brunâtre  ou  de 
veiours  ,  qui  se  trouve  en  gros  et  petits  grains  roulés  ,  peu 
brillans  ,  dont  la  cassure  est  inégale  ou  légèrement  lamel- 
Jeuse  ;  elle  diffère  du  ménakanile  et  de  l'iserine  ,  par  sa  du- 
reté un  peu  plus  considérable  ,  par  sa  poussière  qui  est  d'un 
gris  jaunâtre  ,  par  sa  vertu  magnétique  qui  est  nulle  ,  et  par 
la  quantité  de  titane  qu'elle  contient.Sa  pesanteur  spécifique 
varie  de  4?445  à  ^■,'j^o  ,  selon  Klaproth  ;  elle  est  de  4--6o5 
(Esmark),  ou  de  ^,Si6  (  Lampadius),  ou  de  ^,&]^  (Lowitz  ), 
ou  de  3,7o(Vauquelin  et  Hecht.).  Cette  variété  n'est  fusible 
au  chalumeau  que  lorsqu'on  y  ajoute  du  borax  ;  alors  on 
obtient  un  verre  transparent ,  d'un  rouge  d'hyacinthe. 

Elle  contient,  d'après  Klaproth (i)  et  Lampadius  (2)  : 


0 

•    (0 

(2) 

Titane  oxydé      .     , 

8i     .     . 

,     .     87 

Fer  oxydé       .     .^    . 
Manganèse  oxyde   . 

14     .     . 
2     .     . 

;  ? 

Ces  analyses  sont  celles  du  nigrine  qu'on  trouve  àOhlapian» 
en  Transylvanie  ,  dans  un  terrain  ^'alluvion  ,  et  en  mélange 
avec  des  débris  de  granité,  deschiste  micacé, duquel  on  extrait 
des  grains  d'or,  par  le  lavage-  Ce  sable  offre  des  grenats  , 
di!  dislhène  et  du  titane  oxydé  rutile. 

Presque  tous  les  sables  volcaniques  ferruginoso-titanifères 


T  I  T  i53 

renferment  des  grains  qu'on  peut  rapporter  au  nigrine  ;  et  il 
est  probable  que  le  nigrine  d'Ohlapian  a  la  même  origine. 

Nous  rapportons  le  nigrine  de  Bavière  et  celui  des  monts 
Ourals  ,  au  ménakanite  ,  parce  qu'ils  contiennent  moitié 
de  titane  oxydé. 

On  a  pendant  long-temps  confondu  en  France  ,  le  titane 
oxydé  ferrifére  nigrine  ou  nigrin  de  Werner ,  avecie  titane 
silicéo-calcaire  qui   est    son  menakerz. 

D.  (lALl.UZlMTE.  {Titane  oxydé  ferrifére  massif,  Haiiy;  Eisen- 
tifan  et  Siderot  liituiiiim^  Klaproth;  Titaneisen^  Klap.  ;  Hausm. — 
Cette  variétii  est  bien  distincte  des  précédentes ,  quant  à  la 
manière  dont  elle  se  présente.  Elle  se  trouve  dans  les  roches 
primitives,  et  est  en  masses  et  en  veines  noires,  sans  indi- 
ces de  structure  lamellcuse  ;  sa  cassure  est  conchoïde  ou  iné- 
gale, «vec  un  éclat  luisant  ou  mal.  Elle  est  infusible  au  cha- 
lumeau ,  sans  addition  ;  elle  est  magnétique.  Par  sa  compo- 
silion ,  elle  se  rapproche  beaucoup  plus  que  les  variétés 
ci-dessns  ,  du  fer  oxydulé  titane. 

On  y  a  trouvé  : 

Titane  oxvdé      .......     22. 

Fer  oxydé   (  oxydulé  5«îr*  ).     .     .     78. 

Cette  analyse  ,  faite  par  Klaproth  ,  appartient  au  titane 
oxydé  terrifere  qu'on  trouve  en  masses  plus  ou  moins  consi- 
dérables, à  Spessart,  près  d'Aschaffernbourg  en  Franconie  , 
dans  une  roche  granitique.  Cette  variété  a  été  nommée  gal- 
lif/.inite  ,  en  Thonneur  du  prince  Dimitri  de  Gallitzin  qui  en 
fit  11  découverte. 

Le  minéral  d'Ufer,  analysé  par  Klaproth,  est  voisin  de 
celui-ci  ;  il  contient  :  titane  oxydé,  i4,o  ;  fer  oxydé,  85,5  ; 
manganèse  oxydé  o,5. 

IV.  TlTAlSE  OXYDÉ  uranifÈRe  (  îserine  ,  Thomson  ). 
Ce  titane  ressemble  beaucoup  au  ménakanite  et  à  l'i- 
serine  ,  et  se  trouve  encore  en  petits  grains  isolés  ,  bril^ 
lans  ,  point  magnétiques  ,  en  cassure  conchoïde  ,  dans  des 
sables  ;  mais  à  l'analyse,  on  y  découvre  jusqu'à  10,2  d'urane 
oxydé.  Voici  les  analyses  qu'on  en  a  faites. 

(3) 

.  39,4: 
.  3,/, 
.     16,8 

.  3,2 

Ces  analyses  indiquent  dans  ce  titane  ,  à  l'exclusion  de 
l'urane  ,  à  peu  près  les  mêmes  proportions  de  titane  oxydé 
et  de  fer  oxydé ,  que  dans  le  ménakanite.  Les  dcuxpremiè- 


(0 

(2) 

Titane  oxydé     . 

.    .    ^8    . 

•     Sg^i 

■  Fer  oxydé     .     . 

.    48    . 

.     3i,i 

IJrane  oxydé     . 

.      4    . 

.     10,2 

Silice       ... 

0    ,    . 

0 

Alumine       .     . 

0 

.     0 

i54  T  T  T 

res  ont  été  faîtes  par  Thomson,  et  appartiennent  au  titane 
oxydé  uranifère  granuliforme  qu'on  trouve  dans  un  sable 
avec  du  fer  oxydulé  tilané  ,  dont  il  fait  le  quart  du  poids. 
Ce  sable  est  dans  le  lit  du  Don,  rivière  de  l'Abeerdens- 
hire  en  Ecosse;  il  est  mélangé  de  débris  granitiques.  Le  ti- 
tane oxydé  qu'il  renferme ,  avoil  été  pris  pour  de  1  iserine  , 
par  ïhomson.  Sa  pesanteur  spécifique  est  de  4i49  (  4i76). 

La  troisième  analyse  est  celle  du  titane  oxydé  uranifère  de 
Gersdorf  en  Saxe  ,  par  Lampadius 

TITANE  SILIGEO-GALCAIRE,  Hauy,  Tabl.  comp. 
{^Calcium  silicio-iUaniaté  ^  Berz.  ;  Sphène  ,  James.  ^Mœnakerz^ 
W.).  Celte  espèce  se  présente  sous  des  aspects  assez  diffé- 
rens,  pour  mériter  d'avoir  été  divisée  en  plusieurs  espèces. 
Ses  caractères  essentiels  consistent  :  i.°  dans  ses  for- 
mes cristallines  qui  dérivent  d'un  octaèdre  rhornboïdal  dans 
lequel  l'incidence  d'une  des  faces  quelconque  de  la  pyramide 
supérieure,  sur  celles  adjacentes  de  la  pyraniide  inférieure 
est  de  i3i  deg.  16'  ;  les  quatre  facettes  des  bases  se  rencon- 
trent sous  les  angles  de  io3  d.  28'  et  76  d.  4o  '  ;  2.°  dans 
l'action  du  chalumeau  ,  le  titane  silicéo-calcaire  se  fond, 
mais  avec  grande  difficuké  ,  en  un  émail  brun-noir  ;  avec  le 
borax ,  il  produit  une  scorie  grise  ;  et  avec  le  phosphate  de 
soude  ,  un  globule  vert. 

Le  titane  silicéo-calcaire  se  trouve  en  petits  cristaux,  com- 
munément aplatis ,  dont  la  couleur  varie  du  rouge-brun  au 
blanc  verdâtre  ,  en  passant  par  le  brun,  le  gris,  le  jaune  , 
le  jaune-pâle  et  le  jaune-verdâlre.  On  le  rencontre  aussi  en 
petits  grains  cristallins, disséminés, et  très-rarement  en  petites 
masses. 

Il  a  un  luisant  un  peu  gras,  comme  le  diamant ,  quel- 
quefois résineux  ou  vitreux  ;  il  est  opaque  ,  ou  translu- 
cide ,  ou  transparent  :  mais  malgré  son  opacité  ses  frag- 
mens  sont  translucides  sur  les  bords  ;  il  n'est  pas  dur  et 
se  brise  aisément;  sa  cassure  est  lamelleuse  en  partie,  con- 
choïde  ,  ou  inégale  ,  ou  raboteuse  ;  ses  fragmens  rayent  le 
verre  ;  sa  poussière  ou  sa  raclure  sont  grisâtres  ,  ou  blanc- 
jaunâtres. 

Il  est  composé  ,  chimiquement ,  de 


(0 

(2) 

(3) 

(4) 

(5) 

Titane 

oxydé  . 

.  .  33  . 

.    45    . 

.  33,3  . 

.  58  . 

•  74 

Silice 



.  .  35  . 

.  36  . 

.  28  .  . 

.    23    . 

.     8 

Chaux 



.  .  33  . 

.  16  . 

.    32,2     . 

.    20    . 

.  18 

Eau    . 

.    .       G    . 

.     I  . 

.       0    .    . 

.       0    . 

.     0 

Perte 

.    .       0    . 

.    2  . 

.    6,5  . 

.      0    . 

.     0 

loa  première  de  ses  analyses  est  celle  du  titane  silicéo- 


T  I  T  i55 

calcaire  brun-rougeâlre  ,  de  Passau  ,  en  Bavière  ,  par  K!a- 
proth;  sa  pesanteur  spécifique  est  de  3,5i  ; 

La  deuxième  ,  du  titane  silicéo-calcaire  sphène  ,  du  Saint- 
Gothard,   par  Klaproth  ;    sa   pesanteur   spécifique  est  de 

La  troisième  ,  celle  de  la  même  substance  ,  par  Cordier  ; 
la  pesanteur  spécifique  du  minéral  est  de  3,23  ; 

La  quatrième  analyse  est  par  Abildgaard  ,  et  appartient 
au  titane  silicéo-calcaire  brun  rougeâlre  d'Arendal  ,  en 
Norwcge;  sa  pesanteur  spécifique  est  de  4,24; 

Enfin,  la  cinquième  est  celle  d'un  titane  silicéo-calcaire 
blanc  jaunâtre  ,  d'Arendal ,  par  le  même.  Sa  pesanteur  spé- 
cifique est  inconnue. 

Ces  analyses  démontrent  que  les  proportions  des  prin- 
cipes constituans  du  titane  silicéo  -  calcaire  sont  sujettes  à 
varier,et  même  considérablement.  Celte  variation  paroît  in- 
diquer que  plusieurs  espèces  distinctes  sont  confondues  ;  c'est 
ce  que  des  analyses,  répétées  comparativement,  peuvent 
seules  prouver,  maintenant  qu'on  reconnoît,  avec  M.  Haûy, 
que  la  structure  cristalline  et  toutes  les  formes  du  titane  sili- 
céo-calcaire dérivent  du  même  type  ,  l'octaèdre  rhomboïdal. 
L'autorité  d'un  tel  minéralogiste  peut  seule  ,  dans  cette  cir- 
constance ,  faire  approuver  la  réunion  des  variétés  du  titane 
silicéo-calcaire ,  qu'il  avoit  d'abord  distinguées  comme  au- 
tant d'espèces. 

Le  rutiltte  d'Arendal ,  dont  M.  Pfaff  a  donné  récemment 
l'analyse ,  nous  paroît  être  cette  variété  de  grenat  en  masse  , 
qu'on  trouve  dans  presque  toutes  les  collections  de  Paris, 
avec  les  désignalions  de  grenat  liianijère  et  de  titane granatique. 
L'analyse  de  M.  Pfaff  le  prouveroit,  s'il  ne  lui  attribuoit 
un  clivage  en  deux  sens  ,  et  se  rencontrant  de  manière  à 
donner  un  prisme  à  quatre  pans.  Sa  pesanteur  spécifique  est 
de  3,57g;  ses  principes  sont  :  silice,  38,02  ;  fer  oxydulé,  34; 
alumine, i3;  tilane oxydé, 7; manganèse  oxydulé,  5,i5;  cbaux, 
i,4o;  et  magnésie  ,  0,6.  11  suffit  de  comparer  cette  analyse 
avec  celles  du  titane  silicéo  -  cakaire ,  pour  se  convaincre 
qu'elle  ne  peut  appartenir  à  une  variété  de  ce  minéral  ;  tan- 
dis qu'elle  coïncide  avec  les  analyses  qu'on  a  du  grenat, 
dont  le  rulilile  ne  peut  être  qu'une  variété  litanifère. 

M.  llaiiy  ,  dans  son  Tabl.  comp.  ,  porte  à  neuf  le  nombre 
des  formes  déterminables  qu'il  a  observées  dans  le  titane  sili- 
céo-calcaire ;  il  faudra  y  joindre  une  dixième  ,  qui  est  celle  du 
spinihère  minéral ,  qu'on  lui  réunit  à  présent.  Plusieurs  de  ces 
formes  sont  souvent  difficiles  à  saisir  ,  par  suite  de  la  forme 
rbomboïdale  aplatie  de  l'oclaèdre  qui  est  le  noyau.  Voici 
quelques-unes  de  ces  formes  : 


56  T  T  T 


1.  Titane  sillcèo-calcaire  érnoussé,  Haîiy ,  TaLI.  fig.  63; 
l'octaèdre  primitif,  dont  les  arêtes  longitudinales  et  oppo- 
sées de  chaque  pyramide  sont  remplacées  par  des  facettes 
inclinées  sur  les  faces  primitives  adjacentes  de  i34  d.  20  m. 

2.  T.  (li'élraedre  ^  Haiiy  ,  /.  r.  ,  fig.  64;  prisme  aplati,  à 
quatre  pans  ,  inclinés  de  i36  d.  5o'  et  53  d.  10' ,  et  terminé  , 
de  chaque  coté,  par  un  hiseau  de  60  d. ,  formé  par  deux  fa- 
cettes triangulaires,  inclinées  de  i^S  d.  89'  sur  le  prisme. 
On  peut  se  représenter  cette  forme  comme  celle  d'un  oc- 
taèdre cunéiforme  déprimé  ;  elle  est  fort  commune  ;  elle  ne 
présente  aucune  des  faces  primitives. 

3.  2'.  plagièdre  ,  Haiiy ,  /.  c.  ;  prisme  à  quatre  pans  ,  comme 
dans  la  variété  précédente  ,  terminé  aussi  par  un  biseau  à 
faces  triangulaires,  mais  situées  de  biais, 

4..  2\  diociaèdre  ,  Haiiy  ,  /.  c.  fig.  ,  65  ;  combinaison  de  la 
forme  prîmllive  et  de  celle  dilétraèdre,  ou  roclaèdre  cunéi- 
forme ,  dont  les  angles  solides  de  la  base  sont  remplacés 
chacun  par  deux  des  faces  de  roclaèdre  primilif ,  qui  sont 
inclinées  sur  les  deux  faces  secondaires  adjacentes  de  r5o  d. 
44'  et  145  d.  36'.  Ces  faces  primitives  sont  beaucoup  plus 
petites  que  les  autres.  Cette  forme  est  commune. 

5.  T.  mégalogone  ,  Haiiy  ,  /.  c. ,  fig.  66;  prisme  à  six  pans  , 
dont  les  deux  opposés  sont  des  trapèzes  allongés  ,  rectangu- 
laires à  un  bout,  inclinés, sur  un  pan  adjacent  penlagonal,de 
i63  d.  i5';  sommet  à  trois  faces  ,  dont  une  oblique  latérale 
él  hexagonale  ,  inclinée  de  169  d.  44'  sur  le  pan  trapézoïdal 
qui  lui  est  contigu. 

Cette  forme  s'éloigne  des  autres  par  la  disposition  de 
ses  facettes  terminales  ,  qui  semblent  offrir  un  -défaut  de  sy- 
métrie. M.  Haiiy  a  reconnu  que  les  cristaux  de  celte  forme 
étoient  électriques  par  la  chaleur,  propriété  que  ne  possède 
point  le  titane  siiicco-calcaire  ditéiraèdre.  Les  deux  autres 
faces  forment  un  biseau,  sous  Tangle  de  l^.\  d.  4^'' 

6.  T.  décaèdre  (  Spinlhère  décaèdre  ,  Haiiy  ,  Tab.  comp.  )  ; 
cristaux  décaèdres,  irréguliers, aplatis,   à  faces  trapézoïdales. 

Les  autres  variétés  de  formes  déterminables  sont  beaucoup 
plus  compliquées  ,  et  difficiles  à  expliquer  sans  figures. 

7.  T.  rtfrta//cz//^',Haiiy,  Tabl.  {Rayonnante  en  gouttière  ,'S 3ins- 
snre  ;  Sphène  canalicuîé  ^  Haiiy  ,  Trait,);  formé  par  la  réunion 
de  deux  cristaux  accolés  longltudinalement ,  d'où  il  résulté 
un  cristal  qui  offre  ,  sur  un  côté ,  une  gouttière  ou  un  canal. 

8.  T.  cruciforme  ,  Haiiy  ,  /.  c.  ;  formé  par  deux  cristaux 
comprimés  ,  se  croisant,  à  angles  à  peu  près  droits. 

9.  T. polyédrique  en  petits  cristaux,  chargés  de  facéties, 
qui  ont  un  éclat  très-vif. 


T  î  T  15; 

lo.  T.  lenticulaire  ,  Nob.  ;  cristaux  des  variétés  dilélraèdre 
et  dioctacdres,  très-aplatis,  dont  les  faces  ont  beaucoup  d'é- 
tendue et  sont  ondulées. 

Le  titane  silicéo-calcaire  est  assez  commun  ,  mais  il  est 
disséminé  dans  ses  gangues  ;  c'est  principalement  dans  les 
roches  primitives  qu'il  se  rencontre  ,  et  dans  des  roches  ré- 
putées volcaniques.  Nous  le  diviserons  en  cinq  variétés. 

i.°  Le  Titane  silicéu- calcaire  granatique  {Braiin  mœnakerZy 
"W.  ;  Gemeiner  sphen,  Karst. ,  en  partie;  Common  sphène  ^ 
James.,  en  partie;  7iVflmïe,.l\euss  et  NonulL).  C'est  la 
variété  la  plus  répandue  ;  elle  est  opaque  ,  ou  peu  translu- 
cide ,  d'un  rouge-brun,  quelquefois  orangé,  ou  même  jaunâ- 
tre; ses  cristaux  appartiennent  aux  formes  ditétraédre,  dioc- 
taèdre  et  lenticulaire;  ils  ont,  au  plus ,  quelques  lignes  de 
dimension  ;  les  plus  grands  sont  ceux  observés  à  Arendal , 
en  Norwége  ;  ils  ont  jusqu'à  huit  et  neuf  lignes,  et  rarement 
plus  ,  dans  leur  plus  grande  dimension.  La  structure  laniel- 
leuse,  ou  le  clivage  ,  est  moins  sensible  dans  cette  variété 
que  dans  les  suivantes. 

Le  titane  silicéo-calcaire,  d'un  rouge-brun  ,  se  trouve  à 
Passau  ,  en  Bavière  ,  dans  une  roche  feldspathique  blanche  , 
qui  contient  aussi  de  l'amphibole  ,  du  quarz ,  du  mica  et 
de  la  stéatile;  à  Gastein,  près  Salzbourg,  en  Tyrol  ;  en 
Moravie  ,  dans  la  syénite  ;  en  Suède  ,  à  Borkhult  ;  en 
Westgotland,  dans  une  pierre  calcaire  ;  à  TroUhata  dans 
le  granité  ;  et  à  Gustaveberg  ,  dans  une  roche  de  feldspatli 
blanc,  qui  contient  du  cuivre  pyriteux  :  les  cristaux  de  tilane 
sont  diiélraèdre,  dioctaèdre  et  d'une  nouvelle  forme  ,  qui  est 
l'une  des  deux  précédentes  ,  dont  les  faces  triangulaires  du 
biseau  terminal  offrent  chacune  à  leur  base  une  petite  fa- 
celte  triangulaire  ,  également  inclinée  sur  les  deux  pans  ad- 
jacens  du  prisme  ;  à  Tromoe  et  Addel ,  près  Arendal  en 
Norwége  ,  les  cristaux  sont  plus  grands ,  et  dans  des  roches 
composées  de  feldspath  rose  ,  de  paranthine  {ivernerite^  ,  d'é- 
pidole  ,  etc.  ;  dans  plusieurs  endroits  ,  en  Ecosse  ,  dans  la 
■  syénite  de  la  montagne  de  Crislle  et  des  autres  montagnes, 
du  comté  de  Galloway  ;  dans  celles  de  la  côte  sud  du 
Loch'ness  ,  des  montagnes  de  King'shouse  ,  de  celles  des 
environs  d'inverouran ,  de  Ben-Nevis  ,  d'Aberdeen  et  de 
Cuiloden  ,  dans  la  province  d'Inverness. 

En  France,  une  variété  en  petits  cristaux  rouge-bruns,  a 
été  découverte  ,  par  M.  Eckel  de  Strasbourg  ,  dans  une  ro- 
che feldspathique  ,  qui  contient  du  pyroxène  vert,  à  Sainle- 
Marie-aux-Mines  (\osges),  dans  une  carrière  de  pierre 
c.ilcaire  ;  une  variété  ,  en  petits  cristaux  gris-bruntltres  ou 
blonds,  s'observe  dans  une  roche  amphiboiique  fcullle!.ée, 


i58  T  I  T 

aux  environs  de  Nantes  (  à  la  Ghalerie  )  ;  près  d'Uzarche 
(  départeiuenl  de  la  Corrèze  )  ;  dans  les  Chalanches  ;  à  la 
Grave  ,  à  la  Valloulse  el  dans  la  vallée  de  Beaufort  (  dép. 
de  l'izère  ).  On  le  trouve  communément  en  cristaux  brunâ- 
tres et  très-petils  ,  dans  beaucoup  de  roches  granitiques  des 
Alpes  ,  et  notamment  dans  celles  de  Porraenaz  ,  au  pied  du 
Mont  JBlanc  ;  la  domile  du  Puy-Chopine  ,  près  du  Puy-de- 
Dôme,  en  Auvergne,  en  présente  quelques  cristaux  dité- 
traedres  ,  fort  petits  et  épars  ;  il  en  est  de  même  de  la  lave 
pélrosiliceuse  de  Sanadoire  (/^.  Phonolithe),  ainsi  que  des 
autres  laves  de  même  nature,  qui  s'observent  en  Vêlai  et  en 
Vivarais  :  le  titane  de  ces  laves  est  plus  jaunâtre  etplus  trans- 
lucide ,  et  passe  à  la  variété  de  titane  décrite  ci-après. 

Dolomieu  a  rapporté  de  l'île  d  ischla  une  roche  granitique 
qui  a  éprouvé  l'action  du  feu  volcanique,  et  qui  otfre  de  pe- 
tits cristaux  de  titane  silicéo-calcaire.  Ce  même  savant  géo- 
logue avoit  signalé  la  présence  de  ce  minéral  dans  le  granité 
antique,  noir  el  blanc,  qu'on  tiroit  d'Egypte;  ses  cristaux 
lui  avoient  semblé  être  de  petits  zircons  primitifs,  et  ce  n'est, 
en  effet,  qu'en  y  regardant  attentivement  qu'on  est  désabusé. 
M.  Mossier  avoit  également  pris  pour  du  zircon  primitif  les 
cristaux  de  titane  silicéo-calcaire  qu'il  a  observés  dans  les 
granités  de  la  chaîne  orientale  du  Puy-de-Dôrne.  11  est  à  re- 
marquer que  les  granités  ousyénitesanalogues  ,  qu'on  trouve 
en  Suède  et  ailleurs,  offrent  la  même  variété  de  titane. 

En  Amérique  le  titane  silicéo-calcaire  ,  rouge  ou  brun, 
a  été  observé  dans  plusieurs  endroits,  aux  Etats-Unis  :  dans 
le  Maryland,  à  Petapsco,  dans  un  granité  ,  et  à  Barthills, 
dans  du  feldspath  ;  en  Pensylvanie  ,  près  Schuylkill,  à  cinq 
milles  de  Philadelphie, dans  un  granité,  le  gneiss  et  les  veines 
de  quarz  qui  le  traversent;  à  London-Cirove,  comté  de  Chcs- 
ter,  dans  du  calcaire  grenu,  qui  contient  aussi  du  titane 
oxydé  rutile  ,  el  de  la  tourmaline  jaune  ;  dans  l'état  de  New- 
York  :  1."  à  Kingsbridge  ,  dans  du  calcaire  primitif;  2."  à 
Peekshill  ,  dans  une  roche  formée  de  feldspath  ,  de  quarz  et 
d'amphibole;^.''  prèsdulac  Sainl-lieorges  ,  en  cristaux  brun- 
nuageux,  dans  une  roche  feldspalhique  qui  contient  du  quarz, 
du  pyroxène  vert ,  et  du  graphite  cristallisé. 

2.*^  Titane  silicéo  calcaire  spaihigiie {scJiaaliger spheri,  Karst.; 
geJhtnœiiakcrz,  W.  \  fulialed  sphen^  James.).  Cette  variété  est 
moins  commune  ;  on  la  reconnoît  aisément  à  ses  cristaux  lar- 
ges ,  étendus ,  et  qui  forment  comme  des  lames  ondulées  ou 
curvilignes.  Ses  couleurs  sont  également  différentes  ;  ce  sont 
le  jaune  verdâlre ,  le  jaune  pailie  ,  le  jaune  laiteux,  le  jaune 
cilrin ,   el   le  jaune   brunâtre.  Elle  est   également  opaque 


T  I  T  159 

ou  peu  translucide;  ses  formes  sont  les  mêmes,  et  offrent  en 
outre  celles  canaliculées.  Elle  se  trouve  particulièrement  à 
Arendal  en  Norwége  ,  associée  avec  le  t.  s.  c.  granatique  , 
l'épidote  ,  le  pyroxène  ,  l'aniphibole,  le  grenat,  le  feldspath, 
la  chaux  carbonalée ,  le  parenlhine  ,  etc.  Ces  cristaux  ont 
jusqu'à  un  pouce  de  longueur  sur  une  épaisseur  de  deux  li- 
gnes ;  ils  sont  tantôt  couchés  à  plat  ,  taniôt  implantés  sur  la 
tranche  ,  et  se  brisent  très-aisément  ;  ils  ont  une  structure 
lameileuse  très-sensible. 

A  Kalligt  en  Tyrol,  ce  titane  et  le  précédent  se  trouvent 
réunis  sur  une  roche  amphibolique.  On  en  a  trouvé  d'abso- 
lument semblables  à  celui  d'Arendal ,  aux  Etals-Unis,  à 
Ticonderago  (  New  Jersey  )  ,  dans  une  roche  composée  de 
feldspath,  d'amphibole  et  de  graphite;  on  l'indique  aussi  dans 
la  même  province,  à  Newton,  en  petits  cristaux  demi- 
transparens  ,  jaunâtres ,  dans  de  la  chaux  carbonatée  ;  à 
Wantage,  dans  une  veine  de  feldspath  et  d'amphibole,  qui 
traverse  le  granité  ;  en  larges  cristaux  jaunes,  dans  la  roche 
amphibolique  du  Staten-Island  ,  près  Forl-Richemond  ,  et 
près  Peekshill.  On  a  rapporté  à  la  chondrodite ,  le  titane  si- 
îicéo-calcaire  en  cristaux  dilélraèdres  ,  et  lenticulaires  d'un 
jaune  de  succin  ,  qu'on  a  découvert  dans  une  roche  calcaire 
primitive  lameileuse  ,  avec  graphite,  mica  ,  etc. ,  à  Sparta, 
même  province. 

3.°  Titane  silicéu- calcaire  spJiène  (  rayonnante  en  gouttière , 
Sauss.  ;  rayonnante  en  burin  ,  Pictet  ;  Sphène  ,  Hatiy  ,  Trait. 
Sphène  et  Pictite  ,  Delam.  ).  —  Cette  variété  est  connue  sous 
le  nom  de  sphène  ,  que  lui  avoit  donné  M.  Haiiy  ,  avant  qu'il 
eût  reconnu  qu'on  dcvoit  le  réunir  aux  variétés  précédentes. 
Les  formes  qu'affecte  le  sphène  sont  généralement  diffé- 
rentes de  celles  des  t.  s.  c.  granatique  et  spalhique  ;  elles  se 
rapportent  aux  variétés  émoussée  ,  plagièdre  ,  mégalogone  , 
canaliculée  ,  cruciforme,  polyédrique,  et  plusieurs  autres 
que  nous  n'avons  point  citées  ,  ou  qui  sont  encore  iné- 
dites. Ces  cristaux  se  distinguent  par  la  disposition  des  fa- 
cettes qui  les  modifient  et  qui  dérogent  à  la  loi  de  symé- 
trie ,  en  ce  qu'une  facette  qui  remplace  un  angle  ou  une 
arête  ,  ne  se  répèle  pas  sur  tous  les  angles  ou  sur  toutes  les 
arêtes  semblablement  disposés.  Ces  cristaux,  comme  tous 
ceux  d'autres  substances  qui  sont  dans  le  môme  cas  ,  sont 
électriques  par  la  chaleur.  Celte  propriété  devient  caractéris- 
tique pour  le  sphène.  Ce  minéral  est  également  caractérisé 
par  son  aspect  vitreux,  sa  demi-transparence,  ou  sa  limpi- 
dité, son  vif  éclat,  et  ses  couleurs  qui  sont  le  gris  verdAlre  , 
le  vert  pomme,  le  brun  violâlre,  le  brun  de  bois  ou  Isabelle; 


i6o  T  T  T 

et  même  le-  jaune  pâle  ou  le  jaune  cllrin.  Les  trois  premières 
couleurs  sont  les  plus  communes  ,  et  quelquefois  réunies  dans 
un  seul  cristal. 

Le  sphène  est  parliculier  aux  roches  primitives  :  c'est  au 
Saint- (iothard  qu'on  a  trouve  jusqu'ici  ses  plus  beaux  cristaux 
et  ses  plus  belles  variétés  de  couleurs.  Saussure  est  le  premier 
qui  parle  du  sphène  ;  il  le  nommoit  rayonnanle  en  gout- 
tière, à  cause  de  la  forme  canaliculée  qu'il  offre  souvent.  Les 
cristaux  de  sphène  de  Saint-Golhard  et  des  vallées  adjacentes, 
sont  disséminés  à  la  surface  des  roches  amphiboliques  et 
chloriteuses,  et  quelquefois  pénétrés  dechlorile  à  la  manière 
des  cristaux  d'axinite  ;  ils  accompagnent  des  cristaux  de 
feldspath  adulalre  ,  de  quarz  limpide  ,  de  chaux  phosphatée, 
de  talc,  de  fer  oligiste  ,  de  titane  anaïase,  de  titane  oxydé 
rutile.  Les  uns  sont  canniculés  et  d'un  vert  plus  ou  moins 
foncé  ,  avec  les  pointes  quelquefois  d'un  beau  vert ,  ou  vio- 
lâtres,  ou  rougeâtres.  Ils  ont  depuis  quelques  lignes  jusqu'à 
près  d'un  pouce  de  longueur  sur  trois  lignes  d'épaisseur  au 
plus  ,  et  une  largeur  double. 

D'autres  cristaux  sont  petits ,  brun-violacés,  épars  sur  la 
roche  chloriteusc  et  feldspathique ,  qui  leur  sert  de  gangue. 
Il  y  en  a  aussi  qui  sont  bruns,  brillans  ,  surchargés  de  fa- 
cettes ,  et  qui  forment  un  lapis  serré  ;  ils  ont  une  fausse  ap- 
parence de  cristaux  d'axinite.  C'est  particulièrement  dans  la 
vallée  des  Grisons  ,  et  dans  la  vallée  du  Dissentis  qu'on  trouve 
ces  variétés. 

Le  sphène  nommé  piciite  par  Delamétlterie  ,  est  en  petits 
cristaux  jaunâtres, etun  peu  ternes,  dans  des  granités  de  la  val- 
lée de  Chamouni ,  et  dans  ceux  que  l'on  trouve  roulés  auprès 
de  (ienève.  L'on  en  doit  la  première  connoissance  à  M. 
Pictet.  On  îes  avoit  désignés  parle  nom  àe  rayonnante  en  burin. 

Le  sphène  en  très-petits  cristaux  ,  brun  ou  jaune  doré  , 
accompagne  le  titane  anatase  en  Dauphiné  ,  et  surtout  le 
titane  silicéo-calcaire  spinthère  (  à  Maronne  ). 

M.  Viviani  a  appelé  liguriie  un  minéral  en  petits  cristaux 
vert-pomme ,  épars  dans  une  roche  talqueuse  ,  qu'il  avoit 
trouvé  entre  Rossilione  et  Campo-Freddo  ,  sur  les  bords  de 
la  Slura ,  dans  l'état  de  (ièncs.  M.  Hatiy  y  a  reconnu  le 
titane  silicéo-calcaire.  Plusieurs  roches  analogues  des  Alpes 
renferment  de  seniblables  cristaux. 

li..?  TUane  siUcèo- calcaire  spinthère  {fpintJière  ^  Haliy  ).  En 
cristaux  décaèdres  gris  verdâtres ,  encroûtés  de  chloriie  verte  ; 
ils  adhèrent  à  une  roche  chlorileuse  et  schisteuse,  qui  sert  de 
gangue  à  des  cristaux  quelquefois  très-volumineux  de  chaux 
carbonatée  bibinaire  ,   blanclie,  blanc-rosâlre,  ou  salie  par 


T  I  T  i6i 

àc  la  clilorije,  implantés  eux-mêmes  sur  des  druses  de  cris- 
taux de  quarz  limpide  ,  dont  la  surface  offre  ,  çà  et  là  ,  des 
cristaux  de  sphène  brunâtre  ,  ou  verdâtre  et  limpide.  Les 
cristaux  de  spinlhère  sont  généralement  très-petits  ,  implan- 
tés sur  une  de  leurs  extrémités ,  et  ressemblent  à  de  l'axinite 
chlorilée.  Ils  ont  été  trouvés  autrefois  à  Maronne  en  Dau- 
phiné. 

5.*^  Titane  sîlicéo-caJcaire  séméline  (  sèméline  ,  Fleuriau  de 
Bellevue;  spinelline ^  Nose).—- Cristauxbrillans,  jaune  ciLron, 
ou  orangés  ,  ou  brunâtres  ,  de  la  forme  mégalogone  ,  demi- 
transparens  ,  extrêmement  petits  ,  disséminés  dans  un  sable 
noir  magnétique  ,  et  dans  les  laves  feldspalhiques  vitreuses 
des  environs  du  lac  de  Laach  ,  près  Andernach  ,  sur  la  rive 
gauche  du  Rhin.  V.  Sémélitse. 

Nous  avons  observé  de  petits  cristaux  de  titane  silicéo- 
calcaire  ,  absolument  de  la  même  couleur  orangée  ,  dans  une 
roche  micacée,  feuilletée,  de  la  Nouvelle-Angleterre,    (ln.) 

TITANE  CHROMIFÉRE.  V.  Titane  oxydé  chromi- 

FÈRE.  (LN.) 

TITANE  FERRUGINEUX,  Delamétherie.  V.  Titane 

OXYDÉ  FERRIFÈRE.  (LN.) 

TITANE  OXYDÉ  ANATASE.   V.  Titane  anatase, 

(LN.) 

TITANE  RUTILE.  V.  Titane  oxydé,  (ln.) 
TITANEISEN.  Nom   allemand ,   donné   au  Fer  oxy- 

DULÉ  TITANIFÈRE.  (LN.) 

TITANEISENSTEIN.  V.  Titane    oxydé  ferrifère, 

(I.N.) 

TITANITE  ,  de  Kirwan  et  d'Aikîn.  V.  Titane  oxydé. 

(LN.) 

TITANITIC-ORE,  de  Kirwan.  T. Titane  silicéo-cal- 

CAIRE,  (LN.) 

T  ITANIUM.  V.  Titane,  (ln.) 

TITAN  KALK.  Quelques  minéralogistes  allemands  ont 

donné    ce   nom  au  Titane  oxydé  ,  selon  Beurard.    (ln.) 

TITANOSIDERUM,  deKlaproth.  V.   Titane  oxydé 

FERRIFÈRE.   (LN.) 

TITANSAND.  Des  minéralogistes  allemands  ont  donné 
ce  nom  au  Titane  oxydé  Ferrifère  ménakanite  ,  de 
Ménakan,  en  Cornouailles.  (ln.) 

TITAN  SCHORL.  V.  Titane  oxydé,  (ln.) 

T1TANOKERATOPHYTE.  Nom  donné,  par  Boer- 
haave,  à  l'écorce  des  Gorgones,  (b.) 

TITARES.  Oiseau  des  In6es,  qui  ne  diffère  que  très- 
peu  du  Chevalier  aux  pieds  rouges,  (s). 

xxxiv.  n 


i62  T  I  T 

TITCUETZ-PALLIN.  Nom  du  Lézard  tupinambis. 

(B.) 

TITHIS.  F.  RouGE-QUEUE  TiTHYS,  article  Fauvette , 

page  269.  (v.) 

TITliONR  ,  TUhonia.  Genre  de  plantes  établi  par  Des- 
fontaines, dans  la  syngénésie  polygamie  fraslranée,  et  dans 
Sa  famille  des  Cobymbifères.  Il  a  pour  caractères  :  un  ca- 
lice double,  cyli.idrique  ,  à  écailles  conniventes  et  presque 
égales  ;  un  réceptacle  garni  de  paillettes,  et  supportant,  à  sa 
circonférence  ,  des  demi-Heurons  stériles  ,  et,  dans  son  dis- 
que ,  des  ileurons  hermaphrodites  fertiles ,  composés  d'un 
calice  propre,  tubuleux  ,  à  cinq  dents;  d'une  corolle  tubu- 
leuse ,  ventrue  à  sa  hase  ,  à  cinq  divisions  à  son  limbe  ,  et 
portée  sur  un  pédicule  plus  long  que  le  calice  ;  plusieurs  se- 
mences terminées  par  cinq  paillettes,  * 

Ce  genre  ne  contient  qu'une  plante  à  feuilles  alternes,  pé- 
tlolées,  rudes  au  toucher;  les  inférieures  à  trois  lobes  ,  et  les 
supérieures  ovales,  aiguës:  à  fleurs  terminales,  peu  nom- 
breuses, souvent  solitaires,  et  portées  sur  de  longs  pédon- 
cules. Elle  est  annuelle  ,  originaire  du  Mexique  ,  et  a  été 
cultivée,  pendant  quelques  années,  dans  nos  jardins,  (b.) 
TlTHYMALE.  Nom  des  Euphorbes  indigènes,  (b.) 
TITHYMALEUX.  Nom  vulgaire  de  I'Àgaric  tithyma- 
LIN  de  Scopoli,  (b.) 

TITHYiMALIS.  V.  Tithymalos.  (lt^.) 
TITHYMALOÏDES,  Tithymaldùks.  (ienre  de  Tourne- 
fort ,  depuis  appelé  Pédilanthe.   F.  Tithymalos.  (b.) 

TITHYM  ALOÎDES.  Famille  de  plantes,  dont  les  carac- 
tères consistent  à  avoir  des  fleurs  monoïques  ou  dioïques  ,  ou 
très-rarement  hermaphrodites  ;  un  calice  tubuleux  ou  mulli- 
partite,  simple  ou  formé  de  divisions  disposées  sur  deux 
rangs,  les  intérieures  quelquefois  pétaloïdcs  ,  et  en  consé- 
quence appelées  pétales  par  Linnœus. 

Fleurs  mâles  à  étamines  en  nombre  déterminé  ou  in- 
déterminé ;  à  filamens  insérés  sur  le  réceptacle  ou  s'élevant 
du  centre  du  calice,  distincts  ou  connés,  quelquefois  ra- 
meux  ,  quelquefois  articulés,  séparés  dans  quelques  genres 
par  des  paillettes  ou  écailles  qui  leur  sont  interposées. 

Fleurs  femelles  à  ovaire  unique  ,  libre  ,  sessile  ou  stipilé  , 
tantôt  surmonté  de  plusieurs  styles  ,  ordinairement  de  trois, 
et  devenant  une  capsule  dont  les  loges  ou  coques  ,  en  nom- 
bre égal  à  celui  des  styles,  contiennent  une  ou  deux  semen- 
ces ,  tantôt  surmontées  d'un  seul  style,  terminé  par  trois 
ou  un  plus  grand  nombre  de  stigmates  ,  el  devenant  un  fruit 


T  [  T  i63 

dont  les  loges  ou  coques,  en  nombre  égal  à  celui  des  stig- 
mates ,  contiennent  une  ou  deux  semences;  loges  ou  coques 
s'ouvrant  ,  inférieureiuent  ,  avec  élasticité  ,  en  deux  valves  , 
dans  tous  les  fruits;  semences  à  demi-arillées  ,  insérées  au 
sommet  d'un  axe  centra!  persistant,  à  périsperme  charnu 
entourant  Tembryon,  qui  est  ordinairement  droit,  plane, 
légèrement  arqué  ou  presque  roulé  en  spirale  ,  et  à  radicule 
supérieure. 

Les  plantes  de  celle  famiile,  ouherhacées,ou  frutescentes, 
ou  arborescentes,  ont  une  tige  cylindrique  et  rameuse; 
leurs  feuilles  presque  toujours  simples,  quelquefois  paluiées 
ou  digitées  ,  très  rarement  nulles  ,  sont  alternes  ou  opposées, 
ordinairement  accompagnées  de  stipules ,  et  quelquefois 
munies  de  glandes  sur  leur  pétiole;  les  fleurs,  en  général 
petites  et  dé  couleur  herbacée  ,  affectent  différentes  dispo- 
sitions. Toutes  contiennent  un  suc  propre  ,  laiteux ,  plus  ou 
moins  caustique. 

Ventenat,  de  qui  on  a  emprunté  ces  expressions,  rap- 
porte à  cette  famille  ,  qui  est  la  première  de  la  quinzième 
classe  de  son  Tableau  du  règne  véqelal  ^  et  dont  les  caractères 
sont  figurés  pi.  22,  n."  4?  ^^^  planches  du  même  ouvrage, 
vingt  trois  genres  sous  deux  divisions;  savoir  : 

i.^  Les  tithymatoides  ^  dont  les  styles  sont  en  nombre  dé- 
terminé,  ordinairement  trois;   Mercurïale  ,    Euphorbe, 

AgALLOCHE,  PllYLLAlNTE,  KîGGELLAtRE,  ClUTIA  ,  AnDRACH- 

isÉ  ,  Aginei  ,  Buis  ,  Adel  ,  Ricin  ,  MÉDiciNiEa  ,  Hevé  , 
Bancoulier  ,  Glutier  et  Acalyphe. 

2."  Les  tithymaloïdes  à  style  unique  ;  Tragie  ,  Stil- 
linge  ,  Glutier,  Mamcenillier  ,  Sablier  ,  Omphalée  , 
Plukenètie  et  Dalecampe.  V.  ce  mot.  (b.) 

TlTiîYMALOS  et  TiTHYMALLos  des  Grecs;  Tithyma- 
lus  des  Latins.  Ce  sont  les  noms  de  plantes  dont  les  anciens 
distinguoient  un  assez  grand  nombre  d'espèces  ,  et  qui  toutes 
sont  considérées  comme  des  euphorbes. 

Thépphraste  ,  le  botaniste  le  plus  ancien,  à  notre  con- 
noissance ,  qui  ait  décrit  le  tithymallos  ,  en  admet  trois  sortes , 
savoir  : 

i.°  Le  Tithymallos  maritime ,  de  la  hauteur  de  neuf  pouces 
au  plus,  à  feuilles  rondes  et  a  fruit  blanc,  qu'on  recueilloit 
lorsque  le  raisin  commençoit  à  noircir.  Quand  le  fruit  étoit 
sec  ,  et  qu'on  l'avoit  pilé',  on  en  composoit  des  potions  pur- 
gatives. 

2.°  Le  Tithymallos  mâle ^  de  plus  d'un  pied  et  demi  (  une 
coudée  )  de  hauteur;  à  feuilles  semblables  à  celles  de  î'oli- 


iH  T  I  T 

vîer;  à  l'époque  des  vendanges,  on  exlrayoit  son  jus  et  on  \s 
prcparoit  ;  il  purgeoit  par  en  bas. 

3."  Le  Tithymallos  myrihien  ,  à  feuilles  semblables  à  celles 
du  myrte  ,  et  piquantes  à  rextrémité  ;  ses  branches  bu  sar- 
mcns  ctoient  penchés  contre  terre  ,  et  de  la  longueur  de  neuf 
pouces  ;  elles  ne  produisoient  de  fruit  que  successivement, 
elde  telle  manière  qtie  les  branches  qui  avoient  produit  une 
année  demeuroicnt  stériles  Tannée  suivante  ,  quoiqu'elles 
fussent  nées  de  la  même  racine.  Celte  espèce  croissoit  sur 
les  montagnes;  ses  fruits  avoient  été  comparés  aux  noix,  et 
on  leur  en  donnoit  le  nom  ;  on  les  cueilloit  lorsque  l'orge 
commençoit  à  se  former.  Ces  fruits  séchés  ,  mondés  ,  lavés 
et  mêlés  avec  une  quantité  double  de  graine  de  pavot  noir, 
servoient  de  purgatif.  On  administroit  aussi ,  et  dans  le  même 
but ,  les  fruits  piles  dans  du  vin  doux  ,  ou  bien  rôtis  ,  et  mé  • 
langés  avec  du  sésame  également  rôti. 

Dioscoride  compte  sept  espèces  de  iiihymalos  ou.  tithymallos, 
qui  sont  : 

i.o  Le  Tîthymalos  mâle  ^  appelé  aussi  characias  et  amYqrlo- 
îdides  ;  sa  tige  ,  haute  de  plus  d'une  coudée  ,  rouge  et  pleine 
d'un  lait  acre  ,  avoit  ses  branches  garnies  de  feuilles  pa  • 
reilles  à  celles  de  l'olivier  ,  mais  plus  longues  et  plus  étroites  ; 
sa  racine  étoit  dure  et  ligneuse  ;  a  l'extrémité  des  tiges  pons- 
eoient  des  paniculcs  semblables  à  celles  des  joncs,  qui  por- 
toient  des  capsules.  Ce  iiihymalos  croissoit  sur  les  montagnes  , 
aux  lieux  pierreux  ou  âpres.  Son  jus  étoit  purgatif  et  employé 
comme  tel',  et  même  comme  vomitif;  on  en  préparoit  des 
potions,  et  aussi  des  pilules,  en  le  mêlant  à  la  farine  d'orobe, 
et  en  les  enduisant  de  miel  ou  de  cire,  ou  simplement  en 
en  faisant  tomber  quelques  gouttes  sur  des  figues  sèches  , 
qu'on  gardoit  ensuite  pour  s'en  sentir  au  besoin.  Deux  ou 
trois  de  ces  figues  suffisoient  pour  purger. 

Dioscoride  fait  observer  que  le  jus  de  cette  plante  est 
corrosif,  et  qu'il  enflamme  le  gosier  et  les  yeux  ,  lorsqu'on 
se  frotte  ce  suc;  aussi  prenoit-on  .  lorsqu'on  le  recueilloit , 
les  mêmes  précautions  d'usage  ,  en  pareilles  circonstan- 
ces, pour  tous  les  sucs  végétaux  suspects.  C'étoit  vers  le 
temps  de  la  vendange  qu'on  coupoit  les  branches  de  tithy- 
malos  mâle  ,  pour  les  mettre  dans  des  yases  ,  où  le  suc  laiteux 
couloit  de  lui-même.  Les  graines  ,  les  feuilles  et  la  racine  , 
s'employoient  au  même  usage,  et ,  à  cet  effet,  on  leurfaisoit 
subir  certaines  préparations  pour  les  garder  ,  etc. ,  etc. 

2.°  Le  Tithymalos Jemelle,  également  nommé  myrsint'tes  et 
cary  tes.  Ce  que  Dioscoride  en  dit,  à  peu  de  chose  près  ,  est 
ce  que  nous  avons  rapporté  du  tilhymale  myrtliien  de  Théo- 


T  I  T  i65 

phraste.  Les  qualités  de  cette  plante  étolent  moins  exaltées 
que  celles  <la  iilhymalos  mâle. 

3."  Le  Tithymalos  paralias ,  qu'on  désignoit  encore  par 
iithyrtuilis  et  mecoii  ^  qui  croissoit  sur  les  bords  de  la  mer  ,  et 
dont  les  tiges  rougeâtres,  au  nombre  de  cinq  ou  six  ,  hautes 
de  neuf  pouces  ,  ctoient  garnies  de  feuilles  semblables  à  cel- 
les du  lin,  petites  ,  étroites  ,  longues  et  rangées  par  séries  ou 
lignes  ;  sa  fleur  étoit  blanche  ,  et  sa  graine  semblable  à  celle 
de  l'orobe.  La  plante  entière  étoit  remplie  d'un  suc  laiteux, 
qui  produisoit  les  mêmes  effets  que  le  lait  des  plantes  précé- 
dentes. 

4.°  Le  Tithymalos  helioscopios,  a  ïemhes  analogues  à  celles  du 
poHulaca  ou  pourpier ,  mais  plus  menues  et  plus  rondes  ;  à  tiges 
au  nombre  de  cinq  ou  six,  rougeâtres  ,  hautes  de  neuf  pouces, 
grêles  ,  pleines  d'un  suc  laiteux ,  et  terminées  par  des  bou- 
quets de  fleurs  dans  le  genre  de  ceux  de  Vanethon.  Yjheliosco- 
pîus  croissoit  le  long  des  murailles  des  villes  et  dans  les  dé- 
combres. On  lui  donnoit  ce  nom  parce  qu'on  croyoit  que  sa 
cime  se  tournoit  toujours  vers  le  soleil.  Son  suc  et  sa  graine, 
quoique  moins  actifs  que  les  autres  ,  s'employoient  égale- 
ment. 

5."  Le  Tithymalos  cyparissias  ,  a  tiges  hautes  de  neuf  pouces 
au  plus,  rougeâtres  ,  garnies  de  feuilles  pareilles  a  celles  du 
pin  ,  mais  plus  tendres  et  plus  courtes ,  et  ,  du  resSe  ,  telle- 
ment semblables  qu'en  voyant  la  plante  on  auroit  dit  un  pin 
qui  ne  faisoit  que  sortir  de  terre.  C'est  ce  qui  lui  avoit  fait 
donner  le  nom  de  cyparissias.  Il  étoit  laiteux  ,  comme  les  es- 
pèces précédentes,  et  en  avoit  les  vertus. 

6.*^  Le  2'ilJiymalos  dendroïde ,  qui  croissoit  dans  les  lieux 
pierreux  et  qui  formoit  une  touffe  grosse ,  surtout  vers  ses 
extrémités.  Il  étoit  plein  de  lait  ;  ses  tij^es  avoient  une  cou- 
leur rougeâtre  ,  et  ses  feuilles  à  peu  près  la  grandeur  de  celles 
d'un  petit  myrte  ;  son  fruit  et  sa  graine  éloient  analogues  à 
ceux  du  tithymalos  mâle.  Cette  plante ,  qui  devoit  ressembler 
à  un  arbre,  comme  Texprime  son  nom,  avoit  encore  les 
mômes  propriétés  que  les  autres  tithymalos  ,  et  s'emplovoifc 
des  mêmes  manières. 

7.''  Le  Tithymalos  plulyphyllos  ,  que  Dioscoride  dit  ressem- 
bler au  phlomis,  dont  les  racines  ,  le  suc  et  les  feuilles  pur- 
geoient  par  bas.  Pilé  et  jeté  dans  l'eau  ,  il  faisoit  périr  les 
poissons,  propriété  qui  lui  étoit  commune  avec  tous  les  ti- 
thymalos. 

Après  avoir  traité  des  tithymalos  en  un  seul  chapitre, 
Dioscoride  passe  au  pilyusa  et  au  lalhyiis  ,  et-il  fait  observer 
qu'on  classe  aussi  ces  plantes  avec  ks  tithymalos. 


iG5  T  î  T 

Pline  ,  traitant  des  ù't/iymalus  ,  en  décrit  également  sept 
espèces,  savoir  :  le  tîthymalus  mâle ^  qu'il  dit  être  le  characias 
des  Grecs  ;  le  myrslnites  ou  caiytes  ;  le  paralias  ou  iithymalls  ; 
VhcUosropios  ;  le  cyparissias,  qui  avoit  des  rapports  avec  le  cy- 
près ;  le  platyphyllos,  dit  aussi  rorywhetes  et  amygdalites  ,  dont 
les  feuilles  étoienl  beaiicoup  plus  larges  que  dans  les  autres 
e.^pèces ,  et  semblables  à  celles  de  Tamandier  ;  enfin  ,  le  den- 
druides^  également  appelé  copias  et  leptophylhs,  le  plus  rameux 
de  tous. 

Ce  que  Pline  dit  de  ces  plantes  est  extrait  des  mêmes 
sources  où  Oioscoride  a  puisé  ;  car  leurs  descriptions  sont 
les  'némes.  Seui.vuent ,  en  commençant  la  description  du 
tithyiii'dui  ,  Plint-  dit  que  le  tilhymalus  est  Vherba  laciaria  ,  ou 
ln^ariola,  *.'{.  lin  titra  caprina  des  Latins. 

(iaii.^n  comprend  les  mêmes  plantes  sous  le  nom  de  ii- 
thymalos  ^  et,  comme  Discoride  et  Pline,  il  dit  que  \e  iathy- 
ris  .  le  pityusa  et  le  peplins  ,  en  sont  des  espèces,  puisqu'ils 
ont  les  mêmes  vertus  et  qu'ils  donnent  aussi   un  suc   laiteux. 

C'est  à  nos  euphorbes,  avons-nous  dit,  qu'on  rapporte  les 
tithy ma/os  ou  tithymalus  des  anciens  ,  et  c'est  ce  qui  n'est  point 
douteux,  quant  au  genre;  mais,  quant  aux  espèces,  c'est 
plus  embarrassant.  Voici  comment  Matlhiole  a  ,  le  premier, 
rapproché  ces  plantes  :  il  considère  Vevphorbia  characias 
comme  le  tithymalus  mâle  des  anciens;  Veuphorhia  myrsinites  ^ 
comme  le  tilhymalus  femelle  ou  mymnites  ;  VeuphorUa  paralias, 
comme  le  paralias  ovi  parai i us ,  ou  tithymalus  maritime;  Veu- 
phorhia  helioscopia  ,  comme  [  helioscopio<t  ,  dit  aussi  heliosro- 
pium  ;  V enphorbia  ryparissius  ,  comuie  le  tithymalus  cyparissias  ; 
Veiiphorbia  dendroîdes^  comme  \<t  tithymalus  d'^ndroides ;  mais 
il  ne  parle  pas  du  tithymalus  platyphyllos  ;  ce  dernier  est .  se- 
lon Fuchsius  ,  Veuphorbi a  platyphyllos  y  et,  selon  Clusius,  Cé- 
salpin  ,  etc.  ,  \ enphorbia  hiberna.  Pline,  en  citant  le  tithymalus 
dendroïdes  ,  lui  donne  pour  synonyme  le  nom  de  leptophyl- 
lus.  Quelques  auteurs  ont  pensé  qu'il  avoit  peut  -  être  en 
vue  Veuphorbia  e.u'gua ,  que  ftlalthiole  représente  sous  la  dé- 
nomination de  tithy malus\leptophyllos .,«,^x\s.  faire  aucun  parallèle; 

Toutes  les  espèces  d'e///>//or/;g5  que  nous  venons  de  citer,  et 
presque  toutes  celles  qui  ont  été  décrites  jusqu'à  Linnseus  (  ex- 
cepté Veup.  offi( imirum  ^  L. ,  et  qîiei(jues  autres  espèces  ,  gras- 
ses ,  frutescentes  et  épineuses ,  analogues  ,  appelées  euphor- 
lium  par  les  auteurs  ),  ont  éîé  désignées  par  les  noms  sui- 
vans  :  tithymalus  ,  pityusa  ,  npios^  peplis  .  chamœscyce  et  lathyris. 
V.  ces  mots.  Tournefort  ne  conserva  que  le  nom  de  tithyma- 
lus ,  changé  ,par  Linnseus,  en  celui  à'cupliorhia  qui  a  prévalu. 
.Tourne fort  avoit  nommé  tithy maloUes  ,   un  genre  qui  com- 


T  I  T  167 

prenoitles  euphorbes  frutescenles,  mais  feuillées  ,  dont  le 
calice  ou  involucre  est  gibbeux  et  semblable  à  un  petit  ta- 
lon. Ce  genre  tithymaloïdes  a  pour  type  Veiiphurbia  tlthymaluïdeSf 
L.  ,  qui  est  le  tithymaloïdes  ,  Dillen. ,  Elth.  pi.  288,   fig.  372, 

Adanson  a  proposé  fie  substituer  au  nom  ^ eMphorhia  c^Km 
de  iilhymalus  ;  mais  les  naturalistes,  ayant  adopté  la  dénomi- 
nation employée  par  Linnseus,  il  en  résulte  qu  il  est  exclus  de 
la  botanique. 

Nous  terminerons  cet  article  en  faisant  remarquer  :  i.°  que 
C  Bauhin  divise  sestithymalus  ,  en  sept  groupes,  qui  ont 
maintenant  pour  type  les  euphorbes  que  nous  avons  citées 
comme  celles  des  anciens  ;  qu'il  porte  le  nombre  des  es- 
pèces à  vingt-guatre  ,  parmi  lesquelles  figure  V aporymim  ve- 
netiim^  L.  ;  les  autres  espèces  sont  de  véritables  Euphorbes 
ou  TiTHYMALES.  Son  tithymalus  tuberosus  ou  Veuphorbia  opios  y 
n'est  pas  compris  dans  ses  titJijmulus  ,  ni  plusieurs  espèces 
A' euphorbes  ^  qui  sont  des  tithymalus  pour  d'autres  botanistes  , 
et  qu'il  désigne  pair  piiyusa  ,  peplus  ^  peplis ,  lathyris  ,  esula  et 
chamœsryce  ;  2.°  que  M.  Havvorth  vient  de  diviser  les  eu- 
phorbes en  neuf  genres  ;  savoir  :  treisia  (  F.  ce  mot)  ,  dacty- 
lunihes  ,  medusea  ^  crepidaria  (  tithymaloïdes  ,  Tournefort  ;  Pe- 
diLinthes ,  Poif .  )  ,  galaphœus  (  E.  Lathyris  ,  L.  )  ,  esu/a  ,  «n/sc- 
pliyllum  .  et  tithymalus.  (ln.) 

TITHYMALUS.  F.  Tithymalo.s.  (ln.) 

TITI.  Plante  du  Malabar,  figurée  par  P^béede,  mais  dont 
les  parl'ies  de  la  fructification  ne  sont  pas  encore  connues. 

(B-) 

TITI  DU  BRESIL  ,  de  d'Azara.  C'est  TOuistiti  pro- 
prement dit  {Simiajaechus  ,  Linn.  ).  (desm.) 

TyT  DE  CARTHAGENE,  DES  INDES  et  du  Da 
rien.  C'est ,  selon  M.  de  Humboldt  ,  le  petit  singe  nommé 
PixcHE  ,  et  qui  appartii^nt  au  genre  des  Ouistitis,  (desm.) 

TITI  DE  L'ORÉNOQUE.  C'est  le  Sagouin  saimiri 
(  Simia  sciurea  ,  Linn.  ).  (DESM.) 

TlTl-TIGRE.  M.  de  Humboldt  dit  que  c'est  le  nom 
donné  par  les  blancs  qui  visitent  les  Missions  de  l'Orénoque, 
au  singe  ,  qu'il  appelle  Aote  doiroucoui.i  ,  dont  la  vois  a 
quelque  ressemblance  avec  celle  du  Jaguar  ,  ou  (Grande 
Panthère  ,  de  ce  pays,  (de.sm.) 

TITI  DE  TURBACO,  Petite  espèce  de  singe  ,  du  genre 
des  Ouistitis.  C'est  le  Pincue  {Simia  œdipus)àe  Linnwus. 

(desm.) 

TITIA.  Hermann(0/A<r<:/<'.  znolug.)  donne  ce  nom  à  un  genre 
d'oiseaux  dont  il  est  fait  mention  dans  le  second  Voyaf;e  de 
Lcvaillant,  lom.  3  ,  pag.  112  ,  et  qu'il  caractérise  ainsi  :  bec 


i68  T  I  V 

fort  courbé  ;  pieds  ayant  deux  doigts  en  avant ,  et  deux  doigts 
en  arrière;  queue  composée  de  plumes  flexibles.  Cet  oiseau- 
a  beaucoup  de  rapports  avec  les  coucous,  mais  ses  pieds  sont 
plus  robustes  que  ceux  de  ces  derniers.  Il  se  tient  sur  le  tronc 
des  arbres,  et  frappe  les  écorces  avec  son  bec.  (ni-SM.) 

TITIEN.  Deux  arbres  de  l'île  d'Amboine  ,' figurés  par 
Rumpbius  ,  porlent  ce  nom  ;  mais  le  manque  des  caractères 
tirés  de  leur  fruciificaiion  ne  permet  pas  de  les  rapporter, 
avec  certitude  ,  auxgenres'connus.  (b.) 

TITIRE.  Espèce  de  lépidoptère  diurne ,  du  genre  Satyre. 
V.  ce  mot.  (l  ) 

TJTIRI  ou  TRITRI.  Très-petit  poisson  qui  remonte  les 
rivières  des  Antilles  en  troupes  si  nombreuses  ,  que  les  eaux 
en  paroissent  noires.  Il  est  tacheté  de  rouge,  de  vert  et  de 
bleu.  Sa  chair  est  très-bonne.  On  dit  qu'on  le  trouve  aussi 
dans  la  Méditerranée  ,  et  que  les  Italiens  l'appellent  laltaiini. 
On  ignore  à  quel  genre  il  appartient. 

Quelques  personnes  pensent  que  c'est  le  frai,  de  l'année, 
de  toutes  les  espèces  de  poissons  de  mer  ou  de  rivière,  (b.) 

TITIT.  Cri  de  la  fauvette  d'hiver,  qui  a  donné  lieu  à  l'ap- 
peler ainsi,  (v.) 

TITMOUSE.  Nom  anglais  des  Mésanges.  F.  ce  mot. 

(s.) 

TITOULIHUE.  Nom  d'un  arbre  laiteux  de  Saint-Do- 
mingue. On  ignore  à  quel  genre  il  appartient,  (B.)     . 
.  TITREC    ou    VITREC,    Noms    vulgaires    du  Mot- 

TEUX.   (v.) 

TITRIMBINA.  On  donne  ce  nom,  à  Java  ,  à  la  Sali- 
corne I.IGNEUSE.  (B.) 

TITTIUS   de  Rumphius.  V.  Cumbulu.  (ln,)       • 
TITYRA,  Nom  latin  et  générique  de  la  Regarde,  V.  ce 
mot,  (v.) 

TIUM.  Synonyme  à' astragalus ,  chez  les  anciens  Romains. 
Maintenant ,  les  botanistes  ont  un  genre  tiiim  établi  par  Mé- 
dicus  et  adopté  par  Mœnch  ,  et  qui  a  pour  type,  Vastrugalus 
falcatus,  L,  Son  caractère  essentiel  est  donné  par  sonlégum'e 
qui  est  polysperme  et  point  biloculaire  ni  semi-biloculaire , 
comme  le  légume  des  autres  astnigales.  (ln.) 
TIUR.  Nom  suédois  du  Taureau,  (dïsm.) 
TlUTE.  Nom  du  Morse  ,  à  l'embouchure  du  fleuve  Ob  , 
en  Sibérie,  (desm.) 

TIVEL.  Nom  donné  par  Adanson  à  une  coquille  de  la 
mer  d'Afrique  ,  qu'il  a  placée  parmi  ses  Telunes  ,  mais  qu 
doit  faire  partie  du  genre  Vénus.  C'est  la  Venus  lucùia  dci 
liinnaeus.  (b.) 


TLA  i6;) 

TIVOUCH.  Oiseau  de  l'île  de  Madagascar,  qui ,  suivant 

Flaccourt ,  a  une  belle  huppe  sur  la  lêle  ,  et  le  plumage  noir 

et  gris.  C'est ,  selon  toute  apparence ,  la  huppe  noire  et  blanche 

du  Cap  de  Bonne-Espérance,  (s.) 

Tl-YONG-THAN.  Espèce  de  Cynanque  (  Cj«o/2^Aw/« 

inodonim  }  qui  croît  en  Chine,  (ln.) 

TJAKKO.  Schréber  indique  sous  ce  nom  le  Macaque 

AIGRETTE.  (DESM.) 

TJERRI.  V.  NoTi.  (LN.) 

TJONGINA.  Adanson  donne  ce  nom  au  genre  hœckea 
d'Osbeck,  adopté  par  Linneeus,  Gœrtncr,  etc. ,  el  d(fnt  une 
des  espèces,  celle  décrite  par  Osbeck,  est  le  iiongina  des 
Chinois,  (ln.) 

TJULEN.  Nom  russe  du  Phoque  commun  ou  Veau 
MARIN,  (desm.) 

TJUTVA.  V.  Labbe  a  longue  queue  ,  au  mot  Ster- 
coraire, (s.) 

TKAKAE.  Nom  hotlentot  d'un  célacé  que  M.  Lacépède 
rapporte  à  l'espèce  de  la  Baleine  franche,  (desm.) 

TLACALLACATL.  Nou»  d'un  Oie  sauvage  du 
Mexique,  (s.) 

TLACOOZLOTL.  V.  Tlalocelotl.  (s.) 
TLAHUELILOCA-QUAHLllTL.  Selon  îîernandez, 
les  Mexicains  donnent  ce  nom,  qui  signifie  arbre  de  la  folie ,  à 
l'arbre  qui  fournit  la  Gomme  caragne, employée  autrefois  en 
médecine  comme  vulnéraire  el  résolutive,  (ln.) 

TLAI-THOM.  C'est  le  nom  que  I'Ananas  porte  en  Co- 
chinchine.  Il  croît  en  grande  quantité  dans  les  champs  et 
dan5  les  jardins  ,  et  quoique  ce  fruit  y  soit  fort  délicieux  ,  on 
l'y  vend  à  vil  prix.  Une  variété  non  moins  agréable,  ni;.is 
verte  ,  à  chair  blanche  ,  est  appelée  ihom-nèp.  (ln.) 

TLAÏ-XIEM.  Les  Cochinchiuois  désignent  par  -  là  ,  !a 
Casse  des  boutiques  {Cassia  fistula).  (ln.) 

TLALOCELOTL.  Nom  de  TOcelot  ,  quadrupède  du 
genre  Chat  ,  au  Mexique,  (desm.) 

'l'LAM  DEEI.  Nom  qu'on  donne  ,  en  Cochinchine  ,  au 
PÉRiM  KAKU-VALLi  des  Malabarcs  ,  c'est-à-dire ,  au  Mimosa 
5C(772ffr«s,  Linn.(LN.) 

TLAMITZLI.  Quadrupède  d'Amérique  ,  indiqué  par 
Nieremberg  ,  et  qui  paroît  être  le  margay  ,  espèce  du  genre 
Chat.  V.  ce  mot.  (desm.) 

TLAMOTOTLI.  Ce  nom  désigno  ,  selon  Fcrnan.lsz  , 
un  ÉcuRt-UlL  de  la  Nouvelle-Espagne.  On  lui  a  rapporté. 
un  écureuil  figuré  par  Séba,  et  qui  est  remarquable  par  sept 
bandes  blanches  iongiiudinales  qui  se  délaclicitl  iur  ie  fond 


ï;-  T    L    O 

brun-cendré  du  dos.  Cet  animal  est  trop  peu  connu  pour 
qn'on  puisse  l'admettre  dans  les  méthodes.  C'est  le  sciurus 
mrxicanus  de  Pennant  et  d'Erxleben.  (desm.) 

TLVPALCOCOTLI.  Dénomination  américaine  d'une 
pelile  iuurlerclle  ([lie  les  méthodistes  ont  décrite  d'après  Wil- 
lughby  ,  et  donnée  comme  une  espère  distincte.  Sonnini  en 
fait  une  variété  de  la  Tourterelle  Cocotzin.  V.  Tourte- 
relle NAINE  et  CocoTZiN  ,  à  l'article  Pigeon,  (v.) 

TLAQUACUM.  Quelques  auteurs  espagnols  ont  parlé 
des  Sarigues  o'j  Didelphes  ,  sous  celte  dénomination  mexi- 
caine, (s.) 

TLAQUATZÎN.  Nom  mexicain  d'un  Sarigue. 

Le  tlaqualzin  épineux  ,   dont  Hernandez  fait  mention  ,  est 

le   COENDOU  A  GRANDE  QUEUE.  (S.) 

TLATLAUHQUI.  Hernandez  donne  ce  nom  à  un  qua- 
drupède du  genre  des  Chats,  et  qu'on  ne  sauroit  rapporter 
à  une  espèce  connue  ,  avec  précision,  (desm.) 

TLATLAUSHQUI-OCELOTL.  T.  Tlalocelotl.  (s.) 

TLAUHQUECJiUL.  C'est,  dans  Fernandez  ,  la  Spa- 
tule A' Amérique.   V.  le  mot  Spatule.  (s.) 

TLAUHQUECaULTOTOTL  de  Fernandez,  est  le 
Pic  Ouantou.   V.  ce  mot.  (s.) 

TLEHUA  ou  TLEVA.  Nombrasilien  du  Boa  bordé,  (b.) 

TLE-LANG-N(iA.Les  Cochinchinois  nomment  ainsi  un 
Bambou,  le  plus  grand  de  toutes  les  espèces  de  ce  genre. 
Il  est  horriblement  hérissé  d'épines,  (ln.) 

TLE  NUA.  Nom  donné,  en  Cochinchine,  à  un  Bambou 
dont  les  enire-nœuds  sont  très-longs.  Les  naturels  les  rem- 
plissent d'étoupes  imbibées  d'huile  ,  et  s'en  font  ainsi  des 
torches.  Lourelro  ,  sans  affirmer  que  ce  Bambou  soit  une 
espèce  particulière ,  le  nomme  arundo  fax.  On  le  trouve  aussi 
aux  Moluques.  (LN.) 

TLE  RI.  Espèce  de  ^ambou  qui  croît  en  Cochinchine 
(  arundo  agr est! s  ,  Lour.  )  ,  dont  le  tronc  est  fort  épineux,  et 
le  bois  presque  incorruptible.  On  l'emploie  dans  les  construc- 
tions des  maisons.  On  fait  des  haies  excellentes  avec  cette 
plante  qui  ne  peut  être  qu'une  variété  du  Bambou  ordi- 
naire, (ln.) 

TLEVA.  F.  Tlehna.  (s.) 

TLE  VUON.  Nom  d  un  Bambou,  en  Cochinchine.  (ln.) 

TLILOCOTEQUILLIN  ou  QUAUHTECHAL- 
LOTL  THLILTIC.  Ecureuil  figuré  par  Hernandez,  et  que 
Brisson  rapporte  à  l'espèce  de  IÉgureuil  noir,  (desm.) 

TLOTLi.  Nom  mexicain  à'' an  faucon  que  Brisson  rap- 
porte au  Faucon  noir,  (v.) 


T     O     A  ïyï 

TMESIPTERTS,  Tmesipiens.   Genre  établi  par  Desvaux, 
sur  une  plante  qui  avoit  été  rangée  parmi  les  Lycopodes. 
Il  ne  diffère    pas  du  PsiLOTON,    du  Bernhardie  et  de 

la  HOFFMANNE.    (B.) 

TOAD-STONE  on  pierre  de  Crapaud.  C'est  le  nom  que 
les  Anglais  donnent  à  une  roche  arhygdaloïde,  qui  se  trouve 
principalement  dans  le  Derbyshirc.  Les  opinions  ont  été  par- 
tagées sur  l'origine  de  cette  roche,  et  l'ont  rendue  célèbre  dans 
la  géologie;  son  gisement  a  été  observé  avec  attention  par  dos 
naturalistes  très-instruits  ,  et  les  uns  ont  pensé  que  c'éfoit 
une  lave,  d'autres  que  c'éloit  une  roche  de  transition  ,  c'est- 
à-dire,  de  cette  classe  de  terrains  iijtermédiaire  entre  les 
terrains  primitifs  et  les  terrains  secondaires  anciens,  si  heu- 
reusement établie  par  "Werner. Lesgéologues  et  les  observa- 
teurs modernes  sontde  cette  dernière  opinion  ,  qui  se  trouve 
appuyée  par  l'analogie  qui  existe  entre  cette  roche  et  les  au- 
tres roches  de  même  nature  qu'on  observe  ailleurs. 

Le  ioad-slone  est  du  nombre  de  ces  roches  que  Werner 
nomme  mandehtein,  c'est-à-dire ,  amygdaloïdes ,  et  rentre 
dans  l'espèce  de  roche  décrite  dans  ce  dictionnaire  sous  le 
nom  de  spUl'de.  V.  Tome  29  ,  p.  873  ,  et  par  conséquent  se 
classe  avec  les  varioliles  du  Drac^  qu'on  a  crues  aussi  d'origine 
volcanique  ,  et  qui  ne  le  sont  pas. 

Le  toad-slone  est  une  roche  amygdaioïde  ,  d'un  aspect  ter- 
reux ou  argileux,  d  une  couleur  obscure  ,  et  qui  contient  des 
noyaux  de  chaux  carbonatée  lamellaire  ,  depuis  le  plus  pe- 
tit volume  jusqu'à  la  grosseur  d'un  pois.  Il  y  en  a  plusieurs 
variétés  auxquelles  on  a  donné  des  noms  particuliers  :  quand 
il  est  tendre  et  noirâtre,  on  le  nomme  hlak-day^  argile 
noire;  celui  qui  est  terreux  ,  d'une  couleur  verdâtre,  et  par- 
semé ou  de  points  blancs  de  chaux  carbonatée  ,  ou  de  glo- 
bules noirâtres,  se  nomme  channel  o\i  ca' -  dire  {merde-de- 
rliat).  II  y  a  aussi  du  'oad-stone  de  couleur  de  brique  et  tout 
parsemé  de  petites  masses  irréguliéres  de  terre  verte  analo- 
gue à  la  terre  verte  de  Vérone,  de  la  grosseur  d'un  grain 
de  chenevis  ,  entremêlée  de  quelqnespelits  globules  de  chaux 
carbonatée  spathique.  Cette  matière  verte  ,  et  la  structure 
du  toad-stone  qui  présente  souvent  des  cavités  et  des  vides 
(  dus  à  la  destruction  des  noyaux  calcaires  ou  terreux 
qu'il  contenoit),  et  qui  lui  donne  l'apparence  de  laves  bour-. 
soufflées,  ont  peut-être  fortement  contribué  à  le  faire  re- 
garder comme  un  produit  volcanique;  en  effet,  ces  deux 
caractères  lui  sont  communs  avec  les  amygdaloïdes  de  Fe- 
roé,  d'Islande  ,  du  Vicenlin,  du  Tyrol,  de  l'Etna  ,  qui  ont 
aussi  l'aspect  terreux  ,  el  qui  renferment  de  la  terre  verte  et 


172  T  O  A 

du  calcaire  spathique,    outre  les  minéraux  divers  compris 
autrefois   dans  la   classe  des  zéoUthes. 

Ces  amygdaloïdes  sont  considérées  comme  des  laves  qui 
ont  subi  u:ie  sorte  d'altération  intérieure  qui  leur  a  fait  per- 
dreleurs  caractères  délaves;  ellessetrouventclassées(F. l'art 
Roches)  parmi  les  basanites,  les  vaklles,etc.  Beaucoup  de  na- 
turalistes leur  refusent  une  origine  volcanique,  et  les  con- 
sidèrent encore  comme  des  roches  de  transition  ,  les  dé- 
signant par  tmpp<i  (wiygdaloïdes  de.  ininshion ;  alors  la  roche 
toad- slone  AVivoii  de  grands  rapports  avec  ces  amygdaloïdes; 
mais  aucune  ne  seroil  volcanique.  Cette  question  sera 
long  -  temps  sans  réponse  affirmative  ;  car  nous  n'avons  ab- 
solument pas  d'exemples  d'une  vraie  coulée  de  laves  amyg- 
daloïdes de  cette  nature  ,  et  le  gisement  du  toad-slone  n'offre 
rien  qui  puisse  y  faire  croire  ;  ajoutons  encore  qu'il  est  pos- 
sible que  la  base  du  toad-stone  soit  de  l'amphibole  ,  tandis  que 
la  base  des  amygdaloïdes  citées  paroît  être  le  pyroxène  ; 
ce  qui  établiroil  une  distinction  parfaite. 

Voici  comment  Ferber  expose  le  gisement  du  toad-sione: 
On  trouvera  dans  les  mémoires  de  Deluc,  de  Faujas  ,  de 
Mawe  ,  et  dans  les  mémoires  de  la  Société  de  géologie  de 
Londres  ,  de  plus  amples  détails  ,  si  toutefois  l'ou  veut  pren- 
dre une  connoissance  plus  étendue  de  cette  roche. 

En  allant  de  Derby  vers  le  Nord  ,  on  monte  insensible- 
ment et  l'on  arrive  à  la  partie  la  plus  élevée  du  pays ,  qu'on 
nomme  le  Peack  ou  Fie.  C'est  dans  cette  contrée  que  se  trou- 
vent les  mines  de  plomb  du  Derbyshire  ,  fameuses  par  leur 
richesse  et  la  beauté  des  minéraux  qu'elles  produisent. 

Ce  local  est  maintenant  inégal  et  monlueux;  mais  on  re- 
connoit  que  ce  fut  jadis  im  terrain  non  Interrompu  ,  quoique 
plus  élevé  que  les  contrées  environnantes.  Ce  sont  des  a'f- 
faissemens  prodigieux  qui  ont  produit  les  dépressions  et  les 
inégalités  actuelles  ,  ainsi  qu'il  est  aisé  de  s'en  assurer  en 
descendant  dans  les  ravins  .Jes  lieux  les  plus  bas  ,  où  l'on  est 
frappé  de  l'analogie  complète  qui  se  trouve  entre  les  cou- 
ches affaissées  et  celles  qui  sont  demeurées  sur  la  hauteur. 

Le  terrain  qui  compose  celte  masse  élevée  du  peack  est 
formé  de  neuf  couches  énormes  de  matières  pierreuses  bien 
distinctes  les  unes  des  autres,  savoir,  une  de  grès,  une  de 
schiste,  quatre  de  pierre  calcaire  ,  qui  alternent  avec  trois 
couches  de  toad-stone-^  leur  épaisseur  totale  est  de  plus  de 
Ç)00  yards  on  verges.  (Observez,  à  l'égard  de  cette  mesure, 
qu'il  s'est  glissé  une  erreur  typographique  dans  les  écrits  de 
quelques  naturalistes,  où  au  Heu  du  moiyard  qui  est  employé 
par  Ferber,  on  a  mis  partout  le  mot  pied  y  ce  qui  fait  une 


T  0  A  173 

âifférence  <îe  deux  tiers  dans  les  quantités,  attendu  qaeVyard 
ou  verge  est  une  mesure  d'environ  trois  pieds.  Ainsi ,  l'épais- 
seur totale  des  différentes  couches  du  peack  est  de  1800 
pieds  au  lieu  de  600.)  Elles  se  succèdent  dans  l'ordre  sui- 
vant ,  en  commençant  par  la  superficie  : 

I.''  Un  massif  de  grès,  semblable  à  celui  des  houillères  , 
dont  l'épaisseur  est  très-variabie  ;  la  moyenne  est,  suivant 
Whitehurst,  d'environ  I30  yards  (36o  pieds). 

2°  Un  schiste  noir  ,  écailieux  ,  bitumineux  ,  parfaitement 
semblable  à  celui  qui  couvre  les  couches  de  charbon  de  terre 
des  environs  du  peack.  Son  épaisseur  est ,  suivant  Ferber  , 
de  li^o  à  i5o  yards  (4-20  à  4^5o  pieds  ). 

3.*  Première  couche  de  pierre  calcaire  noire  ,  d'une  odeur 
fétide  ,  vériiMe  pierre  de  porc.  Aux  environs  de  Whister  elle 
n'offre  aucun  vestige  de  corps  marins  ,  mais  près  d'Ahfort 
elle  est  remplie  de  coquilles  et  de  madrépores  ;  on  y  a  même 
trouvé  l'empreinte  bien  conservée  d'un  crocodile.  Lépais- 
seur  de  cette  couche  varie  de  35  à  Boyards  (d'environ  ico  à 
iSo  pieds  ). 

4..*^  Première  couche  de  toad-sione ,  dont  l'épaisseur  est 
très-inégale;  dans  un  endroit  elle  est  de  14  à  16  yards  (  4o 
à  5o  pieds  ;  dans  un  autre  elle  est  de  ^o  yards  (  120  pieds); 
dans  un  troisième  elle  n'est  que  de  trois  yards  ;  et  enfin  dans 
un  quatrième  ,  on  a  percé  un  puits  jusqu'à  160  yards  (près 
de  5oo  pieds) de  profondeur,  sans  avoir  pu  la  traverser. 

5.^  Seconde  couche  de  pierre  calcaire  ,  dont  l'épaisseur  est, 
suivant  "Whilehurst ,  de  25  fathom  ou  toises  (i5o  pieds). 
Elle  est  d'une  couleur  grise  ,  et  contient  beaucoup  de  co- 
quilles et  de  madrépores. 

6."  Seconde  couche  de  toad-slone ,  dont  l'épaisseur  est  de 
4.6  yards  (environ  14.0  pieds);  celui-ci  est  plus  compacte 
que  le  premier ,  et  ne  renferme  aucune  cavité.  Dans  quel- 
ques endroits  il  passe  à  l'état  d'argile  tendre. 

7."  Troisième  couche  An  pierre  calcaire;  son  épaisseur  est  de 
70  yards  (  environ  200  pieds.  ) 

8.°  Troisième  couche  de  toad-sione  ;  son  épaisseur  est  de 
22  yards  (66  pieds  ).  En  général,  il  est  semblable  à  celui 
des  couches  supérieures;  dans  la  mine  de  Hubber-Dale  il 
est  d'une  couleur  verdâlre  ,  parsemé  de  petits  rognons  d'ar- 
gile noire,  et  n'a  que  la  consistance  d'une  argile  molle;  on 
lui  donne  le  nom  de  channel. 

9.°  Enfin,  une  quatrième  couche  de  pierre  calcaire.,  dont 
jusqu'ici  l'épliisscur  n'est  pas  connue  :  on  l'a  percée  jusqu'à 
40  fathom  (  environ  2/^0  pieds  )  sans  l'avoir  traversée. 

Tous  ces  grands  massifs  de  pierre  calcaire  et  àe  toad-slone 
sont  chacun  divisés  en  plusieurs  assises  par  des  couches  d^ar^ 


174  T  O  A 

gile  ou  de  schiste  qui  ont  depuis  quelques  pouces  jusqu'à  qua- 
tre pieds  d'épaisseur. 

Voici  maintenant  le  fait  le  plus  singulier,  c'est  que  les 
couches  de  pierre  calcaire  sont  traversées  dans  toute  leur 
épaisseur  par  de  nombreux  et  puissans  filons  de  mine  de 
plomb  ,  de  zinc,  etc.,  tous  parfaitement  réguliers,  accompa- 
gnés df  leurs  saibandes,el  qui  ont  jusqu'à  vingt  pieds  d'épais- 
seur. Chacun  de  ces  filons  ,  soit  que  sa  situation  se  trouve 
verticale  ou  inclinée  ,  la  conserve  dans  les  différentes  cou- 
ches de  pierre  calcaire  qu'il  traverse  ,  mais  il  (  st  interrompu 
tout  net  par  les  trois  couches  de  toad-stuiie.  ;  celui-ci  ne  con- 
tient ni  minerai  ni  indice  de  filon  ;  et  ce  n'est  que  l'expé- 
rience qui  a  appris  qu'il  faut  le  percer  d'outre  en  outre  , 
quelqu'épais  qu'il  soit  ,  pour  retrouver  ,  dans  la  couche  cal- 
caire suivante  ,  la  continuation  du  même  filon  ,  qu'on  pour- 
suit ainsi  jusque  dans  les  plus  grandes  profondeurs  de  la  qua- 
trième couche  calcaire  ,  malgré  les  trois  énormes  interrup- 
tions qu'il  a  éprouvées  de  la  part  du  toad-slone. 

Ces  filons  présentent  encore  un  autre  phénomène,  c'est 
qu'ils  continuent  depuis  la  couche  supérieure  de  pierre  cal- 
caire jusqu'au  jour  ,  à  travers  les  deux  massifs  de  schiste  et 
de  grès  ;  mais  dans  cet  espace  ,  qui  est  d'environ  270  yards 
(  à  peu  près  700  pieds  )  ,  ces  filons  ne  contiennent  absolu- 
ment que  des  matières  pierreuses.  Ils  ne  sont  productifs  en 
minerai  que  dans  la  seule  pierre  calcaire. 

L'on  ne  peut  douter,  d'après  cette  description  du  ^\s(i~ 
mcïii  dn  ioad-sione ,  que  celle  roche  ne  soit  un  produit  se- 
condaire; mais  cette  roche  secondaire  est  accompagnée 
de  pierre  calcaire  noire  fétide  ,  de  grès  ou  psammiie  ,  de 
schiste  bitumineux  dont  l'origine  ,  quoique  secondaire  , 
est  des  plus  anciennes  ,  et  caractérise  les  formations  de 
transition;  ainsi  donc,  les  couches  de  ioad  -  sione  qui  se 
trouvent  en-dessous  des  couches  de  grès  et  de  schistes,  sont 
d'une  formation  contemporaine  à  celle  des  couches  calcai- 
res coquillères',  avec  lesquelles  elles  alternent;  et  partons 
les  fossilesque  contiennent  ces  couches  ,  onreconnoît  un  cal- 
caire très-ancien  et  marin. 

Le  load  -  sione  pouvoit  donc  avoir  une  origine  sous-ma- 
rine ;  hypothèse  qui  ne  prouve  pas  ,  comme  elle  ne  détruit 
pas  non  plus  l'opinion  qui  suppose  une  origine  volcanique  à 
celte  roche  ;  opinion  qui  est  celle  de  Wilhehurst,  Pearson  , 
Deluc,  Palrin,  Faujas  ,elc.  Ce  dernier  naturaliste  s'exprime 
ainsi, sur  le /oarf-5/o/ie,  dans  son  voyage  en  Angleterre,en  par- 
lant d'une  île  qui  se  trouve  dans  une  petite  rivière  du  Peack. 

<f  Nous  reconnûmes,  dit-il,  qu'elle  n'étoit  absolument 
«  composée  que  de  ioad sfone  d'un  brun  noirâtre,   plein  de 


T  0  A  xfo 

K  globules  âe  spath  calcaire  dans  quelques  parties ,  tandis 
«  que  d'autres  en  ont  moins  ou  en  sont  entièrement  dépour- 
tc  vues.  Mais  ce  qu'il  y  a  de  remarquable  ,  c'est  que  la  prê- 
te mière  couche,  la  couche  supérieure  de  toad-stone ,  qui  a 
«  deux  pieds  et  demi  d'épaisseur,  offre  des  emplacemcns 
«  où  la  pierre  at  configurée  en  prismes  ,  et  donne  Vidée  la  plus 
«  exacte  d'une  petite  chaussée  basaltique.  Ce  qu  il  y  a  d^ étonnant 
«  encore,  c  est  que,  comme  on  trouve  quelque/ois  des  BASWIES  EN 
«  BOULES  ù  coté  des  prismes ,  de  même  ici  le  ioad-sione  affecte  tou- 
«  tes  ces  formes  :  ces  boules  sont  en  couches  concentriques ,  et  se 
V  délitent  par  feuillets .,  à  V  exemple  des  basaltes  en  boules... 

«  Il  faut  convenir,  ajoute  Faujas  ,  que  rien  n  a  autant  Vap- 
«  parence  volcanique  que  cette  petite  île  de  toad-stone;  car 
«  Ton  voit  ici  d'une  part  un  filon  de  cette  matière  qui  a  quel- 
i(  ques  rapports  ai^ec  un  courant  de  hwe  ;  on  le  voit  traverser  la 
«  roche  calcaire  ,  s'enfoncer  ensuite  ,  et  disparoître  dans  la 
«  petite  rivière  de  Wye  ,  de  manière  à  faire  croire  qu'il  a 
«  donné  naissance  à  cette  île  composée  d'une  matière  qui  a 
«  la  couleur  et  l'aspect  de  certaines  lai>es  criblées  de  pores ,  dans  les 
«  parties  où  les  globules  de  spath  calcaire  ont  été  détruits  , 
«  et  qui ,  en  outre  ,  est  configurée  en  pn'smes  et  en  boules  ». 
(  Voyage  en  Angleterre  ,    t.   1 1 ,  p.  352  et  suiv.  ) 

Mais  les  faits  allégués  dans  ce  passage  ,  en  faveur  de  la 
volcanicilé  du  toad-stone ,  n'en  sont  pas  des  preuves  déci- 
sives; car  presque  toutes  les  roches  classées  sous  le  nom  de 
trapp,  et  qui  ont  un  tissu  homogène  offrent  les  mêmes  phé- 
nomènes ;  c'est-à-dire  ,  des  prismes  et  des  boules  écailleu- 
ses.  La  Corse,  qui  n'a  rien  de  volcanique,  présente  des 
exemples  de  roches  en  prisme  et  en  boules.  On  trouve 
dans  ce  passage  de  M.  Faujas  ,  que  les  sciences  viennent  de 
perdre,  la  preuve  matérielle  de  la  formation  contemporaine 
du  toad-stone  et  du  calcaire  marin  avec  lequel  il  est  associé. 

On  n'observe  aux  environs,  du  Peack  ,  et  dans  le  Derbys- 
hire  ,  rien  qu'on  puisse  prendre  pour  un  volcan  ou  même 
pour  des  vestiges  de  volcan;  aussi,  les  Vulcanistes  qui  veu- 
lent trouver  dans  le  toad-stone  un  produit  du  feu  ,  sont  -  ils 
forcés  d'établir  qu'il  a  été  vomi  par  un  volcan  sous-marin^  eA  de 
s'appuyersurdes  exemples  tout  aussi  certains.  /^.  Amvgdaloï- 
BES,  Laves,  Mamdelstein  ,  Roche,  Terrain,  Trapp. (ln.) 

TO  AN-T  AO.  Nom  cochinchinois  de  l'espèce  de  nerprun 
qu'on  nomme  Soan-Tsao  en  Chine.  V.  ce  mot,  (ln.) 

TOAN  T130NG.  Espèce  de  Coqueret  qui  croît  en 
Chine  ;  Loureiro  la  rapporte  au  phy salis  al kekengi.  L.  (ln.) 

TOAS  ou  TOUS.  Espèce  de  Chique  ou  d'AcARiDE.  V, 
ces  mots,  (l.) 


'76  TOC 

TOBACTLI.  Nom  d'un  Héron  du  Mexique,  r.re  mot/v.) 

TOBAQUE.  Nom  d'une  linote  d'Afrique.  V.  l'aride 
Fringille  ,  page2io.(s.) 

TOBERA.  K.TOBIRE.  (LN.) 

TOBION.  Dans  quelques  édilions  de  Diosconde,  on 
dit  que  le  nom  de  tobion  désignoit  le  Stœbe.  V.  ce  mot.(LN.) 

TOBIRE,  7'obira.  Arbuste  de  la  Chine,  qui  avoit 
d'abord  été  placé  parmi  les  Fusains  ,  dont  on  a  formé  un 
genre  et  qu'on  a  ,  en  définitif,  réuni  aux  Pittospores.  Use 
cullive  dans  nos  jardins,  (b.) 

TOCAN.  V.  T0L'CA.N  A  GORGE  BLANCHE.  (S.) 

TOCAN.  On  appelle  ainsi  les  Saumons  de  moins  d'un  an. 

Il  paroît  aussi  qu'on  donne,  dans  d'autres  lieux,  le  même 
nom  à  un  autre  poisson  du  même  genre  ,  mais  dont  on  ne 
peut  fixer  l'espèce,   V.  au  mot  Salmone.  (c.) 

TOCANHOA.  Les  Madégasses  appellent  de  ce  nom 
un  fruit  qui  donne  la  mort  aux  cbiens.  Il  est  possible  que  ce 
soit  celui  d'un  Strychnos.  (b.) 

TOCCHI  et  TOCfiETTI.  Noms  que  portent  en  Sicile 
les  cendres  de  soude,  (ln.) 

TOCHINGO.  C'est  ainsi  que  les  Hurons  nomment  la 
Grue,  (s.) 

TOCK.  V.  le  genre  Calao,  (v.) 

TOCKAYE  ou  TOCQUET.  Espèce  de  Gecko  du 
royaume  de  Siam  ,  qui  ne  diffère  peut-être  pas  du  Gecko 
glanduleux^  mais  qu'on  ne  connoît  que  fort  incomplètement. 
Son  nom  exprime  son  cri.  (b.) 

TOGO.  (  Ramphatos  loco.  )  V.  Toucan. 

TOGO.  Synonyme  de  Tocokaye.  (b.) 

TOCOCO.  Nom  que  les  naturels  de  la  Guiane  donnent 
au  Phénicoptère.  V.  ce  mot.  (v.) 

TOCOCO,  Tococa.  Genre  de  plantes  établi  par  Aublet , 
mais  depuis  réuni  aux  Mélastomes.  (b.) 

TOCOLIN.  V.  le  genre  Troupiale.  (v.) 

TOCOQUITO.  Petit  oiseau  inconnu  des  côtes  de  la  mer 
du  Sud.  (v.) 

TOCOT-GUEBIT  ouFocoT-GUEBiT.  Arbre  d'Amérique 
cité  par  Fragose  et  par  Clusius  dans  ses  notes  sur  Monar- 
dès,  avec  le  bois  duquel  les  Américains  faisoient  des 
idoles.  On  recueilloit  sous  son  écorce  une  résine  plus  blan- 
che que  l'encens  ,  et  qui  le  remplaçoit.  Les  noms  de  cet 
arbre  signifient  :  bois  snuhahé  ^  bois  du  désir  ^  suivant  les  au- 
teurs cités  plus  haut;  mais  ils  ne  disent  point  en  quelle  langue: 
i]est  probable  que  c'est  en  mexicain.  Le  Tocot-Guébit  est 
placé  par  C.  Bauhin  (Pin.  4-3) à  la  suite  des  peupliers;  il  le 


T  o  c  ^^^ 

clésîgne  par  arbor  populo  similis  resinosa  ,  et ,  immédiatement 
après  ,  il  met  un  aulre  arbre  qu'il  n'a  connu  que  par  la  des- 
cription des  voyageurs,  et  qui,  à  leur  dire,  fournit  la  résine 
de  tacamahaca;  mais  par  la  synonymie  que  donne  C.  liau- 
hin,  on  voit  qu  il  a  confondu  deux  plantes  ensemble  ,  dont 
une  des  Indes-Orientales  est  le  colophyllum  inophyllum  ,  ou 
calabaà  fruit  rond,  qui  donne,  à  Madagascar,  la  résine  tu- 
camahaca,  selon  Lamarck,  L'autre  plante  seroit-elle  le  po- 
pulus  tacamahaca  de  Miller  ?  C'est  ce  que  la  description  du 
fruit  \  par  Monardès  et  Fragose ,  ne  permet  pas  de  croire. 
ÏLn  effet ,  selon  eux,  c'est  un  fruit  de  la  même  couleur  que  la 
pivoine  ,  ce  que  ne  présente  pas  le  fruit  du  peuplier  en  ques-  -, 

tion;  ils  avancent  que  c'est  de  cet  arbre  qu'on  retire,   dans        ^ 
la  Nouvelle  -  Espagne  ,  la  résine   tacamahaca  ,    et  nous  sa-  ^  ^ 
vons   qu'au  Mexique,    on  extrait  le  te^awm//«ra  du    peuplier    -'    »\ 
ci-dessus  nommé  ,   qui  est  le  populus  halsamifera ,  L.  ,  et  que  ^"^ 

sa  résine  est  appelée  baume/oco/  ou  tocot.  Il  sembleroit  donc  '"^ 

que  ce  peuplier  seroit  le  iocot-guèbit  ouJocot-guéLit,  et  nulle- 
ment l'un  des  arbres  que  C.  Bauhin  croyoit  fournir  le  taca' 
mah  aca.  (ln.) 

TOCOYENNE  ,  Vcranla.  Arbriss^x  tétragones  ,  à 
feuilles  opposées ,  pétiolées  ,  lancéolées,  pointues ,  entières, 
glabres,  accompagnées  de  stipules,  et  à  fleurs  jaunâtres, 
très-suaves ,  disposées  en  tête  terminale  ,  qui  forment  un 
genre  dans  la  pentandrie  monogynie  et  dans  la  famille  des 
rubiacées. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  un  calice  à  cinq  dents  ;  une 
corolle  bypocratérlforme  ,  à  tube  très-long  ,  à  limbe  divisé 
en  cinq  lobes  aigus  ;  cinq  étamines  ;  un  ovaire  inférieur  sur- 
monté d'un  disque  charnu  ,  et  terminé  par  un  style  velu 
en  massue  et  à  stigmate  bilabié  ;  une  baie  à  deux  loges 
et  à  plusieurs  semences  noyées  dans  une  substance  visqueuse. 

Un  de  ces  arbrisseaux  croît  sur  la  côte  d'Afrique,  et  l'au- 
tre à  Cayenne.  (b.) 

TOCQUET.  V.  TocKAYE.  (s.) 

TOCKO, Odoniophorus.YWiW.',  Tetrao,Ç,m.\  Perdix,l.A{h. 
Genre  de  l'ordre  des  Gallinacés  et  de  la  famille  des  NuDi- 
PÈDES.  V.  ces  mots.  Caractères:  bec  glabre  à  sa  base  ,  Irès-ro- 
Luste,  gros, convexe  en  dessus  et  très-comprimé  par  ses  côtés; 
mandibule  supérieure  voûtée  et  très-crochue  vers  son  extré- 
mité; l'inférieure  droite,  plus  courte  et  bidentée  sur  chaque 
bord  vers  oa  pointe  (ï)  ;  narines  grandes  ,  couvertes  et  bor- 
dées d'une  membrane  ;  langue   charnue  ,  entière  ,   large  , 

(i)  C'est  par  une  faute  typographique  qu'à  l'article  TocROjau  mot  Orni- 
thologie, l'on  amis  mandibule  supérieure,  bidentée  au  litu  de  l'inférieure. 


178  T  O  C 

moyenne  ;  yeux  entourés  d'une  peau  nue  prolongée  jnsqu^au 
bec  ;  tarses  robustes  ,  lisses  ;  quatre  doigts,  trois  devant  y 
réunis  à  leur  base  par  une  membrane,  un,  derrière  ,  por- 
tant à  terre  sur  son  bout  ;  ongles  un  peu  voûtés,  ovales  , 
presque  obtus  ;  ailes  concaves,  arrondies  ;  la  première  ré- 
mige courte  ;  les  cinquième  et  sixième  les  plus  longues  de 
toutes;  queue  arrondie,  courte,  inclinée  ,  formée  de  douze 
rectrices. 

Ce  genre  n'est  composé  que  d'une  seule  espèce  qui  diffère 
trop  des  perdrix  ,  des  cailles  ,  et  parlirulièremenl  des  fo- 
//«5,  pour  ne  pas  l'isoler  ;  en  effet  ,  il  sufGt  de  comparer  son 
bec  à  celui  des  derniers  pour  s'en  convaincre  ;  car  un  bec 
grand  ,  gros  ,  très-comprimé  par  les  côtés  ,  dont  la  partie 
supérieure  présente  un  crochet  allongé,  presque  pareil  à 
celui  des  perroquets,  et  dont  l'inférieure  est  munie  de  deux 
dents  très-visibles  vers  son  extrémité,  s'éloigne  beaucoup  de 
celui  des  colins  ,  qui  est  court  et  entier;  de  plus  ,  les  tocrvs  ont 
le  tour  de  l'œil  et  le  lorum  couverts  d'une  peau  nue  ,  tandis 
que  ces  mêmes  parties  sont  parfaitement  enjplumées  chez 
les  colins.  Les  de^x  dents  ne  sont  pas  visibles,  il  est  vrai, 
quand  le  bec  est  fermé  ;  donc  ,  le  directeur  de  la  société  des 
sciences  de  Harlem  dira  qu'on  ne  doit  pas  y  avoir  égard  ; 
une  pareille  conséquence  est  bien  digne  de  ce  profond  mé- 
thodiste hollandais. 

Le  TocRO  noux,  Odontophoms ni/us.,Y ieWl.;  Fcrdix gulanen- 
sîs  y  Lath.  Tocro  ^  est  le  nom  que  les  naturels  de  la  (iuiane 
ont  imposé  à  cet  oiseau;  mol,  dit  Biiffon  ,  qui  exprime 
assez  bien  son  cri.  Nous  devons  à  Sonnini  une  connoissance 
exacte  de  son  genre  de  vie  ;  les  fecro5,  dit  M.  Virey,  son  sa- 
vant collaborateur,  d'après  les  observations  de  Sonnini, 
ressemblent  beaucoup  aux  perdrix;  ils  en  diffèrent  toutefois 
par  des  habitudes  particulières;  ils  se  perchent  sur  les  branches 
basses  des  arbres,  comme  tous  les  oiseaux  terrestres  et  même 
aquatiques  de  la  Guiane  ,  afin  d'éviter  lesserpens  et  les  qua- 
drupèdes  féroces  dont  la  terre  est  peuplée;  ils  y  font  aussi 
leur  ponte  ,  que  l'on  dit  être  de  douze  à  quinze  œufs  tout 
blancs.  D'ailleurs,  ces  oiseaux  ne  montent  qu'à  regret  sur 
les  arbres,  et  ,  par  la  seule  nécessité  ,  lorsque  l'obscurité  de 
la  nuit  les  y  oblige.  De  môme  que  nos  perdrix,  ils  vivent  en 
compagnies,  et  se  rassemblent  en  s'appelant  par  des  cris, 
comme  celles-ci.  Nous  verrons  ,  par  la  suite  ,  que  si  l'ha- 
bitude de  se  percher  et  de  se  nicher  sur  les  arbres  est  com- 
mandée par  la  nature  même  du  terrain  ,  il  en  est  tout  autre- 
ment au  Paraguay,  où  se  trouve  la  même  espèce  ,  ou,  au 
moins,  une  race  très-voisine. 

Les  tocros  de  la  Guiane,  que  j'ai  vus  en  nature ,  ont  dix 


TOC  1^0 

pouces  de  longueur  totale  ;  le  dessus  de  la  lète  d'un  brun 
tirant  au  rougeâtre,  pointillé  de  noir  et  de  roussatrc  ;  les 
joues  et  la  gorge  d'un  roux  foncé  ;  cette  couleur  tend  à  To- 
rangé  sur  les  parties  postérieures  ,  et  est  variée  de  raies  trans- 
versales jaunâtres  ,  plus  nombreuses  cbez  des  individus  que 
cbez  d'autres;  le  dessus  du  cou  et  le  liaut  du  dos  sont  gris 
et  variés  de  blanc  et  de  roux;  le  reste  du  dos  et  le  crou- 
pion sont  de  la  dernière  teinte  ,  avec  des  points  noirs;  le 
dessus  des  ailes  est  roux;  les  pennes  primaires  sont  d'un  brun- 
noir  et  tachetées  à  l'extérieur  de  roux  clair  ;  les  pennes  se- 
condaires ,  les  grandes  couvertures  et  les  scapulaires  ,  pi- 
quetées de  blanc,  de  roux,  et  tachetées  de  noir  velouté; 
les  pennes  intermédiaires  de  la  queue  ,  brunes ,  avec  des 
zigzags  noirs  ;  le  bec  est  de  cette  couleur  chez  les  uns  , 
brun  chez  les  autres;  la  peau  nue  du  lorum  et  du  tour  de  l'œil  , 
rouge  ;  le  tarse,  d'un  gris  plombé  ;  la  femelle  est  un  peu  plus 
petite  que  le  mâle. 

La  race  qui  habite  le  Paraguay  a  des  habitudes  très-dif- 
férentes, et  offre  quelques  dissemblances  dans  son  plumage, 
en  ce  que  les  plumes  qui  couvrent  la  tête  sont  d'un  roux  noi- 
râtre ,  qu'une  teinte  de  plomb  règne  sur  les  parties  posté- 
.  Heures, que  la  nuque  est  brune  ,  ainsi  que  le  derrière  du  cou  , 
que  la  première  partie  est  tachetée  de  blanc  ,  et  l'autre  d'un 
noir  velouté  ,  et  que  les  pennes  de  la  queue  sont  presque 
noires. 

Cette  race  ,  que  M.  de  Azara  a  décrite,  jette  un  cri  bien 
différent  de  celui  du  tocro  ,  puisqu'elle  prononce  uni  quatre  à 
vingt  et  jusqu'à  cinquante  fois  de  suite  et  sans  interruption: 
ce  qui  lui  a  fait  donner  ce  nom  parles  Guaranis.  Le  mâle  et 
la  femelle  se  font  entendre  ordinairement  en  même  temps,et 
confondent  leurs  voix.  Ils  ne  quittent  point  les  forets  les  plus 
grandes  et  les  plus  épaisses,  et  ils  ne  se  perchent  pas  sur  les 
arbres  ;  ils  marchent  et  courent  comme  les  perdrix,  et  ils  ne 
prennent  leur  vol  que  quand  on  les  presse;  ils  sont  si  brus- 
ques et  si  étourdis,  qu'ils  se  tuent  quelquefois  contre  les  ar- 
bres et  se  sauvent  au  moindre  bruit.  M.  de  Azara  ajoute  qu'on 
assure  que  ,  bien  que  ces  oiseaux  se  tiennent  ordinairement 
par  paires  ,  ils  se  réunissent  quelquefois  en  troupes  ,  et  que 
toutes  les  femelles  pondent ,  couvent  et  nourrissent  leurs 
petits,  comme  les  unis  ^  dans  le  même  nid  qu'elles  placent 
à  terre  sur  une  couche  de  feuilles  ;  les  œufs  ,  dit  cet  observa- 
teur ,  sont  d'un  bleu-violet',  mais  Sonnini  dit  qu'ils  sont 
6/anc5.  Lequel  des  deux  est  dans  Terreur?  C'est  une  déci- 
sion que  nous  laissons  au  naturaliste  qui  aura  occasion 
deiesvoir:  prudence  dont  on  ne  doit  jamais  s'écarter,  quand 


i8o  T  0  D 

on  décrit  d'après  les  autres;  mais  M.  Temminck,  sans  sortir 
de  son  cabinet ,  a  trouvé,  nous  dit-il,  des  motifs  spécieux 
contre  l'opinion  du  naturaliste  espagnol ,   qui  semble  avoir 

f)ris  les  œufs  d'un  tinamou,  pour  les  œufs  de  Vuru.  Au  reste  , 
es  petits  siïivenl  leurs  père  et  mère  aussitôt  qu'ils  sont 
éclos ,  ainsi  que  ceux  des  perdrix,  des  colins ,  etc.  ;  et  si  queli 
qu'un  les  approche  ,  ils  se  mettent  à  crier  d'une  manière  ex- 
traordinaire. Quand  on  surprend  les  urus  dans  un  bois  ,  ils 
s'envolent  un  moment  avec  bruit  et  en  criant  gri-gri-gri ,  jus- 
qu'à ce  qu'ils  se  remettent  à  terre  ,  et  prennent  leur  course. 
C'est  sans  doute  des  différences  aussi  tranchées  dans  le  genre 
de  vie  et  le  cri  du  iocro  et  de  Vuru  ,  qui  ont  déterminé  Son- 
nini  à  contredire  de  Azara,  qui  a  rapproché  ces  deux  oiseaux 
l'un  de  l'autre,  (v.) 

TODDALIE  ,  Toddalia.  Genre  de  plantes  de  la  pentan- 
drie  monogynie,  qui  offre  pour  caractères  :  un  calice  très-pe- 
tit et  à  cinq  dents;  une  corolle  de  cinq  pétales;  cinq  éta- 
miues  ;  un  ovaire  supérieur  ,  à  stigmate  sessile  et  à  cinq 
lobes:une  baie  sèche,  globuleuse,  un  peu  ponctuée,  à  quatre 
ou  cinq  loges ,   et  renfermant  autant  de  semences  ovales. 

Ce  genre  a  été  appelé  Crantzie  par  Schreber,  ScoPOUE 
par  Smith  ,  et  la  Paullinie  aslatique  de  Linnœus  en  fait 
partie.  Il  renferme  des  arbrisseaux  à  feuilles  alternes,  ter- 
nées,  parsemées  de  points  transparens,  et  à  fleurs  dispo- 
sées en  panicules  terminales  ou  axillaires.  On  en  compte  cinq 
espèces. 

La  ToDDALiE  ASIATIQUE,  dont  il  a  été  déjà  fait  mention, 
a  les  tiges  ,  les  rameaux  et  les  feuilles  munis  de  piquans  ,  et 
les  folioles  ovales,  lancéolées,  un  peu  dentées.  Elle  se  trouve 
dans  l'Inde,  et  à  l'île  Bourbon  où  on  en  fait  usage  comme 
remède. 

La  ÏODDALiE  LUISATSTE  a  les  piquans  rares ,  les  folioles 
ovales ,  veineuses  ,  luisantes ,  presque  striées  et  inermes.  Elle 
se  trouve  dans  les  Indes,  (b.) 

TODDA  PANA.  Nom  donné  par  Adanson  au  genre  c/H 
cas  de  Linnseus,  dont  une  des  espèces  (  cycas  circinalis ,  L.  ) 
est  appelée,  au  Malabar,  todda-panna  et  mouta-panna  (  V. 
Khéed.  ,  Mal.,  t.  i3-2i).(LN.) 

TODDA  VADDL  Nom  malabare ,  selon  Rhéede(Mal. 
q  ,  t.  19  ),  de  Voxalis  sensiii\>a^  L.  (i-N.) 

TODDL  On  donne  ce  nom,  dans  l'Inde,  au  vin  de  Pal- 
mier, (b.) 

TODEE,  Tudea.  Fougère  du  Cap  de  Bonne-Espérance, 
d'abord  placée  parmi  les  AcROSïiQUES,  puis  parmi  les  Os- 
MOîSDES,  et  définitivement  établie  en  titre  de  genre  ,  sous  U 


T  0  D  ï8i 

tonsidération  quMIe  a  la  fructification  placée  sur  les  nervures 
transversales  des  feuilles  et  que  ses  capsules  sont  presque 
globuleuses,  à  demi-bivalves  et  dépourvues  d'enveloppe,  (b.) 

TODIER,  Todusy  Linn.  ,  Lath.  Genre  de  l'ordre  des 
oiseaux  Sylvains  et  de  la  famille  des  Myiothères.  V.  ces 
mots.  Caractères  :  bec  droit ,  aplati  dessus  et  dessous  ,  entier 
et  obtus  à  sa  pointe  ;  narines  petites,  ovales  ,  couvertes  d'une 
membrane  ;  langue  courte  ,  plate  ,  entière  ;  bouche  ample  , 
ciliée  sur  ses  angles;  ailes  à  penne  bâtarde  courte  ;  la  troi- 
sième rémige  la  plus  longue  de  toutes;  quatre  doigts  ,  trois 
devant ,  un  derrière  ;  l'intermédiaire  réuni  avec  l'extérieur 
jusqu'au-delà  du  milieu,  et  avec  l'interne  à  sa  base,  chez  le 
todier  vert  ;  les  extérieurs  soudés  ensemble  seulement  à  leur 
origine ,  et  l'interne  libre  chez  les  autres.  Ce  genre  est  com- 
posé de  deux  sections,  d'après  la  réunion  des  doigts  :  la  pre- 
mière ne  contient  que  la  seule  espèce  indiquée  ci  -  dessus  , 
tous  les  autres  todiers  composent  la  seconde. 

Si  les  méthodistes  eussent  eu  égard  aux  caractères  qu'ils 
ont  eux-mêmes  indiqués  pour  ce  genre ,  ils  n'y  auroienl  pas 
classé  une  certaine  quantité  d'oiseaux  qui  ne  les  possèdent 
pas  ,  puisque  leur  bec  présente  une  autre  conformation  ;  tel» 
sont  ceux  qu'on  en  a  distraits  pour  les  classer  dans  le  genre 
jjlaiyrhynque  ,  et  qui  sont  indiqués  ci-après.  Il  résulte  de  cette 
réduction  ,  que  le  nombre  des  espèces  reconnues  pour  de 
vrais  todiers ,  n'est  que  de  quatre ,  tandis  que  Latham  et  Gme- 
lin  en  signalent  seize. 

La  seule  espèce  (  le  iodter  vert  )  dont  le  genre  de  vie  soit 
bien  connu  ,  se  rapproche  des  martin-pêcheurs  ,  non-seulement 
par  la  réunion  de  ses  doigts  ,  mais  encore  par  l'habitude  de 
se  tenir  au  bord  des  eaux  vives  et  de  nicher  dans  un  trou  sur 
les  rivages. 

Le  Todier  de  l'Amérique  méridionale.  Voyez  Todier 

TIC-TIC. 

Le  Todier  de  l'Amérique  septentrionale.  V.  Todier 

VERT, 

Le  Todier  bleu  a  ventre  orangé,  Todus  cœmleus ,  Lath.  ; 
pi.  enl.  de  Buff.,  n."  788  ,  fig.  i,  n'appartient  point  à  ce  genre, 
comme  l'a  pensé  Buffon  :  c'est  un  maiiin- pécheur  de  la  côte 
d'Afrique,  que  j'ai  décrit  sous  ie  nom  de  rîiartin-pêcheur  ioiinzi. 
V.  son  article. 

*  Le  Todier  brun  ,  Todusfuscus ,  Lath. ,  est  plus  grand 
que  le  iudier  de  V Amérique  septentrionale  ;  un  brun  ferrugineux 
teint  toutes  les  parties  supérieures;  une  bande  transversale 
noirâtre  est  sur  les  couvertures  des  ailes;  une  ^^inle  olive 


iSa  T  0  D 

mélangée  de  taches  blanches  règne  sur  les  parties  inférieures  ; 
la  queue  est  ferrugineuse,  ^ 

Ce  todier  habile  l'Amérique  méridionale. 

*  Le  ToDlER  BRUN  A  GORGii  BLANCHE,  Todits  ^ularis,  Latli.; 
2'odus  noints,  Linn.,  édit.  i3.  Voilà  bien  le  plus  grand  des  to- 
diers ,  si  c'en  est  un  ,  car  il  a  huit  pouces  et  demi  de  lon- 
gueur ;  le  plumage  esi  brun  en  dessus ,  et  la  gorge  blanche  ; 
le  devant  du  cou  et  la  poitrine  sont  d'un  blanc  sale  ,  taché  de 
brun  ;  les  pieds  de  cette  dernière  couleur  et  couverts  d'une 
peaa  rude  ;  les  ongles  jaunes  ;  le  bec  très-aplati  se  relève  un 
peu  à  sa  pointe  ;  la  queue  est  un  peu  étagée ,  et  les  narines 
sont  ovales.  Le  pays  de  cet  oiseau  est  inconnu. 

Le  ToDlER  DE  CaYENNë.    F.  TOD[ER  TIC-TIC. 

Le  Todier  cendré.  V.  Todier  tic-tic. 

Le  Todier  couleur  de  plomb.  F.  Todier  gris  de  plomb. 

Le  Todier  couleur  dérouille.  F.Todierferrugineux. 

*  Le  Todier  ferrugineux,  Ihdusfernigineusde  Latham  , 
ne  peut  appartenir  à  ce  genre,  puisqu'il  a,  suivant  cet  auteur , 
le  bec  très-gros,  pointu,  courbé  à  son  extrémité,  et  garni,  à  sa 
base ,  de  quatre  ou  cinq  poils  forts  qui  s'étendent  en  avant  ; 
au  reste,  il  le  décrit  avec  un  plumage  couleur  de  rouille  en 
dessus  et  ombré  de  noirâtre  ,  et  d'un  ferrugineux  terne  en  des- 
sous. Les  joues  sont  variées  de  noirâtre  et  de  blanc  :  un  trait 
blanchâtre  est  au-dessous  de  l'œil;  une  petite  bande  jau- 
nâtre ,  sur  les  ailes,  dont  les  pennes  sont  bordées  de  cette 
couleur;  celles  de  la  queue  sont  d'un  brun  sombre  uniforme 
et  d'égale  longueur  à  leur  extrémité.  Cet  oiseau  se  trouve 
dans  l'Amérique  méridionale. 

Le  Todier  gris.  V.  Todier  gris-de-plomb. 

*  Le  Todier  gris-de  plomb  ,  7'odus  plumheus ,  Lath.,  est 
de  la  taille  du  roitelet.  Il  a  toutes  les  parties  supérieures  d'un 
gris-de-plomb  ;  cette  couleur  incline  au  noir  sur  le  sommet 
de  la  tête  ;  toutes  les  parties  inférieures  sont  d'un  blanc  de 
neige;  les  ailes  et  la  queue,  d'un  noir  profond;  le  bord  exté- 
rieur des  pennes  alaires  est  blanc  ;  les  pieds  sont  noirâtres. 
On  le  trouve  à  Surinam. 

M  Desmaresta  donné  la  description  et  la  figure  d'un  oi- 
seau, sous  le  nom  de  todier  gris  {todiis  griseiis)  ,  qui  me  paroît 
appartenir  à  la  même  espèce.  11  a  trois  pouces  et  demi  de 
longueur  totale  ;  le  dessus  de  la  tête ,  le  derrière  du  cou  et  le 
dos,  d'un  gris  cendré;  la  gorge,  la  poitrine  et  le  ventre,  d'un 
blanc  assez  pur;  les  pennes  des  ailes,  noirâtres;  les  primaires, 
bordées  à  l'extérieur  d'un  léger  liseré  blanc  ,  qui ,  sur  les 
secondaires,  est  beaucoup  mieu.^  prononcé  ;  la  queue,  étagée 
et  noirâtre  ;  ses  quatre  pennes  intermédiaires  sont  les  plus 


T  O  D  »8^ 

longues  ;  celles  qui  les  suivent  immédiatement  ont  nn  peu  de 
blanc  à  leur  exlrémllé  ,  et  les  deux  plus  exlérieures  de  chaque 
côté  oui  une  tache  blanche  marginale  ei  triangulaire  ;  les 
plumes  du  dessus  de  la  tête  sont  assez  allongées  et  forment 
un  peu  la  huppe. 

Nula.  Lalham  donne  à  son  lodier  gris  -  de-plomh  une 
queue  carrée  à  son  exlrémité,  tandis  que  celui  de  M.  Des- 
marest  Ta  étagée  ;  mais  peut-être  que  rornilhologiste  anglais 
n'a  fait  attention  quaux  quatre  reclrices  intermédiaires  qui 
sont  d'égale  lougueur.Cct  oiseau  s'éloigne  des  autres  todiers, 
en  ce  que  la  partie  supérieure  du  bec  se  termine  en  pointe 
aiguë. 

Le  ToniER  a  gros  bec.  V.  Platyritynque  noir  et  rouge. 

Le  TODIER  DE  JUIDA.  F.  MaRTITS-PÊCHEL'R  TOUKZl. 

Le  ToDiER  A  LARGE  BEC.  Voyez  Platyruynque  brun  et 

JAUNE, 

Le  ToDIER  NOiRÂTRE,  V.   PlATYRHYNQUE  NOIRATRE.  . 

Le  ToDlER  NOIR  ET  BLANC.  V.  PlATYRHYNQUE  A  QUEUE 
COURTE. 

Le  ToDIER  A  POITRINE  ROUGE.  V.  PlATYRHYNQUE  A  POI- 
TRINE ROUGE. 

Le  ToDlER  ROYAL.  V.   PlATYRHYNQUE  COURONNÉ. 

Le  Todier  de  Saint-Domingue.  V.  Todier  vert. 

Le  Todier  Sylvain,  Todus  sjZi^/a.Desmarest;  pi.  de  sonHist. 
des  Todiers.  Le  nom  que  ce  naturaliste  a  imposé  à  cet  oiseau 
indique  les  rapports  de  ressemblance  qu'il  a  cru  remar- 
quer entre  lui  et  les  espèces  du  genre  syli'ia  ;  cependant  , 
ajoule-t-il  ,  ces  rapports  ne  consistent  guère  que  dans  la 
disposition  des  couleurs  ,  qui  est  à  peu  près  semblable  ,  et 
dans  la  longueur  comparative  du  bec  et  de  la  queue,  qui  ne 
présente  pas  des  différences  bien  sensibles.  Du  reste  ,  son 
bec  est  totalement  pareil  à  celui  des  vrais  todiers.  Il  a  tout  le 
dessus  du  corps  olivâtre;  le  dessus  de  la  tête,  dun  gris  foncé; 
le  ventre, d'un  blanc  jaunâtre;  la  gorge,d'un  blanc  pur;  les 
grandes  pennes  des  ailes  ,  d'un  brun-noir  à  llnlérieur  ,  et 
jaunâtres  à  l'extérieur  ;  les  plumes  des  petites  couvertures 
noirâtres  et  bordées  de  jaune;  la  queue,  d  nn  brun  olivâtre 
en-dessus,  et  d'un  gris-brun  en-dessous.  Longueur  totale  , 
trois  pouces  et  demi.  La  pairie  de  cet  oiseau  est  inconnue. 

Le  Todier  tacheté,  Todus  maculutus ,  Desmarest.  Ce  sa- 
vant nous  ayant  prévenu  que  cet  oiseau  a  la  mandibule  su- 
périeure un  peu  arquée  et  échancrée  à  son  exlrémité  ,  ce  qui 
l'éloigné  des  vrais  todiers ,  qui  l'ont  droite  et  entière,  nous 
avons  cru  qu'il  devoit  être  écarté  de  ce  genre  ,  et  classé  , 
d'après  ces  caractères,   dans  celui  des  plaiyrhynques  ,   dont 


^H  T  O  D 

le    bec   pre'sente   celte  conformation.    V.    Platyruysque 

TACHETÉ, 

Le  TODIER  A  TÊTE  BLANCHE.  V.  PlATYRHYNQUE  A  TETE 
BLANCHE. 

LeToDiER  TIC-TIC,  Toduscinereus,  Lath.;  pl.enl.deBHff.,n."* 
5,  85  ,  fig.  3.  Tic-tic  es\  le  cri  de  cet  oiseau  ,  elle  nom  qu'il 
porte  à  Cayenne.  Sa  taille  est  à  peu  près  celle  du  ^ro^/orfj^e  ;  un 
cendré  mêlé  d'un  bleu  foncé  colore  les  parties  supérieures  ; 
le  dessus  de  la  tête  est  noirâtre-,la  gorge, le  devant  du  cou  et  le 
dessous  du  corps  sont  jaunes  ;  les  pennes  des  ailes,  d'un  brun 
noirâtre,  bordées  de  jaune  en  dehors,  et  de  blanchâtre  du 
côté  interne  ;  les  deux  pennes  intermédiaires  de  la  queue 
noirâtres;  les  latérales,  brunes  et  blanches  sur  une  longueur 
de  cinq  à  six  lignes;  ce  caractère,  dit  Butïon,  est  particulier 
au  mâle  ,  car  les  pennes  latérales  de  la  queue  de  la  femelle 
sont  d'une  teinte  uniforme  ,  et  d'un  gris  cendré  semblable  à 
Ja  couleur  du  dessus  du  corps  ;  elle  diffère  encore  par  des 
nuances  moins  vives  et  moins  foncées. 

Ce /ofc^i'er  habite  les  lieux  découverts  ,  et  se  tient  de  préfé- 
rence dans  les  halliers  et  les  buissons. 

On  trouve  à  l'île  de  la  Trinité  un  todier  qui  a  de  grands 
rapports  avec  le  précédent.  Il  a  le  front  et  le  iorum  d'un  noir 
velouté  ;  le  reste  de  la  tête  d'un  joli  cendré  bleuâtre  ;  du 
reste  il  lui  ressemble  ,  si  ce  n'est  que  les  couleurs  sont  plus 
vives  ,  et  qu'il  est  un  peu  plus  petit. 

*  Le  ToDiER  VARIÉ,  Todus  varîus ,  "Lath.  Cet  oiseau  , 
indiqué  par  Aldrovande  sous  le  nom  qu'on  lui  a  conservé,  est 
de  la  grandeur  du  roitelet  {troglodyte).  11  a  la  tête ,  la  gorge  et 
le  cou,  d'un  bleu  noirâtre  ;  les  ailes,  vertes  ;  les  pennes  de  la 
queue,  noires  et  bordées  de  vert;  le  reste  du  plumage,  varié 
de  bleu  ,  de  noir  et  de  verl.  On  le  trouve  dans  les  Indes,  dit 
Aldrovande;  mais  sont-ce  les  Orientales  ou  les  Occidentales? 
Au  reste  ,  comme  cet  ornithologiste  ne  fait  pas  mention  de  la 
formation  du  bec  ,  on  ne  peut  assurer  que  cet  oiseau  appar- 
tienne réellement  au  genre  àxxtodier. 

Le  ToDlER  A  VENTRE  JAUNE.  V.  PlATYRHYNQUE  A  VENTRE 
JAUNE. 

Le  ToDiER  VERT  Todus  viridis,  Lath.;  pi.  de  VHisL  des  Ois. 
de  f  Amer.  sept.  ,  et  pi.  P  29,  n.°  /^  de  cet  ouvrage.  Ce  petit 
oiseau  ,  qui  n'est  pas  plus  gros  qu'un  roitelet,  porte  à  Saint- 
Domingue  le  nom  de  perroquet  de  terre  ,  d'après  sa  couleur 
verte  et  son  habitude  de  se  tenir  presque  toujours  à  terre. 
C'est  là  que  la  femelle  place  son  nid  ,  ordinairement  au 
bord  des  rivières ,  dans  des  crevasses  j  autrement  elle  choisit 


p.    2C) 


j..Piriirnh'  TafaiHof  .         :z  ■  Pii/eo/i  a  vcntT\^  /uune  . 
3.  TiTJU/ara  ^\yf/it-olor.      ^  .Todur  vert 


T  O  E  i85 

un  tuf  tendre  ,  y  fait  un  trou  avec  ses  pieds  et  son  Lee  ,  lui 
donne  une  forme  ronde  et  un  fond  évasé  ,  dans  lequel  elle 
amasse  de  la  paille  souple  ,  de  la  mousse  ,  du  colon  et  des 
plumes  qu'elle  arrange  assez  arlislemeni  ;  elle  y  dépose  quatre 
à  cinq  œufs,  d'un  gris  bleu  ,  tachetés  de  jaune  foncé,  et  de  la 
grosseur  de  ceux  du  rossignol  de  muraille.  Selon  un  observateur 
cité  dans  Buffon  ,  cet  oiseau  a  ,  dans  le  temps  des  amours, 
un  petit  ramage  assez  agréable.  Je  ne  l'ai  jamais  entendu  , 
mais  bien  un  cri  assez  triste  qu'il  répète  souvent.  Sa  nourri- 
ture consiste  en  insectes  et  en  mouches  qu'il  attrape  avec 
adresse.  Son  vol  est  peu  étendu  ,  et  quand  il  est  en  repos ,  sa 
contenance  a  quelque  chose  de  stupide;  il  porte  la  tête  en  arr 
rière  et  le  bec  haut.  Je  n'ai  jamais  vu  ce  iudier  que  seul  ou 
avec  sa  famille. 

Un  beau  vert  domine  sur  la  tête  et  tout  le  dessus  du  corps. 
Un  liseré  blanc  enveloppe  la  base  de  la  mandibule  inférieure 
et  borde  le  rouge  qui  couvre  la  gorge  et  le  devant  du  cou  , 
dont  une  partie  est,  ainsi  que  la  poitrine,  mélangée  de  blanc 
et  de  gris  :  les  ailes  sont  brunes  à  l'intérieur  ;  le  ventre  et  le 
bas  -  ventre  ,  d'un  jaune  pâle,  mêlé  d'une  nuance  de  rose  ; 
les  couvertures  inférieures  de  la  queue ,  d'un  jaune  clair,  avec 
une  teinte  rose  sur  les  côtés-,  les  pennes  de  la  queue,  vertes  en 
dehors,  et  brunes  du  côté  interne;  le  bec  est  rougeâtre  en 
dessus  et  de  couleur  de  corne  en  dessous  ;  les  pieds  sont 
bruns.  Longueur  totale  ,  trois  pouces  neuf  lignes. 

Cette  espèce  est  répandue  dans  toutes  les  grandes  îles  des 
Antilles.  (V.) 

TODTLlE(xENDES.  En  Thuringe  on  donne  particu- 
lièrement ce  nom  à  une  sorte  de  grès  rouge  que  Ton  regarde 
comme  le  plus  ancien  des  grès  ,  et  qui  repose  immédiatement 
sur  la  Grauwacke.  Les  géologues  allemands  étendent  main- 
tenant ce  nom  ,  qui  signifie  base  morte  ,  base  stérile  ,  à  des  grès 
de  même  espèce  ou  bréchiformes  ,  qu'on  trouve  ailleurs  ,  et 
qui  ,  comme  celui  de  Thuringe  ,  ne  sont  pas  toujours  privés 
de  veines  métallifères.  V.  Psammite  et  Brèche,  à  l'article 
Boche  ,  vol.  29  ,  pag.  3g5  et  4.01 ,  et  Terrain,  (ln.) 

TODUS.  Nom  du  Todier,  en  latin  de  nomenclature.  V- 
ce  mot.  (s.) 

TOENIA.  V.  TÉNIA  ,  et  l'article  Cépole.  (desm.) 

TOERl-MER/V  (Rumph.  Amb.  i,  tab.  'j']\  Selon  Will- 
denow  ,  cette  plante  est  Vœschynomene  coccinea  ,  Linn. ,  suppl., 
qu'il  place  dans  le  genre  coronilla.  J.  Burmann  ,  Index,  écrit 
twia-mera.  Selon  les  botanistes  ,  le  iurîa  de  Bumphius  (  i  , 
tab.  76  ),  est  Vœschynomene  grandiflora ,  L.  (lm.) 


i8G  TOI 

TOE-TOÉ.  Nom   que  porte  à  la  Nouvelle-Zélancle  fa 
Mésange  rouge  gendrée.  V.  l'article  Mésange,  (v.) 
TOPï^'  TOFSTE.N  des  Allemands.  F.  Tuf.  (ln.) 
lOFILLDE,  7'ufi  da.  Genre  de  plante  appelé  Hebéie  , 

bCHEUZERIE,  NaRTHE   E.   (B.) 

l^^^ï'US  et  TOPll  US  des  anciens.  Pierre  tellement 
tendre  ,  qu'elle  se  décoinposoii  par  sa  seule  exposition  à 
l'air  ,  et  que  pour  cette  raison  on  ne  pouvoit  employer 
pour  bâtir.  Cependant ,  il  y  avoit,  selon  Pline ,  des  endroits, 
comme  par  exemple  à  Carihage,  où  Ton  n'avoit  pas  d'autres 
pierres  à  bâtir  que  celle-là;  elle  se  corrodoit  par  l'impression 
des  vapeurs  de  la  mer,  se  dissipoit  par  la  violence  du  vent , 
et  se  bnsoit  sous  la  cbule  des  pluies.  Selon  Vilruve,  le  tophus 
etoit  ou  blanc,  ou  rouge,  ou  noir. 

Le  lofus  paroît  avoir  élé  une  pierre  calcaire  ,  tendre,  fria- 
ble et  poreuse,  quelquefois  ferrugineuse  ou  marneuse.  Les 
inméralogistes  modernes  ont  généralement  appelé  tufus  une 
espèce  de  concrétion  calcaire  ,  poreuse  et  friable;  et  c'est  là 
l'idée  qu'on  attache  en  général  au  mot  tuf.  Cependant,  il  a 
plus  d'extension,  puisqu'il  a  désigné  diverses  autres  substan- 
ces :  toutes  les  concrétions  calcaires  ,  les  pisolilhes  et  ooli- 
thes  ,  le  fer  hydraté  limoneux  des  marais  (  Raseneisen.stein)  , 
des  argiles  et  des  marnes  feuilletées,  des  dépôts  argileux 
ou  non  volcaniques  ,  argileux  ,  terreux  ,  tendres  et  mélangés 
de  diverses  substances.  V.  Tuf.  (ln.) 

lOGLJASPIS.  Synonyme  aliemani  àa  porcellanjaspis. 
V.  Jaspe  porcelaine,  (ln.) 

TO-HAONG-TLANG.  Plante  parasite  semblable  à  la 
cuscute  et  du  même  genre;  elle  naît  en  Cochinchine.  Loureiro 
n  a  pu  découvrir,  malgré  toutes  ses  recherches,  aucune  trace 
de  racine  qui  pût  faire  croire  que  ce  végétal  tirât  sa  nourriture 
de  la  terre.  Loureiro  en  avoit  fait  son  genre  Grammica.  (ln.) 

TO-HAONG  XANU.  Plante  parasite  de  la  Cochin- 
chine ;  c'est  la  cassyiha  de  Linnœus  ,  et  le  calodium  de  Lou- 
reiro. (ln.) 

TOHORKEY.  ISiom  du  Martin-pêcheur  huppé  des 
Philippines,  (v.) 

TOIBANDALO.  Nom  de  pays  du  Squale  pantou- 
flier.  (b.) 

TOILE  D'ARAIGNÉE.  C'est  le  nom  vulgaire  d'une 
coquille  du  genre  cône,  Conus  urancoms.  (desm.) 

TOILE  A  MATELAS.  C'est  un  Rocher  de  Lînnceus  , 
Murex  melungena.  Il  appartient  maintenant  au  genre  Pyrule. 

(I>ESM.) 

TOLLOÏ.  Nom  donné  ,  en  Cochinchine ,  à  la  Crinole 
d'Asie  (  Crinum  asiaticum  ,  L. ).  (ln.) 


T  O  L 


iR- 


TOISON.  C'est  la  peau  du  mouton  chargée  de  sa  laine  ,  et 
aussi  la  laine  séparée  de  la  peau.  V.  MoUTOîJ.  (s.) 

TO I T  C  HINO  IS.CoquiUe  dà  genre  des  Patelles  (paie/la 
cfiinensis  ,  Linn.  ).  (B.) 

TOIT  CHINOIS.  C'est  ausslle  turho  pagodus  de  Lin- 
nœns.  (desjvt.) 

TOIT    d'un   filon.   Foyez  les   articles  Filon  et  Mines. 

(desm.) 

TOIT  PERSIQUE  et  TOIT  CHINOIS.  F.  rariicle 
Teotaire.  (desm.) 

TOKÀR,  Nom  du  Figuier  sauvage,  à  Malte,  (b.) 
TOKAUN.  Stadius,  dans  ssl  Description  du  Brésil ,  dit  :que 
le   tokaun  est  une  plante  à  feuilles  oblongues  et  pointues  , 
dont  les  Brasiliens  tiroient  des  fils  qui  leur  servoient  à  faire 
des  filets  pour  pêcher.  Celte  plante  nous  est  inconnue,  (ln.) 
TOL.  Nom  de  pays  d'un  Aloès.  (b.) 
TOL.Vl  (  Lepus  to/ài,  Linn.  ).  Espèce  de  quadrupède  ron- 
geur du  genre  Lièvue.  V.  ce  mot.  (DESM.) 

TOLAK,  TULAC  et  DELB.  Noms  arabes  àafcus  vasta 
de  Forskaël  ,  qui ,  selon  Vahl ,  est  le  même  que  \t  ficus  ben- 
galensis  ,  L.  Forskaël  a  observé  dans  ses  fruits  des  insectes 
différens  de  ceux  qu'on  voit  dans  \e  ficus  syconiorus.  Il  ne  faut 
pas  confondre  ce  tolak  avec  le  micrelium  iolcik ,  Forsk.  ,  plante 
herbacée  annuelle  ,  qui  est  Yeclipla  prusirata  ,  L. ,  et  qu'en 
Arabie  on  nomme  aussi /o/a^.  (ln.) 

TOLCANA.  V.  Passerine  des  pâturxges.  (v.) 
TOLCHILt.  V.  Chouette  tolchiquatli.  (s.) 
TOLCHIQUATLI  {Strix  tolchiquali,  Lath.  ).  Espèce  de 
Chat-huamt.  V.  ce  mot.  (s.) 

TOLEK.  Le  tourne-pierre  ,  en  Gothlande.  (s.) 
TOLESCH.  Nom  du  Sorbier  ,  chez  les  Hébreux,  (ln.) 

TOLÏTOLO.  C'est  le  nom  du  Pouillot  ,  dans  l'Orléa- 
nais. (V.) 

TOLL.Les  nègres  du  Sénégal  donnenlce  nom  à  une  Liane 
qu'Adanson  appelle  liane  à  citron^  parce  que  son  fruii  ,  qui 
a  beaucoup  de  rapports  avec  celui  du  manguier  de  l'Inde,  a 
la  figure  et  le  goût  du  citron,  (ln.) 

TOLMÈRE  ,  Tolmerus.  Nom  donné  par  Lister  à  I'Hémé- 
ROBE  perle,  (l.) 

TOLO.  V.  TOULOU.  (v.) 

TOLOCATZANATL.  C'est ,  au  Mexique ,  le  nom  du 
Tolcana.  V.  ce  mot.  (s.) 


i8S  T  O  L 

TOLOLA.  V.  TouLOLA.  (s.) 

TOLPEL.  Nom  allemand  des  Fous,  (v.) 

TOLPIDE  ,  Drepania.  Genre  de  plantes  de  la  syBgénésic 
polygamie  égale  ,  et  de  la  famille  des  chicoracées ,  qui  offre 
pour  caractères  :  un  calice  polyphylle  sur  deux  rangs ,  entoure 
à  sa  hase  d'écaillés  sétacées,  éparses  ,  courbées  en  faux  dans 
la  maturité;  un  réceptacle  nu ,  garni  de  demi-fleurons  ,  tous 
hermaphrodites  ;  des  semences ,  dont  celles  du  centre  ont 
des  aigrettes  simples  très-longues  ,  et  celles  de  la  circonfé- 
rence des  aigrettes  très-courtes. 

Ce  genre  a  pour  type  la  Crépide  barbue  de  Linnaeus. 

M.  Bivona  Bernardi  a  fait  imprimer,  à  Palerme  ,  en 
1809,  une  monographie  de  ce  genre,  avec  figures,  dans 
laquelle  il  porte  le  nomhre  de  ses  espèces  à  cinq,  (b.) 

TOLPIS.  Genre  établi  par  Adansonsurle  crépis harbata , 
L.  C'est  le  même  que  le  drepania  de  Jussieu;  mais  le  pre- 
mier nom  étant  plus  ancien ,  doit  être  adopté.  V.  ïol- 
PIDE.  (ln.) 

TOLTECOLOGTLÏ.  Sarcelle  du  Mexique.  V.  Sar- 
celles au  mot  Canard,  (s.) 

TOLU,  Tuluifera.  Arbre  résineux  à  feuilles  ailées  avec 
impaire  ,  à  fleurs  disposées  en  grappes  axillaires  ,  qui  forme 
«o  genre  dans  la  décandrie  monogynie  et  dans  la  famille  des 
térébinthacées. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  un  calice  campanule  ,  à 
cinq  dents;  une  corolle  de  cinq  pétales,  dont  quatre  linéaires 
égaux,  le  cinquième  en  cœur  et  plus  grand;  dix  étamines 
très-courtes  ;  un  ovaire  supérieur  à  stigmate  sessile  ;  un  fruit 
pyriforme,  quadriloculaire  et  quadrisperme. 

Le  to/«  se  trouve  dans  le  Mexique,  et  s'élève  à  une  assez 
grande  hauteur.  C'est  lui  qui  fournit  ,  par  incision ,  la  résine 
connue  sous  le  nom  de  laume  de  Tolu  ,  baume  de  l' Amérique  ^ 
baume  de  Carthagène  ^  baume  dur,  baume  sec.  Cette  résine  est 
d'un  blond  roussâtre,  d'une  odeur  voisine  de  celle  du/^e/yWo  , 
d'un  goût  doux  et  agréable,  d'une  consistance  tantôt  entière- 
ment solide,  tantôt  un  peu  molle.  On  en  fait  peu  d'usage  en 
France,  mais  on  l'emploie  fréquemment,  en  Angleterre, 
dans  la  phthisie  et  les  ulcères  internes.  En  général ,  elle  a  les 
mêmes  vertus  que  le  Baume  des  Indes,  (b.) 

TOLUIFERA.  Nom  latin  imposé  au  genre  de  plantes 
qui  comprend  l'arbre  duquel  on  relire  le  suc  connu  sous  le 
rom  de  tolu  ou  tolut,  et  de  baume  de  tolu.  V.  ToLU.  (ln.) 

TOLYPEUTES.  Nom  tiré  du  grec  nhtJTrivuv ,  conglo-^ 


T  O  M  189 

merare ,  donné  par  Illiger  à  un  genre  dont  les  types  sont  11- 
dasypus  iricinctus  ,  et  le  dasypus  quadriciiictus  de  Linn.  Ce  frenre 
ne  nous  paroissant  fondé  sur  aucun  caractère  essentiel,  ne 
nous  a  point  paru  susceptible  d'être  adopté,  (desm.) 

TOMATE.  Nom  jardinier  d'une  espèce  de  Morelle.  (b.) 

TOMATERA  et  TOMATA.  Noms  espagnols  des  To- 
mates. V,  MORELLES.  (LN.) 

TOMBAC.  Alliage  de  cuiore  et  de  zinc  formé  par  la  fusion 
directe  et  simultanée  des  deux  métaux  :  quand  cet  alliage  se 
fait  par  la  voie  de  la  cémentation  du  cuivre  avec  la  calamine 
ou  oxyde  de  zinc,  on  obtient  du  laiton  qui  a  l'avantage  d'être 
aussi  ductile  que  le  cuivre  pur ,  au  lieu  que  le  tombac  est 
cassant  ;  mais  la  couleur  de  ce  dernier  est  beaucoup  plus 
agréable  ,  et  il  est  susceptible  d'un  beau  poli.  On  appelle 
aussi  cet  alliage    similor  ,  métal  de  prince  ,  et  or  de  Manheim. 

(PAT.) 

TOMBEKBE.  Nom  qu'on  donne  ,  à  la  Floride ,  au  Qua- 
MOCLlT  (  Ipomœa  quamoclit,  Linn.).  (ln.) 

TOMBFRONGS.  Nom  mandingue  du  Lotus,  dont  on 
fait  une  grande  consommation  à  l'est  du  Sénégal.  F.  Juju- 
bier, (b.) 

TOMENTUM.  Valerius  Cordus  a  donné  ce  nom  aa 
Jllago  germanica  ^  L.  V.  FiLAGE.  (Lî^,) 

TOMEX.  Il  y  a  trois  genres  de  plantes  de  ce  nom  :  savoir, 
le  tomex  de  Llnnseus  ,  le  iomex  de  Thunberg  ,  et  le  tomex  de 
Forskaël.  Le  premier  avoit  été  adopté  par  Adanson  ,  et: 
nommé  illa  par  lui  :  ce  dernier  nom  est  celui  que  ,  selon  Bur- 
mann  ,  on  donne  ,  au  Malabar  ,  à  l'arbre  que  Linnseus  avoîG 
pris  pour  type  de  son  genre  ,  et  qui  se  fait  remarquer  par  le 
duvet  laineux  et  serré  qui  couvre  ses  rameaux,  et  le  dessous, 
de  ses  feuilles,  d'où  les  dénominations  génériques  et  spéci- 
fiques de  tomex  tomentosa  que  lui  imposa  Linnseus.  Murray  et 
Vahl ,  et  même  Linnœus  ,  dans  son  Mantissa  ,  y  reconnurent 
ensuite  une  espèce  de  callicarpa;  c'est  le  calUcarpa  lanata^ 
Linn. ,  mais  que  Lamarck  rapporte  au  comutia  pyramidata. 

Le  second  genre  tomex  ^  celui  de  Thunberg,  a  été  adopté 
parSchreberet  par  Willdenow.  Ce  dernier  lui  a  reconnu  les 
caractères  des  tetranthera  de  Jacquin,  et  sebifera  de  Loureiro  , 
fondés  sur  deux  autres  arbres  qui  naissent  en  Chine.  Le  sebi- 
fera de  Loureiro  ,  qui  se  trouve  aussi  en  Cochinchine  ,  est 
le  laurus  involucrati  de  Retz  ,  et  l'arbre  dont  Klein  avoit  fait 
son  genre  berrya.  Depuis  ,  Jussieu  a  prouvé  que  le  iomex  de 
Willdenow  devoit  être  réuni  au  litsea  de  Lamarck ,  où 
viennent  encore  se  joindre  :  Vhexanthus  de  Loureiro  ,  le 
glabraria  de  Linnseus  ,  le  Jkva  de  Gmelin  ,  et  quelques  es- 


igo  T  0  M 

pèccs  de  launis.  Tous  ces  genres  en  consliluent  un  seul  que 
Jussieu  et  R.  Brown  placent  dans  la  famille  des  lauriers,  tt 
qu'ils  désignent  ,  avec  Lamarck  ,  par  le  nom  de  litsea. 

Le  troisième  genre  tomex  esl  celui  de  Forskaël ,  qui  a 
pour  type  le  dober  des  Arabes  ,  arhre  dont  on  mange  les 
îruils  en  Arabie.  Ce  genre  est  le  dulera  de  Jussieu  et  de 
Lamarck.  V.  Dobère.  (ln.) 

TOMICUS,  Tomirus.  Genre  d'insectes  de  Tordre  des 
coléoptères  ,  section  des  télramères ,  famille  des  xyiopliages  , 
tribu  des  scolitaires. 

Ce  genre ,  établi  par  Latreille  ,  comprend  quelques  espèces 
extraites  du  genre  scolyte;  il  a  pour  caractères  :  antennes  en 
massue  globuleuse  et  solide,  point  comprimée  ;  palpes  co- 
niques, très-courts;  mâcboires  triangulaires  à  leur  extrémité  ; 
tarses  à  quatre  articles,  le  pénultième  bifide  ;  corps  allongé  ; 
tête  de  la  largeur  du  corselet  postérieurement ,  en  museau 
très-obtus  en  devant;  yeux  point  saillans  ,  allongés;  corselet 
cylindrique  ,  faisant  le  tiers  de  la  longueur  du  corps ,  avec 
le  bord  postérieur  droit;  jambes  triangulaires  dentées  ;  tarses 

courts. 

Le  tomique  piniperde  ,  placé  parmi  les  dermestes  par  Lln- 
nœus  ,  parmi  les  bostriches  par  Fabricius  ,  et  rangé  ensuite 
parmi  les  hilésines  ,  figuré  dans  mon  Entomologie  avec  les 
scolytes  ,  pi.  i  ,  fig-  lo  ,  a  le  corps  noir  ,  cylindrique  ,  légère- 
ment velu  ;  les  antennes  et  les  tarses  ,  d'un  fauve  obscur  ; 
les  élylres  ,  striées,  arrondies  à  leur  extrémité  ,  d'un  brun 
noirâtre  ;  quelques  individus  sont  d'une  couleur  de  terre 
cuite  plus  ou  moins  obscure.  Il  se  trouve  au  nord  de  l'Eu- 
rope dans  les  bois  cariés.  Il  ronge  aussi  rinléricur  des  ra- 
meaux verts  des  pins  ;  ce  qui  les  fait  périr,  (o,  L.) 

TOMIÎNEIOS.  C'est  ainsi  que  les  Espagnols  de  l'Amé- 
rique appellent  rOisEAU-MOUCHE.  (s.) 

TOiVlMON.  Nom  des  curcuma  dans  Rumpbius.  Il  y  a  le 
lomvion  gii'ing  qui  est  le  curcuma  viridijlora  ,  Roxb.  ;  le  tommon 
îlam  ou  curcuma  cœsia  ,  Roxb.  ;  le  iommon-vianga  ou  curcuma 
amada  Roxb.  ;  et  le  tommon  poeti  ou  curcuma  leucorrhiza  , 
Roxb.  On  doit  à  Roxburg  une  très-bonne  monographie 
des  espèces  de  curcuma,  dont  il  porte  le  nombre  jusqu'à 
treize.  On  peut  dire  que  jusqu'à  lui  ces  plantes  étoient  à 
peine  connues,  (ln.) 

TOMMONlA.Tarlété  de  Froment  cultivée  à  Malte,  (b.) 

TOMOGÈRE  ,  Tomogera.  Genre  de  Coquilles  établi 
par  Denys-de-Montfort ,  pour  placer  THÉLiCE  grimace  de 
Linnseus  ,  cpnnue  sous  les  noms  de  lampe  antique  ,  de  limaçon 


TON  îgi 

à  clavicule  ritournèe.  Ses  caractères  sont  :  coquille  libre  ,  uni- 
valve,  à  spire  régulière,  aplatie:  point  d'ombilic;  ouverture 
entière  ,  arrondie  ,  dentée  ,  retournée  sur  le  dos  de  la  co- 
quille ;  lèvres  en  bourrelet  et  réunies. 

Le  ToMOGÈRE  LAMPE  ANTIQUE  est  terrestre  et  originaire  de 
l'Inde.  Sa  couleur  est  blanche ,  avec  des  lignes  spirales  oran- 
gées. Son  plus  grand  diamètre  est  de  deux  pouces.  11  est 
fort  bien  figuré  pi.  107  des  Mélanges  de  zoologie  de  Léach. 

(B.) 

TOMON-PUTE.  Racine  semblable  à  celle  du  galanga 
ou  du  curcuma.  Selon  le  voyageur  Lînscott  ,  elle  blanchit ,  et 
est  en  usage  dans  les  Indes  pour  crépir  les  murs,  (ln.) 

TO  MOUC.  L'un  des  noms  du  Bresillet  (  Cœsalpinia 
sap/ian  ),  en  Cochinchine.  (lN-) 

TOM-TIT.  Nom  que  les  Colons  de  la  Jamaïque  don- 
nent au  TODIER  YERT.  (V.) 

TONABEA  de  Jussieu.  C'est  le  genre  iaonabo  d'Aublet , 
dont  le  nom  a  été  légèrement  allcré  pour  en  faciliter  la  pro- 
nonciation ;  ce  genre  est  le  dupinia  de  Scopoli  ;  on  le  réunit 
à  présent  au  iernslroemia.  (LN.) 

TONCA  ou  ToNKA,  Tonga  et  Fève  de  Tonga.  Fruit 
du  coumarou  de  la  Guiane,  qu'on  emploie  pour  aromatiser 
le  t.ibac.  L'arbre  qui  le  produit  est  le  coumarouna  odorafa 
d'Aublet,  ou  dipterix  aduraia  ,  Willd.  Il  s'élève  à  60  pieds  de 
hauteur,  (ln.) 

TONC  H  AT.  Nom  indien  d'une  espèce  de /72ara«to(mar(772#a 
touchât,  Aubl.  ,  Will.  ).  C'est  le  doiiax  arundastrum  ,  Lour.  , 
ou  V anindastnim  touchât  saytaii,  de  Rumphius  (Amb,  4)  t.  7  ). 
Romer  (^Syst.  végét.  ),  écrit  tonckatseytan.  (LN.) 

TON-CHU.  Nom  chinois  duDRiANDRE.  (B.) 

TONDL  Grand  arbre  du  Malabar  ,  figuré  par  Rhéede  , 
mais  dont  la  fructification  n'est  pas  complètement  connue. 

(B.) 

TONDIE,  7bnj;a.  Genre  de  plantes  établi  par  Schillin^^, 
mais  qui  ne  diffère  pas  des  Paulinjes.  (b.) 

TONG.  Arbre  de  la  Chine  ,  dont  la  graine  donne  de 
l'huile.  C'est  le  Driandre.  (b.)  .,: 

TONGA.  Nom  vulgaire  de  la  JVIoRELLE  mélongène  au 
royaume  de  Loan ,  sur  la  côte  d'Afrique,  (b.) 

TONGA.  Fruit  du  Coumarouna  d'Aublet.  11  sert  à  aro- 

maiiser  le  Tabac,  (b.) 

TONGA  ou  TALPIER.  V.  Chique  et  Puce,  (l.) 
TONG-CHU  ,  Sterculia.  Genre  de  plantes  de  la  dodécan- 

drie  monogynie  et  de  la  famille  des  slerculiacécs  ,  dont  les 


19*  TON 

caractères  consistent  :  en  un  calice  coriace ,  divisé  en  cinq 
parties;  point  de  corolle;  un  godet  ouvert  à  cinq  dents,  dont 
quatre  portent  chacune  trois  étamines  à  anthères  presque 
sessilcs  ;  un  ovaire  supérieur,  pédicellé  ,  à  cinq  sillons,  à 
style  subulé  et  à  stigmate  à  deux  ou  cinq  divisions;  cinq  co- 
ques presque  ligneuses  ,  ovales  ,  rénifornies  ,  écartées  ,  ou 
presque  réfléchies,  pédiceliées  ,  uniloculaires  ,  s'ouvrent  du 
côté  intérieur  ,  et  contenant  plusieurs  semences  insérées  le 
long  de  leurs  bords. 

Ce  genre  renferme  des  arbres  à  feuilles  alternes,  digilées 
ou  simples  ,  accompagnées  de  stipules  caduques  ;  à  fleurs 
disposées  en  panicules  terminales ,  dont  les  divisions  sont 
munies  de  bractées.  Il  a  été  placé  dans  la  monoécie  par  Lin- 
tieeus  ,  parce  que  plusieurs  fleurs  avortent  souvent  ;  mais  cet 
avortement  n'est  que  circonstanciel.  Il  contient  douze  espè- 
ces ,  dont  les  plus  importantes  àconnoîlre  sont  : 

Le  ToNG-CHU  BALANG  ,  qui  a  les  feuilles  ovales  ,  lancéo- 
lées ,  et  les  capsules  presque  ovales.  C'est  un  arbre  de  l'Inde 
qui  s'élève  fort  haut.  On  le  multiplie  autour  des  maisons  à 
raison  de  la  bonne  odeur  de  ses  fleurs.  On  emploie  son  bois , 
qui  est  fort  léger  ,  à  la  construction  de  certaines  espèces  de 
bateaux.  On  mange  ses  fruits  après  les  avoir  fait  cuire  sous 
Ja  cendre.  L'infusion  de  son  écorce  est  employée  pour  rap- 
peler les  règles ,  et  celle  de  sa  racine  pour  guérir  les  maux  de 
tête.  Cette  espèce  se  rapproche  des  Tapiers  :  Correa  ,  dans 
le  cinquième  vol.  des  Actes  de  la  Société  Linnéenne  de  Londres  ^ 
en  fait  un  genre  sous  le  nom  de  Ferronie,  depuis  appelé 
SouTHWÉLiE  par  Salisbury. 

Le  ToNG-CHU  TOUROUïiER ,  StercuUa  crinita  ,  a  les  feuilles 
ovales  ou  trilobées  ,  et  les  capsules  garnies  de  poils.  Il  se 
trouve  à  la  Guiane,et  forme  le  genre  Ivira  d'Aublet.  On  fait 
des  cordes  et  des  nattes  avec  son  écorce  intérieure.  On  ne 
peut  manier  ses  capsules  sans  que  leurs  poils  causent  une 
démangeaison  insupportable. 

Le  ToNG-CilU  PLATA1S0ÏDE  ,  StercuUa  platanifoUa  ,  a  les 
feuilles  palmées,  à  cinq  lobes;  les  calices  en  roue  et  réfléchis. 
Il  se  trouve  Qansrinde,àla  Chine,  et  se  cultive  dans  lesjardins 
d'Europe,  d'Asie,  et  d'Amérique.  C'est  un  des  plus  beaux  ar- 
bresqu'on  puisse  voir,  soitpar  son  feuillage,  soitparson  port, 
soit  même  par  son  écorce.  Il  croît  très-rapidement.  J'en  ai 
vu  un  pied  s'élever  de  huit  pieds ,  dans  une  année  ,  en  Caro- 
line, où  il  a  été  porté  par  Michaux.  Il  a  été  décrit  et  figuré  sous 
les  noms  génériques  de  j'ïrwiana  et  de  cu/^om/fl.  Les  Chinois 
le  cultivent  sous  le  nom  d'outom-chu  à  raison  de  sa  beauté,  et 
parce  que  son  fruit,  au  rapport  du  Père  Lecomle  ,  a  le  goût 


T  O  N  193 

des  noisettes ,  et  se  mange  avec  plaisir.  Il  ne  faut  pas  con- 
fondre cet  arbre  avec  V ong-tun  chu ,  le  Driandre  ,  comme 
l'ont  fait  plusieurs  compilateurs  ,  par  siiiiililude  de  nom. 

Cet  arbre  gèle  souvent  dans  le  climat  de  Paris  ,  et  a ,  par 
conséquent,  besoin  d'y  être  mis  dans  lorangerie  pendant  l'hi- 
ver. 11  y  (leurit  cependant  presque  toutes  les  années.  On  le 
multiplie  de  marcottes  ou  de  rejetons.  En  Italie,  il  fructifie 
fréquemment  en  pleine  terre ,  ainsi  que  j'ai  eu  occasion  de 
m'en  assurer. 

Le  ToNG-CHU  ACUMiNÉ.  Il  croît  en  Afrique.  Les  Nègres 
recherchent  son  fruit  appelé  kola  ,  pour  pouvoir  boire  sans 
dégoût  l'eau  souvent  mauvaise  de  leur  pays,  dont  il  a 
la  propriété,  asi  dire  de  Palisot-de-Beauvois  ,  de  faire  dispa- 
roilre  le  goût  désagréable,  si  on  la  boit  après  en  avoir  mâché. 

Le  ToNG-CHU  FETIDE  a  les  feuilles  digitées.  Il  croit  dans 
rinde  ,  où  il  est  connu  sous  le  nom  de  cwalam.  On  le  plante 
devant  les  maisons  ,  parce  qu'il  fournit  beaucoup  d'ombrage. 
Ses  fleurs  ont  une  odeur  d'excrémens  humains ,  ce  qui  lui  a 
fait  donner  le  nom  de  ùois  de  merde.  On  mange  ses  semences  , 
qui  ont  un  goût  de  châtaigne  ,  après  les  avoir  fait  cuire  sous 
la  cendre.  On  en  tire  aussi  une  excellente  huile  à  brûler.  Ses 
feuilles  écrasées  sont  bonnes  contre  les  contusions  et  les  mou- 
vemens  fébriles.  C'esl  un  des  plus  puissans  réfrigérans  qu'on 
puisse  employer  dans  toutes  les  maladies  inflammatoires. 
Son  bois  est  blanchâtre  et  ne  se  fendille  jamais.  On  en  fait 
des  vases  qui,  après  avoir  été  vernissés,  servent  à  un  grand 
nombre  d'usages  économiques. 

Le  genre  Ivira  d'Aubiet  ne  diffère  pas  de  celui-ci.  (b.) 

TONG-CHU.  On  appelle  également  de  ce  mom  le 
Driandre.  (b.) 

TOMi-TSAO.  Nom  chinois  du  Saule,  (b.) 

TON(t-XU.  Nom  chinois  d'un  grand  et  bel  arbre  qui 
croit  dans  les  forêts  de  la  Chine  et  de  la  Cochinchine.  C'est 
ItivernirJa  moniana.Lour.  F.Cay-deau-son  et  DriandRE.(ln.) 

TONKIN.  Arbuste  grimpant  delà  Chiné  ,  à  fleurs  très- 
odoranles.  Son  genre  ne  m'est  pas  coimu.  (b.) 

TONINE.  Petite  plante  à  tiges  grêles,  à  feuilles  alternes, 
rapproctiées,  linéaires,  très-longues,  engainantes  à  leur 
base  ,  el  à  fleurs  disposées  en  tête  sur  un  long  pédoncule  axil- 
laire  ,  accompagnées  de  bractées  squamiformes  ,  qui  forme 
un  genre  dans  la  monoécie  hexandrie. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  une  fleur  mâle  à  côté 
d'une  fleur  femelle  ,  enveloppées  par  les  bractées  et  portées 
5ur  de  petits  pédoncules  propres,  munis  d'une  petite  brac- 
tée. La  fleur  maie  a  un  calice  divisé  en  trois  parties ,  et  sup- 


194  T  0  N 

t)orte  une  vésicule  blanche  ,  fermée  ,  comprimée  à  son  som- 
met,  marquée  de  six  nervures,  auxquelles  répondent  autant 
d'étamines.  La  fleur  femelle  n'a  ni  calice  ni  corolle  :  c'est 
un  ovaire  arrondi  ,  surmonté  d'un  style  triangulaire  qui  se 
divise  en  trois  stigmates.  Le  fruit  est  une  capsule  à  trois  val- 
ves ,  qui  ne  contient  qu'une  seule  semence. 

C'est  dans  les  eaux  de  la  Guiane  que  croît  la  tonine.  Elle 
forme,  au  fond,  des  touffes  très-denses  et  couchées  dans  le 
sens  du  courant.  Elle  fleurit  en  février,  (b.) 

TONNE ,  Dolium.  Genre  de  leslacés  de  la  classe  des  Uni- 
valves, dont  les  caractères  consisi  eut:  en  une  coquille  ventrue, 
suhglobuleuse,  cerclée  transversalement ,  à  bord  droit  denté 
et  crénelé  dans  toute  sa  longueur,  à  ouverture  oblongue  , 
très-ample  ,  échancrée  inféricurement. 

Ce  genre  a  été  établi  par  Lamarck.  Il  renferme  des  co- 
quilles assez  bien  distinguées  par  leur  forme  arrondie  et  par 
le  peu  d'épaisseur  de  leur  test.  Ce  sont  celles  qui  compo- 
sent la  première  division  des  Buccins  dans  le  Systema  naluroSy 
division  caractérisée  par  le  nom  ampnllacea.  On  peut  leur 
donner  pour  type  le  buccin  casque  ou  le  buccin  pomme.  V.  pi. 
R.  2  où  il  est  figuré.  On  en  compte  une  douzaine  d'espèces, 
dont  les  grosses  s'emploient ,  dans  le  midi  de  la  France ,  pour 
puiser  l'huile  dans  les  vases  où  on  l'a  déposée,  (b.) 

TONNE  BIGARRÉE.  Nom  vulgaire  du  voluta  cymbium 
de  Linnceus.  (desm.) 

TONNE  CANNELÉE  ou  TONNE  TIMBRE.  C'est 
une  vraie  "^roiSNE  pour  Denys-de-Montfort.  (desm.) 

TONNE  FLU\  IA.TILE.  C'est  «ne  Lymnèe  ,  Lymnœus 
auriculariiis.  (DESM.) 

TONNE  A  MAMELON.  C'est  le  voluta  oUa  de  Lin- 
nœus.  (desm.) 

TONNE  DE  MER.  Nom  vulgaire  du  Télescope  bouée, 

TONNE  RÉTICULÉE  (PETITE).  C'est  undesnoms 
vulgaires  de  la  CaNCELLaIRE  UÉTICULÉE,  CancclUnia  reiuulata. 

(desm.) 
TONNE  SPHÉRIQUE  ou  TONNE  PERDRIX.  Co- 
quille du  genre  huccinnni<\e  LinUc-eus,  dont  Denys-de-Monl- 
fort  forme  le  genre  nouveau  qu'il  appelle  Perdxhx  ,  Penîix. 

(desm.) 
TONNEAU.  Variété  de  poire.  V.  aumotPomiER.  (desm.) 
TONNELLE.  Instrumenldc  chasse,  r.  l'article  Alouette. 

(V.) 


T  O  N  îgS 

TONNËNSTEIN.  Nom  qu'on  donne,  en  Prusse,  à  uhe 
qualité  particulière  de  Succln.  F.  ce  mol.  (ln.) 

TONNERRE.  Ce  mot  désigne  I'ex[)losion  bruy,Tnte  qui 
accompagne  la  foudre  dan*  les  orages.  Ou  ignore  lout-à  -fait  k 
quoi  cette  explosion  est  due  ;  ce  que  Ton  peul  conjecturer  à 
cet  égard  avec  le  plus  de  vraisemblance  ,  c'est  (ju'au  moment 
où  la  foudre  éclate  dans  un  nuage  ,  il  s'y  forme  tout  à  coup 
un  grand  vide  ,  par  la  réduction  subite  des  vapeurs  aqueuses 
à  l'état  liquide,  et  que  l'air  ambiant  se  précipitant  dans  ce 
goulTre  ,  y  cause  le  bruit  du  tonnerre.  On  entend  en  effet  un 
Lruit  semblable  quand  on  brise  des  bulles  de  verre  que  Ton 
â  scellées  après  que  l'air  intérieur  y  étoit  raréfié  par  la  cha- 
leur. Au  reste ,  cette  conjecture  ne  porte  que  sur  le  mode 
par  lequel  le  bruit  est  occasioné  ;  car,  quant  à  la  foudre 
même  ,  qui  en  est  la  première  cause  ,  on  prouve,  par  des 
expériences  incontestables ,  qu'elle  consiste  dans  une  dé- 
charge électrique  ;  car  on  peut  soutirer  celte  éleciricité  par 
des  pointes  élevées  dans  le  nuage ,  et  la  faire  descendre  k 
terre  ;  après  quoi  il  ne  se  fait  plusni  décharge  ni  fulmination. 
Cette  belle  expérience  fut  faite  pour  la  première  fols  par 
Franklin,  (biot.) 

TONNITE.  C'est  la  Tonne  fossile,  (b.) 

TONSELLE.  Tonsella.  Genre  de  plantes  de  la  triandrie 
monogynie, qui  a  été  établi  par  Aublet,  etqui  offre  pour  ca- 
ractères :  un  calice  divisé  en  cinq  parties  aiguës  ;  une  corolle 
de  cinq  pétales  ovales  ,  urcéolés  dans  leur  disque  -,  trois  éta- 
mines  ;  un  germe  supérieur  surmonté  d'un  disque  charnu,  au 
travers  duquel  passe  un  style  à  stigmate  obtus;  une  baie 
sphérique,  uniloculaire  ,  contenant  quatre  semences. 

Ce  genre  renferme  deux  arbrisseaux  sarmenteux  ,  dicho- 
lomes  ,  à  feuilles  opposées  ,  ovales  ,  légèrement  péliolées  , 
et  à  fleurs  disposées  en  petites  grappes  dans  les  aisselles  des 
feuilles  supérieures. 

L'un  ,  la  ToNSÈLLE  grimpante  ,  a  les  feuilles  très-entiè- 
res et  aiguës.  Elle  se  trouve  dans  les  grands  bois  de 
Cayenne. 

L'autre,  la  Tonselle  d'Afrique  <,  a  les  feuilles  obtuses 
et  dentées  par  des  glandes.  Elle  se  trouve  en  Guinée.  Les 
genres  Bejuco,  Anthocon,  Salacie,  Sicilion  etCALYP.so, 
s'en  rapprochent  beaucoup,  (b.) 

TON  FANE,  Bcllardia.  Plante  rampante  à  feuilles  oppo- 
sées ,  péliolées  charnues  ,  parsemées  de  poils  ,  entières  ^ 
ovales,  aiguës,  et  accompagnées  de  stipules,  à  fleurs  dispo- 
sées en  tele  sur  des  pédoncules  communs    axillaires  ,   qui 


196  T    O  P 

forme  un  genre  dans  la  le'lrandrie  monogynie  et  dans  la  fa- 
mille des  rubiacées. 

Ce  genre  offre  pour  caractères;  un  calice  turbiné  à  quatre 
dents;  une  corolle  monopétalc,  infundibuliforme,  à  tube 
très-long  et  à  limbe  divisé  en  quatre  lobes  aigus;  quatre  éta- 
iiiinos  insérées  à  la  gorge  de  la  corolle  ;  un  ovaire  inférieur 
surmonté  d'un  style  à  stigmate  bifide;  une  baie  ovale  ,  cou- 
ronnée par  les  dénis  du  calice  ,  à  deux  loges,  contenant  plu- 
sieurs semences  presque  rondes,  convexes,  bordées  d'une 
membrane ,  et  noires. 

La  tonlane  se  trouve  dans  les  forêts  humides  de  Cayenne. 
Elle  est  en  fleurs  toute  l'année.  Les  genres  Petesie  et  Fer- 
NEL  s'en  rapprochent  beaucoup,  (b.) 

TONTELLE.  Synonyme  de  Tonselle.  (b.) 

TO-NYHIOU.  Nom  siamois  de  deux  arbres  qui  four- 
nissent de  la  Ouate,  Ce  sont  probablement  des  Fromagers. 

(B.) 

TONYN.  L'un  des  noms  hollandais  du  Marsouin,  es- 
pèce de  cétacé  du  genre  Dauphin.  V.  ce  mot.  (desm.) 

TOOK.  Les  Tungouses  ,  selon  Erxleben,  donnent  ce 
nom  à  I'Elan,  quadrupède  du  genre  des  Cerfs.  V.  ce  der- 
nier mol.  (desm.) 

TO-OLAICE  ouHangoo.  Noms  que  porte,  à  l'île  d'O- 
laïti,  le  grand  Phaéton  ou  grand  Paille-en-queue.  (y.) 

TOPAN.   V.  Calao,  (v). 

TOPARA.GNO.  L'un  des  noms  italiens  de  la  Musa- 
raigne, (desm.) 

TOPAS  ou  TOPAZ ,  des  minéralogistes  allemands. 
V.  Topaze,  (ln). 

TOPASFLUORS.Ce  nom  a  été  donné,  par  Wallerius, 
au  QuARZ-HYALiN  JAUNATRE  ;  et  pat  Gmelin  ,  à  la  Chaux 

FLUATÉE  JAUNE.   (LN.) 

TOPASITES.  R.  Forster  donne  ce  nom  à  la  Roche  a 
T0P\ZE  ,  OU  ToPASFELS.  V.  ce  mot.  (ln.) 

TOPASIUMROHEMICUM,  de  Calcéolarius.  C'est 
le  QuARZ  HYALIN  ,  de  couleur  jaune   enfumée,  (ln.) 

TOPASIUS  pour  Topazius.  F.  les  articles  Topazes, 
ToPAZios  t^t  Topazius  (ln.) 

TOPAZE.  Cette  substance  minérale  ,  que  les  minéra- 
logisti^s  ont  d'abord  classée  avec  lespierres  dures  proprement 
dites,  oùse  trouvent  rangées  la  plupart  des  pierres  gemmes, 
est  maintenant  reportée  par  eux  dans  la  classe  des  sels, 
classe  qui  n'a  pas  d'autre  caractère  dlstinclif  que  celui  de 
présenter  des  composés  d'un  acide  avec  une  base  ;  caractère 
qui  devient  même  nui  du  momect  qu'on  en  a  exclu  les  sels  à 


TOP  197 

base  melallique.  Ainsi  donc,  la  topaze  ,  celle  gemme  pré- 
cieuse ,  est  un  sel  !  Ceci  'paroîtra  singulier  aux  personnes 
auxquelles  les  progrès  de  la  chimie  moderne  sonl  inconnus; 
mais  il  faut  bien  se  soumettre  au  résultat  de  l'expérience  , 
et  consentir  à  voir ,  dans  nos  méthodes,  la  topaze  placée 
tout  auprès  de  la  potasse  nitrafée  ou  le  salpêtre  (  F.  vol.  21, 
p,  i58),  quoiqu'il  y  ait  de  fort  grandes  différences  entre 
ces  deux  sels.  11  est  vrai  qu'en  adoplant  la  méthode  de  M, 
Berzélius ,  la  topazs  se  trouve  plus  heureusement  rappro- 
chée; car,  alors,  elle  viendroit  se  mettre  tout  auprès  du  co- 
rindon, et  dans  une  série  de  minéraux  qui ,  jusqu'à  présent, 
ne  comprend  que  des  pierres  proprement  dites. 

Avant  que  la  chimie  reconnût  que  la  topaze  étoit  de  la 
silice  jluatée  alumîneuse  (^  Haiiy),  ou  de  V aluminium  Jluost'/icaié 
(Berz.  ),  cette  pierre  occupoit,  dans  Téchelle  des  pierres 
dures  ,  le  quatrième  degré.  Sa  dureté  et  son  infusibililé  le  lui 
avoient  assigné,  et  elle  formoit ,  avec  le  corindon  ,  la  cy- 
mophane  ,  le  spinelle  ,  l'émeraude,  Teuclase  ,  le  zircon  , 
le  grenat,  un  groupe  qui  avoit  été  admis  long-temps  comme 
très-naturel,  et  où  se  trouvoient  les  gemmes  les  plus  précieuses 
après  le  diamant. 

De  nombreux  caractères  font  distinguer  la  topaze  de  toutes 
les  pierres  ,  près  desquelles  elle  a  été  successivement  placée. 
Elle  est  toujours  cristallisée  :  ses  cristallisations  sont  pris- 
matiques et  très-remarquables  par  une  cassure  lameiieuse 
éclalanle  qui  s'effectue  perpendiculairement  à  l'axe  du  prisme, 
et  celui-ci  est  toujours  strié  longitudinalement.  La  topaze 
ne  le  cède  guère  en  dureté  qu'au  diamant,  au  corindon  ,  à  la 
cymophane  et  au  spinelle  ;  elle  est  un  peu  plus  dure  que  le 
zircon,  mais  elle  raye  l'émeraude  ,  le  béryl,  le  grenat  et 
le  quarz  ,  et ,  par  conséquent ,  toutes  les  substances  que 
celles-ci  entament.  Ces  deux  caractères  font  reconnoître 
aisément  la  topaze  ;  mais  il  en  existe  un  troisième  qui  , 
quoique  difficile  à  vérifier,  ne  laisse  pas  que  d'être  excellent; 
c'est  celui  d'être  électrique  par  chaleur  dont  jouit  la  to- 
paze ,  et  qu'elle  conserve  assez  long-temps  après  avoir  été 
chauffée.  M.  Jlaiiy  rapporte  qu'une  topaze  blanchâtre  de  Si- 
bérie n'a  perdu  sa  vertu  électrique  qu'au  bout  de  plus  de 
vingt-quatre  heures.  Le  plus  léger  frottement  et  la  simple 
pression  entre  les  doigts  suffisent  pour  développer  celte  pro- 
priété dans  certains  cristaux,  lorsqu'on  agit  par  un  (emps  fa- 
vorable. Les  autres  caractères  de  l'espèce  minérale  dont 
nous  traitons  sont  les  suivans. 

Ses  couleurs  sont  :  le  blanc  limpide,  le  violet  pâle  ,  le 
jaune rougeâtre  ouïe  rouge,  le  jaune  paille  ,1e  jaune  bleuâtre 


ï^S  TOP 

ou  veiJâlre,  le  bleu,  le  verdâtre  et  le  violel  de  divers  de- 
grés de  teiuies. 

Elle  varie  depuis  l'opacité  presque  parfaite  ,  jusqu'à  la 
transparence  la  plus  complète;  alors,  elle  jouit  delà  ré- 
fraction double.  Ses  formes  cristallines  sont  des  prismes  à 
base  rhomboïdale  ,  à  quatre  pans  ou  plus ,  cannelés  ou 
striés  longiludinalement ,  et  terminés  par  des  pyramides 
obtuses  et  en  pointes  ,  ou  en  biseau  ,  ouépointées,  et  à  une 
ou  deux  rangées  de  facettes  lisses  :  quelquefois  il  y  a  aussi  des 
petites  facettes  sur  les  angles  solides.  M.  Uaiiy  a  observé  que 
ceux  de  ces  cristaux  qui  se  présentent  avec  leurs  deuxsom- 
snefs,  avoient  un  nombre  différent  de  f.Tceltes  à  cbacun  de 
leurs  sommets,  ce  qui  explique  pourquoi  la  topaze  jouit  de  la 
double  électricité  positive  et  négative,  phénomène  qui  a  lieu 
dans  tous  les  cristaux  d'autres  subslances  qui  offrent  la  même 
diflerence  ,  et  notamment  l.i  lourmaline  et  la  magnésie  bo- 
ratée  (F.  Miméralogie.  ).  Dans  la  topaze,  comme  dans  ces 
substances,  le  sommet  le  plus  compliqué  laisse  manifester 
Téiectricilé  vitrée  ou  positive,  et  le  moins  compliqué  Télec- 
tricilé  résineuse  et  négative. 

Le  noyau  primitif,  ou  la  fornïc  primitive  ,  est ,  suivant  M. 
Haiiy,  un  octaèdre  à  base  rectangulaire  ,  dans  lequel  deux 
faces  opposées  de  la  même  pyramide  sont  inclinées  sur  les 
faces  asialogues  et  respectives  de  Tautre  pyramide  de  88  d. 
2  '.  Linc'inaison  des  autres  faces  est  de  i  22  d.  4.2'.  On  peut 
se  représenter  cet  octaèdre  en  fusant  remarquer  que  les  fa- 
ces des  pyramides  se  réunissent  <leuxà  devx  au  sommet,  sous 
les  angles  de  yi  d.  58  et  de  Sy  d.  18'.  Cet  octaèdre  se  divise 
très-nettement  dans  le  sens  du  rectangle  qui  sert  de  base 
commune  aux  deux  pyramides. 

Les  formes  secondaires  sont  très-nombreuses  ;  mais  ,  jus- 
qu'à présent ,  on  n'en  a  décrit  qu  une  douzaine  :  nous  y  re- 
viendrons plus  bas  en  traitant  des  trois  variétés  principales 
ile  Icspècc  topaze.  Fort  peu  ont  été  observées  avec  leurs 
deux  sommets;  caries  cristaux  se  trouvent  presque  toujours 
implantés  sur   la  gangue  par  l'une  de  leurs  extrémités. 

La  topaze  se  laisse  casser  aisément  dans  le  sens  perpendicu- 
laire à  l'axe  du  prisme,  et  alors  sa  cassure  est  lamelleuse  : 
dans  toute  autre  direction  ,   elle  est  vitreuse  et  raboteuse. 

Elle  raye  le  quarz,  mais  elle  est  rayée  par  le  spinelle  ,  le 
corindon  ,  etc. 

Elle  a  une  pesanteur  spécifique  assez  considérable  ,  et 
qui  varie  de  3,43  à  3,64.. 

La  topaze  est  infusible  au  chalumeau  sans  addition,  mais 
elle  s'y  décolore,  et  quelquefois  perd  sa  transparence  et  sou 


T  o  r  159 

luslre.  Lorsqu'on  l'expose  à  une  flamme  alimentée  par  un 
courant  de  gaz  oxygène,  elle  tond  en  grain  éinaillc  ;  elle  est 
fusible  avec  le  borax  ,  mais  les  alcalis  n'ont  aucune  action 
sur  elle. 

La  topaze  pyrophysalile  réduite  en  poudre  et  placée  sur 
une  cuiller  chauffée  à  la  lampe,  fait  voir,  dans  l'obscurité,  une 
foible  lumière  phosphorique  verdâtre  qui  disparoît  prompte- 
ment.  Il  est  probable  que  toutes  les  topazes  sont  dans  le 
même  cas. 

La  topaze,  réduite  en  poudre,  verdit  le  sirop  de  violettes. 
Celle  propriété  est  plus  parliculière  à  la  topaze  jaune  du 
Brésil,  et  à  celle  dite  de  Saxe. 

Les  principes  de  la  topaze  sont  :  l'alumine  ,  la  silice  et  l'a- 
cide Huorique  ;  l'alumine  en  fait  la  moitié ,  la  silice  le  tiers ,  et 
quelquefois  plus  ;  l'acide  fluorique  varie  entre  4-,  ^t  *9 
centièmes. 

M.  Berzélius  ,  dans  un  travail  spécial  a  été  conduit  à  pla- 
cer les  topazes  gemme,  pycnite  et  pyrophysalile,  dans  la 
même  classe  ,  et  le  résultat  de  son  travail,  fondé  en  partie 
sur  ses  propres  expériences  et  sur  les  analyses  connues  (  V. 
plus  bas)  des  topazes  ,  soumises  aux  calculs  qu'exige  sa  mé- 
thode des  proportions  définies  ,  est  celui-ci  : 
Topazes  duBrésil,     de  Sibérie  ,  pyrophysa.,  pycn. 

Akrrnne  ....  58,38  .  .  .  67,45  .  .  .  67,74  .  .  •  5i 

Silice 34,01  .  :  .  34,24  .  .  .  34,36  .  .  .  38,43. 

Acide  fluorique.     7,79  .   .  :     7,75  .  .  .     7,77   ►  .   -     8,84j 

La  topaze  ne  se  trouve  que  cristallisée  dans  les  montagnes 
primitives  ou  dans  les  terrains  d'alluvion  ,  où  elle  a  été  char- 
riée par  les  eaux.  Nous  la  diviserons  en  trois  variétés  prin^ 
cipales,  savoir  : 

Topaze  gemme,  ou  proprement  dite  ; 

Topaze  pycnite  ; 

Topaze  pyrophysalite. 

L  Topaze  gemme  ou  Topaze  proprement  dite  {topaziua 
oclaedvicus  prismaticus  ,  Wall.;  Topaze  du  Brésil  et  de  Saxe  ^ 
R.  de  L.  ;  Topaz  ou  Topas,  Wern.  ;  Topaz,  James.).  Elle  se 
fait  remarquer  par  son  éclat  brillant,  par  sa  transparence  plus 
ou  moins  parfaite,  par  la  variété  de  ses  formes  cristallines, 
et  par  la  diversité  de  ses  couleurs.  C'est  elle  qui  fournit  les 
véritables  topazes  du  commerce,  qu'il  ne  faut  pas  confondra 
avec  la  topaze  orientale,  qui  est  un  corindon  vitreux  jaune; 
ni  avec  les  topazes  des  anciens.  V, ,  pour  celles-ci ,  les  articles 
topa^ios  et  topazius. 


200  TOP 

Les  analyses  qui  ont  élé  failesparKfaprath,  Yauquelin, 
y  indiquent  les  principes  suivans: 


Topaze  du  Brésil, 

de  Saie, 

de  Siber. 

blanche.             jaune. 

Alumine 5o  ..  4-7  .  •  4-7,5  . 

.    59   .   .   49 

.  .  48. 

Silice 29  .  .  28  .  .  44,5  . 

.  35  .  .  29 

.  .  3o. 

Acide  fluorique  .   19   .  :   17  ,  .      7,0  . 

.  o5  .  .  20 

.  .  18. 

Fer  oxydé    ...     ô  .  .     4.  .  .     o,5  . 

.  trace.     0 

.  .     3. 

Perle 2   .  .     4.  .  .     o,5  . 

.      I   .   .     2 

.   .     a. 

V.         V.         Kl. 

Kl.     y. 

V. 

La  topaze  se  présente  en  cristaux,  ordinairement  de  la 
grandeur  du  pouce  et  plus;  mais  quelquefois  cependant  elle 
est  beaucoup  plus  volumineuse.  Le  plus  grand  cristal  connu 
est  celui  qui  fait  partie  de  la  collection  de  M.  Heuland  à 
Londres.  On  en  voit  un  de  trois  pouces  de  diamètre  dans  le 
cabinet  de  minéralogie  de  M.  del)rée,à  Paris.  Ces  deux  cris- 
taux proviennent  de  la  Dnourie.  La  topaze  se  trouve  aussi 
roulée-,  c'est  ordinairement  alors  qu'elle  esl  le  plus  propre 
h  la  (aille:  Nous  avons  vu  une  topaze  blanche  roulée, du  Bré- 
sil, de  la  grosseur  du  poing,  volume  extraordinaire.  On  a 
dit  que  le  diamant  appartenant  au  roi  de  Portugal ,  et  si  fa- 
meux par  son  volume  ,  n'éloit  qu'une  (opnze  blanche. 

Les  formes  cristallines  les  plus  remarquables  que  présente 
cette  gemme  ,  sont  les  suivantes  ,  d'après  M.  Haiiy.  11  en 
existe  ,  dans  les  cabinets ,  un  assez  grand  nombre  d'autres  , 
qui  n'ont  pas  encore  été  décrites. 

1*.   Cristaux  observés  avec  un  seul  sommet. 

1.  T .  quadrioctonale ^  Haiiy,  Tabl.  comp.  18;  (Z'.  dloctaèdre^ 
Haiiy  ,  Trait.  2  ,  pi.  44»  fig-  ^7  )•  Prisme  octaèdre  à  sommet 
tétraèdre.  Les  deux  arêtes  du  prisme  les  moins  obtuses  ont 
93  d.  60';  chaque  face  du  sommet  est  inclinée  sur  le  pan 
adjacent  de  iJ5  d.  59'  ;  celte  forme  est  rare  et  ne  s'ob- 
serve que  dans  la  topaze  jaune  du  Brésil  et  ses  variétés  de 
teintes. 

2.  T.sexoctonale,  Haiiy,  /.  c.  {T.  soustrar.tive ,  Haiiy, Tr.,  /.  c, 
fig.  38).  La  forme  précédente,  dont  le  sommet  esl  augmenté 
de  deux  faces  P  ,  naissant  sur  les  arêtes  z  ,  forntant  avec 
elles  un  angle  de  i34d.  i' ,  et  se  réunissant  au  sommet  sous 
l'angle  de  91  d.  58'.  Dans  cette  forme,  comme  dans  plusieurs 
des  suivantes  ,  les  six  faces  de  la  pyramide  sont  tantôt  réunies 
en  pointe,  et  tantôt  les  deux  nouvelles  ont  plus  d'étendue  et 
terminent  le  cristal  en  coin  ou  en  biseau. 

Le  ci'istal  cunéiforme  a  une  physionomie  toute  particu- 
lière ;  les  topazes  blanches  ,  verdàtres  ou  bleuâtres  ,  sont  su- 


T     O     P  201 

jelles  à  prendre  cet  aspect ,  quels  que  soient  leurs  formes 
propres  et  le  pays  tVoù  elles  viennent. 

3.  T.  septioctonale,  Haiiy  (T*.  munusfii/iie,  liaiiy.  Trait.,  /.  <-., 
fig.  39).  La  forme  précédente  ,  plus  une  face  horizontale  qui 
remplace  la  pointe  ou  sommet  de  la  pyramide. 

4..  T.  septiduodérimale ,  Haiiy  (  T.  souchuhle^  Hauy  .,  l.  c.  ^  fig. 
4o  ).  La  variété  précédente,  dont  le  prisme  a  douze  pans: 
savoir  ,  deux  de  plus  sur  chaque  côlé ,  et  remplaçant  les  arêtes 
z  en  faisant  un  angle  de  ii5d.  -26'. 

5.  T.  irédéiioctunale^  Hauy  (T.  distique^  Trait.,  /.  c,  fig.  /J.i). 
La  variété  paonoàtique  ,  dont  le  sommet  déjà  à  sept  facettes  , 
en  offre  six  de  plus  ;  savoir  ,  quatre  accouplées  autour  de  la 
facette  horizontale ,  et  deux  autres  petites  t  langulaires,  qui 
coupent ,  chacune  dun  côlé,  l'angle  que  forme  l'arête  z  el  la 
facette  P  adjacente. 

7.  T.  quindécior.tonale  ^  Haiiy  (2'.  dissimilaiie  ,  Haiiy,  Trait., 
/.  c.  ,  fig.  4.2  ).  La  précédente  ,  sans  les  deux  petites  facettes 
trlongulaires  des  deux  angles  latéraux,  et  avec  quatre  facettes 
de  plus  ,  situées  deux  de  chaque  côté  des  deux  arêlcs  latérales 
supérieures  de  la  facette  P. 

II*.  Cristaux  observés  m^ec  leurs  deux  sommets. 

8.  T.  dihexaèdre,  Hauy  ,  Tabl.comp.  17  ,  fig.  28  Prisme  à 
six  pans, dont  quatre  sont  ceux  qui  renjplaccnt  les  arctes  z,  et 
qui  fout  partie  de  l.'i  (orme  sepliduodédmale  ;  sommet,  d'une 
parl^on  biseau  formé  parles  faces  ;  de  l'autre,  le  même  som- 
met avec  une  facette  iermi^iale  horizontale,  dont  ics  arêtes 
latérales,  contiguës  aux  faces  du  sommet,  sont  remplacées 
chacune  par  une  facette. 

9.  T.  octosexdécinule^  Hauy,Tabl.,/.  c,  fig.  29.  Prisme  de  la 
variété  sexoctonale  ;  un  des  sommets  est  celui  à  six  faces  de  la 
même  variété,  mais  régulier;  l'autresommet  oft're,en  outre  , 
quatre  facettes  sur  les  arêtes  supérieures  des  facettes  P. 

iH*.  Cristaux  composés. 

10.  2\  madée.  La  variété  guadrioctonule ,  dont  deux  cristaux 
sont  réunis  de  manière  à  off»  ir  des  angles  rentrans  comme  la 
forme  hémiirope  de  Télain  oxydé  (  V.  Théorie  de  la  cristalli- 
sation ,  plai:che3,  figure  14).  Celle  forme  est  indiquée  par 
M.  Mavve  dans  son  Voyage  au  Brésil. 

IV*.   Formes  indéterminables. 

11.  T.  laminaire  {Muschiiger  Teldspath  .lÀnV).  La  topaze 
blanche  du  Brésil  esl  très-remarquable  par  la  facilité  avec 
laquelle  on  la  casse  dans  le  sens  de  ses  lames  ,  ce  qui,  joint  a 
sa  limpidité  ,  l'avoit  fait  prendre  pour  du  feldspath. 

12.  T.  granulaire.  En  masse   composée  de  gros  grains  qui 


203  T  O  V 

sont  amant  de  cristaux  imparfaits  :  elle  sert  de  eaneue  aux 
topazes  de  Sibérie. 

i3.  T.  grenue.  En  masse  ,  formée  de  grains  très-fins.  Celte 
variété  est  celle  que  les  AlIcnK-inds  ont  nommée  topasfeh  ou 
roche  à  topaze.,  parce  qu'elle  sert  de  matrice  à  la  topaze  de 
Saxe. 

14..  T.^  roulée.  Elle  est  ordinairemcnl  blanche  ou  bleuâtre, 
ou  verdâtre  ,  rarement  jaune  et  encore  moins  violette. 
V*.  Variétés  de  couleurs. 

Les  topazes,  considérées  sous  le  rapport  de  leurs  couleurs, 
forment  trois  séries  bien  dislinctes  qui,  cliacune  ,  présentent 
plusieurs  teintes  ;  et  ce  sonl  elles  (jui  sont  désignées  vulgai- 
rement par  les  noms  de  topazrs  du  Brésil,  topazes  de  Saxe  et  to~ 
pazes  de  Sihène  ;  dénominations  synonymes  de  topazes  rous- 
salres  ou  violettes  ,  topazes  jaunes  paille  ,  et  topazes  blan- 
ches, vertes  ou  bleues.  En  effet ,  le  Brésil  et  la  Saxe  présen- 
tent des  topazes  qui  appartiennent  à  plusieurs  séries  :  ces  sé- 
ries sont  d  autant  plus  naturelles,  qu'outre  les  caractères 
fournis  par  leurs  couleurs  ,  elles  offrent  celui  des  formes  cris- 
tallines généralement  différentes.  Romé-Delisle  avoit  cru 
même  reconnoître  des  espèces  différentes  dans  ces  séries. 

A.  Topazes  jaunes  ,  roussàtres  ou  orangées  et  améthystes  .,  ou 
purpurines.,  vulgairement  fo,ortze5  du  Brésil.  —  Les  formes  cris- 
tallines habituelles  à  ces  topazes  sont  celles  que  nous  avons 
nommées  c/uadrioclonale  ,  sexoctc-nnle .,  septioctonale.  Les  cris- 
taux s'offrent  en  prismes  allongés  ,  souvent  déformés  par  de 
nombreuses  stries. 

Les  variétés  de  cette  série  viennent  toutes  du  Brésil, et  sont 
celles  qu'on  estime  le  plus  dans  le  commerce  ,  surtout  lors- 
qu  elles  ont  une  couleur  foncée,  soit  jaune  ,  soit  du  violet  de 
i  améthyste  :  cette  dernière  couleur  leur  donne  une  valeur  in- 
finiment supérieure.  Il  est  extrêmement  rare  d'obtenir  des 
topazesnaturellement  d'un  beau  violet  et  parfaites;  mais  on  y 
supplée  en  brillant  celles  qui  sont  d'un  jaune  foncé  :  quoique 
celte  opération  soit  bien  simple, elle  n'est  pas  toujours  avanta- 
geuse, parce  qu'elle  détermine  des  fentes  dans  la  pierre,  et  que 
par  conséquent  on  la  perd.  On  nomme  rubis  du  Brésil,  les  to- 
pazes naturellement  violettes,  et  topazes  hrûlées, ceWes  qui  sont 
colorées  par  le  feu.  Dans  cette  opération, l'oxyde  de  fer  (ou  le 
fer  hydraté?)  contenu  dans  la  topaze,  passe  à  un  degré  d'oxy- 
dation plus  fort  ,  et  communique  à  celte  gemme  une  couleur 
pourprée  presque  aussi  riche  que  celle  du  spinelle  balais  ou 
rubis  balais  ,  et  beaucoup  plus  belle  que  celle  du  grenat 
dit  Syrian.  Quand  on  veut  brûler  une  topaze,  llfaul  la  choisir 
d'une  teinte  dorée  ou  orangée  la  plus  foncée  possible  ;  puis 


T  O  P  2o3 

on  la  chauffe  graduellement  dans  un  creuset  fermé  et  sans 
exciter  le  feu  :  celte  opération  n'altère  pas  sa  durelé  ;  quel- 
ques personnes,  cependant,  ne  brûlent  la  topaze  quaprès 
l'avoir  fait  tailler^  sauf  à   la  repolir  après. 

On  distingue  ,  dans  le  commerce  ,  les  variétés  suivantes  : 

1.  Topaze  jaune.  Elles  est  d'un  jaune  plus  ou  moins  foncé  , 
sans  teinte  de  roux  ni  de  violet:  c'est  la  plus  répandue  et  la 
moins  estimée. 

2.  Topaze  orangée  ."EWe  est  d'une  belle  couleur,  qu'on  pour- 
roit  comparer  à  celle  de  la  liqueur  qu'on  appelle  rinn.  Celte 
variété  est  fort  recherchée  surtout  pour  les  parures  garnies  de 
diamans. 

3.  Topaze  jonquille  ou  safranée,  vulgairement  Hyacinthe  occi- 
deniale.  Elle  a  moins  de  rougeur  que  la  précédente  ,  et,  par 
conséquent,  ses  reflets  latéraux  sont  plus  clairs  ;  elle  est  fort 
rare  :  on  prétend  qu'elle  se  trouve  dans  i'Inde,  de  même  que 
la  précédente  ,  mais  cette  opinion  est  peut-être  une  suite  de 
la  dénomination  de  topaze  orientale  ,  qu'on  lui  a  donnée  à 
cause    de  sa  rare  beauté  et  de  son  vif  éclat. 

4-.  Topaze  rose.  C'est  celle  qui  est  d'un  violet  pâle  :  quel- 
quefois on  rencontre  des  cristaux  qui  sont  mi  -  partie  jaune 
et  rose.  Cette  variété  est  confondue  avec  les  suivantes  ,  sous 
les  noms  de  riihis  du  Brésil  el  de  topaze  hnilée. 

5.  Topaze  rose  pourprée.  Elle  a  la  couleur  violette  et  purpu- 
rine du  spinelle  balais. 

Les  topazes  du  Brésil  n'ont  une  certaine  valeur  que  lors- 
qu'elles dépassent  le  poids  de  trois  karals  ;  au-dessous,  elles 
se  vendent  par  partie  ou  en  masse,  ou  bien  aukarat,  selon  leur 
beauté  et  leur  volume  :  au-dessus,  leur  prix  est  variable;  une 
topaze  orangée  ,  parfaite,  taille  carrée,  à  degrés  de  ai  mil- 
limètres (8  lignes)  en  carré,  est,  à  Paris,  une  pierre  de25o 
à  3oo  francs  :  double  en  dimensions  ,  son  prix  est  qua- 
druplé, mais  de  telles  pierres  sont  exlraordinairemenl  rares, 
surtout  sans  défauts. 

Une  topaze  dun  beau  violet ,  brûlée  ou  naturelle  ,  a  une 
valeur  double  ,  à  dimensions  égales  ,  que  celle  de  la  topaze 
orangée. 

Les  topazes  du  Brésil  laissent  jouir  de  tous  leurs  avantages 
lorsqu'on  les  taille  en  carré  ou  en  ovale  ,  à  degrés  mariés 
avec  de  petites  facettes.  On  en  fait  aussi  des  boucles  d'o- 
reilles, mais  alors  le  diamant  est  nécessaire  pour  les  rehaus- 
ser. Une  belle  topaze  doit  briller  de  sa  coule«r  propre.  Les 
variétés  pâles  ,  relevées  par  un  paillon  assorlissanl,  rivalisent 
avec  celles  qui  sont  plus  colorées. 


2o4  TOP 

Jusqu'à  présent  le  Brésil  a  fourni  ces  topazes  ;  ce  sont 
Tncaie  lus  pn^nlères  variétés  de  lespècc  lopazi.-  t;>ii  aitnl  été 
connues  en  Europe,  et  ce  sont  elles  qu'on  a  noininées  lofiazcs 
ocddentiiles ,  par  opposilion  à  la  topaze  orientale  .  qui  est  un 
corindon  jaune,  peut-être  la  vraie  topaze  des  auteurs  grecs. 

(  V.  Toi'AZIOS.  ) 

Les  naturalistes  ont  long-temps  ignoré  le  gisement  des 
topazes  du  Brésil,  Il  existe  ,  dans  le  Muséum  d'His- 
toire naturelle  de  Paris,  un  gros  cristal  de  quarz  limpide  , 
rliombifère  ,  dans  lequel  sont  engagées  des  topozes  rouges 
quadrioctonales.  Une  autre  pièce,  non  moins  remarquable  , 
ostdansla  Collection  de  Minéralogie  du  Roi,  et  appartcnnit 
autrefois  à  M.  de  Bournon  :  c'est  une  réunion  de  deux  cris- 
taux de  quarz,  qui  ,  dans  leur  jointure  ,  offrent  un  cristal  de 
topaze  d'un  pouce  et  demi  de  longueur,  et  d'un  jaune  foncé. 
Une  troisième  pièce  ,  encore  plus  belle  ,  appartient  à  lVI.  le 
comie  de  Funchal  :  c'est  \in  cr/slal  de  quarz  de  huit  pouces 
de  longueur  ,  rempli  de  lames  de  fer  oligiste  ,  et  qui  contient 
aussi  un  cristal  de  topaze  de  près  de  deux  pouces  de  long  sur 
huit  lignes  de  diamètre.  Ces  associations  prouvent  que  les 
topazes  du  Brésil  gisent  dans  un  terrain  primitif  C'est 
aux  environs  de  Vilia-Ricca  qu'on  les  trouve  ,  dans  de  pe- 
tites veines  talqueuses  ,  avec  le  cristal  de  roche  ei  le  fer 
oligiste.  Depuis  fort  long-temps  on  a  beaucoup  de  difficultés 
à  s  en  procurer  de  parfaites  ;  elles  sont  géncralenient  défec- 
tueuses. L'exploitation  occupe  un  grand  nombre  d'honmies. 
On  détache  les  topazes  des  matières  qui  les  accompagnent, 
et  ensuite  on  les  transporte  à  Bio-Janeiro  ,  où  les  lapidaires 
de  cette  ville  taillent  toutes  celles  qui  sont  succeplibles  de 
quelque  beauté;  puis  ils  les  classent  par  ordre  de  grandeur 
et  de  teinte.  On  en  débite  beaucoup  au  Brésil  même ,  mais 
une  grande  quantité  aussi  se  transporte  à  Lisbonne,/ et  delà 
se  répand  dans  les  diverses  parties  de  l'Europe  ,  et  môme  en 
Asie. 

Nous  placerons  dans  cette  série  les  topazes  cristallisées, 
queM.de  Bournon  a  observées  dans  les  cavités  de  deux  roches 
que  le  Vésuve  a  rejetées  ,  et  qui  sont  composées  de  tant  de 
substances  cristallisées  si  différentes.  L'un  de  ces  morceaux 
est  un  mélange  granuleux  de  topaze  et  de  mica  ;  il  offre  des 
cristaux  de  topaze  d'un  beau  jaune  d'or  éclatant.  Le  second 
morceau  est  composé  de  grenat,  de  mica  vert  et  de  chaux 
carbonalée  :  «  ii  contient,  dit  M.  de  Bournon,  un  crisialtrès- 
«'  parfait  de  topaze  ,  dont  la  couleur  et  la  forme  sont  par- 
«  faiieinenl  analogues  à  ce  que  montre  ,  à  cet  égard ,  la  topaze 
«  du  Brésil.  »  ,  ■       , 


TOP  2o5 

L'aiiJoriîé  d'un  minéralogiste  aussi  inslruit  ne  permet  pas 
de  douter  de  Tesislence  de  la  topaze  du  Vésuve  ,  quoique  les 
cristaux  d'idocrose  ,  qui  y  sont  si  communs  ,  aient  quelque- 
fois l'aspect  de  cette  geimrïe. 

C'est  peut-être  encore  dans  cette  série  qu'il  faut  placer  les 
lopazes  d'un  beau  rose,  découvertes  par  Hawhins  ,  à  Mou- 
kia  ,  dans  !'x\sie-Mineure. 

B.  Topazes  de  Saxe  ou  jaune  paille.  —  La  topaze  de  Saxe 
proprement  dite,  est  d'un  blanc  jaunâtre  ou  dua  jaune  léger 
et  languissant;  elle  n'a  pas  l'éclat  ordinaire  aux  topazes  ;  ses 
cristaux  présentent  les  formes  sepllduudeciinale  et  (jiùndéd- 
octonale  ;  ils  sont  ordinairement  courts,  quelquefois  à  deux 
sommets,  et  ont,  au  plus,  cinq  lignes  de  diamètre. 

Celte  topaze  est  un  peu  moins  dure  que  les  autres  ;  elle 
perd  complètement  sa  couleur  au  feu  ;  sa  pesanteur  spéci- 
fique est  de  3,5G4  ;  elle  est  électrique  par  la  chaleur. 

Elle  se  trouve  près  d' Averbach,en  Saxe, dans  les  nombreuses 
fissures  et  cavités  d'un  rocher  d'environ  quatre-vingtspieds  de 
hauteur,  situé  sur  la  cime  de  la  montagne  dite  Schnecken- 
slein,  à  six  lieues  au  sud  de  Zvviekau.  Ce  rocher  est  lui-même 
composé  de  la  substance  de  la  topaze,  mêlée  de  quarz,  de 
mica  ,  de  tourmaline  et  de  lithomarge.  Les  Allemands  ont 
fait  de  cette  roche  leur  topaz-fcis  (F.  Roche  de  topaze). 
On  en  fait  usage  en  guise  d'émeril,  pour  tailler  et  polir  les 
cristaux  de  topaze  qu'on  trouve  dans  son  sein. 

Il  y  a  en  Saxe  et  en  Bohème  d'autres  gîtes  de  topazes  ;  mais 
ils  appartiennent  aux  topazes  de  la  série  suivante. 

M.  Silliman  est  parvenu,  à  l'aide  du  chalumeau  alimenté 
par  le  gaz  oxygène  ,  à  fondre  la  topaze  de  Saxe  en  un  émail 
blanc. 

C.  Topazes  blanches  ,  lieues  et  verdâlres.  —  On  trouve  sou- 
vent ,  pour  ne  pas  dire  toujours,  dans  le  même  gisement,  des 
topazes  de  couleur  hlanche,  bleue,  verdâlre  et  des  teintes  in- 
termédi..ires  ,  ainsi  que  de  brunes  enfumées  ou  de  blanches 
jaunâtres, d'une  teinte  différente  de  celle  delà  topaze  de  Saxe 
et  du  Brésil-  Ce  sont  les  plus  répandues  et  les  plus  com- 
munes ,  et  cependant  ce  sont  celles  qu'on  a  connues  le  plus 
lard  ;  c'est  encore  à  elles  que  se  rapportent  les  topazes  des 
locaîités  découvertes  dans  ces  derniers  teuips. 

Elles  sont  cristallisées  ou  roulées,  et  il  est  bon  de  faire  re- 
KJiarquer  que  ces  dernières  sont  presque  toujours  celles  qui 
produisent ,  à  la  taille  ,  les  pierres  les  plus  parfaites  ;  et  c'est 
une  conséquence  de  l'état  dans  lequel  on  les  trouve.  Il  n'y  a  , 
en  effet ,  que  les  cristaux  les  plus  homogènes  et  les  plus 
cxempSs  de  gerçures,  qui  puisscat résister,  sans  se  briser  ei 


.06  TOP 

en  s'usant  seulement  à  la  surface,  au  frotiement  prolongé 

que  les  eaux  qui  les  charrienl  leur  font  éprouver. 

Les  topazes  cristallisées  de  cette  série  atteignent  les  vo- 
lumes les  plus  forts  que  l'on  ait  encore  observés  dans  celle 
espèce  de  pierre.  Les  cristaux  sont  communément  de  la  gros- 
seur du  bout  du  pouce  ,  plus  carrés  que  dans  les  topazes  du 
Brésil,  et  ont  les  formes  les  plus  compliquées;  leurs  sommets 
affectent  de  se  présenter  en  forme  de  coin  ou  de  biseau,  plus 
ou  moins  modifié  par  les  facettes  qui  en  constituent  la  variété; 
quelquefoisleurssonmiets  sont  tronqués  très-près  deleurbase. 
i^ous  avons  observé  que,  dans  un  même  bloc  ,  tous  les  cris- 
taux étoient  implantés  sur  la  même  sorte  de  sommets;  car  on 
neremarquoit  aucune  différence  dans  ceux  qui  étoient  visi- 
bles. Patrin  quia  observé  des  cristaux  de  topazes  de  Sibérie, 
avec  leurs  deux  sommets,  assure  qu'ils  sont  semblables; 
c'est  ce  qui  n'est  point  probable  et  ce  qui  est  sujet  à  la  cri- 
tique ,  puisque  l'on  sait  que  les  cristaux,  qui  laissent  déve- 
lopper par  la  chaleur  les  deux  genres  d'électricité ,  offrent 
toujours  des  sommets  différens. 

Les  cristaux  de  topazes  de  cette  série  sont  ordinairement 
très-éclatans  ,  si  ce  n'est  quand  ils  ont  été  roulés  ;  car  alors 
ils  sont  ternes  ou  seulement  luisans,  un  peu  raboteux.  La  lim- 
pidité parfaite  est  assez  fréquente  dans  ces  topazes  ;  mais, 
quels  que  soient  leur  couleur  et  leur  éclat,  elles  ne  sauroient 
rivaliser  avec  les  topazes  du  Brésil. 

Les  topazes  demi- transparentes  ,  neigeuses  et  laiteuses, 
sont  quelquefois  verdâtres,  bleuâtres,  ou  d'un  blanc  limpide  , 
dans  le  centre,  avec  le  sommet  d'un  blanc  laiteux,  comme 
si  elles  avoient  une  écorce  ou  chemise  d'une  autre  couleur.  Il 
y  a  aussi  des  cristaux  qui  semblent  formés  de  plusieurs  cou- 
ches pareilles. 

Nous  distinguerons  les  variétés  suivantes  : 

1.  Topaze  enfumée.  D'un  gris  enfumé,  jaunâtre,  comme 
du  bois.  Se  trouve  cristallisée,  en  Sibérie,  en  Ecosse,  à  la 
Nouvelle  -  Hollande  ,  etc.;  le  gros  cristal  de  topaze  que 
nous  avons  cité,  et  qui  fait  partie  de  la  collection  de  M.  de 
Drée  ,  est  de  cette  teinte.  On  en  voit  quelques  pierres  tail- 
lées ,  qui  s'apportent  de  Moscou. 

2.  Topaze  blanche.  —  Blanche  et  d'une  limpidité  aussi 
parfaite  que  celle  du  cristal  de  roche  ,  mais  avec  un  éclat 
plus  vif.  Cette  variété  est  très  -  commune  au  Brésil ,  où  elle 
se  trouve  roulée  ;  elle  se  clive  avec  facilité  dans  le  sens  des 
laines  ;  on  reconnoît ,  sur  plusieurs  cailloux  roulés  ,  des 
restes  de  la  forme  des  cristaux;  ils  varient  de  grosseur,  de- 
puis celle   d'un   pois  jusqu'à  celle  d'une  noix ,  et  môme  , 


TOP  207 

quoique  rarement ,  beaucoup  au-delà.  Au  Brésil  on  les  taille 
et  on  les  débite  comme  les  autres  topazes  ,  mais  elles  ont 
moins  de  faveur;  elles  sont  distinguées  des  topazes  jaunes  ejt 
violettes  ,  ou  de  l'ancienne  mine  ,  par  les  noms  de  lopuzes  de 
la  nouvelle  mine  et  de  gouttes,  d'eau  ^  à  cause  que  leur  décou- 
verte est  plus  récente,  et  que  leur  limpidité  égale  celle  de 
l'eau.  La  topaze  blanche  peut  être  relevée  par  un  paillon 
de  couleur  bleu-de-ciel  ;  on  embellit  ainsi  son  éclat. 

Des  topazes  blanches  et  limpides  existent  encore  en  cris- 
taux roulés  dansles  sables  de  la  Nouvelle-Hollande;plnsieurs 
d'entre  elles,  que  nous  avons  fait  tailler,  ne  le  cèdent  point 
en  perfection  aux  topazes  blanches  du  Brésil  :  la  Sibérie  et 
l'Ecosse  donnent  aussi  des  topazes  blanches  parfaites. 

3.  Topaze  bleu-  verdàire.  Celte  variété  est  communément 
roulée  avec  la  topaze  blanche  du  Brésil,  et  se  confondroit 
aisément  avec  le  béryl  de  même  couleur  ,  ce  qui  fait  sans 
doute  qu'on  y  attache  moins  de  prix  dans  le  commence,  ou 
qu'on  l'y  emploie  comme  tel.  Sa  couleur  tire  plus  sur  le  blea 
que  sur  le  vert, 

4.  Topaze  bleue.  Elle  offre  le  beau  bleu  céleste  du  béryl  et 
ses  teintes  ,  mais  avec  un  éclat  plus  vif.  Le  Brésil  et  la  Si- 
bérie ont  offert  jusqu'ici  les  plus  belles  pierres  en  ce  genre. 
On  en  trouve  aussi  en  Ecosse  ;  la  Saxe  en  offre  également, 
de  même  que  la  Nouvelle-Hollande.  M.  Mawe  possède  une 
magnifique  topaze  bleue  du  Brésil,  taillée  et  du  poids  d'une 
once  et  un  quart.  Cette  variété  a  mérité ,  par  son  éclat ,  d'être 
décorée  des  noms  de  saphir  el  à' aiguë  marine  du  Brésil  ou  de 
Sibérie ,  selon  la  contrée  d'où  on  l'apporte.  Lorsqu'elle 
est  foncée  en  couleur,  on  l'appelle  saphir  oriental  ;  mais  à 
tort ,  le  vrai  saphir  étant  un  corindon.  On  nomme  topazes  de 
Tauris  des  topazes  d'un  bleu  pâle  qui  viennent  sans  doute 
de  Sibérie  ,  par  la  voie  de  la  Perse  et  de  l'Asie  mineure. 

5.  Topaze  d\m  vert  pâle.  Nous  avons  vu  une  très  -  belle 
pierre  de  cette  couleur  parmi  des  topazes  apportées  de  Si- 
bérie, 

Yoici  les  indications  des  localités  où  l'on  trouve  ces  di- 
verses variétés  de  topazes. 

Elles  se  rencontrent  avec  l'étain  oxydé  ,  la  chaux  flua- 
lée  ,  la  chaux  phosphatée  ,  le  fer  arsenical ,  le  cuivre  py- 
riteux  ,  la  lithomarge  ,  dans  le  gneiss,  etc.,  à  Ehrenfrieders- 
dorffet  Geyeren  Saxe  ,  et  à  Zinnwald  et  Schlakenwald  en 
Bohème;  celles  d'un  blanc  mat  avoient  été  confondues 
dans  l'origiue  de  leur  découverte,  avec  le  tungstène  ou  schéelin 
calcaire,  qui  se  rencontre  dans  les  même"B  mines. 

A  Eibenslock  en  Saxe  ,  elles  sont  roulées  ,  blanchâires  ou 


ao8  TOP 

bleuâtres  ou  vcr(lâlres,.el  dans  un  sol  d'alluvion  ;  on  les  re- 
cueille et  on  les  polit.  Nous  avons  vu  une  très-belle  p:!n.'re 
on  topszes  bleues,  de  cet  endroit.  A  Hirschberg  cl  d.Tns  (V.tu- 
tres  lieux  de  la  Silésie,  ainsi  qu'à  Hocigraben  el  Werf.n  , 
dans  le  pays  de  Salzbourg,  les  topazes  sont  dans  un  scbisle 
argileux  de  transition  el  sont  associées  au  quarz  ,  à  la  chaux 
carbonafée  ferro -manganésifère  el  à  la  chaux  sulfatée.  Ea 
Angleterre,  les  mines  d'élain  de  Cornouailles ,  et  notam- 
ment celles  de  Sainte-Anne  ,  présentent  des  topazes  qui  ont 
beaucoup  de  ressemblance  avec  celles  d  EhrentViedersdorff, 
tant  par  les  substances  qui  les  accompagnent,  que  par  leur  cou- 
leur ;  elles  sont  quelquefois  assez  grosses  el  assez  belles  pour 
«)lrelaillccs.()n  lit  dans  leTrailé  su  rie  diamant  et  sur  les  pierres 
précieuses ,  par  M.  Mawe  ,  qu'une  dame  de  Cornouailles 
possède  un  collier  en  topazes  du  mont  Saint-Michel  :  le  killas 
ou  schiste  argileux  est  la  gangue  de  ces  topazes  et  des  mine- 
rais d'élain  qui  lui  sont  associes.  L'Ecosse  est  la  contrée  de 
l'Europe  qui  possède  les  topazes  blanches  ou  bîeu-verdâlres 
les  plus  volumineuses.  On  les  trouve  dans  l'Aberdeenshire  , 
principalement  à  Strathspey,  Benachie,  Invercauld  et  dans 
le  lîanfshire  ,  à  Portsay^  Ces  topazes  sont  roulées,  vertes  ou 
d'un  vert  céladon  :  on  les  nomme  saphirs  à  Edimbourg,  où  oh 
les  taille.  Le  terrain  dans  lequel  on  les  recueille  est  un  ter- 
rain d'alluvion  qui  offre  également  du  quarz  jaune,  dit 
topaze  d'Ecosse^  du  béryl  et  des  débris  de  gneiss  qui  adhè- 
rent à  des  topazes  et  qui  est  de  même  espèce  que  les  gneiss 
qu'on  observe  en  place  dans  C!-s  provinces. 

Mais  nulle  part  les  topazes  n'ont  été  rencontrées  en  aussi 
grande  quantité  qu'en  Sibérie  ,  dans  les  montagnes  qui  for- 
ment la  chaîne  de  l'Altaï  et  celle  de  l'Oural.  Paîrîa  ,  qui  a 
visité  les  gisemens  de  ces  topazes,  les  décrit  ainsi  : 

«  Je  ne  revins  de  Sibérie  que  vers  la  fin  de  1787  ,  après  àW 
ans  et  demi  de  voyages  ,  mais  avec  une  santé  si  délabrée,  que 
j'élois  hors  d'état  de  m'occuper  d'histoire  naturelle.  L'année 
suivante,  je  m'efforçai  de  publier  un  premier  mémoire  sur 
les  mines  de  Sibérie  ,  où  j'indiquai  seulement  les  localités  de 
la  topaze,  le  mémoire  ayant  pour  objet  les  mines  métalliques 
(^Juurnal  de  Physique  ,  août  1788  ).  J'en  donnai  la  suite  en  fé- 
vrier, mars  et  avril  1791.  Ce  dernier  mémoire  contient  une 
description  détaillée  des  différentes  variétés  de  topazes  et 
à'èmeraiides  (béryl  vert)  qui  se  trouvent  ensemble  dans  divers 
gîtes  de  la  montagne  Odon  -  Tchélon.  J'avois  visité  celle 
montagne  en  1785,  et  j'avois  rapporté  beaucoup  d'échan- 
tillons de  ces  gemmes,  dont  je  me  hâtai  de  faire  part  aus 
minéralogistes. 


TOP  ao9 

«  Cette  montagne  est  dans  la  I)aourie  ou  Sibérie  orien- 
tale ,  entre  l'Argoune  et  la  Chilka  ,  qui ,  par  leur  réunion  , 
forment  le  fleuve  Amour  (  lalit.  5o"  ;  longit.  125'^  à  peu  près, 
sous  le  méridien  de  Pékin). 

«  Les  pentes  de  cette  montagne  sont  douces  ,  couvertes  de 
verdure,  el  s'étendent  au  loin.  Son  sommet  s'élève  brusque- 
ment comme  un  cône  volcanique  ,  et  il  offre  une  enceinte  qui 
ressemble  à  un  cratère  ouverl  par  une  large  échancrure  du 
côté  du  sud-est.  La  charpente  de  ce  sommet  est  formée  d'une 
roche  granitique  ;  mais  elle  est  coupée  ,  en  divers  sens  ,  par 
des  amas  de  matières  argileuses  et  ferrugineuses.  C'est  dans 
ces  matières  que  se  Irouvenî ,  en  trois  endroits  différens  ,  les 
topazes  toujours  accompagnées  d'émeraudos  de  diverses  cou- 
leurs. 

«  Le  premier  gîte  ,  à  droite  en  entrant  dans  l'enceinte  , 
contient  des  émeraudes  jaunes  ou  des  groupes  de  topazes  de  la 
même  couleur,  mais  d'un  très-petit  volume  (  environ  deux 
ou  trois  lignes  )  ;  elles  groupes  qui  sont  de  la  grosseur  d'une 
noix  sont  si  friables  ,  qu'ils  tombent  en  miettes  quand  on  y 
touche.  La  fot  me  de  ces  petites  topazes  est  la  même  que  celle 
des  topazes  blanches. 

rf  Le  deuxième  gîte  est  du  même  côté,  mais  plus  haut  et 
plus  avant  dans  l'enceinte  :  il  m'a  fourni  des  émeraudes  vertes 
d'un  fort  volume.  J'en  ai  plusieurs  de  sept  à  huit  pouces  de 
longueur;  il  contient  en  même  temps  des  topazes  blanches^ 
dont  quelques  unes  ont  deux  pouces  de  longueur  sur  un  pouce 
de  diamètre.  J'en  ai  même  une  qui  est  un  peu  plus  volumi- 
neuse, et  qui  est  remarquable  en  ce  qu'elle  présente  ses  deux 
sommets  ,  ce  qui  n'est  pas  commun  (i). 

«  Le  même  gîte  et  quelques  fissures  voisines  présentent 
une  variété  de  topaze  très-distincte  ,  et  dont  tous  les  carac- 
tères sont  constans.  Sa  couleur  est  toujours  celle  de  l'aigue- 
marine  ;  elle  n'est  jamais  transparente ,  mais  tout  au  plus 
translucide  ;  son  sommet  n'est  jamais  cunéiforme,  mais  tou- 
jours tronqué  à  la  moitié  de  sa  hauteur,  et  la  troncature 
présente  un  hexagone  allongé  dans  le  sens  du  petit  diamètre 
du  prisme  ;  ce  prisme  est  beaucoup  plus  sensiblement  rhom- 
boïdal  que  celui  de  la  topaze  blanche.  Le  volume  de  cette 
dernière  varie  depuis  un  point  à  peine  visible  jusqu'à  quinze 
lignes  et  plus  de  diamètre  :  celui  de  la  topaze  tronquée  ne 
varie  qu'entre  un  demi-pouce  et  un  pouce.  La  pyramide  de 


(i)  Ce  beau  cristal  est  maintenant  dans  la  collection  de  M.  de  Drée,  jr 
Çaris. 


2IO  TOP 

CCS  Jopazes  présente  d'ailleurs  une  singularité  qui  se  répète 
dans  toutes  ,  sans  exception  :  elle  est  composée  de  cinq  à  six 
couches  distinctes  d'une  matière  opaque  ,  d'un  blanc  nacré  : 
cette  circonstance  les  a  fait  nommer,  par  les  gens  du  pays, 
konnyé  zouhy  ,  dents  de  cheval. 

«<  Ces  deux  variétés  de  topazes  sont  souvent  groupées  avec 
des  émeraudes  ou  des  cristaux  de  roche  noirâtres  ;  mais  elles 
sont  toujours  séparées  l'une  de  l'autre  :  ou  ne  les  voit  jamais 
ensemble  dans  le  même  groupe. 

«  C'est  surtout  contre  les  parois  du  granité  que  se  trouvent 
ces  groupes  de  gemmes  et  de  cristaux  de  roche  ;  mais  ce  qui 
paroît  singulier,  c'est  qu'ils  ne  sont  nullement  adhérens  au 
granité  même.  Il  s'est  formé  çà  et  là  des  croûtes  d'un  pouce 
plus  ou  moins  d'épaisseur  ,  de  la  même  nature  que  la  roche 
du  topaze,  qui  sont  seulement  collées  contre  le  granité  par  une 
légère  couche  d'oxyde  de  fer.  Cette  face  de  la  croûte  est  plane, 
ou  n'offre  que  quelques  rudimens  de  cristallisation.  L'autre 
face ,  qui  est  noyée  dans  l'argile  qui  remplit  la  fissurt.-  de  la 
roche  ,  est  couverte  de  cristaux  de  quarz  noirâtres  ,  d  éme- 
raudes et  de  topazes  ,  auxquelles  se  joignent  accidentellement 
différentes  substances  :  on  y  voit  du  mica  couleur  d'or  en 
prismes  hexagones,  mais  plus  souvent  en  masses  cunéiformes 
(configuration  qui  ne  lui  est  point  familière  ).  On  y  voit  du 
wolfram  (scheelin  ferruginé)  en  tables  rhomboïdales  de 
plusieurs  pouces  de  diamètre  ;  des  cristaux  de  chaux  flua- 
tée  verte  en  masses  informes,  et  de  petits  cristaux  de  la  même 
substance  d'une  couleur  rougeâtre  et  à  facettes  rhomboïdales, 
qu'on  pourroit  prendre  pour  des  grenats  ;  des  tourmalines 
noires  ,  etc. 

«  Le  troisième  gîte,  qui  est  sur  la  crête  même  de  l'en- 
ceinte ,  offre  un  amas  immense  de  matière  argileuse  blan- 
châtre mêlée  de  fer  arsenical,  dans  laquelle  sont  disséminées 
des  émeraudes  bleuâtres  ou  aigue-marines  ,  et  quelques  groupes 
isolés  de  topazes  blanches.  On  y  trouve  aussi  quelques  topazes 
d'un  joli  bleu  léger,  sans  mélange  de  vert  :  elles  sont  dia- 
phanes ,  et  leur  forme  est  la  même  que  celle  des  topazes 
blanches. 

«  On  a  encore  trouvé  ,  dans  quelques  autres  parties  de  la 
montagne  ,  du  granité  graphique  qui  servoit  de  gangue  à  quel- 
ques topazes. 

«  Lorsque  Pallas  étoit  dans  cette  contrée  ,  en  1772  ,  on 
Ti'y  avoit  point  encore  découvert  les  topazes,  ni  fait  aucune 
fouille  ;  les  Tartares  longouses  avoient  seulement  trouvé,  sur 
la  terre  ,  des  émeraudes  qu'ils  donnoient  pour  jouets  à  leurs 
enfans.  Pallas  ne  les  regardoit  que  comme  des  schorls ,  c'est 


TOP  211 

le  nr»m  qu'il  leur  a  donné  ;  et  il  ne  crut  pas  devoir  aller  re- 
connoîlrc  icur  gîte  sur  la  montagne.  J'eneua,  dit  -  il ,  pur  les 
Tunguuses  ,  heaucoup  plus  que  sij'aQois  élè  en  chercher  moi-même. 
(toin.  4  1  p-'^s;-  -*i9  i  wz-^-"). 

«  La  Daonrie  n'est  pas  la  seule  contrée  de  l'Asie  boréale 
qui  produise  des  topazes.  On  en  a  trouvé  dans  les  monts 
Ournis.  .i  vingt  cinq  lieues  au  nord  d'Ekaterinbourg,  aux  en- 
viron.* de  Âiourzinsk  (  latit.  58°  ,  longit.  78"), 

«  Le  granité  (jui  forme  le  sol  de  ce  local,  est  disposé  par 
couches  vtMlicales,  entre  lesquelles  sont  des  couches  de 
kaolin  ou  felHsp.uh  décomposé.  La  partie  de  la  roche  qui 
touche  au  kaolin,  est  un  granité  graphique  à  la  surface  duquel 
sont  des  groupes  de  cristaux  de  quarz  noirâtre  ,  qui  servent 
de  supports  à  des  topazes  d'un  volume  médiocre  ,  comme 
sont  ordinairement  celles  de  Saxe.  Leur  couleur  est  à  peu, 
près  semhlabie  ,  m^is  la  forme  est  un  peu  différente.  Dans  le 
petit  nombre  d'échantillons  que  j  ai  vus  ,  la  pyramide  est  fort 
peu  tronqijée  à  son  sommet  ,  mais  très-  chargée  de  facettes 
additionnelles.  J'en  ai  une  où  l'on  compte  au  moins  quinze 
faces  ou  troncatures. 

«  Lorsque  je  visitai  ce  local  en  1786  ,  il  n'y  avoit  que  cinq 
ou  six  ans  qu'on  avoit  découvert  ces  topazes;  et  ce  n'est  que 
très-rarement  qu'on  les  rencontre,  quoiqu'on  ait  fait  des 
fouilles  immenses  (  j'en  ai  vu  de  cinq  »juarts  de  lieue  de  lon- 
gueur )  pour  la  recherche  des  cristaux  de  roche  colorés  que 
renferme  ce  granité. Ainsi,  quand  Pallas  ,  qui  visita  les  monts 
Ourals  en  1770,  parle  des  topazes  qu'on  y  trouve  en  grandes 
masses  (  toin.  2  ,  pag.  234)  ,  il  est  bien  évident  qu'il  parle  des 
topazes  de  Bohème,  c'est-à-dire,  des  cristaux  de  roche  jaunes 
ou  enfumés  ,  et  non  des  véritables  topazes  ,  dont  on  ne  soup- 
çonnoil  pas  même  l'existence  en  Sibérie.  »  (  Patr.,  i."^  édit.) 

Les  topazes  en  cristaux  roulés  ont  été  observées  au  Kamst- 
chittka  ,  et  avec  de»  cristaux  de  quarz,  sur  les  bords  du  Poyk 
au  Caucase. 

Les  topazes  de  la  Nouvelle-Hollande  sont  roulées  et  dans 
un  terrain  de  transport  près  Hawkesbury,et  au  Cap-Barren  , 
île  du  détroit  de  Bass. 

11  nous  reste  à  parler  des  topazes  blanches  ou  bleues  du 
Brésil  ;  elles  n'ont  pas  encore  été  trouvées  en  place.  On  les 
recueille  dans  le  même  sahle  d'où  l'on  retire  les  diamans  et 
lescymophanes,  et  dans  les  mêmes  poudingues  ferrugineux  et 
le  même  sable  qui  recèlent  ces  pierres  précieuses.  On  en 
trouve  qui  |  èsent  jusqu'à  troisonces  et  mêmeplus:on  sait  que 
c'est  particulièrement  dans  le  district  appelé  Serra-Dofpio  , 
qu'on  exploite  les  sables  qui  fournissent  les  diamang  ,  et  qui 


212  TOP 

contiennent ,  outre  les  topazes  et  les  cymophanes,  des  grains 
d'or,   et  beaucoup  de  fer  ,  du  quarz  roulé,  etc. 

Jartieson  indique  Ceylan  et  le  Pégu  parmi  les  contrées 
qui  offrent  des  topazes  ;  mais  nous  n'avons  jamais  vu  d'au- 
tres topazes  de  ces  pays  que  le  corindon  vitreux  jaune  qui 
s'y  trouve.  Effectivement ,  la  joaillerie  emploie  beaucoup 
les  topazes  qui  ont  cette  couleur  ,  et  selon  l'usage  reçu  ,  on 
donne  l'épilhèle  d'orientales  à  celles  qui  se  présentent  avec 
les  couleurs  les  plus  riches;  mais  on  doit  bien  se  rappeler 
que  la  vraie  topaze  d'Orient  est  un  corindon  vilreux  jaune, 
il  faut  aussi  être  en  garde  contre  ce  que  les  auteurs  ont  nom- 
mé topazes  ,  et  surtout  les  antiquaires  ;  je  ne  sache  pas 
qu'on  ait  réellement  d'autres  topazes  gravées  que  celles  qu'on 
a  fait  graver  dans  lestemps  modernes.  Telle  est,  par  exemple, 
la  topaze  gravée  du  Brésil  ,  qui  représentoit  Philippe  II  et 
don  Carlos  ,  et  que  possédoit  le  Roi  d'Espagne  ;  telles  sont^ 
encore  les  topazes  gravées  du  cabinet  de  l'Empereur  de 
Pxussic. 

On  peut  voir  dans  ce  Dictionnaire  ,  à  la  suite  de  cet  arti- 
cle, l'indication  des  substances  qui  ont  été  appelées  topaze, 
et  qu'on  ne  doit  pas  confondre  avec  elle,  et  on  pourra  juger 
par  ce  qui  est  dit  aux  articles  topazios  et  iopazius ,  si  l'on  doi{ 
rapporter  à  cette  gemme  la  précieuse  topaze  dont  Cléopâtre 
fit  présent  à  Marc-Antoine.  Lorsque  Ovide  fit  entrer  la  to- 
paze dans  l'ornement  du  char  du  soleil,  il  esta  croire  qu'it 
vouloit  désigner  la  topaze  des  Grecs  ,  le  topazios. 

La  topaze  est  une  des  substances  minérales  que  les  physi- 
ciens emploient  avec  succèspour  étudier  les  phénomènes  que 
produit  la  lumière  polarisée. 

IL  ToPAZEPYCNiTE  {ff^eisserstangenschofl ^'WaU.^  Cronst.; 
Schorl  blanc  prismatique,  R.  de  L.  ;  Scltorl  blanchâtre  et  leucolithe 
dAltemberg,  Delam.  ;  Schorlite  ,  Kirvv.  ,  Jam.  ;  Stangenstein  , 
Reuss.  ,  Hab.  ;  Schorlartiger-beril  et  Fiknii  ^  Wern. ,  Miner. 
Syst.,  1817  ;  Pycnite ,  Haiiy,  Trait,  (var.  de  Topaze  ,  Haiiy, 
Tabl.  comp.  ).  Les  minéralogistes  connoissent ,  depuis  long- 
temps, cette  pierre  que  son  aspect  fait  éloigner  de  la  topaze. 
L'examen  attentif  et  l'analyse  cependant  démontrent  qu'elles 
appartiennent  l'une  et  l'autre  à  la  môme  espèce. 

La  topaze  pycnite  est  en  prismes  striés  ou  cannelés , 
rarement  réguliers,  au  plus  de  la  grosseur  du  doigt,  opaques, 
blancs,  quelquefois  avec  une  teinte  jaunâtre  ouverdâtre,  et 
même  vineuse.  Ces  prismes  ,  dans  le  sens  longitudinal,  ont 
une  cassure  fibreuse,  plus  ou  moins  marquée,  selon  que  les 
cristaux  grêles  et  fins  qui  les  forment,  sont  plus  ou  moins 
gros; m>is  ceux-ci  ont  leur  cassure  longitudinale  raboteuse. 


TOP  2i3 

et  !a  transversale  imparfaitement  lamelleuse  ;  il  est  bien 
rare  ,  qu'ils  soient  solitaires,  et  surtout  terminés  par  un  som- 
met régulier.  M.  Haiiy  a  nommé  septihexagonale  la  seule 
forme  déterminable  qu'ils  aient  ofl'erlc.  C'est  un  prisme 
hexaèdre  ,  dont  deux  pans  opposés  que  nous  nommerons  r, 
sont  en  hexagone  symétrique ,  et  inclinés  sur  les  pans  qui 
leur  sontadjacens  de  117  d.  ^9'.  Ce  prisme  est  terminé  pat- 
un  sommet  à  sept  facettes ,  dont  une  plus  grande  parallèle  à 
la  base  du  cristal;  deux  remplaçant  les  deux  angles  soli- 
des du  prisme  les  plus  obtus  ,  et  quatre  les  bords  adjacens  à 
ces  angles. 

Les  fragmens  de  ces  cristaux  sont  plus  ou  moins  translu- 
cides sur  les  bords. 

La  pesanteur  spécifique  de  lapycnite  est  de  3,5o  à  3,53. 

Lorsqu'on  la  fond  au  chalumeau ,  avec  du  boFax ,  elle 
donne  un  verre  transparent. 

Vauquelin  ,  Bucholz,  Klaprolh  et  Berzelius,  ont  trouvé 
dans  la  topaze  pycnite  d'Altenberg ,  en  Saxe ,  les  principes 
suivans  : 

Alumine €0  .  .  4S  .  .  4-9i5  .  .  5i,oo. 

Silice 3o  .  .  34  .  .  43     •  •  38,43. 

Acide  fluorique  ....       6.  .17..  4««     8,84. 

Chaux 2..0..  0..0 

Fer   et  manganèse  oxydé       o  .  .     i   ,  .  o     .  .     o 

Fer   oxydé     .....       o  .  .     o  .  .  i     .  .     o 

Eau 1..0..  1..0 

Perle i  ,  .     o  .  .  i,5  .  .     1,73, 

V.         Bu.  Kl.           Berz. 

Ainsi  la  topaze  pycnite  est ,  comme  la  vraie  topaze  ,  de 
l'alumine  fluatée  siliceuse.  Ses  autres  caractères  sont  les 
mêmes  que  ceux  de  l'espèce. 

C'est  à  Altenberg,en  Saxe,  que  cette  topaze  a  été  d'abord  dé- 
couverte. Elle  y  est  en  prismes  cannelés,  qui  ont  jusqu'à  quatre 
ou  cinq  pouces  de  long,  sur  l'épaisseur  du  doigt,  tantôt  pa 
rallèles  entre  eux,  tantôt  croisés  et  enchâssés,  et  faisant 
partie  d'une  roche  composée  de  quarz  et  de  mica  argentin. 
Cette  roche  forme  une  couche  de  plusieurs  pouces  d'épais- 
seur ,  et  d'une  étendue  inconnue.  Selon  Werner  ,  elle  est 
subordonnée  aux  schistes  micacés;  Haberle  dit  qu'elle  est 
située  entre  le  gneiss  et  le  schiste  micacé.  Nous  avons  ob- 
servé, dans  de  grosses  masses,  que  les  prismes  de  topaze 
pycnite  offroient ,  çà  et  là ,  des  espèces  d'articulations  ou  fis- 
sures transversales ,  quelquefois  micacées  ;  effet,  sans  doule  , 


âi|  TOP 

d'une  cristallisalîon  interrompue.  Cette  varie'le'  est  la  plus 
coinmiiin'  d^iis  les  cabin-'is. 

La  topaze  pycnite  qu'on  trouve  h  Schlackenwnld ,  en 
Bohème,  a  une  manière  d'être  et  un  aspect  particuliers  ;  elle 
ressemble  beaucoup,  par  sa  couleur  ,  à  Témeraude  o\i  béryl 
du  Limosin  et  de  RabenUein  ,  en  Bavière  ,  et  l'on  seroit 
d'autant  plus  porté  à  les  (onfondre  quelle  est  en  cristaux 
hoxaè.lres  qu'un  examen  allenlif  peut  seul  faire  r<'connf>îlre 
differens  de  l'hexaèdre  régulier.  La  topaze  pycnite  de  S<;blac-' 
kenvvald  est  dans  un  minerai  mélangé  de  quarz,  d  elain 
oxydé,  de  schéelin  ferruginé  ,  de  raolybd«:îne  sulfuré,  etc. 
Les  cristaux  atteignent  presque  la  grosseur  d  un  tuyau  de 
plume. 

L'on  indique  encore  cette  variété  de  topaze  ,  en  Sibérie  , 
dans  une  roche  formée  de  mica  et  de  quarz. 

Le  dipyre  qu'on  trouve  dans  les  Pyrénées,  a  été  con- 
fondu avec  cette  topaze,  par  quelques  minéralogistes.  L'er- 
reur vient  de  ce  que  l'un  et  l'autre  ont  été  appelés  louco- 
lithe  par  Delamétherie;  mais  celui-ci  nommoit-  le  dipyre 
leiiculithe  de  Mauléun ,  et  la  topaze  pycnite  leurollihe  d  Al- 
ienberg.  Il  ne  seroit  pas  impossible,  cependant,  que  ces  deux 
pierres  ne  dussent  être  réunies. 

Reuss  avoit  associé  à  la  topaze  pycnite  ,  la  tourmaline 
rose  de  Moravie.  On  y  avoit  joint  également  la  tourmaline 
blanchâtre  du  Saint-Golhard  ;  cette  dernière  n"a  de  commun 
avec  la  topaze  pycnite,  que  la  couleur;^'et  la  première  en  ala 
forme  prismatique  et  striée  ;  mais  du  reste  elle  en  diffère 
entièrement. 

IIL  Topaze  pyrophysalite  {  Pyrophysalîte  ^  ïllsinger 
et  Berzellus  ;  Topaze  pn'smotoïde  ,  Hsiuy  ,  Tahï.;  Pfiysalilh  , 
^Wern.  ).  Cette  topaze  est  à  la  topaze  proprement  dite  ce 
que  le  béryl  du  Limosin,  ou  tout  autre  analogue,  est  au  béryl 
transparent  ;  elle  est  aussi  intermédiaire  entre  la  topaze 
pycnite  et  la  topaze  gemme. 

Elle  est  en  cristaux  prismatiques,  dont  les  pans  sont  curvi- 
lignes, raboteux,  de  manière  qu'il  est  impossible  de  détermi- 
ner sa  forme.  Ses  cristaux  ont  jusqu'à  la  grosseur  du  poing  ;  ils 
sont  lamelleux  dans  le  sens  transversal,  mais  dans  les  sens 
longitudinaux  ils  ont  une  cassure  inégale,  raboteuse;  leur  cou- 
leur est  le  blanc  verdâtre  ,  plus  ou  moins  clair  ,  avec  un 
«  oup  d'œil  un  peu  gras;  les  fragmens  sont  translucides  sur 
les  bords  et  rayent  le  quarz. 

La  topaze  pyrophysalite  est  électrique  par  la  chaleur; 
comme  les  autres  topazes;  sa  poussière  chauffée  dans 
î'obfSçuriié  laisse  voir  une  lueur  phosphorique.  Elle  est  ia- 


TOP  2iS 

fusible  au  chalumeau  ,  mais  cependant  elle  y  percIo,i25  de 
son  poids.  Sa  pesanteur  spécifique  est  de  3,54.  Elle  est 
composée,  d'après  Hisinger  et  Berzelius,  de 


Alumine       .     . 

53,25     . 

.     53,25     . 

.     57,74. 

Silice       .     .     . 

52,88    . 

.    32,88     . 

.     34,36. 

Acide  fluorique 

o,oo     . 

,     13,87 

•       7^77 

Chaux     .     .     . 

o,88     . 

0 

.     .       0 

Fer     .     .     .     . 

o,88     . 

0 

.     .      0 

Manganèse  .     . 

trace     . 

0 

.    .      0 

Perte       .     .     . 

12,09     . 

0 

.    .       0 

Dans  la  première  analyse  l'acide  fluorique  s'éloit  perdu 
par  l'effet  de  la  chaleur ,  ce  qui  avoit  empêché  d'en  recon-J 
noître  la  présence.  La  seconde  analyse  se  trouve  dans  le  nou- 
veau système  minéralogique  que  M.  Berzelius  vient  de  pu- 
blier; mais  la  proportion  d'acide  fluorique  est  portée  à  10, oq 
au  lieu  de  13,87  '  q»i'on  cite  dans  un  de  ses  mémoires  ,  sur 
cette  substance  ,  imprimé  dans  le  Journal  de  Schweiger  , 
puis  dans  les  Annales  des  mines,  La  troisième  analyse  est 
celle  donnée  par  le  même  auteur  ,  mais  corrigée  par  le 
calcul. 

La  topaze  pyrophysalite  a  pour  gisement  un  granité  ,  à 
Finbo  près  Fahlun  ;  elle  est  accompagnée  de  béryl  ou  éme- 
raude  blanc  verdâtre  ou  rougeâtre  (  pseudo  d'émerande  des 
Suédois),  de  gadolinite  ,  delantale  oxydé,  de  mica  gris,  de 
feldspath  ,  etc.  ,  et  des  diverses  substances  nouvelles  qu'on  a 
découvertes  dans  ces  derniers  temps  dans  le  niême  lieu. 

Stephens  donne  une  description  de  la  topaze  pyrophysalite, 
un  peu  différente  de  celle  que  nous  venons  de  rapporter. 
D'abord  il  lui  assigne;  un  clivage  dans  trois  sens  différens  ,, 
deux  parallèles  aux  pans  du  prisme  ,  et  un  troisième  pa- 
rallèle à  la  base.  On  «bliendroit  alors  pour  forme  primitive 
un  prisme  à  quatre  pans.  Il  dit  ensuite  que  les  cristaux  appro- 
chent beaucoup  de  la  forme  d'un  prisme  à  base  rhombe 
de  62  d.  et  118  d.,  ce  qui  peut  être  vrai  jusqu'à  un  certain 
point;  car  cette  incidence  de  118  d. ,  est  donnée  irès-pro- 
bablement  pour  celle  de  117  d.  49',  qu'on  observe  sur  la 
topaze  pycnite  septihexagonale  ,  et  qui  est  celle  de  chacun 
des  pans  hexagones  r  sur  les  pans  adjacens  du  prisme.  Si  l'on 
suppose  que  deux  de  ces  pans  adjacens  et  opposés  se  prolon- 
gent jusqu'à  faire  disparoître  les  deux  autres  ,  ils  feront  ef- 
fectivement,  avec  les  pans  hexagones/-  un  prisme  à  base 
rhombe  ,  dont  le  petit  angle  seroit  de  Gii  d.  11'  ,  ce  qui  est 
presque   l'incidence    donnée  par  Slephens.   Mais  la  loi    do 


2i6  T  0  P 

syniélrîe  s'opposent  à  ce  que  cela  soit  ;  on  pôut  seulement 
penser,  d'après  ces  données,  que  la  forme  cristalline  de  la  to- 
paze pyrophysalite  doi»  être  la  même  que  celle  de  la  topaze 
pycnile,  quant  au  prisme. 

Le  triple  clivage  de  la  pyrophysalite  ,  s'il  existe  réelle- 
ment ,  ne  feroit  que  confirmer  la  première  opinion  de 
M.  Haiiy,  sur  la  forme  primitive  de  la  topaze.  On  sait  que  ce 
savant  avoit  admis  pour  telle, un  prisme  droit  à  base  rhonibe 
de  124  d.  22'  et  55  d.  38'  ,  en  prévenant  que  la  coupe  paral- 
lèle aux  bases  étoii  seule  bien  sensible  et  d'une  grande  netteté. 
M.  de  Bournon  fait  observer  que  la  topaze  pyrophysalite  a 
«ne  tendance  très-marquée  à  la  forme  prismatique  rhomboï- 
dale  ,  et  tout  lui  semble  iniliquer  que  la  forme  primitive  est 
le  prisme  à  base  rhombe.  11  ne  sauroit  admettre  l'octaèdre, 
et  encore  moins  l'octaèdre  à  faces  inégalement  inclinées  , 
pour  noyau  pritnilif  de  la  topaze  proprement  dite  ,  ou  de  la 
topaze  pycoile  ,  et  de  la  topaze  pyrophysalite.  Cette  opinion 
est  appuyée  sur  des  observations  qui  lui  donnent  du  poids. 
Mais  ,  en  tout  cas,  il  demeure  constant  que  ces  trois  sortes  de 
topazes  ne  peuvent  appartenir  qu'à  une  seule  et  même  espèce 
de  minéral ,  et  c'est  ce  que  l'ensemble  de  leurs  caractères 
conduit  à  prouver,  (ln.) 

TOPAZE  DES  ANCIENS  (  Topazius  anliquoTum), 
Carthcuser  et  Hill  la  rapportent  à  leur  chtjsolithe  ^  qui  est 
notre  Péridot  ;  mais  ce  c'est  pas  notre  opinion.  V.  Topa- 
zios  et  Topvzius.  (ln.) 

TOPAZE  BOHÉMIQUE,  DE  BOHÈME,  ou  To- 
paze BATARDE.  C'est  le  quarz  cristallise  jaune ,  de  la  Bohème. 
Boece  de  Boot  prétend  avoir  vu  un  cristal  de  deux  aunes  de 
longueur,  et  de  presque  une  demi-aune  de  largeur  ,  qui  fut 
donné  â  l'empereur  Bodolphe  II.  (ln.) 

TOPAZE  DU  BRÉSIL.  F.  àl'ariicle  Topaze,  (ln.) 

TOPAZE-BRULÉE.  C'est  la  topaze  du  Brésil  qui  a 
pris  la  couleur  rouge  du  spinelle  ,  par  l'action  du  feu  qu'on 
lui  a  fait  subir.  (l.N.) 

TOPAZE  CHRYSOBÉRYL,  de  Delamétherie.  V.  To- 
paze, (ln.) 

TOPAZE-  CHRYSOLITHE  (  Topasius  cJuj-soiHhus  ). 
Cronstedt  et  Wallerius  désignent  ainsi  le  Péridot.  (ln.) 

TOPAZE  D'ECOSSE.  F.  Quarz  hyalin  enfumé,  (ln.) 

TOPAZE  ENFUMÉE.  C'est  le  Quarz  hyalin  enfumé, 
qui  est  jaune  à  la  transparence,  (ln.) 

TOPAZE  FAUSSE.  Foy.  Quarz  hyalîn  jaune,  et 
Chaux  fluatée  jaune,  (ln.) 


TOP  217 

TOPAZE- HYALINE,    de  Wallerius.   C'est  I'Hya- 

CINÏHE.  (lis,) 

TOPAZE  JAUNE -ROUGEATRE  {Topasius  flavo- 
rubens')  de  Wallerius,  est  rapportée  à  l'HYAcnsTHE,  ainsi 
que  sa   Topaze  hyacinthe  (  2'opasius  hyacintlius  ).  (tN.) 

TOPAZE  JAUNE  -  VERDATRE  ,  de  Wallerius. 
V.  Péridot.  (ltst.) 

TOPAZE  DE  MONTAGNE.  C'est  le  Cristal  de 
ROCHE  ,  jaune  ou  enfumé.  F.  Quarz  hyalin  coloré,  (ln.) 

TOPAZE  OCCIDENTALE.  On  a  donné  ce  nom  aux 
vraies  Topazes  qu'on  a  apportées  du  Brésil ,  et  au  Quarz 
hyalin  jaune  ,  dont  le  plus  beau  se  trouve  ,  sans  contredit, 
au  Brésil,  (ln.) 

TOPAZE  ORIENTALE.  F.  Corindon  vitreux  jaune. 

(LN.) 

TOPAZE  ROUGE,  ou  Rubis  du  Brésil  ,  ou  Topaze 
brûlée.  F.  à  l'arlicle  Topaze,  (ln.) 

TOPAZE  ROUGE -JAUNE,  de  ^Vallerius.  C'est 
I'Hyacinthe.  (ln.)    , 

TOPAZE  DE  SAXE  ou  JAUNE  PAILLE.  F.  Topaze. 

(LN.) 

TOPAZE  DE  SIBÉRIE.On  a  donné  ce  nom  au  Béryl 
JAUNE  ,  qu'on  trouve  en  Sibérie,  (ln.) 

TOPAZE  VERT-BLEUATRE.  On  a  donné  ce  nom 
à  l'AiGUE-MARiNE  OU  BÉRYL,  et  à  la  Chaux  phosphatée 
VERTE ,  de  la  Saxe,  (ln.) 

T0PAZI05  et  TOPAZION.  Suivant  Saint- Epîphane, 
auquel  on  doit  un  traité  sur  les  douze  pierres  du  rational  du 
grand-pretre  des  Juifs,  le  iopazios  étoit  une  pierre  précieuse 
dont  la  couleur  rouge  l'cmportoit  de  beaucoup  sur  celle  de 
i'escarboucle  {carùunculiis) ,  et  qui  se  trouvoit  àTopaza, 
ville  de  l'Inde.  Cependant ,  de  Born  prétend  que  les  auteurs 
grecs  qui  ont  parlé  de  cette  pierre  ,  lui  ont  constamment 
donné  une  couleur  d'or,  et  il  cite  Agatharcide,  Diodore  , 
Strabon  et  Orphée.  Mais  Alexandre  Polybislor  compare  la 
couleur  de  celte  pierre  à  celle  de  l'huile  nouvellement  ex- 
primée ,  c'est-à-dire  ,  qu'elle  auroit  été  d'un  jaune-verdâlre. 

Tous  ces  auteurs  ont  ils  voulu  parler  de  la  même  pierre, o^ 
bien  doit-on  considérerle  iopazios  rouge  de  Saint  Epipbane, 
le  topazios  jaune  d'or  de  Diodore  ,  elle  topazlos  jaune-ver- 
dâlre, comme  des  variétés  d'une  seule  espèce  de  pierre 
gemme.'' 

On  altachoît  un  très- haut  prix  au  topazios.  Job  ne  re- 
connoît  rien  au-dessus ,  que  la  sagesse,  et  le  Prophêle-Roî , 


2iS  TOP 

s'exprime   ainsi  :   «  Ideb  dlîexi  mandata  tua  super  aurumsi 
topasion^  »  Psalm.  ii8,  v.  ig. 

En  s'arrêtant  à  l'opinion  commune  que  le  topazios  des 
Grecs  étoit  une  pierre  d'un  jaune  d'or  ,  les  commentateurs 
des  anciens  la  rapportent  an  chrysolithiis  de  Pline,  dont  le 
nom  ,  d'origine  grecque  ,  signifie  littéralement  pierre   d'or. 

C'est  aussi  d'après  la  même  idée  que  ,  chez  les  modernes, 
le  nom  de  topaze  a  été  donné  à  des  pierres  précieuses  jaunes. 
Mais  revenons  au  topazios  des  Grecs,  il  nous  importe  peu 
de  rechercher  si  c'est  le  chrysolUhus  de  Pline  ,  puisque  cet 
auteur  réunit  sous  ce  nom  toutes  les  pierres  qui  ont  une 
couleur  ou  u,n  redet  doré ,  et  qu'il  n'y  a  pas  de  preuves 
directes  que  le  topazios  y  soit  compris.  Nous  savons 
que  le  topazios  et  le  chrysolilhus  faisoient  partie  du  ra- 
tional  ;  elles  Ploient  donc  deux  pierres  différentes  ;  elles  sont 
également  distinguées  dans  l'Apocalypse.  Cependant  nous 
voyons  nos  auteurs  persister  à  confondre  le  chrysolilhus  et 
le  topazios  ;  et  comme  ils  prennent  la  première  de  ces 
pierres  pour  le  péridot,  il  s'ensuit  que  le  péridot  est  aussi  le 
topazios  ,  ce  qui  est  bien  loin  d'être  prouvé. 

11  nous  semble  que  le  topazios  a  dû  êlre  notre  topaze 
orientale  (  V.  Corikdon  vitreux  jaune),  dont  une  variété  , 
rarissime,  est  jonquille;  l'on  confondoil  aussi  sous  ce  nom 
des  jargons  jaunes  ou  rouges,  ou  vcrdâtres;  et  dans  ce  nombre, 
nous  comprenons  l'hyacinthe  du  commerce,  qu'on  décore 
à  présent  des  noms  nouveaux  de  kanelstein  et  d'essonite. 
Toutes  ces  pierres  s'apportent  effectivement  de  la  presqu'île 
de  l'Inde  ,  ainsi  que  de  Tîle  de  Ceylan  ,  qui  est  sans  doute 
l'île  Ophiodes ,  ou  des  Serpens ,  dont  parlent  Dlodore  et 
Slrabon ,  et  qui  étoit  ainsi  nommée  (  par  les  Grecs  )  à 
cause  des  serpens  qui  s'y  trouvoienl  en  grande  quantité,  et 
qui  luoient  les  hommes  que  la  recherche  des  topazes  faisoit 
aborder  dans  celte  île. 

C'est  ce  nom  de/oyt?«z«W(qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec 
le  iopazius  de  Pline,  désignant  une  pierre  verte),  changé 
en  topaze  ou  topase  ,  qui  a  passé  dans  notre  langue  ,  et  qui , 
Sr.sq[u'à  la  découverte  de  l'Amérique  ,  a  servi  à  désigner  le 
corindon  vitreux  jaune  ,  des  quarz  hyalins  jaunes  ,  la  chaux 
fluatée  jaune  (  V.  les  articles  Topaze  )  ,  et  une  de  nos  va- 
riétés de  vraies  topazes  qu'on  trouve  en  Saxe.  Après  la  dé- 
couverte de  l'Amérique,  on  apporta  du  Brésil  des  pierres 
jaunes  qui  ,  par  leur  couleur,  furent  comparées  à  la  topaze 
orientale  ;  mais  ,  pour  les  distinguer,  on  les  appela  topazes 
du  j^résil  ,  et  ce  sont  là  maintenant  les  vraies  topazes  du 
eommcrce  ,   et  le  type  de  l'espèce  Topaze  des  mioéralo- 


TOP  2ig 

gîsles  (  V.  ce  mot).  Quoique  l'on  connoissc  les  topazes  dans 
un  assez  grand  nombre  de  localités,  il  n'en  vleni  point  de 
l'Inde ,   pairie    du  iopazios    des    anciens.   (  V.   Topaze    et 

TOPAZIUS.  ) 

«  TOPAZIUS  ou  TOPAZIUM.  Pline  fait  observer  que 
le  lopazius  éloit  une  pierre  recherchée  à  cause  de  sa  couleur, 
qui  éloit  un  vert  particulier.  Lors  de  sa  découverte  ,  on  lui 
donna  une  valeur  supérieure  à  celle  de  toute  autre  pierre. 
Des  navigateurs  troglodytes  (arabes),  après  avoir  long  temps 
sillonné  le  golfe  Arabique  (  la  mer  Rouge  ) ,  et  vivement 
pressés  par  la  faim  ,  abordèrent  l'île  de  ChHls  ou  Cylis  ,  et  se 
mirent  à  arracher  les  racines  et  les  herbes  pour  apaiser  la 
faim  qui  les  dévoroit  :  ils  firent  ainsi  la  découverte  du  lopa- 
zius ,  au  rapport  d'Archelaiis  cité  par  Pline.  «  Mais,  ajoute 
«  ce  dernier,  le  roi  Juba  affirme  qu'il  y  a  dans  a  n>or  Ronge 
«  une  île  dite  Topazos  ,  éloignée  de  terre  d'environ  3oo  sta- 
«  des, ordinairement  si  couverte  de  brouillarris,  que  les  navi- 
«  gateurs  olit  de  la  peine  à  la  découvrir  ,  d'où  elle  a  pris  sou 
«  nom  de  topazos-,  (\ér\vé  de  topazin  ,  qui  ,  dans  la  langue  des 
«  Tio^lodyles  ,  ou  Volgcs,  peuple  voisin,  signifie  chercher.  « 
C'est  dans  la  langue  grecque  que  topazin  signifie  chercher. 
Pline  aura  voulu  dire  que  !<■  noaiTroglodyles  répondoil  à  ce- 
lui-ci. Bérénice  ,  mère  de  Plolomée  H  ,  roi  d'Egypte  ,  fut 
la  première  qui  reçut  une  de  ces  pierres.  Philémon  ,  com- 
mandant de  la  Hotte  sm-  la  mer  Rouge  ,  lui  en  offrit  une 
qui  avoit  quatre  coudées  de  long  (  six  pieds  ),  I  dont  Pto- 
lomée  Pliiladelphe  fit  faire  ,  par  la  suite  ,  1 1  statue  de 
la  reine  Aisinoé  ,  sa  sœur  et  sa  femme  ,  qu'il  plaça  dans 
son  temple  doré.  Selon  Pline,  l'on  avoil  découveri  postérieu- 
rement le  fopazius  vers  Alabastriim  ,  dans  la  Thèbaïde  ,  en 
Egypte,  et  l'on  disoit  qu'il  y  en  avoil  de  deux  espèces,  le 
prasvïs  et  le  chrysopieros  ,  qui  ressembloit  au  chrysoprasium  par 
sa  couleur  vert-poireau.  Il  n'y  avoit  pas  ,  selon  Pline  ,  de 
gemme  plus  volumineuse  que  celle  ci  ;  c'éloit  aussi  la  seule 
qui  se  laissât  entamer  par  1.-!  lime. 

ISous  ne  balançons  pas  à  regarder  le  tnpazius ^  décrit  par 
Pline  ,  comme  noire  chaux lluatée  en  masse  verte,  et  comme 
le  smaragdus  ,  dont  on  voyoil  une  grande  colonne  dans  le 
temple  d'Hercule  àTyc,  et  que  Théophrasie  présumoil  être 
un  pseiido-snuiragdus  ,  une  fausse  émeraude.  Nous  irons  plus 
loin  :  nous  dirons  que  la  fameuse  île  Topazos  est  celle  que  le 
voyageur  ISruce  a  visitée  dans  la  mer  Rouge,  sur  la  cote  de 
Cosséir,  et  qu  il  nomme  Jihbel  Siberget.  Voici  le  passage  où 
il  parie  de  celte  île  et  de  la  dérouverte  qu'il  y  fit  :  «  Le  i5 
«  (mars)  ,  à  neuf  heures  du  ntatin  (  il  étoit  pajii  ja  veille  de 


220  TOP 

«  Gosséir  ,  a  une'hcure  avant  l'aurore  ),  nous  vîmes  un  grand 
"  rocher  qui  s'élevoit,  comme  une  colonne,  du  sein  de  la 
«  mer  :  je  le  pris  d'abord  pour  une  partie  du  continent  ;  mais 
«  je  le  reconnus  bienlôl  pour  une  île. Comme  nous  nous  avan- 
"<  cions  de  ce  côté-là,  que  le  soleil  étoit  très-beau,  et  la  mer 
«  très  caUne  ,  je  pris  hauteur,  et  je  trouvai  que  nous  étions 
«  par  les  aS^  6'  de  latitude;  et  l'île  paroissant  à  une  lieue  de 
«  distance,  au  sud-sud-ouest  de  notre  vaisseau,  je  conclus 
«c  que  sa  latitude  étoit  de  20^  3'  nord.  Cette  île  est  à  environ 
«  trois  milles  du  rivage ,  de  forme  ovale ,  et  s'élevant  tout  à 
«  coup  vers  le  milieu.  On  la  nomme ,  dans  la  langue  du 
«  pays  ,  Jibbel  Siberget:  ce  que  nous  rendons  par  montagne 
«  des  émeraudes.  Siberget  est  pourtant  un  mot  de  la  langue 
«  des  parleurs  qui,  je  pense  ,  n'ont  jamais  connu  une  seule 
<f  émeraude;et  quoique  la  traduction  arabe  soit  Jibbel  Zum- 
«  rud,  et  que.  le  mot  zumrud  s'emploie  pour  nommer  l'éme- 
«  raude  ,  pierre  très-fine ,  et  fort  connue  depuis  la  découverte 
«  duNouveau-Monde,  je  doute  beaucoup  que  ni  Siberget,  ni 
"  Zumrud,aient  eu  celle  signification  dans  les  premiers  siècles, 
«f  La  raison  qui,  je  crois,  a  fait  donner  à  l'île  ce  nom  de  Jib- 
«  bel  Siberget,  c'est  qu'on  y  trouve  ,  ainsi  que  sur  le  conti- 
«  ncnt  qui  l'avoisine,  beaucoup  de  morceaux  à' une  substance 
'c  verle,  crisfalline  et  transparente  ;  cependant  ,  quoique  verts, 
«  ils  ont  des  veines  et  des  taches,et  ne  sont  pas,  à  beaucoup  près, aussi 
«.  durs  que  le  cristal  de  roche.  C'est  sûrement  une  production 
«  minérale  :  mais  elle  n'a  guère  plus  de  solidité  que  le  verre. 
'<  J'imagine  enfin  que  c'est  là  ce  que  les  Arabes  pasteurs,  ou 
«  les  peuples  du  Beja,  appeloient  Siberget,  les  Latins  Sma- 

«  ragdus^  et  les  Maures  Zumrud. Au  pied  de  la  montagne , 

«  environ  à  sept  pas  de  sa  base  ,  il  y  a  cinq  trous  ou  puits  , 
«  dont  le  plus  grand  n'a  pas  quatre  pieds  de  diamètre  :  on  les 
«  nomme  les  puits  de  Zumrud  ;  et  c'est  de  là  ,  dit-on  ,  que  les 

«  anciens  tiroient  des  émeraudes Je  ramassai  des  chande- 

»  liers  et  quelques  fragmens  de  lampes,  pareils  à  ceux  qu'on 
«  trouve  par  millions  en  Italie  ;  je  trouvai  aussi  quelques 
«  très-petits  morceaux  de  cristal  vert  et  fragile,  qu'on  nomme 
'f  siberget  et  bilur  en  Ethiopie,  et  qui  est  peut-être  le  Zumrud, 
fc  le  Smaragdus  décrit  par  Pline  ,  mais  non  l'émeraude  con- 
<f  nue  depuis  la  découverte  de  l'Amérique,  dont  la  qualité  est 
«  bien  différente.  Bruce  ,Voy.  en  Abyss. ,  vol.  i,  p.  22.  >» 

Bruce  étoit  dans  l'erreur  commune  ,  lorsqu'il  avançoit  que 
les  anciens  n'ont  pas  connu  la  véritable  émeraude.  V.  l'arti- 
cle Smaragdus. 

C'étoltsans  doute  de  cette  île  qu'on  avoit  apporté  le  bloc 
de  chaux  flualée  qui   servit  à  faire  la  statue  d'Arsinoé  ,  et  les 


TOP  ^23 

matériaux  de  cet  obélisque  de  60  pieds  de  hauteur,  composé 
de  quatre  blocs  d'émeraude  dont  parle  Théophraste,  et  con- 
sacré à  Jupiter.  Nous  devons  faire  observer  ici  que  le  topazius 
de  Pline,n'cst  pas  la  pierre  que  les  Grecs  nommoient  topazion. 
et  ToPAZios  ,  et  que  ni  Tune  ni  l'autre  n'a  pu  être  le  pcri- 
dot.  V.  ToPAZios.  (ln.) 

TOPAZOGYNE.  Nom  proposé  par  M.  Hauy  pour  dé- 
signer le  topasfels  des  Allemands  ou  la  Roche  de  Topaze.  V. 
cet  article,  (lis.) 

TOPAZOLITE  ou  TOPAZOLITHE.  Le  docteur 
Bonvoisin  désigne  ainsi  le  grenat  en  petits  cristaux  primitifs 
d'un  jaune  de  topaze  très-pâle,et  quelquefois  d'une  couleur 
verte  presque  semblable  à  celle  du  péridot ,  et  qui  se  trouve 
dans  la  vallée  de  Lanzo,  en  Piémont.  V.  Grenat,  (ln.) 

TOPFEPvBHON.  Argile  à  potier,  en  allemand.  F.  Âr- 

CILE  COMMUNE.  (L"N,) 

TOPFSTEIN.  F.  Serpentine  ollaire.  En  Tburinge  , 
on  donne  ce  nom  à  la  Chaux  carbonatee  fibreuse  ,  seloa 
M.  Beurard.  (ln.) 

TOPHLIS.  F,  ToFus  et  Tuf.  (desm.) 

TOPIAPvlA,  Ce  nom  latin  a  pour  racine  le  mot  topia^ 
qu'on  peut  traduire  par  dessin.  Les  jardiniers  romains,  selon 
Pline,  se  servoient  de  ïacanihus  ,  en  le  taillant ,  pour  repré- 
senter des  figures  et  orner  les  jardins  :  de  là  le  nom  de  topia- 
lia  que  les  Piomains  doanoient  à  Vacanthus  et  à  l'art  de  tailler 
les  arbres  pour  leur  faire  représenter  des  figures. 

Le  cynoglosson  éloit  aussi  nommé  topiaria,  mais  sans  doute  à 
cause  de  ses  feuilles  comparées,  pour  la  forme  et  la  douceur, 
à  la  langue  du  cbien.  (ln.) 

TOPLVRIA  de  Plukenet.  C'est  un  arbrisseau  de  la  Ja- 
maïque et  du  genre  de  GabRilleï  (^Ehretia  leurreria  ,  L.). 

(LN.) 

TOPINAMBOUR.  Plante  du  genre  Hélianthe  {V.  ce 
mot). 

Cette  plante ,  dans  sa  jeunesse ,  a  un  assez  beau  port  ;  sa 
tige  est  plus  ou  moins  grosse  ,  suivant  le  terrain  ,  la  saison  et 
les  soins  de  culture  ;  l'écorce  en  est  verte,  rude  au  toucher  ; 
de  différens  points  de  cette  tige  sortent  des  feuilles  larges  vers 
le  pétiole,  et  qui  se  terminent  en  pointe  ;  elles  sont  d'un 
vert  foncé,  rudes  au  toucher;  au  haut  de  la  tige  croissent  des 
boutons  qui,  en  s'épanouissant ,  produisent  des  fleurs  ra- 
diées comme  le  Tournesol  ou  soleil  des  jardins.  Au  pied  delà 
plante  se  trouvent  rassemblés  de  gros  tubercules  d'un  rouge 
verdâtre  et  blancs  intérieurement.  Leur  forme  les  fait  appe- 
ler poires  de  terre. 


2:>2  T  O    ? 

C'est  encore  un  présent  de  l'AmeVique  ,  probablement  <1il 
Chili  et  (ies  h.iuics  Cordilières  ;  car  J'opjnloa  qui  la  fait 
venir  du  Canad.i  ne  peut  plus  être  soulenue  aujourd'hui. 

Le  topinambour  n'est  pas  encore  assez  cultivé  pour  avoir 
un  grand  nombre  de  variétés:  on  n'en  connoil  que  deux  ou 
trois,  obtenues  par  M.  Viiniorin  La  cause  en  est  probable- 
ment due  à  ce  (pi  il  ne  porte  pas  de  graines  dans  le  climat 
de  Paris,  à  raison  de  sa  tardive  floraison  ,  et  que  ,  dans  le 
midi,  il  se  trouve  peu  de  personnes  qui  s'occupent  de  faire 
des  expériences  agricoles. 

La  culture  du  topinambour  est  aisée.  Il  faut  remarquer 
seulement  qu'il  vient  mieux  dans  une  terre  forte  ,  où  le 
chanvre  et  le  froment  se  plaisent ,  que  dans  une  terre  sablon- 
neuse ;  que  même  un  sol  trop  léger  ne  lui  convient  pas  du 
tout  ,  tandis  que  la  pomme  de-terrzy  réussit  à  merveille  ;  mais 
la  végétation  en  est  aussi  vigoureuse,  et  dès  que  la  plante 
s'est  emparée  d'un  champ,  il  est  *!ifficile  de  l'y  détruire  :  les 
endroits  bas,  humides  et  un  peu  ombragés, ne  lui  paroissent 
pas  contraires. 

Le  terre  étant  bien  préparée,  on  divise  les  topinambours 
par  morceaux,  auxquels  on  laisse  d'eux  ou  trois  œilletons  :  on 
met  chacun  deux  à  quatre  pouces  de  profondeur,  distans  les 
uns  des  autres  de  neuf  à  dix  pouces  en  tout  sens  ,  dans  des 
rigoles  ou  des  trous  qu'on  recouvre  :  quand  la  plante  a  sept 
à  huit  pouces  d'élévation  ,  on  la  sarcle  ;  on  la  bute  ensuite  , 
dès  qu'elle  a  atteint  une  certaine  force.  Sa  maturité  est  an- 
noncée par  le  feuillage  qui  se  flétrit,  et  la  récolle  s'opère  avec 
la  fourche  à  deux  dents.  On  peut  planter  au  pied  ,  des  hari- 
cots grimpons^  et  dans  leurs  rangées  plusieurs  espèces  àechoux. 
Celte  double  culture  m'a  très  bien  réussi. 

La  plante  a  encore  cela  de  commun  avec  ] a  pomme- de- terre 
et  la  patate^  que  les  branches  couchées  ou  coupées  avec  les 
précautions  déjà  indiquées,  prenneni  racine  et  fournissent 
ensuite  des  tubercules  peu  différens  pour  la  grosseur,  de  la 
principale  racine.  Cette  plante  a  donc  également  la  faculté 
de  se  propager  par  bouture  et  par  marcotte. 

J'observerai  que  la  pomme  -  de  ~  terre  et  la  patate  ,  souvent 
confondues  ensemble  dans  les  écrits  et  dans  les  conversations, 
diffèrent  autant  entre  elles  par  leurs  caractères  botaniques 
que  par  la  nature  de  leurs  parties  constituantes.  Le  topinam- 
bour, quoique  pris  aussi  pour  l'une  ou  l'autre  de  ces  pbnites, 
n'a  pas  plus  de  ressemblance  avec  elles ,  puisque ,  examiné 
par  l'analyse  ,  il  fournit  : 

i.^  Beaucoup  d'eau  de  végétation, 
2.*^  Un  extrait  abondant  et  visqueux, 
3,^  Une  matière  fibreuse^ 


TOP  2^3 

Dépourvu  d'amidon  et  de  sucre,  le  topinambour  n'est  pas 
susceptible,  comme  là pomme-de-ierre ,  de  la  fermentation  pa- 
naire,ni  de  fournir  une  liqueur  spirilueus^  comme  lapaiaie;  par 
conséquent  il  ne  possède  pas  la  faculté  alimentaire  au  même 
degré.  Ainsi,  des  trois  plantes  que  nous  venons  de  nommer, 
c'est  la  moins  propre  à  remplir  les  vues  économiques  sous 
lesquelles  on  doit  les  considérer  ;  mais,  en  revanche  ,  elle  a 
l'avantage  de  ne  pas  craindre  la  gelée ,  comme  la  plupart  des 
autres  racines  potagères  ;  de  pouvoir  rester  en  terre  pendant 
l'hiver,  et  de  n'avoir  pas  besoin  d'être  déterrée  d'avance  pour 
en  nourrir  les  bestiaux.  L'eau  que  les  tubercules  contiennent 
adhère  si  fortement  à  la  matière  fibreuse,  que,  quoiqu'ils 
acquièrent  par  le  froid  la  dureté  d'une  pierre  ,  le  dégel  ne  la 
désunit  point,  comme  il  arrive  à  \3i  pcmme  -  de  -  terre  ,  par 
exemple  ,  dont  l'eau  ,  dans  cet  état ,  se  sépare  par  la  simple 
pression  des  doigts. 

Cependant,  si ,  pour  les  conserver  à  la  maison,  on  les  lais- 
solt  en  tas  trop  épais,  ils  conlracteroient  bientôt  une  dispo- 
sition à  germer;  alors  ces  tubercules,  deviendroieut  mol- 
lasses et  pâteux. 

On  peut  les  cuire  dans  l'eau  ou  à  sa  vapeur.  Le  goût  de 
cul  d'' artichaut ,  qu'ils  ont  plus  ou  moins  sensiblement ,  fait 
rechercher  les  topinambours  par  les  amateurs  de  ce  légume. 
Pendant  l'hiver,  on  les  mange  à  la  sauce  blancJie  ;  on  les 
fricasse  au  beurre  avec  des  ognons  ;  on  en  enlève  la  fadeur 
avec  de  la  moutarde.  Mais  ils  n'ont  pu  échapper  à  la  manie 
qui  veut  tout  convertir  en  pain ,  et  les  tentatives  infructueuses 
n'ont  pas  laissé  la  moindre  espérance  d'en  venir  jamais  à 
bout.  C'est  un  aliment  dont  il  faut  faire  usage  en  substance: 
il  a  plus  de  saveur  que  la  pomme- dc-terre^  et ,  sous  ce  rapport, 
il  convient  mieux  aux  bestiaux. 

Après  avoir  lavé  et  coupé  par  morceaux  les  topinambours, 
on  les  donne  au  bétail  :  six  vaches  en  mangent  six  à  sept  bois- 
seaux par  semaine  ,  mais  elles  les  préfèrent  à  moitié  cuits. 
On  pourroil  faire  parquer  des  cochons  dans  les  champs  où 
cette  plante  auroil  été  cultivée  ,  comme  le  pratiquent,  pour 
\&s  pommes- de-terre  ^  les  Anglais  et  les  Américains. 

Le  topinambour  offre  encore  une  nourriture  aux  animaux 
par  son  feuillage.  On  enlève  ses  feuilles  inférieures,  dans  le 
courant  de  l'été  ,  pour  les  donner  en  vert  aux  vaches  et  aux 
moulons.  On  coupe  les  tiges  aux  premières  gelées  blanches  , 
et  on  les  fait  sécher  ;  on  les  fagote  et  on  les  arrange  de  manière 
qu'elles  ne  s'édiauffent  point.  Dans  cet  état ,  elles  servent 
pendant  tout  l'hiver  à  la  nourriture  des  chèvres  et  des  moulons. 
Celte  culture  s'est  bornée  à  de  simples  essais ,  et  n'a  été 


224  TOP 

qu'un  objet  de  pure  curîoshe'.  Il  paroît  que  jusqu'à  présent 
âl  n'y  a  que  M.  Yvart  qui  ait  cuUivé  celte  planle  sur  une 
certaine  étendue  :  j'en  ai  vu  plusieurs  arpens  de  sa  ferme 
à  Maisons  ,  qui  annon(^oient  la  récolte  la  plus  abondante  , 
et  j'apprends  qu'il  continue  à  cet  égard  ses  essais  ,  dont 
on  doit  attendre  les  plus  heureux  résultats. 

Je  dois  ajouter  ici  que  la  planle  dont  il  s'agit  a  pros- 
péré dans  des  terrains  où  la  pomme  de  Une  n'a  eu  que  peu 
<îc  succès.  Chancey  a  observé  qu'un  pied  avoit  donné  qua- 
torze livres,  poids  de  marc,  de  tubercules,  dans  un  endroit 
où  une  pomme  de  terre  n'en  a  rendu  que  trois  livres.  Muslel 
dit  même  en  avoir  vu  réussir  dans  un  sol  où  les  pommcs- 
de-terre  qu'il  avoit  plantées  périrent  toutes.  Dans  l'étendue 
de  cinquante  pieds  de  terrain  formé  de  débris  de  carrières, 
situé  à  Conflans  près  Paris,  M.  Quesnay  -  de  -  Beauvoir 
assure  en  avoir  retiré  trois  boisseaux;  d'où  il  conclut  que, 
loutes  choses  égales  d'ailleurs  ,  un  arpent  de  terre  employé 
à  celte  culture  devroit  rapporter  dix  -  huit  cents  boisseaux 
<le  ces  racines,  indépendamment  des  tiges  qu'on  pourroit, 
flans  les  pays  privés  de  bois,  employer  avec  profil  au  chauf- 
fage des  fours  pour  lesquels  on  consomme  tant  de  paille  , 
cet  engrais  si  nécessaire  à  l'agriculture. 

Les  plus  belles  liges  pourroient  servir  aussi  d'échalas 
dans  les  pays  vignobles  ,  et  dans  les  jardins ,  à  ramer  les 
pois  et  les  haricots.  Si  Ton  en  croit  quelques  auteurs  ,  il  se- 
roit  possible  que  les  vers-à-soie  trouvassent  une  nourriture 
dans  les  feuilles  du  topinambour;  que  son  écorce,  préparée 
comme  celle  du  chanvre .,  pût  remplir  les  mêmes  usages,  et 
sa  moelle  ,  celle  du  sureau;  mais  ces  propriétés  n'ont  pas 
encore  été  bien  justifiées  par  un  assez  grand  nombre  de 
faits  ,  pour  les  invoquer  en  faveur  du  topinambour. 

Dans  les  taillis  qu'on  vient  de  couper  et  où  il  se  trouve 
ïiécessairement  beaucoup  de  terre  végétale  ,  le  topinambour 
y  réussiroit  à  merveille.  A  mesure  que  le  taillis  grandiroit , 
la  plante  végéteroit  mal  ;  mais  il  resteroit  toujours  assez  de 
tubercules  pour  servir  de  nourriture  aux  cochons  qu'on  y 
enverroit  pâturer. 

Les  tiges  et  les  feuilles  du  topinambour  fournissent,  par 
leur  incinération,  des  cendres  tellement  riches  en  potasse, 
qu'il  peut  être  fructueux  de  le  cultiver  uniquement  pour 
cet  objet. 

Encore  une  fois  ,  ne  proscrivons  aucune  plante  dont  la 

racine   est  alimentaire  ,  puisque ,  suivant  le  proverbe  ,  ce 

qui  ne  vaut  rien  lii  est  bon  ici.  Nous  avons  en*  1  rance  une  si 

^   grande  diversité  de  terrains  et  d'aspects ,  que  le  topinam- 


TOP  2a5 

bour ,  pour  ne  pas  convenir  à  tous  les  sols,  peut  trouver 
des  endroits  où  sa  culture  seroit  exclusivement  avantageuse. 
Un  pays  n'est  riche  que  par  la  multiplicité  de  ses  produc- 
tions. 

La  grandeur  des  tiges  des  topinambours ,  le  nombre  de 
leurs  feuilles  ,  les  rendent  très-propres ,  dans  l'état  de  vie 
comme  après  les  avoir  coupées,  à  servir  d'abri  contre  les 
vents  et  le  soleil,  M.  Bosc  a,  en  conséquence,  proposé  d'en 
planter  des  rangées  espacées  de  quelques  pieds  et  dirigées 
du  levant  au  couchant ,  dans  les  terrains  arides  qu'on  vou- 
droit  semer  en  bois ,  et  principalement  en  pin.  (parm.) 

TOPINAMBOUR.  On  appelle  ainsi,  aux  Antilles ,  le 
CuRCUMA  d'Amérique  ,  dont  les  racines  se  mangent,  (b.) 

TO  PIN  ARA.  Selon  Aldrovande,  les  Bolonais  appellent 
ainsi  la  Taupe,  (desm.) 

TOPO.  Nom  espagnol  de  la  Taupe.  En  Italie,on  le  donne 
à  la  Taupe  et  à  la  Souris,  (desm.) 

TOPO  1)1  CAMPAGNA.  L'un  des  noms  italiens  du 
muldi,  espèce  de  Rat.  ^.  ce  mot.  (desm.) 

TOPOBEA  d'Aublet.  C'est  le  drepanandrum  de  Necker. 

V.  TOPOBÉE.  (LN.) 

TOPOBÉE  ,  Topobea.  Plante  parasite  qui  croît  ordinai- 
rement sur  le  tronc  des  grands  arbres.  Ses  branches  sont 
sarmenteuses ,  tétragones ,  et  s'inclinent  vers  la  terre  ;  ses 
feuilles  sont  opposées,  ovales,  pointues,  molles,  rougeâlres 
en  dessous  ,  avec  des  nervures  saillantes  et  velues  ;  ses  fleurs 
sont  rouges,  et  portées  plusieurs  ensemble  sur  des  pédoncules 
axillaires. 

Cette  plante  forme  ,  dans  la  dodécandrie  monogynie  et 
dans  la  famille  des  mélastomes  ,  un  genre  qui  offre  pour  ca- 
ractères :  un  calice  campanule  à  six  dents,  et  garni  de  quatre 
bractées  à  sa  base  ;  une  corolle  de  six  pétales  inégaux,  char- 
nus, attachés  au  calice;  douze  étamines  attachées  à  un  dis- 
que qui  entoure  l'ovaire ,  et  réunies  ensemble  ;  un  ovaire 
supérieur,  surmonté  d'un  style  charnu  qui  se  courbe  à  son 
sommet ,  et  est  terminé  par  un  stigmate  à  six  côtes;  une  baie 
rouge ,  succulente ,  divisée  en  six  loges  ,  remplies  de  menues 
semences. 

La  topobée  se  trouve  dans  les  forêts  de  la  Guiane.  On 
mange  son  fruit,  et  on  l'emploie  à  colorer  le  bois  des 
meubles,  (b.) 

TOPOMANA.  V.  Connare.(b.) 

TOPOO.  Nom  de  pays  du  Figuier  des  pagodes,  (b.) 

TOPORAGNO.  Suivant  Aldrovande ,  c'est  un  des 
noms  des  Musaraignes  en  Italie,  (desm.) 

XXXIY.  i5 


226  'j'    O    O 

TOPORKT  Nom  russe  du  Macareux,  (v.) 

TOQUE.  Espèce  Ac  singe  de  l'ancien  continent,  et  du 
genre  Macaque.  (DESM.) 

TOQUl*. ,  Scutellarla.  Genre  de  plantes  de  la  didynainie 
gymnospermic  et  de  la  famille  des  labiées  ,  dont  les  carac- 
tères consistent:  en  un  calice  Irès-court,  à  lèvres  supérieure  et 
inférieure  entières,  avec  une  saillie  squamiforme,  concave, 
orbiculaire  ,  penchée  sur  la  lèvre  supérieure  ;  une  corolle 
monopétale  ,  à  lube  allongé  ,  insensiblement  dilaté  ,  re- 
courbé à  sa  base,  à  orifice  comprimé,  à  lèvre  supérieure  com- 
primée en  voùle  ,  munie  à  sa  base  de  deux  dents  ,  à  lèvre 
inférieure  plus  large,  échancrée  ;  quatre  étamines,  dont 
deux  plus  courtes  ;  quatre  ovaires ,  du  centre  desquels  sort 
un  style  à  stigmate  capité;  quatre  semences  situées  au  fond 
du  calice  ,  qui  se  ferme  après  la  floraison  par  le  moyen  de 
Técaille  de  sa  lèvre  supérieure. 

Ce  genre  renferme  des  plantes  herbacées  ,  quelquefois 
ligneuses,  à  feuilles  opposées,  à  fleurs  solitaires  et  axillaires, 
ou  disposées  en  épi  terminal ,  et  munies  de  bractées.  On 
en  compte  plus  de  trente  espèces,  dont  plusieurs  appartien- 
nent à  l'Europe.  Parmi  ces  dernières  ,  les  plus  communes 
sont  : 

La  Scutelt-AIRE  galériculate  ,  qui  a  les  feuilles  en 
cœur,  lancéolées,  crénelées,  et  les  fleurs  axillaires.  Elle  est 
vivace,  et  se  trouve  sur  les  bords  des  étangs,  des  rivières  et 
dans' les  marais.  Elle  est  vulgairement  connue  sous  le  nom 
de  toque  ^  centaurée  hleue ,  teriianaire  ou  cusside  hlene  ^  et  passe 
pour  détersive,  vulnéraire  et  apéritive  :  on  la  recommande^ 
contre  le  cours  de  ventre  et  les  fièvres  intermittentes. 

M.  Cassini  a  observé  que  le  calice  de  cette  plante  se  sé- 
pare longitudinalcment  en  deux ,  lors  de  la  maturité  des 
graines  ,  au  moyen  d'une  articulation  préexistante  qui  passe 
au-dessus  du  pédoncule  ;  ce  fait  est  très-digne  de  l'attention 
des  scrutateurs  de  la  nature. 

La  Toque  des  Alpes  a  les  feuilles  en  cœur,  dentées, 
crénelées;  les  épis  imbriqués,  presque  télragones  ;  les 
bractées  plus  courtes  que  la  fleur.  Elle  est  vivace ,  et  se  trouve 
dans  les  Alpes  et  autres  montagnes  de  la  France,  principa- 
lement aux  environs  dé  Dijon,  Ses  fleurs  sont  très-grandes 
et  d'un  bleu  pâle. 

La  Toque  petite  a  les  feuilles  ovales,  en  cœur,  pres- 
que entières  ,  et  les  fleurs  axillaires.  Elle  est  vivace  ,  et  se 
trouve  sur  le  bord  des  eaux,  dans  les  pays  montagneux,  tels 
que  Fontainebleau.  Ses  fleurs  sont  rougeâtres. 

Cinq  espèces  nouveUçs  de  ce  genre  sont  figurées  dans  le 


T  O  îl  227 

bel  ouvrage  de  MM.  HumboltU,  Bonplaud  et  Kunlh ,   sur 
les  plantes  de  l'Amérique  méridionale, 

La  Toque  d,f.  l'Ind:-:  constitue  le  genre  Gurangue,  (b.) 

TOQTIILCOYOTL  de  Fernandez.G'estla  Grue  BRUNE. 
V.  ce  mot.  (s.) 

TOQUOLAT.  Sorte  de  Fauvette,  (desm.) 
.  T()K\,  ou  TaORA,  ou  mieux  PHTHORA.  Es- 
pèce de  renoncule  qui  croît  dans  les  Alpes  ,  et  qui  passe 
pour  un  violent  poison.  Son  nom  dérive  du  grec  phlhora 
qu'on  peut  traduire  ^^r  fatal.  L'aconit  anthorâ  (pour  and- 
iiiora)  étoit  l'antidote  de  ce  poison  ;  aussi  l'a-t-on  appelé 
aconit  saluiifère.  Il  paroit  que  les  anciens  considéroient  la 
lunaire,  espèce  de  fougère,  comme  un  autre  antidote  du 
thora, puisqu'ils  l'ont  appelée  également  iJiora  sa/utifera.(^L^.) 

TORA.  Herbe  annuelle  {cassla  tora  ^  L),  qui  croît 
dans  l'Inde ,  et  dont  une  variété  est  nommée  tala  ,  à  Cey- 
lan.  (ln.) 

TORA  PAERU.  Nommalabare  du  Cajan.  (ln.) 

TORG  HE.  On  donne  ce  nom ,  auîc  Antilles  ^  au  Cactiek 
qui  sert  de  flambeau  aux  nègres,  (b.) 

TORGHEPIN.  F.  au  mot  Pin.  (B.) 

TORGHEPOT.  Ge  nom  vulgaire  a  été  adopté  par  Bris- 
son  pour  désigner  les  Sittelles.  F.  ce  mot.  (v.) 

TORGHE-POTEUX  ,  c'est-à-dire  TORGHE-PER- 
TUIS.  Nom  de  la  Sittelle  en  patois  bourguignon,  (s.) 

TORG  H  ES  (vénerie).  Fumées  à  demi-formées  du  cerf,  (s.) 

TORGHON.  On  donne  ce  nom,  à  la  Nouvelle-Orléans 
à  une  cucurbitacée  dont  on  emploie  les  feuilles  à  laver  la 
vaisselle  et  autres  objets,  (ln.) 

TORGOL  ,  Yunx,  Linn.  ,  Lath.  Genre  de  l'ordre  des 
Oiseaux  sylvains  ,  de  la  tribu  des  Zygodactyles  ,  et  de  la 
famille  des  Macroglosses.  F.  ces  mots.  Caractères  :  bec  "ar- 
ni  à  sa  base  de  petites  plumes  dirigées  en  devant ,  longicô- 
ne;  à  dos  un  peu  arrondi,  plus  court  que  la  tête  ,  acuminé  • 
narines  déprimées,  larges,  un  peu  concaves  ;  langue  cylin- 
drique ,  extensible  ,  très-longue  ,  lombriciforme  ,  cornée 
aiguë  et  lisse  à  sa  pointe;  ailes  à  penne  bâtarde  très -cour- 
te ;  les  première  et  deuxième  rémiges  les  plus  longues  de 
toutes  ,  chez  l'espèce  d'Europe  ;  les  troisième  et  quatrième 
chez  celles  de  l'Amérique:  douze  reclrlces  flexibles,  arron- 
dies à  leur  pointe  ;  les  deux  extérieures  très-courtes  ;  quatre 
doigts  ,  deux  devant ,  deux  derrière  ;  les  antérieurs  réunis  à 
leur  base. 

Ge  genre  n'est  composé  que  de  trois  espèces,  dont  l'une 


228  T  O  R 

se  trouve  en  Europe  ,  et  les  deux  autres  dans  l'Amérique 
méridionale.  Elles  se  rapprochent  des  pics  par  leur  langue 
extensible  ,  et  par  la  position  des  doigts  ;  mais  elles  en  diffè- 
rent par  leur  bec  plus  foible  et  pointu  ,  et  nullement  propre 
à  percer  les  troncs  d'arbres  ,  même  les  plus  gâtés  ,  et  enfin, 
en  ce  qu'elles  n'ont  point  la  facilité  de  se  servir  de  leur  queue 
pour  s'en  faire  un  point  d'appui  lorsqu'elles  grimpent.  Leur 
manière  de  grimper  est  aussi  différente  de  celle  des^iVi;  elles 
se  cramponnenlconlre  les  troncs  d'arbres,  etne  quittent  cette 
position  que  pour  s'éleverun  peu  plus  haut,  à  l'aide  de  leurs 
ailes  seules,  tandis  que  les  pics  grimpent  par  petits  sauts  sans 
employer  ce  moyen.  On  les  voit  quelquefois  perchées  sur  les 
branches ,  sauter  de  l'une  à  l'autre ,  les  saisissant  fortement 
avec  leurs  doigts  ,  et  tenant  souvent  leur  corps  en  travers. 

Le  ToRCOL  proprement  dit ,  Yunx  ioruquilla,  Lalh.  ,  pi. 
enl.  de  Buffun  ,  n.°  698.  Le  nom  de  cet  oiseau  est  tiré  de 
l'habitude  qu'il  a  de  tourner  le  cou  ,  d'un  mouvement  lent, 
onduleux  ,  semblable  à  celui  du  serpent,  en  renversant  la 
tête  vers  le  dos ,  et  en  fermant  les  yeux.  Ce  mouvement  pa- 
roît  être  le  résultat  de  la  surprise,  de  l'effroi  ou  de  l'étonne- 
ment  à  l'aspect  d'un  objet  nouveau  ;  c'est  aussi  un  effort  que 
l'oiseau  semble  faire  pour  se  dégager  lorsqu'il  est  retenu  ; 
mais  l'exécutant  aussi  en  liberté  ,  et  les  petits  ayant  déjà  ia 
même  habitude  dans  le  nid  ,  c'est  une  preuve  qu'il  dépend 
d'une  conformation  particulière.  Le  torcola  encore  une  autre 
habitude  assez  singulière  ;  un  de  ces  oiseaux,  renfermé  dans 
une  cage,  hérissoit  et  relevoit  les  plumes  de  sa  tête  ,  lors- 
qu'on s'en  approchoît ,  étaloit  celles  de  sa  queue  et  les  re- 
levoit, s'avançoit,  puis  se  retiroit  brusquement  en  frap- 
pant du  bec  le  fond  de  sa  cage  ,  et  rabattant  sa  petite 
happe  ;  il  ne  cessoit  ce  manège  que  lorsqu'on  se  retiroit  de 
sa  présence. 

Le  torcol  est  un  oiseau  solitaire  qui  voyage  et  vit  seul ,  si 
ce  n'est  dans  le  temps  des  amours  ,  où  on  le  voit  en  société 
avec  sa  femelle  ;  il  arrive  seul  au  mois  de  mai  ,  et  part  de 
même  en  septembre.  Il  s'accroche  au  tronc  d'un  arbre,  mais 
il  ne  grimpe  point,  quoiqu'il  ait  les  pieds  conformés  comme 
les  pics  ;  il  se  perche  môme  rarement ,  et  ne  le  fait  guère  que 
pour  dormir  ;  il  a  une  manière  à  lui ,  lorsqu'il  est  perché,  il 
se  tient  droit  sur  la  branche  ,  et  renverse  son  corps  en  ar- 
rière. On  le  voit  le  plus  souvent  à  terre  ,  où  il  prend  sa  nour- 
riture ;  pour  cela  ,  il  darde  sa  langue  dans  une  fourmilière  , 
et  la  retire  chargée  de  fourmis  retenues  par  la  liqueur  vis- 
queuse dont  elle  est  enduite. 

Le  mâle  se  fait  entendre  à  peu  près  au  même  temps  que 


T  O  R  229 

ie  coucou;  son  crî  est  un  sifflement  aigu'el prolongé;  la  femelle 
ne  fait  point  de  nid,  pond  dans  des  trous  d'arbres,  sur  de  la 
poussière  de  bois  pourri  ;  la  ponte  est  de  huit  ou  dix  œufs 
d'un  blanc  d'ivoire.  Les  petits  ,  par  leur  tournoiement  de 
tête  et  leur  sifflement  qui  redouble  de  force  lorsqu'on  les 
approche ,  ont  effrayé  plus  d'un  dénicheur  qui  les  a  pris  pour 
de  petits  sei^ens. 

11  est  difficile  de  conserver  long-temps  ces  oiseaux  en  cage , 
ne  pouvant  leur  donner  la  nourriture  qui  leur  convient  ;  ce- 
pendant ,  en  les  nourrissant  avec  des  œufs  de  fourmis  ,  on 
peut  en  avoir  la  jouissance  pendant  plusieurs  mois. 

Les  torcols  prennent  beaucoup  de  graisse  ,  sur  la  fin  de 
l'été,  ce  qui  leur  a  valu,  dans  certains  cantons,  le  nom 
A'ortolans  ;  mais  leur  chair  doit  acquérir  un  goût  de  fourmi, 
que  les  chasseurs  prétendent  détruire  en  leur  arrachant  la 
langue  aussitôt  qu'ils  sont  pris. 

Cette  espèce  ,  sans  être  nombreuse  ,  est  répandue  dans 
toute  l'Europe  ,  depuis  la  Grèce,  l'Italie  ,  jusqu'en  Suède, 
et  même  eu  Laponie  ;  on  la  rencontre  aussi  en  Sibérie  et  au 
Kamtschatka:  il  paroît  qu'elle  s'avance  dans  le  Sud,  puisque 
Kolbe  prétend  qu'on  la  trouve  au  Cap  de  Bonne-Espérance, 
où  on  l'appelle  lang-tongue  :  est-ce  bien  le  torcol  ?  au  reste  , 
Edwards  nous  assure  qu'on  la  voit  au  Bengale. 

Grosseur  d'une  alouette;  longueur,  six  pouces  et  demi  ; 
dessus  de  la  tête  et  du  cou  ,  dos,  croupion  ,  couvertures  su- 
périeures de  la  queue  ,  variés  d^  gris  ,  de  brun  et  de  noirâ- 
tre, ces  couleurs  étant  disposées  en  lignes  transversales  et  en 
zigzag  ;  les  couvertures  des  ailes  sont  de  plus  mêlées  de  rous:- 
sâtre  et  tachetées  de  blanc  tirant  sur  le  roux  ;  joues, devant  da 
cou  et  du  corps  ,  à  raies  transversales  noirâtres  sur  un  fond 
roussâtre  ;  ventre  et  jambes  d'un  blanc  sale  ,  avec  quelques 
taches  noirâtres  ;  pennes  des  ailes  brunes,  marquées  à  l'ex- 
térieur de  taches  carrées ,  d'un  roux-clair  ;  pennes  de  la 
queue  ,  d'un  gris-clair,  varié  de  bandes  transversales  noirâ- 
tres ,  de  petites  lignes  en  zigzag,  et  de  taches  de  même  cou- 
leur ;  iris  jaunâtre  ;  bec  de  couleur  de  plomb  clair  ;  pieds  et 
ongles  gris. 

La  femelle  diffère  par  des  teintes  moins  vives. 

Aldrovande  parle  d'une  variété  que  Brisson  indique  sous 
l«  nom  de  torcol  rayé;  elle  a  tout  le  dessus  au  corps  tacheté 
transversalement  de  jaune,  sur  un  fond  roussâtre  ;  le  dessous 
du  corps  rayé  longiludinalement  de  jaune,  sur  un  fond  blanc  ; 
les  pieds  jaunes  et  les  ongles  noirs.  La  queue  est  composée 
de  douze  pennes  dont  la  première  de  chaque  côté  est  très- 
çourtc  ,  ainsi  qu'on  le  remarque  dans  la  plupart  des  pics  el 


23o  r  o  n 

des  jacamars^  que  Ton  a  mal  à  propos  signalés  comme  n'ayant 
que  dis  recirices  ou  pennes  can^lalcs. 

Le  TORCOL  DE  Cayenne,  Yimx  minutissirnus ,  (imel.;  Pi- 
r.us  ml/ni/iss! mm  ,,  Laih.  ,  p[.  enl.  de  Bi/ff- -,  n.»  786  ,  fig.  i, 
sous  la  dénominalion  de  très-petii  Pic  de  Cayenne.  Il  est  de  la 
taille  du  roitelet,  et  a  trois  pouces  et  demi  de  ^ngueur  to- 
tale. Le  bec  est  noir  ;  le  sommet  de  la  tête,  rouge;  1  occiput, 
noir  et  tacheté  de  blanc;  les  côtés  de  la  tête  sont  bruns  et 
marqués  de  blanc  ;  toutes  les  parties  supérieures  du  cou  et 
du  corps  ,  d'un  roux  grisâtre  ;  le  dessous  du  corps  est  d'un 
gris-blanc,  et  chaque  plume  est  bordée  de  brun  ;  les  pennes 
des  ailes  et  de  la  queue  sont  de  couleur  brune,  ainsi  que  les 
pieds.  La  femelle  ne  diffère  du  mâle  ,  qu'en  ce  qu'elle  a  le 
sommet  de  la  tête  noir. 

Le  ToRcoL  DU  Paraguay  ,  Yunoo  minutas  ,  Vieill.  Ce  pe- 
tit torcol  a  été  observé  au  Paraguay  par  M.  de  Azara  ,  qui 
le  décrit  sous  le  nom  de  Carpinleronano.  11  n'est  pas  rare  dans 
cette  contrée  ,  et  quoiqu'il  fréijucnte  les  haliiers  fourrés ,  on 
le  trouve  plus  communément  dans  les  grands  bois.  On  assure 
qu'il  fait  sa  ponte  dans  des  trous  d'arbres  ,  et  qu'elle  n'est 
composée  que  de  deux  œufs.  On  le  trouve  seul  ou  par  paire, 
grimpant  contre  le  tronc  des  petits  arbres,  et  quelquefois  sau- 
tant d'une  branche  à  l'autre  ,  en  les  saisissant  fortement  avec 
ses  doigts,  et  tenant  son  corps  en  travers.  Il  n'a  pas  ,  comme 
les  pics  ,  la  faculté  de  s'appuyer  sur  sa  queue,  et  si  cela  lui 
arrive  ,  ce  n'est  que  pour  un  instant.  La  description  que 
M.  de  Azara  fait  de  ce  torcol  ne  pouvant  convenir  à  celui  de 
Cayenne  ,  j'ai  cru  devoir  les  isoler  ,  comme  deux  races  voi- 
ifiines  ,  mais  distinctes.  Il  a  trois  pouceshuii  lignes  de  longueur 
totale;  le  bec  à  peu  près  long  de  cinq  lignes;  des  raies  trans- 
versales noires  et  blanches  ,  larges  d'une  demi-ligne,  sont 
sur  tout  le  dessous  du  corps,  à  l'exception  des  couvertures 
inférieures  des  ailes  ,  qui  sont  blanchâtres.  On  remarque 
deux  petites  taches  blanches  entre  les  narines  et  l'angle  de 
la  bouche  ;  la  gorge  est  presque  noire  dans  quelques  indivi- 
dus ,  et  pointillée  de  noir  et  de  roux,  dans  d'autres  ;  les  cô- 
tés et  le  derrière  de  la  tête  sont  piquetés  de  blanc  et  de 
noir  ;  toutes  les  parties  supérieures  sont  brunes;  la  penne 
extérieure  de  cha^e  côté  de  la  queue  a  une  bande  blanche 
oblique,  qui  laisse  du  noir  sur  les  bords  et  à  l'extrémité  ; 
une  semblable  bande  ,  mais  plus  droite  ,  est  sur  la  deuxième 
penne  ;  les  deux  suivantes  sont  noires  ,  de  même  que  la  moi- 
tié inférieure  dos  intermédiaires  dont  l'autre  moilié  est  blan- 
che ;  le  tarse  est  couleur  de  plomb  ;  le  bec  noir  ,  avec  du 


T  O  R  23i 

jaune  à  la  base  de  sa  mandibule  inférieure;  le  tour  des  yeux 
est  noirâtre,  (v.) 

TORCOT.  F.  ToRCOL.  (desm.) 

TORCOU.    r.    TORCOL.  (DESM.) 

TORD/V.  M.  Dumeril  (  Zoo/,  analyt.  )  ,  pro|>ose  ce  nom 
latin  pour  désigner  les  oiseaux  du  genre  Pingouin,  (desm.) 

TORDEUSlliS,  Torirkes.  Tribu  d'insectes  de  Tordre  des 
lépidoptères,  famille  des  nocturnes  ,  désignés  par  quelques 
auteurs  sous  les  noms  de  Phalènes  a  larges  épaules,  et  de 
PjAlènes  chappes  ,  parce  que  leurs  ailes  supérieures  ont  le 
bord  extérieur  arqué  à  sa  base  et  rétréci  ensuite  ;  leur  forme 
est  courte  ,  large  ,  en  ovale  tronqué  postérieurement,  ce  qui 
donne  à  ces  insectes  une  physionomie  particulière.  Linnœus 
en  a  fait  une  division  ,  celle  des  rouleuses  ,  ioitrices  ,  de  son 
^enre  phalœna  :  ce  sont  les  pyralis  de  Fabricius. 

Ces  lépidoptères  sont  petits ,  avec  des  couleurs  variées  et 
agréables;  portent  leurs  ailes  en  toit  écrasé, ou  presque  ho- 
rizontalement et  toujours  couchées;  les  supérieures  se  croisent 
alors  un  peu  le  long  de  leur  bord  interne.  Les  palpes  infé- 
rieurs sont  souvent  avancés  en  forme  de  museau,  ou  recour- 
bés en  forme  de  cornes  sur  la  tête.  Leurs  chenilles  ont  seize 
pattes,  le  corps  ras  ou  peu  velu,  et  elles  tordent  ou  roulent  les 
feuilles;  elles  fixent  successivement,  et  dans  un  même  sens» 
divers  points  de  leur  surface  ,  par  des  couches  de  fils  de  soie, 
se  font  ainsi  un  tuyau  où  elles  sont  à  couvert,  et  où  elles 
mangent  tranquillement  le  parenchyme  des  feuilles.  D'au- 
tres ont  pour  retraite  plusieurs  feuilles,  ou  des  fleurs  qu'elles 
lient  avec  de  la  soie.  11  en  est  qui  s'établissent  dans'des  fruits. 

Plusieurs  ont  lexirémité  postérieure  de  leur  corps  plus 
étroite  ,  el  Réaumur  les  a  nommées  chenilles  en  forme  de  pois- 
son. Leur  coque  a  la  figure  d'un  bateau.  Ces  coques  sont  tan- 
tôt de  pure  soie,  tantôt  mélangées  de  diverses  matières. 

Cette  tribu  se  compose  d'un  seul  genre,  celui  des  Pyrales, 
mais  qui  est  susceptible  d'être  partagé  en  plusieurs  autres.  (L.) 

TORDINA.  C'est,  dans  Scopoli,  I'Aloultte  lulu.  (v.) 

TORDINO.  Nom  italien  de  I'Orïolan.  (v.) 

TORDULE,  Tordula.  Genre  de  plantes  établi  par  Hed- 
>vig,  dans  la  famille  des  Mousses.  F.  Tortule.  (b.) 

TOKDYLE,  Tordylium.  Genre  de  pl.uiles  de  la  pentan- 
drle  digynie  et  de  la  famille  des  ombeilifères,  dont  les  carac- 
tères consistent  :  en  un  calice  à  cinq  dents  ;  en  une  corolle  de 
cinq  pétales  courbés  en  cœur  ,  ceux  de  la  circontérence  plus 
granlset  bifides;  eu  cinqélamines;  en  un  ovaire  inférieur  sur- 
nxjiile  de  deu^:  styles;  en  un  fruil comprime,  orbiculaire,com^ 


233  T  O  R 

posé  de  deux  semences  planes ,  renfle'es  sur  leurs  bords  et 
crénelées. 

Ce  genre  ,  fort  voisin  des  Hasselquistes  ,  renferme  des 
plantes  à  feuilles  alternes,  pinnalifides  ,  et  à  Heurs  toutes 
hermaphrodites,  accompagnées  d'involucres  longs  et  entiers. 
On  en  compte  une  douzaine  d'espèces  ,  sans  y  comprendre 
les  tordyles  anihrisqué  et  noueuse  ^  qui  en  faisoient  partie  dans 
les  ouvrages  de  Linnœus  ,  mais  qui  ont  été  depuis  placées 
parmi  les  Caucalides.  (  V.  ce  mot  et  celui  de  Torile  ).  Les 
plus  importantes  à  connoître  sont  :  « 

Le  ToRDYLE  OFFICINAL  ,  qui  a  les  involucres  partiels  de  la 
longueur  des  fleurs  ,  et  les  folioles  ovales  ,  lancéolées.  11  est 
annuel ,  et  se  trouve  dans  les  parties  méridionales  de  TEu- 
rope.  On  emploie  ses  racines  et  ses  semences  dans  lapliar- 
inacie  ,  sous  le  nom  de  séséll  de  Crèie.  Elles  font  partie  des 
ingrédiens  de  la  grande  Oiériaque.  Elles  ronvionnont  dans 
l'asthme  ,  dans  la  suppression  des  règles,  des  urines  et  dans 
les  coliques  venteuses. 

Le  ToRDYLE TRÈS-GRAND  a  les  Ombelles  rapprochées,  les 
folioles  lancéolées,  dentées.  Il  est  annuel ,  et  se  trouve  dans 
les  parties  méridionales  de  l'Europe. 

Le  ToRDYLE  DE  LA  FOUILLE  a  les  ombelles  écartées  ,  les 
folioles  presque  rondes  et  découpées.  Il  se  trouve  dans 
les  parties  méridionales  de  l'Europe.  11  ressemble  l)cau- 
coup  àVofficinnl,  et  s'emploie,  comme  lui,  en  médecine,  (b.) 

TORDYLION.  Plante  mentionnée  par  les  anciens  bo- 
tanistes ,  et  qu'ils  rangeoient  au  nombre  de  leurs  Sfsélis. 
(  V.  ce  mot.  )  Nous  avons  dit ,  à  cet  article  ,  que  les  botanis- 
tes croient  assez  généralenient  que  cette  plante  est  celle 
que  nous  nommons  iordylium  officinale  ;  elle  s'appeloit  aussi 
iardylîon  y  tardylis  ^  iordylon,  iordih'on ,  iordylium  et  seselis  ou 
seseli  creticum.  Il  en  est  question  dansAristote  sous  les  noms 
de  tordylon  et  de  seseli- creticon.  C'est  \e.  gordylon  à.^  Paul  -AEgy- 
net,  et  yordyliun  de  Nicander. 

Les  botanistes  qui  ont  précédé  Tournefort ,  désignèrent 
parle  nom  de  tordylion  ou  iordylium^  les  Iordylium  maximum  y 
officinale  ,  L.  •  apiilum^  L.  ;  VJEthusa  Mcum,  L.,  etc. ,  et  quel- 
ques autres  plantes  ombellifères. 

Le  genre  iordylium  de  Tournefort ,  diffère  du  tordylion 
d'Adanson,  en  ce  que  celui-ci  comprend  V/iasselqin^tia,  Linn., 
et  du  iordylium  de  Linnseus  ,  parce  qu'il  ne  renferme  pas  les 
iordylium  laiifoliurn,nodosum  et  anihriscus  ^  Linn.  ,  que  presque 
tous  les  auteurs,  depuis  C.  Bauhin  ,  ont  placé  avec  les  cau- 
ralis,  et  qui  constituent  maintenant  le  genre  iorilis  établi  par 
Adanson,  et  adopté  par  Gaertner  ,  Mœnch  et  Sprengel. 


T  0  R  233 

Le  Tondylocarpus  d'Hoffmann  a  pour  type  le  T.  apulum  , 
L.  ;  son  Zosimia  ,  le  T.  ahsiniliifoliiim ,  Persoon  ;  et  son  Ktti- 
iero.,  le  T.  peregrinum  ,  L.  (lN.) 

TORE  ,  Torus.  Nom  donné  au  réceptacle  cylindrique  de 
certains  fruits  multiples  :  les  magnollers  en  offrent  un 
exemple.  F.  §  3 ,  Fruits  multiples,  (p.  b.) 

TOREA.  "Oiseau  aquatique  des  îles  de  la  Société,  qui  est 
appelé  Petit  corlieu  dans  la  Relation  des  Voyages  du  capi-^ 
iaine  Cook.  (s.) 

TORENIA.  Ce  genre  établi  par  Osbeck,  adopté  et  ca- 
ractérisé par  Linnseus ,  est  nommé  kœîa  par  Adanson.  V.  To- 

RÉNIE.  (L^\) 

TORÉNIE  ,  Torenia.  Genre  de  plantes  de  la  didynanaie 
angiospermie  et  de  la  famille  des  scrophulaires  ,  dont  les  ca- 
ractères consistent  :  en  un  calice  tubulcux,  anguleux,  bifide, 
surmonté  de  trois  pointes;en  une  corolle  tubuleuse,  bilabiée, 
à  lèvre  supérieure  entière  ,  à  lèvre  inférieure  trifide  et  iné- 
gale ;  en  quatre  étamines,  dont  deux  plus  courtes,  simples  et 
fertiles,  et  deux  plus  longues,  bifides  ,  une  des  divisions  seule 
anthérifère;  en  un  ovaire  supérieur  surmonté  d'un  style  à  stig- 
mate bifide  ;  en  une  capsule  oblongue  ,  bivalve  ,  à  valves  et  à 
cloisons  simples,  et  qui  contient  un  grand  nombre  de  se- 
mences. 

Ce  genre  renferme  deux  plantes  vivaces  de  ITnde,  à  feuil- 
les opposées,  à  fleurs  solitaires,  terminales  ou  axillaires  : 
l'une,  la  Torénie  d'Asie  ,  est  glabre ,  et  a  la  tige  rampant^î  ; 
l'autre, la  ToRÉNiE  hérissée, est  velue, et  a  la  tige  droite. (b.) 

TORESIE,  Toresia.  Plante  graminée  du  Pérou,  qui  forme 
un  genre  dans  la  monoécie  triandrie ,  fort  voisin  des  C  an- 
ches. Ses  caractères  sont  d'avoir  une  balle  calicinale  bi- 
valve ,  renfermant  trois  fleurs  ,  les  deux  latérales  mâles  ,  et 
l'intermédiaire  femelle  ;  les  balles  florales  bivalves  ,  et  l'ex- 
térieure aristée  dans  les  mâles  ;  une  semence  oblongue. 

Ce  genre  ne  diffère  pas  du  Disarrhène  de  la  Billar- 
dière,  du  IIierochloa  de  R.  Brown  ,  du  Sâvastène  de 
Schrank.  (b.) 

TORF.  Nom  allemand  de  la  Tourbe.  V.  ce  mot.  Tlts'.) 

TORILE  ,  Torilis.  Genre  établi  par  x\danson  et  adopté 
par  Gœrtner  ,  tab.  20  de  son  ouvrage  sur  les  graines  des 
plantes.  Il  renferme  la  Caucalide  noueuse  ,  qui  a  des  ca- 
ractères suffisans,  pour  être  séparée  des  autres.  Ces  carac-' 
îères  sont  :  une  ombelle  simple  ;  un  involucre  d'un  petit 
nombre  de  folioles  ,  ou  même  nul  ;  une  semence  bispide.  (s.) 

TORÏLÏS.  V.  Torile  et  Tordylion.  (ln.) 

TORMENTILLA.  Plante  ainsi  nommée  par  les  bota-. 


23/^  T  OR 

nistes,  parce  que,  selon  C.  Bauhin  ,  sa  racine,  réduite  en 
poudre  et  mise  avec  de  l'alun  et  de  la  pyrèlhre  dans  les  cavilés 
des  dents,  calme  les  d(»uleurs  elles  tourmens  qu'elles  font 
souffrir.  Cette  plante  est  le  iurwentilla  erer.tu.  VoyezToVi- 
MEMTiLLA.  Dalechamps  a  nommé  tormenilUa  randida^  l'espèce 
d'alchimille  qu'on  appelle  akhimilla  alpina.  C.  Eauhîn,  dans 
son  Pinax  ,  les  inscrit  sous  le  nom  commun  de  iormeiiiilla ; 
il  y  joint  ïherba  Jf^iapassa  qui  nous  est  inconnue. 

Le  turmeniilla  crccta  est  Yheptapliylliim  de  Fuchsius  ,  et  Val- 
chimUla  alpina  ^  Vheptapyllon  (le  Clusius.  Les  feuilles  de  ces 
deux  plantes  offrent  sept  folioles  ,  ce  qui  explique  pourquoi 
on  les  a  nommées  ainsi. 

Les  botanistes  ont  fixé  exclusivement  le  nom  de  iormenlilla 
au  genre  qui  comprend  la  plante  qui  l'a  reçu  la  première. 
Adanson  le  supprime,  et  confond  le  tormentllla  avec  le  p'oteii- 
ti/la,  genre,  en  effet ,  très-voisin.    ?^.  Potentille   et  ToR- 

MEN  riLLE.  (LN.) 

TORMENTILLE,  TormentUla.  Genre  de  plantes  de  l'i- 
cosandrie  polygynie  et  de  la  famille  des  rosacées  ,  qui  pré- 
sente pour  caractères  :  un  calice  à  huit  découpures  ,  dont 
quatre  alternes  plus  petites  ;  une  corolle  de  quatre  pétales  ; 
un  grand  nombre  d'étamines  insérées  sur  la  base  du  calice  ; 
un  réceptacle  très-petit ,  portant  un  grand  nombre  d'o- 
vaires et  un  seul  style  ;  un  grand  nombre  de  semences 
nues. 

Ce  genre  renferme  deux  plantes  vivaccs  ,  à  feuilles  digi- 
tées  et  à  fleurs  axillaires  ou  terminales  ,  qui  croissent  en 
Europe  et  en  Amérique  ,  dans  les  marais  et  les  bois  hu- 
mides. 

L'une,  la  Tormentille  droite,  aies  tiges  droites  et  les 
feuilles  sessiles  :  c'est  la  plus  commune.  Ses  racines  sont  de 
la  grosseur  du  doigt  et  rouges. 

L'autre,  la  Tormentille  rampaiste  ,  a  la  tige  rampante 
et  les  feuilles  péiiolées.  Sa  racine  est  plus  grosse  et  plus  rouge 
que  celle  de  la  première. 

Les  racines  de  toutes  deux  sont  amères  et  astringentes  ,  et 
s'emploient  fréquemment  contre  les  hémorragies  ,  les  diar- 
rhées ,  les  (leurs  blanches  ,  etc. 

La  diminution  d'une  partie  ,qui  établit  la  différence  entre 
ce  genre  et  celui  des  Poteîstilles  ,  doit  d'autant  plus  être 
regardée  comme  insuffisante  pour  le  conserver, que  la  dernière 
espèce  offre  toujours,  sur  le  même  pied,  des  Heurs  à  quatre 
et  à  cinq  parties  ;  en  conséquence  ,  quelques  botanistes  réu- 
nissen'  celui-ci  à  l'autre,  (b.) 

TORMliNAL.  Nom  spécifique  d'un  Alisier,  (b.)   . 


'V  O  R  235 

TORMINALIS.  Pline  (livre  i5.),  en  Irallanl  des  ar- 
bres fruillcrs  ,  consacre  un  chapitre  très -court  au  .sor/yw.v, 
dont  il  distiic;ue  qi'.aire  espèces,  Tune  à  frull  rond  coimne 
la  pomme  ,  une  seconde  à  fruit  pyriforme  ,  et  une  troisième 
à  fruil  ovale  comme  certaines  pommes  :  «  Ces  fruits  ne  sont 
pas  malfaisans  ,  mais  ils  ont  une  odeur  (saveur?)  acre  et  un 
^oât  qui  n'est  pas  très-  agréable  ;  les  plus  généreux  et  uieil- 
ieurs  ,'  sont  ceux  qui  ont  des  feuilles  délicates  (  ou  jeunes  ou 
petites  )  autour  de  leur  pédicule  ». 

«  La  quatrième  espèce,  ajoute  Pline,  appelée  /or//?ï/2a- 
lis  ,  et  employée  seulement  en  médecine  est  constam- 
ment en  fruits  ;  sa  pomme  (fruit  )  est  la  plus  petite  de  tou- 
tes, et  l'arbre  est  aussi  différent  ,  ayant  des  feuilles  presque 
semblables  à  celles  du  platane.  Tous  les  sorfjus  ne  produisent 
qu'-ou  bout  de  trois  ans.  Caton  recommande  de  garder  les 
sorbes  vineuses.  » 

Pline  se  contente  de  rapporter  les  différences  qu'il  y  a 
entre  le  iuniuii'ilis  et  les  autres  sorhus;  cependant  il  ne  dé- 
crit pas  ces  derniers  ;  mais  lorsqu'on  a  recours  aux  auteurs 
gr^'cs ,  on  reconnoît  que  les  sorhus  ne  forment  qu'une  seigle 
espèce  qu'ils  désignent  par  on  et  onè  (Hippocrate),  et  plus 
ordinairement  par  oua  et  ouon  (Tbéoph. ,  Diosc.  )  :  le  pre- 
mier de  ces  noms  désigne  l'arbre,  et  le  second  le  fruit, 
Théophrasle  est  le  premier  qui  ait  donné  une  description  de 
cette  plante,  et  on  peut  en  conclure  que  c'étoit  im  arbre  à 
feuilles  ailéesavecimpaire,  à  folioles  dentées,  àfleurs  petites, 
blanches  ,  en  grappes  ,  et  à  fruits  aussi  en  grappes. 

Dioscoride  est  très-bref  sur  celte  plante,  et  ne  signale 
que  ses  fruits.  Lorsqu'ils  étoient  encore  jeunes,  et  avant  leur 
maturité  ,  on  les  mettolt  en  pièces  et  on  les  faisoit  sécher 
au  soleil  :  ainsi  préparés,  ils  étoient  bons  à  manger  et  s'em- 
ploydient  pour  resserrer  l'estomac.  Ces  fruits,  réduits  en  fa- 
rine ou  bien  en  décoction,  produisoient  les  mêmes  effets.  Ga- 
lien  fait  observer  que  les  sorbes  sont  presque  aussi  forte- 
ment astringentes  et  stypliques  que  les  nèfles. 

C'est  à  notre  Sorbier  domestique  (i,9o/'ôu5</ome5'/c«),  pins 
connu  sous  le  nom  de  cormier,  que  se  rapportent  l'arbre  dit 
oua  par  les  (irecs  ,  et  les  trois  premières  espèces  de  sorbus 
de  Pline  ;  peut-être,  cependant ,  est-il  à  croire  que  le  sorbus 
aucuparla  ,  c'est  à  dire  ,  le  sorbier  des  oiseleurs  ,  s'y  trouve 
compris.  Quant  au  iornii'iia/is  de  cet  auteur,  le  peu  qu'il 
en  dit  s'applique  très-bieri  à  l'alisier  torminal  {cratœf^us  îor- 
mihalis  ^\t.^\  et  c'est  à  cet  arbre  <|ue  Matthiole  ,  Gesner, 
Césalpin,  C.Jjauhihel  presque  tous  les  botanistes  rapportent 
le  sotius  lorniinalis  de  Pline.  Chabréc  nous  apprend  que  ctl 


^3G  T  O  R 

alisier  est  commun  en  Bourgogne  et  aux  environs  de  Mont- 
Léliard,  et  qu'il  y  est  nommé  anier  ^  aigreiier  ,  et  son  fruit 
anote.  Ce  fruit  est  donné  parle  meuie  aulcur,  mais  avec 
doute  ,  pour  la  Poire  d'Angoise  ;  nom  qui  rappelle  que  ce 
fruit  soulage  beaucoup,  et  calme  les  douleurs  et  tranchées 
qu'on  éprouve  lorsqu'on  est  atteint  de  ladyssenterle.  (ln.) 

TORNABONA.  V.  Tabacus  et  Tabac,  (lt^.) 

TOPvN ADOS.  Nom  que  les  Espagnols  donnent  aux 
iourhillons  et  aux  coups  de  vent  qu'on  éprouve  fréquemment 
sur  les  côtes  de  Guinée,  (pat.) 

ÏORNATELLE  ,  Tomatella.  Genre  de  coquilles  établi 
par  Lamarck ,  mais  qui  ne  diffère  p.is  suffisamment  de  celui 
appelé  AcTÉONpar  Denys-de-Montfori,  (b.) 

TORNOVIARSUK.  C'est ,  au  Groenland  ,  le  canard  à 
collier.  F.  l'article  des  Canards,  (s.) 

TORO.  En  espagnol  et  en  italien ,  on  écrit  ainsi  le  nom 
du  Taureau,  (desm.) 

TORO.  Dans  le  midi  de  la  France  ,  ce  nom  est  donné  aux 
Chenilles  et  à  la  Chrysomèle  de  l'osier  franc,  (desm.) 

TORO.  C'est  le  Napel  ou  Aconit  a  fleurs  jaunes  ,  en 
Languedoc.  C'est  aussi  le  Sorbier  des  Oiseaux,  (desm.) 

TORONGBELEDY.Nomarabe,donnéenEgypteàune 
variété  de  Limon  (^citrus  mcdica,L.),àont  le  fruit  est  semblable 
pour  la  forme,  et  pour  la  grandeur,  h  un  concombre.  Torong 
mesahba  est  celui  d'un  autre  limon  épais  et  à  côtes,  (ln.) 

TOROWÊ.  Nom  du  Chevalier  a  ailes  blanches,  dans 
File  d'Olaïti.  (v.)  « 

TORPEDO.  Nom  latin  de  la  Torpille,  espèce  de  Raie. 

(desm.) 

TORPILLE.  Espèce  de  poisson  du  genre  des  Raies  ^ 
qui  jouît  de  l'étonnante  propriété  de  frapper  d'engourdisse- 
ment la  main  qui  la  touche,  ou  mieux,  de  lui  faire  ressentir 
une  commotion  parfaitement  semblable  à  celle  que  donne 
tine  machine  électrique ,  propriété  qu'elle  partage  avec  une 
Gymnote, une  TRiCHiuRE,uneMÉEAPTÉRURE  ou  Silure,  et 
un  TÉTRODON,  mais  qui  d'abord  ayant  été  oÊservée  en  elle, 
lui  a  valu  de  tout  temps  une  très-grande  célébrité. 

On  dislingue  aisément  la  raie  torpille  des  autres  espèces 
de  son  genre,  parce  qu'elle  est  ronde  en  devant,  qu'on  ne 
dislingue  sa  tête  que  par  lo  place  des  yeux,  et  que  sa  peau 
est  totalement  dénuée  de  piquans. 

Blainville  a  séparé  les  torpilles  des  raies  ,  pour  en  faire 
un  sous-genre  qu'il  a  appelé  Narqobate. 


T  O  R  23/ 

Ce  poisson  a  été  trouvé  dans  toutes  les  mers  ,  et  il  est  assez 
commun  dans  celles  d'Europe  ,  surtout  dans  la  Méditer- 
ranée ,  où  il  parvient  à  une  grandeur  telle  ,  <{u'il  pèse  quel- 
quefois dix-huit  à  vingt  livres.  Sur  les  côtes  de  l'Océan  ,  il  a 
rarement  plus  de  deux  pieds  de  long. 

Hippocrate  est  le  premier  qui  ait  fait  mention  de  la  tor»- 
pille.  11  la  met  dans  la  classe  des  poissons  mangeables  ,  et  la 
conseille  dans  l'hydropisie.  Il  ne  parle  pas  de  sa  propriété 
électrique  ;  mais  Platon  ,  son  contemporain  ,  la  désigne 
clairement.  Aristole  ,  Théophraste  et  autres  écrivains  grecs, 
connoissoient  fort  bien  ce  poisson.  Pline, Plutarque,Oppien 
et  autres  auteurs  latins,  nous  ont  également  laissé  des  notions 
sur  son  compte  ;  mais  ils  ont  beaucoup  exagéré  la  faculté 
dont  il  est  doué. 

Borelli,  Lorenzini  et Réaumur  sont,  parmi  les  moder^ 
nés ,  ceux  qui  se  sont  les  premiers  occupés  de  rechercher 
les  moyens  que  la  torpille  emploie  pour  produire  son  effet. 
Chacun  de  ces  physiciens  imagina  un  système  différent  pour 
l'expliquer  ,  systèmes  qui  furent  laissés  dans  l'oubli  dèa 
qu'on  eut  découvert  Telectricité. 

Walsch,  le  premier,  démontra  clairement  que  les  phé- 
nomènes que  présente  la  torpille  lorsqu'on  la  touche,  sont 
parfaitement  semblables  à  ceux  qu'on  remarque  dans  l'élec- 
tricité. 

Il  résulte  de  ses  expériences,  que  quatre  personnes  qui  se 
tiennent  par  la  main  éprouvent  toutes  une  commotion, 
lorsque  celles  des  extrémités  touchent ,  l'une  la  queue  ,  el 
l'autre  la  tête  du  poisson  ;  que  le  même  effet  a  lieu  lorsqu'el- 
les communiquent  par  l'intermédiaire  d'un  morceau  de  fer, 
mais  non  lorsqu'elles  se  tiennent  par  le  moyen  de  tubes  de 
verre  ,  ou  qu'elles  le  touchent  avec  un  de  ces  tubes. 

On  a  répété  un  grand  nombre  de  fois  ces  expériences  ; 
on  en  a  fait  beaucoup  d'autres  ,  et  toujours  les  résultats  ont 
prouvé  l'identité  de  la  commotion  qu'on  éprouvoit  avec 
celle  produite  par  l'électricité.  V.  au  mot  Electricité. 

Mais  dans  quelle  partie  de  ce  poisson  réside  donc  cette 
faculté  de  lancer  la  foudre  ? 

De  chaque  côté  du  crâne  et  des  branchies,  dit  Lacépède  , 
est  un  organe  particuJÀer  qui  s'étend  communément  depuis 
le  bout  du  museau  jusqu'à  ce  cartilage  demi-circulaire  qui 
fait  partie  du  diaphragme  ,  et  qui  sépare  la  cavité  de  la  poi- 
trine de  celle  ijLG.  l'abdomen.  Cet  organe  aboutit  d'ailleurs, 
par  son  côf^  extérieur  ,  presque  à  l'orifice  de  la  nageoire 
pectorale,  ot  est  plus  épais  dans  son  côté  intérieur.  Entre  cet 
organe  et  'ia  peau ,  on  voit  deux  espèces  de  bandes  superpo- 


338  T  0  R 

«(•es  l'une  à  Taulre  ,  dont  la  supéricnre  ,  à  fibres  longitudi- 
nales, s'-Jr.rtavec  la  peau  par  le  moy  .n  d'un  tissu  cellulaire, 
et  dont  l  inférieure,  à  libres  transversales,  se  coniinue  dans 
l'organe  par  un  très-grand  nombre  de  prolongeme;is  mem- 
braneux ,  qui  forment  des  prismes  verticaux  à  cinq  ou  six: 
pans,  ou  pour  mieux  dite  dtts  tubes  dont  la  hauteur  dimi- 
nue à  mesure  qu'ils  s  approchent  du  bord  ,  et  qui  sont  rem- 
plis d'une  substance  mollasse,  transparente,  qu'on  a  re- 
connue ,  par  l'analyse  ,  être  composée  d'albumine  et  de  gé- 
latine. On  a  compté  ,  d.ms  chacun  ans  deux  oigam-s  d'une 
torpille  ,  jusqu'à  près  de  douze  cents  de  ces  prismes  ,  les  uns 
réguliers,  les  autres  irréguliers,  mais  tous  divises,  dans  leur 
intérieur,  en  plusieurs  intervalles  ,  par  des  cloisons  membra- 
neuses, horizontales,  transparentes.  Déplus,  chaque  organe 
est  traversé  par  des  artères  ,  des  veines  et  des  nerfs  qui  cou- 
rent dans  toutes  les  directions,  et  qui  y  portent  une  vie 
aciive. 

On  ne  peut  se  refuser  à  voir,  dans  ce  double  organe,  un 
assemblage  de  piles  galvaniques  plus  petites  ,  mais  aussi 
beaucoup  plus  nombreuses  que  celles  qui  ont  été  observées 
dans  le  Gymnote  electrioue.  (  F.  ce  mot.  )  C'est  donc  en- 
core le  (luidc  galvanique  qui  agit  ici,  et  non  le  fluide  élec- 
trique ;  mais  les  différences  qui  existent  entre  eux  sont  trop 
légères  pour  qu'on  doive  changer  les  expressions  employées 
ci-devant. 

On  peut  donc  encore  dire:  i."  que  toute  l'électricité  de  la 
torpille  est  renfermée  et  produite  par  ses  doubles  organes  - 
et  que  les  autres  parties  de  son  corps  ne  servent  que  de  con- 
ducteurs; 2.^  que  l'effet  des  organes  sen'.ble  être  dépendant 
et  subordonné  à  sa  volonté  ;  '6."  qu'on  ignore  si  elle  peut 
faire  agir  un  organe  indépendamment  de  l'autre;  4-°  qu'on 
ne  reçoit  aucune  commolion  lorsqu'on  touche  en  même 
^ernps  les  deux  organes  en  dessus  ou  en  dessous  ,  mais  qu'il 
y  en  a  toujours  une  lorsqu'on  établii  une  communication 
entre  le  dos  et  le  ventre  ;  5.'=  que  la  peau  et  les  nageoires 
servent  de  conducteurs  ,  quoique  plus  foiblemcnt  que  le 
fer. 

Sp^allanzani  a  observé  que  lor'jqu'une  torpille  est  prête  à 
expirer,  elle  ne  fait  plus  éprouver  ses  commotions  par  inter- 
valles, mais  continuellement,  quoique^  foiblement  ;  et  que 
les  fœtus  tires  du  ventre  de  leur  mère  sont  cloués  de  la  faculté 
de  les  faire  sentir. 

On  a  beaucoup  exagéré  la  puissance  des  effets  c?^  la  torpille; 
on  a  dit,  par  exemple,  qu'elle  pouvoit  donner  la  commotion 
aux  personnes  qui  étoient  dans  un  vaisseau  qui    V''^^^^''  ^""^ 


T  0  R  239 

elle  ,  nux  pêcheurs  qui  l'arrêtoient  dans  leurs  filets,  etc.  Le 
vrai  est  q'i'elle  n'agit  qu'à  de  petites  distances,  presque  tou- 
jours seulement  lorsqu'on  la  touche,  et  même  souvent  qu'a- 
près qu'on  l'a  touchée  plusieurs  fois.        ^' 

Au  reste,  on  n'a  pas  pu  observer  en  elle,  comme  dans  le 
gymnofe,  d'étincelles  électriques,  probablement  parce  que 
les  tubes  de  ses  organes  sonttrop  petits  pour  que  celles  qui  se 
produisent  puissent  être  perceptibles. 

Le  lecteur  demande  sans  doute  :  mais  à  quoi  bon  cette  fa- 
culté électrique  dans  la  torpille  P  On  lui  répond,  à  se  pro- 
curer sa  nourriture  et  à  se  défendre  de  ses  ennemis.  Petite  , 
foible  ,  indolente,  privée  d'armes  défensives  et  offensives, 
elle  auroit  de  la  peine  à  vivre  et  à  se  conserver  ,  si  la  nature 
ne  lui  avoit  donné  un  moyen  particulier  d'action.  Elle  se 
tient ,  comme  la  plupart  des  raies  ^  presque  toujours  cachée 
dans  la  vase  de  la  mer;  et  lorsque  quelque  poisson  ,  dont  elle 
peut  faire  sa  proie,  passe  auprès  d'elle  ,  elle  le  tue  s'il  est 
petit,  l'étourdit  s'il  est  gros ,  par  une  décharge  de  ses  batlC' 
ries  ,  et  le  mange  ensuite  sans  peine.  Est-elle  attaquée  par 
un  poisson  vorace  ?  elle  lui  porte  des  coups  invisibles,  bien 
plus  redoutables  que  les  morsures  des  poissons  les  mieux  ar- 
més de  dents,  et  sans  doute  l'éloigné  sur-le-champ  d'elle. 
Réaumur  mit  une  torpille  dans  un  baquet  d'eau  de  mer,  et 
enferma  un  canard  avec  elle  ;  au  bout  de  quelques  heures  , 
ce  ^.77ia/Yiétoit  mort. 

La  chair  de  la  torpille  est  inférieure  à  celle  de  la  plupart 
des  raies  ,  mais  cependant  on  la  mange  presque  partout.  On 
en  voit  fréquemment  dans  les  marchés  d'Italie,  ainsi  que  je 
m'en  suis  assuré.  Celle  que  j'ai  vue  sur  celui  de  Venise  ,  est 
certainement  une  espèce  distincte  de  celle  des  côtes  de 
France.  M.  Risso  ,  dans  son  Ichlhyologie  de  Nice  ,  a  décrit 
deux  espèces  nouvelles,  savoir:  la  Torpille  aune  tache 
et  la  Torpille  MARBRÉE  ,  et  il  a  fixé  ,  sous  le  nom  de  Tor- 
pille GALVAîsiQUE,  celle  que  Rondelet  avoit  figurée  livre  12, 
n.°  I.  D'autres  ont  été  indiquées  par  les  voyageurs. 

On  voit  parmi  les  poissons  fossiles  de  Monle-Bolca,  près 
Vérone  ,  une  raie  fossile  que  sa  forme  annonce  avoir  été 
une  torpille.  Elle  a  trois  pieds  de  diamètre.  Quelle  a  dû  être 
sa  puissance  ? 

Voyez  ,  pour  l'organisation  intérieure  et  les  mœurs,l'article 
Raie,  (b.) 

TORQUILLA.  Le  Tq^col  en  latin  moderne,  (s.) 

TORRAKA.  V.  Tarakan.  (v.) 

TORRESIA.  V.  ToREsiE.(LN.) 

TORRENT.  Courant  d'eau  très-rapide  qui  descend  des 


2(o  T  0  R 

montagnes ,  et  qui  provient  ordinairement  ou  d'une  pluie 
d'orage ,  ou  de  la  fonte  des  neiges.  Ce  sont  ces  torrens  qui 
creusent  des  ravins  quelquefois  d'une  grandeur  immense  , 
tels  que  ceux  qu'on  voit  dans  les  Cordilières  du  Pérou  ,  qui 
ont  jusqu'à  deux  lieues  de  largeur  sur  une  profondeur  pro- 
portionnée. V.  QUÉBRADAS, 

Ce  sont  ces  torrens  qui  sont  une  des  principales  causes  de 
îa  dégradation  des  montagnes  et  de  leur  abaissement  conti- 
nuel ,  occasionés  par  ces  éboulemens  journaliers  si  souvent 
observés  par  les  géologues.  V.  Montagnes. 

Quelquefois  ces  torrens  s'ouvrent  des  canaux  souterrains 
entre  les  couches  presque  verticales  des  roches  primitives; 
ils  forment ,  dans  le  sein  des  montagnes ,  des  excavations 
prodigieuses  ,  qui  finissent  par  occasioner  des  éboulemens 
énormes  ,  dont  toutes  les  grandes  chaînes  présentent  des 
exemples.Ce  sont  des  affaissemens  semblables  qui  ont  donné 
naissance  à  presque  tous  les  lacs.   Voyez  Abîme  et  Lacs. 

(pat.) 

TORSCK.  Nom  suédois  de  la  Morue,  (b.) 

TORSKE.  Synonyme  des  Merles  ,  en  langage  norwé- 
gien.(v.) 

TORSEE  (  Vénerie  ).  Un  chien  qui  a  l'oreille  bien  placée , 
et  qui  porte  l'oreille  bien  torse  ,  a  l'oreille  iorsée.  (s.) 

TORTELLE  Nom  vulgaire  du  Vélar.  (b.) 

TORTERELLE  ou  TURTERELLE.  C'est  la  Tour- 
terelle ,  en  vieux  français,  (s.) 

TORTICOLIS.  Nom  que  l'on  donne  ,  en  Lorraine  ,  au 
ToRCOL.  V.  ce  mot.  (v.) 

TORTOCOLLO.  Nom  italien  du  Torcol.  (v.) 

TORTOISE.  Nom  anglais  des  Tortues,  (desm.) 

TORTOUR  EL-BACHAH.  La  Capucine  {tropœolum 
majus)  est  désignée,  en  Egypte,  par  ce  nom  arabe,  (ln.) 

TORTRÉ.  Nom  languedocien  de  la  Tourterelle.  V. 
Pigeon,  (desm.) 

TORTRICES.  V.  Tordeuses,  (desm.) 

TORTRIX.  Nom  latin  donné,  par  M.  Oppel ,  à  un 
genre  de  reptiles  nommé  Rouleau.  V.  ce  mot.  (desm.) 

TORTUE,  Testudo.  Genre  de  reptiles  de  la  division  des 
Chéloniens,  ou  mieux  qui  forme  seul  la  division  des  Ché- 
loniens  ,  et  dont  les  caractères  consistent  à  avoir  le  corps 
renfermé  dans  une  boîte  osseuse*,  recouverte  de  cuir  ou  de 
plaques  écailleuses  ;  quatre  pieds  pourvus  de  doigls ,  tous  ou 
presque  tous  onguiculés. 


T  0  R  2.;i 

Ce  genre  ,  exlrêmement  naturel  ,  a  été  connu  de  tout 
temps,  r.  Erpétologie. 

Linnseus  a  divisé  les  tortues  en  trois  sections ,  d'après  la 
différence  d'organisation  ,  qui  est  la  suite  du  genre  de  vie  des 
espèces  qui  les  composent. 

Les  turtues  marines  ,  qui  nagent  presque  continuellement  et 
qui  ne  vont  sur  la  terre  que  pour  y  déposer  leurs  œufs  ,  ont 
les  pieds  aplatis  en  nageoires  écallleuses,  les  doigts  inégaux, 
allongés,  élargis,  réunis  entre  eux,  ayant  de  vrais  ongles  très- 
petits  sur  leur  bord  extérieur  ,  et  terminés  par  des  lames 
écailleuses  ,  larges  et  aplaties.  Ce  sont  les  Chelones  de 
M.  Brongniart. 

Les  tortues  d'eau  douce ,  qui  vivent  dans  les  rivières  ,  les 
étangs  ,  les  marais  ,  qui  sont  la  moitié  de  leur  vie  dans  l'eau 
et  l'autre  moitié  sur  terre  ,  ont  les  doigts  des  pieds  très- 
distincts  ,  terminés  ,  presque  tous  ,  par  des  ongles  crochus  ; 
mais  ces  doigts  sont  palmés  dans  les  unes,  demi-palmés  ou 
même  non  palmés  dans  les  autres ,  selon  qu'elles  sont  plus 
ou  moins  aquatiques.  On  en  a  fait  un  genre  sous  le  nom  d'E- 

MYDE. 

]jes  tortues  terrestres ,  qui  ne  vont  jamais  dans  l'eau , 
ont  les  doigts  non  distincts  ,  c'est-à-dire  réunis  en  un  moi- 
gnon écailieux ,  d'où  partent  les  ongles.  Ce  sont  les  vérita- 
bles Tortues  des  auteurs  modernes. 

Les  tortues  dont  la  carapace  est  petite  et  qui  ont  des  gen- 
cives charnues  au  lieu  de  bec  corné ,  ont  été  nommées  Che- 
lydes  ;  celles  qui  ont  la  peau  molle  et  seulement  trois  ongles 
à  chaque  pied  ,'  ont  reçu  le  nom  de  Trionyx. 

Les  tortues  ,  en  général ,  ont  une  organisation  très-remar- 
quable. La  nature  les  a  dédommagées  des  facultés  actives 
dont  elles  sont  privées  ,  par  des  moyens  passifs  de  conser- 
vation plus  étendus  que  dans  aucun  autre  genre.  Elles  sont 
renfermées  ,  dès  leur  naissance  ,  dans  un  test  très -solide  , 
qu'elles  portent  partout  avec  elles  ,  et  sous  lequel  elles  peu- 
vent, pour  la  plupart ,  se  cacher  entièrement  à  la  vue  de  leurs 
ennemis.  Ce  test  est  composé  d'un  bouclier  supérieur,  qu'on 
nomme  communément  carapace ,  et  d'un  inférieur  ,  qu'on 
appelle  plastron  ,  lesquels  ne  se  touchent  ou  ne  sont  attaches 
ensemble  que  par  les  côtés.  Ainsi,  il  reste  en  avant  et  en 
arrière  des  ouvertures  pour  le  passage  des  extrémités  du 
corps.  Ces  deux  boucliers  sont  formés  de  plusieurs  pièces 
réunies  par  des  sutures  dentelées,  recouvertes  de  lames 
écailleuses  ,  pièces  dont  la  nature  paroît  être  cartilagino^ 
osseuse  dans  la  plupart  des  espèces. 

La  carapace  ,  toujours  bombée  ,  mais  plus  ou  moins  ,  est 

xxxiv.  i6 


242  T  O  R 

soudée  ,  en  dedans,  à  l'épine  dorsale  de  Tanimal,  de  sorte 
qu'elle  en  est  une  des  parties  intégrantes,  qu'elle  croît  avec 
lui  de  la  même  manière  que  le  crâne  des  quadrupèdes  ,  avec 
qui  on  peut  la  comparer  sous  plusieurs  rapports ,  c'esl-à  dire 
par  intus-susception.  Elle  estrecouverleen  dessus  de  grandes 
plaques  ou  écailles  de  la  nature  de  la  corne,  ordinairement 
au  nombre  de  treize  à  quinze  dans  le  disque  ,  el  de  vingt-deux 
à  vingt-cinq  sur  le  bord.  Les  premières  sont  toujours  sur  trois 
rangs  ,  et  leur  forme  la  plus  générale  est  l'hexagone. 

Le  plastron  est  ordinairement  plat ,  couvert  de  plaques 
semblables  à  celles  de  la  carapace  ,  disposées  sur  deux  ou 
quatre  rangs ,  et  variant  en  nombre  selon  les  espèces.  Ce 
plastron  a  quelquefois  ses  parties  antérieures  et  postérieures 
mobiles  sur  des  charnières  transversales  et  membraneuses  , 
ce  qui  permet  aux  animaux  de  se  cacher  entièrement  à  la  vue. 
Ainsi  donc  le  corps  des  tortues  n'est  pourvu  de  peau  que  sur 
ses  extrémités  et  sur  la  portion  qui  se  voit  entre  les  deux 
parties  de  leur  test.  Cette  peau  est  ordinairement  couverte 
d'écaillés  ou  de  tubercules  écailleux  plus  ou  moins  rappro- 
chés. Sa  contexlure  est  si  solide,  que  les  instramens  les  [dus 
acérés  peuvent  quelquefois  difficilement  l'entamer.  Elle  esi 
intimement  fixée  ,  dans  tout  son  pourtour,  à  quelque  distance 
du  bord  interne  de  la  carapace  et  du  plastron  ,  et  est  suscep- 
tible d'une  grande  extension. 

La  tête  des  tortues  a ,  en  général ,  la  forme  d'une  pyramide 
quadrangulaire  tronquée ,  c'est-à-dire  qu'elle  présente  quatre 
faces  plus  ou  moins  convergentes,  plus  ou  moins  arrondies  , 
dont  la  supérieure  est  formée  par  le  crâne  ,  les  latérales  par 
l'orbite  des  yeux  et  par  la  mâchoire  supérieure  ;  l'inférieure 
par  la  mâchoire  de  ce  nom  :  elle  présente  ,  de  plus  ,  une 
troncature  antérieure  oii  sont  les  narines. 

Lesyeux  des  tortues  sont  en  général  petits,  quoique  placés 
dans  une  orbite  ordinairement  très  grande.  Ils  sont  conformés 
comme  ceux  des  autres  Reptiles  ;  mais  ,  outre  les  deux  pau- 
pières extérieures  horisontales  ,  on  en  trouve  une  troisième 
inférieure  et  verticale.  L'inférieure  se'  relève  plus  que  la  su- 
périeure ne  s'abaisse.  11  paroît  qu'elles  n'ont  pas  le  sens  de 
la  vue  très-étendu ,  et  que  celui  de  l'ouïe  l'est  encore  moins  ; 
mais  il  n'est  pas  vrai  qu'elles  soient  sourdes  ,  car  elles  ont  un 
tympan  caché  ,  qui  se  remarque  par  la  tension  et  la  couleur 
de  la  peau  dans  cet  endroit. 

Le  nez  des  tortues  est  formé  par  deux  trous  oblongs  qui 
se  voient  à  la  partie  supérieure  de  leur  museau.  Quelques  es- 
pèces les  ont  placés  au  bout  d'une  trompe  courte  et  cylindri- 
que ,  qui  sprt  de  celtç  pênae  parliç.  On  a  encore  prétends» 


T  0   R  243 

que  ce   sens  étoît  très-imparfait  chez  elles;  mais,  quoique 
probablc,cela n'est  pas  constaté  par  des  observations  directes. 

Les  tortues  ont  une  langue  mince  ,  pyramidale  ,  trois  fois 
plus  longue  que  large  ,  recouverte  d'un  grand  nombre  de  pa- 
pilles nerveuses ,  comme  veloutées  ,  ce  qui  indique  une  cer- 
taine éiendue  de  sensibilité  dans  l'organe  du  goût. 

Les  iustrumens  de  la  manducation  des  tortues  sont  deux  mâ- 
choires ou  mieux  deux  gencives  tranchantes  ,  pointues  et  re- 
courbées, ressemblant  beaucoup  ,  parla  forme  et  la  consis- 
tance, au  bec  des  perroquets  ;  quelquefois  elles  ont,  en  outre , 
des  dents  ou  des  aspérités  enchâssées  dans  le  palais  et  plus  ou 
moins  nombreuses.  Plusieurs  ont  des  lèvres  charnues  sans 
dénis  ni  corne. 

Le  cou  des  tortues  est  en  général  cylindrique  ,  susceptible 
d'une  grande  extension  ;  il  est  presque  toujours  recouvert  de 
petites  écailles  écartées  et  fort  dures;  mais,  malgré  cela,  c'est 
la  partie  de  l'animal  la  moins  susceptible  de  défense  ,  celle 
par  laquelle  il  peut  être  le  plus  facilement  tué  ;  aussi  ne  la 
laisse-t-il  que  le  moins  possible  saillir  hors  du  test ,  et  au  plus 
petit  danger  ,  la  retire-t-il  de  manière  à  ne  plus  en  laisser  voir 
la  moindre  partie. 

Les  quatre  pattes  des  tortues  sont  toujours  recouvertes 
d'écaillés  plus  ou  moins  nombreuses,  qui  les  défendent  fort 
bien  des  atteintes  qu'elles  sont  dans  le  cas  d'éprouver;  elles 
peuvent  d'ailleurs,  dans  la  plupart  des  espèces,  se  replier 
sous  la  carapace  dont  elles  bouchent  les  ouvertures  par  un 
de  leurs  côtés ,  qui  est  toujours  plus  garni  d'écaillés  que  les 
autres.  Le  nombre  et  la  forme  de  leurs  doigts  varient ,  ainsi 
qu'il  a  déjà  été  remarqué,  selon  la  destination  que  leur  a 
donnée  la  nature.  Ces  pattes  sont  rarement  assez  longues 
pour  que  les  tortues  puissent  se  retourner  lorsqu'elles  sont 
renversées  sur  le  dos. 

En  général ,  leur  marcher  est  fort  lent  ;  il  a  même  passé 
en  proverbe  de  toute  ancienneté  ;  il  est  cependant  quelques 
espèces  qui  courent  assez  vite.  Celles  qui  habitent  dans  la 
mer  ,  ainsi  que  celles  qui  vivent  dans  les  eaux  douces,  ont 
de  plus  la  facilité  de  nager  ,  et  s'en  acquittent  assez  bien. 

Il  ne  reste  plus,  pour  terminer  la  revue  des  parties  exté- 
rieures des  tortues,  que  de  parler  de  leur  queue,  ordinairement 
peu  longue  ,  toujours  conique  et  garnie  en  dessus  d'écaillés 
semblables  à  celles  des  pattes.  Celte  queue  se  recourbe  et  se 
cache,  dans  le  danger,  sous  les  pattes  postérieures,  après 
qu'elles  sont  repliées;  quelquefois  elle  est  terminée  par  une' 
pointe  cornée  ,  pitjuante  ,  qu'on  a  dit  propre  à  blesser  et  ser- 
vir de  moyen  de  défense.  C'est  sous  cette  queue  qu'est  l'anus, 


2U  T  0  R 

qui  est  en  m^me  temps  l'ouverlure  des  organes  de  la  géné- 
ration des  niàles  et  des  femelles. 

Si  de  l'examen  des  parties  externes  des  tortues,  on  passe  à 
celui  de  leurs  parties  internes, on  trouve  i.°que  leurs  os  frontaux 
ne  forment  que  la  voûte  des  orbites  ;  2.° que  les  pariétaux  sont 
trois  fois  plus  longs  qu'eux  ;  ces  derniers  composant  une  autre 
voûte  sur  la  fosse  temporale  ,  voûte  qui  est  complétée  dans  les 
tortues  de  mer  par  deux  os  particuliers  ;  3,"  que  les  apophyses 
mastoïdes  sont  considérables;  4'*'q"e  les  ostrès-non»breuxde 
la  face  se  recouvrent  les  uns  et  les  autres  par  leurs  bords  taillés 
en  biseau.  On  compte  au  cou  sept  à  huit  vertèbres,  dont  deux 
seulement  ont  des  apophyses  épineuses;  on  en  compte  huit 
ou  onze  au  dos  et  trois  au  sacrum,  qui ,  comme  on  l'a  déjà 
observé  ,  sont  soudées  avec  la  carapace.  Les  vertèbres  de  la 
queue  varient  encore  plus  en  nombre  ,  selon  les  espèces  ,  et 
leur  condyle  est  tourné  en  sens  contraire  de  celui  du  cou. 

La  structure  de  l'épaule  des  tortues  est  très-particulière  ; 
tous  les  os  en  sont  soudés  ensemble  ,  et  c'est  à  une  de  leurs 
extrémités  qu'est  articulé  leur  humérus  ;  leur  avant-bras  est 
composé  de  deux  os  ,  leur  main  de  neuf  à  onze  osselets  ,  et 
leurs  doigts  ont  deux  ou  trois  phalanges,  dont  la  dernière 
est  presque  toujours  terminée  par  un  ongle  crochu. 

Les  pattes  postérieures  diffèrent  généralement  peu  des 
antérieures  :  il  y  a  quatre  os  au  métatarse. 

Lorsqu'on  enlève  le  plastron  d'une  tortue  ,  on  trouve  un 
périoste  membraneux  semblable  à  du  parchemin,  lequel  n'est 
autre  que  la  peau  du  ventre;  cette  partie  ouverte,  laisse  voir 
différens  muscles  qui  servent  aux  mouvemens  de  la  tête  et 
des  pattes,  ainsi  que  le  péritoine.  Ce  dernier,  ouvert  à  soa 
tour,  présente  le  canal  intestinal ,  le  foie ,  les  poumons,  qui 
consistent  en  deux  lobes  séparés  par  l'épine  du  dos ,  cou- 
vrant presque  en  totalité  la  partie  interne  de  la  carapace. 

On  doit  à  Townson  la  découverte  du  mode  très -remar- 
quable de  la  respiration  des  tortues,  mode  qui  n'a  rien  d'ana- 
logue dans  les  autres  animaux,  parce  qu'aucun  n'a  un  thorax 
immobile  comme  elles. 

Cet  anatomiste  ,  en  examinant  quelques  muscles  de  la  ré- 
gion des  flancs ,  placés  sur  les  côtés  des  jambes  de  derrière 
et  à  l'extrémité  des  lobes  des  poumons,  s'est  convaincu  qu'il 
y  en  avolt  deux  distincts  ,  mais  fortement  réunis  dans  leur 
milieu.  Le  premier  prend  naissance  à  la  carapace,  près  l'é- 
pine du  dos,  et  est  inséré  dans  le  péritoine  :  celui-là  est  le 
«ontracteur  des  poumons  ou  le  muscle  expirateur.  L'autre 
s'étend  sur  presque  toute  la  cavité,  entre  le  dessous  de  la  ca- 
rapace et  le  dedans  du  sternum  ,  et  il  s'insère  sur  les  bord» 


T  O  R  a45 

àe  la  carapace  en  dessus  et  en  dessous  :  ils  agissent  alterna- 
tivemenl.Le  premier, en  comprimant  le  petit  lobe  du  poumon, 
en  chasse  I  air  ;  l'autre  ,  en  faisant  cesser  cette  comprcs  ion, 
déieimine  un  air  nouveau  à  venir  prendre  la  place  de  celui 
qui  est  sorti.  Ainsi  ,  la  respiration  s'opère,  dans  ce  genre  , 
couime  dans  ceux  qui  ont  un  thorax  proprement  dit  ;  mais 
elle  n'est  jamais  aussi  complète  ,  c'est  à-dire  que  le  poumon 
ne  se  vide  pas  à  chaque  expiration  de  tout  Tair  qu'il  conle- 
noit.  C'est  sans  doule  à  celte  cause,  ainsi  qu'au  passage  direct 
du  sang  d'un  ventricule  dans  un  autre,  qu'on  doit  attribuer 
la  faculté  qu'ont  les  torlut'S  de  vivre  sans  respirer  au  fond  des 
eaux,  et  même  de  ne  périr  qu'après  un  long  temps  dans  le 
vide  de  la  machine  pneumatique.  Duvernoi  explique  cette 
action  un  peu  différemment.  11  croit  que  les  muscles  ci  dessus 
n'agissent  pas  directement  sur  les  poumons,  mais  sur  les  vis- 
cères du  bas-ventre,  qui  compriment  par-là  les  poumons. 
Ses  observations  constatent  que  les  tortues  respirent  comme 
les  Grenouilles.  F.  ce  mot. 

Comme  les  autres  animaux  vertébrés  pourvus  de  poumons, 
les  tortues  ont  une  trachée- artère  et  un  larynx  susceptibles 
de  produire  une  voix  ;  aussi  paroît-il  con>talé  que  certaines 
espèces  ,  principalement  les  marines  ,  font  entendre  quel- 
quefois des  sifdemens  ,  jettent  des  cris  plus  ou  moins  aigus. 
On  a  dit  aussi  qu'elles  ronfloient  en  dormant. 

Les  anatomistes  ont  cru  pendant  très-long-temps  que  le 
cœur  de  tous  les  reptiles  n'avoit  qu'un  ventricule  et  une  oreil- 
lette; mais  il  est  aujourd'hui  constaté  qu'il  a  deux  oreillettes 
et  un  ventricule  séparé  par  une  cloison  charnue  percée  de 
petits  trous  dans  les  tortues,  ce  qui  fait  réellement  deux  oreil- 
lettes et  deux  ventricules.  On  sait,  de  plus,  qu'elles  ont  un 
troisièu»e  ventricule  au  milieu. 

De  ce  cœur  partent  trois  troncs  d'artères,  dont  l'insertion 
varie  selon  les  espèces.  Voici  comme  Perrault  explique  la 
circulation  du  sang  dans  une  espèce  de  tortue  d'eau  douce: 
«  Le  ventricule  droit  et  le  gauche  reçoivent  le  sang  des  deus 
veines  pulmonaires,  parce  que  ces  veines  se  déchargeant  dans 
chaque  veine  axillaire,  mêlent  le  sang  du  poumon  avec  celui 
de  la  veine  cave  ,  pour  le  porter  dans  le  ventricule  droit  du- 
quel sort  l'aorte.  Le  ventricule  antérieur  ou  le  petit,  n'a  pas 
d'autre  vaisseau  que  l'artère  pulmonaire,  et  celte  artère, 
ainsi  que  l'aorte ,  a  trois  valvules  sigmoïdes  qui  empêchent 
que  le  sang  qui  est  sorti  du  cœur  n'y  rentre  ,  lorsque  les  ven- 
tricules viennent  à  se  dilater  pour  recevoir  le  sang  des  veines 
cave  et  pulmonaire.  L'aorte  ,  en  sortant  du  ventricule  droit, 
se  partage  en  deux  branches,  qui  forment  deux  crosses,  les 


246  T  0  R 

quelles,  avant  d'être  entièrement  tournées  en  bas,  produisent 
les  axillaires  et  les  carotides.  Ensuite  la  crosse  gauche  des- 
cendant le  long  des  vertèbres,  jette  trois  branches,  dont  la 
première  se  distribue  dans  toutes  les  parties  du  ventricule  ;  la 
seconde  va  au  foie  ,  au  pancréas  ,  au  duodénum  et  à  la  rate  ; 
la  troisième  fournit  des  rameaux  à  tous  les  intestins.  La  crosse 
gauche  s'unit  ensuite  avec  la  branche  de  la  crosse  droite  ,  et 
elles  neformenttoutes  deux  qu'un  tronc, qui  descend  le  long  du 
corps  des  vertèbres  et  donne  des  rameaux  à  toutes  les  parties 
du  bas-ventre.  » 

La  circulation  du  sang  des  tortues  est ,  au  reste  ,  extrême- 
ment lente  ;  elles  ont  ce  qu'on  appelle  le  sang  froid  par  com- 
paraison à  celui  des  mammifères  et  des  oiseaux  ,  ce  qui  fait 
qu'elles  peuvent  rester  engourdies  pendant  tout  l'hiver,  soit 
dans  la  terre,  soit  dans  l'eau;  mais  cet  engourdissement  n'est 
qu'une  simple  diminution  des  forces  vitales,  et  non  une  sus- 
pension de  quelques  facultés,  comme  dans  les  mammifères 
hybernans  (  F.  aux  mois  Reptiles,  Loir  et  Marmotte). 
Au  reste  ,  la  transpiration  des  tortues  est  presque  nulle  ,  et 
les  seules  pertes  qu'elles  éprouvent  se  font  par  les  déjections. 
Il  a  été  constaté  par  Georges  Ent,  qu'au  bout  de  cinq  mois 
d'abstinence  ,  une  tortue  qui  pesoit  quatre  livres  et  demie 
n'avoit  perdu  qu'une  once. 

La  vessie  des  tortues  se  fait  remarquer  par  sa  grandeur , 
telle  qu'elle  couvre  les  intestins  et  toutes  les  autres  parties  du 
bas-ventre. 

L'estomac  est  situé  sous  le  foie  et  a  la  figure  de  celui  des 
chiens;  il  se  décharge  dans  le  duodénum,  qui  a  ,  comme  lui  , 
des  plis  et  des  membranes  intérieures,  et  qui,  parconséquent, 
peut  être  regardé  comme  un  second  estomac. 

Le  foie  est  d'une  substance  ferme  ;  il  est  composé  de  deux 
parties  qui  sont  divisées  en  sept  lobes  sur  leurs  bords. 

La  rate  ,  le  pancréas  et  les  reins  ne  présentent  rien  de 
particulier. 

Les  organes  de  la  génération  des  tortues  sont ,  dans  le 
mâle,  une  verge  renfermée  dans  le  rectum  ,  et  composée  de 
deux  ligamens  ronds  et  creux  ,  attachés  par  de  fortes  mem- 
branes. Cette  verge  est  terminée  par  un  gland  pointu,  sous 
lequel  se  voient  deux  appendices  plates  et  presque  circulaires 
posées  l'une  sur  l'autre. 

On  ne  sait  pas  encore  positivement  si,  dans  l'accouplement 
des  tortues  marines,  le  mâle  et  la  femelle  se  touchent  par  le 
plastron,  ou  si  le  premier  monte  sur  le  dos  de  la  seconde  ; 
mais  il  est  probable  que  c'est  ce  dernier  mode  qui  est  le  véri- 
table. Catesby  prétend  qu'elles  restent  accouplées  quatorze 
jours. 


T  O  R  ^47 

-Quoi  qu'il  en  soit ,  c'est  vers  le  milieu  du  printemps  que 
les  tortues  marines  font  leur  ponte.  Alors  elles  vont  sur  le 
rivage  pendant  la  nuit,  y  creusent  un  trou,  hors  de  la  ligne 
des  plus  hautes  marées,  avec  leurs  pattes  antérieures  ,  et  y 
pondent  une  centaine  d'œufs  qu'elles  recouvrent  de  sable. 
Cette  opération  se  répète  trois  fois,  à  quatorze  jours  ,  dit-on  , 
de  distance.  Elle  se  fait  avec  tant  de  préoccupation  ,  que  les 
tortues,  jusqu'alors  extrêmement  craintives,  ne  voient  plus 
le  danger  :  c'est  alors  qu'on  les  retourne  et  qu'on  s'en  empare. 
Il  n'y  a  jamais  que  les  femelles  qui  aillent  à  terre ,  de  sorte 
qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  s'étonner  si  \es  tortues  deviennent  rares 
dans  les  endroits  où  on  entrouvoitle  plus  autrefois,  puisque 
chaque  année  on  détruit  l'espoir  des  générations  futures,  et 
qu'on  met  une  grande  ardeur  à  leur  recherche  et  à  celle  de 
leurs  œufs.  Celte  considération  avoit  fait  proposer  à  Martin 
Moncamps  ,  qui  a  beaucoup  voyagé  dans  la  mer  des  Indes  , 
et  qui  a  pu  apprécier  la  dépopulation  graduelle  de  ces  ani- 
maux ,  d'établir  aux  îles  Séchelles  ,  sous  l'autorité  du  gouver- 
nement français,  des  parcs  à  tortues  ,  où  l'on  conserveroit  des 
femelles  et  des  mâles  pour  la  reproduction.  Cette  idée  n'étoit 
peut-être  pas  facile  à  mettre  à  exécution,  mais  elle  n'a  pu  venir 
qu'à  un  véritable  ami  de  1  humanité.  Ces  parcs  eussent  été 
bien  différens  de  ceux  qui  existent  à  la  Jamaïque  et  ailleurs  , 
et  qui  accroissent  la  dépopulation  de  ces  animaux,  en  servant 
au  luxe  des  tables  de  Londres. 

Les  œufs  des  tortues  marines,  ainsi  abandonnés  dans  le 
sable  à  l'influence  vivifiante  de  la  chaleur  du  soleil ,  n'éclosent 
pas  régulièrement  à  une  époque  fixe.  La  naissance  des  petits 
doit  dépendre  et  dépend  en  effet  du  climat,  de  la  saison  et 
de  l'espèce.  On  sait  qu'à  Saint- Vincent,  une  des  îles  du  Cap- 
Vert,  et  la  plus  septentrionale  de  celles  où  les  tortuesmarines 
vont  pondre ,  les  petites  tortues  sortent  de  leurs  œufs  au  bout 
de  dix-sept  jours.  Il  est  probable  que  dans  les  pays  plus  chauds, 
elles  naissent  avant  ce  temps  ;  cependant  on  a  écrit  qu'il  leur 
falloit  vingt-quatre  jours,  et  même  quarante.  Au  reste  ,il  n'y 
a  que  contradiction  à  cet  égard  dans  les  auteurs ,  et  il  est  pro- 
bable qu'il  faudra  encore  bien  du  temps  avant  de  pouvoir 
fixer  nos  idées  à  cet  égard. 

Les  œufs  des  tortues  sont  plus  ou  moins  ronds  ,  selon  les 
espèces ,  et  sont  pourvus  de  blanc  et  de  jaune  ;  leur  enveloppe 
est  plus  ou  moins  calcaire  ,  mais  jamais  autant  que  celle  des 
œufs  des  oiseaux  ,  et  souvent  molle.  On  les  apprête  de  la 
même  manière  que  ceux  de  poule,  et  leur  saveur  n'est  guère 
inférieure ,  quoique  le  blanc  se  durcisse  plus  difficilement  : 
aussi  sont-ils  fort  recherchés  dans  tous  les  pays  à  tortue^.  Oa 


2^8  T  O  R 

dit  même  qu'on  dresse  des  chiens  h  les  trouver,  dans  quelque* 
cantons  de  l'Amérique  mcri(iionale. 

Les  petites  tortues  sorlanl  du  sable  vont  directement  se 
jeter  d'ans  la  mer,  quelque  chose  qu'on  fasse  pour  les  en  dé- 
tourner: elles  marchent  plus  vile  alorsque  lorsqu'elles  sontde- 
venues  grosses.  Elles  éprouvent  d'abord  beaucoup  de  difficul- 
tés à  s'enfoncer  dans  l'c-u;  aussi  un  j^ranJ  uoiubre  dcvienl-il 
la  proie  des  oiseaux  aquatiques,  et  lorsqu'elles  y  sont  entrées, 
elles  le  deviennent  également  de  beaucoup  de  poissons  vo- 
races  ,  de  crustacés  ,  etc.  ,  de  sorte  que  la  plii;:  u  t  o'-rlisent. 
A  mesure  qu'elles  avancrni  <  n  âge,  leurs  moyens  tic  ùoicnse 
se  fortifient ,  et  déjà  au  bout  de  la  première  année,  peu  de 
poissons  peuvent  les  attaquer  avec  succès. 

Ces  petites  tortues  ont  une  forme  semblable  ou  à  peu  près 
semblable  à  celle  de  leur  mère  ;  mais  leur  carapace  n'est 
d'abord  couverte  que  d'une  membrane  transparente  qui 
brunit  peu  à  peu ,  et  qui  forme  des  rides  ou  plis  transversaux. 
Celte  peau  se  durcit  petit  à  petit ,  et  se  divise  ensuite  en  pla- 
ques écailleuses. 

I^es  tortues  d'eau  douce  déposent  aussi,  en  ç;énéral,  leurs 
œufs  à  la  fin  du  printemps,  dans  le  sable  ,  à  l'exposition  du 
soleil  ;  mais  elles  en  pondent  bien  moins.  Celles  de  terre  ,  en 
Sardaigne,  n'en  pondent  que  cinq  à  six.  Au  reste,  on  manque 
d'observations  exactes  ,  et  par  conséquent  on  ne  peut  pas 
présenter  de  résultats  positifs  sur  cet  objet. 

Nicolas  Stenon  a  remarqué  ,  et  je  l'ai  vérifié  souvent ,  que 
dans  la  tortue  les  œufs  sont  en  très-grand  nombre,  et  adhèrent 
autour  d'une  membrane  dans  chacun  des  ovaires  ;  ils  sont  , 
comme  dans  les  poules ,  inégaux  et  proportionnés  à  l'époque 
de  leur  premier  développement;  mais  ceux  qui  sont  fécon- 
dés, acquièrent  bientôt  la  même  grosseur.  Ils  sortent  par 
la  même  ouverture. 

L'accroissement  des  tortues  sembleroit  devoir  être  lent  , 
d'après  leur  forme  lourde  et  le  peu  de  vivacité  de  leurs  mou- 
vemens  ;  cependant  quelques  faits  semblent  prouver  qu'il  est 
rapide.  Valmontde  Bomare  en  cite  un  qu'il  est  bon  de  rap- 
porter,quoiqu'il  puisse  paroître  exagéré.  Un  habitant  de  Saint- 
I)omingue  partant  pour  la  France  ,  embarqua  pour  sa  nour- 
riture une  tortue  de  mer  pesant  vingt-cinq  livres.  Au  bout 
de  quinze  jours  il  fallut  changer  le  baquet  dans  lequel  elle 
étoit  avec  de  l'eau  de  mer,  pour  la  mettre  dans  une  moitié  de 
barique  ordinaire  ;  au  bout  du  même  espace  de  temps  il  fallut 
remplacer  ce  nouveau  logement  par  une  moitié  de  barique  à 
eau.  Ce  fait  supposeroit  une  croissance  d'un  pied  au  moins; 
pendant  Tespace  d'un  mois. 


T  O   II  249 

11  y  a  tout  lieu  de  croire  que  les  tortues  vivent  très -long- 
temps. Cetli  en  cite  une  de  terre  ,  en  Sardaigne  ,  qui  avoit 
soixante  ans  d'âge  constaté  ,  et  qui  ne  parolssoit  pas  plus 
vieille  que  beaucoup  de  celles  qu'on  prenoil  dans  les  campa- 
gnes. Au  reste  ,  on  n'a  pas  un  assez  grand  nombre  de  faits 
pour  pouvoir  établir  quelques  données  sur  la  différence  qui 
existe  à  cet  égard  entre  les  tortues  de  mer,  d'eau  douce  et  de 
terre. 

Lorsque  les  tortues  marines  et  d'eau  douce  ont  demeuré 
hors  de  l'eau  pendant  un  certain  espace  de  temps  ,  elles  ont 
d'abord  beaucoup  de  peine  à  s'y  replonger.  Cela  vient  de  ce  que 
leur  poumon  s'est  gonflé  d'une  plus  grande  quantité  d'air, 
qu'elles  ont  perdu  parla  dessiccation  de  leurcarapace,  d'après 
Tobservation  de  Lacépède  ,  au  moins  un  seizième  de  leur 
poids,  et  que  leur  pesanteur  spécifique  est  peu  considérable 
eu  égard  au  volume  d'eau  qu'elles  déplacent.  Aussi  voit  on 
sortir  des  narines  et  de  la  bouche  de  celles  qui  rentrent  dans 
l'eau,  sous  la  forme  de  bulle ,  la  surabondance  d'air  dont  elles 
sont  obligées  de  se  débarrasser  pour  aller  au  fond. 

Le  cerveau  des  tortues  est  extrêmement  petit,  et  semble  à 
peine  être  nécessaire  à  leur  existence.  On  connoît  Texpé- 
rience  de  Rédi ,  qui  l'enleva  à  une  tortue  de  terre,  laquelle 
vécut  encore  six  mois  après  cette  opération  ,  qui  ne  lui  avoit 
fait  perdre  que  la  vue. 

Si ,  comme  tous  les  faits  semblent  le  prouver,  l'intelligence 
est  en  proportion  de  la  capacité  du  crâne  ,  les  tortues  doivent 
être  au  rang  des  animaux  les  plus  ineptes.  Aussi  peut-on  dire 
que  leurs  sensations  sont  bornées  au  plus  stricte  nécessaire  , 
c'est-à-dire,  justementàce  qu'il  leur  en  faut  pour  se  conserver 
et  se  reproduire.  Toutes  celles  que  j'ai  vues,  même  dans  l'état 
de  liberté  ,  avoient  un  air  hébété,  si  je  puis  me  servir  de  ce 
terme.  On  dit  qu'elles  prennent  de  la  vivacité  à  l'époque  de 
leurs  amours  ,  que  les  mâles  se  battent  alors  avec  acharne- 
ment; mais  hors  de  là  elles  ne  savent  que  se  contracter,  et 
attendre  jusqu'à  ce  qu'un  mal  très-aigu  les  oblige  à  faire 
usage  de  leur  redoutable  bec  et  de  leurs  ongles.  J'ai  souvent 
séparé  le  plastron  des  tortues  qne  je  voulois  empailler ,  sans 
qu'elles  se  défendissent.  Ce  n'étoit  qu'au  moment  où  je  leur 
faisois  éprouver  le  dernier  degré  de  douleur,  en  enlevant 
leurs  organes  intérieurs  ,  qu'elles  ccssoient  de  rester  con- 
tractées, et  cherchoient  à  me  mordre  ou  à  m'égratigner.  On 
dit  cependant  qu'il  en  est  qui  savent  se  défendre  dès  qu'on 
*  entreprend  de  les  saisir;  mais  le  nombre  en  paroîtpeu  consi- 
dérable. 

Si  les  tortues  ne  mordent  pas  volontiers  leurs  ennemis  , 


25o  T  O  R 

elles  lestnorclent  cruellement.  Il  n'y  a  aucun  moyen  de  leur 
faire  lâcher  prise.  Leur  mort  même  ne  suffit  pas.  Il  faut 
qu'elles  emportent  la  pièce  ou  qu'on  leur  brise  complètement 
les  mâchoires.  En  Amérique,  je  lirois  ordinairement  parti  de 
cette  disposition  pour  opérer  avec  sécurité  lorsque  je  lesem- 
palllois  ,  et  en  effet ,  il  me  suffisoit  de  leur  présenter  un  mor- 
ceau de  bois  à  mordre,  pour  qu'elles  ne  cherchassent  plus  à 
se  venger  ,  sur  mes  doigts  ,  des  douleurs  que  je  leur  faisois 
éprouver. 

Les  âmes  sensibles  demanderont  peut-être  pourquoi  je  ne 
faisois  pas  d'abord  mourir  les  tortues  dont  je  voulois  conserver 
les  dépouilles  ?  je  leur  répondrai ,  parce  que  cela  m'étoit  im- 
possible. On  ne  se  fait  pas  d'idée  de  la  ténacité  de  la  vie  de 
ces  animaux.  Il  n'est  presque  pas  de  moyens'de  les  tuer  sans  dé- 
truire leur  organisation  générale  ,  et  il  falloit  que  leur  peau  et 
leur  carapace  ne  fussent  point  altérées  pour  remplir  mon 
objet.  La  privation  d'air  et  les  gaz  délétères  n'ont  presque 
point  d'action  sur  elles  ;  ce  n'est  qu'après  avoir  enlevé  tous 
leurs  organes  intérieurs  que  je  pouvois  faire  cesser  leurs  souf- 
frances en  coupant  la  moelle  épinière;  encore  cela  ne  me 
réussissoit-il  pas  toujours.  On  a  vu  à  Paris  ,  même ,  une  tortue 
affoiblie  par  un  voyage  de  deux  cents  lieues  et  un  jeûne  de 
plusieurs  mois  ,  vivre  une  journée  entière  après  avoir  eu  la 
tête  coupée. 

Les  tortues  de  toutes  les  divisions  peuvent  rester  un  temps 
considérable  sans  manger.  Les  marines  attendent  quelquefois 
plusieurs  mois  sur  les  vaisseaux  que  leur  tour  arrive  d'être 
livrées  aux  cuisiniers.  Celles  qu'on  envoie  d'Alger  à  Paris 
pour  l'usage  des  pharmaciens,  n'y  arrivent  qu'après  un  jeûne 
de  deux  à  trois  mois,  et  y  restent  encore  souvent 'autant 
avant  qu'on  emploie  leur  chair  à  faire  des  bouillons  adou- 
cissans.  Blasius  en  cite  une  qui  resta  dix  mois  chez  lui  sans 
prendre  de  nourriture.  Toutes  celles  qui  habitent  les  pays  au- 
delà  des  tropiques  passent  annuellement  quatre  ou  six  mois 
enfoncées  dans  la  boue  des  marais  ou  dans  le  sable  des  col- 
lines ,  sans  prendre  aucune  nourriture.  La  nature  leur  a  don- 
né ,  comme  aux  autres  animaux  hybernans,  la  faculté  d'accu- 
muler, pendant  l'été  ,  une  énorme  provision  de  graisse  ,  aux 
dépens  de  laquelle  elles  subsistent  pendant  l'hiver,  temps 
où  d'ailleurs  leur  déperdition  ,  comme  on  l'a  déjà  vu  ,  est 
presque  nulle. 

Dans  l'Inde  et  en  Amérique,  les  enfans  s'amusent  souvent 
à  monter  sur  des  tortues  ,  et  à  se  faire  promener  par  elles- 
Certaines  en  peuvent  porter  plusieurs  et  marcher  aussi  vite 


T  O  R  2S1 

que  lorsqu'elles  n'ont  aucune  charge.  Mais  ce  plaisir  dégénère 
promptement  en  fatigue  pour  ces  enfans  ,  parce  que  la  tortue 
ne  peut  avancer  une  de  ses  pattes  sans  soulever  le  coté  cor- 
respondant de  sa  carapace  ,  ce  qui  occasione  des  secousses 
très-rudes  et  très-propres  à  culbuter ,  si  on  n'est  pas  conti- 
nuellement sur  ses  gardes. 

Pline  et  Diodore  de  Sicile  ont  écrit  que  des  peuples  entiers 
se  servent  d'écaillés  de  tortues  marines  pour  se  mettre  à 
l'abri  des  injures  du  temps  ,  pour  faire  des  bateaux  ,  etc.  Au- 
jourd'hui on  s'en  sert  encore  ,  dans  quelques  endroits,  pour 
ces  objets. 

Dans  beaucoup  d'autres,  et  même  dans  les  colonies  eu- 
ropéennes, on  les  emploie  fréquemment  entières  à  des 
usages  domestiques ,  tels  que  pour  tenir  le  boire  et  le 
manger  des  bestiaux  ,  laver  les  enfans,  etc.  Elles  forment  un 
vaste  plat ,  dont  la  forme  n'est  pas  désagréable  ,  mais  qui  ne 
peut  être  tenu  droit  que  lorsque  sa  partie  convexe  est  en  partie 
enfoncée  dans  la  terre. 

Divers  auteurs  ont  mentionné  des  tortues  fossiles  ,  mais 
Faujas  lui  seul  en  a  fait  plus  connoître  que  tous  les  autres 
réunis. 

C'est  dans  son  superbe  ouvrage  sur  la  montagne  de  Saint 
Pierre  de  Maëstricht ,  qu'il  faut  voir  les  considérations  qu'on 
peut  établir  sur  la  découverte  de  ces  carapaces  de  tortues, 
considérations  d'une  grande  importance  géologique.  V.  au 
mot  Tortues  fossiles. 

On  connoît  des  tortues  fossiles  trouvées  dans  les  schistes, 
dans  les  pierres  calcaires  primitives,  dans  lespierres  calcaires 
secondaires  ,  et  même  dans  celles  des  environs  de  Paris  ,  ce 
qui  porte  à  croire  qu'elles  ont  vécu  dans  toutes  les  mers  qui 
ont  successivement  couvert  le  continent  de  l'Europe.  II 
paroît  certain,  d'après  les  observations  de  M.  Cuvicr,  que 
parmi  ces  tortues  fossiles  il  en  est  qui  ont  appartenu  à 
des  espèces  d'eau  douce ,  et  d'autres  à  des  espèces  ter- 
restres. 

Un  très-grand  nombre  d'auteurs  ont  parlé  des  tortues, de- 
puis Aristote  jusqu'à  Daudin  ;  mais  ,  jusqu'à  Linnœus  ,  on 
n'avoit  pas  cherché  à  les  diviser  méthodiquement ,  à  les  dé- 
crire avec  précision.  Aussi  règne-t-il  la  plus  grande  confusion 
dans  leur  synonymie  ;  aussi  a-t-on  continuellement  appliqué 
aux  unes  les  mœurs  ou  les  qualités  qui  appartenoient  aux 
autres. 

Lacépède  ,  le  premier  parmi  nous  ,  entreprit  de  débrouiller 


2b3  T  0  R 

ce  ch.nos,  et  y  parvint  jusqu'à  un  certain  point  par  des  re- 
cberthes  nombreuses  et  pénibles,  par  des  comparaisons  exactes 
et  une  saine  critique;  il  a  établi  ,  dans  son  Histoire  de^  Qua- 
drupèdes ovipares  ,  un  édifice  que  ses  .surcesseurs  ont  dû  aug- 
menter, mais  que  personne  ne  cberchcra  ,  sans  doute,  à 
renverser.  C'est  en  marchant  sur  ses  traces  que  Latreilîe, 
dans  s (u\  Histoire  des  Reptiles  ,  faisant  suite  au  Bvffan,  édition 
de  Deterville,  et  Daudin  ,  dans  la  sienne,  faisant  suite  au 
Buffon  Ae  Sonnini,  ont  fait  faire  des  pas  si  gigantesques  à 
Thisloire  de  ces  animaux. 

En  effet ,  ori  trouve  vingt-quatre  çspèces  de  tortues  décrites 
dans  Lacépède  ,  trente-cinq  dans  Lalreilie  ,  «t  cinquante- 
sept  dans  D.iudin.  C'est  dans  ces  ouvrages  que  Ton  doit  cher- 
cher les  détails  que  celui- ci  pourra  faire  désirer  au  lecteur; 
car  quoique  j  aie  beaucoup  étudié  les  tortues,  quoique  j'en 
aie  fait  connoitre  huit  espèces  nouvelles  ,  découvertes  pen- 
dant mon  séjour  en  Caroline  ,  je  dois  déclarer  que  cet  article 
n'est  que  le  rt'sumé  de  ce  qu'on  y  trouve  consigné. 

i.°  Les  Tortues  marin  h  s. 

Les  tortues  de  cette  division,  comme  on  l'a  déjà  vu  ,  dif- 
fèrent des  autres  en  ce  qu'elles  ont  les  pieds  aplatis  en  na- 
geoires écailleuses  ;  les  doigts  inégaux ,  allongés  ,  élargis  , 
réunis  entre  eux  ,  ayant  de  vrais  ongles  très  -  petits  sur  leur 
bord  extérieur,  et  terminés  par  des  lames  écailleuses,  larges 
et  aplaties.  On  y  compte  six  espèces,  savoir  : 

La  Tortue  franche  ,  Testudo  mydas  ,  qui  a  treize  écailles 
non  imbriquées  et  non  carénées  sur  le  dos,  et  les  nageoires 
antérieures  armées  de  deux  ongles.  V.  pi.  R.  8  ,  où  elle  est 
figurée.  C'est  la  plus  grande  espèce  de  ce  genre.  On  en  a  pris 
de  sept  à  huit  pieds  de  long  et  de  sept  à  huit  quintaux  de  poids. 
Ordinairement  elle  en  a  la  moitié  ,  et,  à  cette  grosseur,  elle 
a  suffisamment  de  chair  pour  rassasier  une  trentaine  d'hommes. 

La  tête  de  la  tortue  franche  est  arrondie  et  assez  petite  ,  re- 
lativement à  la  grandeur  du  corps-,  sa  carapace  est  ovale,  un 
peu  en  forme  de  cœur,  et  légèrement  convexe  ;  les  quatre 
premières  plaques  vertébrales  ont  une  forme  hexagone  élar- 
gie ,  la  dernière  a  la  même  forme  allongée  ;  les  latérales  sont 
pentagones  ,  et  celles  du  bord  beaucoup  plus  petites  et  qua- 
drangulaires.  Ces  plaques  ou  écailles  sont  très-transparentes, 
et  plus  agréablement  nuancées  que  celles  des  carets  ;  mais 
comme  elles  sont  très-minces,  on  ne  peut  les  employer  aux 
mêmes  usages:  on  les  réserve  pour  le  placage  et  la  marque- 
terie. Elles  paroissent  d'un  vert  noir  avec  quelques  taches  jau- 
nâtres, lorsque  l'animal  est  dans  la  mer,  du  moins  quand  il 
est  vieux  ;  je  dis  du  moins ,  car  si  une  tortue  que  j'ai  observée 


l\A\  . 


De^eife  Jel  ■ 


Cat/uet   tCgtlp 


To/'/iie    //a/u'/n' 

r,>r/tu-     /////  • 
y'(>r/m'     //i(r/<i//i(i/<i 


0'  ■  Torftte    rehcrt Zaïre  . 

-^ .  Torfite  (T  //t///(\r  co/irf>i//iijfii'', 

{<i.  Tor/iN'    a  />,'/,/r^-    r,7j/ro'. 

n  .  Tor/iw     />oiir/>cit.>e  ■ 


T  O  R  253 

nageant  dans  la  haute  mer,  et  qui  n'avoît  pas  plus  de  doux 
pieds  de  diamètre  ,  étoit  ,  comme  je  crois  l'avoir  reconnu  , 
une  tortue  franche  ,  la  couleur  jaune  domine  dans  la  jeunesse. 

On  compte  vingt-quatre  plaijues  sur  quatre  rangées  ,  au 
plastron  de  cette  tortue.  Ses  pieds  sont  recouverts  d'un  cuir 
noir  et  écailleux  ;  les  antérieurs  sont  longs  et  pointus  ;  les  pos- 
térieurs larges  et  arrondis;  sa  queue  est  courte  et  un  peu 
terminée  en  pointe. 

On  a  quelquefois  pêche  des  turtues  franches  sur  les  côtes  de 
France.  On  en  cite  de  prises  ,  il  y  a  peu  d'années,  à  l'em- 
bouchure de  la  Loire  ,  près  de  «Dieppe  ,  etc.  ;  mais  c'est  entre 
les  tropiques ,  dans  le  voisinage  des  îies  sablonneuses  et  des- 
sertes ,  qu'on  les  trouve  le  plus  abondamment,  telles  que  les 
îles  de  Caïman,  de  l'Ascension,  etc.  On  les  rencontre  sou- 
vent nageant  ou  dormant  à  la  surface  de  la  mer,  qu'elles  cou- 
vrent de  leur  large  corps ,  à  des  distances  considérables  des 
terres  ,  ainsi  que  j'ai  été  à  portée  de  le  voir  pendant  ma  tra- 
versée en  Amérique.  Il  paroîl  constaté  par  les  remarques  des 
navigateurs,  qu'elles  entreprennent  des  voyages  très-longs, 
tels  que  de  sept  à  huit  cents  lieues  ,  pour  aller  déposer  leurs 
œufs  sur  les  îles  précitées,ou  autres  qu'elles  jugent  propres  à 
cette  opération. 

Dans  certains  temps  de  Tannée  ,  elles  quittent  la  haute 
mer  et  vont  chercher  l'eau  douce  à  l'embouchure  des  grands 
fleuves.  En  général,  elles  vivent  de  Varecs,  d'ULVES  ,  de 
CoNFERVES  et  autres  plantes  marines  ,  qu'elles  coupent  avec 
leurs  fortes  mâchoires;  decoqulUageset  de  crustacés,  qu  elles 
brisent  par  le  même  moyen.  Il  est  très-  probable  qu'elles  man- 
gent aussi  d'autres  espèces  de  mollusques  et  même  des  pois- 
sons ;  mais  on  n'a  pas  de  faits  qui  le  prouvent. 

Protégées  par  leur  carapace  ,  elles  n'ont  que  peu  d'enne- 
mis à  craindre  au  fond  de  la  mer;  aussi  ne  cherchent-elles 
ordinairement  ni  à  se  sauver  ni  à  se  défendre  ,  excepté  lors- 
qu'elles sont  accouplées,  où  alors,  au  rapport  de  Catesby, 
elles  résistent  avec  fureur  à  l'homme  et  aux  autres  animaux. 

La  graisse  de  cette  espèce  de  tortue  est  quelquefois  si  verte  , 
qu'on  n'ose  pas  la  manger  ;  mais  sa  saveur  est  égale  à  celle 
du  meilleur  beurre  d'Europe.  Elle  sert  à  l'assaisonnement 
des  légumes  ;  on  en  tire ,  en  la  faisant  fondre  ,  une  huile  très- 
bonne  à  brûler.  Sa  chair,  qu'on  compare  à  celle  du  mouton, 
est  généralement,  surtout  à  l'époque  de  la  ponte,  un  manger 
très-agréable  et  très-sain;  on  en  fait  des  bouillons,  des  po- 
tages ,  des  ragoûts  de  plusieurs  sortes  ;  on  l'emploie  avec 
beaucoup  de  succès  dans  le  scorbut ,  la  pulmonie  ,  la  lèpre  , 
le  mal  vénérien  ,  et  en  général  dans  toutes  les  maladies  qui 


254  T  O  R 

exigenl  des  remèdes  incisifs  et  adoucissans:  c'est  un  aliment 
précieux,  principalement  pour  les  navigateurs  dont  la  sanié 
allérée  par  l'usage  long-temps  continué  des  salaisons ,  se  ré- 
tablit par  ce  moyen  avec  une  promptitude  incroyable. 

La  viande  de  tortue  ,  malgré  le  petit  goût  musqué  qu'elle 
a  quelquefois,  et  auquel  on  s'accoutume  bientôt,  plaît  d'a- 
bord atout  le  monde  ;  mais  la  fréquence  de  son  usage  ,  ainsi 
que  je  l'ai  éprouvé  ,  en  dégoûte  bientôt.  Cela  tient  peut-être 
à  sa  graisse  trop  abondante  ;  car  j'ai  remarqué  que  lorsqu'on 
la  mcloil  avec  de  la  viande  de  boucherie,  elle  produisoit  cet 
effet  moins  rapidement  sur  moi.  Sa  rareté  la  rend  ,  en  Eu- 
rope ,  un  mets  de  luxe.  Les  tortues  qu'on  mange  à  Londres  et 
qu'on  paye  si  cher  ,  viennent,  comme  je  l'ai  déjà  dit ,  de  la 
Jamaïque  ,  où  on  les  conserve  dans  des  parcs  jusqu'à  l'épo- 
que du  départ  des  vaisseaux. 

Dans  les  parages  où  les  tortues  abondent,  comme  dans 
ceux  des  Antilles,  on  sale  leur  chair  pour  la  conserver.  Les 
Français  ,  les  Anglais  et  autres  peuples  envoient  chaque  an- 
née un  certain  nombre  de  vaisseaux  aux  îles  de  Caïman  pour 
faire  cette  provision.  On  peut  espérer  d'en  prendre  pendant 
quatre  mois  de  suite. 

Lorsqu'on  veut  manger  une  tortue  sur  le  lieu ,  on  lui  en- 
lève le  plastron,  et  la  carapace,  sous  laquelle  on  fait  du  feu, 
sert  de  plat  pour  la  cuire;  l'assaisonnement  qu'on  lui  donne  , 
consiste  ordinairement  en  jus  de  citron  ,  sel ,  piment ,  poivre 
et  girofle. 

La  viande  de  tortue  ,  salée ,  ne  sert ,  dans  nos  colonies  , 
qu'à  la  nourriture  des  nègres ,  quoiqu'on  dise  qu'elle  soit 
encore  très-bonne  lorsqu'elle  a  été  bien  apprêtée. 

Les  œufs  de  cette  tortue  sont  de  la  grosseur  d'une  pomme 
ou  de  deux  pouces  de  diamètre;  ils  ont  l'enveloppe  molle  , 
et  ne  sont  pas  inférieurs  à  ceux  de  poule. 

On  prend  les  tortues  franches ,  soit  en  les  chavirant  sur  le 
dos  avec  les  mains  ou  avec  des  leviers ,  soit  en  les  harponnant 
lorsqu'elles  nagent  sur  la  surface  de  la  mer.  Dans  quelques 
colonies,  on  les  prend  aussi  avec  des  filets  de  cordelettes, 
tendus  dans  les  lieux  où  on  sait  qu'elles  viennent  paître  ,  et 
dans  les  mers  de  l'Inde,  parle  moyen  d'un  Échénéis.  V.  à 
Tarlicle  de  ce  poisson,  la  manière  curieuse  avec  laquelle  on 
procède  dans  ce  cas. 

L'île  de  l'Ascension  est  célèbre  par  la  quantité  de  tortues 
qui  s'y  trouvent;  aussi  les  vaisseaux  qui  vont  et  reviennent 
de  l'Inde,  ne  manquent- ils  jamais  d'y  altérer  dans  la  saison, 
uniquement  pour  cet  objet. 

La  Tortue  caret  a  les  treize  écailles  du  dos  imbriquées  | 


T  O  R  255 

Iscarapace  elliplîque ,  légèrement  caréne'e  en  son  milieu  et 
dentée  sur  ses  bords.  Daubenlon  l'a  appelée  la  tuilée^  et  quel- 
ques marins  la  nomment  le  lec  à /aucun.  V.  pi.  R,  8,  où  elle 
est  figurée. 

C'est  principalement  cette  espèce  qui  fournit  ces  belles 
écailles  recherchées  dès  les  temps  les  plus  anciens,  pour  faire 
un  grand  nombre  de  petits  objets  de  luxe  ;  mais  si  elle  est 
recommandable  par  sa  dépouille,  elle  ne  Test  pas  par  sa 
chair  communément  jaune  ,  d'une  saveur  désagréable  et  d'un 
usage  souvent  malsain. 

Le  philosophe,  dit  Lacépède  ,  Histoire  des  Quadrupèdes 
ovipares  ,  mettra  toujours  au  premier  rang  la  tortue  Jranche  , 
comme  celle  qui  fournil  la  nourriture  la  plus  agréable  et  la 
plus  salutaire  ;  mais  ceux  qui  ne  recherchent  que  ce  qui  brille , 
préféreront  celle  dont  il  est  question  en  ce  moment. 

La  tortue  caret  est  communément  moins  grosse  que  la  tortue 
franche  ;  il  est  rare  d'en  trouver  du  poids  de  trois  à  quatre 
cents  livres.  Elle  se  pêche  principalement  sous  la  zone  tor- 
ride  ,  aux  attérages  de  l'Afrique  ,  de  l'Amérique  et  des  îles 
de  l'Inde.  Sa  carapace  est  ovale,  un  peu  en  forme  de  cœur, 
convexe  et  couverte  de  treize  plaques  ou  écailles  ,  épaisses 
de  deux  à  quatre  lignes  ,  demi-transparentes, lisses  et  imbri- 
quées ,  avec  leur  bord  postérieur  tranchant  ;  la  première 
dorsale  est  la  plus  large  et  presque  carrée  ,  les  trois  suivantes 
hexagones,  et  la  dernière  pentagone;  des  huit  latérales,, 
celles  des  extrémités  sont  également  quadrangulaires  ,  et  les 
intermédiaires  pentagones  ;  If  s  vingt-cinq  marginales  varient 
en  largeur  ,  et  se  rapprochent  aussi ,  plus  ou  moins  ,  de  la 
forme  parallélogrammiquc  ;  la  couleur  de  toutes  ces  écaille 
est  noire,  avec  des  taches  irrégulières  et  transparentes  d'un 
jaune  doré  et  jaspées  de  rouge  ou  de  blanc,  ou  d'un  brun  noir 
de  diverses  teintes  ;  le  plastron  est  arrondi  et  un  peu  sail- 
lant en  devant,  et  obtus  en  arrière;  il  est  couvert  de  douze 
plaques  ,  très-larges  ,  imbriquées  ,  blanchâtres  et  coriaces; 
la  tête  de  cette  tortue  est  allongée  ,  pointue  ,  convexe  en  des- 
sus ,  recouverte  d'écaillés  non  imbriquées  ;  sa  mâchoire  in- 
férieure est  relevée  en  pointe  comme  le  bec  des  faucons;  son 
cou  est  fort  extensible  et  couvert  d'une  peau  ridée  ;  ses  quatre 
pieds  ,  surtout  les  antérieurs,  sont  plus  allongés  que  dans  les 
autres  espèces  de  tortues  marines,  et  sont  munis  de  deux  ou 
de  quatre  ongles. 

On  prend  les  tortues  caret  comme  les  tortues  franches ,  sur 
les  côtes  où  elles  viennent  au  prinlemps  pondre  leurs  œufs  ; 
en  pleine  mer  ,  lorsqu'elles  dorment  ;  et  dans  des  filets  ten- 
dus exprès.  Leur  dépouille  ,  ou  écaille,  pèse  ordinairement 


25G  T  O  R 

trois  à  quatre  livres,  mais  quelquefois  plus,  quelquefois 
moins  ,  suivant  l'âge  ;  on  en  a  trouvé  qui  pesoient  le  double. 
On  l'enlève  en  faisant  sous  la  carapace  ,  du  feu  qui  la  ramol- 
lit et  en  même  temps  la  détache.  C  est  l'objet  d'un  commerce 
considérable. 

Dans  rîle  Célèbes  on  enlève  la  partie  supérieure  de 
l'écaillé  aux  tortues  de  mer,  et  on  les  remet  ensuite  à  l'eau, 
Woodart,  auquel  on  doit  la  connoissance  de  ce  fait,  ne  dit 
pas  si  cette  écaille  se  régénère. 

Darapier  attribue  la  mauvaise  qualité  de  la  chair  de  cer- 
taines tortues  caret ,  et  surtout  la  faculié  purgative  et  vomi- 
tive dont  elles  sont  pourvues  quelquefois  à  un  haut  degré  ,  aux 
plantes  dont  elles  se  nourrissent  :  celle  que  cette  espèce  aime 
le  plus  est,  selon  Catesby,  V  oreille  de  juif  ^  qui  est  sans  doute 
un  Varec;  mais  elle  mange  également  la  plupart  des  autres 
espèces  ,  ainsi  que  ley  ubes  et  les  confeives^  sans  doute  aussi 
quelques  animaux  marins,  tels  que  des  crustacés  et  des 
coquillages. 

Les  œufs  des  tortues  caret  ne  participent  point  à  la  mal- 
faisance  de  leur  chair;  ils  passent  même  pour  plus  délicals 
que  ceux  des  autres  espèces  de  tortues  marines. 

Tout  le  monde  connoît  les  différens  usages  auxquels  les 
arts  et  les  métiers  emploient  l'écaillé  de  tortue.  On  en  fait 
une  infinité  de  petits  meubles  d'agrément,  et  principalement 
des  boîtes  et  des  peignes  ;  on  la  travaille  ,  on  lui  donne 
toutes  les  formes  qu'on  désire,  en  la  faisant  ramollir  dans 
l'eau  bouillante  ou  devant  le  feu.  Elle  est  susceptible  de 
prendre  toutes  sortes  d'empreintes  en  relief,  au  moyen  d'un 
moule  de  fer  chauffé  ;  toutes  sortes  de  couleurs  ,  par  l'appii- 
calion  à  la  surface  opposée  à  la  lumière ,  de  feuilles  de  la 
nuance  qu'on  désire  ,  en  en  introduisant  des  couleurs  dans 
sa  substance  même.  Les  rognures  des  objets  qu'on  coupe  , 
qu'on  tourne  ou  qu'on  lime,  se  réunissent  lorsqu'on  leur  fait 
subir  un  degré  de  chaleur  considérable  et  l'action  de  la 
presse;  elles  forment  ce  qu'on  appelle  V  écaille  fondue  ^  écaille 
qui  est  toujours  noire  et  plus  cassante  que  celle  qui  est  em- 
ployée telle  que  la  fournit  la  nature. 

Les  écailles  d'une  seule  couleur  qu'on  trouve  quelquefois 
sur  la  tortue  caret,  sont  réservées  pour  certains  usages, 
tels  que  les  bonbonnières;  c'est  l'écaillé  blonde. 

La  Tortue  Caouane  a  la  carap>ice  ovale,  en  cœur, 
dentée  sur  les  bords  ,  couverte  de  quinze  plaques,  dont  les 
iniermédiaires  sont  postérieurement  bossues.  Elle  a  été  con- 
fondue par  Linnpeus  et  la  plupart  des  auteurs  ,  jusqu'à 
Lacépède  ,  avec  la  tortue  caret,  quoiqu'elle  ail  des  caraq? 
tères  diflércnliels  très-tranchés. 


T    0   R  25; 

Celle  espèce  se  trouve  assez  communément  dans  la  Mé- 
diterranée ,  où  on  en  prend  de  trois  ou  quatre  cents  livres  ; 
elle  n'esl  pas  rare  non  plus  dans  les  mers  d'Améri(|ue; 
cependant  elle  parort  moins  abondante  que  le  caret.  C'est 
la  plus  vivace  de  toutes  les  tortues  marines  :  elle  se  nourrit 
principalement  de  coquillages  et  de  crustacés.  Sa  chair  est 
coriace,  rance,  et  a  une  odeur  de  musc  très  forte  ;  aussi 
n'est-elle  pas  recherchée.  Elle  fournit  une  huile  abond?.nle 
qui ,  à  cause  de  sa  fétidité  ,  ne  peut  être  employée  que  pour 
lîrûler,  préparer  les  cuirs  ou  caréner  ies  vaisseaux.  L'écaillé 
qui  recouvre  sa  carapace  est  mince  ,  remplie  de  plis  et  diné- 
galilés  :  aussi  ne  peut-on  l'employer  que  fondue,  ce  qui  lui 
donne  très-peu  de  valeur.  Il  n'y  a  que  les  œufs  de  la  caouane 
dont  l'homme  fasse  cas.  On  dit  qu'ils  sont  un  excellent  man- 
ger; aussi  les  vend-on  plus  cher,  dans  les  îles  d'Amérique, 
que  ceux  d'aucune  autre  espèce. 

La  carapace  de  la  tortue  caouane  est  ovale,  un  peu  cordi- 
forme ,  terminée  en  pointe  à  sa  partie  postérieure  :  elle 
porte  quinze  plaques  ,  dont  toutes  les  dorsales  sont  hexago- 
nes ,  munies  d'une  carène  plus  relevée  postérieurement,  et 
les  latérales  hexagones;  celles  des  bords,  au  nombre  de 
vingt-cinq ,  sont  à  peu  près  carrées;  leur  couleur  est  de 
plusieurs  nuances  ,  de  bai,  de  brun,  avec  des  stries  plus 
foncées  ou  plus  claires  ,  ou  des  bandes  noirâtres  ;  son  plas- 
tron est  ovale,  plus  saillant  et  plus  étroit  en  arrière,  caréné 
sur  ses  bords,  creusé  dans  son  milieu  ,  et  couvert  de  douze 
grandes  plaques  coriaces. 

Sa  tête,  grosse,  ovale,  allongée  ,  bombée,  écailleuse, 
est  armée  de  mâchoires  redoutables,  et  a  les  narines  percées 
dans  un  tubercule  charnu  ;  son  cou  est  fort  court  et  garni 
d'écaillés  ;  ses  pieds  antérieurs  sont  aussi  longs  que  la  moitié 
de  la  carapace  et  un  peu  arqués  ;  ses  pieds  postérieurs  sont 
plus  courts  et  élargis  à  leur  extrémité  ;  tous  sont  couverts 
d^écailles  et  pourvus  de  deux  ongles. 

Lacépède  avoit  nommé  nasicorne  une  tortue  qui  a  les  na- 
rines percées  dans  un  tubercule  charnu  ;  mais  Daudin  la 
rapporte  à  celle-ci;  il  lui  rapporte  également  la  tortue  coffre 
de  Catesby  ,  la  tortue  à  grosse  tête  de  Dampicr,  et  la  tortue  à 
longues   nageoires  de  A'Valbaum. 

La  Tortue  luth  ,  Testudo  coriacea ,  Linn. ,  a  *le  corps 
coriace,  sans  écailles,  caréné  longiludinalement ,  et  les 
pieds  en  forme  de  nageoires.  Elle  est  connue  des  pêcheurs 
sous  les  noms  de  rat  de  mer ,  tortue  à  clin ,  tortue  mercuriale, 
V.  pi.  R.  8,  où  elle  est  figurée. 

Celle  espèce   est  très -remarquable  sous  plusieurs  rap 

XXXIY.  17 


258  T  0  R 

ports  :  sa  carapace,  très-allongée  et  se  terminant  postérieu- 
rement par  un  long  prolongement,  n'est  point  couverte 
décailles,  mais  d'un  vrai  cuir,  dur,  noir  et  pourvu  de  cinq 
arêtes  longitudinales;  sa  tête  ,  ses  pattes  et  sa  queue  sont 
défendues  par  un  cuir  de  mêuie  nature  ,  et  ne  peuvent  se 
retirer  sous  elle,  comme  dans  la  plupart  des  autres  espèces  ; 
on  trouve,  au  lieu  d'ongles,  une  membrane  aux  pattes  posté- 
rieures ;  la  partie  supérieure  de  son  museau  est  fendue,  pour 
recevoir  l'extrémité  de  la  mâchoire  inférieure,  qui  est  re- 
courbée en  haut. 

Les  Grecs  et  les  Romains  ont  connu  celte  tortiie  ,  qui 
habite  la  Méditerranée  et  l'Océan  atlantique.  Ils  ont  écrit 
que  sa  carapace  avoit  d'abord  servi  à  supporter  les  cordes  de 
1  instrument  de  musique  qui  porte  son  nom,  et  qui  a  conr 
serve  plus  ou  moins  de  sa  forme.  Elle  parvient  à  sept  ou  huit 
pieds  de  long.  On  en  prend  de  temps  en  temps  sur  les  côtes 
françaises  de  la  Méditerranée  ,  et  plus  rarement  sur  celles 
de  l  Océan.  Lorsqu'elle  est  blessée  ,  eUe  fait  entendre,  au 
rapport  de  Lafont ,  des  hurlemens  d'une  force  prodigieuse  , 
et  sa  bouche ,  dans  ce  cas  ,  exhale  une  odeur  très-fétide.  On 
mange  sa  chair  ,  et  on  tire  de  sa  graisse  une  huile  bonne  à 
brûler. 
2.°  Les  Tortues  d'eau  douce. 

Les  tortues  de  cette  division  ont,  aux  pieds,  des  doigts 
très-distincts,  et  terminés,  presque  tous,  par  des  ongles 
crochus.  Ces  doigts  sont  palmés  dans  les  unes,  demi-palmés 
ou  même  non  palmés  dans  les  autres. 

La  Tortue  molle,  Tesiudo  ferox,  Linn..,  a  la  carapace 
ovale,  cartilagineuse,  brune,  tuberculeuse  en  ses  bords;  trois 
ou  cinq  ongles  aux  pieds  ;  le  nez  proéminent  et  des  barbil- 
lons à  la  mâchoire  inférieure  (  V.  pi.  R..  6  ).  On  la  trouve 
dans  les  rivières  de  la  Caroline  méridionale,  de  la  Floride 
et  de  la  Louisiane.  C'est  la  plus  grande  des  tortues  d'eau 
douce  ,  puisqu'elle  parvient  à  trois  pieds  de  long,  et  à  cinr 
quanle-  livres  de  poids. 

Pennant  l'a  décrite  et  figurée,  le  premier,  d'après  nature  ^ 
sur  un  individu  mort  envoyé  en  Angleterre  ,  et  Bartram  en 
a  parlé  depuis  avec  détail  dans  son  Foyage  dans  les  parties  sud 
de  r  Amérique  septentrionale.  La  comparaison  de  ce  qu'ils  en 
disent  a  fait  croire  à  Daudin  que  c'étoient  deux  espèces  ; 
mais  je  pense  que  la  différence  des  descriptions  vient  de  ce 
que  l'individu  envoyé  à  Pennant  étoit  altéré  par  la  dessic- 
cation. J'ai  séjourné  près  de  deux  ans  dans  le  pays  qu'ha- 
bitent les  tortues  molles^  j'en  ai  beaucoup  entendu  parler, 
mais  je  u'ai  pas  éle  assez  heureux  pour  en  voir.  On  n'y  eu 


T  0  R  ^5jj. 

connoît  qu'une  espèce ,  qui  a  deux  ou  trois  pieds  de  long , 
sur  la  moitié  de  large,  et  qui  pèse  quelquefois  plus  de  qua- 
rante livres.  Cette  espèce  a  le  corps  ovale,  aplati,  couvert 
d'une  peau  cartilagineuse  ,  parsemée  ,  sur  ses  extrémités  ,  de 
verrues  cornées,  et  garnie  supérieurement  de  dix  écailles 
imbriquées  ;  son  plastron  est  petit  et  cartilagineux  ,  à  l'ex- 
ception de  son  milieu;  sa  tête  est  grande,  presque  ovale, 
latéralement  ridée  et  garnie  de  barbillons  mobiles;  ses  pieds 
sont  fort  larges,  avec  cinq  doigts  palmés  et  onguiculés,  et 
avec  deux  ou  un  appendice  membraneux  au  côté  extérieur; 
sa  queue  est  très-courte  et  large  ;  sa  couleur  générale  est  ua 
brun  foncé  ,  un  peu  verdâtre. 

On  prend  la  ioriue  molle  avec  les  filets  destinés  à  la  pêche 
des  poissons.  Lorsqu'elle  se  sent  arrêtée ,  elle  mord  avec 
fureur  les  filets  ,  et  se  jette  sur  les  hommes  qui  veulent  la 
saisir.  Sa  morsure  emporte  toujours  la  pièce  ;  aussi ,  quoique 
sa  chair  soit  un  tres-bon  manger,  préférable  même  à  celle 
de  \di  tortue  franche  ,  les  pêcheurs  craignent-ils  de  la  rencon- 
trer. Elle  ne  sort  guère  de  l'eau  que  pour  faire  sa  ponte  , 
composée  de  vingt  à  trente  œufs;  mais  elle  vient  souvent  à 
la  surface,  pour  faire  provision  d'air.  Elle  vit  de  poissons  , 
de  reptiles  et  même  d'oiseaux  aquatiques.  On  m'a  assuré 
qu'elle  est,  pendant  les  trois  premières  années  de  sa  vie, 
poursuivie  et  dévorée  par  le  Crocodile  cayman;  mais 
qu'ensuite,  parvenue  à  une  certaine  grosseur,  elle  se  nourrit , 
à  son  tour  ,  des  petits  de  ce  reptile.  Elle  a  été  appelée  alata- 
maha  par  quelques  voyageurs  ,  parce  que  c'est  principale- 
ment dans  cette  rivière  ,  dont  les  bords  sont  encore  peu  peu- 
plés ,  qu'on  la  trouve  abondamment. 

La  Tortue  DE  l'Euphrate  a  la  carapace  coriace,  d'un 
vert  obscur;  point  de  tubercules  sur  ses  bords,  et  le  plastroa 
blanc  et  uni.  Elle  se  trouve  dans  l'Euphrate,  et  a  été  ob- 
servée, décrite  et  dessinée  par  Olivier,  qui  la  fait  con- 
noître  dans  son  Voyage  en  Perse.  Elle  se  rapproche  infini- 
ment de  la  précédente  par  sa  contexture  et  ses  mœurs.  Les 
habitans  en  repoussent  la  chair  par  principes  religieux.  Ces 
deux  dernières  ,  ainsi  que  celle  du  Nil ,  dont  on  voit  une  si 
belle  figure  dans  le  grand  ouvrage  de  la  Commission  de 
rinslitut  d'Egypte  ,  forment  aujourd'hui  le  genre  Trionyx. 
de  Geoffroy.  V.  pi.  R.  6. 

La  Tortue  a  bec,  qui  a  la  carapace  ovale,  coriace ,  ca- 
rénée en  son  milieu ,  garnie  de  rides  obliques  ,  couverte  de 
tubercules.  Son  museau  est  cylindriq«e ,  assez  long,  et  ses 
pieds  ont  trois  ongles.  Voyez  pi.  R.  6.  D'après  l'opinion  de 
Daudin ,  c'est  la  même  espèce  que  la  iortm  membraneuse  de 


26o  T  0  R 

Blumenbach ,  et  la  tortiie  cartilagineuse  de  Boddaert,  la  tortue 
à  trois  ongles  de  Forskaël,  enfin  le  tyrsé  des  Egyptiens.  On  la 
trouve  dans  le  Nil.  Elle  se  rapproche  beaucoup  de  la  précé- 
dente ,  mais  parvient  rarement  à  plus  de  cinq  ou  six  pouces 
de  long.  Son  plastron  est  aussi  long  et  large  que  sa  carapace  ; 
ses  pieds  sont  courts  ;  sa  couleur  est  d'un  brun  jaunâtre  de 
plusieurs  nuances. 

La  Tortue  matamata.,  qui  a  les  pieds  presque  digités  ; 
le  museau  en  bec  allongé  ;  le  col  garni  de  membranes  fran- 
gées ;  la  carapace  ovale  ,  très-peu  convexe,  garnie  supérieu- 
rement de  trois  rangs  d'écaillés  carénées.  V.  pi,  R.  i'>.  On  la 
trouve  dans  les  rivières  de  la  Guiane.  Elle  est  principalement 
remarquable  par  la  saillie  considérable  de  son  corps  hors  du 
test;  saillie  telle  ,  qu'il  n'en  peut  recevoir  qu'une  très-petite 
partie.  On  peut  croire  ,  avec  Daudin  ,  que  la  tortue  scorpiui.ne 
de  Linnœus  est  celle-ci ,  mal  décrite.  Sa  carapace  est  aplatie, 
allongée,  composée  de  treize  grandes  écailles  ridées  en  rayons, 
dentées  ,  inégales  entre  elles  ,  saillantes  et  formant  trois  ca- 
rènes sur  le  disque,  et  de  vingt-cinq  petites  écailles  carrées  à 
la  circonférence.  Son  plastron  est  ovale,  échancré  posté- 
rieurement et  recouvert  de  treize  plaques.  La  tête  de  Tanimal 
est  grande,  aplatie,  arrondie,  ridée  et  verruqueuse  ;  ses  côtés 
sont  terminés  par  deux  ailerons  membraneux ,  et  son  sommet 
par  une  callosité  saillante  ;  son  museau  est  cylindrique  ,  en 
forme  de  trompe  longue  de  dix  lignes,  au  bout  de  laquelle 
sont  les  narines  ;  son  col  est  très  -  saillant ,  aplati  et  verru- 
queux  en  dessus,  frangé  par  six  appendices  membraneux, 
alternativement  grands  et  petits  sur  les  côtés  ;  ses  pieds  sont 
parsemés  d'écaillés  et  de  tubercules  ;  les  antérieurs  ont  cinq 
doigts  onguiculés  ,  et  les  postérieurs  seulement  quatre  ;  sa 
queue  est  granuleuse  et  légèrement  arquée. 

La  couleur  générale  de  cette  espèce  ,  dont  la  chair  est  un 
excellent  manger  ,  et  qui  parvient  à  deux  ou  trois  pieds  de 
long ,  est  d'un  brun  foncé. 

La  Tortue  serpentine  ,  qui  a  les  écailles  dorsales  ca- 
rénées, les  marginales  postérieures  divisées  en  six  dente- 
lures profondes  ,  et  les  pieds  digités.  Elle  parvient  à  plus 
de  quatre  pieds  de  longueur  totale ,  et  pèse  quelquefois  au- 
delà  de  vingt  livres  ;  sa  carapace  est  un  peu  déprimée  , 
ovale  ,  garnie  supérieurement  de  treize  plaques  carénées , 
granulées,  ridées  en  rayons,  toutes  presque  hexagonales, 
et  latéralement  de  vingt-cinq  plaques ,  dont  les  six  posté- 
rieures sont  plus  larges,  et  ont  chacune  une  grande  dent 
pointue  ;  son  plastron. petit ,  rhomboïdal,  allongé,  en  forme 
de  croix ,  est  composé  de  dix  plaques  ;  sa  tête  est  ovale,  apla- 


T  O  R  261 

lie,  tuberculeuse  en  dessus,  armée  d'un  bec  dont  la  pointe 
est  recourbée  et  terminée  par  deux  barbillons  ;  son  col  est 
plissé  et  rugueux;  ses  pattes  sont  recouvertes  d'écaillés  larges, 
saillantes,  et  de  tubercules  rangés  avec  ordie;  ses  doigts 
palmés  et  munis  d'ongles  robustes  ,  excepté  le  petit  des  pieds 
postérieurs;  sa  queue  est  aussi  longue  que  le  corps,  très- 
épaisse  à  sa  base ,  couverte  de  tubercules  écailleus,  dont  ceux 
du  dessus  sont  plus  saillans,  cunéiformes, et  imitent  une  crête 
semblable  à  celle  de  la  queue  du  crocodile  cayman.  La  cou- 
leur générale  est  un  brun  foncé ,  avec  des  nuances  jaunes  sur 
les  côtés  et  en  dessous. 

Cette  tortue  porte  en  Caroline  ,  où  on  la  trouve  assez  fré- 
quemment ,  le  nom  A'alù'gaior  tortoise ,  et  passe  pour  un  ex- 
cellent manger.  C'est  une  espèce  vorace  et  qui ,  comme  la 
tortue  molle  ,  se  défend  vigoureusement  avec  ses  ongles  et  ses 
redoutables  mâchoires.  Elle  s'écarte  quelquefois  assez  loitt 
des  eaux,  et  jette  ,  lorsqu'on  la  surprend,  un  cri  assez  sem- 
blable à  un  sifflement ,  ainsi  que  je  l'ai  remarqué  chaque  fois 
que  j'en  ai  pris.  V.  pi.  H.  8,  où  elle  a  été  gravée  d'après  mon 
dessin  fait  sur  le  vivant. 

La  Tortue  jaune,  Tesiudo  orhicularis^  Linn. ,  qui  a  la 
carapace  noirâtre  ,  avec  des  points  et  des  lignes  jaunes  dis- 
posés en  rayons.  V.  pi.  R.  6.  Elle  se  trouve  dans  les  parties 
méridionales  de  l'Europe  ,  et  fournit  plusieurs  variétés,  dont 
quelques-unes  ont  été  décrites  comme  des  espèces  distinctes. 
Ainsi  la  tortue  d  Europe  Ae  Schneider,  la  /,  iutèlaireàe.  Marsigli, 
la  /.  ponctuée  de  Gottwald  ,  la  t.  ronde  de  Linnseus  ,  Lacépède, 
Dauhenton  et  autres  ,  s'y  rapportent.  La  tortue  ronde  surtout 
n'est  que  son  jeune  âge  ,  ainsi  que  l'a  prouvé  Daudin, 

La  carapace  de  cette  espèce  a  au  plus  huit  pouces  de  long 
sur  cinq  de  large  ;  elle  est  convexe  ,  lisse  ,  couverte  de  treize 
écailles  dorsales,  en  partie  pentagones,  et  de  vingt -cinq 
écailles  marginales,  toutes  de  couleur  variable,  mais  toujours 
obscure  ,  avec  des  points  et  des  lignes  jaunes  rayonnées  ;  son 
plastron  est  ovale  ,  oblong  ,  arrondi  en  devant  et  tronqué  en 
arrière. 

L'animal  qui  l'habile  a  une  tête  aplatie,  triangulaire, 
un  col  ridé  et  nu  ;  les  pieds  écailleux  ,  à  doigts  onguiculés  et 
demi-palmés  ,  excepté  le  petit  doigt  des  postérieurs  ;  la  queue 
petite  et  écailleuse.  Il  vit  dans  les  eaux  bourbeuses  et  les  ma- 
rais ,  et  se  nourrit  de  petits  poissons  ,  de  reptiles  ,  de  coquil- 
lages et  d'herbes. Sa  chair  est  très-bonne  à  mangerjaussi  la  re- 
cherchent on  assez  dans  l'Allemagne  méridionale, pour  qu'elle 
soit  vendue  dans  les  marchés.  Ses  œufs  sont  de  la  grosseur 


262  T  O  R 

d'un  œuf  de  pigeon  ,  et  n'éclosent,  au  rapport  de  Marsigli,' 
qu'au  bout  rl'un  an  ,  ce  qui  est  un  peu  difficile  à  croire. 

La  Tortue  bourbeuse  ,  qui  a  la  carapace  noirâtre,  d'une 
seule  couleur.  V.  pi.  R.  8.  Elle  se  trouve  dans  les  parties  mé- 
ridionales de  l'Europe.  Elle  ressemble  assez  à  la  précédente, 
mais  sa  carapace  est  plus  aplatie,  el  sa  couleur  obscure, 
constamment  sans  taches  ;  le  plastron  est  tronqué  en  avant, 
fourchu  en  arrière.  L'animal  est  noir;  sa  peau  est  nue  ,  ex- 
cepté sur  les  pattes  qui  sont  écailleuses  ;  sa  queue  est  assez 
longue. 

Cette  espèce  ,  qui  est  la  plus  commune  de  toutes  celles 
d'Europe  ,  aime  les  eaux  marécageuses.  Elle  vit  de  reptiles, 
d'insectes  et  de  plantes;  elle  attaque  même  les  gros  poissons, 
et  les  fait  mourir  en  les  mordant  sous  le  ventre;  c'est  pourquoi 
on  doit  faire  tous  ses  efforts  pour  Tempêcher  d'approcher  des 
étangs.  On  la  nourrit  fréquemment  dans  les  jardins  des  par- 
ties méridionales  de  la  France  ,  parce  qu'elle  détruit  les  li- 
maces, les  hélices  terrestres,  les  insectes  et  autres  animaux 
nuisibles.  Sa  démarche  est  moins  lente  que  celle  de  la  plu- 
pari  des  autres  espèces  ,  et  elle  fait  souvent  entendre  un  petit 
sifflement  entrecoupé. 

L'accouplement  de  cette  tortue  a  lieu  dans  l'eau,  et  dure 
deux  ou  trois  jours.  La  femelle  dépose  ses  œufs  dans  un  trou 
creusé  dans  le  sable ,  à  l'exposition  du  midi ,  et  il  en  sort , 
au  bout  de  trois  mois,  de  petites  tortues  de  huit  lignes  de 
longueur  totale  ,  qui  aussitôt  vont  se  jeter  à  l'eau. 

On  trouve  toujours  des  tortues  boiirheuses  vivantes,  chez  plu- 
sieurs apothicaires  de  Paris  ,  qui  les  font  venir  de  la  Provence 
pour  faire  des  bouillons,  regardés  comme  très-  utiles  dans  les 
maladies  de  poitrine,  el  pour  réparer  les  forces  épuisées  par 
l'excès  des  plaisirs  de  l'amour.  On  les  mange  dans  les  pays 
oii  elles  se  trouvent;  mais  leur  chair,  ainsi  que  j'en  ai  pu  juger, 
est  bien  inférieure  en  qualité  à  celle  des  tortues  d'Amérique. 
La  Tortue  a  tête  noire  est  couleur  de  châtaigne  ;  sa 
tcle  et  ses  pieds  sont  noirs  ;  sa  queue  est  courte.  Elle  se 
trouve  dans  les  Moluques  ;  sa  longueur  ne  surpasse  pas  cinq 
pouces. 

La  Tortue  raboteuse  a  la  partie  supérieure  de  la  cara- 
pace couverte  de  tubercules  ;  sa  couleur  esrjaune  ,  variée  de 
taches  et  de  lignes  irrégulières  jaunes.  Elle  est  figurée  dans 
Lacépède  ,  vol.  i ,  pi.  6  ;  dans  Latreille  ,  vol.  i  ,  pag.  la/J^,  et 
dans  Séba  ,  Mus.  i ,  pi.  79,  n."'  i  et  3.  On  la  trouve  dans  les 
marais  de  la  Caroline.  Elle  a  environ  trois  pouces  de  long; 
sa  carapace  est  un  peu  bombée  ;  sa  tête  est  pointue  ;  ses  pieds 
sont  couverts  d'écaillés,  palmés  el  munis  d'ongles,  excepté  au 


T  O  R  263 

floigl  extérieur  de  la  dernière  paire  ;  isa  queue  est  très- courte . 
On  a  confondu  plusieurs  espèces  avec  celle-ci  ,  telles  que  la 
tortue  à  verrues ,  la  toiiue  à  casque  et  la  tortue  écrile.  Voy.  pi. 
R.  6. 

La  Tortue  rouss\tre  est  d'une  couleur  châtaigne  ,  a  les 
plaques  du  disque  aplaties,  unies  dans  leur  milieu,  striées 
en  leurs  bords ,  et  cinq  ongles  à  toutes  ses  pattes.  Elle  se 
trouve  dans  l'Inde  ;  ses  plaques  marginales  sont  seulement 
au  nombre  de  douze. 

La  Tortue  a  verrues  a  la  carapace  couverte  de  verrues 
écailleuses  ,  crénelée  en  ses  bords  ,  et  tous  ses  pieds  ont  qua- 
tre doigts.  On  ignore  son  pays  natal  ;  sa  longueur  ne  sur- 
passe pas  trois  pouces;  sa  tête  est  lisse  et  de  diverses  cou- 
leurs; ses  pieds  sont  couverts  d'écaillés. 

La  Tortue  a  casque  est  aplatie,  ovale,  a  les  trois  pla- 
ques dorsales  carénées;  vingt-qualre  écailles  marginales  ;  la 
tête  couverte  d'une  cuirasse  ,  et  des  barbillons  à  la  mâchoire 
inférieure.  Elle  est  figurée  dans  Schœpff,  pi.  3,  n."  i.  Elle  ha- 
bite les  Indes,  d'où  on  l'a  portée  vivante  en  Angleterre  ;  sa 
longueur  est  de  trois  ou  quatre  pouces  ;  son  museau  es!  court; 
son  col  est  mince  ;  ses  pieds  sont  palmés  ,  ridés  et  couverts 
d'écaillés  ;  sa  couleur  est  cendrée  ,  variée  de  points  noirs  et 
de  lignes  courtes  rayonnantes, avec  le  bord  des  plaques  blanc 
et  les  sutures  noires. 

La  Tortue  écrite  a  la  carapace  orbiculaire ,  aplatie, 
jaunâtre,  couverte  de  lignes  brunes  tortillées  ,  et  imitant  des 
caractères  d'écriture.  Elle  est  figurée  dans  Schœpff,  pi.  3, 
n."*  4  6t  5.  On  ignore  quelle  est  sa  patrie.  Sa  longueur  ne  sur- 

f>asse  pas  deux  pouces  ;  son  plastron  est  très-grand  et  trés- 
arge  ;  son  corps  est  gris  ,  avec  un  peu  de  jaune  à  la  tête  ;  sa 
queue  est  allongée. et  ses  pieds  palmés. 

La  Tortue  porphyrée  est  rougeâtre ,  avec  des  taches  d'un 
vert  obscur  et  fauves  ,  et  quatre  tubercules  écailleux  à  Tanus, 
Elle  se  trouve  à  la  Nouvelle-Hollande  ,  et  est  fort  voisine  de 
la  précédente  ;  sa  longueur  est  de  trois  pouces  ;  sa  queue  est 
carénée  en  dessus. 

La  Tortue  réticulâire  a  la  carapace  légèrement  striée  , 
brune  et  réticulée  par  des  lignes  jaunes;  le  plastron  jaune  , 
avec  cinq  taches  brunesi  négales  sur  deux  rangs  à  sa  jonction 
avec  la  carapace.  V.  pi.  R.  8.  On  la  trouve,  mais  rarement, 
en  Caroline,  où  je  l'ai  observée  ,  décrite  et  dessinée.  Elle 
se  rapproche  de  la  bourbeuse  par  la  forme  et  la  couleur.  C'est 
peut-être  la  tortue  des  marais  de  Brovvn  ;  sa  grandeur  est  de  sept 
à  huit  pouces  de  long  sur  quatre  à  cinq  de  large  et  trois  de 
haut  ;  sa  tête  est  brune  eu  dessus,  avec  des  lignes  jaunes  peu 


264  T  O  II 

marquées  sur  les  côtés ,  et  une  large  bande  jaune  ;  son  col  et 
ses  pattes  sont  bruns ,  avec  des  bandes  ,  des  taches  ou  des  fas- 
cies  jaunes  ;  sa  queue  est  couverte  d'écaillés  variées  de  bruri 
et  de  jaune. 

La  Tortue  a  bord  en  scie  ,  Testudo  serrata  ,  a  la  carapace 
brune,  fasciée  de  jaune  ,  avec  des  plaques  marginales  posté- 
rieures tridentées  ,  et  cinq  taches  brunes  en  un  seul  rang  sur 
le  bord  inférieur  des  marginales.  Je  l'ai  rapportée  de  Caroline, 
où  on  la  trouve  dans  les  marais.  Elle  est  fort  voisine  de  la  pré- 
cédente ,  mais  la  forme  de  la  carapace  ,  beaucoup  plus  for- 
tement bombée,  et  les  caractères  précités,  l'en  séparent 
Irès-bien  ;  sa  grandeur  est  souvent  d'un  pied,  et  dans  ce  cas 
sa  largeur  est  de  neuf  pouces,  et  sa  hauteur  de  cinq  ;  ses  pla- 
ques ont  des  stries  ou  mieux  des  rides,  dont  les  unes  sont  lon- 
gitudinales, et  les  autres  ,  qui  leur  sont  inférieures  ,  transver- 
sales ;  sa  tête  est  brune  ,  avec  des  bandes  jaunes  en  dessous 
qui  se  prolongent  sous  le  col  ;  ses  pattes  sont  écailleuses  , 
brunes,  avec  des  bandes  jaunes  en  dessous  ;  les  postérieures 
n'ont  que  quatre  ongles  ;  sa  queue  est  courte  ,  brune  en  des- 
sus ,  jaune  en  dessous.  Daudin ,  par  erreur  ,  a  attribué  à  cette 
espèce  la  description  que  j'avois  faite  de  la  précédente  sur  le 
vivant. 

La  chair  de  \a.torliie  à  Lords  en  scie  est  excellente  ,  ainsi  que 
}  ai  eu  occasion  de  m'en  assurer  plusieurs  fois.  Aussi  est-elle 
beaucoup  recherchée  en  Caroline. 

La  Tortue  géograpsiique  a  le  test  élevé,  dentelé  à  son 
extrémité  ,  réticulé  de  jaune  ,  la  tête  et  les  cuisses  pourvues 
de  lignes  jaunes  irrégulières  ,  et  la  queue  annelée  de  la  même 
couleur.  Elle  vit  dans  l'Amérique  septentrionale  ,  dans  le  lac 
Erié.  Lesueur  l'a  décrite  et  figurée  dans  le  Journal  de  l'Aca- 
démie des  sciences  naturelles  de  Philadelphie,  septembre 
1817.  C'est  de  la  tortue  réticulaue  qu'elle  sefrapproche  le  plus. 

La  Tortue  a  lignes  concentriques  ,  Testudo  ronrentrata  , 
a  la  carapace  grise,  avec  depuis  deux  jusqu'à  sept  lignes  noi- 
res ,  centrales  et  parallèles  aux  bords ,  sur  chaque  plaque;  le 
plastron  jaune  el  postérieurement  marginé.  Elle  a  été  figurée 
sur  uion  dessin  par  Latreilie,  dans  V Histoire  nalurelle  des  Rep- 
tiles^ faisant  suite  au  Biijfon  ,  édition  de  Dclervillc.  Elle  se 
trouve  dans  les  eaux  stagnantes  de  la  Caroline ,  où  je  la  voyois 
souvent  en  grand  nombre  ,  se  délectant  au  soleil  sur  les  ar- 
bres renversés  ou  sur  les  mottes  de  terre  qui  en  couvroient 
les  bords.  Elle  est  d'un  naturel  craintif  et  moins  méchant 
que  les  autres.  Comme  elle  a  le  test  un  peu  épais,  elle  court 
et  nage  avec  vivacité;  aussi  n'ai-je  jamais  pu  en  prendre  par 
surprise  sur  terre  ;  il  fallolt  les  aller  chercher  au  fond  de 


T  O  R  265 

l'eau.  Sa  taille  est  de  huit  à  neuf  pouces  de  long ,  sur  cinq  de 
large  et  deux  et  demi  de  haut.  Sa  tête  est  grise  ,  large  ,  ob- 
tuse, avec  des  taches  noires  sur  les  côtés  et  en  dessous.  Ses 
patles  sont  grises  ,  palmées  ,  et  les  postérieures  n'ont  que 
quatre  angles.  Sa  queue  est  courte  et  fortement  carénée.  /^. 
pi.  R  8. 

Cette  espèce  paroît  avoir  les  plus  grands  rapports  avec  la 
tortue  terrapin  ,  figurée  dans  Schœpff ,  pi.  i.5  ,  et  n'en  est  re- 
gardée que  comme  une  variété  par  Daudin  ;  cependant  il  pa- 
roît que  sa  carapace  est  moins  bombée  et  sa  couleur  fort 
différente.  On  la  mange  en  Caroline  ;  mais  comme  elle 
fournil  peu  de  chair,  elle  est  moins  recherchée  que  plusieurs 
autres. 

La  Tortue  ponctuée  a  la  carapace  ovale  ,  médiocrement 
convexe  ,  unie,  noire  et  ponctuée  de  jaune.  Elle  se  trouve 
dans  les  marais  de  l'Amérique  méridionale.  La  grandeur  de 
sa  carapace  est  d'environ  cinq  pouces  de  long  sur  trois  pouce» 
de  large  et  un  pouce  et  demi  de  haut.  Sa  tête  est  triangulaire  ; 
lisse,  noire,  avec  une  rangée  transversale  de  points  jaunes, 
sa  mâchoire  inférieure  tachée  de  jaune,  et  sa  mâchoire  su- 
périeure échancrée  à  son  extrémité.  Son  corps  est  granulé, 
noir  ,  avec  deux  taches  jaunes  à  sa  partie  antérieure.  Ses  pat- 
tes sont  noires  en  dessus  ,  jaunes  en  dessous  ,  non  palmées  , 
avec  cinq  ongles  aux  antérieures  et  quatre  aux  postérieures. 
La  queue  est  noire  en  dessus  et  jaune  en  dessous. 

La  Tortue  PEINTE  a  la  carapace  brunâtre,  oblongue,  con- 
vexe, très-unie,  et  couverte  de  plaques  presque  toutes  qua- 
drangulaires  et  bordées  de  jaune.  On  la  trouve  dans  l'Amé- 
mérique  septentrionale.  Elle  a  environ  six  pouces  de  lon- 
gueur totale;  son  plastron  est  aussi  long  que  sa  carapace. 
Elle  se  rapproche  si  fort,  pour  la  forme  et  pour  les  mœurs  , 
de  la  précédente ,  qu'on  seroit  tenté  de  n'eu  faire  qu'une 
variété. 

La  Tortue  a  boîte  ,  Tesùido  dausa ,  est  brunâtre  ,  a  les 
plaques  striées  parallèlement  à  leurs  côtés  ,  jaunâtres  dans 
leur  milieu  ,  les  dorsales  carénées,  et  le  milieu  du  plastron 
enfoncé.  On  la  trouve  dans  l'Amérique  septentrionale ,  d'où 
j'en  ai  rapporté  plusieurs  individus.  Elle  ne  peut  pas  être  dis- 
tinguée ,  selon  Daudin  et  selon  moi  ,  de  la  tortue  a  courte  queua 
de  Lacépède ,.  de  la  vîrginienne  de  Grew  ,  et  de  la  caroUnienne 
de  Linnaeus. 

Le  plus  gros  individu  de  cette  espèce  ,  que  je  possède,  a 
cinq  pouces  et  demi  de  long  ,  quatre  pouces  de  large  et  deux 
de  hauteur.  Il  est  très-bombé  ,  et  cependant  aplati  en  dessus, 
3es  plaques  latérales  postérieures  sont  relevées  en  gouttière. 


2G6  T  0  R 

Sa  tête  est  noire  ,  avec  une  bande  jaune  sur  ses  bords  supé- 
rieurs ,  et  plusieurs  »arhes  de  même  couleur  sur  sa  partie  pos- 
térieure et  ses  côtés;  ses  mâchoires  sont  jaunes  ,  variées  de 
noir;  ses  patles  sont  très-écailleuses  et  noirâtres;  les  anté- 
rieures sont  tachées  de  jaune  et  pourvues  de  cinq  ongles,  les 
postérieures  sont  d'une  seule  couleur  et  n'ont  que  trois  on- 
gles. Le  plastron  est  composé  de  douze  plaques  ,  dont  les  six 
antérieures  sont  mobiles  sur  une  charnière  ,  de  manière  que 
lorsque  le  corps  de  la  tortue  est  conlraclé  ,  celte  portion  s'ap- 
plique sur  les  bords  de  la  carapace  et  ferme  sa  cavité  positi- 
vement comme  une  boîte. 

Cette  espèce,  quoique  aquatique,  est  plus  souvent  sur 
terre  que  dans  l'eau  ;  et  la  nature  a  augmenté  ses  moyens  de 
sécurité  en  lui  donnant  la  faculté  de  cacher  entièrement  sa 
tête  et  ses  pattes  antérieures  à  la  vue  de  ses  ennemis.  Elle  vit 
de  poissons ,  de  reptiles  ,  d'insectes  ,  etc.  ;  on  dit  qu'elle  tue 
même  des  serpens  de  quatre  à  cinq  pieds  de  long  et  les  dé- 
vore. Son  accouplement'dure  quatorze  jours.  Un  individu  a  été 
conservé  dans  un  jardin  pendant  quarante-sîx  ans.  On  ne  la 
mange  point ,  mais  on  recherche  beaucoup  ses  œufs  qui  sont 
gros  comme  ceux  des  pigeons.  Chaque  fois  que  j'en  saisissois 
une  ,  elle  fermoit  son  plastron  ;  et  ce  n'étoil  qu'après  un  long 
temps  qu'elle  hasardoit  de  nouveau  de  sortir  sa  tête  et  de 
chercher  à  fuir. 

La  Tortue  d'Amboine  a  la  carapace  convexe  ,  unie  , 
brune  ,  à  bord  jaune ,  avec  la  tête  tachée  de  jaune  et  les  pieds 
palmés.  Elle  habite  l'île  d'Amboine  ,  où  Riche  l'a  trouvée. 
Son  plastron  est  mobile  en  avant  et  en  arrière. 

Ce  naturaliste  a  observé  que  le  battant  antérieur  adhère 
au  corps  par  la  peau  et  par  la  tête  inférieure  des  clavicules  ; 
que  le  battant  postérieur  y  adhère  par  la  peau  et  par  deux 
muscles  cylindriques;  que  deux  muscles  ventraux,  aplatis, 
longs,  partent  du  bord  du  bassin  pour  se  rendre  au  bord 
postérieur  de  l'omoplaie.  Il  résulte  de  là  que  les  battans  ont 
des  muscles  pour  se  fermer  et  n'en  ont  point  pour  s'ouvrir. 
Riche  en  conclut  qu  >  la  tortue  sort  de  sa  carapace  en  dilatant 
ses  poumons,  et  ce  <^^ec  d'autant  plus  de  certitude,  qu'il  a 
constamment  remarqué  qu'elle  expiroit  beaucoup  d'air  lors- 
qu'elle se  contractoit. 

La  Tortue  a  petites  raies  ou  a  gouttelettes,  7^5- 
liido  vîrguUita ,  est  d'un  brun  noir ,  avec  de  nombreuses 
taches  jaunes  longitudinales  et  transversales,  dont  beaucoup 
ressemblent  à  des  virgules  ou  à  des  gouttes  d'eau.  V,  pi.  R.  8. 
Elle  habite  les  marais  de  l'Amérique  septentrionale,  où  je 
l'ai  observée  ,  décrite  et  dessinée  sur  le  vivant.  Sa  longueur 


T  O  R  267 

€st  de  cinq  pouces ,  sa  largeur  de  quatre ,  et  sa  hauteur  de 
deux  et  demi ,  de  sorte  qu'elle  est  très  bombée  ,  ce  qui  a  dé- 
terminé Lacépède  à  l'appeler  la  bombée.  Sa  tète  est  allongée, 
aplatie  en  dessous,  brune,  marquée  de  jaune,  avec  une 
grande  tache  à  la  joue  et  à  la  mâchoire  inférieure  ,  de  la  même 
couleur.  Cette  dernière  a  de  plus  trois  raies  noires.  Ses 
pattes  sont  brunes  et  n'ont  point  de  membrane.  Celles  de 
devant  ont  cinq  ongles,  et  celles  de  derrière  quatre.  Son 
plastron  est  tout  jaune  ,  composé  de  douze  plaques,  dont  les 
six  premières  sont  séparées  des  autres  ,  comme  dans  la  pré- 
cédente ,  par  un  ligament  membraneux,  qui  leur  permet  un 
mouvement  de  fermeture;  mais,  de  plus,  les  six  dernières 
ne  sont  attachées  à  la  carapace  que  par  un  ligament  de 
même  nature  qui  favorise  également  son  rapprochement 
de  cette  carapace,  de  sorte  que  cette  espèce  se  ferme  com- 
plètement lorsqu'elle  craint  quelque  danger.  Elle  présente 
plusieurs  variétés. 

La  Tortue  rougeatre  ,  Testudo  pensybanica  ,  a  la  cara- 
pace unie,  d'un  brun  rougeâtre,  aplatie  en  dessus,  à  plaques 
légèrement  imbriquées  ,  et  la  queue  terminée  par  un  ongle. 
Elle-  se  trouve  très-communément  dans  toute  l'Amérique 
septentrionale.  Sa  forme  représente  un  ovale  allongé,  ayant 
quatre  pouces  de  long,  trois  pouces  de  large,  et  un  pouce  et 
demi  de  haut.  Son  plastron  est  échancré  postérieurement,  et 
se  ferme  en  avant  et  en  arrière  comme  celui  de  la  précédente. 
Sa  tête  est  brunâtre  en  dessus, avec  des  taches  jaunes,irrégu- 
lières,peu  nombreuses.  Celte  dernière  couleur  domine  sur  les 
joues,  sur  le  bec  et  sur  le  menton,  qui  est  pointillé  de  brun  et 
a  quatre  barbillons  jaunes.  Le  col  est  brun  et  garni  de  papilles; 
les  pieds  sont  bruns,  très-écailleux ,  palmés ,  avec  cinq  ongles 
aux  antérieurs  et  quatre  aux  postérieurs.  La  queue  est  épaisse, 
de  la  couleur  etde  la  longueur  des  pattes,chargée  de  plusieurs 
rangs  de  papilles  en  forme  d'épines,  et  terminée  par  un  ongle 
recourbé  et  un  peu  obtus. 

Je  n'ai  pas  remarqué  que  cette  espèce  ,  dont  j'ai  pris  ua 
grand  nombre  d'individus  dans  les  marais  de  la  Caroline  , 
sentît  le  musc  comme  on  l'a  annoncé.  Il  est  probable  que , 
relativement  à  cette  qualité,  on  l'a  confondue  avec  la  sui- 
vante. Elle  est  trop  petite  pour  avoir  beaucoup  de  chair; 
aussi  les  nègres  mêmes  dédaignent-ils  de  la  manger. 

La  Tortue  odorante  a  la  carapace  unie ,  d'un  brun  noir, 
aplatie  en  dessus  ,  légèrement  carénée  en  arrière  ,  vingt-trois 
écailles  marginales,  et  la  queue  terminée  par  un  ongle.  Elle 
se  trouve  dans  les  marais  de  la  Caroline,  où  je  l'ai  observée, 
décrite  et  dessinée.  Elle  se  rapproche  infiniment  de  k  pré- 


268  T  O  R 

cédenle,  avec  laquelle  elle  est  généralement  confondue  dans 
le  pays;  mais  elle  s'en  dislingue  très-aisément,  lorsqu'on 
compare  chacune  de  leurs  parlies  correspondantes.  Elle  est 
plus  ronde ,  plus  bombée  ,  d'une  couleur  plus  foncée,  et  ses 
plaques  ont  une  forme  fort  différente.  Sa  longueur  est  de  trois 

Ï>ouces,  sa  largeur  de  deux  et  demi,  et  sa  hauteur  de  quatorze 
ignés.  Sa  tôle  est  aplatie  et  a  deux  lignes  jaunes  ,  un  peu 
flexueuses  de  chaque  côté  ;  le  menlon  a  quelques  barbillons 
courts  et  jaunes;  les  pattes  sont  brunes,  avec  quelques  nuan- 
ces plus  pâles  ;  elles  sont  de  plus  palmées,  et  ont  cinq  ongles 
aux  antérieures  et  seulement  quatre  aux  postérieures.  La  queue 
est  courte,  chargée  de  tubercules  charnus,  blanchâtres,  en 
forme  d'épine ,  et  terminée  par  un  ongle.  Le  plastron  est 
fort  différent,  quant  à  sa  forme,  de  celui  de  la  précédente  , 
quoiqu'il  soit  aussi  échancré  en  arrière  ;  mais  il  se  ferme 
de  même  antérieurement  et  postérieurement. 

Cette  espèce  est  plus  rare  que  \di  tortue  rougeâtre  ^  et  répand, 
lorsqu'elle  est  en  vie,  une  légère  odeur  de  musc  qui  n'est  pas 
désagréable.  V.  pi,  R.  6. 

'6.^  Les  Tortues  terrestres. 

Les  tortues  de  cette  division  ont  les  doigts  des  pieds  nort 
distincts  ou  réunis  en  un  moignon  écailleux  d'où  partent  les 
ongles. 

La  Tortue  GRECQUE  ou  Tortue  ronde  est  hémisphérique; 
SCS  plaques  supérieures  sont  convexes  ,  bossues  ,  et  ses  mar- 
ginales au  nombre  de  vingl-cinq  ;  la  couleur  de  toutes  est 
un  jaune  mêlé  de  noir,  V.  pi.  R.  6  ,  où  elle  est  figurée.  On  la 
'trouve  dans  les  parlies  méridionales  de  l'Europe  ,  principa- 
lement dans  la  partie  de  la  Turquie  qui  formoit  autrefois  la 
Grèce.  On  l'appelle  aussi  l'ortuc  terrestre  commune  ,  parce 
que  c'est  la  moins  rare  de  cette  division.  C'est  elle  qui  fut 
connue  des  anciens  ,  et  qu'ils  plaçoient  aux  pieds  de  Vénus 
comme  symbole  de  la  douceur. 

La  carapace  de  celte  espèce  est  au  plus  de  cinq  pouces  de 
long,  de  quatre  pouces  de  large  et  de  trois  de  haul.  Elle  est 
ovale,  couverte  de  treize  plaques  dans  son  disque,  et  de 
vingt-cinq  en  ses  bords,  toutes  entourées  de  stries  nom- 
breuses et  concentriques  ,  creusées  et  pointillécs  à  leur  som- 
met. Son  plastron,  divisé  par  un  sillon  longitudinal,  est  jaune, 
avec  une  tache  noire  sur  chacune  des  douze  plaques  dont  il 
est  composé.  Sa  têle  est  un  peu  convexe  en  dessus  ,  recou- 
verte par  quelques  écailles  ;  ses  mâchoires  déniées  ;  ses  pieds 
sont  courts,  couverts  de  petites  écailles  , et  pourvus,  à  leur 
extrémité,  de  quatre  à  cinq  ongles  sans  doigls  ;  sa  queue  est 


T  O  R  269 

conique,  et  terjnînée  par  une  corne  recourbée  en  dessous  et 
jaunâtre. 

On  nourrit  fréquemment  la  tortue  grecque  dans  les  jardins, 
en  Italie  et  en  Sardaigne  ,  pour  détruire  les  hélices  ci  les  in- 
sectes qui  en  dévorent  les  productions.  Elle  vit  plus  de 
soixante  ans.  Sa  chair  est  fort  bonne  à  manger  ,  et  ou  en  fait 
une  grande  consommation  en  Grèce  pendant  le  carême  , 
parce  qu'elle  est  regardée  comme  maigre.  On  en  apporte 
beaucoup  de  Barbarie ,  où  elle  est  aussi  très-commune  ,  à 
Marseille  ,  d'où  on  les  envoie  pour  l'usage  des  pharmacies, 
ses  bouillons  passant  pour  meilleurs, dans  les  affections  de  la 
poitrine  ,  que  ceux  de  la  tortue  bourbeuse  qu'on  y  emploie 
ordinairement,  l^lle  passe  l'hiver  dans  la  terre  sans  manger  ; 
mais  dès  que  le  soleil  du  printemps  se  fait  sentir,  elle  sort 
de  sa  retraite  et  répare  ses  forces  par  une  abondante  nour- 
riture animale  et  végétale  ,  ensuite  elle  s'accouple  et  pond 
cinq  ou  six  œufs  ,  gros  comme  ceux  d'un  pigeon,  qu'elle  dé- 
pose dans  le  sable  ,  où  ils  éclosent  à  la  fin  de  l'été. 

Cette  espèce  fournit  huit  ou  dix  variétés  remarquables  ,' 
parmi  lesquelles  il  faut  mentionner  la  tortue  zolhafaeko.  Fors- 
kaël,  fort  commune  en  Egypte  et  en  Syrie. 

La  Tortue  géométrique  a  toutes  les  plaques  ovales  , 
très-élevées,  aplaties  à  leur  sommet,  et  chacune  ornée  de 
lignes  jaunes  disposées  en  rayons  ,  qui  se  lient  avec  celles  de 
ses  voisines.  On  la  trouve  en  Asie  et  en  Afrique  ;  elle  est  com- 
mune au  Cap  de  Bonne-Espérance.  Sa  forme  élégante  frappe 
tous  les  yeux  ;  aussi  la  voit-on  dans  presque  tous  les  cabinets 
d'histoire  naturelle.  Elle  parvient  à  près  d'un  pied  de  long. 
Son  animal  est  fort  imparfaitement  connu. 

La  Tortue  élégante  est  hémisphérique  ,  a  les  écussons 
sillonnés  ,  convexes  ,  à  lignes  jaunes  ,  à  sommet  aplati  et 
ponctué.  Elle  a  beaucoup  de  rapports  avec  la  tortue  géométri- 
que^ mais  est  beaucoup  plus  petite  ,  sa  longueur  n'atteignant 
pas  trois  pouces.  Saleté  est  obtuse;  ses  pieds  sont  recou- 
verts d'écaillés  moyennes,  et  terminés  par  cinq  et  quatre 
ongles  ;  la  queue  est  conique  ;  le  tout  jaunâtre. 

La  Tortue  indienne  a  la  caparace  convexe  et  les  plaques 
marginales  antérieures  relevées  en  dessus.  Elle  se  trouve  à 
la  côte  de  Coromandel,  d'où  elle  a  été  apportée  vivante  à 
Paris.  C'est  elle  que  Perrault  a  disséquée.  Elle  parvient  à 
trois  pieds  de  long  ,  deux  de  large ,  et  quatorze  pouces  de 
haut.  Sa  couleur  est  brune  ,  ses  mâchoires  sont  dentelées; 
ses  pattes  sont  armées  de  cinq  et  quatre  ongles  ;  sa  queue 
est  terminée  par  une  pièce  cornée. 

M.  David  Foxster,dans  le  journal  de  sonYoyage  des  Etats- 
Unis  aux  îles  de  Rooabooga,  de  Madisson,  et  autres  de  la 


270  T  O  R 

mer  du  Sud ,  fait  mention  d'une  tortue  de  terre  ,  qui  est  un 
excellent  manger ,  et  dont  il  est  des  individus  qui  pèsent  jus- 
qu'à trois  cents  livres.  11  est  fâcheux  qu'il  n'ait  donné  ni  la  des- 
cription ni  la  figure  de  cette  gigantesque  espèce,  qui  semble  ne 
pouvoir  se  conserver  dans  un  pays  habité,  (b.) 

TORTUE.  Agaric  dont  le  chapeau  est  gris-roux,  et  la 
forme  et  les  sillons  d'un  test  de  tortue,  dont  les  lames  sont 
blanches  et  décurrentes  sur  le  pédicule  qui  est  brun  et  aplati. 
11  est  bon  à  manger.  Paulet  l'a  figuré  pi.  44  de  son  Traité 
des  Champignons,  (b.) 

TORTUE.  Poisson  du  genre  anihias,  qui  fait  actuellement 
partie  des  LuTJA^s.  (b.) 

TORTUE.  Nom  d'une  coquille  univalve  du  genre  Porce- 
laine (  Cyprœa  testudinaria).  (desm.) 

TORTUE  (PAPILLON).  Espèce  de  lépidoptère  diurne 
du  genre  Vatsesse.  F.  ce  mot.  (l) 

TORTUE  VERTE  de  Geoffroy.  C'est  un  petit  coléop- 
tère  des  environs  de  Paris,  qui  appartient  au  genre  Casside. 
V.  ce  mot.  (desm.) 

TORTUE  VERTE.  V.  Tortue  franche,  (desm.) 

TORTUES  FOSSILES.  Il  résulte  des  recherches  de 
M.  Cuvier ,  sur  les  débris  fossiles  de  tortues,  que  les  couches 
de  la  terre  en  renferment  au  moins  sept  espèces  ,  dont  trois 
chélonéeSf  une  vraie  tordue  terrestre ,  une  trionyx  et  deux  émydeSf 
et  que  ces  reptiles  ont  été  déposés  dans  des  terrains  de  na- 
ture très-différente  ,  comme  les  schistes  de  transition ,  la 
craie  ,  le  gypse  calcaire  ou  à  ossemens  ,  etc. 

Genre  chélonée. 

Ce  genre  comprend  ,  ainsi  qu'on  le  sait ,  les  tortues  à  ma- 
jchoires  tranchantes  ,  dont  les  pattes,  à  doigts  immobiles, 
sont  aplaties  en  forme  de  nageoires,  et  dont  le  plastron  est 
représenté  par  des  pièces  diversement  configurées  et  dente- 
lées, suspendues  dans  l'intérieur  de  la  peau. 

Première  Espèce. —  La  Chélonée  de  Scheuchzer,  Knorr, 
Monum.  du  déluge ,  lom.  i  ,  pi.  34  ;  Andrew,  Lettres  sur  la 
Suisse ,  pi.  i6.  Cette  tortue  est  évidemment  une  chélonée  , 
ainsi  que  le  prouve  l'allongement  inégal  de  ses  doigts  qui 
vont  en  croissant  du  pouce  au  médius,  et  ensuite  en  décrois- 
sant. Sa  taille  est  assez  petite  ,  puisqu'elle  n'excède,  pas  six 
pouces  pour  la  longueur  totale.  On  l'a  trouvée  dans  les  schis- 
tes de  transition  du  Plattenberg  près  Claris  en  Suisse  ~  apla- 
tie et  déformée  comme  les  nombreux  poissons  qu'on  ren- 
contre dans  les  mêmes  couches. 

Seconde  Espèce.  —  Chéi.onée  DE  Faujas  ,  Faujas  ,  Hist.  de 
la   montagne    de  Saint- Pierre ^    page    88;  —  Ejusd. ,    Essai 


T  O  R  271 

Se  Géologie  ^  tom.  1  ,  pag.  182,  Celle-ci ,  dont  on  trouve  les 
débris  dans  la  craie  grossière  et  d'apparence  sablonneuse  qui 
compose  la  montagne  de  Saint-Pierre  de  Maastricht ,  étoit 
au  moins  de  la  dimension  de  la  chélonée  Caret  ^qï  sa  carapace 
avoit  la  même  forme  que  cette  dernière.  Son  plastron  étoit 
dentelé  aussi,  comme  celui  du  caret  ;  ce  qui  l'a  fait  considé- 
rer par  M.  Faujas,  comme  étant  un  bois  d'élan.  Le  même 
naturaliste  a  fait  une  autre  méprise  que  M.  Cuvier  a  égale- 
ment relevée,  en  regardant  comme  des  espèces  d'avant-bras, 
deux  portions  antérieures  du  tour  de  la  carapace,  qui  man- 
que souvent  en  entier  dans  les  tortues  fossiles. 

Troisième  Espèce. —  La  Chélonée  de  Burtin,  Burtin, 
Oryctographie  de  Bruxelles ,  pag.  94  ,  pi.  5.  Dans  cette  espèce, 
les  pièces  vertébrales  et  costales ,  ainsi  que  celles  du  contour 
de  la  carapace,  ont  tous  les  caractères  des  tortues  de  mer  ou 
chélonées;  mais  elle  diffère  de  toutes  les  tortues  de  ce  genre, 
connues  jusqu'à  ce  jour,  et  notamment  de  la  tortue  franche, 
parce  que  les  intervalles  de  ses  côtes  sont  complètement  os- 
sifiés, et  qu'il  ne  reste  aucun  vide  entre  eux  et  les  pièces  du 
bord  ,  lesquelles  sont  aussi  beaucoup  plus  larges  à  propor- 
tion ,  que  celles  de  la  chélonée  franche. 

Plusieurs  individus  ont  été  trouvés  à  Meisbroeck  près  de 
Bruxelles,  dans  des  carrières  de  calcaire  marin  grossier. 
Genre  ToRTUE. 
Les  tortues  terrestres  ont  pour  caractères  les  plus  appa- 
rens  :  la  glbbosité  de  leur  carapace  ;  la  forme  non  flenteléfe 
de  leur  plastron  ;  leurs  doigts  immobiles  ,  presque  d'égale 
longueur,  et  réunis  en  moignons,  etc.  On  n'en  connoît 
qu'une  seule  espèce  à  l'élal  fossile  ;  c'est  : 

La  Tortue  DE  Lamanon,  dont  le  test  est  haut  de  six  pou- 
ces ,  sur  une  largeur  de  six ,  ce  qui  donne  une  convexité  aussi 
grande  qu'il  y  en  ait  dans  aucune  tortue  fossile.  Plusieurs  in- 
dividus de  cette  espèce  ont  été  découverts  dans  un  rocher 
calcaréo-gypseux  des  environs  d'Aix  en  Provence  ,  lequel 
conienoit  aussi  des  ossemens  variés  ,  et  des  dents  ,  en  tout 
analogues  à  ceux  qu'on  rencontre  dans  la  pierre  à  plâtre  des 
environs  de  Paris.  Leur  état  de  conservation  étoit  fort  im- 
parfait, et  à  proprement  parler,  Lamanon  n'a  fait  connaître 
que  des  moules  intérieurs  de  la  carapace  :  il  les  a  décrits  et 
figurés  dans  \q  Journal  de  Physique .,  1780,  p.  8b8 ,  pi.  3.  On 
les  avoit  pris  d'abord  pour  des  têtes  humaines  ,  et  Cirueltard 
avoit  cru  y  reconnoitre  des  nautiles. 

Genre  TRIONYX. 
C'est  à  ce  genre  que  se  rapportent  les  restes  les  mieux 


272  T  0  R 

caraclérisés  de  tortues  de  nos  carrières  des  environs  de 
Paris. 

La  Triotsyx  de  Cuvier  ,  dont  on  n'a  rassemble'  que  des 
débris ,  offre  en  effet  les  principaux  caractères  ostéologiques 
que  M  Geoffroy  a  fait  remarquer  dans  les  trionyx  vivantes  , 
c'est-à-dire  ceux  qui  résultent  de  la  non-ossification  des  in- 
tervalles des  côtes,  de  l'absence  d'un  rebord  osseux  de  la  ca- 
rapace comparable  à  celui  des  chelonées ,  de  la  multitude  de 
petites  fossettes  ou  cavités  qui  criblent  la  surface  extérieure 
des  pièces  osseuses  du  test,  et  qui  servent  à  rendre  plus  adhé- 
rente la  peau  molle  dont  la  carapace  est  recouverte. 

Les  trionyx  vivantes  étant  toutes  d'eau  douce  ,  il  y  a  lieu 
de  croire  que  celle  des  carrières  de  Montmartre  habitoit 
aussi  dans  des  eaux  non  salées  ,  et  cette  présomption  se 
trouve  corroborée  par  les  différens  fossiles  au  milieu  des- 
quels on  l'a  trouvée. 

Genre   Émyde. 

Nos  carrières  de  pierre  à  plâtre  des  environs  de  Paris 
ont  encore  offert  des  débris  assez  abondans  qu'on  peut  rap- 
porter ,  selon  M.  Cuvier ,  au  genre  des  émydes ,  genre  qui 
a  pour  caractères:  d'avoir  les  doigts  mobiles  ,  réunis  par  une 
membrane  ,  et  d'avoir  le  sternum  du  plastron  joint  à  la  ca- 
rapace ,  ce  qui  n'existe  pas  dans  les  chélonèes  et  dans  les 
trionyx.  Ces  débris  ne  sauroient  appartenir  au  genre  des  che- 
fydcs  .,  (\n\  ont  sur  le  test  de  grosses  saillies  pyramidales, 
ni  à  celui  des  tortues  terrestres  ,  qui  ont  leur  carapace  plus 
bombée  ,  et  les  côtes  inégales  dans  leur  épaisseur. 

Les  fragmens  de  côtes  qui  ont  été  rassemblés,  prouvent 
«u'il  existe  dans  nos  carrières  deux  espèces  distinctes  ,  diffé- 
Tentes  entre  elles  par  la  taille,  (desm.) 

TORTULE,  Tortula.  Plante  à  tiges  droites,  tétragones , 
rameuses,  à  feuilles  opposées,  pétiolées,  ovales,  presque  en- 
tières ,  dentées  et  rudes  au  toucher  ;  à  (leurs  portées  sur  des 
épis  filiformes  très-longs  et  accompagnés  de  bractées ,  qui 
forme  un  genre  dans  la  didynamie  gymnospermie  et  dans  la 
famille  des  scrophulaires. 

Ce  genre  a  pour  caractères  :  un  calice  hérissé  de  poils ,  di- 
visé en  cinq  parties  ;  une  corolle  tubuleuse  ,  bilabiée  et  en 
spirale  ;  quatre  élamines  ,  dont  deux  plus  courtes  ;  un  ovaire 
supérieur,  surmonté  d'un  style  à  stigmate  en  tête  ;  deux  noix 
bilocalaires  ,  extérieurement  rugueuses. 

La  TorUile  se  trouve  dans  les  Indes.  Elle  est  vivace  ,  et  les 
pédoncules  de  ses  (leurs  se  recourbent  après  que  la  fructifica- 
tion est  achcvcc.  Roxburg l'avoit  appelée  Strepiiict^  ,  Jus- 


TOT  sjf* 

BÎeu  pense  qu'elle  doit  être  réunie  au  genre  Priva  d'Adanson. 
qui  porte  cinq  autres  ncms.  (B.) 

TORÏULE  ,  Tortilla.  Genre  de  plantes  établi  dans  la  fa- 
mille des  mousses  aux  dépens  des  IJrys.  Il  renfermoil  ,  dans 
la  monographie  qu'a  publiée  Schweiger,  en  1812  ,  soixanle- 
dix-huil  espèces;  l'nais  la  plupart  ont  été  réunies  aux  Barbules 
et  aux  Syntrichies  de  Bride)  ;  de  sorte  que  Schvvœgrichen , 
daus  le  Species  ntuscorum  de  Hedwig,  l'a  réduit  à  trois  espèces: 

la  TORTULE  SUBULÉE  ,  la  TORTULE  MURALE  et  la  ToRTULE 

MUCRONÉE.  Ses  caractères  sont  :  périslome  membraneux  , 
cylindrique  ,  pourvu  ,à  son  extrémité,  de  lanières  papillaires 
et  contournées,  (fi.) 

TORULE,  Torula.  Genre  de  plantes  de  la  classe  des  anan- 
dres  ,  2. «ordre  ou  section ,  les  Moisissures,  proposé  par  M. 
Link.  Il  se  distingue  par  un  ihallus  composé  d'amas  en  flocons 
rameux  ,  roides  ,  moniliformes  ;  par  des  articles  globuleux, 
tous  petits.  M.  Link  pense  que  le  monilîa  herbarum ,  de  Per- 
soon,   doit  en  faire  partie. 

Le  genre  A^jtenîsarie  de  Nées  n'en  diffère  pas.  (p.  b.). 

TORYMÈNE,  Torymenes.  Genre  de  plantes  établi  par 
Salisbury  pour  placer  rx\MOME  graine  de  paradis,  (b.) 

TOSAGRIS,  To^û'^^m.  Genre  de  plantes  établi  par  Palisot- 
de-Beauvois,  Il  se  rapproche  beaucoup  du  Muhlenbergie  , 
ainsi  que  du  Trichochloa,  et  se  confond  avec  le  Podoseme 
de  Desvaux  ,  dont  il  diffère  cependant  par  sa  baie  supérieure 
qui  est  entière,  (b.) 

TOSAR.  Coquille  du  genre  des  Tellines  {teUina  senega- 
lensis ,  Gmelin).  (b.) 

TOT.  Nom  de  pays  d'une  espèce  d'AioÈs.  (b.) 
TOTA  BONA.  Nom  donné  par  quelques  botanistes  au 
chenopodium  bonus  henricus  ^  L. ,  plante  qu'il  ne  faut  pas  con-j 
fondre  avec  la  sauge  sclarée  ,  communément  appelée  Tou- 
te-bonne, (ln.) 

TOTAC.  Nom  d'un  Ibis  du  Paraguay.  V.  ce  mot.  (v.) 

TOTANO.  Nom  vénitien  d'une  Barge  ou  d'un  Cheva- 
lier ,  dont  on  a  tiré  la  dénomination  latine  et  générique 
des  Chevaliers,  (v.) 

TOTANUS.  C'est,  dans  Brisson  ,  le  nom  générique  des 
Chevaliers,  (v.) 

TOTAPIRI.  Nom  malabare  du  Tnchosanthes  nerçifoUa  , 
L.  ,  figuré  dans  Rhéede  {Malab.  8  ,  t,  17  ).  (ln,) 

TOTIPALMES.  Nom  imposé,  par  M.  Cuvier,à  une  îdi-. 

XXXIV.  i)^ 


37/.  T  0  U 

mille  d'oiseant  de  Tordre  des  palmipèdes  ,  laquelle.corres- 
pond  à  celle  que  j'appelle  SyndacïYLE.  Voyez  ce    mot.   (v.) 

TOTOCKE.  C  est  le  Cocotier  DU  Chili,  de  Molina. 
V.  re  iTiol.  (B,) 

TOrOMBO.  Coquille  du  genre  Buccin  (SucaHï/m/jz//- 
/ws ,  Linn.).  C'est  un  Casque  de  Lauiarck.  (b,) 

TOTOMBO.  On  donne  ce  nom ,  dans  l'Jnde,  auxpoisson» 
épineux  des  genres  Diodon  et  Tétrodon.  (r.) 

TOÏTÉE  ,  Tottea.  Arbrisseau  de  l'Inde,  à  tige  flexueuse 
et  noueuse  ;  à  feuilles  alternes  ,  ovales,  en  cœur  ,  aiguës  ;  à 
fleursen  grappes  solilaires  ou  géminées, opposées  aux  feuilles, 
lequel  conslilue  selon  Rolthoell  ,  un  genre  dans  la  polyan- 
drie monogynie  ,  dont  les  caractères  ne  sont  pas  suffi- 
samment développés.  H  est  figuré  pi.  2  des  Nouveaux  Mé- 
moires de  l'Académie  de  Copenhague,  (b.) 

TOTTI.  Nom  du  Gros-bec  social,  au  Cap  de  Bonne- 
Espérance.  V.  ce  mot.  (v.) 

T(JTTOVILLA.  Olina  parle  du  cujelier  ^  sous'ce  nom 
italien.  V.  Alouette  lulu.  (s.) 

TOTOWÉ.  Nom  que  le  Chevalier  a  ailes  blanches 
porte   dans  1  île  d'Olaïli.  (v.) 

TOUAN.  Petit  quadrupède  d'Amérique  ,  désigné  par  le 
nom  de  petite  Loutre  de  la  Guiane  ,  mais  qui  appartient 
à  la  famille  des  marsupiaux  et  au  genre  Chironecte  .(desm.) 

TOUAZÏ.  V.  Martin-pêcheur-touazi.  (v.) 

TOUBA.  Nom  javanais  de  la  Glycine  frutescente, 
dont  la  racine  sert  à  enivrer  le  poisson,  (b.) 

TOUBANO,  Le  Pélican,  en  grec  moderne,  (s.) 

TOUCAN.  Quadrupède.  V.  Tue  an.  (s.) 

TOUCAN  ,  Ramphastos  ,  Linn. ,  Lath.  Genre  de  l'ordre 
des  Oiseaux  sylvains  ,  de  la  tribu  des  Zygodactyles  et  de 
la  famille  des  Pteroglosses.  V.  ces  mots.  Caractères  :  bec 
plus  ou  moins  épais  que  la  léte  à  sa  base ,  long ,  gros  ,  con- 
vexe en  dessus  ,  cellulaire,  crénelé  sur  les  bords  ;  mandibules 
courbées  en  en-bas  ,  vers  le  bout  ;  narines  orbiculaîres  ,  si- 
tuées près  du  front  ;  langue  médiocre ,  étroite  ,  cartilagineuse 
et  en  forme  de  plume;  ailes  courtes,  un  peu  concaves,  à 
penne  bâtarde  courte  ;  les  troisième  et  quatrième  rémiges  les 
plus  longues  de  toutes  ;  dix  rectrices  ;  quatre  doigts  ,  deux 
devant  ,  deux  derrière ,  les  antérieurs  réunis  jusqu'au-delà 
du  milieu. 

Buffon  a  divisé  ce  genre  en  deux  sections.  La  première 
contient  les  /oj/f^/j^  proprement  dits  ,  lesquels  ont  le  bec  très- 
erand,  d'une  substance  mince  et  légère  ;  les  pennes  de  la 
queue  à  peu  près  égales  entre  elles.  La  deuxième  se  compose 


T  O  U  375 

des  espèces  qu'on  appelle  aracarîs;  elles  diffèrent  des  précé- 
dens,  en  ce  qu'elles  ont  le  bec  moins  long  et  moins  ^ros, 
plus  dur  et  plus  solide  ;  la  queue  plus  longue  à  proporiion, 
et  sensiblement  élagée  ;  elles  sont  aussi  d'une  taille  inférieure. 
Cette  section  est  le  genre  pteroglossiis  d'Iliiger.  Ces  divisions 
sont  dues  aux  Brasiliens  ,  qui  ont  donné  à  ces  oiseaux  les 
noms  que  nous  venons  d'indiquer.  Les  naturels  de  la  Guiane 
les  ont  aussi  divisés,  en  appelant  les  toucans  kararonima ,  et 
les  acaris ,  grigri. 

Ce  qui  frappe  plus  particulièrement  dans  ces  oiseaux,  c'est 
la  grosseur  et  la  longueur  de  leur  bec  ;  il  est  dans  toute  son 
étendue  plus  large  que  la  tête  ;  dans  quelques  espèces,  il  est 
aussi  long  que  le  corps  en  entier.  Aussi  des  voyageurs  les 
ont-ils  appelés  toiii-hccs^  et  on  les  désigne  à  Cayenne  par  la 
dénomination  de  gros  becs.  Cet  énorme  bec  est  un  corps  ca- 
verneux, rempli  de  cellules  vides,  séparées  par  des  cloisons 
d'une  substance  osseuse,  aussi  mince  qu'une  feuille  de  pa- 
pier, et  recouverte  par  une  expansion  de  substance  cornée, 
si  peu  solide  qu'elle  n'oppose  aucune  résistance  au  doigt  qui 
la  presse  avec  un  léger  effort, 

La  mandibule  supérieure  est  recourbée  en  bas  ,  en  forme 
de  faux  ;  l'inférieure  est  plus  courte  ,  plus  étroite  ,  moins 
courbée  ;  toutes  deux  sont  dentelées  sur  leurs  bords  ,  mais 
les  dentelures  de  la  supérieure  sont  bien  plus  sensibles  que 
celles  de  Tinférieure  ,  et  ces  dentelures ,  quoique  égales  en 
nombre  de  chaque  côté  des  mandibules  ,  non-seulement  ne 
se  correspondent  pas  du  haut  en  bas  ,  ni  du  bas  en  haui^ 
mais  même  ne  se  rapportent  pas  dans  leur  position  relative  ; 
celles  du  côté  droit  ne  se  trouvant  pas  vis-à-vis  de  celles  du 
côté  gauche  ,  car  elles  commencent  et  se  terminent  aussi 
plus  ou  moins  prè^n  avant. 

La  langue  des  toucans  est  encore  plus  extraordinaire  que 
le  bec;  c'est  plutôt  une  plume  qu'une  langue  ,  dont  le  milieu 
ou  la  tige  est  d'une  substance  cartilagineuse  ,  large  de  deux 
lignes ,  accompagnée ,  des  deux  côtés  ,  de  barbes  très-serrées 
cartilagineuses  et  conformées  comme  celles  d'une  plume  or- 
dinaire ;  ces  barbes  sont  dirigées  en  avant ,  et  d'autant  plus 
longues  ,  qu'elles  sont  situées  plus  près  de  l'extrémité  de  la 
langue. 

Les  oiseaux  classés  dans  ce  genre  ne  se  trouvent  que  dans 
les  contrées  les  plus  chaudes  de  l'Amérique ,  se  nourris'^ent 
de'fruits,  vont  ordinairement  par  petites  troupes  de  six  à  dix, 
ont  le  vol  lourd  et  d'une  pénible  exécution  ;  cependant  ils 
peuvent  s'élever  à  la  cime  des  plus  grands  arbres,  où  ils  ai- 
ment à  se  percher  ,  et  sont  toujours  dans  une  agitation  con- 


276  T  0  U 

linuelle  ;  ils  font  leurs  nids  dans  des  trous  d'arbres,  et  leur 
ponte  n'est  que  de  deux  œufs.  Les  jeunes  s'apprivoisent  et 
s'élévcni  r.isénient ,  car  ils  se  nourrissent  de  tout  ce  qu'on 
leur  donne  ,  fruits  ,  pain  ,  chair,  poisson  ;  ils  saisissent  les 
morceaux  qu'on  leur  offre  ,  avec  la  pointe  de  leur  bec  ,  les 
jancent  en  haut  et  les  reçoivent  dans  leur  large  gosier;  mais 
s'ils  les  cherchent  à  terre  ,  ils  ne  les  prennent  ordinairement 
que  de  côté  ,  et  les  font  de  même  sauter  en  l'air.  Les  toucans 
sont  si  sensibles  au  froid  ,  qu'ils  craignent  la  fraîcheur  de  la 
nuit,  dans  ces  climats  brûlans.  Leur  peau  est  généralement 
bleuâtre,  et  leur  chair,  quoique  dure  et  noire  ,  est  man- 
geable. 

Nous  devons  à  M.  de  Azara  de  nouvelles  observations 
sur  les  toucans  ,  qui  complètent  leur  partie  historique.  Les 
toucans,  dit-il  contre  toute  apparence,  détruisent  un  grand 
nombre  d'oiseaux,  parce  qu'avec  leur  gros  et  grand  bec,  ils 
se  font  respecter  par  toutes  les  espèces  ;  ils  les  attaquent ,  les 
chassent  de  leurs  nids,  et  en  leur  présence  même,  mangent 
leurs  œuls  et  leurs  petits  qu'ils  tirent  des  trous  ,  à  l'aide  de 
leur  bec ,  ou  qu'ils  font  tomber  avec  les  nids.  Des  témoins 
dignes  de  foi  affirment  que  les  toucans  ne  respectent  pas 
même  les  œufs  et  les  petits  des  aras  et  des  caracaras  ,  et  que 
si  les  petits  sont  trop  forts  pour  qu'ils  puissent  les  enlever 
du  nid,  ils  les  font  tomber  à  terre,  comme  si  leur  naturel  ne 
les  portoit  pas  seulement  à  dévorer,  mais  encore  à  détruire  : 
le  nid  si  solide  âa  fournier  qui  résiste  au  temps  et  au^  autres 
causes  de  destruction,  n'esl  pas  à  Tabri  de  l'attaque  des  tou- 
cans, qui  attendent  que  l'argile  dont  il  est  composé  soit 
détrempée  par  la  pluie, pour  le  briser  à  coups  de  bec,  afin  de 
pouvoir  dévorer  les  œufs  et  les  petits  ;  enfin  ,  dans  la  saison 
delà  ponte,  les  toucans  n'ont  presque  point  d'autre  nourri- 
ture ;  en  tout  autre  temps  ,  ils  ne  vivent  que  de  fruits  ,  et 
quelquefois  d'insectes  et  de  bourgeons  ;  alors  ils  laissent  en 
paix  les  autres  volatiles. 

Quoit|ue  les  toucans  aient  un  bec  hors  de  toute  propor- 
tion, il  n'olïre  pas  plus  de  résistance  que  celui  des  autres  oi- 
seaux dont  la  têie  et  la  surface  sont  les  mêmes  ,  lorsqu'ils 
volent,  parce  qu'alors  ils  en  présentent  la  pointe  au  vent; 
de  plus,  la  légèreté  spécifique  et  la  conformation  de  ce  large 
et  long  bec  ne  peuvent  ralentir  le  vol,  altendu  que  les  points 
les  plus  élevés  de  l'oiseau  se  trouvant  au  bec  même  et  à  la 
moitié  antérieure  du  corps  ,  ils  ne  forment  point  obstacle  , 
le  vent  ayant  fait  son  effet  sur  la  pointe  du  bec.  Dans  l'état 
de  repos  ,  le  toucan  porte  son  bec  un  peu  plus  relevé  que  la 
ligne  horizontale  qui  passeroit  par  les  yeux  ;  et  lorsqu'on  le 


T  O  IT  277 

regarde  de  très-près  ,  ce  bec  paroît  postiche,  parce  que  la 
base  excède  ce  niveau  de  la  te^e  qui  s'y  emboîte  comme  dans 
un  élui.  Selon  M.  de  Azara,  la  langue  des  toucans  ne  pouvant 
se  plier,  est  inutile  pour  la  direction  des  alirnens  et  p-ur  la 
formation  du  cri,  qui, dans  les  deux  toucans  du  Paraguay  ,  se 
réduit  à  la  syllabe  rac. 

Les  toucans  volent  à  une  hauteur  moyenne  ,  et  en  ligne 
droife  et  horizontale  ;  ils  battent  des  ailes  par  intervalle  ,  et 
avec  quelque  bruit  ;  leur  vol  est  plus  vite  que  le  peu  déten- 
due  de  leurs  ailes  ne  le  feroit  croire  ;  ils  sautent  de  branche 
en  branche,  et  changent  de  position  avec  prestesse  ,  mais  ils 
ne  grimpent  pas  à  la  manière  des  pics.  Ce  sont  des  oiseaux 
forts  cl  très-attentifs  à  ce  qui  se  pisse  autour  a  eux  ;  ils  n'a- 
vancent  qu'avec  défiance  ,  et  ce  n'est  que  rarement  qu'ils  se 
posent  à  terre*  j,is  sautillent  obliquement  d'assez  mauvaise 
grâce,  et  les  jambes  ouvertes  presque  d'une  palme.  Quand 
ils  prennent  les  petits  oiseaux  dans  le  nid  ,  des  morceaux  de 
viande  ou  un  fruit ,  ils  les  lancent  en  l'air  ^  et  par  un  léger 
mouvement  du  bec  ,  il  les  font  sauter  jusqu'à  ce  que  les  nior- 
ceaux  se  présentent  convenablement  pour  être  r.viilés  ;  alors , 
par  un  autre  mouvement ,  il  les  font  entrer  dans  leur  large 
gosier  enfermé  par  un  cou  volumineux  ;  mais  si  le  morceau 
est  plus  gros  que  l'ouverlure  du  gosier  ,  ils  l'abandonnent 
sans  chercher  à  le  diviser. 

Selon  des  anciens  voyageurs  ,  le  nom  de  toucan  signifie 
plume ,  au  Brésil ,  et  les  naturels  de  ce  pays  ont  appelé  ioit- 
ain-talouracê  ,  l'oiseau  dont  ils  prenoient  les  plumes  pour  se 
parer.  Selon  d'autres  ,  sa  dénomination  vient  de  son  cri 
ioucarar.a. 

A  Surinam  ,  le  toucan  se  nonime  bouarabeck  ou  rojocaî , 
soit  parce  qu'il  y  a  quelque  ressemblance  entre  son  bec  et 
la  banane,  soit  parce  qu'il  a  la  coutume  de  s'en  nourrir,  soit 
enfin  par  ces  deux  causes  réunies.  (  Voyage  en  Guiune  ,  tra- 
duit par  Henry  ). 

A.  Toucans  proprement  dits. 
Le  Toucan  a  bec  rouge.  C'est,dans  Edwards,  le  Toucan 
A  GORGE  BLANCHE  de  Cayenne. 

Le  Toucan  BLEU.  V.  ci-après  Aracari  bieu  ,  page  283, 
Le  'XoxiÇ,K^  cocmcki .Ramphasfos  ior^nahis.hsih.  Le  Mexi- 
que est  la  patrie  de  ce  toucan,  qui  est  à  peu  près  de  la  gran- 
deur des  autres.  Il  a  le  bec  blanc  en  dessus  ,  noir  en  dessous  ; 
l'iris  d'un  jaune  rougeâlre  ;  la  tête  noire  ,  de  même  que  le 
dessMS  du  cou  qui  porte  un  collier  rouge  ;  le  dessous  de  cette 
partie  est  d'un  blanchâtre  parsemé  de  quelques  taches  rou- 
ges et  de  pelites  lignes  noires  ;  les  ailes  et  la  queue  sont  dje- 


278  T  O  U 

celle  dernière  couleur;  le  ventre  est  vert;  les  jambes  sont 
rousses  ;  les  pieds  d'un  cendré  verdâlre  ,  et  les  ongles  noirs. 

Le  Toi3CA]S  A  (OLLiER  DE  Caïenne.  V.  cl-après  Aracari, 
KouLiK  ,  page  284. 

Le    Toucan  a  collier  du  Mexique.    V.  Toucan  co- 

CHICAT. 

Le  Toucan  a  gorge  blanche  du  Brésil  ,  Eamphastos  pis- 
n'vorus^  Lalh.;  pi.  enl.  V.  Buff. ,n.°  262.  11  a  la  gorge  et  le  de- 
vant du  cou  blancs  ;  une  bande  rouge  entre  cette  couleur  et  le 
noir  de  la  poitrine  ;  les  couvertures  supérieures  de  la  queue, 
blanches; une  peau  nue  et  bleuâtre,  autour  de  l'œil;  le  bec  noir 
à  sa  bnse  ,  ensuite  ceint  de  jaunâire  ,  puis  de  noir ,  avec  une 
bande  jaunâtre  qui  s'étend  sur  le  demi-bec  supérieur  ;  le  reste 
des  mandibules  est  rouge  ,  et  elles  sont  terminées  de  jaune. 
Les  couleurs  du  bec  varient  dans  des  individus.  Celui  qu'a 
décrit  Bancroft  a  le  bec  jaune  en  dessus,  pourpre  en  des- 
sous, avec  lesbords  des  deux  mandibules  d'un  rouge  écarlate; 
deux  taches  blanches  sur  le  front  vers  la  base  du  bec  ,  et  les 
pieds  d'un  bleu  clair.  M.  Levailiant  a  fait  de  ce  toucan  une 
espèce  particulière  ,  et  Buffon  l'a  donné  pour  la  femelle  de 
son  toucan  à  gorge  jaune  du  Brésil. 

Le  Toucan  a  gorge  blanche  du  Brésil, de  Brisson ,  est 
le  même  oiseau  que  le  précédent.- 

Le  Toucan  a  gorge  blanche  de  Cayenne  ,  Ramplmslos 
eryihrorhyrirhos,  Lath. ,  a  la  base  des  deux  mandibules  entou- 
rée d'une  large  bande  grise,  mais  qui  se  rétrécit  sur  le  dessus 
dubec  dont  le  reste  est  noir.  Le  même,  décrit  par  Edwards,a 
la  base  du  bec  jaune  ,  ainsi  que  le  dessus  de  la  mandibule  su- 
périeure ;  l'inférieure  est  rouge  ,  avec  une  marque  transver- 
sale ,  noire,  qui,  vers  l'origine  du  bec  ,  sépare  les  doux  cou- 
leurs jaune  et  rouge.  Les  couvertures  du  dessus  de  la  queue 
sont  couleur  de  soufre ,  et  les  pieds  couleur  de  plomb. 

Si ,  pour  distinguer  les  espèces  ,  on  se  base  sur  les  couleurs 
du  bec  ,  il  en  doit  résulter  encore  un  plus  grand  nombre  que 
celui  qu'on  a  décrit,  puisqu'on  s'est  assuré  que  non-seulement 
le  bec  varie  dans  les  individus  vivans,  mais  que  ces  couleurs 
changent  après  leur  mort.  Une  telle  distinction  ne  peut  donc 
^tre  admise ,  sans  jeter  une  grande  confusion  dans  la  nomen- 
clature de  ces  oiseaux. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  les  toucans  à  gorge  jaune  et  à  gorge 
blanche  sont  répandus  dans  les  forêts  humides  et  dans  les 
palétuviers  de  la  Guiane  ;  ils  jettent  un  cri  articulé  qui  sem- 
ble prononcer  pinicn-coin  ou  peignen-coin  ,  d'une  manière  si 
distincte,  que  les  créoles  leur  ont  donné  ce  nom  ;  mais  le 
inco  a  un  cri  différent. 


'  G.    -C 

O  ^- 

Û.  0, 


11.4 


j  .  TriH//o</t^/c  t/r  /j/zeno^c-  (7/rc.r.      ,'j  .   Ttyrrraro    /oi/ri 
2  .  T'oit rtr/i  t/    //tJrt^/'  /tirme  .  j.  .   Torrryierierrc  ■ 


T  O  TT  .79 

Enfin  ,  Laè't  indique  un  toucan  qui  a  la  poitrine  blanche. 

Le  TouCAU  A  GORGE  JAUNE,  Ramphastos  dicolovus  ,  Lalh.  ; 
pl.R.  4?  n."  2  de  ce  Dictionnaire.  Gel  oiseau  a  dix-sept  pouces 
de  longueur  totale  ;  le  bec  long  de  trois  pouces  deux  lignes;  les 
joues  et  la  gorge,  d'un  jaune  de  soufre  ;  la  poitrine,  le  haut  du 
ventre,  les  couvertures  du  dessus  et  du  dessous  de  la  queue, 
d'un  rouge  très-vif;  le  reste  duplumage,  d'un  noir  plus  foncé 
sur  les  parties  supérieures,  et  avec  quelques  reflets  verdâtres; 
les  mandibules  noires  à  la  base  ,  rouges  sur  les  bords  ,  et  d'un 
vert  olivâtre  dans  le  reste  ;  les  pieds  et  les  ongles  ,  noirs. 

M.  de  Azara  décrit  un  toucan  qu'il  appelle  iurai\  et  que 
Sonnini  rapporte  au  précèdent.  11  a  dix  neuf  pouces  et  demi 
de  longueur  totale  ,  et  le  bec  long  de  trois  pouces  neuf  lignes  ; 
une  petite  tache  couleur  de  paille  derrière  ses  narines,  la 
peau  nue  qui  entoure  les  yeux  ,  d'un  rouge  sanguin  ;  de  l'an- 
gle postérieur  de  l'œil  à  la  naissiince  de  l'aile,  va  une  ligne 
qui  descend  de  chaque  côté  en  demi  cercle  sur  la  poitrine  , 
et  renferme  une  plaque  d'un  blanc  mêlé  de  jaune  dans  son 
contour,  et  d'une  couleur  orangée  fort  vive  dans  son  mi- 
lieu ;  au  dessous  de  cette  plaque  ,  jusqu'au  ventre,  est  une 
bande  cramoisie  comme  les  couvertures  de  la  queue  ;  le 
reste  du  plumage  est  noir  ;  Tiris  d'un  jaune  verdâtre  ;  le  bec 
d'un  vert  teint  de  jaune ,  avec  une  bande  noire  qui  entoure 
sabase. 

Le  Toucan  a  gorge  jaune,  du  Brésil,  Ramphastos  tucanus^ 
Lath.  ;  pi.  enl.  de  Buff.  n.»  807.  Buffon  réunit  ce  toucan  et  le 
précédent,  Brisson  en  fait  deux  espèces  ,  et  Lalham  a  adopté 
son  sentiment.  Ce  toucan  a  dix-neuf  pouces  de  longueur;  le 
bec  long  de  cinq  pouces  ;  ainsi  donc  sa  longueur  surpasse  de 
deux  pouces  celle  du  précédent ,  et  son  bec  est  plus  long 
d'un  pouce  et  demi  que  celui  du  toucan  à  gorge  jaune  de 
Cayenne.  Il  en  diffère  en  ce  qu  il  a  les  joues ,  la  gorge 
et  le  devant  du  cou  ,  dune  couleur  orangée  ;  une  bande 
rouge  est  sur  la  poitrine  ;  les  coiivertures  supérieures  de  la 
qiieue  sont  de  couleur  de  soufre;  la  base  du  bec  est  grise,  et , 
de  cette  base  à  la  poitrine  ,  le  reste  est  noir.  Celui  qu'a  dé- 
crit Edwards  étoit  vivant ,  et  dlfféroit  par  les  couleurs  du 
bec;  la  mandibule  supérieure  étoit  verte,  avec  trois  gran- 
des taches  triangulaires  orangées  sur  chaque  côté  ;  une  raie 
jaune  sur  le  dessus  ;  la  mandibule  inférieure  bleue  ,  ombrée 
de  vert  dans  le  milieu  ;  toutes  les  deux  avoient  la  pointe 
bleue  ;  les  couvertures  supérieures  de  la  queue  sont  blanches; 
les  pieds  et  les  ongles  de  couleur  de  plomb.  Les  différences 
dans  les  couleurs  du  bec  et  de  la  gorge  peuvent ,  dit  Buffon  , 
provenir  de  l'âge  de  l'oiseau. 


38o  T  O  U 

C'est  de  la  gorge  de  celle  espèce  de  toucan  que  l'on  lîroî 
ces  plumes  brillantes  dont  on  faisoit  autrefois  des  garnitures 
de  robes  et  des  manchons  ;  elles  éloient  d'un  grand  prix. 

Ce  sont,  ajoute  Buffon  ,  les  mâles  qui  portent  ces  belles 
plumes  jaunes  :  les  femelles  ont  celle  partie  blanche  ;  Mau- 
duyt  esl  du  même  sentiment  ;  cependant  I\l.  Levalllanl  les 
présente  comme  des  espèces  distinctes.  Les  femelles  varient 
dans  leurs  couleurs  comme  les  mâles. 

\iQ  Hloack'^  iwMwncs^  ^  H-irnphastos  paooninus  ^  Lath.  Cet 
oiseau,  que  Fernaridez  désigne  par  le  nom  mexicain  coo- 
chileiiacall^  esl ,  dit  -  il  ,  de  la  grandeur  el  de  la  forme  d'un 
■perroquet;  son  plumage  esl  enlièrement  vert,  el  semé  de  quel- 
ques taches  rouges  ;  les  jambes  et  les  pieds  sont  noirs  et 
courts  :  le  bec  a  quatre  pouces  de  longueur  ,  et  est  varié  de 
jaune  et  de  noir. 

Cet  oiseau  se  trouve  dans  la  contrée  la  plus  chaude  du 
Mexique  ,  et  habite  les  bords  de  la  mer. 

Le  Toucan  jaune,  V.  ci-après  Auacari  a  bec  NoiR,p,  283, 

Le  Toucan  TOGO,  Ramphastos  ioœ  ,  Lalh.  ;  Buff.  ,  pi,  enl. 
n.o  82.  C'est  le  plus  grand  Ae.s  toucans  de  la  Cruiane  franc^aisej: 
il  a  dix-neuf  à  vingt  pouces  de  longueur  ;  le  bec  seul  en  a  sept 
et  demi  ;  la  tète  ,  le  dessus  du  cou  el  du  corps  ,  les  ailes  ,  la 
queue,  la  poitrine  el  le  ventre,  sont  d'un  noir  foncé  ;  les  cou- 
vertures du  dessous  de  la  queue  blanches  ;  les  inférieures 
rouges  ;  le  devant  du  cou  el  la  gorge  ,  d'un  blanc  mêlé  d'un 
peu  de  jaune,  et  un  petit  cercle  rouge  est  entre  le  cou  et  le 
noir  de  la  poitrine;  la  base  des  deux  mandibules  esl  de  celle 
dernière  couleur;  le  reste  de  la  mandibule  inférieure  d'un 
jaune  rougeâlre;  la  supérieure  de  celle  même  teinte  jusqu'aux 
deux  tiers  environ  de  sa  longueur,  el  ensuite  noire  jusqu'à  la 
poitrine  ;  les  pieds  el  les  ongles  sont  noirs. 

I-arace  qu'on  trouve  auParaguay,  se  tient  autour  des  habi- 
tations et  dans  les  bois  ,  mais  jamais  dans  les  campagnes. 
Son  cri  semble  exprimer  la  syllabe  rac.  De  sa  ponte  ,  qui  a 
lieu  dans  un  trou  d'arbre  ,  naissent  deux  petits  semblables 
à  leurs  père  el  mère,  qui  les  nourrissent  jusqu'à  ce  qu'ils  vo- 
lent la  queue  renversée  sur  le  dos.  J  ai  qualifié  ce  toucan  de 
rare,  parce  que  les  différences  entre  lui  et  le  précédent  ne 
m'ont  pas  paru  suffisantes;  aussi  Sonninilesrapproche-t-il  l'un 
de  l'autre.  Peut-être  ce  sera  une  espèce  particulière  pour  d'au- 
tres. C'est  le  iucano  proprement  dit  de  M.  de  Azara,  qui  lui 
donne  vingl-lrois  pouces  de  longueur;lebec  long  de  six  pouces 
et  demi;  tout  le  plumage  noir,  à  l'exception  des  couvertures 
inférieures  de  la  queue  qui  sont  rouges  ,  et  uue  grande  la- 


T  O  U  281 

clie  blanche  qui  commence  à  l'angle  de  rouverliire  du  bec, 
passe  au-dessus  de  l'œil  et  sur  les  côtés  du  cou  ,  et  se  ter- 
mine par  un  contour  à  peu  près  aux  trois  quarts  de  la  partie 
antérieure  du  cou.  Quelques  individus  ont  un  peu  de  jaune 
pâle  au  milieu  de  cette  tache  ,  et  tous  ont  un  peu  de  blanc  sur 
les  ouvertures  des  narines.  Le  tarse  est  vert  en  devant  et 
blanc  en  arrière;  le  bec  a  son  sommet  rouge,  et  sur  sa  base 
une  bandelette  ou  une  zone  large  de  quatre  lignes,  et  d'un 
noir  foncé  ;  sa  mandibule  inférieure  est  de  couleur  orange  » 
de  même  que  les  bords  de  la  partie  supérieure;  mais  cette 
teinte  y  dégénère  bientôt  en  jaune;  une  pareille  tache  est  a 
la  pointe  de  cette  mandibule;  la  peau  nue  du  tour  de  l'œil 
est  d'un  orangé  vif,  e!  la  paupière  d'un  beau  bleu. 

Le  ToucAis-TocAN  a  collieh  jaume,  pi.  4  ^^^s  Toucans  de 
Levaillant.  Il  a  le  bec  noir  sur  son  bout  et  sur  les  tranches 
de  sa  partie  inférieure  ,  d'un  bel  orangé  sur  les  côtés  , 
jaune  sur  l'arête  de  sa  partie  supérieure  ,  avec  trois  ban- 
delettes à  sa  base.  Cet  oiseau  a  tant  de  rapports  avec  le  tou- 
can toccodontila  la  taille,  que  cet  ornithologiste  reste  dans 
l^incertilude  sur  la  question  de  savoir  si  c'est  une  espèce 
particulière  ou  seulement  une  variété  de  climat.  1  out  le 
devant  de  son  cou  est  d'un  blanc  jaune  terne  ,  termme 
par  un  collier  d'un  jaune  d'ocre  qui  est  la  couleur  de  toutes 
les  couvertures  de  la  queue;  le  reste  du  plumage  est  noir, 
et  le  tarse  plombé. 

Le  Toucan  tocard,  Ramphasfos  tocard,  Vieill;  pl.g  des 
Toucans  de  Levaillant,  Ce  toucan,  que  ce  naturaliste  a  dé- 
crit le  premier,  diffère  de  tous  par  la  forme  et  la  couleur  de 
son  bec  long  de  cinq  pouces  et  demi ,  arrondi  sur  ses  côtés 
ainsi  que  sur  son  arête  ,  arqué  en  faux,  et  dont  les  mandi- 
bules sont  dentelées  sur  une  tranche  et  à  pointe  mousse  , 
tandis  que  les  autres  ont  tous  le  bec  plat  à  ses  côtés  et  une 
bande  plus  ou  moins  large  à  la  base  des  deux  mandibules  : 
l'inférieure  de  son  bec  est  entièrement  d'un  brun  verdâtre 
uniforme  ;  la  supérieure  est  partagée  sur  chaque  côté  diago- 
nalement  en  deux  partie  presques  égales  ,  dont  l'une  est 
jaune  et  l'autre  d'un  brun  verdâtre  ,  par  une  ligne  noire  qui 
descend  de  la  hauteur  des  narines  jusqu'à  la  tranche  de  cette 
mandibule  ;  l'intérieur  du  bec  et  la  langue  sont  orangés  ; 
tout  le  devant  du  cou,  jusqu'à  la  poitrine,  est  d'un  blanc 
pur;  celle-ci  porte  un  large  collier  rouge  transversal;  toutes 
les.  couvertures  de  la  queue  sont  de  cette  couleur  ;  le  reste 
du  plumage  est  d'un  noir  mat  sur  le  corps  ,  luisant  et  chan- 
geant sur  les  ailes  et  la  queue  ;  longueur  totale  ,  dix-ueuia 
vingt  pouces. 


aS2  ry     ^     rj 

On  le  trouve  dans  rAmcrique  me'ridionale. 

Le  Toucan  a  ventre  gris,  de  Cayenne.  Voyez  Abacari 
KOULiK ,  page  284^. 

Le  TorCAN  a  ventre  rouge,  Ramphasfos  picatus  ^  Lath. 
11  a  nne  taille  supérieure  à  celle  de  la  pie;  le  dessus  de  la  lêle 
et  du  corps  de  la  même  couleur  que  les  précédens  ;  le  crou- 
pion et  les  couverlurcs  supérieures  de  la  queue  d'un  cendré 
noirâtre  ;  la  gorge  et  le  devant  du  cou  noirs  (Buffon  lui  donne 
la  gorge  jaune  )  ;  la  poitrine  d'un  bel  orangé;  le  ventre  ,  les 
cotés  ,  les  jambes  ,  les  couvertures  inférieures  de  la  queue 
d  un  rouge  très-vif;  les  pennes  caudales,  noires  en  dessous  , 
0  un  noir  changeant  en  vert  en  dessus ,  et  terminées  de  rouge 
vif;  le  bec  d'un  vert  jaunâtre,  obscur  et  rougeâtre  à  son  bout; 
les  pieds  et  les  ongles  noirs,  Tiris  est  aussi  noir  el  entouré 
d'un  cercle  blanc  qui  l'est  lui-même  d'un  autre  cercle  jaune  ; 
la  mandibule  inférieure  est  une  fois  moins  large  près  de 
Textrémité  du  bec  ,  que  ne  l'est  la  mandibule  supérieure  : 
longueur  totale  ;  dix-huit  pouces  et  demi.  Dans  quelques-, 
uns  de  ces  oiseaux  ,  l'iris  est  bleu,  le  bec  vert ,  avec  un  cercle 
noir  et  deux  taches  blanches  à  la  base;  d'autres  l'ont  vert, 
sans  aucune  apparence  de  rouge  ,  avec  un  cercle  d'un  vert 
jaunâtre  près  de  la  tête.  Le  cri  de  ces  oiseaux  exprime  le 
mot  towar.a. 

On  trouve  ce  toucan  au  Brésil  et  dans  d'autres  parties  de 
l'Amérique  méridionale  ;  on  peut  lui  rapporter  des  descrip- 
tions très-incomplètes  qu'en  font  des  voyageurs.  Don  Uiloa 
en  fait  mention  ,  et  dit  qu'il  se  trouve  dans  les  environs  de 
Carlhagène  au  Pérou  ,  où  on  lui  donne  le  nom  de  tulcan  ou 
pêcheur. 

Le  Toucan  vert  du  Brésil.  V.  ci-après  Aracari  grigri, 
page  284. 

Le  Toucan  vert  de  Cayenne.  V.  ci  après  Aracari  gri- 
gri ,  page  28^. 

Le  Toucan  vert  du  Mexique.  V.  Toucan  hochicat, 

B.  Toucans  aracaris. 

L'Aracari  \Z!iR\^Ramphastos  y^zora,  Vieill.,pl.  A.  des  Ois. 
fJe  paradis  ;  Promerops ,  etc.,  de  Levaillant.  Il  a  la  gorge  ,  le 
devant  et  le  dessus  du  cou  d'un  marron  pourpré  ;  le  dessus 
de  la  tête  d'un  noir  verdissant  :  un  large  plastron  rouge  ,  sé- 
paré du  marron  poiirpré  qui  couvre  le  devant  du  cou  ,  par 
une  ï"aie  noire  très-étroite  ,  se  fait  remarquer  sur  la  poitrine  ; 
une  bande  noire  lui  succède  et  traverse  le  milieu  du  corps  ; 
le  reste  des  parties  inférieures  est  d'un  jaune  fouetté  de  rouge 
vers  la  bande  noire  ;  les  plumes  des  jambes  sont  de  cette  cou- 


T  O  U  ^83 

leur;  le  manteau ,  le  dos  et  la  partie  visible  des  ailes ,  d'un 
vert  sombre  ollvacé  ;  les  pennes  brunes  à  Tcxtérieur ,  noires 
à  l'intérieur;  les  couvertures  supérieures  de  la  queue  ,  rou- 
ges; les  pennes  vertes  en  dessus  et  jaunâtres  en  dessous  ;  le 
bec  est  d'un  blanc  jaunâtre,  avec  une  bande  longitudinale 
noirâtre  sur  le  bord  de  sa  partie  inférieure  jus<in'aux  deux 
tiers  de  son  étendue  ;  les  pieds  et  les  ongles  sont  couleur  de 
plomb.  Cet  aracari  se  trouve  au  Brésil. 

L'AracaRI  BAILLON,  Rumpluistus  Ballloiii ^  Vieill.,  pi.  lo 
de  VW.stoire  des  Toucans  de  Levaillant.  Il  a  sur  le  front  un 
bandeau  d'un  jaune  doré  ;  les  joues  ,  la  gorge  et  le  dessous  du 
corps,  de  cette  méuie  couleur  ;  les  j.ambes  ,  d'un  vert  ohve 
terne  ;  le  dessus  de  la  tête  et  du  corps  d'un  vert  olive  qui  tire 
au  jaune  sur  la  première  partie  ,  sur  le  haut  du  cou  et  les 
scapulaires  ;  le  croupion  est  d'un  rouge  foncé  ;  les  ailes  sont 
brunâtres  à  la  pointe  ;  leurs  couvertures  inférieures,  jaunes; 
les  pieds  sont  de  couleur  de  plomb  ;  le  bec  est  brun,  noir  et 
d'un  vert  jaune. 

*  L'Aracâri  a  bec  noir,  Ramphastos  lateus^  Lalh.  Nierem- 
berg  ,  le  seul  qui  ait  fait  mention  de  cet  oiseau  ,  sous  la  déno- 
mination de  alla  xochitenacail  ^  lui  donne  la  grosseur  d'un 
pigeon^  un  bec  épais,  noir  et  pointu;  les  yeux  noirs  et  leur 
iris  jaune  ;  les  ailes  et  la  queue  variées  de  noir  et  de  blanc  ; 
une  bande  noire  de  chaque  coté  depuis  le  bec  jusque  sous  la 
poitrine  ;  le  haut  des  ailes  jaune  ;  le  reste  du  corps  d'un  blanc 
jaunâtre  ;  les  jambes  et  les  pieds  de  couleur  brune  ,  enfin ,  les 
ongles  blanchâtres. 

\j  aracari  à  bec  noir  se  tient ,  suivant  ISieremberg,  près  des 
bords  de  la  mer  au  Mexique  ;  il  niche  dans  le  pays  des  Toto- 
ifpecîenSi  chez  lesquels  II  est  Irès-estimé  ;  et ,  ce  qui  n'est  pas 
croyable  ,  il  se  nourrit  de  la  substance  mielleuse  des  fleurs 
des  arbres. 

*  L'Aracâri  a  bec  uni,  Ramphastos glaher ^  Lalh.  Son  bec 
est  uni  sur  les  côtés  et  sans  aucune  dentelure  sur  les  bords.  La 
tête  et  le  cou  sont  de  couleur  marron  ;  le  dos,  les  ailes  ,  de 
même  que  la  queue  ,  d'un  vert  obscur;  les  plumes  du  crou- 
pion sont  rouges  ;  celles  du  dessous  du  corps  d'un  jaune  ver- 
dàlre  ,  et  celles  des  jambes  d'un  vert  clair;  le  demi-bec  su- 
périeur est  brun  ,  et  l'inférieur  noir.  Cet  aracari  a  beaucoup 
*le  ressemblance  avec  le  grigri.  On  l'a  éi;aiement  trouvé  à, 
Cayenne ,  et  il  scroit  possible  que  l'individu  décrit  par 
M.  Lalhani  dans  le  cabinet  de  Lever  à  Londres  ,  ne  fàt_ 
qu'une  variété  accidentelle  de  l'espèce  de  Vuracaii  i,rigri. 
F.  ce  mot. 

*  L'Aracâri  bleu  ,  Ramphaaios  cœmleus ,  Lalh.  On  le 


284  T  O  ÎT 

trouve,  suivant  Fernandez  (  Hisf.  Noo.  Hisp. ,  Irart.  2,  cap, 
166),  près  des  bords  de  la  nn;r  du  Mexique,  où  il  pêche 
les  poissons  dont  il  compose  sa  nourriture  ordinaire  :  mais 
il  y  a  en  ceci  une  erreur  dans  le  récit  de  FerninJez  :  ou 
son  autre  xorhltenacutl  est  un  oise^iu  pêcheur  di!î(er»*nt  des 
aracaris  et  des  loucam  ^  qui  lie  imof-  al  poi.it  de  poissons 
et  ne  vivent  que  de  fruits  sauvages.  Au  reste  ,  Varcicxiri  hleu 
est  de  la  grandeur  d'un  pigeon  ;  son  bec  est  très-grand  ,  en 
comparaison  du  volume  du  corps,  dentelé,  jaune  en  dessus 
et  d'un  noirâtre  tirant  sur  le  rouj.e  en  dessous  ;  les  yeux  sont 
noirs,  mais  leur  iris  est  d'un  jaune  rougeâtre  ;  le  reste  du 
corps  est  varié  de  bleu  et  de  cendré. 

*  L'Aracari  a  gorge  bleue,  liamphnstos  duhiim ,  Lath. 
Tout  ce  que  l'on  sait  de  cet  oiseau  est  renfermé  dans  sa  dé- 
nomination ,  et  l'on  ne  connoît  son  existence  que  par  son 
indication  dans  le  catalogue  des  oiseaux  d'un  cabinet  appar- 
tenant à  M.  de  Fougères  de  Montpellier  ;  il  y  est  désigné 
ainsi  :  'j oucan  à  gorge  Iticiie  ,  e1  qu'aucun  auteur  na  décrit. 

L'Aracari  GtUGRI ,  Ramphaslos  ararari  ^  \j2lÛ\.  ^  t^\.  er\\. 
de  Buff  ,  n.''  i(J6.  Grigri  est  le  nom  que  cet  oiseau  porte  à 
la  Càuiane,  d'apiès  son  cri  aigu  et  bref  On  le  trouve  aussi 
au  Brésil.  Il  a  seize  pouces  huit  lignes  de  long;  la  tête  ,  la 
gorge  et  le  cou, noirs;  une  petite  tache  marron  sur  les  oreilles; 
le  haut  du  dos,  les  scapulaires  elles  couvertures  des  ailes, 
d'un  vert  obscur;  le  croupion  et  les  couvertures  supérieures 
de  la  queue,  d'un  rouge  vif;  le  dessous  du  corps  d'un  jaune 
couleur  de  soufre  ,  mêlé  d'un  peu  de  rouge  au  haut  de  la  poi- 
trine ,  avec  une  bande  traasversale  delà  même  teinte.  Entre 
elle  et  le  ventre,  on  remarque  encore  un  foible  mélange  de 
rouge  et  de  fauve,  ainsi  que  sur  les  jambes  et  les  couvertures 
du  dessous  de  la  queue  ,  dont  le  fond  est  d'un  jaune  olivâtre  ; 
les  ailes  et  la  queue  sont  d'un  vert  obscur  dans  les  .parties 
extérieures  ;  l'iris  est  jaune  ;  le  tour  des  yeux  nu  et  jaunâtre; 
la  prunelle  noire;  une  ligne  blanche  entoure  le  bec;ia  man- 
dibule supérieure  est  blanche  ,  avec  une  large  bande  noi- 
râtre et  longitudinale;  les  pieds  sont  d'un  vert  noirâtre.  «  Les 
couleurs  du  bec  ,  dit  lîuffon  ,  varient  suivant  l'ige,  et  sans 
aucun  ordre  constant  dans  chaqne  individu  ,  en  sorte  que 
Linnœus  a  eu  tort  d'établir,  sur  les  couleurs  du  bec  ,  les  ca- 
ractères essentiels  de  ces  oiseaux.  » 

L'Aracari  jaune.  V.  Aracari  a  bec  noir. 

L'Aracari  koulik,  Ramphastos piperimrus  ^  Lalb.  ;  pi.  enl., 

n.^  577  de  VHist.  nat.de  Buffon.  Les  Créoles  de  Cayenne  ont 

appelé  cet  oiseau  koidlk  ^  d'après  ce  mot  prononcé  vile,  qui 

représente  exaclcm^iul  son  cri,  H  a  nioins  de  grosseur  (juc 


T  O  U  285 

Varacaii  grigri  ;  le  bec  un  peu  plus  court  ;  la  lete  ,  la  gorge, 
le  cou  et  la  poitrine,  noirs  ;  sur  le  dessous  du  cou  un  demi- 
collier  jaune  et  étroit;  une  tache  de  même  couleur,  derrière 
l'œil;  le  dos,  le  croupion  ,  les  ailes  d'un  beau  vert;  le  ven- 
tre a  de  plus  des  taches  noirâtres  ;  les  couvertures  inférieures 
de  la  queue  sont  rougeàlres  ;  les  pennes,  vertes  et  terminées 
de  rouge  ;  les  pieds  noirâtres  ;  les  yeux  environnés  d'une 
membrane  nue  et  bleuâtre  ;  le  bec  est  rouge  à  sa  base  et  noir 
sur  le  reste  de  sa  longueur. 

La  femelle  a  le  haut  du  cou  brun  ;  le  dessous  du  corps, 
depuis  la  gorge  jusqu'au  ventre,  gris  ;  le  demi  -  collier  d  un 
jaune  très -pâle,  et  les  parties  inférieures  variées  de  diffé- 
rentes couleurs.  Ces  couleurs  n'indiquent  elles  pas  plutôt  un 
jeune  oiseau?  Quoiqu'il  en  soit,  cette  espèce  habite  aussi  le 
Brésil ,  où  Ton  ne  trouve  pas  plus  de  poivre  qu'à  la  Guiane  ; 
cependant,  les  méthodistes  lui  ont  donrjé  la  dénomination  de 
mangeur  de  poicre. 

L'ÂRACAPa  MARGEUR  DE  POIVRE.  V.  AbACARC  KoULIK. 
L'Aracari  vert,  Ran.fjhastos  vitidis  ,  Lath.  ,  pL  enlum,  de 
Buffon  ,  n.  *  727  cl  728  ,  est  à  peu  près  de  la  grosseur  d'un 
merle.  Il  a  quatorze  pouces  de  longueur  totale  ;  la  tête,  la  gorge 
et  le  devant  du  cou,  d'un  beau  nc^r  ;  la  nuque,  le  dos  ,  les 
scapulaires  ,  les  couvertures  supérieures  des  ailes,  les  infé- 
rieures de  la  queue  et  les  plumes  des  jambes  d'un  vert  obscur; 
le  croupion  d'un  rouge  tif  ;  le  bas  du  cou  en  dessous  et  toutes 
les  parties  postérieures,  de  couleur  de  soufre;  les  pennes  alai- 
res  noirâtres,  bordées  en  dehors  de  vert  obscur  et  à  l'intérieur 
de  blanc  jaunâtre  ;  la  queue  d'un  vert  obscur  en  dessus  et 
d'un  vert  cendré  en  dessous  ;  les  yeux  entourés  d'une  peau 
nue  et  jaunâtre  ;  le  bec  jaune  en  dessus;  les  côiés  rouges  , 
ainsi  que  la  base  de  sa  partie  inférieure  ,  qui,  dans  le  reste  , 
est  noire  ;  les  pieds  couleur  de  plomb,  et  les  ongles  noirs. 

La  femelle  diffère  du  mâle  en  ce  qu'elle  a  le  bec  plus  court; 
la  tête  ,1a  gorge  et  le  haut  du  cou,  d'un  beau  marron.  Cette 
couleur  est  séparée  du  jaune  qui  couvre  le  dessus  du  cou,  par 
une  petite  bande  transversale  noire, 

Buflbn  regarde  ces  aracaris  comme  des  variétés  d'âge  de 
Varacari grigri.  (V.) 

TOUCARACA.  V.  Toucan,  (s  ) 

TOUCHER  (LE)  ou  LE  TACT  ,  l'actus  ,  qui  vient  de 
iangere.  C'est  le  plus  général  de  nos  sens  et  le  plus  essentiel 
de  tous  ,  puisqu'aucun  animal  n'en  est  entièrement  privé. 
Le  quadrupède  ,  le  cétacé  ,  l'oiseau  ,  le  reptile  ,  le  poisson  , 
le  mollusque  ou  coquillage.  Tinsecle  ,  le  ver  ,  le  zoophyte  , 
sont,  tous,   doués  de  ce  sens,  quoiqu'en  divers  degrés  dft 


286  T  O  U 

perfection.  Il  paroît  ^tre  le  sens  primitif,  le  fondement  m^me 
de  l'animalilc  ;  en  effet,  l'essence  de  l'animalité  consiste 
dans  la  faculté  de  sentir  ,  dans  les  communications  avec  les 
objets  environnans  par  le  moyen  d'un  ou  plusieurs  sens. 
Nous  ne  concevons  pas  l'animal  sans  quelque  sens ,  car  à 
quoi  lui  scrviroit  sa  faculté  de  sentir  i*  Comment  pourroit-il 
chercher  et  découvrir  ses  nourritures,  privé  de  tout  moyen 
extérieur  pour  les  connoîlre  ?  Il  me  semble  que  le  toucher  est 
un  Criractère  aussi  général  pour  les  animaux  que  la  faculté  de 
sentir,  qui  paroît  être  en  même  proportion,  puisque  les 
espèces  qui  ont  un  tact  àéWcâl  ont  aussi  une  sensibilité  vive, 
et  que  1  apathie  est  en  rapport  avec  l'imperfection  de  ce 
sens. 

Nous  avons  traité  ,  à  l'article  Peau  ,  des  différences  que 
présente  cette  partie  dans  chaque  classe  d'animaux  ;  conmie 
elle  est  l'organe  principal  de  ce  sens  ,  ses  modifications  in- 
fluent sur  la  nature  du  toucher. 

L'épanouissement  des  houppes  nerveuses  dans  Iç  derme 
étant  plus  ou  moins  abondant,  la  surface  de  celui-ci  étant 
plus  ou  moins  délicate,  plus  ou  moins  tlexible  ,  le  toucher  a 
divers  degrés  de  perfection  et  divers  modes  de  sensation 
dans  chaque  animal. 

La  dureté  et  la  mollesse  des  corps ,  leurs  surfaces  lisses 
ou  inégales,  l'humidité  et  la  sécheresse,  la  chaleur  et  le 
froid,  la  mobilité  ,  l'immobilité,  la  pression  ,  la  percussion, 
la  figuration  ,  sont  les  principaux  objets  du  toucher.  Toutes 
ces  qualités  des  corps  qui  nous  environnent,  ne  sont  telles 
que  relativement  à  nous  ;  car  une  matière  qui  est  molle  pour 
nos  organes,  parce  qu'elle  leur  cède  facilement ,  est  dure 
pour  des  organes  plus  foibles  que  les  nôtres.  Les  sensations 
ne  sont  donc  que  des  relations  variables  suivant  les  qualités 
des  organes  des  animaux.  Une  chaleur  moindre  que  celle  de 
notre  corps  ,  nous  l'appelons  froid  ;  mais  il  est  évident  que 
ce  froid  est  fort  chaud  pour  des  animaux  très-froids.  (  Voyez 
l'article  SE^'S.  )  Nous  ne  connoissons  donc  les  corps  qui  nous 
environnent,  que  relativement  à  nos  qualités;  mjhs  si  ces 
qualités  étoient  d'une  autre  nature  ,  nous  sentirions  autre- 
ment, et  nous  jugerions  suivant  d'autres  principes.  Il  n'est 
donc  pas  sûr  que  nous  connoissions  Tunivers  tel  qu'il  est  en 
effet,  maïs  seulement  tel  qu'il  nous  paroît  au  travers  de  nos 
sens.  Notre  âme  est  comme  emprisonnée  dans  une  maison 
qui  a  cinq  fenêtres  dont  les  verres  sont  colorés  ;  tout  ce 
qu'elle  regarde  au-dehors  est  teint  de  la  couleur  des  verres. 
JElle  ne  peut  donc  reconnoîlre  la  vérité  qu'en  sortant  de  la 


T  O  U  287 

maîson ,  et  en  contemplant  l'immense  univers  à  la  lumière 
cle  l'Intelligence  pure. 

Il  est  évident  qu'un  homme  ,  un  animal,  ayant  la  peau 
plus  grasse,  ou  plus  épaisse,  ou,  au  contraire,  plus  délicate 
et  plus  sensible  qu'un  autre  individu,  doit  recevoir  des  sen- 
sations plus  ou  moins  vives  ,  plus  ou  moins  exactes,  et  juger 
ensuite  des  objets  suivant  la  nature  de  ces  sensations.  Est  il 
étonnant ,  d'après  cela ,  que  les  esprits  des  hommes  soient 
si  différens  entre  eux.''  Cunsuhez  le  mot  Nerfs,  et  leurs 
divers  degrés  de  sensibilité. 

Le  toucher  est  variable  suivant  les  diverses  parties  du 
corps.  Le  tact  de  la  main  est  plus  parfait  que  celui  de  plu- 
sieurs autres  organes  ;  le  toucher  des  lèvres  n'est  pas  le 
même  que  celui  du  mamelon;  le  chatouillement  des  côtés  , 
de  la  plante  des  pieds,  des  narines,  des  picotemens,  des  dé- 
mangeaisons, diffèrent  de  la  sensation  vive  ou  des  titillations 
voluptueuses  des  organes  sexuels.  La  langue  sent  aussi  le 
contact  des  corps,  outre  leur  goût;  le  tact  de  l'œil  est  très- 
sensible  ,  celui  du  méat  auditif,  ou  du  trou  des  oreilles,  est 
aussi  fort  vif  et  différent  des  autres  espèces  de  tacts.  Les  Chi- 
noises aiment  se  chatouiller  l'intérieur  de  l'oreille ,  au 
moyen  de  petits  pinceaux  ;  c'est  Tun  de  leurs  amusemens, 
parmi  d'autres  genres  d'attouchemens  lubriques. 

L'intérieur  du  corps  n'est  pas  même  privé  de  tact,  lorsque 
les  organes  y  sont  dans  un  état  d'excitation  ou  de  sensibilité, 
comme  dans  quelques  maladies.  D'ailleurs,  la  douleur  et  le 
plaisir,  la  faim ,  la  soif,  la  satiété,  etc. ,  sont  àes  espèces  de 
tacts  internes,  ou  plutôt  des  sensations  qu'on  peut  rapporter 
au  même  genre. 

Le  toucher  est  donc  un  sens  universel ,  mais  qui  se  modifie 
extrêmement.  11  paroît  même  que  les  organes  sexuels  ,  la 
faim  et  la  soif  sont  des  sens  particuliers.  Le  tact  vénérien  est 
exalté  dans  les  organes  sexuels  par  Tétat  de  l'érection  qui 
dépend  d'une  grande  accumulation  du  sang  et  d'un  dévelop- 
pement de  chaleur  inflammatoiredans  les  tissus  érectiies  de 
la  verge  ,  du  clitoris,  du  mamelon,  des  lèvres,  des  nym- 
phes ,  etc. 

Les  lignes  de  la  peau  intérieure  des  mains  marquent  la 
disposition  des  papilles  nerveuses.  11  faut  que  les  nerfs  se 
gontlent,  se  relèvent,  pour  mieux  sentir;  on  en  voit  un 
exemple  frappant  dans  le  sens  du  goût ,  qui  n'est  qu'une  es- 
pèce de  toucher;  car  il  est  nécessaire  que  l'organe  s'éveille, 
se  stimule  ,  s'avance  pour  palper  ;  sans  celte  préparation  ,  il 
n'est  pas  possible  qu'il  sente  ,  puisqu'il  est  nécessaire  qu'il 
s'établisse  un  rapport  entre  l'organe  qui  sent  et  le  corps  qui 


a88  T  0  U 

doit  être  senlî.  Plus  la  sensation  est  légère,  plus  la  sensibilîté 
doit  être  exallée  ,  afin  de  l'apercevoir.  ISous  traitons  de  cet 
objet  à  Tartlcle  Nerfs. 

La  pcrfecllon  du  toucher  dépend  encore  de  la  facilllé  des 
organes  à  palper  les  objets  en  tons  sens;  voilà  pourquoi  la 
main  de  l'homme  et  ses  doigts  flexibles  sont  des  insiruniens 
si  imporlans  ,  et  lui  donnent  une  si  grande  supériorité  sur  les 
animaux.  Le  singe  a  bien  une  main,  mais  elle  est  beaucoup 
moins  adroite  que  la  nôti'e  ,  puisque  ses  doigts  ne  se  meuvent 
pas  indépendamment  les  uns  des  autres  ;  sa  peau  est  aussi 
moins  délicate  que  la  nôtre.  V.  Main. 

Le  sens  du  toucher  varie  beaucoup  ,  selon  les  espèces 
tl'anlmaux  ;  l'homme  les  surpasse  par  l'excellence  du  tact, 
qui  est  universel  chez  lui.  Les  dents  même  ont  une  espèce 
de  sensibilité,  puisqu'elles  s'agacent;  aussi  des  rameaux  de 
nerfs  pénètrent  dans  leur  racine. 

11  paroît  que  les  fonctions  du  loucher  servent  principale- 
ment à  rectifier  les  erreurs  des  autres  sens;  car  la  vue  , 
Touïe  ,  sont  sujettes  à  se  tromper,  puisqu'elles  n'ont  des 
rapports  qu'avec  des  objets  éloignés  ;  voilà  pourquoi  le  tou- 
cher dépend  de  la  volonté;  en  effet,  il  étoil  nécessaire  , 
pour  s'assurer  des  choses  ,  que  l'âme  eût  à  sa  disposition  un 
sens  sûr  qui  affermît  ses  jugemens.  Le  toucher  est  ce  sens  ré- 
lléchi  et  philosophe  qui  donne  les  notions  les  plus  certaines 
des  objets.  Ce  qu'on  touche  est  plus  sûr  que  ce  qu'on  voit  ou 
ce  qu'on  entend.  Le  goût  et  l'odorat  sont,  à  la  rigueur,  des 
espèces  de  tacts  ;  l'un  est  le  toucher  des  molécules  sapides , 
l'autre  des  particules  odorantes;  ils  s'exercent,  en  effet ,  sur 
des  parties  planes  et  membraneuses.  Il  y  a  deux  ordres  de 
sens  ,  ceux  des  corps  éloignés  ,  connne  1  œil  et  l'oreille  ,  et 
ceux  des  corps  immédiatement  touchés,  comme  la  main,  la 
langue  et  le  ne/.  J-es  premiers  s'opèreni  par  des  liqueurs 
{V.  les  mots  OEiL  ,  Oreille  )  ,  les  seconds  par  des  mem- 
branes plus  ou  moins  sensibles.  Consuliez  l'article  Sens, 

L'épaisseur  ou  la  délicatesse  de  l'épiderme  donne  au 
tact  différens  degrés  de  finesse.  Certains  animaux  ont  une 
telle  étendue  de  tact,  qu'il  supplée  à  plusieurs  autres  sens. 
Spallanzani  ayant  aveuglé  des  r.haiwe- souris^  et  leur  ayant 
bouché  les  oreilles  avec  de  la  cire,  les  vit  voltiger  en  évitant 
tous  les  obstacles  ,  comme  si  elles  eussent  vu  clair  ;  étonné 
de  ce  fait,  il  crut  qu'elles  avolent  un  sixième  sens;  mais  il 
paroît  seulement  que  la  finesse  du  tact  de  leurs  ailes  mem- 
braneuses suffit  pour  les  avertir  de  l'approche  et  de  la  pré- 
sence des  corps,  comme  les  aveugles  sentent ,  au  moyen  des 
courans  d'air,  l'ouverture  d'une  porte,  le  coin  d'une  rue,  etc.; 


T  O  U  289 

telle  conformalion  est  d'autant  plus  utile  aux  chauve-souris, 
que  ces  animaux  volent ,  comme  on  sait ,  au  milieu  des 
ténèbres. 

La  délicatesse  du  tact  de  la  trompe  de  Yéléphant,  unie  au 
sens  de  l'odorat,  comme  le  remarque  Buffon,  paroît  être 
une  des  principales  causes  de  son  intelligence  ;  car  le  reste 
de  son  organisation  est  grossier  et  peu  propre  à  sentir.  Les 
quadrupèdes  dont  les  pieds  sont  divisés  en  petits  doigts,  sont 
aussi  moins  stupides  que  les  espèces  dont  les  pieds  ont  des 
sabots  de  corne.  D'ailleurs  ,  la  peau  de  ces  animaux  est  cou- 
verte de  poils,  ce  qui  diminue  beaucoup  leur  sensibilité  ;  et 
les  cétacés  qui  n'ont  aucun  poil ,  sont  enveloppés  d'un  tissu 
graisseux  très-épais,  ou  d'un  lard  en  couche,  si  peu  sensible» 
qu'on  l'écorche  sans  qu'ils  souffrent  beaucoup.  Le  plumage 
des  oiseaux  les  empêche  beaucoup  de  sentir  ;  leur  bec  n'y 
est  pas  propre,  et  leurs  pattes  sont  peu  favorables  au  tact. 
Quelques  oiseaux  aquatiques  ,  comme  les  canards  ,  ont  l'ex- 
trémité du  bec  un  peu  sensible  ,  parce  qu'un  rameau  ner- 
veux ,  de  la  cinquième  paire  ,  s'y  épanouit. 

Parmi  les  reptiles,  quelques  espèces  à  peau  nue,  comme 
les  grenouilles  et  les  salamandres  ,  ont  un  tact  assez  parfait  \ 
mais  les  lézards  et  les  se/pens,  étant  couverts  de  plaques  écail- 
leuses,  doivent  être  moins  sensibles.  On  a  dit  cependant 
que  les  serpens  ,  pouvant  s'entortiller  autour  des  corps  par 
leur  extrême  flexibilité  ,  dévoient  avoir  un  tact  moins  impar- 
fait que  le^  autres  reptiles.  Les  tortues  ,  couvertes  de  leur  ca- 
rapace ou  maison  osseuse  ,  sentent  très-peu.  Dans  la  classe 
des  poissons,  les  espèces  à  corps  cylindrique,  comme  les  an- 
guilles ,  celles  qui  n'ont  pas  d'écaillés  ,  du  moins  apparentes,' 
doivent  jouir  d'un  toucher  plus  délicat  que  les  espèces  écail- 
leuses  ;  mais  tous  sont  couverts  d'une  sorte  d'humeur  gluante  , 
qui  doit  rendre  leur  sentiment  bien  obtus.  On  peut  en  dire 
autant  des  mollusques  nus  ;  quoique  leur  peau  soit  mol(e  et 
flexible,  elle  est  si  pâteuse,  si  muqueuse,  que  nous  douions 
beaucoup  de  la  finesse  de  son  tact;  néanmoins,  certaines 
parties  sont  plus  délicates  et  plus  sensibles  ,  comme  les  yeux 
o\x  cornes  des  limaçons.  Les  crustacés,  enveloppés  de  leur 
coque,  doivent  avoir  peu  de  finesse  dans  le  tact.  Cependant 
leurs  antennes  ou  filets  ,  et  leurs  pattes  ,  peuvent  y  suppléer 
en  partie.  Nous  en  dirons  autant  des  insectes;  les  coléoptères 
couverts  d'une  espèce  de  cuirasse  ,  ont  moins  de  tact  que 
les  larves  ou  vers  et  les  chenilles  ;  mais  on  peut  conjecturer 
que  les  antennes  surtout  ,  les  palpes  labiaux  et  les  pattes 
flexibles,  assez  nombreuses  de  ces  animaux ,  dans  leur  der- 
nier état  de  métamorphose  ,  leur  laissent  un  tact  assez  sûr: 

xxxiv.  19 


ago  T    O    U 

leurs  raoïivemens  semblent  nous  l'annoncer  par  leur  préci- 
sion et  leur  exactitude.  Les  vers  sont  nus ,  et  par-là  même 
assez  sensibles  au  tact;  mais  ce  sont  surtout  les  zoophytes , 
tels  que  les  actinies ,  les  méduses  ,  les  hydres  ou  polypes  d'eau 
douce,  qtH-X)nt  le  tact  le  plus  fin  ,  le  plus  délicat  ;  ils  surpas- 
sent de  beaucoup  Thomme  par  ce  sens.  11  semble  que,  privés 
des  autres  facultés,  ils  aient,  dans  celle-ci,  toute  la  portion  de 
sensibilité  des  organes  qui  leur  manquent.  Leur  toucher  est 
si  sensible  ,  qu'il  aperçoit  même  la  lumière.  Ces  animaux 
palpent ,  pour  ainsi  dire  ,  les  rayons  lumineux  ,  et  voient 
par  la  peau.  Ils  ont  d'ailleurs  de  nombreux  filamens  ou  ten- 
tacules ,  des  espèces  de  bras  rétractiles  et  extensibles  qui 
peuvent  se  tourner  en  tout  sens.  V.  Tentacules.  On  a  vu  des 
liommes  aveugles  acquérir  aussi  une  extrême  finesse  du  tou- 
cher: est-ce  que  la  force  vitale  qui  ne  s'emploie  pas  à  un 
sens,  s'accumuleroit  dans  un  autre  ?  Ce  sentiment  est  proba- 
ble. Au  reste  ,  observons  que  l'étendue  du  tact  ne  dépend 
pas  tant  de  la  mollesse  et  de  la  nudité  de  la  peau ,  que  de  la 
flexibilité  des  parties  qui  touchent  en  tout  sens.  F.  les  arti- 
cles Nerfs  ,  Sens  ,  Goût  ,  etc.  (virey.) 

TOUCHER  AU  BOIS  ou  FRAYER  (vénerie).  C'est 
quand  le  cer/" détache  la  peau  velue  qui  couvre  son  bois  ou  sa 
te'te  nouvellement  refaite.  F.  Cerf,  (s.) 

TOUCHIROA,  Touchiroa.  Genre  de  plantes  de  la  décan- 
drie  monogynie  ,  et  de  la  famille  des  légumineuses ,  qui  offre 
pour  caractères  :  un  calice  d'une  seule  pièce  ,  turbiné  ,  divisé 
en  quatre  découpures  aiguës  ;  point  de  corolle  ;  dix  étamines 
libres  et  attachées  à  l'orifice  du  calice  ;  un  ovaire  ovale  , 
oblong ,  tomenteux  ,  pédicule ,  surmonté  d'un  style  long  et 
recourbé ,  avec  un  stigmate  obtus  ;  une  gousse  presque  ronde , 
monosperme ,  comprimée  ,  environnée  d'une  grande  mem- 
brane orbiculaire,  mince,  ondulée  ,  transparente  ,  et  ne  ren- 
fermant qu'une  seule  semence  réniforme. 

Ce  genre  est  composé  d'un  seul  arbre  dont  les  feuilles  sont 
alternes  ,  simples  ,  très-entières  ,  et  les  fleurs  disposées  en 
épis  axillaires.  Il  est  très-élevé  ,  a  le  bois  aromatique,  et 
croît  dans  les  endroits  marécageux  de  la  Guiane.  Il  avoit  été 
réuni  à  I'Opalat  d'Aublet  par  Lamarck  ;  mais  ensuite  ce 
botaniste  a  reconnu  que  ce  dernier  ayant  une  corolle  pa- 
pilionacée  ,  devoit  être  réuni  aux  Ptérocarpe.s. 

Schreber  a  mentionné  ce  genre  sous  le  nom  de  Crudie  , 
et  il  a  commis  la  faute  que  Lamarck  a  reconnue,  (b.) 
TOUCHY.  V.  Chouhak.  (b.) 
TOUCNAM-COURVI.  V.  l'article  Tesserin.  (v.) 
TOUGOUMARI.  Le  Pic   a  cravate  noire  est  ainsi 


T  O  U  agi 

nommé  par  les  naturels  de  la  Guiane  française.  V.  rartîcle 
des  Pics,  (s.) 

TOUDRE.  Nom  provençal  de  la  Grive  draine,  (v.) 

TOUFE,  Toufo.  Dans  le  midi  de  la  Fiance,  on  nomme 
ainsi  une  mofette  ou  exhalaison  de  vapeur  méphitique,  et  aussi 
les  coups  de  chaleur  forte  et  subite  qui  font  périr  prompte- 
ment  les  vers  à  soie  dans  les  magnaneries,  (desm.) 

TOUFFE  ARGENTINE.  Espèce  d'AoARic  qui  croît 
en  touffe  au  pied  des  arbres,  et  dont  les  pédicules  acquièrent 
jusqu'à  six  pouces  de  haut.  On  l'appelle  aussi Taupière.  Elle 
a  un  chapeau  très-conique,  sans  épaisseur,  blanc,  recouvert 
d'écaillés  grises  en  dessus  ,  qui  se  fend  très-fréquemuient  ; 
ses  lames  deviennentpromptementnoires,etle  tout  se  résout 
en  liqueur  noire. 

Ce  champignon  présente  plusieurs  variétés  ;  il  n'est  pas 
dangereux.  Paulet  l'a  âguré  planche  129  de  son  Traité  des 
champignons,  (b.) 

TOUFFE  BRANCHUE.  C'est  I'Agaric  rameux  de 
Bulliard,  (B.) 

TOUFFE  SAVONIÈRE.  Paulet  donne  ce  nom  à  I'A- 
garic CAMPANULE  de  Linnseus,  qu'il  a  figuré  de  nouveau  , 
pi.  122  de  son  Traité  des  Champignons.  Son  chapeau  est  fort 
mince  et  gris  de  souris;  son  pédicule  est  fistuleux  et  haut  de 
deux  à  trois  pouces.  II  croît  en  touffes,  dans  les  bois  des  en- 
virons de  Paris.  Son  odeur  et  sa  saveur  sont  celles  du  savon. 
Donné  à  un  chien  ,  il  ne  l'a  pas  incommodé,  (b.) 

TOUHOU.  Nom  générique  du  Pigeon,  dans  l'île  des 
Amis.  (V.) 

TOUÎ.  Nom  d'une  famille  de  perroquets  de  l'Amérique 
méridionale  ,  les  plus  petits  de  tous.  V.  ce  mot ,  à  l'article 
Perroquet,  page  378.  (v.) 

TOUILLE.  C  est  un  des  noms  donnés  au  Requin  et  à  la 
Lamie.  (b.) 

TOUILLE  BŒUF.* Nom  vulgaire  du  Squale  nez.  (b.) 

TOUIPARA.  V.  TuiPARA.  (s.) 

TOUIT,  FipihyiQiW.  ;Emh€riza  ,  Lalh.  Genre  de  l'ordre 
des  oiseaux  Sylvains  et  de  la  famille  des  Péricalles  ,  V. 
ces  mots.  Caractères  :  bec  épais  à  sa  base  ,  robuste  ,  couvert 
en  dessus  ;  mandibule  supérieure,  couvrante  son  origine  les 
bords  de  l'inférieure,  échancrée  et  courbée  vers  le  bout  ; 
l'inférieure  entière  plus  courte  ,  et  à  bords  rentrant  en  de- 
dans ;  narines  rondes,  ouvertes  et  glabres;  langue  épaisse  , 
bifide  à  sa  pointe  ;  bouche  garnie  de  quelques  soies  sur  ses 
angles  ;  ailes  courtes  ;  les  quatre  premières  rémiges  égales 
et  les  plus  longues  de  toutes  ;  queue  allongée;  quatre  doigts. 


292  T  0  U 

irols  devant,  un  derrière;  les  extérieurs  réunis  à  leur  base.  Ce 
genre  n'est  composé  que  d'une  seule  espèce  qui  setrouvedansles 
Etats-Unis  :  Brisson  et  Buffon  en  font  un  pinson  ;  Pennant, 
Latham  et  Gmelin  la  donnent  pour  un  bruant;ç\\e  a  encore  été 
décrite  dans  le  Journal  de  physique  ,  tom.  2  ,  pag.  670 ,  n.»  9, 
sous  le  nom  de  ple-grièche  noire  de  la  Caroline  ,  avec  la  figure 
du  mâle.  Celte  division  des  auteurs,  dans  la  place  qui  lui 
convient,  indique  qu'il  n'est  pas  facile  de  la  classer.  En  effet, 
si  on  examine  son  bec  avec  attention  ,  on  voit  qu'il  participe 
de  celui  du  pinson  ,  par  sa  grosseur  et  sa  forme  conique  ,  et 
de  celui  du  bruant  par  les  bords  rèntrans  en  dedans  de  sa 
partie  inférieure  ;  mais  il  en  diffère  par  des  caractères  qui  lui 
sont  particuliers  ,  comme  d'avoir  sa  partie  supérieure  échan- 
crée  et  courbée  vers  le  bout ,  ce  qui  le  rapproche  un  peu  du 
Lee  de  certaines  pies-grièches.  J'ai  cru  que  ces  différences 
éloieni  des  motifs  suffisans  pour  isoler  cet  oiseau  générique- 
ment.  Les  Américains  l'appellent  towhe ,  d'après  son  cri , 
mais  il  m'a  paru  exprimer ,  en  France  ,  le  mot  louit;  d'autres 
le  nomment  bulfinch  (^honyvcuW)  ^  sans  doute  parce  qu'ils 
ont  trouvé  quelques  rapports  dans  ses  formes  et  le  plumage 
tlu  mâle  avec  cet  oiseau  d'Europe.  Il  porte  encore  le  nom  de 
chewlnk  en  Pensylvanie  ,  et  dans  d'autres  contrées ,  on  le 
connoît  sous  celui  de  swamprobin. 

Le  TouiT  NOIR  ,  Pipilo  aier ,  Vieill.;  Emberiza  erîthrophlal— 
ma  ^  Lath.  ;  pi.  38  des  oiseaux  de  Catesby,  sous  le  nom  de 
ioœeebird.  On  voit  une  figure  plus  exacte  du  mâle  dans  V  Ame- 
rican Ornithologyt  vol.  2  ,  pi.  10,  n.°  5.  Celle  espèce  est  nom- 
breuse au  centre  des  Etats-Unis  où  elle  reste  pendant  l'été, 
et  d'où  elle  émigré  à  l'automne  pour  passer  l'hivef  dans  le 
sud  de  ces  Etats.  Les  touils  ,  ayant  les  ailes  courtes,  ne  peu- 
vent voler  à  une  certaine  hauteur  ni  se  soutenir  long-temps 
en  l'air  ;  aussi  ne  voyagent-ils  qu'en  voltigeant  de  haies  en 
haies ,  de  bosquets  en  bosquets  ,  et  on  ne  les  voit  jamais  à  la 
cime  des  grands  arbres.  Ils  cherchent  à  terre  les  diverses 
graines  dont  ils  se  nourrissent,  en  écartant  avec  leur  bec  et 
leurs  pieds  ,  les  feuilles  et  les  herbes  qui  les  recèlent  :  ils 
m'ont  paru  être  très-friands  des  petits  glands  ,  mais  ils  ne 
mangent  ordinairement  que  ceux  qui  sont  tombés  ;  ils  vivent 
par  paires  pendant  l'été  ,  se  réunissent  en  familles  au  mois  de 
septembre  et  en  bandes  nombreuses  vers  la  fin  d'octobre  , 
époque  de  leur  voyage, qu'ils  font  souvent  de  compagnie  avec 
les  passerines  titis  et  les  motteux  bleus  et  roux. 

Ces  oiseaux  se  plaisent ,  pendant  la  belle  saison  ,  dans  l'é- 
paisseur des  taillis  et  sur  la  lisière  des  grands  bois.  C'est  alors 
^ue  l'on  voit  le  mâle  à  la  cime  d'un  arbre  de  moyenne  hau- 


T  0  IT  293 

teur,  où  il  chante  pendant  des  heures  entières;  son  ramage 
n'est  composé  que  d'une  seule  phra.>e  courte  et  souvent  ré- 
pétée ,  mais  qui  m'a  paru  sonore  et  assez  agréable  pour  re- 
gretter qu'il  se  taise  dès  qu'il  a  des  petits.  La  femelle  place 
son  nid  à  terre,  dans  l'herbe  ou  sous  un  buisson  épais  ,  lui 
donne  une  forme  spacieuse  et  épaisse  :  elle  le  compose  de 
feuilles  et  de  filamens  d'écorce  de  vigne  à  l'extérieur  ,  et 
garnit  l'intérieur  de  tiges  d'herbes  fines.  Sa  ponte  est  de  cinq 
ceufs  dune  couleur  de  chairpâle  et  couverts  de  taches  ronsses, 
plus  nombreuses  vers  le  gros  bout. 

Le  mâle  a  la  tête  ,  la  gorge ,  le  cou  ,  le  dos  ,  le  croupion  , 
les  pennes  alaires  et  caudales,  d'un  noir  lustré  ;  la  poitrine 
et  le  ventre  ,  blancs  ;  les  flancs  d'un  brun  jaune  ;  cette  teinte 
s'éclaircit  sur  les  parties  postérieures,  et  est  coupée  sur  le 
bas  des  jambes  par  un  anneau  noir;  les  six  pennes  les  plus 
extérieures  de  la  queue  sont  blanches ,  depuis  leur  milieu 
jusqu'à  la  pointe  ;  une  marque  de  la  même  couleur  est  sur 
les  cinq  premières  pennes  de  l'aile;  le  bec  est  noir;  l'iris  et 
les  paupières  sont  d'un  rouge  obscur  ;  les  pieds  sont  bruns  ; 
longueur  ,  six  pouces  huit  lignes. 

La  femelle  a  le  bec  brun  ,  la  tête,  le  cou  et  le  dessus  du 
corps,  d'un  olivâtre  rembruni;  les  flancs  et  les  couvertures 
inférieures  de  la  queue, d'un  jaunâtre  sale;  les  pennes  alaires 
et  caudales  pareilles  à  la  tête,  mais  d'une  nuance  plus  fon- 
cée. Les  jeunes  mâles  lui  ressemblent  avant  la  première 
mue  ,  et  on  ne  les  distingue  qu'en  ce  qu'ils  ont  les  yeux  d'un 
brun  roux,  (v.) 

TOUITE.  V.  le  genre  Fringille  ,  page  255.  (v.) 

TOUKAN.  F.  TucAN.  (desm.) 

TOUKOUKL  Les  Garlpous  ,  peuplade  de  la  Guiane 
française  ,  nomment  ainsi  le  Colibri,  (s.) 

TOULALA.  C'est  le  Galaga  ARO^Dl^^\cÉ.  (b.) 

TOULICHÎBA.  Genre  de  plantes  de  la  famille  des  lé- 
gumineuses ,  établi  par  Adanson  ,  et  intermédiaire  entre  les 
CoRONiLLES  et  les  Agatis  (œschynoniene).  11  en  diffère  par 
ses  fleurs  paniculées  ,  par  son  calice  petit ,  tubuleux ,  évasé  , 
à  cinq  dents  ,  et  par  ses  graines  sphérlques  ,  rouges  ,  tachées 
de  noir.  Adanson  ne  rapporte  à  ce  genre  qu'une  seule  es- 
pèce qui  est  représentée  ,  volume  7,  tab.  i45  ,  des  Manus- 
crits de  Plumier.  Elle  faisolt  partie  des  pseudo-acacia  de  cet 
auteur,  et  son  nom  de  ioulichtba  est,  sans  doute  ,  celui  qu'on 
lui  donne  ,  dans  le  pays  où  elle  croît,  en  Amérique,  (lm.) 

TOULICl ,  Ponaea.  Arbre  à  feuilles  alternes  ,  allées  sans 
impaire  ,  à  fplioles  opposées ,  ovales  ,  entières,  ondées  en 


ag^  T   O   U 

leurs  bords  ,  divisées  inëgalement  par  leur  nervure  moyenne  f 
à  fleurs  rouges  et  blanches,  sessiies  sur  des  pédoncules  bran- 
chus  ,  velus  et  terminaux. 

Cet  arbre  forme  ,  dans  Toctandrie  trigynie  et  dans  la  fa- 
mille des  saponacées  ,  un  genre  qui  offre  pour  caractères  :  un 
calice  divisé  en  cinq  parties  ;  une  corolle  de  quatre  pétales 
lancéolés;  huit  étamines  alternativement  grandes  et  petites; 
un  ovaire  trigone  à  trois  styles  terminés  par  un  stigmate 
aigu  ;  une  capsule  roussàtre  ,  à  trois  ailes  ,  à  trois  loges,  con- 
tenant trois  semences  solitaires  et  ovales. 

Le  toulici  se  trouve  dans  les  forêts. de  la  Guiane.  lise  rap- 
proche du  genre  GufOA  de  Cavaniiles.  On  Ta  ,  depuis  peu  , 
réuni  aux  Cupainis.  (b.) 

TOULICIA.  Genre  de  plantes  ainsi  nommé  par  Aublet; 
c'est  le  oowtisa  de  Schreber,   Willdenow ,  etc.   F.  TouLici. 

(LN.) 

TOULIPA.  Grand  arbre  dellnde  à  fleurs  très-odorantes, 
dont  le  genre  ne  m  est  pas  connu,  (b.) 

TOULIPAN.  Nom  languedocien  de  la  Tulipe,  (desm.) 

TOULL.  Nom  arabe  de  I'Acacie  gommifÈre  {mimosa 
gummifeni ,  Forsk.  ;  acacia  gummif. ,  Delil.  ,  Egypt.  )•  (LN.) 

TOULOLA   V.  TouLALA.  (b.) 

ÏOULONE.  Arbuste  de  Madagascar,  4ont  le  fruit  est 
agréable  au  goût.  Je  ne  sais  à  quel  genre  on  doit  le  rap- 
porter, (b.) 

TOULOU,  Co/7</omx ,  Vieill.  ;  Cuculus ,  Linn. ,  Lalh.; 
Polophilus^  Léach ,  Mise.  Zool.  (ienre  de  l'ordre  des  oi- 
seaux Sylvains  ,  de  la  tribu  des  Zyoodactyles  ,  et  de  la 
famille  des  Imberbes.  V.  ces  mots.  Caractères  :  bec  caréné  , 
arqué  de  son  milieu  à  son  extrémité ,  comprimé  latéralement, 
pointu;  narines  étroites,  longitudinales,  à  demi  closes  par 
une  membrane  ,  situées  près  du  capislrum  ;  langue  large , 
un  peu  frangée  à  sa  pointe  ;  quatre  doigts ,  deux  devant , 
deux  derrière  ,  l'extérieur  versatile  ;  ongle  du  pouce  al- 
longé ,  presque  droit,  subulé  ;  ailes  courtes ,  arrondies,  à 
penne  bâtarde  courte  ,  étroite  ,  aiguë  ;  la  première  ré- 
mige la  plus  courte  de  toutes  ;  les  troisième ,  quatrième , 
cinquième  et  sixième  les  plus  longues  ;  dix  rectrices.  Les 
espèces  qui  composent  ce  genre  ont  été  données  comme  des 
coucous ,  jusqu'à  l'époque  où  M.  Levaillant  les  a  distraits  pour 
en  faire  une  division  particulière  sous  le  nom  de  courais, 
division  que  je  me  suis  empressé  d'adopter ,  et  qui ,  je 
l'espère  ,  ne  sera  pas  rejetée  par  les  ornithologistes  ins- 
truits, qui,  par  la  suite,  s'occuperont  de  méthodes.  En 
effet ,  M.  Léach  en  a  fait ,  depuis  peu ,  dans  la  continuation 


T  0  U  295 

du  Mise.  Zool.  de  Shaco ,  un  genre  sous  la  dénomination  de  po-^ 
iophiliis.  Les  caractères  qui  les  distinguent  de  tous  les  coucous 
de  Linnseus  ,  de  Lalham,  etc. ,  consistent  en  ce  qu'elles  ont 
l'ongle  du  pouce  pareil  à  celui  de  Valouette  ,  que  leurs  tarses 
sont  plus  allongés  et  totalement  dénués  de  plumes  ,  et  que 
leurs  ailes  sont  arrondies  et  courtes.  L'Afrique  ,  l'Asie 
orientale  et  l'Australasie  sont  les  seuls  pays  où  elles  se 
Irouvent.  Plusieurs  toulous  ou  coucaJs  présentent  de  tels  Rap- 
ports dans  leur  plumage, qu'il  ne  seroit  pas  étonnant  qu'il  s'en 
trouvât  parmi  eux  qui  ne  fussent  point  des  espèces  distinctes. 
Cependant  on  ne  peut  admettre  comme  des  variétés  du  ioulou 
hoiihou  les  coucous  des  Philippines  et  à'Antigiie,  que  Monlbeil- 
lard  a  réunis  dans  une  même  espèce  ;  du  moins  c'est  le 
sentiment  de  Sonnini  et  de  Levaillant  pour  celui  des  Pliilip- 
pines  ;  mais  le  coucou  à'Antigues  est  bien  certainement  une 
espèce  particulière  comme  l'a  prouvé -Sonnini. 

Le  TouLOU  proprement  dit,  Corydonix  tolu,  Vieill. ,  Cu- 
culus  tolu,  Lath.  ;  pi.  enl.  de  Buff. ,  n.?  sgS,  fig.  i.  Cet  oi- 
seau a  quatorze  pouces  et  plus  de  longueur  ;  tout  le  plu- 
mage d'un  noir  lustré,  excepté  les  ailes,  qui  sont  d'un 
marron  pourpré;  le  bec  et  les  pieds  noirs;  les  plumes 
roides  et  dures  comme  dans  le  houhou.  Des  toulous  dont  parle 
Monlbeillard  ,  les  uns  ont  plusieurs  parties  du  corps  variées 
de  taches  d'un  roux  clair;  sur  d'autres,  l'olivâtre  remplace 
le  noir,  et  est  semé  de  traits  blanchâtres  qui  s'étendent 
le  long  des  plumes.  Il  résulte  de  quelques  observations  faites 
par  IVlauduyt,  que  l'oiseau,  dans  son  état  parfait,  est  le 
premier  décrit ,  et  que  les  autres  sont  des  jeunes  plus  ou 
moins  avancés  dans  leur  mue.  On  les  trouve  à  Madagascar. 

Le  ToULOU  FAISAN  ,  Corydonix  phasiaiius^  Vieill.  ;  Cuculus 
phasianus,  Lath.;  Polophilus  phasianus  ,  Leach ,  pi.  3o  du 
Sufjpl.  to  the  gêner.  Synopsis.  Les  Anglais  habltans  de  la  Nou- 
velle-Galles du  Sud  ont  appliquéàcet  oiseau  la  dénomination 
Ae  faisan  ,  d'après  ses  couleurs  et  leur  distribution  sur  le  dos  , 
les  ailes  et  la  queue.  Cette  très-jolie  espèce  a  de  quinze  à 
dix-sept  pouces  de  longueur;  le  bec,  la  tête,  le  cou, d'un  beau 
noir  qui  est  sur  le  dos  et  les  ailes  varié  de  roux  ,  de  jaune  et 
de  brun  ;  ces  mêmes  couleurs  forment  des  bandes  trans- 
versales sur  les  longues  pennes  de  la  queue  ;  les  pieds  sont 
d'un  noir  foncé. 

Le  TouLOU  GÉAT^T  ,  Corydonix  giganteus ,  "Vieill.,  pi,  223 
des  oiseaux  d'Afrique  de  Levaillant,  sous  la  dénomination 
de  Coucal géant.  Cet  oiseau  de  la  Nouvelle-Zélande  a  vingt- 
trois  pouces  de  longueur  totale;  les  plumes  des  parties  supé- 
rieures sont  d'un  brun  roux  légèrement  olivacé ,  avec  un  iraiî 


296  T  0  U 

d'un  blanc  roussâtre  sur  leur  milieu ,  et  des  bandes  transver- 
sales d'un  brun  noir;  l'extérieur  des  pennes  alaires  est  rayé 
en  travers  et  alternativement  de  roux  brun  et  de  rouxjau- 
ïjâtre  ;  la  queue  a  des  bandelettes  roussâtres  sur  un  fond 
brun  noir,  et  son  extrémité  d'un  blanc  sale;  la  gorge,  le 
devant  du  cou  et  la  poitrine  sont  variés  de  fauve  clair  et  de 
brun  ;  les  parties  postérieures  d'un  fauve  clair  traversé  par  des 
bandes  noirâtres;  les  pieds  sont  de  cette  couleur  et  le  bec  est* 
brun. 

Le  ToULOU  HOUHOU  ,  Curydonîx  œgypiius^  Vieill,  ;  Cucii- 
lus  œ^^yptius  ci  senegalensîs ,  halh.  Houhou  esl  le  nom  que  les 
Arabes  donnent  à  cet  oiseau ,  d'après  son  cri.  Ils  l'écrivent 
heut  heut.  Une  fois  appariés  ,  le  mâle  et  la  femelle  se  quittent 
rarement  ;  ils  se  nourrissent  principalement  de  sauterelles  , 
et  mangent  aussi  les  grillons  et  les  criquets  ;  ils  volent  mal, 
ne  peuvent  s'élever  ni  même  traverser  un  espace  de  quelque 
étepdue  ;  si  dans  Tintervaile  ils  ne  rencontrent  pas  un  arbris- 
seau pour  se  poser,  ils  sont  bientôt  obligés  de  se  laisser,  pour 
ainsi  dire  ,  tomber  à  terre.  Ces  toulous  ne  sont  pas  farouches 
et  se  laissent  approcher  de  très-près;  ils  ne  craignent  pas  le 
Toisinage  de  l'homme  ;  modestes  par  leur  plumage  ,  dit  Son- 
nini ,  à  qui  nous  sommes  redevables  de  tous  ces  détails , 
par  le  ton  grave  de  leur  voix  ,  par  la  douceur  de  leurs  habi- 
tudes ,  ils  s'occupent  à  rendre  aux  hommes  des  services 
imporlans  ,  en  faisant  continuellement  la  guerre  aux  in- 
sectes dévastateurs  des  moissons.  Il  y  a  peu  de  dissem- 
blance entre  le  mâle  et  la  femelle,  mais  leurs  plumes  pré- 
sentent deux  caractères  singuliers  :  celles  de  la  tête  et  du  cou 
sont  épaisses  et  dures,  tandis  que  sur  le  ventre  et  le  croupion 
elles  sont  douces  et  effilées.  La  tête  et  le  dessus  du  corps  sont 
d'un  vert  obscur  à  reflets  d'acier  poli  ;  les  couvertures  supé- 
rieures des  ailes  d'un  roux  verdâlre;  les  pennes  rousses  et 
terminées  de  vert  luisant.  Cette  dernière  couleur  couvre  en- 
tièrement les  trois  dernières  pennes,  et  est  mêlée  avec  le  roux 
sur  quelques-unes  des  précédentes;  le  dos  est  brun  avec  des 
reflets  verdâtres  ;  le  croupion  et  les  couvertures  supérieures 
de  la  queue  sont  bruns  ,  et  les  pennes, d'un  vert  luisant  avec 
des  reflets  d'acier  poli  ;  tout  le  dessous  du  corps  est  d'un 
blanc  roussâlre  ,  plus  clair  sur  le  ventre  que  sur  les  flancs; 
rir'"s  d'un  rouge  vif;  le  bec  noir  ;  les  pieds  sont  noirâtres. 
Longueur  totale ,  de  quatorze  pouces  et  demi  à  seize  pouces  ; 
queue  étagée  ,  longue  ,  large  ,  légèrement  découpée  à  sa 
pointe. 

On  trouve  aussi  cette  espèce  au  Sénégal,  et  elle  est  décrite 
dans  Buffon  gous  le  nom  de  coxicou  nifalbin^  pi.  enl.  n.S  332, 


T  O  U  297 

Le  ToULOU  Latham,  Corydonix  Laihami^  Vieil.;  poIopMus 
Lathami  ^  Leach  ,  Mise.  Zool. ,  lome  1",  page  127,  pi.  56. 
M.  Leach,  qui,  le  premier,  a  décrit  cet  oiseau,  n'indique 

fias  le  pays  qu'il  habite.  Il  a  la  tête,  le  cou,  la  gorge, 
c  devant  du  cou  ,  la  poitrine  ,  l'abdomen  et  les  plumes 
des  jambes,noirs,  avec  du  blanchâtre  répandu  çà  et  là;  le  doss 
et  les  ailes  roussâires  ;  les  rectrices  avec  des  bandelettes 
d'une  couleur  obscure ,  les  rémiges  tachetées  distinctement 
de  hoir ,  la  queue  de  cette  dernière  couleur ,  traversée  par 
des  lignes  blanchâtres  et  un  peu  interrompues. 

Le  ToULOU  NÈGRE,  Coryclonix  nigenimus  ^  Vieill.  ;  pi.  222 
des  Oiseaux  d'Afrique  de  Levaillant,  sous  le  nom  de  coiicaî 
nègre.  Cet  oiseau ,  de  la  grosseur  de  la  grive  draine ,  a  le  bec  , 
les  pieds  et  tout  le  plumage  d'un  noir  mat.  La  femelle  diffère 
du  mâle  en  ce  qu'elle  est  plus  petite,  et  que  la  couleur 
noire  du  ventre  est  rembrunie.  On  le  trouve  dans  le  pays 
des  Cafres.  11  jette  un  cri  qui  exprime  les  syllabes  coo-ro,  et 
qu'il  répète  jusqu'à  dix  fois  de  suite  sans  changer  de  ton. 
Celui  de  la  femelle  ressemble  au  cri  de  notre  cresserelle  : 
cri  ,  cri  ,  cri ,  cri. 

Le  TouLOU  DES  Philippines,  Coiydonix pyrropterus^  Vieill,; 
Cuciihts  œgyptiiis  ,  Var.  ,  A.  ,  Lath. ,  pi.  enl.  de  Buffon  , 
ïi."  324,  sous  le  nom  de  coucou  des  Philippines.  Monlbeillard  a 
cru  reconnoître  dans  cet  oiseau  le  mâle  de  l'espèce  du  ioulou 
Jiouhou^  ou  du  moins  une  variété;  mais  ce  n'est  ni  l'un  ni 
l'autre  ,  dit  Sonnini,  qui  a  vu  en  Egypte  le  houhou,  et  qui 
caractérise  le  mâle.  Au  reste  ,  l'individu  de  cet  article  lui 
ressemble  beaucoup  ,  car  il  a  la  même  taille  ,  les  mêmes  di- 
mensions relatives  ,  le  même  éperon  d'alouette  ;  la  même 
queue  étagée  ,  seulement  ses  couleurs  sont  plus  sombres, 
car,  à  l'exception  de  ses  ailes  qui  sont  rousses  comme  dans  le 
houhou,  tout  le  reste  de  son  piuma^ge  est  d'un  noir  lustré. 

Le  TouLOU  NOiROU  ,  Coiydonix  bicolor.,  Vieill.,  pi.  2ao 
des  oiseaux  d'Afrique  sous  le  nom  de  coucal  noirou.  Cet  oiseau 
est  totalement  noir ,  à  l'exception  des  couvertures  supérieures 
des  ailes  qui  sont  en  partie  rousses  ,  et  des  grandes  pennes 
qui  sont  entièrement  de  celte  couleur.  La  femelle  diffère  di» 
mâle  en  ce  qu'elle  est  d'un  noir  rembruni  sur  tout  le  devant 
du  corps  ;  le  bec  et  les  pieds  sont  noirs  ainsi  que  l'éperon, 
chez  l'un  et  l'autre,  et  celui  du  mâle  a  plus  de  deux  pouces 
de  longueur. 

LeTouLOU  ROUGEATRE  ET  TACHETÉ,  Coiydonix  maculatus , 
Vieill.;  Cuculus  bengalensis ,  Lath.,  nouv.  Illustr.  de  ZooL, 
Brown,  fig.  n.*^  i  ,  pi.  i3.  La  taille  de  cet  oiseau  est  un  peu 
au-dessus  de  celle  de  l'alouette;  la  tête  ,  le  cou,  le  dos  et  les 


agS  T  O  U 

couvertures  des  ailes  sont  ferrugineux  et  marqués  de  courtes 
lignes  blanches  bordées  de  noir;  le  ventre  est  bran  jaunâfre  ; 
les  deux  premières  pennes  de  l'aile  sont  d'un  brun  rougeàtre  ; 
les  autres  barrées  de  noir;  la  queue  est  très-longue  et  cunéi- 
forme ;  les  pennes  latérales  sont  noirâtres  et  terminées  de 
brun ,  les  autres  ont  des  raies  transversales  noires  et  quel- 
ques-unes brunes  ;  les  pieds  et  le  bec  sont  noirâtres.  On  le 
trouve  au  Bengale. 

Le  TouLou  RUFIN,  Corydonix  rufinus  ,  Vieill:,  pi.  22 1  des 
Oiseaux  d'Afrique  de  Levalliant,  sous  le  nom  de  coucal  rufin. 
Il  a  les  plumes  des  parties  supérieures  d'un  roux  brunâtre ,  et 
rayées  longitudinalement  d'un  roux  clair  sur  leur  milieu  ; 
les  ailes,  d'un  roux  vif;  les  pennes  secondaires,traversées  par 
des  bandelettes  d'un  roux  brunâtre  ;  les  parties  inférieures  d'un 
roux  lavé  avec  du  blanc  sale  sur  le  milieu  de  la  plume;  le  bas- 
ventre  et  les  couvertures  inférieures  de  la  queue  d'un  blanc 
sale  avec  des  lignes  transversales  d'une  teinie  sombre  ;  la 
queue,  d'un  roux  clair  ,  avec  des  lignes  brunes  transverses 
sur  ses  deux  pennes  intermédiaires  et  sur  le  bord  extérieur 
des  latérales  ;  le  bec  et  les  pieds  sont  jaunâtres. 

Le  ToULOU  VARIÉ  ,  Corydonix  varie^atus ,  Vieill.  ;  Folo- 
philus  variegatiis ,  Leach ,  Mise.  Zool. ,  tome  i.^^,  P^ge 
1 16,  pi.  4-  La  longueur  totale  de  cet  oiseau,  que  l'on  trouve 
à  la  Nouvelle-Hollande  ,  est  de  vingt  et  un  pouces,  dont  la 
queue  en  tient  douze;  le  bec  et  les  pieds' sont  rougeâtres: 
les  plumes  de  la  tête ,  du  cou ,  du  menton  ,  de  la  gorge 
et  des  parties  postérieures ,  ont  leur  tige  blanche  ,  très- 
roide  ,  comme  usée  à  la  pointe ,  et  dépassant  de  peu  les 
barbes  qui  sont  d'un  roussâtre  un  peu  rembruni  ;  les  couver- 
tures supérieures  des  ailes  ont  d'abord  des  raies  transverses 
noires  sur  un  fond  roussâtre,  et  ensuite  des  taches  assez  larges 
d'un  beau  roux  entouré  de  noir  ;  les  pennes  secondaires 
portent  en  travers  des  raies  noirâtres ,  d'un  roux  très-clair  et 
d'un  roux  orangé;  des  taches  des  mêmes  couleurs  et  bordées 
de  noir,  se  trouvent  en  très-grand  nombre  sur  les  pennes 
primaires ,  qui  ont  de  plus ,  vers  leur  extrémité ,  des  raies 
transversales  noires,  sur  un  fond  noirâtre  ;  toutes  les  pennes 
alaires  sont  rousses  en  dessous  et  rayées  transi^ersalement  de 
noirâtre;  la  queue,  qui  est  très-étagéc,  et  ses  couvertures 
supérieures,  ont  des  raies  transversales  et  rousses;  les  plumes 
du  dos  et  du  croupion  sont  noires  et  semblables  à  du  duvet; 
le  ventre  est  roussâtre  et  rayé  en  travers  de  noirâtre  ;  la 
forme  de  la  tige  des  plumes,  dont  il  a  été  question  ci-dessus, 
est  commune  A  presque  tous  les  toulous  que  j'ai  vus  en  na- 
ture. De  la  collection  de  M.  Bâillon. 


T  O  TT  .99 

Le  TouLOU  A  VENTRE  BLANC ,  Corydonîx  leucogaster^WtWX.  ; 
Polophilus  leurogaster  ^  Mise.  Zool. ,  t.  i."  ,  p.  117  ,  pi.  5a. 
Cel  oiseau  a  les  plumes  de  la  tête ,  du  cou ,  de  la  gorge ,  da 
devant  du  cou  et  de  la  poitrine  ,  noires  et  marquées  de  blan- 
châtre sur  leur  tige;  les  pennes  des  ailes  traversées  par  des 
bandes  alternativement  blanches  et  noires;  les  plumes  des 
jambes,  jaunes  ;  la  queue  noire  et>  traversée  par  des  lignes 
blanchâtres.  C'est  M.  Léach  qui,  le  premier,  a  fait  connoître 
cette  espèce  que  Ton  trouve  dans  l'Australasie. 

Le  TouLOu  VERT  d' Antique  ,  Corydonîx  vîridis^  Vieil!.; 
Cuculus  œgyptiiis ,  Var.  B.  Lath.  ;  pi.  90  du  Voyage  à  la  Mou- 
veJle-Guinée,  de  Sonnerat,  sous  le  nom  de  coucou  vert  d' An- 
tigue.  Cet  oiseau, que  ce  naturaliste  voyageur  a  fait  connoître, 
est  rapporté  parMontbeillard  comme  variété  au /ou/ou^om/îo//. 
Il  a  la  tète,  le  cou,  la  poitrine  et  le  ventre,  d'un  vert  obscur 
tirant  sur  le  noir;  les  ailes  d'un  rouge  brun  foncé;  l'ongle  du 
doigt  postérieur  interne  plus  délié  que  celui  du  toulou  houhou. 
Toîjtes  ses  plumes  généralement  sont  dures  et  roides  ;  les 
barbes  en  sont  effilées,  et  chacune  est  un  nouveau  tuyau  qui 
porte  d'autres  barbes  plus  courtes.  Cet  attribut  ne  lui  est  pas 
particulier  ,  car  j'ai  vu  un  houhou  du  Sénégal  qui  avoit  des 
plumes  pareilles:  mais  le  toulou  vert  en  diffère  en  ce  que  la 
figure  citée  ci- dessus  le  représente  avec  une  queue  qui  n'est 
point  élagée  ;  de  plus  ,  Sonnini  ,  qui  connoît  très-bien  le 
houhou,  nous  dit  que  le  loulou  de  cet  article  est,  à  coup 
sûr,  d'une  autre  espèce,  (v.) 

TOULOU-GOUALA.  Arbuste  odorant,  de  Madagas- 
car, don)  le  nom  botanique  ne  m  est  pas  connu,  (b.) 

T' >U.M  TOM.  Nom  arabe  de  TAil  cultivé  gallium  sati- 
mm  ,  L.  ).  (,LN.) 

ÏOU>JANA.  Norn  tartare  de  la  Chouette  harfang, 

(V.) 
TOTTN.  r.  Thon,  (desm.) 
TOUiN\.   C'est,  à  Nice,  selon  M.  Risso,  le  nom  du 

SC0Mj.be  COMMERSONNIEN.  (DESM.) 

TOUS  A  TE  ,  ounafea.  Genre  de  plantes  établi  par  Au- 
blet  ,  et  depuis  réuni  aux  PossiRES  et  aux  Swartzies.  (b.) 

Ti)lINER.  Nom  de  I'If,  dans  les  montagnes  du  nord 
de  rinù*^.  (b.) 

T  >UNIN.  V.  l'arlicle  Dauphfn.  (desm.) 

TOUNZI.  Nom  que  porte  ,  à  Malimbe,  dans  le  royaumm 
de  Congo  et  Cacongo,  un  petit  Martin-PÈcheur.  Voy.  d^ 
mot.  vV.)  ^P 

T()UONGIEP.Nom  donné,  à  la  Chine,  âu phyliodes 
placentaire  de  Loureiro.  V.  La-deaong  et  Phryne.  (ln.) 


3oo  T  O  II 

TOUPAT  CAODDE.  Arbre  de  Ceylan  ,  à  feuilles  com- 
posées de  trois  folioles ,  et  qu'on  dit  fournir  une  sorte  de 
CaiSNELle.  Le  £»enre  de  cet  arbre  n'est  pas  connu,  (b.) 

TOUPATINA ,  de  Pison.  C'est ,  selon  Sonnini  ,  le  sa- 
rigue à  longs  poils  de  Buffon  ,  ou  notre  Didelphe  a  oreilles 

BICOLORES.  (DESM.) 

TOUPEIRA.  Nom  portugais  de  la  Taupe,  (dfsm.) 

*  TOUPET  BLEU  Emberyza  cyanopîs ,  Lath.  ;  pi.  7 , 
fig.4-  de  1  Ornithologie  de  Brisson  ,  sous  le  nom  de  verdier  de 
Jaoa.  Cet  oiseau  a  la  partie  antérieure  de  la  tête  et  la  gorge 
bleues;  le  devant  du  cou  d'un  bleu  plus  foible  ;  le  milieu  du 
ventre  rouge  ;  la  poitrine  ,  les  flancs,  le  bas-ventre  ,  les  jam- 
bes, les  couvertures  inférieures  de  la  queue  et  des  ailes  ,  d'un 
beau  roux;  le  dessus  de  la  tête  et  du  cou,  la  partie  anté- 
rieure du  dos  et  les  couvertures  supérieures  des  ailes,  verts; 
le  bas  du  dos  et  le  croupion, d'un  roux  éclatant  ;  les  couver- 
tures supérieures  de  la  queue ,  rouges  ;  les  pennes  de  l'aile  , 
brunes  et  bordées  de  vert  ;  celles  de  la  queue  pareilles ,  ex- 
cepté les  intermédiaires,  qui  le  sont  de  rouge;  le  bec  cou- 
leur de  plomb  ;  les  pieds  gris  ,  et  la  taille  un  peu  inférieure 
à  celle  AyxfriqueL  Longueur  totale,quatre  pouces.  On  le  trouve 
à  l'île  de  Java,  (v.) 

TOUPET  A  POINTE.  Nom  d'une  phalène  de  Linnseus , 
ph.  rostralis.  (desm.) 

TOUPIAL.  Le  Sceau  de  Salomon  porte  ce  nom  aux 
environs  de  Boulogne.  V.  Muguet,  (b.) 

TOUPIE,  Trochus.  Genre  de  testacés  de  la  classe  des 
Univalves,  dont  le  caractère  présente  une  coquille  uni- 
valve,  conique,  à  ouverture  presque  toujours  quadrangulaire, 
aplatie  transversalement ,  et  à  columelle  oblique. 

Les  coquilles  de  ce  genre  ont  été  ainsi  nommées  par  Ron- 
delet à  raison  de  leur  forme  ,  en  effet  assez  semblable  à  une 
toupie  ,  c'est-à-dire  conique.  Elles  varient  dans  leur  hauteur 
et  dans  le  diamètre  de  leur  base  ,  attendu  qu'elles  ont  depuis 
cinq  jusqu'à  quatorze  et  peut-être  plus,  de  tours  de  spire. 
Ces  spires  sont  tantôt  renflées,  taniôt  aplaties  ,  tantôt  bour- 
relées à  un  de  leurs  bords,  tantôt  striées  ,  rudes  au  loucher, 
plissées  ,  granuleuses  ,  et  même  épineuses,  rarement  unies. 
La  ligne  de  leur  réunion  est  quelquefois  simple,  d'autres  fois 

4ndulée  et  festonnée. 
iLa  base  des  toupies  esJt  convexe  dans  quelques  espèces , 
oncave  dans  d'autres  ,  et  plate  dans  le  plus  grand  nombre. 
Leur  contour  se  présente  aussi  sous  un  grand  nombre  d'as- 
pects. 11  forme  un  talus  dans  beaucoup  d'cspècesi  Ce  talus 


T  O  U  3ot 

est  ou  arrondi ,  ou  aigu,  ou  garni  de  tubercules  de  différen- 
tes formes. 

La  columelle  est  torse  ,  pleine  ou  ombiliquée  ;  la  portion 
cxiérieure  est  plus  ou  moins  prolongée  ;  elle  varie  dans  sa 
forme  et  non  dans  sa  direction  ,  qui  est  toujours  oblique. 

L'ouverture  est  également  toujours  oblique ,  et  presque 
parallèle  àla  base.  Elle  est  plus  ou  moins  comprimée,  trian- 
gulaire ou  parallélogrammique.  Le  bord  de  la  lèvre  est  ordi- 
nairement mince  et  tranchant ,  quelquefois  lisse,  quelquefois 
tuberculeux  ,  et  quelquefois  on  voit  un  coude  à  sa  partie  an- 
térieure, d^aulres  fois  une  échancruro  assez  profonde,  ou  des 
sillons  simples  ou  cannelés. 

Les  opercules  cartilagineux  sont  plus  nombreux  dans  ce 
genre,  que  les  pierreux.  Les  premiers  sont  minces,  flexibles, 
demi-transparens,  luisans,  constamu-ent  ronds  ,  quelle  que 
soit  la  forme  de  Touverture  ;  ils  sont  aussi  souvent  striés  en 
rond  et  toujours  concaves  extérieurement.  Les  seconds  sont 
convexes  extérieurement ,  fort  épais,  tantôt  lisses,  tantôt  tu- 
berculeux, et  quelquefois  leur  circonférence  est  bordée  d'un 
bourrelet. 

Ce  genre  présente  une  singularité  digne  de  remarque  : 
c'est  la  faculté  que  possèdent  quelques  espèces  ,  appelées 
fripières  par  les  naturalistes  français,  d'attacher  à  leur  co- 
quille des  corps  étrangers,  tels  que  des  cailloux,  des  fragmens 
d'autres  coquilles  ,  des  madrépores  ,  etc. ,  suivant  le  lieu 
qu'elles  habitent.  Cette  robe  d'emprunt  tombe  assez  facile- 
ment, et  on  voit  souvent,  dans  les  cabinets,  des  coquilles  qui 
n'en  conservent  plus  que  la  marque. 

Le  test  des  toupies  est  en  général  épais  ,  solide ,  et  paré 
de  couleurs  brillantes  de  toutes  les  nuances  :  la  plupart  l'ent 
nacré  en  dedans.  On  en  trouve  souvent  de  fossiles. 

L'animal  des  toupies  a  une  tête  obtuse  ,  armée  de  chaque 
côté  d'une  corne ,  à  la  base  extérieure  de  laquelle  est  im- 
planté un  œil.  Le  col  est  fort  long.  On  voit ,  à  sa  partie  supé- 
rieure ,  une  petite  languette  charnue,  ondée  et  ferme  ,  qui 
paroit  sortir  du  manteau  ,  et  qu'Adanson  soupçonne  être  un 
dard  vénérien ,  comme  dans  l'escargot. 

Le  pied  est  allongé,  aplati  en  dessous,  convexe  en  dessus, 
et  porte  une  bordure  assez  large,  composée  de  petits  points 
chagrinés  ;  l'opercule  est  placé  au  côté  postérieur  ou  supé- 
rieur. 

Cet  animal  a,  par  la  configuration  de  sa  coquille  et  la 
grandeur  de  son  pied  ,  la  propriété  de  ne  jamais  verser ,  lors 
même  qu'il  rampe  dans  les  endroits  difficiles. 

On  mange  les  toupies  lorsqu'elles  sont  assez  grosses  pour 


3oa  T   O   U 

en  mériter  la  peine.  La  plas  recherchée  sur  les  côies  de 
France  est  appelée  la  sorcière. 

Quelques  auteurs  ont  confondu  les  toupies  avec  les  sabots  ; 
d'autres,  tels  qu'Adanson,  ont  appelé  toupies  les  sabots.  Il 
est  difficile  de  fournir  les  moyens  de  reconnoître  ces  con- 
fusions, sans  avoir  les  objets  sous  les  yeux.         %, 

Dargenville  et  Favanne  ont  placé  les  toupies  dans  la  fa- 
mille des  limaçons,sous  la  dénomination  de  limaçons  à  bouçh: 
aplatie. 

Lamarck  a  divisé  ce  genre  en  quatre  autres ,  savoir  :  Tou- 
pie, Cadran,  Monodonte  et  Pyramidelle  :  genres  aux- 
quels Denys-de-Montfort  a  ajouté  ceux  Frfppier,  Empereur 
et  Cantharide. 

Linnseus  en  a  formé  trois  sections  qui  renfermoient,  dans 
la  dernière  édition  du  Systema  Naiurœ  donnée  par  Gmelin  , 
cent  vingt-quatre  espèces ,  dont  les  plus  communes  ou  les 
plus  remarquables  sont ,  savoir  : 

1.°  Parmi  les  toupies  ombiliqué^.s  et  droites  : 

La  Toupie  nilotique  ,  qui  est  conique  ,  un  peu  oiriblli- 
quée.  On  la  trouve  dans  la  mer  des  Indes. 

La  Toupie  escalier,  qui  est  convexe,  obtusément  mar- 
ginée  ,  et  dont  Tombilic  est  petit  et  crénelé.  On  la  trouve 
dans  la  mer  du  Sud. 

La  Toupie  sorcière  ,  Trochus  magus  ,  est  convexe  ,  obli- 
quement ombiliquée,  et  a  les  tours  de  la  spire  obtusément 
noduleux.  V.  pi.  R. ,  où  elle  est  figurée.  Elle  se  trouve  sur  les 
côtes  de  France  ,  et  se  mange. 

La  Toupie  solaire  est  conique ,  convexe ,  a  les  tours  de 
spire  radiés  par  de  larges  épines.  Elle  se  trouve  dans  les  mers 
des  Indes  et  de  l'Amérique. 

La  Toupie  lomier,  Trochus  afer ,  est  convexe  ,  grise,  ta- 
chée de  blanc ,  et  a  les  tours  de  spire  aplatis.  Elle  se  trouve 
sur  les  côtes  d'Afrique. 

La  Toupie  de  Schroeter  est  pyramidale  ,  aplatie  ;  a  la 
base  concave  ,  les  tours  de  spire  striés  transversalement 
avec  des  côtes  obliques  ;  le  premier  tour ,  caréné  en  ses 
bords  ,  et  l'ombilic  en  entonnoir.  Elle  se  trouve  à  Cour- 
tagnon, 

2.''  Parmi  les  toupies  imperforées  : 

La  Toupie  vestiaire  ,  qui  est  conique  ,  convexe ,  dont  la 
base  est  bossue,  avec  des  callosités,  et  l'ouverture  presque  en 
cœur.  Elle  se  trouve  dans  la  Méditerranée. 

La  Toupie  ret AN,  qui  est  ovale,  presque  striée  ,  dont 
la  columclle  a  une  dent.  V.  pi.  R.  a  ,  où  elle  est  figurée  elle 
se  trouve  sur  les  côtés  d'Afrique. 


T  O  U  3o5 

La  Toupie  trufe,  qui  est  un  peu  aplatie ,  dont  les  tours 
de  spire  sont  presque  carénés ,  avec  des  nœuds  à  leur  bord 
inférieur  et  supérieur.  Elle  se  trouve  dans  la  Méditerra- 
née. 

La  Toupie  ossilin  ,  Trochus  tesselaius  ,  est  conique  ,  con- 
vexe ,  striée  transversalement,  variée  par  des  séries  de  taches 
quadrangulaires  ;  a  Touverlure  large  ,  presque  comprimée ,  la 
lèvre  tachée  de  noir ,  la  columelle  blanche ,  dentiforme.  V. 
pi.  R.  2  ,  où  elle  est  figurée.  Elle  se  trouve  dans  la  Méditer- 
ranée. 

3.**  Parmi  les  toupies  turriculées  : 

La  Toupie  kachin,  Trochus  pantherinus ^  qui  est  convexe  ' 
blanche  ,  maculée  de  vert ,  de  brun ,  de  fauve,  dont  les  tours 
de  la  spire  ont  deux  rangs  de  tubercules  ;  le  second  tour  plissé 
et  caréné.  Elle  se  trouve  sur  les  cotes  d'Afrique. 

La  plupart  des  espèces  de  cette  division  ont  été  placées  par 
Bruguière  dans  son  genre  Cérite.  (b.) 

TOUPIOTE.  Le  Muguet  polygonate  porte  ce  nom 
dans  quelques  lieux,  (b.) 

TOUR  DE  BABEL  ou  de  BABYLONE.  C'est  le 
Pleurotome  de  Lamarck.  (b.) 

TOUR  DE  COPENHAGUE.  Coquille  du  genre  Buc- 
cin ,  le  buccinum  spiratum  de   LInnœus.  (b.) 

TOURACO  ,  Opaethus  ,  Vieill.  Genre  de  l'ordre  des 
oiseaux  Sylvains  ,  de  la  tribu  des  Zygodactyles  et  de  l.i 
famille  des  Frugivores.  V.  ces  mots.  Caractères  :  bec  plus 
court  que  la  tête  ,  garni  à  sa  base  de  plumes  effilées  et  diri- 
gées en  avant,  convexe  en  dessus,  un  peu  arqué,  comprimé 
latéralement  ,  dentelé  de  son  milieu  à  sa  pointe  ;  narines 
orbiculaires  ,  et  en  grande  partie  cachées  sous  les  plumes  du 
capistrum  ;  langue  cartilagineuse  ,  plate  ,  pointue  ;  bouche 
fendue  jusque  sous  les  yeux  ;  paupières  caronculées  ;  ailes 
courtes  à  penne  bAtarde  courte  ;  les  troisième  et  quatrième 
rémiges  les  plus  longues  de  toutes;dix  rectrices  ;  quatre  doigts 
robustes,  deux  devant,  deux  derrière,  les  antérieurs  réunis  à 
leur  base  par  une  membrane  ;  l'externe  aussi  souvent  dirigé 
en  avant  qu'en  arrière  ;  ongles  aigus  et  forts  ;  dix  rectrices. 

Les  touracos  or\i  de  grands  rapports  avec  les  musophages  ; 
aussi  M.  Levaillant  les  a  réunis  dans  le  même  groupe  ,  et 
sous  la  même  dénomination  générique.  Cependant,  quoique 
les  uns  et  les  autres  aient  plusieurs  caractères  communs  ,  on 
en  remarque  d'autres  qui  leur  sont  particuliers.  En  effet ,  les 
musophages  diffèrent  des  touracus  en  ce  qu'ils  ont  le  bec  plus 
épais  ,  glabre,  et  un  peu  triangulaire  à  sa  base  ,  caréné  en 
dessus  ,  et  seulement  incliné  à  sa  pointe  ;  les  narines  totale- 


3o4  T  0  II 

ment  découvertes  ,  tandis  que  le  bec  des  touracos  est  garni  â 
son  origine  de  plumes  dirigées  en  avant ,  couvrant  les  nari- 
nes ,  convexe  en  dessus ,  et  un  peu  arqué.  Il  y  a  encore  quel- 
ques disparités  dans  les  proportions  des  pennes  alaires. 
Néanmoins,  en  les  divisant  ainsi  que  je  l'ai  fait,  j'avoue  que 
les  musophages  de  ma  deuxième  section  se  rapprochent  telle- 
ment des  touracos,  qu'il  ne  se  trouve  qu'un  foible  intervalle 
entre  eux  ;  mais  l'on  n'auroit  pas  dû ,  comme  le  ditBuffon  , 
classer  les  touracos  dans  le  genre  des  coucous  ^  dont  ils  diffè- 
rent essentiellement  par  leur  bec  dentelé,  couvert  à  sa  basé 
de  plumes  dirigées  en  avant,  et  par  les  membranes  qui  réu- 
nissent leurs  doigts  antérieurs  à  la  base. 

On  ne  connoissoit  guère  que  l'extérieur  des  touracos  ,  en- 
core assez  imparfaitement  ,  avant  que  M.  Levaillant  eût 
publié  leur  histoire.  C'est  encore  à  cet  infatigable  ornitholo- 
giste que  nous  sommes  redevables  de  renseignemens  sur  leurs 
habitudes.  C'est  donc  d'après  lui  que  je  vais  entrer  dans 
quelques  détails  à  ce  sujet. Les  touracos,  dit-il,  volent  lour- 
dement ,  battent  beaucoup  des  ailes  ,  et  ne  font  pas  de 
grands  trsjets  ;  en  revanche  ,  ils  sont  d'une  agilité  surpre- 
nante à  sauter  de  branche  en  branche,  et  à  parcourir  toutes 
celles  des  plus  grands  arbres  ,  sans  pour  cela  déployer  les 
ailes.  Ils  ne  se  nourrissent  que  de  fruits  ,  fréquentent  les  fo- 
rêts, et  nichent  dans  de  grands  trous  d'arbres.  Le  mâle  et  la 
femelle  se  quittent  rarement  ;  ils  couvent  tous  deux  ,  et  les 
petits  suivent  long-temps  le  père  et  la  mère. 

*  Le  TouRACO  d'Abyssinie  porte  une  huppe  noirâtre  ,  ra- 
massée et  rabattue  en  arrière  et  en  flocons  ;  la  poitrine  et  le 
haut  du  dos  sont  d'un  vert  de  pré  ,  mais  avec  une  teinte 
d'olive  qui  vient  se  fondre  dans  un  brun  pourpré ,  rehaussé 
d'un  reflet  vert;  cette  même  couleur  teint  le  dos,  les  cou- 
vertures des  ailes,  les  pennes  les  plus  proches  du  corps  et 
celles  de  la  queue  ;  les  primaires  sont  d'un  rouge  cramoisi, 
avec  une  échancrure  de  noir  aux  petites  barbes  ,  vers  la 
pointe  ;  le  front,  la  gorge  et  le  tour  de  son  cou  sont  d'un 
vert  de  pré  ;  le  dessous  du  corps  est  gris  brun ,  foiblement 
nuancé  de  gris  clair.  Selon  Buffon  ,  cet  oiseau  est  le  coucou 
vert  huppé  de  Guinée,  décrit  dans  Brisson,  que  M.  Levaillant 
présente  comme  un  jeune  de  l'espèce  de  son  touraco  louri. 

Le  ÏOURACO-BuFFON,  Opœthus  Buffoni ,  Vieill. ,  pi.  17 
des  Touracos  an  Levaillant,  sous  la  dénomination  que  nous 
lui  avons  conservée.  Cet  oiseau  diffère  du  touraco  louri 
en  ce  que  sa  huppe  forme  une  touffe  relevée  en  houppe,  et 
s'incline  sur  le  derrière  ;  les  plumes  très  eftilées  qui  la  com- 
posent, n'ont  point  de  frange  blanche;  les  ailes  et  la  queue 


T  O  U  3o5 

sont  d'un  bcaubleu violacé;  lespremièrfespennesdc l'aile, d'iin 
rouge  franc;  la  huppe,  le  cou,  tout  le  dessous  du  corps  ,  le 
haut  du  dos  et  les  plumes  des  jambes  ,  d'un  vert  gai  ;  les 
plumes  du  poignet  de  Tailcdu  même  vert  ;  les  plus  proches 
prenant  toujours  un  peu  plus  de  bleu  à  mesure  qu'elles 
s'approchent  des  suivantes  qui  sont  du  même  bleu  que  le  reste 
des  pennes  alaires  ;  le  croupion  et  toutes  les  couvertures  de 
la  queue  sont  d'un  violet  bleuâtre  ;  une  tache  noire  est  au- 
dessous  de  l'œil,  mais  elle  est  blanche  par-devant;  les  pieds 
et  les  ongles  sont  noirs  ,  et  les  mandibules  d'un  rouge  carmin. 
M.  Levaillant  nous  assure  que  cet  oiseau  ne  se  trouve  pas  au 
Cap  de  lionne-Espérance  ,  comme  Ta  pensé  Buffon. 

Le  TOURACO  GEATST.    V.   MuSOPH AGE  GÉAIST, 

Le  TouRACO  DE  Guinée  ,  de  la  pi.  enl.  de  Buff.  ,  n.»  60. 

F.  TOURACQ  LOURI. 

Le  TouRACO  LOURI ,  OpoetJnts persa^  Vieill.  ;  Ciicidus  persa  , 
Lalh.  ;  pi.  R.  4  de  ce  Dictionnaire.  11  a  la  têle ,  le  cou ,  le 
haut  du  dos,  la  poitrine,  le  haut  du  ventre  ,  d'un  vert  pré  ; 
deux  traits  blancs  «le  petites  plumes  ou  poils  ras  et  soyeux, 
l'un  assez  court  à  l'angle  intérieur  de  l'œil,  l'autre  devanll'œil 
et  prolongé  en  arrière  à  l'angle  extérieur;  entre  ces  deux  traits 
il  en  est  un  autre  d'un  violet  foncé;  les  yeux  sont  entourés  d'une 
membrane  rouge  et  couverte  de  papilles;  les  paupières  bor- 
dées de  la  même  teinte  qui  est  celle  des  yeux;  la  huppe,  qui 
orne  la  tête  ,  est  composée  de  plumas  très-longues  ,  un  peu 
effilées  ,  fort  douces  au  toucher  ,  terminées  de  blanc  ,  et  se 
prolongeant  de  devant  en  arrière.  Cette  huppe  a  ,  selon 
Mauduyt  ,  dans  sa  disposition  ,  quelques  rapports  avec  celle 
du  cuq  déroche;  elle  est  composée  de  même  de  deux  plans 
latéraux  ,  mais  elle  est  moins  régulière.  Ses  plumes  re- 
montent en  l'air  de  chaque  côté  ,  s'appliquent  à  plat  les 
unes  contre  les  autres  ,  et  se  réunissent  ensuite  à  leur 
sommet  pour  fonner  une  huppe  tranchante  ou  en  crête, 
seulement  épanouie  sur  le  derrière  ,  et  imitant  une  sorte 
de  casque  antique  orné  de  son  panache  (^Levaillant').  Les 
plumes  scapulaiies  ,  les  grandes  couvertures  des  ailes  et  le 
bas  du  dos,  sont  d'un  vert  foncé  brillant,  à  reflets  d'un 
violet  très  -  foncé ,  et  légèrement  dorés  ;  le  croupion  est 
d'un  vert  noirâtre  ,  les  couvertures  du  dessus  de  la  queue 
sont  d'un  vert  sombre  foncé  ;  les  plumes  du  dessous  du 
bas-ventre  et  des  jambes,  noirâtres,  effilées,  et  sembla-* 
blés  à  du  duvet;  les  grandes  pennes  des  ailes,  d'im  rouge 
foncé  et  chatoyant  en  dessous,  d'un  rouge  éclatant"  du 
côté  interne  ,  d'un  brun  noirâtre,  en  dehors  ;  les  moyennes, 
rouges  dessus  et  dessous  ,  et  bordées  de  brun  à  t'éxfiâ^îeùr' 


5û6  1'  0    U 

Celle  couleur  occupe  d'aulant  moins  de  place  que  les  plumes 
sont  plus  près  du  corps;loutes  les  pennes  sonl  rouges  ,  termi- 
nées de  brun;  celles  de  la  queue,  larges, un  peu  étagées,d'un 
vert  noirâtre  en  dessous  ,  d'un  vert  foncé  en  dessus,  qui 
s'obscurcit  graduellement  vers  le  bout;  le  bec,  blanchâtre;  les 
pieds  sont  noirâtres  et  les  ongles  noirs.  La  femelle  ne  diffère  du 
mâle  que  par  une  taille  un  peu  inférieure  et  par  des  couleurs 
un  peu  moins  vives.  Le  jeune  a  des  couleurs  encore  plus 
ternes  que  la  femelle  ;  le  bec  brun;  la  huppe,  frangée  de  roux 
au  lieu  de  blanc  ;  le  rouge  des  grandes  pennes  des  ailes, 
n'est  pas  aussi  vif  ni  aussi  étendu  que  chez  les  vieux. 

Levaillant  a  rencontré  ce  touraco  au  Cap  de  Bonne- 
Espérance  ,  dans  les  grandes  forêts  de  la  côte  de  l'Est  ,  à 
l'entrée  du  pays  d'Auteniquois.  Il  est,  dit-Il  ,  d'un  naturel 
peu  farouche  et  si  curieux  ,  qu'il  vient  de  lui-même  près  de 
l'homme  ou  d'un  animal  qu'il  aperçoit ,  et  qu'il  suit  même 
d'arbre  en  arbre,  en  faisant  entendre  son  cri  de  plaisir  qu'on 
imile  parfaitement  par  la  syllabe  cor^  prononcée  longuement 
du  gosier  en  la  tremblotant ,  par  le  moyen  de  la  langue  qu'on 
fait  vibrer,et  traînant  beaucoup  surl'r.  Son  cri  d'appel  se  rend 
très-bien  par  le  mot  cnrouœ,  prononcé  huit  à  dix  fois  de  suite 
du  fonddu  gosier  et  en  grasseyant.  Enfin,  son  cri  d'alarme  est 
formé  de  plusieurs  sons  bruyans  ,  qui  ressemblent  à  des  sons 
précipités  de  trompettes  guerrières.  Celte  espèce  niche  dans 
de  grands  trous  d'arbres;  sa  ponte  est  de  quatre  œufs  ,  d'un 
blanc  bleuâtre. 

Selon  M.  Levaillant ,  le  coucou  vert  huppé  de  Guinée ,  décrit 
dans  Brisson  ,  est  un  jeune  ,  auquel  on  donne  mal  à  propos 
une  huppe  terminée  de  rouge  au  lieu  de  roux  ;  le  touraco  , 
pi.  7  des  Oiseaux  d'Edwards,  est  un  adulte;  c'est  bien  aussi 
celui  de  la  pi.  enl.  de  Buff.,  n.°  6oi  ;  mais  la  description  que 
cet  auteur  fait  de  son  touraco  du  Cap  de  Bonne-Espérance  , 
appartient  h  une  espèce  qui  ne  se  trouve  point  dans  celte 
contrée.  V.  Touraco  buffon.  Enfin  ,  M.  Levaillant  a  publié 
une  très-belle  figure  de  cet  oiseau  ,  sous  le  nom  de  touraco 
louri. 

Le  TOURA.CO  MUSOPH.\GE  ou  HUPPECOL.  V.  MUSOPHAGE 
VARIÉ. 

Le  Touraco  Pauline  ou  a  huppe  rouge,  Opaelhus  erythro- 
lophus^  Vieill.  Ce  touraco  que  nous  avons  vu  vivant  à  Paris 
chez  M  lie  Pauline  de  Ranchoup ,  à  laquelle  nous  l'avons 
consacré  ,  nous  a  paru  ,  ainsi  qu'à  M.  Levaillant ,  être  une 
espèce  distincte  de  celles  qui  sont  connues  ;  sa  huppe,  dont 
quelques  plumes  sont  terminées  de  blanc,    est  rouge,   et 


T  O  TT  3o7, 

a  îa  même  forme  que  celle  du  touraco  îouri ,  c'est-à-dire  , 
composée  d'un  grand  nombre  de  plumes  eftilées  et  très- 
déliées  qui,  s'élevant  de  chaque  coté  ,  s'appliquent  les  unes 
contre  les  autres  ,  et  se  réunissent  à  leur  sommet ,  pour 
former  une  sorte  de  crête  qui  imite  un  casque  ancien.  Ce 
casque  s'étend  jusque  sur  le  haut  du  cou ,  dont  les  plumes 
présentent  les  mêmes  formes  ,  et  prennent  la  même  direc- 
tion que  celles  de  la  tête  et  de  la  nuque. 

Il  a,  dans  ses  proportions  et  dimensions^  une  grande  ana- 
logie avec  le  /o««Vmais  ses  couleurs  sont  un  peu  différentes;  les 
piumes  qui  recouvrent  les  narines  ,  le  cou  en  entier  ,  le  dos, 
les  couvertures  supérieures  et  les  pennes  secondaires  des 
ailes,  les  plumes  du  dessus  de  la  queue,  les  pennes,  la 
gorge  et  la  poitrine  ,  sont  d'une  couleur  de  cuivre  très-lisse 
et  lustrée  ;  le  ventre  et  l'abdomen,  d'un  vert  de  cuivre  ,  un 
peu  tc'rne  et  à  ref'els  d'un  vert  bleuâtre  ;  les  pennes  pri- 
maires et  intermédiaires  des  ailes, d'un  beau  rouge  en  dehors, 
et  d'un  rouge  très  clair  en  dedans  ;  une  grande  plaque  blan- 
che entoure  l'œil,  s'étend  d'un  côté  jusqu'au  bec  ,  de  l'autre 
jusqu'au  sourcil,  et  remonte  sur  le  front  ,  où  elle  prend  une 
légère  teinte  rouge  ;  le  bec  est  d'un  jaune  qui  tend  à  l'o- 
rangé ;  l'œil,  grand,  rougeâtre  et  très-brillant;  les  paupières 
sont  couvertes  de  petits  points  pourprés  ;  \e.s  pieds,  d'un  gris 
noirâtre  ;  la  queue  est  arrondie  à  son  extrémité  ,  et  la  gros- 
seur de  l'oiseau  est  à  peu  près  celle  d'un  pigeon  de  colombier. 

Ce  très -bel  oiseau  étoit  doux  et  familier;  mais  on 
n'avoit  pu  modérer  sa  voracité,  naturelle  aux  touracos  ,  quoi- 
que à  chaque  moment ,  tout  ce  qui  pouvoit  flatter  ses  goûts  , 
comme  figues  ,  raisins  ,  oranges  ,  délicates  pâtisseries  ,  lui 
fut  offert  avec  profusion  par  son  aimable  maîtresse  ,  avec 
laquelle  il  jouissoil  d'une  liberté  qui  devoit  lui  faire  oublier  les 
forêts  et  les  déserts  de  l'Afrique  ,  son  pays  natal.  Ce  touraco 
vient  de  mourir ,  il  fait  partie  de  la  riche  collection  de  M.  le 
baron  Laugier. 
Le  Touraco  VIOLET  ou  MASQUÉ.  V.  Musophage  violet; 

(V.) 
TOURAT.  Nom  vulgaire  de  la  Grivemauvis,  aux  envi- 
rons de  Niort,  (v.) 

TOURBE.  Lorsque  les  plantes  herbacées,  réunies  en 
masse ,  se  décomposent  à  l'air  ,  elles  produisent  du  terreau , 
et  lorsque  ,  dans  la  même  circonstance  ,  elles  s'altèrent  dans 
l'eau  ,  elles  donnent  de  la  tourbe. 

Ainsi  donc  la  tourbe  ne  diffère  du  terreau  que  parce  qu'il 
est  resté  dans  sa  composition   des  parties  que  le  terreau  a 


3o8  T  0  U 

pertlues.  ïl  n'y  a  pas  lieu  de  douter  que  ces  parties  ne  soient 
le  mucilage  qui  sV.st  transformé  en  une  espèce  «riiuile 
dont  les  tourbes  donnent  des  quantités  notables  à  la  distil- 
lation. 

On  connoît  deux  espèces  de/o«riw,que  Ton  peut  distinguer 
par  iourhe  superficiel  le.  ou  de  marais  ,  et  par  tourhe  enfouie 
dans  la  terre  ou  tourhe  vitriolique.  La  première  ,  qui  est  la  vé- 
ritable tourbe,  se  subdivise  elle-même  en  plusieurs  sortes 
dont  je  vais  m'occuper  ;  la  seconde  espèce  ,  qui  s  en  dis- 
tingue beaucoup ,  sera  ensuite  Tobjet  de  mes  observa- 
tions. 

Il  peut  se  produire  de  la  tourbe  dans  tous  les  dépôts  <f  ean 
stagnante  ,  sous  quelque  latitude  qu'ils  se  trouvent;  mais  il 
paroît  qu'ils  sont  bien  plus  noiiibreus  dans  les  pays  du  Nord 
que  dans  ceux  du  Midi.  Les  tourbières  sont  très  fréquentes, 
mais  de  petite  étendue,  dans  les  hautes  montagnes  ,  jusque 
sur  leur  sommet.  Elles  ont  été  formées  dans  des  lacs  dont 
l'inspection  des  lieux  prouve  l'ancienne  existence.  Un  fait, 
cité  par  Le  Quinio  dans  son  voyage  dans  le  Jura  ,  appuie 
cette  opinion.  C'est  que  ces  dépôts  ne  se  trouvent  pas  préci- 
sément au  fond  des  vallées  ,  mais  un  peu  sur  leurs  Hancs.  En 
effet,  d'un  côté  ,  le  milieu  du  lac  éloit  trop  profond  pour  per- 
mettre aux  plantes  aquatiques  d'y  croître;  de  l'autre  ,  lorsque 
l'eau  du  lac  a  clé  écoulée,  la  tourbe  du  fond  a  dû  être  en- 
traînée par  celle  de  la  rivière  qui  la  rempîaçoit, 

Deluc  n'auroit  pas  dû  s'étonner  d'en  voir  au  sommet  du 
Bolesberg ,  la  montagne  la  plus  élevée  du  Hartz,  car  elles 
sont  très  multipliées  ,  ainsi  que  j'ai  eu  occasion  de  le  recon- 
noitre  ,  dans  les  Alpes  et  dans  les  chaînes  du  centre  de  la 
France. 

La  tourbe  doit  varier  de  nature  ,  d'après  les  espèces  de 
plantes  qui  sont  entrées  dans  sa  composition  ;  mais  la  diffé- 
rence n'est  pas  extrêmement  sensible  dans  les  tourbières 
d'Europe.  On  ignore  ce  qu'il  en  est,  à  cet  égard,  dans  celles 
des  autres  parties  du  monde  :  cependant  on  peut  supposer 
qu'elle  est  également  peu  remarquable.  Il  n'est  pas  encore 
prouvé,  quoique  quelques  personnes  l'aient  avancé,  qu'il  s'en 
forme  avec  les  plantes  marines  ;  toutes  celles  qui  sont  en  ce 
moment  exploitées  et  connues  des  naturalistes,  surtout  celle 
de  Hollande,  sont  certainement  produites  par  des  plantes 
d'eau  douce. 

Quelques  peuples  de  l'Europe  ont  fait  de  tout  temps  usage 
de  la  tourbe  pour  combustible.  On  voit  dans  Pline  qu'on 
plaignoit  de  son  temps  les  Balaves  d'être  réduits  à  s'en 
chauffer.  A-ujo^Ht-d^hui,  la  cotisommation  s'en  est  multipliée  à 


'J^  0  U  3o9 

raison  de  la  diminution  des  bois  :  on  l'emploie  dans  plu- 
sieurs parties  de  la  France  ,  non-seulement  pour  les  usages 
domestiques ,  mais  encore  pour  ceux  des  manufactures  à 
feu,  comme  on  le  verra  plus  bas  ;  cependant  les  amis  de 
leur  patrie  doivent  désirer  d'en  voir  encore  étendre  l'usage. 
Ce  sont  principalement  les  vallées  où  sont  situées  les  villes 
de  Liège  et  d'Amiens  qui  en  fournissent  le  plus.  Ces  deux 
villes ,  si  inléressanles  par  leurs  manufactures  ,  en  em- 
ploient, seules  ,  de  plus  grandes  quantités  que  tout  le  reste 
de  la  France, 

Les  tourbières  des  environs  d'Amiens  ont  été  observées  et 
décrites  par  Roland  de  la  Plalière  ,  alors  inspecteur  des 
manufactures  de  Picardie  ,  depuis  minisire  de  l'intérieur , 
digne  d'estime  sous  tant  de  rapports  ,  et  dont ,  quoi  qu'on 
fasse  ,  le  nom  ne  périra  pas  pour  Thonneur  de  Tespèce  hu- 
maine. Je  les  ai  aussi  visitées.  C'est  d'après  son  ouvrage  , 
intitulé  VArt  du  Tour/ner,  imprimé  à  Neuchâtel ,  et  mes  pro- 
pres observations  ,  que  je  vais  rédiger  cet  article. 

Comme  je  l'ai  déjà  dit,  toutes  les  plantes  herbacées  ou  les 
feuilles  des  plantes  ligneuses  ,  placées  sous  Teau  ,  se  conver- 
tissent en  tourbe  ;  mais  les  plantes  aquatiques  sont  principa- 
lement celles  qui  y  concourent  le  plus.  Il  faut  particulière- 
ment noter  : 

Parmi  celles  qui  sont  toujours  noyées  ,  les  lUriailaires , 
les  potamots  ,  les  renoncules  ,  les  comifles  ,  les  myriophyl- 
les  ,  les  charagnes  ,  les  uhes  ,  les  confeivcs  ,  et  surtout  les 
sphaignes. 

Parmi  celles  dont  les  feuilles  rasent  la  surface  de  l'eau, 
les  caJlitrirJies  ,   les  nénuphars  la  niorèite ,  les  lenticules. 

Parmi  celles  dont  les  tiges  s'élèvent  au-dessus  de  l'eau, 
les  srîpes,  les  roseaux  ,  les  typhas  ou  massettes  ,  le  phellandre  ,  les 
fluieaux^  le  huiome  ^  \?t.  fléchièrc^  le  rubanier^  leschoi'ns,  les  sc'r- 
pes^  iespesses,  les  presles,el  les  diiTérenles  espèces  à'' h  y pnes^  etc. 

Outre  ces  plantes  ,  il  en  est  un  grand^  nombre  d'autres 
qui  croissent  dans  les  marais  ,  et  qui  peuvent  également  con- 
courir à  la  formation  de  la  tourbe  ;  mais,  comme  elles  n'ont 
ordinairement  que  le  pied  dans  l'eau  ,  elles  se  décomposent 
principalement  en  terreau.  La  tourbe  ,  on  le  répète  ,  ne  se 
forme  que  sous  l'eau  stagnante,  et  ce  n'est  qu'aux  lieux  où 
croissent  exclusivement  ou  presque  exclusivement  les  plantes 
ci  -dessus  dénommées  ,  qu'il  s'en  fait  encore  aujourd'hui  avec 
une  certaine  abondance.  Ainsi ,  tous  les  marais  où  l  on  peut 
mener  paître  les  bestiaux  ,  bien  moins,  par  conséquent, 
ceux  qui  se  dessèchent  pendant  Télé,  n'en  produiseal  plus  g 


3io  T  O  U 

quoique  leur  sol  en  soît  entièrement  formé ,  souvent  dans  une 

épaisseur  de  plusieurs  toises. 

Tous  les  dépôts  de  ces  plantes  annuellement  accumule'es  , 
produisent ,  après  un  laps  de  temps  proportionné  à  leur 
nature  et  à  leur  abondance,  une  masse  de  tourbe  dont  la 
hauteur  ne  se  trouve  pas  séparée  en  lits  ,  mais  fondue  dans 
une  série  insensible  de  densité  et  de  couleur.  La  plus  ancienne 
est  noire  ,  compacte  ,  ne  contient  plus  aucun  vestige  de 
plantes,  donne  une  grande  chaleur  en  brûlant;  la  plus  nou- 
velle est  superficielle  ,  légère  ,  compo.^ée  de  racines  et  de 
feuilles  irès-perceptibles.  On  l'appelle  bouzin  dans  quelques 
endroits. 

Les  grandes  masses  de  tourbes  ,  celles  qui  sont  suscepti- 
bles d'être  exploitées,  ont  toutes  été  formées  à  une  époque 
où  la  main  de  l'homme  ne  s'étoit  pas  encore  assujetti  la  na- 
ture, c'est-à-dire  lorsque  les  eaux  éloient  beaucoup  plus 
abondantes  qu'elles  ne  le  sont  devenues  par  suite  de  l'abais- 
sement des  montagnes  et  du  défrichement  des  forets.  On  en 
trouve  quelquefois  dont  la  formation  a  été  interrompue  par 
un  dessèchement  plus  ou  moins  long,  et  alors  elles  sont  cou- 
pées par  un  banc  de  terre  végétale.  D'autres  ont  éprouvé  les 
effets  de  grandes  alluvions  ,  qui  les  ont,  à  diverses  reprises  , 
couvertes  de  sable,  d'argile  ,  et  ont,  par  conséquent,  formé 
des  bancs  de  diverses  épaisseurs  ;  d'autres  fois  ces  mélanges 
se  sont  faits  annuellement  et  en  petite  quantité  ,  elle  mélange 
est  plus  ou  moins  intime.  Aussi  est-il  rare  de  trouver  la  tourbe 
pure  ;  elle  contient  toujours  plus  ou  moins  de  sable  ,  plus  ou 
moins  d'argile  ,  plus  ou  moins  de  terre  calcaire  :  lorsque  ces 
matières  sont  en  petite  quantité  et  également  disséminées 
dans  la  masse  ,  elles  en  améliorent  la  qualité  ,  parce  qu'elles 
relardent  la-  combustion  et  font  conserver  plus  long-temps 
la  chaleur  ;  mais,  lorsqu'elles  dépassent  une  certaine  quan- 
tité, elles  la  rendent  inuiile  pour  le  chauffage. 

Quelquefois  les  tourbes  contiennent  une  grande  quantité 
de  coquilles  ,  toutes  d'eau  douce  ,  et  dont  les  animaux  se 
sont  décomposés  avec  elles.  Ces  sortes  de  tourbes  ont  or- 
dinairement une  odeur  plus  désagréable  que  les  autres,  et 
contiennent  plus  de  pyrites. 

Les  arbres  charriés  dans  les  tourbières,  s'y  conservent 
pendant  un  très  grand  !aps  de  temps  ,  c'est-à-dire  plusieurs 
siècles  sans  s'altérer  ;  mais  ils  en  prennent  la  couleur.  Il 
est  probable  qu'à  la  fin  ils  se  décomposent  et  se  mêlent 
avec  la  tourbe.  Je  dois  observer  à  cette  occasion,  que, 
dans  mon  opinion  ,  les  arbres  charriés  en  grande  masse 
dans  la  mer,  forment  le  Charbon  déterre,  et  que  ceux 


T  0  U  3„ 

on'  sont  enfouis  également  en  grande  masse  dans  l'eau 
douce  ,   forment  la  Terre  d'ombre. 

Quelques  auteurs  ont  prétendu  que  Vhumus,  ou  la  terre  vé- 
gétale des  prairies,  se  change  en  tourbe;  mais  on  voit  par  ce  qui 
vient  d'être  dit ,  que  cela  ne  peut  êlre,  et  que  même  ,  lorsque 
cet  humus  se  mêle  avec  la  tourbe  ,  il  altère  toujours  sa 
bonté. 

Lorsque  la  tourbe  est  imprégnée  d'eau,  elle  est  très-dilatée 
et  très-compressible  ;  c'est  pourquoi  le  terrain  qui  en  contient 
bombe  -  t  -  il  toujours  dans  son  milieu ,  tremble-t-il  sous  les 
pieds  de  ceux  qui  y  passent ,  repousse-t-il  les  corps  légers 
qu'on  y  enfonce  ,  et  finit  -  il  par  absorber  les  corps  lourds 
dont  on  le  charge  ,  à  moins  qu'ils  n'embrassent  une  grande 
surface. 

On  a  observé  que  lorsque  la  tourbe  est  imbibée  de  toute 
l'eau  qu'elle  peut  absorber,  elle  ne  la  laisse  plus  passer.  Aussi 
l'emploie-t-on  avantageusement,  dans  quelques  contrées, 
pour  construire  certaines  digues  qui  demandent  peu  de  soli- 
dité, mais  une  grande  sûreté. 

La  question  de  savoir  si  la  tourbe  se  régénère  dans  les  fosses 
d'où  on  Ta  extraite  ,  a  été  agitée  et  discutée  un  grand  nom- 
bre de  fois.  On  a  alternativement  soutenu  l'affirmative  et  la 
négative.  Deluc  est  pour  la  première  ;  il  rapporte  ,  dans  ses 
lettres  à  la  reine  d'Angleterre  ,  que  dans  les  moors  de  la  Hol- 
lande ,  c'est-à-dire  les  tourbières  ,  il  ne  faut  pas  plus  de  trente 
ans  pour  que  les  fosses  tourbées  se  remplissent  de  nouvelle 
tourbe  fibreuse  ,  par  la  croissance  des  conferves ,  des  sphai- 
gnes^  ensuite  des  roseaux^  des  joncs  ^  des  laiches  ^  etc.  Roland 
de  la  Platière  est  du  même  avis  ,  mais  indique  cent  ans 
comme  le  terme  moyen  de  la  régénération  de  la  tourbe  ; 
encore  est-ce  d'une  tourbe  fibreuse  de  si  mauvaise  qualité  , 
qu'elle  ne  mérite  pas  les  frais  de  l'exploitation.  Je  crois  aussi 
que  la  tourbe  se  reproduit  ;  mais  il  faut  expliquer  ce  qui  se 
passe  dans  une  fosse  qu'on  vient  d'épuiser  ,  et  distinguer  les 
grandes  fosses  des  petites ,  ainsi  que  les  superficielles  des 
profondes. 

La  profondeur  du  lit  de  tourbe  aux  environs  d'Amiens,  est 
communémentde  vingt-cinq  pleds,et on  exploite  fréquemment 
la  tourbe  jusqu'à  celte  profondeur.  On  conçoit  bien  qu'au- 
cune espèce  de  plantes  ne  peut  croître  sur  un  sol  que  recou- 
vre une  aussi  grande  élévation  d'eau,  de  sorte  qu'il  faut,  avant 
l'époque  où  la  végétation  des  nénuphars  et  àes  po/amots  ,  qui 
sont  celles  qui  allongent  le  plus  leurs  tiges  ,  devient  possible, 
que  le  sol  se  soit  exhaussé  au  moins  de  vingl  pieds.  Or  ,  il  n'y 


3ia  T   O   U 

a  que  trois  moyens  :  i.°  Tinlroductlon  des  tourbes  voisines 
par  suite  du  fillrage  des  eaux  ;  mais  celle  iniroduction  ,  con- 
sidérable la  première  année  ,  cesse  bienlôl  ;  on  en  sent  la 
raison.  2.°  La  chute  des  feuilles  des  plantes  qui  croissent  sur 
les  bords.  3."  Les  dépôls  produits  par  la  croissance  des  ron- 
feroes  et  autres  plantes  de  la  même  famille.  Ces  deux  dernières 
Causes  paroîlront  produire  des  effets  peu  rapides  à  ceux  qui  ont 
observé  des  fosses  à  tourbes  cl  qui  ont  étudié  T  organisation 
des  conférées,  qui  ne  doivent  pas  donner  une  deuii  -  ligne 
d'augmentation  par  an  ,  quoiqu'une  observation  de  Van  Ma- 
rum  ,  inséréi'  dans  le  sep'ième  cahier  des  yliinales  du  Miiséunij 
semble  prouver  qu'elles  y  concourent  bien  plus  puissamment. 

Mais  dans  les  fosses  qui  ont  moins  de  profondeur  et  moins 
d'élenduc  ,  six  ou  huit  pieds,  par  exemple  ,  les  plantes  citées 
plusha'ît  peuvent  déjà  végéter,  et  celles  d  .'s  bords  ont  un  effet 
proportionnel  plus  considérable  ;  aussi  les  voit-on  se  rem- 
plir de  végétaux  qui  produisent  abondamment  de  la  tourbe, 
ainsi  que  je  m'en  suis  assuré  sur  deux  fosses  d'à  peu  près 
cette  grandeur,  creusées,  il  y  a  environ  vingt  ans  ,  a  la  queue 
de  l'étang  de  Montmorency,  et  abandonnées  avant  leur  épui- 
sement ,  parce  que  personne  ne  vouloit  acheter  la  tourbe 
qu'on  en  tiroit.  Ce  fait  est  encore  bien  plus  marqué  dans  les 
mares  où  il  se  forme  de  la  tourbe  ,  ainsi  que  je  Tai  également 
remarqué  dans  la  foret  de  Bondi ,  où  une  île  flottante  ,  for- 
mée de  sphaignes  et  sur  laquelle  croissoient  déjà  des  laiches 
et  un  saule,  fut  enlevée,  je  ne  sais  pourquoi,  et  commençoit 
à  se  reproduire  huit  à  dix  ans  après,  c'est-à-dire  à  l'époque 
de  la  révolution  où  cette  mare  a  été  desséchée. 

D'après  ces  faits  ,  je  suis  persuadé  ,  et  on  dit  qu'on  le  pra- 
tique en  Hollande  ,  que  le  meilleur  moyen  d'accélérer  le 
renouvellement  de  la  tourbe  dans  les  fosses  anciennement 
exploitées,  seroit  de  former  sur  leur  surface,  avec  des  bottes 
de  sphaigne ,  de  petites  îles  flottantes  dans  l^esquelles  on  fiche- 
roit  des  pieds  de  laiches  ,  de  roseaux ,  de  saules  marseau  ,  etc. 
Ces  petites  îles  croîlroient  tous  les  ans  en  hauteur  et  en  lar- 
geur, et  s'enfonceroient  graduellement.  Il  est  probable  que 
ce  moyen  si  siujple  et  si  peu  coûteux,  employé  aux  environs 
d'Amiens,  où  les  fosses  à  tourbes  absorbent  une  grande 
surface  de  terrain  ,  rendrolt  à  l'utilité  publique ,  en  moins 
d'un  siècle,  des  espaces  qui  ne  le  seront  peut-être  j. as  avant 
dix.  On  ne  peutlrop  recommander  à  ceux  qui  sonlsurleslieux 
et  qui  peuvent  juger  de  sa  facilité  et  de  son  utilité,  de  prendre 
cette  remarque  en  considération. 

Si  on  en  juge  d'après  l'apparence  ,  la  tourbe  paroîl  propre 
à  toute  espèce  de  culture  ,  car  elle  ressemble  au  meilleur 


T  O  U  3i3 

terreau  de  couche  ,  et  les  prairies  dont  elle  fait  la  base  pré- 
sentent une  richesse  de  vcgélalion  séduisante:  mais  l\xpé- 
rience  détruit  bientôt  cet  espoir.  £n  tfC'jt  ,  eiie  se  refuse  à 
nourrir,  soit  sèche  ,  soit  humide  ,  toutes  espèces  de  plantes 
que  la  nalure  n'a  pas  appelées  à  croître  sur  elle  ,  c'est  à-dire 
toutes  celles  que  l'homme  cultive  pour  son  usage.  File  ne 
produit  que  des  laiches,  des  scirpes  ^  des  ffioins,  des  roseaux  et 
autres  plantes  dont  les  bestiaux  refusent  d(-  se  nourrir  ,  qui  ne 
peuvent  servir  qu'à  faire  de  la  litière  ou  à  brûler. 

Mais  quelque  rebelle  que  la  tourbe  soil  à  la  cullure  , 
Thommc  industrieux  parvient  à  en  tirer  parli  :  ainsi  elle  bo- 
nifie les  terres  sablonneuses  et  argileuses  ,  lorsciu'on  en  mé- 
lange une  petite  quantité  avec  elles  ;  ainsi  on  peut  Taniener 
petit  à  petit  à  produire  des  légumes .  et  niênic  Aas  arbres,  en 
en  brûlant  tous  les  ans  une  partie  sur  la  surface  de  Tautre. 
Mais  écoulons  Deluc  ,  lorsqu'il  parle  des  moyens  que  les 
Hollandais  emploient  pour  fertiliser  les  niours ,  qui  sont, 
comme  on  l'a  déjà  dit  ,  le  plus  grand  dépôt  de  tourbe  connu, 
c.elui  qu  on  exploite  depuis  un  plus  grand  nombre  de  siècles. 

L'ép.iisscur  de  la  tourbe  dans  les  moors,  est  de  trente  pieds. 
La  partie  supérieure  est,  comme  partout  ailleurs,  de  la  tourbe 
fibreuse  ,  qui  graduellement  se  solidifie  et  devient  enfin  de  la 
tourbe  compacte. 

Lorsqu'on  veut  fertiliser  un  terrain  ,  on  commence  par  le 
dessécher,  en  faisant  tout  autour  un  fossé  d'une  certaine  lar- 
geur ,  dont  on  rejette  la  tourbe  dans  l'enceinte  ,  où  elle  se 
dessèche  et  où  on  la  brûle  avec  celle  de  la  surface  du  sol. 
On  ne  peut  pas  creuser  ce  fossé  en  une  seule  fois  ,  la  poussée 
de  la  tourbe  inférieure  i'âuroit  bientôt  rempli ,  tant  par  la 
portion  qui  y  seroit  portée  ,  que  par  l'affaissement  de  la  sur- 
face ;  en  conséquence  on  ne  l'approfondit  que  graduellement, 
ordinairement  d'un  pied  ou  deux  par  année,  et  chaque  été  on 
brûle  la  totalité'de  la  surface  de  l'enceinte  avec  la  tourbe 
qu'on  a  tirée  du  fossé  l'année  précédente. 

On  s'arrête  lorsqu'on  est  parvenu  à  la  tourbe  compacte  ; 
alors  on  a  une  terre  végétale  très-fertile  ,  qui  donne  de  très- 
belles  récoltes,  surtout  en  légumes.  11  n'y  a  que  les  arbres 
qui  ne  peuvent  pas  y  croître  dans  leur  première  jeunesse  ; 
mais,pour  les  y  accoutumer,  on  les  plante  dans  un  large  trou 
qu'on  a  rempli  de  sable  ,  pris  dans  les  landes  qui  entourent 
les  moors.  Ces  arbres  poussent  fort  bien  dans  ce  sable ,  qoï 
reste  constamment  humide  ,  et  lorsque  leurs  racines  arrivent 
à  la  tourbe  ,  elles  sont  assez  fortes  pour  y  pénétrer. 

Beaucoup  de  personnes  ont  été  ,  comme  moi ,  à  portée 
d'admirer  la  proaieaade  d'Amiens ,  qui  est  plantée  dans  la 


3i4  T  0  U 

tourbe ,  ou  mieux  sur  la  tourbe  ;  mais  les  dépenses  qu'elle 
a  occasionces  sont  immenses  ,  attendu  qu'il  a  fallu  y  appor- 
ter pendant  une  longue  suite  d'années  toujours  de  la  nouvelle 
terre  ,  pour  remplacer  les  affaissemens  qui  avolent  fréquem- 
ment lieu,  tantôt  dans  un  endroit,  tantôt  dans  un  autre,  et 
même  dans  la  totalité.  En  conséquence  ,  on  ne  doit  jamais 
conseiller  cette  méthode  à  des  particuliers  que  pour  des  tour- 
bières d'ane  très-petilc  étendue  en  largeur  et  en  profondeur, 
où  les  affaissemens  sont  moins  à  redouter. 

Aussi ,  lorsqu'on  veut  construire  une  maison  ou  une  chaus- 
sée sur  un  terrain  tourbeux  ,  et  qu'on  ne  peut  ou  ne  veut  pas 
employer  la  méthode  hollandaise  à  cause  de  sa  longueur  , 
n'y  al  il  d'autre  moyen  que  de  les  bâtir  sur  des  cadres  ,  c'est- 
à-dire  sur  des  poutres  liées  ensemble  par  de  forts  madriers 
de  chêne  ;  car  on  a  reconnu  ,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  observé  , 
que  ce  bois  ne  s'alléroit  point  d'une  manière  sensible  dans 
la  tourbe.  Si  les  Romains  ,  qui  ont  construit  plusieurs  che- 
mins sur  la  valiée  de  Somme,  auprès  de  Sens  et  auprès  de 
la  saline  de  DIeuze  ,  avoient  employé  ce  moyen,  ces  che- 
mins ne  seroienl  pas  aujourd'hui  recouverts  de  plusieurs  toi- 
ses d'épaisseur  de  tourbe.  Tout  le  monde  pourroit  encore 
profiler  de  celui  de  Dieuze,  par  exemple,  qui,  faute  de 
pierres,  avoit  été  fait  avec  des  boules  de  terre  cuite,  de  la 
grosseur  du  poing ,  ainsi  que  s'en  est  assuré  Gillet-Laumont. 

Làlmmus  qui  recouvre  la  plupart  des  anciennes  tourbières, 
n'est  souvent  pas  assez  épais,  el  se  crève  quelquefois  par  la 
dilatation  de  la  masse  intérieure  ;  alors  les  hommes  et  les 
animaux  sont  exposés  à  s'enfoncer.  De  là ,  les  restes  d'an  i- 
quilés  qu'on  retrouve  dans  quelques  tourbières,  restes  dont 
la  conservation  est  d'autant  plus  parfaite  ,  qu'ils  ont  été  cons- 
tamment préservés  du  contact  de  l'air  et  hors  des  atteintes 
de  toute  espèce  de  froissement.  La  vallée  de  Somme  surtout 
a  fourni  des  objets  de  cette  nature  ,  très-précieux. 

L'eau  des  tourbières,  en  parcourant  continuellement  leur 
masse  ,  se  conserve  généralement  à  une  température  plus 
élevée  ep  hiver  et  plus  basse  en  été  que  les  eaux  continuel- 
lement exposées  au  contact  de  l'air;  aussi  gèlent -elles  les 
dernières,  ce  qui  attire  dans  le  pays  à  tourbe,  pendant  l'hiver, 
une  grande  quantité  de  canards ,  de  bécassines  et  autre  gibier 
d'eau,  qui  donnent  quelquefois  des  bénéfices  importans.  Dans 
celles  qui  ne  sont  pas  encore  solidifiées  à  leur  surface  et  qui 
par  conséquent  sont  impénétrables  à  l'homme  ,  ces  oiseaux  y 
restent  tonie  l'année  ,  parce  qu'ils  peuvent  y  élever  leurs 
petits  avec  sécurité. 

Les  tourbières  sont  souvent  si  élastiques,  qu'elles  favori- 


T  O  U  3i5 

senl  les  sauls  d'une  manière  incroyable.  Deluc  rapporte  que 
les  Hollandais  franchissent  aisément  des  fossés  de  vingt  pieds 
de  large. 

L'air  des  tourbières  n'est  pas  aussi  insalubre  que  celui  des 
marais  proprement  dits,  ainsi  qu'on  le  juge  dans  les  rnoois 
et  dans  les  environs  d'Amiens,  et  ce  ,  parce  qu'il  ne  s'y  déve- 
loppe ni  hydrogène  ,  ni  azote  ,  et  que  les  conferves  (  V.  au 
mot  Matière  verte)  y  produisent,  toutes  les  fois  que  le 
soleil  brille,  d'abondantes  émissions  d'oxygène,  c'est-à-dire, 
de  l'air  essentiellement  respirable. 

Les  tourbières  ,  on  le  répète  ,  sont  fort  comnmnes  en 
France;  mais  il  en  est  fort  peu  d'exploitées.  L'odeur  que 
répand  la  tourbe  en  brûlant ,  et  le  désagrément  qu'elle  a  <le 
ne  point  jeter  de  flamme  et  de  ne  laisser  voir  sou  incandes- 
cence qu'au  moment  où  on  la  remue,  en  éloignent  sans  doute 
tous  ceux  à  qui  leur  fortune  ou  leur  position  permet  de  con- 
sommer du  bois  ou  du  charbon  de  terre.  On  a  fait  des  efforts 
pour  en  introduire  l'usage  à  Paris  pour  les  pauvres;  uiais  cela 
a  été  sans  succès.  C'est  aux  environs  de  Liège  et  d'Amiens  où 
on  en  tire  le  plus  grand  parti,  ainsi  qu'on  l'a  déjà  observé.  Là, 
on  l'emploie  absolument  à  tous  les  usages  du  bois  de  corde  ; 
là  ,  on  en  fait,  en  la  brûlant  dans  des  fours  construits  exprès, 
un  charbon  aussi  bon  pour  l'usage  de  la  cuisine  que  le  char- 
bon de  bois  oude  terre,  et  qu'on  peut  employer  à  tout,  même 
à  fondre  le  fer.  Il  résulte  des  expériences  de  Sage  ,  que  si  ,  à 
proportion  égale  ,  l'intensité  de  sa  chaleur  n'est  pas  aussi  con- 
sidérable que  celle  des  deux  espèces  ci  -  dessus  ,  il  a  en  sa  fa- 
veur l'avantage  de  durer  plus  long-temps  et  de  chauffer  plus 
également ,  et  par  conséquent  d'être  de  beaucoup  préférable 
dans  les  manufactures  où  il  faut  faire  bouillir  ou  évaporer 
i'eau ,  telles  que  les  teintureries  ,  les  salines,  etc.  ,  etc. 

Les  cendres  de  tourbe  sont  plus  ou  moins  abondantes  , 
selon  que  la  tourbe  est  plus  compacte  et  plus  mélangée  de 
matières  étrangères.  11  est  dangereux  de  s'en  servir  pour  le 
blanchissage,  car  elles  tachent  le  linge  d'une  manière  inef- 
façable; mais  elles  sont  très-utiles  pour  fertiliser  les  prairies 
en  général ,  et  surtout,  comuie  on  l'a  déjà- dit  ,  les  prairies 
tourbeuses.  Leur  emploi  est  très-ancien  en  Hollande  ,  et  s'é- 
tend beaucoup  en  ce  moment  en  France  :  elles  n'ont  point 
au  même  degré  les  inconvéniens  des  cendres  des  tourbes  py- 
riteuses  ,  dont  on  parlera  plus  bas.  V.  au  mot  Ce'xDRE. 

L'exploitation  de  la  tourbe  est ,  dans  les  pays  où  on  en  fait 
une  consommation  habituelle, un  art  assujetti  à  dis  règles  pro- 
pres à  le  rendre  plus  facile  et  plus  économique.  C'est ,  on  le 
répète  ,  à  Roland  de  la  Plallère  qu'on  doit  le  meilleur  traité 


3i6  T  0  U 

qui  ait  encore  élé  publié  à  cet  égard.  Je  vais  en  extraire  les 
principaux  procédés,  que  j'ai  élé  à  porlée  de  voir  exécuter  plu- 
sieurs fois. 

On  a  toujours  lieu  de  croire  qu"*un  terrain  contient  de  la 
tourbe  ,  lorsqu'il  tremble  sous  les  pieds  el  qu'il  se  gonfle  après 
les  pluies  de  l'hiver  ;  et  lorsqu'on  veut  s'en  assurer  ,  11  ne  s'a- 
git ordinairement  que  d'enlever  avec  la  bêche  quelques  pouces 
de  sa  surface  ,  et  d'enfoncer  ensuite  un  pieu  ou  une  perche  , 
qui  pénètre  plus  ou  moins  aisément ,  plus  ou  moins  profon- 
dément ,  mais  qui  enfonce  toujours  par  le  simple  effort  de  la 
main.  La  certitude  acquise  qu'il  y  a  de  la  tourbe  ,  on  com- 
mence par  la  mettre  à  nu ,  en  enlevant  avec  la  bèclie  tout 
l'humus  ou  terre  végétale  qui  la  recouvre  ,  dans  une  étendue 
proportionnée  au  nombre  des  ouvriers  qu'on  veut  employer, 
comparé  à  l'épaisseur  de  la  tourbe  et  à  l'abondance  dés  eaux 
qui  la  noient.  Il  faut  ,  en  principe  général,  que  les  fosses 
soient  de  grandeur  telle  ,  qu'on  puisse  en  épuiser  les  eaux 
à  mesure  qu'on  en  enlève  la  tourbe. 

Il  y  a,  dans  toute  bonne  exploitation ,  quatre  espèces  d'ou- 
vriers :  les  /î'e'V7/^{<rs,.  qui  coupent  la  tourbe  en  paralléilpl- 
pèdes;  les  broueUeurs  ^  qui  la  portent  au  séchoir;  les  enipi- 
leurs ,  qui  la  rangent  en  piles  ,  et  les  épiiiseiirs  ,  qui  enlèvent 
l'eau,  soit  avec  des  seaux,  soit  avec  des  pompes  de  diverses 
espèces. 

La  première  tourbe  est, comme  on  l'a  déjà  dit ,  légère  ,  fi- 
breuse, et  n'est  presque  composée  que  de  plantes  desséchées; 
elle  est  d'un  mauvais  débit, parce  qu'elle  chauffe  peu  et  qu'elle 
brûle  vile.  On  la  coupe  avec  une  bêche  ordinaire  ,  en  larges 
paralîélipipèdes,  et  on  la  met  sécher  séparément.  Lorsqu'on 
est  parvenu  à  la  tourbe  compacte ,  on  euiploie  une  bêche  par- 
ticulière 1  qu'on  appelle  ionchet  à  Amiens,  laquelle  a  un  fer 
plus  étroit,  avec  un  appendice  de  la  moitié  de  sa  longueur  , 
situé  du  côté  gauche  ,  faisant  un  angle  obtus  avec  lui ,  et  des- 
tiné à  couper  la  tourbe  sur  deux  faces  à  la  fois.  Les  paralîé- 
lipipèdes de  toijrbes  ainsi  exploités ,  ont  toujours  la  largeur  et 
la  hauteur  du  fer  de  la  bêche,  c'est-à-dire  dix  à  douze  pouces 
de  longueur,  sur  cinq  à  six  de  largeur  et  autant  d'épaisseur. 

Depuis  quelques  années,  on  emploie,  aux  environs  d'A- 
miens ,  des  espèces  de  boîtes  qu'on  fait  tomber  de  haut 
comme  un  mouton,  et  qui,  chaque  fois  ,  enlèvent  des  blocs 
trente-six  fois  plus  considérables;  mais  leur  usage  n'est  pas 
encore  fort  étendu.  On  en  peut  voir  la  description  détaillée 
et  la  figure  ,  dans  l'ouvrage  de  Pioland  ,  précité. 

Lorsqu'on  est  parvenu  au  point  où  l'eau  ne  peut  plus  être 
épuisée,  dans  la  mctbode  ordinaire  s'entend,  car  la  boîte 


T  O  U  3i7 

trav.'îille  dans  l'eau  comme  hors  de  l'eau  ,  et  c'est  môme  son 
plus  graiid  avantage  ,  on  a  recours  à  la  drague  ,  c'est  à -dire  , 
à  une  pelle  en  tôle  ,  creuse  cl  recourbée  à  angle  aigu  sur  son 
manche  ,  percée  de  trous,  el  fixée  à  rexirémité  d  une  longue 
perche.  Un  homme  ,  placé  sur  le  bord  des  fosses  ,  ou  dans  i;u 
petit  bateau  ,  gratte  à  angles  droits  au  fond  de  la  fosse  ;  et 
lorsqu'il  a  rempli  sa  pelle  de  tourbe  ,  il  la  retire  ,  et  jette  celle 
tourbe  à  d'autres  hommes,  qui  la  moulent  dans  les  propor- 
tions ci  -  dessus  désignées.  Après  l'emploi  de  la  drague  ,  on 
peut  encore  faire  usage  d'un  sac  de  toile  claire  ,  attaché  par 
son  ouverture  à  un  cercle  qui  l'est  lui-même  à  un  long  ])âton, 
pour  ramasser  les  parcelles  de  tourbes  qui  nagent  dans  l'eau , 
el  que  les  inslrumcns  ci-  dessfîs  ne  peuvent  saisir.  On  la  met 
ensuile  en  moule  comme  la  précédente. 

La  tourbe,  de  quelque  manière  qu'elle  ait  élé  tirée  ,  doit 
être  séchée.  Pour  cela  ,  on  commence  par  en  dresser  les  pa- 
rallélipipèdes  en  pyramides  peu  élevées  et  à  jour,  c'esl-à- 
dire  ,  qu'on  place  sur  la  terre, cinq,  six  ou  sept  paraliélipèdes, 
à  la  distance  de  quelques  pouces  les  uns  des  autres,  et  ([u'en- 
suite  on  les  coupe  par  d'autresdisposés  en  sens  contraire  ,  et 
ce,  toujours  en  diminuant  d'un  à  chaque  rangée.  Au  bout  de 
quinze  jours,  on  défait  ces  petites  pyramides,  et  on  en  cons- 
truit avec  les  matériaux,  de  plus  grandes,  mais  disposées 
de  même  ,  excepté  que  deux  parailélipipèdes  sont  toujours 
accolés.  On  la  laisse  dans  cet  état  huit  à  dix  jours  ,  après  les- 
quels on  la  change  encore  de  forme,  c'est-à-dire,  qu'on  eu 
construit  des  pyrajnides  hexagones  ou  polygones,  creuses  en 
dedans.  Enfin,  pour  la  dernière  fois,  on  la  dispose  d'une  ma- 
nière plus  serrée  en  l'empilant  en  pyramides  carrées ,  et  on 
la  laisse  ainsi  exposée  à  l'air ,  en  la  couvrant  de  joncs  ,  ou 
même  seulement  de  poussière  de  tourbe  ,  pour  la  garantir  de 
la  pluie,  jusqu'à  ce  que  l'acquéreur  vienne  la  chercher. 

La  tourbe,  en  séchant,  éprouve  toujours  un  retrait  qui  est 
proportionnel  à  sa  densité  et  à  l'état  de  sécheresse  où  elle 
étoit  dans  la  terre.  Plus  elle  est  susceptible  de  retraite ,  et 
meilleure  elle  est.  La  tourbe  fibreuse  en  a  fort  peu.  Il  y  a,  en 
général ,  la  plus  grande  variété  à  cet  égard ,  même  dans  des 
tourbières  voisines. 

La  tourbe  séchée  est,  dans  certains  cantons,  sujette  à 
s'enflammer  spontanément  par  la  décomposition  des  pyrites 
qu'elle  contient  souvent,  ainsi  qu^il  a  été  déjà  dit  ;  c'est  pour- 
quoi il  ne  faut  jamais  la  rassembler  en  grandes  masses  dans 
l'intérieur  des  édifices  ,  et  toujours  il  est  bon  d'en  séparer  les 
piles  à  l'air  libre.  Du  reste,  elle  peut,  lorsque  cet  accident 


3i8  T  O   [j 

n'arrive  pas,  se  conserver  aussi  long-lemps  qu'on  le  désîi'e  ," 
sans  craindre  qu'elle  perde  de  sa  qualité. 

La  nécessité  de  sécher  les  touri)es  aussitôt  qu'elles  sont 
sorties  de  la  fosse,  force  de  ne  tourber  que  pendant  le  prin- 
temps et  Tété  ,  à  moins  qu'on  ne  possède  de  grands  hangars  , 
où  on  puisse  les  tenir  à  l'abri  pendant  l'automne  ,  ce  qui  per- 
met d'en  prolonger  Textraction  jusqu'aux  froids. 

Au  foyer,  on  arrange  les  tourbes  en  forme  pyramidale, 
laissant  des  jours  entre  chacune  ,  pour  que  la  llamme  circule 
et  s'élève  au-dessus.  Elles  fournissent,  ainsi  disposées,  un 
feu  passablement  ardent ,  qui  dure  cinq  à  six  heures  ,  lorsque  , 
comme  on  le  fait  habituellement,  on  y  a  mis  une  quinzaine 
de  parallélipipèdes.  Il  n'est  ordinairement  nécessaire  de  re- 
monter ce  feu  que  deux  fois  par  jour  ,  pourvu  qu'on  ne  le  re- 
mue pas. 

Il  ne  s'agit  plus  aclue'lemenf ,  pour  compléter  cet  article, 
que  de  parler  de  la  seconde  espèce  de  tourbe,  de  celle  qu'on 
appelle  tourbe  du  haut  pays,  tourbe  profonde,  ou  tourbe  vitriolique. 

Celle  espèce  de  tourbe  a  été  découverte  ,  il  y  a  une  cin- 
quantaine d'années  ,  en  faisant  un  puits  près  de  Noyon.  Au- 
jourd'hui ,  on  sait  qu'elle  s'étend  dans  un  espace  de  près  de 
cinquante  lieues  carrées;  c'est-à-dire,  depuis  Villers-Cotte- 
rets  jusqu'à  Laon  ,  d'une  part  ;  et  depuis  Montdidier  jusfpi'à 
Reims,  de  l'autre.  Ce  terrain,  que  j'ai  parcouru  plusieurs  fois, 
est  une  plaine  élevée  de  dix  à  quinze  toises,  sillonnée  en  tout 
sens  par  de  profondes  vallées.  Roland  de  la  Platière,  qui  l'a 
particulièrement  étudié  ,  a  reconnu  que  près  de  Noyon  ,  par 
exemple  ,  il  y  avoit ,  sous  la  terre  végétale ,  un  banc  d'argile 
de  deux  pieds  ;  un  banc  de  sable  rempli  de  coquilles  marines 
bien  caractérisées  ,  de  deux  pieds;  un  autre  banc  d'argile  de 
quatre  pieds;  un  banc  composé  d'argile  ,  de  sable  ,  de  craie 
et  de  tourbe  ,  dans  lequel  on  trouve  une  immense  quantité 
de  coquilles  (luviatiles  bien  reconnoissables ,  de  dix  pieds  ; 
des  bancs  alternatifs  d'argile  et  de  tourbe  ,  formant  ensemble 
huit  pieds  ;  un  banc  de  marne  de  quatre  pieds,  et  toujours  le 
galet  marin  en  dessous. 

Cet  ordre  de  couches,  à  quelques  différences  de  mesure 
près  ,  je  l'ai  vérifié  à  Anisy  ,  près  de  la  Fère.  Poiret  l'a  re- 
connu non  loin  de  Soissons.  Il  prouve  bien  évidemment  ,  à 
mes  yeux  ,  que  tout  ce  terrain  ,  d'abord  fond  de  la  mer  ,  a 
été  desséché  ;  qu'ensuite  il  s'y  est  étab'i  un  immense  lac 
d'eau  douce,  de  peu  de  profondeur  ,  dans  lequel  ont  crû  des 
plantes  aquatiques  ,  ont  vécu  des  coquillages  fluviatiles  ,  qui 
ont  formé  la  tourbe  ,  laquelle  a  été  ensuite  instantanément 
recouverte  par  un  dépôt  marin  qui  a  servi  de  base  à  une  nou- 


T  O  U  Sig 

velle  mer ,  origine  de  rimmcnse  quantité  de  coquilles  ma- 
rines que  l'on  trouve  dans  tous  les  bancs  supérieurs  ,  coquil- 
les à  peine  altérées  et  dont  l'ancien  propriétaire  de  Courta- 
gnon  a  envoyé  des  collections  dans  toute  l'Europe. 

D'après  cette  théorie  ,  la  tourbe  qui  nous  occupe  en  ce 
moment ,  ne  diffère  de  la  tourbe  mentionnée  précédem- 
ment ,  que  parce  qu'elle  est  peu  épaisse  ,  qu'elle  contient 
beaucoup  plus  de  coquilles  ,  et  qu'elle  est  recouverte  par  dix 
à  vingt-cinq  pieds  de  terre.  On  peut  même  croire  que  la 
tourbe  nes'cst  formée  qu'après  que  les  plantes  et  les  coquil- 
lages eurent  été  recouverts  du  dépôt  en  question. 

Mais,  comme  il  a  été  obervé  plus  haut,  les  coquillages 
qui  ont  vécu  dans  les  tourbières  ordinaires ,  ont  suffi  pour 
donner  naissance  à  des  pyrites  qui,  quelquefois  ,  causent 
l'inflammation  spontanée  de  la  tourbe  qu'on  en  a  tirée;  ainsi, 
'la  grande  quantité  de  ceux  qui  ont  péri  dans  celle-ci  ont  dû 
en  former  bien  davantage.  Aussi  cette  matière  est-elle  plu- 
tôt un  assemblage  de  petites  pyrites  colorées  par  de  la 
tourbe  ,  qu'une  véritable  tourbe  ;  aussi  ne  labrûle-t-on  pas 
comme  de  la  tourbe  ordinaire  ,  pour  se  chauffer  ,  mais  pour 
en  tirer  du  vitriol  et  de  l'alun  ,  ou  pour  employer  ses  cendres 
comme  amendement. 

L'eau  ne  se  trouve  nulle  part,  dans  ces  espèces  de  tour- 
bières ,  au-dessus  du  premier  banc  de  tourbe.  Elle  sourd  la 
plupart  du  temps  de  la  tourbe  même,  quoiqu'elle  ne  la  pé- 
nètre pas  ,  qu'elle  ne  la  délaye  pas,  et  quelquefois  elle  sourd 
en  dessous. 

Poussée  à  la  distillation,  la  tourbe  du  haut  -  pays  fournit 
comme  celle  des  marais  de  la  Somme,  un  flegme  d'une  odeur 
légèrement  bitumineuse  ,  d'une  nature  particulière  ,  et  en- 
suite une  petite  quaniité  d'huile,  mais  de  plus,  quelques 
gouttes  d'acide  et  d'alcali  volatil.  Le  résidu,  exposé  quelques 
jours  à  l'air,  donne,  par  la  lixiviation  et  l'évaporation ,  des 
cristaux  d'alun ,  et  de  vitriol  de  fer  et  de  couperose. 

Déjà  ,  à  deux  ou  trois  reprises  différentes ,  on  a  établi  dans 
les  environs  de  Baurin  et  ailleurs,  des  fabriques  pour  tirer  de 
ces  tourbes  pyriteuses,  et  livrer  au  commerce  l'alun  et  le 
vitriol  qu'elles  contiennent  ;  mais  ces  fabriques  ont  toujours 
été  abandonnées,  tant  parce  que  la  dépense  excédoit  la  re- 
cette ,  que  parce  qu'il  éloil  extrêmement  difficile  de  séparer 
ces  deux  sels  l'un  de  l'autre  ,  ce  qui  faisoit  qu'on  ne  pouvoit 
les  employer  qu'à  un  petit  nombre  d'usages,  ou  presque  uni- 
quement à  la  teinture  noire  ;  aussi  est-ce  aujourd'hui  pour  la 
cendre  que  1  on  exploite  le  plus  généralement  ces  tourbièies. 


23o  T  O  U 

La  manière  de  brûler  la  tourbe  ,  pour  en  oblenir  la  cen- 
dre ,  consiste  à  la  réunir  en  tas  d'une  grande  étendue  , 
soixante  pieds,  par  exemple,  de  long  sur  luiil  à  neuf  de  hauteur, 
en  ayant  soin  de  réserver  la  nu-illeitre  pour  placer  en  dessous. 
On  met  le  fou  tout  autour  de  ce  las;  il  pénètre  dans  son  inté- 
rieur, et  acquiert  tant  d'action  ,  que  toutes  les  terres  qui 
s'y  trouvent  mêlées,  se  vitrilient.  Cette  opération  ne  se  1er- 
niiiie  pas  avant  quinze  jours  à  un  mois,  plus  ou  moins  ,  selon 
la  naluie  de  la  tourbe,  et  letat  de  l'alntosphère  Pendant 
toute  sa  durée,  et  surtout  dans  ses  commencemens,  il  s'é- 
lève ,  du  tas  ,  une  (lainme  peu  cxpansive  .  qui  ne  paroîf  bien 
que  pendant  la  nuit  ,  el  qui  donne  naissance  à  une  fumée 
sulfureuse  et  suffocante,  qui  ne  permet  d'en  approcher 
qu  au  dessus  du  vcnf. 

Le  soufre  de  ces  pyrites  entièrement  consommé  ,  et  le  tas 
refroidi  ,  on  en  passe  le  résidu  à  la  claie  ,  et  on  en  pile  les 
plus  gros  morceaux.  G  est  dans  cet  état  qu'on  le  met  dans  le 
commerce,  sous  le  nom  de  cendre  de  tout  be  ,  cendie  deEau- 
rin,  du  nom  du  village  qui  a  d  abord  exploité  celte  espèce  de 
tourbe. 

Ces  cendres  répandues  à  la  main  ,  c'est-à-dire  semées  sur 
les  terres  froid:s  ,  sur  les  prairies  humides  ,  produisent  des 
effets  en  apparence  uiiraeuleux  ,  car  elles  augmentent  leurs 
produits  de  près  d'un  tiers  ;  aussi  leur  emploi  s'est- il  étendu 
avec  une  grande  rapidité  ,  et  l'exploilalioi)  des  tourbes,  pour 
cet  objet,  est-elle  devenue  un  article  de  grande  importance  ; 
mais  on  n'a  pas  tardé  à  s  apercevoir  que  les  terres  sur  les- 
quelles on  en  répandoit  tous  les  ans  ,  perdoient  bientôt  non- 
seulemenl  cetie  fertilité  extraordinaire  ,  mais  même  pro- 
duisoient  moins  qu'avant  l  usage  des  cendres  ;  en  consé- 
quence ,  l'euiploi  Cil  est  de  beaucoup  toiubé  ,  surtout  dans 
le  pays  même  ou  on  ne  les  avoit  pas  d  abord  économisées.  Il 
paroît  que  la  cause  de  celte  cessation  de  fertilité  provient  du 
fer  à  l'état  de  culroihar  ou  de  vitriol  à  moitié  décomposé,  que 
ces -cendres  contiennent,  el  qui  se  déposant  à  quelques  pou- 
ces sous  terre ,  forme  ui/e  couche  qui  ,  quelque  mince  qu'elle 
soit ,  interrompt  la  vegélatmn,  soit  en  iulerceplant  l'eau  qui 
monte  ou  qui  descend,  soit  en  tuant  chimiquement  les  raci- 
nes des  plantes,    ou  enles  empêchant  de  pénétrer  plus  avant. 

Il  résulte  de  ce  qui  vient  d  être  dit  ,  que  les  cendres  de 
Baurin  peuvent  être  employées  avec  avantage  sur  les  terres 
ci-dessus  désignées,  mais  qu'il  faut  en  ménager  l'usage  avec 
prudence,  c  esl-à-dire  ,  n'en  répandre  que  de  loin  en  loin 
et  peu  à  la  fois.  Quant  aux  terres  légères,  qu'elles  soient 
sablonneuses  ou  calcaires ,  il  ne   convient   presque  jamais 


T  O  U  321 

presque  jamais  d'y  répandre  des  cendres  de  cette  espèce.  V. 
les  nnols  Engrais  ,  Cendre  ,  eiun  mémoire  lu  à  i'Insîiiut  na- 
tional par  Poiret  ,  et  impriiiié  depuis  la  rédaction  de  cet 
article. 

Roland  de  la  Platière  a  prouvé  que  ces  cendres  pouvoient 
servir  avec  un  très-grand  avantage  ,  mêlées  avec  de  la  chaux, 
aux  bâtisses  sous  l'eau.  Elles  donnent  au  mortier  une  bien 
plus  grande  solidité  que  la  Pouzzolane  même.  C'est  peut- 
être  l'unique  usage  auquel  elles  serviront  un  jour  dans  le 
pays  ;  cependant  je  ne  sache  pas  qu'on  les  y  emploie  encore 
du  moins  dans  la  partie  où  habite  ma  famille  ,  c'csl-à-dire 
entre  Soissons  et  la  Fère  ,  où  ces  tourbières  sont  exploitées 
dans  plusieurs  endroits. 

Il  est  possible  qu'il  se  trouve  des  tourbes  de  cette  espèce 
dans  d'autres  parties  de  la  France  ,  mais  on  ne  les  connoît 
pas.  Aux  yeux  des  géologues  ,  il  peut  même  paroîlre  difficile 
que  la  même  disposition  de  terrain  se  rencontre  fréquem- 
ment, par  des  raisonsqu'ilseroiltrop  longd'expliquer  ici  (fi  ") 

TOURBE  BOURBEUSEouFANGEUSË.r.TouRBE 

LIMONEUSE.  (l.N.) 

TOURBE  YmV,Y.\]S¥.  {Humus  cœspes,  Wall.).  C'estla 
tourbe  qui  est  composée  de  végétaux  encore  visibles  ,  et  qui 
lui  donnent  un  tissu  fibreux  :  c'est  ordinairement  la  plus  super- 
ficielle ;  elle  porte  le  nom   de  Bmisin.  (lts.) 

TOURBE  DU  HAUT  PAYS,  V.  Tourbe  pyriteuse. 

(LN.) 

TOURBE  LIMONEUSE  {turfa  lutosa.^NsM).  Elle 
est  compacte;  sa  cassure  est  terreuse,  et  \es  débris  vé- 
gétaux n'y  sont  point  apparens,  La  tourbe  limoneuse 
constitue  la  partie  inférieure  des  tourbières,  comme  la 
tourbe  fibreuse  en  fait  la  partie  supérieure  ,  et  l'on  remar- 
que des  insensibles  gradués  de  l'une  à  l'autre  sorte.  Les 
tourbes  bourbeuse ^  fangeuse^  muqueuse  ,  n'en  sont  que  des  mo- 
difications. V.  Tourbe,  (ln.) 

TOURBE  DES  MARAIS  {moorforf  àes  Allemands). 
C'est  la  tourbe  spongieuse  brune  tendre  ,  qui  brûle  sans  dé- 
gager d'odeur  sulfureuse  sensible.  C'est  la  vraie  tourbe  à 
brûler.  V.  Tourbe,  (ln.) 

TOURBE  MARINE  ou  DARRY  des  Hollandais.  Es- 
pèce de  tourbe  uniquement  composée  de  débris  de  végétaux 
marins,  et  qui  forme  des  couches  sous-marines.  On  observe, 
dans  les  dunes  de  la  Nord-Hollande  ,  des  tourbes  marines 
composées  de/t/a«,et  notamment  àe  fucus  digitaius  ,  qui  brû- 
lent très-bien,  (ln.) 

TOURBE  MUQUEUSE.  T.  Tourbe  limoneuse,  (ln.) 

XXXIY.  21 


322  T  O  U 

TOURBE  PAPYRACÉE.  Tondi  donne  ce  nom  au  Dy- 
SODILE.  On  doit  faire  observer  que  le  dysodile  n'est  ni  do  la 
tourbe  ni  de  la  houille  ,  mais ,  connne  l'avoit  fort  bien  dit 
Bomare  ,  une  terre  bitumineuse  feuilletée  :  c'est  une  marne 
extrêmement  feuilletée  ,  qui  trouve  son  analogue  à  Mon- 
te-Bolca  près  Véronne  ,  et  qui  offre  aussi  des  empreintes 
de  poissons  fossiles. 

Il  y  a  encore  une  terre  pareille  au  dysodile  à  Château- 
Neuf  (Rhône),  en  face  de  Viviers;  elle  est  disposée  en  cou- 
ches dans  un  schiste  bitumineux.    V.  Marise.  (ln.) 

TOURBE  PICIFORME  ouRÉSlNOÏDE.  Elle  est 
compacte, à  cassure  luisante  et  résineuse;  elle  n'est  pas  com- 
mune. (i.N.) 
TOURBE  PROFONDE.  V.  Tourbe  pyriteuse.  (\m.) 
TOURBE  PYRITEUSE.  Elle  est  compacte,  très-py- 
riteuse  et  fort  coquiilère.  C'est  elle  qu'on  exploite  et  qui  se 
trouve  en  Picardie  et  dans  les  environs  de  Reims  et  de 
Soissons  ;  on  l'appelle  tourbe  du  haut  pays,  tourbe  vilrlolique  ^ 
tourbe  profonde  ;  elle  n'est  point  superficielle  comme  les  autres 
tourbes  ;  elle  est  recouverte  ou  alterne  avec  des  bancs  de 
sable  ,  d'argile  ,  et  même  de  craie  ;  elle  est  essentiellement 
argileuse.  V.  Tourbe,  (ln.) 

TOURBE  VITRIOLIQUE.   V.  Tourbe  pyriteuse. 

(LN.) 

TOURBETTE.  Sorte  de  mousse.  C'est  la  Spiiaigne.  (b.) 
TOURBILLON.  Mouvement  circulaire  et  violent  que 
prennent  l'eau  ouïe  vent, en  certaines  circonslances. Un  fleuve 
qui  coule  rapidement ,  venant  à  rencontrer  une  masse  de  ro- 
chers qui  lui  fait  faire  brusquement  un  coude,  éprouve,  dans 
cette  sinuosité,  des  remous  qui  impriment  à  l'eau  un  mouve- 
ment de  rotation  qui  se  manifeste  à  sa  surface.  Les  nageurs 
savent  combien  il  est  dangereux  de  se  baigner  dans  ces  sortes 
de  tourbillons.  Le  Rhône  présente  un  exemple  de  ces  eaux 
tournoyantes,  dans  l'endroit  nommé  Pierre  bénite^  à  une  demi- 
lieue  au-dessous  de  Lyon.  On  en  trouve  un  à  peu  près  sem- 
blable dans  le  Danube  ,  à  sept  milles  au-dessous  de  Linlz  ,  où 
souvent  il  a  péri  de  grands  bateaux. 

Cet  effet  ne  se  manifeste  pas  seulement  dans  les  rivières  , 
mais  encore  d'une  manière  bien  plus  frappante  dans  certains 
parages  maritimes,  notamment  dans  le  fameux  gouffre  des 
côtes  de  Norwcge  ,  marqué  sur  toutes  les  caries  sous  le  nom 
de  Maehtrom  :  on  a  raconté  qu'il  engloulissoit  les  vaisseaux  , 
et  qu'il  les  revomissoit  ensuite.  Aujourd'hui  que  le  merveil- 
leux a  disparu,  les  marins  un  peu  hardis  traversent  à  pleines 
voiles  ce  vaste  tourbillon ,  qui  n'est  occasionné  que  par  la 


T  0  U  323 

résistance  inégale  qu'éprouve  un  couranl  de  mer  en  passant 
entre  deux  îles  voisines  de  la  côte.  Il  en  esl  de  même  du  tour- 
billon jadis  si  redouté  des  navigateurs  qui  traversoient  le  dé- 
troit de  Messine  ,  el  qu'épouvantoienl  les  noms  de  Charybde 
et  de  Scylla. 

C'est  surtout  dans  les  lieux  élevés  ,  sur  le  sommet  des  mon- 
tagnes ,  que  les  tourbillons  de  vent  se  font  sentir  avec  la  plus 
grande  violence  ,  soit  parce  que  les  vents  n'éprouvent  point 
là  de  frottement  qui  puisse  retarder  leur  marche  ,  soit  surtout 
parce  que  c'est  à  ces  grandes  hauteurs  que  s'élèvent  les  fluides 
hétérogènes  qui  se  sont  mêlés  à  l'atmosphère  ,  et  qui  sont 
plus  légers  que  l'air  commun.  Saussure  a  observé  que  sur  le 
Cul-du-Géant ,  à  1763  toises  d'élévation,  l'air  étoit  moins 
pur  qu'à  Genève  ;  et  il  a  éprouvé  là  des  tourbillons  de  vent 
d'une  telle  violence  ,  qu'il  sentoit  la  montagne  s'ébranler  sous 
lui,  (pat.) 

TOURCO.  V.  Grive  litorne  ,  à  l'article  Merle,  (v.) 
TOUPxD  ,  TOURDE.  Noms  vulgaires  des  Grives,  (v.) 
TOURD.  Poisson  du  genre  Labre,  (b.) 
TOURDELLE.  On   désigne  ainsi  la  Grive  litorne, 
dans  différentes  contrées  de  la  France.  F.  ce  mot  à  l'article 
Merle,  (v.) 

TOURDO.  Plusieurs  /û/;/f5  portent  ce  nom  sur  les  côtes 
de  Nice  :  le  tourdo  d''ar(;o  est  le  Lalre  MERLE,  (desm.) 

TOURDRÉ.  Nom  languedocien  des  Grives.  V.  ce  mol, 
à  l'article  Merle,  (desm.) 

TOURELLE.  V.  Tourette.  (s.) 

TOURET.  Nom  vulgaire  de  la  (^rive  malvis.  V.  l'art. 
Merle,  (v.) 

TOURETTE,  Turrlils.  Genre  de  plantes  de  la  tétrady- 
namie  sillqueuse  ,  et  de  la  famille  des  crucifères  ,  dont  les 
caractères  consistent  :  en  un  calice  connivent  ;  en  une  co- 
rolle de  quatre  pétales  ;  en  six  éiamines  ,  dont  deux  plus 
courtes  ;  en  un  ovaire  supérieur  terminé  par  un  stigmate 
presque  sesslle  ;  en  une  sllique  longue  ,  linéaire  ,  quadran- 
gulaire,  souvent  redressée  et  serrée  contre  la  tige  ,  et  ter- 
minée par  le  stigmate  qui  persiste. 

Ce  genre  renferme  des  plantes  à  feuilles  alternes  et  à  fleurs 
disposées  en  épis  quelquefois  très- longs,  que  les  botanistes 
français  ont  réunies  avec  les  Arabettes  ,  mais  que  ceux  du 
Nord  persistent  à  en  séparer,  sous  la  considération  de  l'ab- 
sence des  glandes  qu'on  trouve  à  !a  base  des  étamines  ài:s 
arabeltes ,  et  sur  la  forme  de  la  silique,  qui  n'est  pas  plate. 


324  T  0  u 

On  en  compte  huit  espèces  ,  dont  les  plus  éOirjw^l'nes  sont  : 
La  TouRETTE  orABRE  ,  qui  a  les  feuilles  radicales  deninC^ 
et  hispidcs  ,  elles  caulinaires  très-enliéres  ,  aniplexicaules 
et  glabres.  Elle  est  bisannuelle,  et  se  trouve  dans  les  bois  dé- 
garnis ,  secs  et  sablonneux. 

La  ToURETTE  HÉRISSÉE  a  toulcs  les  feuilles  hispidcs  ;  celles 
de  la  tige  amplexicaulcs  et  dentées  dans  leur  milieu  ;  les  ra- 
meaux droits  et  grêles.  Elle  est  bisannuelle  ,  et  se  trouve  dans 
les  bois  arides  ,  sur  les  montagnes  découvertes. 

Ces  deux  plantes  s'élèvent  à  un  ou  deux  pieds  ,  et  ont  un 
port  très  élégant.  Elles  ne  sont  point  rares  aux  environs 
de  Paris.  Leurs  feuilles  en  décoction  sont  regardées  com- 
me incisives  ,  apérilives  ,  carminatives  et  sudorifiques.  (b.) 

TOURIGO  ou  TURGO.  C'est  le  nom  donné  ,  en  Lan- 
guedoc ,  à  une  brebis  brehaigne  ou  stérile,  (desm.) 
TOURLOUROU.  V.  Gécarcin.  (l.) 
TOURLOURY.  Nom  de  deux  palmiers  de  Cayennc. 
Ce  sont  Ynrucurl  de  Pison  ,  et  Vaouai  d'Aublet.  Ces  arbres 
iVont  pas  encore  été  figurés,  (b.) 

TOURMALÏNE  (  2(»f/7Hâ!//ni; ,  Haiiy  ;  5V,7ior/,  James., 
Schorl  noir  ftSchoti  électrique  de  presque  tous  les  anciens  mi- 
îiéralogisles  ).  ,       •    ,         .  r» 

La  tourmaline  est  connue  depuis  longtemps.  On  a  beau- 
coup varié  ,  et  on  varie  encore  sur  la  manière  dont  on  doit 
considérer  les  divers  minéraux  qui  en  constituent  Tespèce, 
telle  que  les  minéralogistes  français  rétablissent,  suivant  en 
celaFopinion  de  M.  Hauy,fondée  sur  deux  caractères  forlim- 
portans  qa'offrent  toutes  les  variétés  de  tourmaline,  savoir  ; 
le  premier  fourni  par  la  crislallisalion  ,  et  qui  démontre  que 
les  formes  cristallines  leur  sont  communes  ,  et  qu'elles  dé- 
rivent d'un  même  noyau  primitif;  le  second,  celui  de  la 
vertu  électrique  qu'elles  laissent  manifester,  lorsqu'on  les 
chauffe,  et ,  en  môme  temps  ,  du  pouvoir  attractif  et  répulsif 
dont  jouissent  lés  cristaux. 

Ces  caractères  n'ont  point  encore  souffert  d'exception  ,  et 
malgré  la  manière  de  penser  de  célèbres  chimistes  moder- 
nes    ils  caractérisent  très-bien  l'espèce  tourmaline. 

Les  tourmalines  se  trouvent  cristallisées,  et  plus  rare- 
ment en  masse  compacte;  leurs  cristaux  parfaits  sont  peu  com- 
muns; ils  dérivent  d'un  rhomboïde  obtus,  dans  lequel  l'une  des 
faces  quelconques  est  inclinée  surcelles  quilui  sont  adjacentes 
de  i33d.  26'.  GiLfi  d,  34'.  :  cependant  leur  forme  prédomi- 
nante est  prismatique;  les  pans  du  prisme  sont  sillonnés,  ou 
lisses  et  brillans.Les  crislauxontunc  tendance  auprisme  trian- 
éulaire  ;  leurs  sommets,  composés  de  plusieurs  facettes,  sont 


T  O  U  325 

très-surbaissés,  même  lorsqu'ils  ne  sont  point  lermlnés  par 
un  plan  perpendiculaire  à  l'axe.  Les  sommets  d'un  même 
cristal  diffèrent  par  le  nombre  des  facettes. 

La  couleur  ordinaire  des  tourmalines  est  ie  noir  :  il  y  en  a 
cependant  de  toutes  les  couleurs  ;  les  noires  sont  opaques  ou 
légèrement  translucides  ,  très-minces  sur  les  bords.  Lés  au- 
tres sont  communément  transparentes  et  d'un  éclat  plus  vif  ; 
elles  jouissent  de  la  réfraction  double  ;  mais  souvent  l'une 
des  deux  images  est  à  peine  sensible,  lorsqu'on  fait  l'expé- 
rience pendant  le  jour,  tandis  qu'à  la  flamtne  d'une  bougie, 
ces  deux  images  sont  d'une  égale  intensité.  Quelquefois  les 
tourmalines  sont  opaques  ,  lorsqu'on  regarde  dans  le  sens  de 
l'axe  du  prisme;  et  même  ,  lorsqu'elles  sont  transparentes  , 
elles  le  sont  moins  dans  ce  sens,  à  longueur  égale,  que  dans 
d'autres  sens  Dans  certaines  variétés,  les  couleurs  sont  dif- 
férentes, selon  qu'on  regarde  à  travers  le  prisme  ou  à  travers 
ses  bases. 

La  cassure  est  généralement  raboteuse,  ou  vitreuse  et  iné- 
gale. On  observe  rarement,  et  dans  quelques  cas  seulement, 
les  indices  de  clivages  ;  ils  se  présentent  sur  des  plans  inclinés 
sur  l'axe  du  cristal ,  uu  dans  les  plans  des  joints  secondaires 
du  noyau. 

I^a  dureté  des  tourmalines  égale  presque  celle  du  quarz  , 
mais  cependant  lui  est  inférieure  :  on  les  brise  très-aisé- 
ment. 

Leur  pesanteur  spécifique  varie  de  3, 08  à  3,36,  selon  M. 
Haiiy. 

Lorsqu'on  essaie  de  fondre  ces  pierres  à  l'aide  du  cbalu- 
meau,  on  obtient  un  verre  bulleux  d'un  blanc  grisâtre,  ou  une 
scorie  noire.  Quelques  variétés  ,  qu'on  avoit  cru  infusibles  , 
finissent  également  par  se  fondre.  Telle  est,  d'après  M.  Lu- 
cas ,  la  tourmaline  violette  de  Sibérie. 

Les  nombreuses  analyses  qu'on  a  fait  des  tourmalines ,  font 
voir  que  la  silice  et  Taluinine  sont  les  principes  qui  dominent 
dans  leur  composilion,  et  que  leurs  couleurs  sont  dues  au  fer 
et  au  manganèse  ;  n)ais  ces  analyses  ,  par  une  circonstance 
très-singulière,  offrent  les  quatre  alcalis  suivans,  savoir; 
la  soude  ,  la   potasse  ,    la    cliaux   et  la   lithine    ou  liJhion, 

L'auteur  du  nouveau  système  de  minéralogie  ,  fondé  sur 
les  propositions  définies,  en  conclut  que  l'espèce  tourmaline, 
telle  que  l'établit  M.  Haiiy  ,  doit  être  partagée  en  quatre 
espèces;  et  en  jetant  un  coup  d'œil  sur  la  classification  des 
minéraux  qu'il  propose ,  on  voit  avec  surprise  ces  quatre 
espèces  portées  très-loin  l'une  de  l'autre,  et  placées  au- 
près de  minéraux  qui  leur  sontbeaucoupplusétrangers.  En 
admettant  que  la  présence  de  tel  ou  tel  alcali  di\l  délcrmi- 


326  T  O  U 

ner  auUnt  d'espèces  dans  la  tourmaline,  du  moins,  dans 
une  méthode  naturelle, seroit  11  convenable  de  les  rapprocher, 
leurs  autres  caractères  étant  du  reste  les  mêmes. 

Une  seconde  circonstance  singulière  qui  s'est  offerte  en 
analysant  les  tourmalines  ,  c'est  la  présence  de  l'acide  ho- 
racique.  Toutefois,  elle  n'est  point  essentielle  à  ces  pierres, 
puisque  des  chimistes  instruits  ont  tenté  sans  succès  des  ex- 
périences à  ce  sujet;  mais  il  n'en  demeure  pas  moins  constant 
que  l'acide  boracique  y  a  été  découvert  ;  et  ce  qu'il  y  a  de 
remarquable  ,  c'est  que  la  même  découverte  a  en  lieu  pour 
l'axinite  ;  or,  ces  deux  espèces  minérales ,  comme  la  ma- 
gnésie boratée  ,  offrent  des  cristaux  non  syrnétriques  ,  et  qui 
jouissent  de  la  double  électricité  posiàve  cl  négative  ,  lors- 
qu'on les  chauffe. Il  paroît  que  l'idée  de  rechercher  l'acide  bo- 
racique dans  la  tourmaline  et  dans  l'axinite  est  due  primitive- 
ment à  M.  Breithaupt, conservateur  de  la  collection  de  miné- 
ralogie deFreyberg.lVIM.Lampadius  et  Vogel  n'ont  pas  lardé 
à  vérifier  ,  par  l'expérience  ,  le  soupçon  de  M.  Breithaupt  ; 
et,  depuis,  M.  Arfedson  a  constaté  1  existence  du  même 
acide  dans  les  tourmaline  verte  d  Uto  ,  et  dans  la  rouge  de 
Sibérie.  La  proportion  dans  laquelle  il  se  trouve  est  irès- 
loible  ,    et  n'excède  pas  quelques  centièmes. 

Voici  quelques  analyses  de  la  tourmaline;  nous  avons  fait 
choix  de  celles  qui  paroisscnt  les  plus  exactes. 

I.  Tourmaline  commune  (noire  ,  opaque  ),  qui  contient 
de  la  potasse. 


Eibenstoc. 

Spessart. 

Silice.     .     .     .     . 

36,75     .     . 

36,  o5     . 

.     33,35. 

Alumine. 

34,o5     .     . 

3i,oo 

.     48,83. 

Magnésie     ,     .     . 

0,25      .       . 

1,25        . 

o,oo. 

Fer  oxydé  .     .     . 

21, GO 

2'5,5o     . 

'.    21,4.0. 

Manganèse  oxydé. 

trace.     .     . 

trace.     . 

.       3,33. 

Potasse  .... 

6,oo     .     . 

5,5o     . 

0,00. 

Perte 

i,oo     .     . 

o,oo     . 

.        3,10. 

Les  deux  premières  analyses  sont  dues  à  Rlaprolh  ,  et  la 
troisième  à  Wiegleb.  Si  ce  dernier  chimiste  n'indique  pas 
la  potasse,  c'est  qu'à  l'époque  où  il  a  fait  son  analyse  ,  or» 
îi'opéroit  pas  avec  cette  attention  minutieuse  qu'on  y  met 
actuellement,  et  elle  lui  aura  échappé  comme  elle  avoit 
échappé  à  Klaprolh  ,  qui ,  dans  une  des  premières  analyses 
de  la  tourmaline  commune  ,  n'indique  que  :  silice  ,  3;  alu- 
mine, /f-o;  fer  oxydé,  22.  Bucholz  a  donné  trois  analyses  des 
tourmalines  du  Sainl-Goliiard ,  dans  lesquelles  il  indique 
de  o,o5  à  o,5o  de  chaux  ,  et  5, 9/^  à  9,3  de  magnésie.  La  siiioe 
et  l'alumine  ne  s'éloignent  pas  des  proportions  ordinaires  ; 


T  0  U  ^2-^ 

mais  il  n'y  a  point  de  potasse  ;  et ,  comme  dans  ces  analyses 
(  qui  appartiennent  à  des  tourmalines  ,  dites  communes  ou 
éleclriques  par  les  x\llemands,  c^est-à-dire  à  celles  qui  con- 
tiennent de  la  potasse  ),  la  perle  varie  entre  14.  et  19',  nous 
les  rejetcrons  comme  inexactes.  11  paroîl  que  la  tourmaline 
commune  n'offre  pas  d'acide  boracique.  Une  variété  de  Ka- 
ringbricla  contient  beaucoup  de  magnésie  ,  et  preque  pas- 
de  poiasse. 

2.  Tourmaline  qui  offre  de  la  chaux. 
Verte  du  Brésil. 
Silice 3?     .     .     l^o^oo     .    .     38. 


Alumine.     .     .     .  Sg  .  .  89,00 

Chaux     .     .     .     .  li)  .  .  3,84. 

Fer  oxydé  ...  g  .  .  12, 5o 

Manganèse  oxydé.  o  .  .  2,00 

Perte     ....  o  .  .  2,G6 


20. 
20. 

o. 
3. 


La  première  de  ces  analyses  est  due  à  Bergmann  ;  la  se- 
conde à  Vauquelin  ;  la  troisième  ,  plus  ancienne, à  Gerhard. 

3.  Tourmaline  (rose  ou  violette)  qui  offre  de  la  soude  à 
l'analyse. 

Silice    .  ^  .  .  .  .  .  4-3, 5o  . 
Alumine  ...'...  4^,25  . 

Ciiaux 0,10  , 

Soude 9, 

Fer  oxydé o, 

]VIanganèse  oxydé  ,     i,5o  , 

Eau 1,25  . 

Perle 2,40  . 

(i.)  Analyse  de  la  tourmaline  rose  de  Ro7.ena,en  Moravie,, 
par  Klaprolh  ;(2.)  delà  même  par  Bucholz;(3.)  de  la  tour- 
maline violette  transparente  de  Sibérie  ,  par  Vauquelin  ; 
(4)<le  la  tourmaline  violette  noirâtre  opaque  dumêmepays, 
par  Vauquelin.  M.  Arfvedson  dit  avoir  trouvé  un  peu  de  li- 
thinc  et  de  l'acide  boracique  dans  la  tourmaline  rouge  de 
Sibérie. 

4  Tourmaline  (verle)  qui  contient  de  la  lilhine. 


(2) 

(3) 

(4) 

39,25  . 

.  4^  . 

.  45. 

45,25  . 

.  40 . 

.  3  . 

I 

.  00  . 

.  00. 

7,22   : 

.   10  . 

.  10. 

trace. 

2         .  . 

37. 

.  i3. 

4      '. 

0  . 

.    0, 

0,28  .  . 

I   . 

2, 

Silice    .... 

.  4o,3o. 

Alumine    .     .     . 

.  40)5o. 

Lithine       .     .     . 

.     4,3o. 

Fer  oxydé      .     . 

.     4,85. 

Manganèse  oxydé 

.     i,5o. 

Acide  boracique 

I.IO. 

Matière  volatile. 

.     3,Go. 

Perte    .... 

.    3,85. 

328  T  O  U 

Analyse  de  la  tourmaline  verte  d'Uto  par  Arfvedson. 

Voil.i  sur  quelles  données  chimiques  on  se  fonde  pour  di- 
viser la  tourmaline  en  quatre  espèces. 

Les  formes  crislallines  de  la  tourmaline  sont  assez  nom- 
breuses,  el  M.  Haiiy  n'en  a  décrit  que  ^ix-sept.  Le  rhom- 
boïde obtus  (de  i33  deg.  26'  el  4-^  deg.  34')  dont  elles  dé- 
rivent ,  est  divisible  par  des  plans  qui  passcroient  par  les 
bords  opposés.  Les  formes  suivantes  sont  les  plus  communeg 
ou  les  plus  remarquables. 

1.  Tourmaline  primilioe.  Cette  forme  esl  citée  par  M.  de 
Bournon,  au  nombre  de  celles  qu'il  a  observées  sur  des  cris- 
taux de  tourmaline  de  Ceylan.  Elle  y  esl  infmiment  rare.  On 
en  voit  un  cristal  dans  le  cabinet  de  M.  do  Urée,  à  Paris. 

2.  Tuurinuline  irédécimale  ,  Haiiy  ,  Ann.  Mus. ,  vol.  3  ,  pi. 
38,  fig.  2.  Prisme  à  neuf  pans,  ayant  six  angles  de  120  deg., 
et  trois  de  i5o;  sommet  supérieur  à  trois  faces  qui  répon- 
dent à  trois  faces  primitives;  sommet  inférieur  à  une  seule 
face  horizontale. 

3.  TuiirmaUnc  isogone^  Haiiy,  Traité,  pi.  53,  fig.  114. 
Prisme  à  neuf  pans,  de  la  forme  précédente;  un  sommet  à 
trois  faces  qui  répondent  à  trois  faces  du  rhomboïde  primitif; 
l'autre  à  six  faces,  dont  trois  secondaires  triangulaires  incli- 
nées chacune  sur  le  plan  adjacent  de  i35  deg.  4-o'  »  celle 
forme  esl  commune. 

4.  Tourmaline  sexdérimale  ^  Haiiy,  Tabl.  comp.,  pi.  2, 
fig.  32.  Prisme  hexaèdre  régulier;  sommet  supérieur  composé 
de  six  facettes  ,  comme  celui  de  la  tourmaline  isogone  ;  som- 
met inférieur  à  quatre  faces,  dont  trois  primitives  el  une  ho- 
rizontale. 

5.  Tourmaline  nonoseptimalc  ^  Haiiy.  Prisme  à  neuf  pans  , 
sommet  à  trois  et  quatre  faces.  Combinaisons  desjrois  va- 
riétés précédentes. 

6.  Tourmaline  équivalente,  Haiiy,  /,  c,  fig.  11 5.  La  même, 
mais  le  prisme  à  douze  pans. 

7.  Tourmaline  èquidiffèrenie ^  Haiiy,  l.  c,  fig.  117.  Elle 
offre  le  même  nombre  de  pans  et  de  facettes  que  la  variété 
isogone  ;  mais  les  trois  facettes  secondaires  du  sommet  le 
plus  composé  ont  plus  d'étendue  que  les  trois  faces  primi- 
tives,el  sont  inclinées  entre  elles  de  i55  deg.  9'et  surles  faces 
primitives,  de  i56  deg.  43''  H  arrive  quelquefois  dans  cette 
variété  ,  comme  dans  les  précédentes,  que  le  prisme  esl  tel- 
lement raccourci  ,  que  le  cristal  change  d'aspect. 

8.  Tourmaline  impaire^  Haiiy,  /.  r. ,  fig.  11  g.  Prisme  de 
la  tourmaline  isogone  ;  sommet  de  la  forme  précédente,  le 
plus  composé  tronqué  par  une  facette  horizontale.  Dans 
celle  forme ,  les    faces  du  sommet  et  les  pans  du  prisn»e 


ï  O  U  329 

suivent  le  rapport  des  nombres  impairs,  trois,  sept,  neuf, 
g.  Tourmaline  sousiracthe  ,  Haiiy  ^  L  c.  ^  fig.  120.  Prisme  de 
la  tourmaline  équidifférenle,les  deux  sommets  à  six  faceiles, 
comme  dansle  sommelle  pluscomposé  de  celte  même  forme, 
dont  un  tronqué  par  une  facette  horizontale. 

10.  Tourmaline  anti -  ennéaèdre  ^  Haiiy,  Trait.  /.  c.  ,  fig. 
Î2I.  Prisme  à  douze  pans;  neuf  faces  à  chaque  sommet.  C'est 
la  forme  équivalente, dont  le  sommet  à  six  faces  présente  trois 
facettes  au  bas  des  facettes  primitives. 

11.  Tourmaline  nonodécimale ^  Haiiy,  Ann.  Mus.,  pi.  38, 
fig.  3.  La  variété  trédécimale  ,  dont  le  sommet  supérieur  est 
augfbenté  de  six  facettes  marginales. 

12.  Tourmaline  nonoduodéciniale ^  Haiiy,  Trait,,  pi.  53.  fig. 
laS.  Prisme  à  neuf  pans  de  la  variété  précédente;  l'un  des 
sommets,  le  supérieur,  semblable  au  sommet  le  plus  composé 
de  la  tourmaline  sexdécimale-;  l'inférieur  pareil  au  sommet 
composé  de  la  tourmaline  équidifférente. 

i3.  Tourmaline  surcomposée^  Haîiv,  Tr,  /.*;.,  fig.  126. 
Dix-neuf  faces  au  sommet  supérieur;  prisme  à  douze  pans; 
trois  faces  au  sommet  inférieur. 

Les  autres  formes  délerminables  de  latourmaline  sont  beau- 
coup plus  difficiles  à  saisir  par  la  pensée,  et  en  générai  plus 
compliquées. 

Paruii  les  variétés  qui  ne  sont  point  le  résultat  d'une  cris- 
tallisation régulière,  nous  ferons  reniarquer  les  suivantes: 

i5.  Tourmaline  hacillaire.  Lorsqu'elle  est  formée  de  prismes 
cylindroïdes  assez  gros  et  sensiblement  parallèles.  On  en  voit 
de  très-belle  à  Madagascar  et  en  Bohème. 

16.  Tourmaline  aciculaire.  Prismes  très-déliés  semblables  à 
des  aiguilles. 

17.  Tourmaline  capillaire.  Celle  qui  est  en  prismes  fins  et 
déliés  comme  des  cheveux  ,  et  qui  s'observe  sur  les  béryls  de 
Sibéiie  et  ailleurs; 

18.  Tourmaline  fasciculéc.  Cristaux  de  l'une  des  deux  va- 
riétés précédentes,  léunis  en  faisceaux.  Tantôt  les  aiguilles 
sont  parallèles, tanlôl  elles  sont  rayonnantes  et  globuliformcs- 
radiées  comuie  dans  certaines  variétés  de  niésotype.  Quel- 
quefois l'extérieur  des  faisceaux  ou  des  globules  présente 
les  sommets  assez  parfaits  des  cristaux  cylindroïdes  ou  ari- 
culaires  qui  forment  ceux-ci;  même  ils  affectent  une  disposition 
gîobuliforme-radiée.  D'autres  fois,  les  aiguilles  sont  telle- 
ment fines  et  serrées  entre  elles,  que  la  masse  est  fibreuse 
et  prend  l'aspect  de  l'ampiiibole  ou  de  l'asbeste  dure. 

IJ).  Tourmaline  ar  iculèz.  Les  cristaux  de  tourmalines  qui 
jouissent  d'une  certaine  transparence  ,  et  dont  le  prisme  est 
irès-grcle  j  présentent ,  lorsqu'on  les  casse  ,   vme  surface 


33o  T  0  U 

concave  sur  l'un  tic  leurs  fragmens  i  et  une  surface  convexe 
avec  un  reljord  plane  sur  l'aulre.  Ceci  est  une  suite  de  la 
slruclure  du  cristal,  et  s'explique  de  la  même  manière  que 
pour  l'aigue-marine  où  ce  genre  d'articulation  est  commun  , 
et  où  il  est  facile  de  le  reconnoîlre.  Il  n'a  lieu  que  dans  les 
cristaux  soit  de  tourmaline  ,  soit  d'aigue-marine  ,  qui  sont 
eux-mêmes  autant  de  réunions  de  cristaux  disposés  à  l'en- 
tour  d'un  axe  commun  ,  et  tellement  unis  qu'ils  ne  détrui- 
sent point  la  transparence.  Il  résulte  de  cette  structure  com- 
posée que  les  petits  cristaux  qui  forment  l'enveloppe  du 
prisme  que  Ton  examine  ,  constituent  une  couche  moins 
dense  ,  en  sorte  que  lorsqu'on  frappe  le  prisme  pour  le  Bri- 
ser, la  partie  centrale  résiste  encore  ,  que  l'enveloppe  est 
déjà  brisée  ;  il  faut  récidiver  pour  achever  la  fracture  ;  alors 
la  partie  centrale  se  brise  en  un  plan  différent  de  celui  de 
l'enveloppe  ,  et  voilà  ce  qui  cause  sur  un  bout  une  surface 
r.oijvexe,  avec  un  rebord  marginal.  Les  prismes  d'aigue-ma- 
l'ine  dévoilent  quelquefois  ce  mode  de  structure-,  car  on  en 
trouve  qui  sont  composés  d'une  ou  de  plusieurs  envelop- 
pes hexaèdres  qui  ont  n»eme  des  degrés  différens  de  trans- 
lufiicité  ;  ces  prismes,  frappés  méthodiquement  et  circulaire- 
ment,  et  puis  avec  force,  pioduiseni  souvent  des  articulations 
bien  marquées.  J'en  ai  obtenu  sur  des  prismes  d'un  pouce 
d'épaisseur.  C'est  en  faisant  cette  expérience  que  certaines 
aiguë  -  marines  de  la  Daourie  répandoient  quelquefois  une 
odeur  de  gaz  hydrogène  analogue  à  celle  que  répand  le  quarz 
fétide  de  Nantes.  Les  gros  prismes  de  tourmaline  violette  de 
Sibérie  offrent  une  structure  semblable,  et  lorsqu'on  enlève 
une  tranche  transversale  pour  regarder  le  jour  à  travers,  on 
voit  que  le  centre  est  bleu-indigo  et  le  tour  brun,  ou  bien  elle 
ost  rose  foncé  et  rose  pâle,  etc. 

On  doit  aux  savantes  recherches  de  M.  Biol  d'avoir  re- 
connu que  dans  ce  cas  les  rayons  de  lumière  réfractés  par 
ces  cristaux  subissoient  les  déviations  qu'une  telle  composi- 
tion admet  et  qui  n'existent  pas  dans  les  cristaux  parfaite- 
ment homogènes,  ceux  qu'on  peut  supposer  s  éîre  formé» 
molécule  à  molécule,  et  c'est  ce  qui  s'observe  dans  nombre 
de  cristaux  transparens  de  toutes  espèces  de  substances. 

20.  Tourmaline  amorphe.  En  masse  compacte.  Cette  tour- 
maline en  est  rare. 

21.  Tourmaline  granuleuse.  Cette  variété  est  citée  par  M.  de 
Bournon. 

Les  minéralogistes  allemands  partagent  cette  espèce  en 
deux,  savoir  :  la  tourmaline  commune  ou  opaque,  et  la  tour- 
iualiae  électrique  ou  transparente.  Wcrner,  dans  le  dernier 


T  O  TT  ^      33i 

syslème  minéralogique  que  nous  ayons  àe.  lui ,  appeWe  schorl 
la  première  de  ces  espèces,  et  s'unçl^menliourmaline  la  se- 
conde. Celte  division  peut  être  adoptée  avec  moins  d'incon- 
véniens  que  celle  fondée  sur  les  principes  chinjiques. 

I.  Tourmaline  commune  ou  noire  opaque,  Basai/es  cris- 
iaUisatiis ,  Wall.,  en  partie;  SrJuvartzprel  Gemeiner  schorl  àts 
minéralogistes  allemands  ;  Schorl^  Wern.;  Common  schorl^Ja- 
nies.  La  tourmaline  commune  est  d'un  noir  plus  ou  moitïs 
intense  ,  et  parfaitement  opaque  ;  cependant  les  variétés  qui 
font  le  passage  à  la  tourmaline  transparente  sont  très  foible- 
nient  translucides  sur  les  bords.  Sa  couleur  et  son  opacité 
lui  sont  données  par  la  grande  quantité  de  fer  qu'elle  contient 
(  V.  plus  haut  ses  analyses  ,  p.  826  ). 

Elle  se  présente  sous  presque  toutes  les  formes  cristal- 
lines de  l'espèce,  et  sous  toutes  les  formes  d'agrégation  que 
nous  avons  indiquées.  L<irsqu'on  la  raye  ,  sa  raclure  ou  sa 
poussière  est  grise.  Au  chalumeau  ,  elle  se  fond  en  scorie 
noire  ,  et  colore  le  borax  en  vert  pâle.  Sa  pesanteur  spéci- 
fique est  de  3,092  selon  Brisson,  de  3,i5  suivant  Gerhard, 
et  de  3,21    d'après  Kirwan. 

Elle  est  électrique  par  la  chaleur,  comme  les  autres  tour- 
malines ,  et  ses  cristaux  manifestent  Téleclricité  positive  à 
un  sommet,  et  Téleclricité  négative  à  l'extrémité  opposée. 
Ccîte  électricité  est  quelquefois  très-foible. 

La  tourmaline  noire  seroit  aisée  à  confondre  avec  l'am- 
phibole noir,  si  celui-ci  n'avoif  toujours  une  structure  la- 
mclleuse  très  -  marquée  ;  il  n'en  est  point  de  même  avec 
le  pyroxène  noir,  car  lorsqu'on  n'a  point  la  ressource  de  la 
forme  cristalline  ,  on  est  obligé  d'avoir  recours  à  Télectro- 
nîèlre.  Au  reste,  ces  deux  substances  n'ont  de  commun  avec 
la  tourmaline  que  leur  apparence  el  leur  couleur  noire. 

La  tourmaline  noire  est  beaucoup  plus  répandue  que  les 
autres  variétés  ;  mais  toutes  appartiennent  aux  terrains  pri- 
mitifs ;  il  n'en  a  pas  encore  été  découvert  dans  les  ter- 
rains de  transition,  ni  dans  aucun  produit  volcanique.  La 
tourmaline  noire  entre  dans  la  composition  de  beaucoup 
d'espèces  de  roches,  mais  elle  n'en  forme  point  à  elle  seule: 
toulefois  ,  elle  présente  assez  souvent  des  masses  de  crislau.x 
agrégés,  et  même  des  couches  dans  les  autres  roches  ,  en- 
trelacées de  m.Tnière  que  leur  vide  est  rempli  par  la  subs- 
tance de  la  roche  ;  d'où  résulte  quelquefois  une  fausse  appa- 
rence de  brèche. 

Le  plus  généralement,  ses  cristaux  sont  disséminés  dans 
les  roches  granitiques,  la  peg'.nalite,  le  gneiss,  le  mica- 
schiste,lesschisles  primitifs,  les  roches  talqueuses,chloriteuses 
el  sléaliteuses  (Tyro!  ,  Piémont  , Sibérie),  et  associés  avec 


332  T  0  ÎT 

le  quarz,  le  feldspalli,  le  mica  ,  le  grenat ,  rélain  oxyde',  le 
Léryl  ,  et  les  variétés  sulvanles. 

La  tourmaline  noire  se  trouve  dans  toutes  les  chaînes  de 
montagnes  primitives,  et  il  seroit  superflu  el  très-fastidieux 
de  rappeler  ici  toutes  les  localités  connues  de  celle  subs- 
tance ;  nous  nous  bornerons  aux  suivantes  : 

La  lourinaline  de  Schorlaw,  en  Saxe,  esl  la  première 
qui  ail  été  connue  ,  el  esl  même  le  premier  sckorl  des  mi- 
néralogistes ;  nom  qui  est  devenu  successivement  celui  d'un 
fort  grand  nombre  d'autres  minéraux ,  el  quia  occasione' 
beaucoup  de  confusion  en  minéralogie.  Plusieurs  auteurs  font 
dériver  ce  nom  de  5c/<or/,  du  mot  suédois  skorl ,  qui  signifie 
J^fagi/e. 

hes  cristaux  de  tourmaline  noire  de  Korosaullk,au  Groen- 
land, sont  remarquables  par  leur  volume  ;  il  en  existe  un 
crislal  de  la  grosseur  du  bras  ,  et  de  plus  de  huit  pouces  de 
longueur,  dans  le  cabinet  de  M.  deDrée,  à  Paris.  Il  adhère 
à  des  fragmens  de  roche  micacée. 

Les  cristaux  de  Madagascar,  elles  depuis  long-temps, 
sont  remarquables  parla  diversité  de  leurs  formes.  Il  y  en  a 
qui  sont  des  amas  de  prismes  brillans  cannelés  et  fasci- 
cules. Ils  sont  dans  du  quarz.  D'analogues  se  trouvent  k 
Ceyian. 

Les  tourmalines  de  Salsbourg  en  Tyrol,  de  Zwlsel  en  Ba- 
vière,sont  souvent  remarquables^ar  la  conservation  de  leurs 
cristaux  ;  ceux  qui  ont  le  micascfiisle  pour  gangue  ,  ont  leur 
surface  brillante  ;  ceux  qui  se  trouvent  dans  la  roche  peg- 
mallte  (ou  àkaolin)  avec  le  quarz, sont  plus  gros, ont  leur  sur- 
face plus  terne,  sont  d'un  noir  grisâtre  et  leur  prisme,  assez 
souvent  cylindroïde  ,  est  quelquefois  interrompu,  et  con- 
tient des  portions  de  la  roche  ;  on  en  volt  une  très-belie 
suite  dans  la  collection  de  M.  le  général  Dutailii,  à  Paris. 
Des  cristaux  analogues  se  rencontrent  dans  les  mêmes  circons- 
tances â  Chàtelaudren  en  Bretagne,  et  à  Tarascon  au  pied 
des  Pyrénées  ;  on  en  trouve  aussi  à  Vicdessos,  avec  du  gra- 
phite,de  la  chaux  phosphatée,  etc.  Les  tourmalines  de  l'Our- 
derlc  près  Nantes,  appartiennent  à  la  ïovme  nonosepti maie ^ 
et  ont  l'aspect  des  précédentes. 

Les  tourmalines  deChudbigh  près  Exesler,  dans  le  Devon- 
shlre  ,  en  Angleterre,  ont  pour  gangue  une  sorte  de  granlle- 
porphyre,  et  sont  remarquables  parleur  voluuîe  et  leur  couleur 
d'un  noir  de  velours.  Tantôt  leur  surface  est  lisse  el  brillan- 
te; tanlôl  leur  sommet  est  hérissé  de  prismes  capillaires  qui 
démontrent  que  le  cristal  est  entièrement  composé  par  l'ac- 
colement  de  pareils  prismes ,  dont  ceux-là  ne  sonl  que  les 


T  O  U  333 

cxlrémités.  La  forme  isogone  est  la  plus  commune  dans  ces 
tourmalines  ,  comme  dans  celles  du  Groenland.  Leurs  cris- 
taux sont  associés  à  des  cristaux  de  chaux  pîiosphaiée  vio- 
lacée ,  et  de  feldspath. 

Dans  la  province  du  Maine  ,  aux  E{ats-Unis  ,  on  a  décou- 
vert des  crijlauxde  tourmaline  d'un  beau  noir,  dans  plusieurs 
endroits,  et  parlicnlièremeni  aux  environs  de  Bowdoinham  ; 
ces  cristaux  ont  jusqu'à  un  pied  de  longueur  et  trois  pouces 
environ  de  diamètre.  La  tourmaline  du-Maryland  a  égale- 
ment un  fort  volume.  Sa  gangue  est  le  quarz  blanc. 

Les  tourmalines  noires  de  l'Oural  et  celles  de  la  Daourie 
accompagnent  le  béryl,  les  tourmalines  roses  et  vio^eltes,  et 
les  autres  substances  qui  leur  sont  associées.  I.,eurs  crislaux  , 
plus  ou  moins  parfaits  ,  sont  petits  ,  et  engagés  ,  le  plus  sou- 
vent, dans  le  granité  pegmalite. 

Les  cristaux  de  lournialine  de  Johanngeorgensladt  en 
Saxe  j  sont  petits,  à  deux  sonnneis  ,  et  sur  du  quaiz  avec 
de  l'élain  oxyilé  ,  etc. 

D'Andrade  a  nommé  aphrizii^  la  tourmaline  noire  de  la 
forme  nonoduodécimale  ,  qui  se  trouve  en  pelits  et  nom- 
breux cristaux  avec  le  fer  oxydulé  et  lequarzblanc,à  Langsoé 
près  Krageroe  en  Norwége. 

Les  tourmalines  noiies  cylindroïdes  ,  aciculaires  ,  fascicu- 
iées,  radiées  et  anmrphos,  ne  sont  point  rares  dans  les  monta- 
gnes primitives  de  l'Espagne  ,  de  la  France  ,  de  la  Suisse  , 
de  la  Ijaviére,  de  la  Franconie  ,  de  la  Bohème,  de  la  Saxe, 
duTyrol,  delà  Hongrie,  de  laMoravie,  de  la  Sibérie,  delà 
Suède,  du  Groenland,  de  l'Ecosse,  du  Cornouailles(avec 
la  mined'étain)  et  du  Devonshire  en  Angleterre  ;  des  États- 
Unis,  de  la  baie  d'Hudson  ,  du  Mexique,  du  Brésil,  du 
Chili, etc. Dans  ce  dernier  pays,latourmalinea  été  rencontrée 
dans  la  mine  de  cuivre  de  Sappalar.  Celles  en  longs  prismes, 
qu'on  trouve  en  Sibérie  ,  en  Espagne  ,  et  à  Ceylan  ,  sont 
très-brillantes  ,  et  font  le  passage  aux  tourmalines  suivantes 
dont  elles  ont  l'éclat ,  mais  non  pas  la  transparence.  Elles 
sont  quelquefois  articulées. 

M.  Lacoste  de  Plaisance  a  découvertdes  tourmalines  noi- 
res en  rognons  globuliformes-radiés  à  l'intérieur  ,  dans  le  gra- 
nlie  de  Menât ,  département  du  Puy-de-Dôme.  Les  tour- 
malines fd)reuses  -  fasciculées  s'observent  en  masses  com- 
posées de  plusieurs  faisceaux  à  Altenberg  en  Saxe. 

1 1  .Tou n I\l  ALI^E  TR A^'SPARENTE(  TourmaUn,'SS .\  Tourmaline, 
Jam.  ).  Elle  diffère  de  la  précédente  par  sa  transparence  qui 
est  de  tous  les  degrés ,   depuis  le  translucide  peu  sensible  » 


^33  T  0  U 

jusqu'à  la  diaphanéïlé  la  plus  parfaite.  Celte  transparence 
n'existe  pas  toujours  :  en  effet,  en  regardant  la  lumière  à 
travers  la  base  des  cristaux  ,  il  arrive  quelquefois  qu'ils  sont 
opaques-,  mais  ce  qui  est  fort  commun  ,  c'est  que  les  cris- 
taux offrent  alors  une  couleur  ou  une  teinte  différente  de  colle 
qui  existe  quand  on  examine  la  lumière  à  travers  leur  prisme. 
Celle  sous-espèce  présenle  toutes  les  couleurs,  et  quelquefois 
le  môme  prisme  est  versicoior  :  il  est  blanc  ou  limpide  ,  et 
gris  enfumé  ;  jaunâtre  ,  gris  et  rose  ;  bleu,  rose  et  pourpre, 
etc.  ;  c'est  ce  que  nous  aurons  occasion  de  faire  remarquer 
plus  bas.  Les  couleurs  sont  quelquefois  très-vives  et  agréa- 
bles ,  ce  qui,  joint  à  Téclat  de  quelques  variétés,  les  place 
au  rang  des  pierres  gemmes  les  plus  précieuses. 

La  tourmaline  transparente  es!  éminemment  plus  électri- 
que par  chaleur  ,  que  la  tourntaline  noire  opaque.  Les 
minéralogistes  étrangers  se  sont  en  partie  fondés  sur  ce 
caractère,  pour  séparer  ces  deux  sortes  de  tourmalines. 

Les  formes  cristallines  et  les  manières  d'être  de  celle 
tourmaline  sont  les  mêmes  que  celles  de  la  tourmaline 
commune.  Quelques  essais  nous  ont  conduit  à  lui  trouver  , 
dans   quelques  cas,  un  peu  plus  de  dureté. 

Elle  se  décolore  par  l'action  du  chalumeau  ,  et  répand  une 
lumière  phosphorique  des  plus  vives.  Souvent  elle  fond  très- 
promptement  avec  bouillonnement  enun  verre  ou  émail  gris 
de  perle.  Elle  résiste  quelquefois  à  l'action  du  chalumeau,  et 
assez  long-temps  pour  qu'on  ait  regardé  les  variétés  qui  sont 
dans  ce  cas,  comme  différenles  des  tourmalines  ordinaires  , 
et  qu'on  les  ait  nommées  tourmalines  apyres  ;  mais  alors  on 
doit  agir  sur  une  esquille  bien  fine  ,  et  Ton  est  sûr  d'obtenir  un 
émail  gris.  Ce  qu'il  y  a  de  remarquable  dans  celte  tourma- 
line ,  c'est  qu'on  peut  la  faire  rougir  à  plusieurs  reprises  sans 
lui  enlever  sa  transparence  ni  sa  vertu  électrique  ,  qui  se  ma- 
nifeste  encore  lorsque  la  superficie  des  cristaux  est  fondue. 

La  tourmaline  transparente  ne  contient  point  de  potasse  ; 
mais  cet  alcali  est  remplacé  par  la  chaux  ou  la  soude  ,  soit 
seules,  soit  réunies.  Bien  rarement  la  lilhine  fait  l'office  de  la 
potasse.  L'acide  boracique  s'y  rencontre  ,  mais  pas  toujours. 

Les  couleurs  sont  dues  au  fer  et  au  manganèse  ,  à  l'état 
d'oxyde.  Dans  le  premier  cas  elles  sont  généralement  moins 
vives  cl  d'une  teinte  rembrunie  ,  ou  qui  a  quelque  chose  de 
sombre,  et  ne  peuvent  bien  se  juger  qu'en  regardant  la  lu- 
mière au  travers  du  prisire.Les  variétés  sombres  de  la  tour- 
maline transparente  formeront  une  division  ci-après-,  elles 
contiennent  de  la  chaux. 

Lesgisemens  sont  absolument  les  mê.Ties  quQ  ceux  de  la 


T  O  U  335 

tourmaline  commune  ;  mais  la  tourmaline  transparente  es* 
infiniment  moins  abondante  ,  toujours  disséminée  ,  et  ne 
forme  pas  de  couches  ni  d'amas;  ses  cristallisations  régu- 
lières sont  plus  rares. 

Il  est  extrêmement  difficile  d'établir  des  groupes  parmi  les 
nombreuses  variétés  qui  se  rapportent  à  celte  sous-espèce 
de  tourmaline.  Nous  en  distinguerons  néanmoins  deux,  celui 
des  tourmalines  sombres,  et  celui  des  tourmalines  éclatantes. 

A.  Tourmalines  somhres  ou  proprement  dites  :  ce  sont  celles 
qui  ont  en  général  le  coup  d'œil  noir  ou  sombre  ,  et  qui 
ne  laissent  voir  leurs  couleurs  que  quand  on  regarde  à 
travers  leur  prisme.  —  (  Borax  electriciis  ,  Linn.  ;  Zeolues 
ekctricust  Tnrmalin  ,  Wall.  ;  Tourmaline,  Basalte  transparent, 
Schorl  transparent  rhomhoîdal  dit  Tourmaline  et  Péridut  de 
Ceylan  et  du  Brésil ,  R.  de  L.  ;  Schorl  cristallisé  transparent 
électrique f  De.  Born.  ;  lurmalin,  Karst. ,  Ber^.  ;  Edler  scho?l, 
Reuss.  ). 

I.*  Unicolores. 

I.  Tourmaline  hrune.  C'est  la  plus  commune.  Ses  cristaux 
ne  laissent  juger  leur  couleur  qu'à  la  transparence  ;  elle  varie 
du  brun  foncé  au  brun  clair  passant  au  jaunâtre  et  même 
au  roussâtre.  Celle  tourmaline  est  communément  en  pris- 
mes, grêles,  cylindroïdes,  qui  ont  rarement  plus  de  deux 
à  trois  pouces  de  longueur  ,  sur  un  diamètre  qui  n'excède 
guère  deux  lignes  et  demie  ;  leur  surface  est  brillante  et 
éclatatante;  ses  cristaux  n'offrent  qu'un  seul  sommet  avec 
des  facettes.  Cette  variété  est  celle  qui  sert  pour  les  expé- 
riences d'électricité  ;  la  pression  des  doigts  suffit  pour  y  dé- 
velopper cette  propriété.  Les  plus  beaux  prismes  s'appor- 
tent d'Espagne  et  de  Sibérie  :  ceux  du  Brésil,  de  Madagas- 
car et  de  Ceylan,n'en  diffèrent  pas.  On  a  remarqué  que  les 
cristaux  d'Espagne  avoient  une  vertu  électrique  plus  énergi- 
que ;  on  les  trouve  dans  du  micaschiste  et  autres  roches  mi- 
cacées, en  partie  décomposées,  dans  les  montagnes  de  la 
Nouvelle-Castille. 

Du  reste  ,  cette  variété  existe  en  petits  cristaux  ,  dans  les 
roches  micacées  et  autres  de  (ireineren  Tyrol,de  la  Bohème, 
de  la  Saxe,  etc.;  elle  est  commune  au  Saint-Gothard. 

La  tourmaline  brune  taillée  prend  un  très-beau  poli ,  mais 
elle  n'a  aucun  effet  agréable  ,  et  est  presque  opaque  dans  le 
sens  de  Taxe. 

2.  Tourmaline  jaunâtre  ou  Jaune  rougeâtre.  Ces  deux  teintes 
sont  commîmes  dans  les  tourmalines  qu'on  apporte  de 
Ceylan  ,  qui, quoique  roulées,  conservent  «ouvent  des  formes 


33G  T  O  U 

régulières  ,  <îont  le  diamètre  est  ordinairement  triple  de  la 
hauteur  :  elles  sont  opaques  ou  presque  opaques  dans  le  sens 
des  bases,  tandis  qu'à  travers  du  prisme  la  couleur  passe  du 
jaunâtre  sale  ,  par  le  jaune  rongeâtre  ,  le  jaune  aurore  ,  au 
brun  foncé  rougeâlre.  Ces  tourmalines  ont  un  coup  d'oeil 
sombre  et  noir  à  l'œil  ;  elles  prennent  un  beau  po^i. 

3.  Tourmaline  rouge  hyacinthe  et  rouge  fonce  {tourmaline  grenat,^ 
Hill.  ).  Simple  variété  de  la  précédente  ,  qui  se  trouve  aussi 
à  Geylan  ,  et  qui  est  noire  à  l'œil ,  cl  couleur  d'hyacinthe  ou 
rouge  à  la  transparence  ;  elle  nous  paroît  être  l'un  des  an- 
th racilis àécr'ii  par  Pline  ,  celui  qu'on  apporloit  de  l'Inde,  et 
qui  se  rapprochoit  i\c^ carhuncuhis,àoi\l  même  il  cloitune  es- 
pèce. Cette  variété  de  tourmaline  est  susceptible  de  fournir 
des  pierres  assez  grandes ,  mais  on  en  fait  peu  de  cas  dans 
la  joaillerie,  ainsi  que  des  tourmalines  ci-dessus,  et  de  la 
plupart  des  suivantes. 

/.  Tourmaline  jaune  miellée  ,  de  Ceylan  ,  et  même  trouvée 
parmi  celles  qu'on  nomme  sibérites,  et  qui  sont, dit-on, d'£s- 
pat'ne  :  elle  est  plus  ou  moins  transparente,  mais  presque 
toujours  d'un  coup  d'œil  noir  ou  sombre. 

5.  Tourmaline  ved  jaunâtre.  On  la  trouve  encore  parmi  les 
cristaux  de  Ceylan  assez  communément -/elle  varie  du  vert 
iaunâtre  sale  au  vert  pistache  ,  et  au  vert  du  péridol ,  d'où 
elle  a  tiré  le  nom  de  ^pèridut  de  Ceylan  qu'on  lui  a  donné. 
Elle  offre  tous  les  degrés  de  transparence  ;  mais  lorsqu'elle 
est  même  le  plus  diaphane,  elle  n'a  pas  l'éclat  ni  le  ton  du 
véritable  péridot ,  et  la  distinction  de  ces  deux  substances 
(sans  avoir  recours  à  l'électricité)  ,  est  promptement  saisie 
par  ceux  qui  sont  accoutumés  à  voir  des  pierres  fines. 

6.  Tourmaline  hleu-verdàtre.  Il  y  en  a  à  Ceylan  et  au  Brésil. 
Dans  celle  de  Ceylan  le  bleu  domine  le  plus  souvent;  dans 
celle  du  Brésil,c'esl  le  vert.  Elles  ont  un  coup  d'œil  sombre  ; 
on  les  nomme  saphir  du  Brésil,  lorsque  le  bleu  foncé  do- 
mine tout-à-fail.  Les  cristaux  bruts  du  Brésil  sont  quelquefois 
engagés  dans  du  quarz  limpide  ,  qui  contient  aussi  du  mica 
argentin  prismatique. 

7.  Tourmaline  verte.  Se  trouve  aussi  à  Ceylan  et  au  Brésil. 
Celle  du  Brésil  est  la  plus  commune  de  toutes ,  et  connue 
sous  le  nom  à'émeraude  du  Bre.u'l,  parce  que  sa  couleur  vue 
à  la  transparence  se  rapproche  beaucoup  de  celle  de  l'éme- 
raude  la  plus  foncée.  Cette  tourmaline  du  Brésil  est  opaque 
dans  le  sens  de  ses  bases;  elle  conserve  toujours  un  coup 
d'œil  sombre.  M.  Mawe  nous  apprend  qu'on  en  fait  grand 
cas  au  Brésil  ,  et  qu'on  la  taille  et  la  moule  en  bagues  ,  qui 


TOT!  337 

servent  au  luxe  des  ecclésiastiques.  Chez  nous  on  n'en  faic 
point  de  cas.  Les  cristaux  sont  quelquefois  aussi  gros  que  le 
pouce.  M.  Giliet-Larirtiont  en  possède  un  de  la  variété  de 
forme  dite  surroru/wsée.  P^riui  les  tourmalines  dites  de  Cey- 
lan,nousen  avons  observé  une  d'un  verr  extrêmement  foncé. 

8.  Tourmaline  bleue.  Une  aulr<;  tourmaline  de  Ceylan  nous  a 
préson»é,à  la  transparence,  unebcilecouleur,en  parliefoncée 
et  en  partie  plus  claire  ,  tandis  que,  posée  sur  une  table,  elle 
paroîssoit  noire. 

2,**  Versirolnres. 

g.  Tourmaline  bicolure.  Parmi  les  tourmalines  de  Ceylan  ,' 
nous  en  avonsobserréiit:  rouges  etde  jaunâtres;  debleues  dans 
le  centre  ,  et  de  blanchâtres  dans  le  reste  de  la  pierre;  de  mi- 
pîtrlies  vertes  et  bleues;  de  rouges,  jaunes  et  verdâtres  à  la 
fois  ;  et  de  plusieurs  autres  mélanges  de  couleurs. 

B.   Tourmalines  éclatantes ,  c'est-à-dire  ,  qui  se  laissent  voir 
sous  la  couleur  qu'elles  montrent  à  la  transparence. 
Xles  tourmalines  sont  de  plusieurs  couleurs  ,   comme  les 
précédentes  ;  nous  les  distinguerons  de  même,  en  unicolores 
et  versicolores. 

T  .*   Unicolores. 

10.  Tourmaline  limpide  et  incolore.  Une  variété  blanchâtre 
ou  d'un  gris  un  peu  enfumé  a  été  observée  sur  un  granité, 
avec  des  tourmalines  rougeâtres  ,  ou  mi-parties  blanches  efc 
grises  ou  rougeâtres,  qui  s'offroient  avec  leur  sommet,  accom- 
pagnées d'un  cristal  annulaire  de  béryl  d'une  limpidité  par- 
faite. Ce  morceau  appartenoil  à  Dolomieu ,  qui  le  croyoit 
de  l'île  d'Elbe  ,  quoiqu'il  fût  sans  doute  de  Sibérie.  On 
tro'ive  aussi  des  prismes  de  tourmaline  de  cette  contrée,  qui  ont 
q«'.e!qacfois  leur  extrémité  blanche.  Il  y  a  encore  des  tour- 
m:line<i  incolores  ,  au  Pégu  ,  et  nous  citerons  eomme  une 
graôio  rareté  la  tourmaline  blanche  de  l'Oisans, en  Dauphiné. 

11.  2'ourmaline  blanche  opaque.,  en  très  -  petits  cristaux 
isogones  ,  épars  dans  de  la  dolomie  micacée  blanche  du 
Saint  4  lOlhard.  Dolomieu  est  le  preniier  qui  ait  fait  connoî- 
tre  cette  variété,  dont  la  couleur  blanche  a  presque  toujours 
une  légère  nuance  verdâlre  qui  la  rapproche  de  la  suivante  et 
de  la  topaze  pycnite  avec  laquelle  elle  paroît  avoir  été 
coiiiondue, 

13.  Tourmaline  verte.  Elle  est  d'un  beau  vert  clair,  analo- 
gue a  celui  de  Temcraude  ou  plus  pâle  ,  en  cristaux  au  plus 
de  trois  à  quatre  lignes  de  dimension  ,  et  de  la  forme  tri* 
décimale.  Elle  est  le  résultat  des  découvertes  intéressantes 
faites  dans'ies  dolomies  du  Saint  Gothard  et  du  Simpion,  il 

xxxiv.  a  2 


338  T  O  U 

y  a  quelques  années  ;  elle  est  associée  au  corindon  rose  ,  et 
elle  prend  très-bien  le  poli.  Elle  jouit  d'une  grande  trans- 
parence. 

La  Sibérie  offre  aussi  une  variété  aciculaire  de  tourmaline 
d'un  beau  vert  d'herbe  ou  d'émeraude.Les  aiguilles  sont  trans- 
parentes ,  très-nombreuses,  et  Iraversenl ,  en  tous  sens,  des 
cristaux  de  quarz  limpide  qui  adhèrent  fréquemment  à  la 
même  tourmaline  en  masse  fibreuse  et  compacte  ,  qu'on  a 
long-temps  prise  pour  de  l'amphibole  vert  dit  aclinote.  C'est 
dans  les  environs  d'Ekalhérinbourg  qu'est  leur  gisement. 
Les  Russes  taillent  les  plus  beaux  de  ces  cristaux  de  quarz. 
11  parojt  qu'une  variété  analogue  ,  mais  dans  du  talc,  a  été 
découverte  en  Tyrol. 

i3.  l'ourmaline  verl-jaunâlre.  Elle  est  d'un  vert  analogue  à 
celui  de  la  chaux  phosphatée  d'EspPgne  ou  de  la  chrysolithe; 
elle  a  été  recueillie  par  Dolomieu  dans  Tîle  del  Giglio  ,  sur 
la  côte  de  Toscane.  Elle  est  baccillaire  ,  et  dans  un  granité 
pcginatile. 

14..  Tourmaline  verte  translucide^  des  Etats-Unis.  Elle  ac- 
compagne la  tourmaline  rose  dont  nous  parlerons  ci-après. 

On  voit,  dans  la  Collection  de  M.  Heuland  ,  un  échan- 
tillon dans  lequel  des  prismes  de  tourmaline  d'un  vert  fon- 
cé ,  sont  associés  à  de  gros  cristaux  de  fer  oxydulé  gris  d'a- 
cier,  brillans,  à  surfaces  marquées  de  stries  qui  se  croisent 
en  formant  des  triangles.  La  gangue  est  une  roche  calcaire 
avec  feldspath.  Cette  rare  variété,  dont  je  ne  connois  que  ce 
seul  échantillon  ,  faisant  partie  de  la  Collection  de  minéralo- 
gie de  l'impératrice  Joséphine,  précédemment  celle  de  M. 
Bes5on.  Sa  localité  n'éloitpas  indiquée  ;  mais  il  est  possible 
que  ce  soit  l'île  del  Giglio. 

i5.  Tourmaline  vert  d'émeraude.  On  en  trouve  au  Pégu , 
qui  offre  non-seulemeni  cette  couleur,  mais  toutes  les  teintes 
vertes. 

iG.7'ourmaline  vert-pâle  el  grisâtre.  Elle  est  en  prismes  cylin- 
droïdes,  dans  les  roches  d  L^to  en  Suède.  M,  Arfwedson  en 
a  fait  l'analyse  que  nous  avons  rapportée  plus  haut,  et  par 
laquelle  on  voit  qu'il  y  a  trouvé  la  lilhine  et  l'acide  boraci«|ue. 
Cette  variété  passe  à  la  tourmaline  rose  ou  sibérile  ;  elle  est 
translucide,  et  avoit  été  considérée  comme  delà  lépidoliihe 
cristallisée  ;  elle  est  accompagnée  des  mêmes  substances 
que  la  tourmaline  bleu  indigo  du  n)ême  Heu. 

17.  Tourmaline  vert-htevâtre.  Variété  de  tourmaline  rose 
ou  rubellite  de  Sibérie.  Elle  est  en  prismes  fascicules  ou  bac- 
cillaires  ,  qui  offrent  des  sommets. 

18.  Tourmaline  lileue.  Elle  est  d'un  bleu  céleste  dans  un 
sens,  etrougeâtxe  ou  vineuse  dansl'autre  ;  lorsqu'elle  est  tail- 


T  O  TT  339 

lëe,  elle  îmîle  on  ne  peut  pas  plus   le  saphir    d'ean  ou  di- 
cliroïte  d'Orient. 

19.  Tourmaline  hîeu-ind! go  translucide.  Elle  varie  du  bleu  gri- 
sâtre au  bleu  noir,  et  offre  tous  les  passages  à  la  tourmaline 
noire  commanc.  Elle  se  trouve  en  prisuies  aciculalres  plus  ou 
moins  longs  ,  solitaires  ou  enlre-croises,  et  en  nœuds  ou  £;r?ins 
épars  ,  dans  les  roches  d'I-to  en  Suè<!e  ,  aconspaguce  de 
feldspath,  de  petaliîe,  de  quarz,  de  mica,  de  lépidolilhe,  de 
triphane,  d  étain  oxydé  ,  et  de  presque  toutes  les  substances 
qu'on  rencontre  dans  cette  mine.  Elle  a  aussi  été  découverte 
aux  Etais-tJnis.à  Haarlem-Heights,dans  l'état  de  New-York, 
Irès-abondamujent  à  Goshen  ,  dans  le  Massachuseti ,  dans 
un  granité  à  gros  grains  de  feldspath  laminaire  et  de  mica  à  cou- 
leur rose  ou  jainie.  Unsemblablegranite  en  contient, ainsi  que 
de  la  tourmaline  verte  translucide  et  de  la  tourmaline  rose  , 
à  Chesterfieîd  ,  même  province.  La  tourmaline  bleue  de  Gos- 
hen  est  quelquefois  en  petits  cristaux. 

On  a  cru  ,  pendant  quelque  temps  ,  que  la  tourmaline 
bleue  d  Uto  devoil  faire  une  espèce,  et  d'Andrade  lui  avoit 
imposé  le  nom  àinàicolite,  adopté  par  Karslen. 

20.  Tourmaline  bleu  indigo  transparente.  Elle  se  trouve  en 
Sibérie  ;  elle  est  d'un  bleu  indigo  quelquefois  presque  noir  ou 
purpurin.  C'est  une  variété  de  la  tourmaline  rose,  avec  la- 
quelle elle  est  associée. 

21.  lourmaline  jaune-de-miel  on  orangée.  Elle  se  trouve  à 
London-Grove  en  Pensylvanie,  en  cristaux  transparens,  dans 
une  roche  calcaire  qui  contient  du  titane  silicéo-calcaire. 

22.  Tourmaline  rose  et  violette  Celle-ci  doit  sa  couleur  rose 
au  manganèse  oxydé.  Elle  varie  du  rose  pâle  ou  blanchâtre,  au 
rose  pourpré  ou  au  violet  le  plus  vif.  On  peut  en  distinguer 
deux  variétés  :  la  première  est  demi-transparente  ou  opa- 
que ,  et  se  trouve  à  Roséna  en  Moravie  ,  en  prismes  aci- 
culalres, dans  une  roche  granitique,  et  dans  delà  lépido- 
lilhe. Les  prismes  sont  d'un  rose  pâle,  même  blanchâtres  ou 
verdâlres  ,  et  ont  quelques  rapports  d'aspect  avec  la  topaze 
pycnile  de  Saxe  ,  avec  laquelle  Reuss  l'avoit  confondue.  A 
la  baie  d'Oskot  dans  le  Kamtschatka  ,  on  trouve  une  roche 
micacée  qui  contient  des  tourftialines  analogues. 

La  deuxième  variété  est  connue  depuis  une  cinquantaine 
d'années,  sousle  nom  de  ruhis  de  Sihèiie  (iViacquart);  de  schorl 
rouge  de  Sibérie  (Hermann)  ;  de  daourite{  de  Lam.  )  ;  de  sihé- 
rite  (' l'Herinina  )  ;  de  rubellite{  Kirw.  ,  Karst.  ),  et  de  tourma- 
line de  Sibérie.;  noms  qui  rappellent  le  pays  où  elle  a  été  dé- 
couverte ,  ou  bien  sa  couleur  dominante.  Au  chalumeau  ,  elle 
fond  nlus  difticilement  que  les  précédentes:  et  Ton  avoit  même 
cru  qu'elle  étoit  infusible, ce  qui  avoit  engagé  M.  H  aiiy  à  la  se- 


34o  T  O  TT 

parer  provisoirement ,  sous  la  dénomination  de  iourmaline 
a/jyre,  qu'on  lui  donne  même  encore  dans  quelques  ouvrages, 
et  que  Haussmaon  a  changée  en  celle  de  apyrit.  Elle  en  dif- 
fère aussi  par  la  soude  qu'elle  contient,  comme  la  tourmaline 
rose  de   Moravie  ,    et  qui  paroît  remplacer  la  potasse. 

La  tourmaline  violette  de  Sibérie  varie  du  violet  rose  aa 
violet  pourpre  ,  au  rouge  cramoisi ,  au  brun  jaunâtre  ,  au 
bleu  clair,  au  bleu  indigo  ,  au  bleu  verdâlre.  Ses  cristaux 
ont  depuis  quelques  lignes  jusqu'à  un  pouce  de  grosseur  ou 
de  diamètre.  Ils  sont  souvent  réguliers, et  des  formes  Iridéci- 
male ,  nonodécimale  ,  cylindroïde.  Leur  transparence  est 
quelquefois  parfaite  -,  le  plus  communément  ,  ils  sont  lim- 
pides ou  translucides  et  gercés  à  l'iulérieur.  On  les  trouve 
aussi  en  aiguilles  fasciculées,  ou  plutôt  groupées  en  gerbes, 
avec  des  sommets  facettés. 

La  tourmaline  violette  de  Sibérie  et  ses  variétés  ont  pour 
gangue  un  granité  graphique  ,  et  accompagnent  la  tourma- 
line noire  ,  dans  le  gouvernement  de  Perm,  district  d'Eka- 
ihérinbourg .,  et  dans  le  cercle  d'Alapaesk,  aux  environs  du 
village  de  Sarapoulskoi,  sur  la  pente  d'une  montagne  is-Mée  , 
composée  d'un  granité  à  grain  fin  où  le  feldspath,  queU{ue- 
fois  nacré,  prédomine  dans  les  filons.  Dans  ce  dernier  lieu  , 
la  tourmaline  commune  et  la  tourmaline  rose  se  trouvent 
groupées  ensemble  ou  disséminées  dans  une  couche  argi- 
leuse rougèâlre ,  renfermant  des  fragmens  de  quarz ,  de  feld- 
spath et  de  mica. 

La  tourmaline  rose-pourpre  et  transparente  est  taillée  et 
répandue  dans  le  commerce  ,  et  à  moins  d'avoir  été  prévenu, 
il  est  souvent  difficile  delà  distinguer,  au  premier  abord  , 
d'avec  le  rubis  d'Orient,  c'est-à-dire  ,  le  corindon  vitreux 
rouge  ,  ou  d'avec  le  spinelle  de  mente  coi^leur  ;  aussi ,  avons- 
nous  vu  ici ,  à  Paris  ,  plusieurs  fois  ,  des  tourmalines  pour- 
pres vendues  publiquement  pour  du  spinelle,  tant  la  ressem- 
Llance  étoil  grande.  De  pareilles  tourmalines  sont  des  objets 
précieux  et  en  même  temps  de  prix  ,  parce  qu'il  est  bien  rare 
de  les  avoir  parfaites.  Ce  sont  elles  que  Macquartavoulu  dé- 
signer, lorsqu'il  dit  qu'on  a  découvert  des  riîbis  en  Sibérie. 
Nous  avons  vu  de  très-belles  pierres  de  cette  espèce  ,  en  la 
possession  de  M.  Petersen.  On  trouve  aussi ,  en  Sibérie ,  une 
tourmaline  rouge  ,  chatoyante,  et  qui,  quoique  compacte, 
a  le  tissu  fibreux;  c'est  alors  une  pierre  de  curiosité  ,  que  les 
bijoutiers  russes  taillent  et  polissent. 

On  voit,  au  jardin  des  Plantes  de  Paris,  le  plus  beati 
morceau  qu'il  y  ait  en  France  ,  de  la  tourmaline  aciculaire 
radiée  rouge  cramoisi,  de  Sibérie  ;  il  est  gros  comme  le  poing, 
et  ses  rayons  sont  terminés  par  des  facettes  qui  paroissent 
appartenir  à  la  variété  isogone,  Il  existe  de  très-gros  prisjoae^ 


T  O  U       .    '  Zii 

à  sommets  plans  ,  de  la  tourmaline  rose  de  Sibérie,  dans  la 
collection  de  M.deDrée  ,  à  Paris.  On  en  voit  de  beaux 
groupes  ou  cristaux  dans  le  cabinet  impérial  de  Vienne,  e* 
à  Londres,  dans  les  magnifiques  collections  de  M.  Henland, 
et  dans  celle  de  M,  Rundell,  qui  possède  le  fameux  cristal  en 
prisme  court  et  très-large,  qui  avoit  appartenu  à  M.  Dela- 
métherie  ,  et  que  ce  savant  avoit  d'abord  considéré  comme 
une  émeraude  rose. 

La  tourmaline  violette  n'est  pas  exclusive  à  la  Sibérie.' 
Il  paroît  qu'il  en  existe  aussi  à  Ceylan  ,  avec  les  mêmes 
variétés  de  teintes.  Dans  le  royaume  d'Ava  on  en  trouve 
de  magnifiques  groupes  ;  tel  est  celui  conservé  au  Britisch 
Muséum  ,  à  Londres ,  qui  appartenoit  à  M.  (ireville  ,  qui 
le  tenoit  du  colonel  Symes  ,  auquel  le  roi  d'Ava  l'avoit 
donné.  On  l'estima  i2,5oo  fr.  lorsque  le  parlement  d'An- 
glerre  fil  apprécier  la  Collection  de  M.  Greville.  Tel  est  en- 
core le  beau  morceau  du  cabinet  de  sir  Saint-Aubin  ,  à 
Londres.  M.  de  Bournon  cite  le  Pégu  ,  pour  les  tourmalines 
rose  de  chair. 

On  apporte  aussi ,  du  Brésil,  des  tourmalines  d'un  rose 
pâle  ,  mélangées  avec  des  tourmalines  vertes  et  bleu-verdâ- 
très  ,  des  aigue-marines  roulées  ,  etc. 

Il  en  a  été  découvert  aux  Étals-Unis,  à  Cheslerfield  ,  dans 
le  comté  de  Hampshire,  province  de  Massachusett.  Elle  est 
d'un  rose  tendre,  ou  d'un  rouge  d'œillel ,  et  seulement 
translucide  ou  demi-transparente,  et  en  prismes  aciculaires, 
tantôt  solitaires,  tantôt  formant  l'axe  de  cristaux  plus  gros 
de  tourmaline  verte  translucide.  Le  granité  dans  lequel  elles 
sont  répandues  avec  abondance,  contient  aussi  des  tourma- 
lines bleues  ,  translucides  ou  indicolites,  des  aigue-marines, 
de  l'albite,  etc. 

2.**  Versîcolore&. 
Les  cristaux  de  tourmaline  transparente,  de  Sibérie,  offrent 
souvent  plusieurs  couleurs;  les  rouges  ont  quelquefois  leur 
centre  cramoisi  ,  et  la  circonférence  d'un  rose  tendre  ; 
d'autres  fois,  le  centre  est  bleu  indigo,  et  le  contour  brun 
ou  rougeâlre  ,  et  les  deux  parties  colorées  teiieineut  dis- 
tinctes ,  qu'on  diroit  un  cristal  double.  C'est  ce  qui  s'observe 
encore  très-bien  dans  la  tourmaline ,  rose  et  verte  ,  des 
États-Unis,  que  nous  venons  de  décrire.  Les  prismes  de 
tourmaline  de  Sibérie  offrent  aussi  plusieurs  couleurs  dispo- 
sées par  couches  parallèles;  très-souvent  la  partie  inférieure 
est  rouge  et  s'éclaircit  insensiblement  ,  et  son  extrémité  est 
jaunâtre  ou  blanchâtre  ;  quelquefois  le  cristal  est  plan  à 
son    sommet,  et   terminé   par    une  couche    transparente, 


342  T  0  U 

limpide  et  incolore,  iandis  que  le  reste  du  prisme  est  pourpre 
ou  violet ,  ou  bifu  ,  ou  verdâtre  ;  enfin  ,  il  y  a  des  tourma- 
lines qui  sont  vertes  et  rouges  ,  rouges  et  bleues.  Quand  on 
considère  ces  mélanges  de  couleurs  ,  on  y  trouve  des  raisons 
suffisantes  pour  réunir  les  tourmalines  unicolores  en  une 
seule  espèce  ,  quand  bien  même  les  formes  cristallines  et  la 
vertu  électrique  ne  viendroicnt  pas  au  secours  :  ainsi  l'indi- 
colite  de  d'  \ndrade  est  une  véritable  tourmaline. 

Telles  sont  les  variétés  les  plus  remarquables  de  l'espèce 
tourmaline. 

Nous  terminerons  cet  article  par  quelques  observations  sur 
la  vertu  eleclriquequc  nous  avonsdit  être  un  caractère  essentiel 
de  cette  substance  pierreuse  cristallisée.  La  tourmaline  devint 
célèbre  dans  le  siècle  dernier,  parla  propriété  qu'on  lui  recon- 
nut d'eire  pyroélectrique  ^  c'est-à  dire  de  devenir  électrique 
parla  chaleur,  et  d'attirer  les  cendres  et  autres  corps  légers, 
C  est  Lemery  qui,  le  premier,  parmi  les  modernes,  nous 
a  fait  connoitre  cette  propriété  de  la  tourmaline  {Mémoires 
de  r Académie  des  Sciences,  année  17 17  )•  IVÏais  il  paroîl  que 
Pline  avoit  fait  cette  observation  seize  siècles  auparavant; 
car  il  parle  d'une  pierre  de  couleur  rougeâtre  qui ,  étant 
çchauffre  par  le  mleil  ou  par  le  frotîement  entre  les  doigts , 
acquiert  la  propriété  d'attirer  des  morceaux  de  paille  ou  de  papier . 
Après  avoir  parlé  des  rubis  et  des  grenats  ,  il  ajoute  :  secunda 
honitaie  similis  est ,  ionia  appellata  à  prœlatis  fluribus  ;  et  inter 
has  inwnio  differentiam  ,  unani  quœ  purpura  radiât^  alteram  quœ 
cocco  :  A  SOLE  CALEFACT^s  aut  digitorum  attrilu,  Pai.eas  aut 

CARÏHARUM  FII.A  (SEU  FOLIA)  AD  SE  RAPERE  {Lib.  87  C.    7  ). 

En  175G,  jffipinus  ,  physicien  de  Berlin  ,  fit  paroître  une 
dissertation  où  il  exposa  ses  recherches  sur  la  vertu  électrique 
de  la  tourmaline,  et  reconnut  que  ses  attractions  et  ses  répul- 
sions étoienl  dues  à  l'action  du  (luide  électrique.  Il  observa  , 
de  plus  ,  que  la  tourmaline  avoit  toujours  un  de  ses  côtés  dans 
l'état  positif  ou  vitré  ;  il  aperçut  même  une  lueur  électrique 
produite  par  le  contact  des  doigts  avec  une  tourmaline  placée 
sur  un  fer  chaud  dans  une  chambre  très  obscure.  La  tourma- 
line commence  à  devenir  électrique  lorsqu'elle  est  parvenue 
à  une  élévation  de  température  qu'i^Epinus  place  entre  le  So" 
et  le  80" ,  R.  (de  37"  5o  à  100"  centigrades)  ;  en  la  chauffant 
davantage  ,  il  y  a  un  terme  ou  elle  cesse  de  donner  des  si- 
gnes d  électricité.  Souvent,  après  l'avoir  retirée  du  feu,  on  est 
obligé  de  la  laisser  revenir  à  une  température  plus  n»odérée , 
pour  qu'elle  ail  de  l'action  sur  les  corps  qu'on  lui  présenle  ; 
elle  conses  ve  quelquefois  ,  pendant  plusieurs  heures  ,  la  pro- 
priété d'attirer  et  de  repousser.  Si  l'on  casse  une  tourmaline 


T  O  U  343 

au  moment  où  elle  mar/ifesle  son  électricité ,  chaque  frag- 
ment ,  quelque  petit  qu'il  soit ,  a  ses  deux  pôles  comme  dans 
la  tourmaline  entière.  La  tourmaline  trop  chauffée  présente 
un  phénomène  assez  curieux  ;  car  au-delà  du  terme  où  son 
électricité  s'anéantit,  il  y  a  un  moment  où  les  effets  élec- 
triques recommencent ,  mais  en  sens  inverse  ,  c'est  -  à  -  dire 
que  le  pôle  négatif  devient  positif,  et  vire  versa. 

Les  phénomènes  électriques  que  manifeste  la  tourmaline 
ont  occupé  M.  Haliy  ,  et  ce  savant  auteur  a  fait  voir  que  dans 
les  cristaux  de  celte  substance  ,  comme  dans  ceux  de  la  topaze 
et  de  la  magnésie  boratée  ,  qui  jouissent  de  la  vertu  attrac- 
tive et  répulsive  ,  la  direction  du  fluide  électrique  est  toujours 
indiquée  par  le  nombre  de  facettes  qui  se  manifestent  aux 
angles  ou  au  sommet  du  cristal.  Ce  nombre  de  facettes  est 
toujours  plus  considérable  sur  le  bout  électrisé  positivement  ; 
et  il  en  résulte  ,  dans  le  cristal,  un  défaut  de  symétrie  dont 
la  relation  avec  l'effet  électrique  n'est  pas  encore  expliquée. 
Romé-de-l'ïsle ,  qui  ignoroit  absolument  cette  relation,  ne 
s'étoit  point  aperçu  de  la  différence  qui  existe  dans  la  forme 
des  deux  sommets  d'un  même  cristal  de  tourmaline  ;  aussi, 
en  décrivant  celle-ci ,  supposoit-il  ses  cristaux  parfaitement 
symétriques. 

Chacun  sait  que  l'action  attractive  et  répulsive  de  la  tour- 
maline se  manifeste  à  l'aide  d'un  petit  instrument  nommé 
électromètre  (  V.  Minéralogie). 

Deux  tourmalines  convenablement  disposées  ,  ont ,  l'une 
sur  l'autre  ,  une  action  réciproque  analogue  à  celle  que  ma- 
nifestent deux  aiguilles  aimantées  ,  c'est-à-dire  que  les  pôles 
semblables  s'attirent ,  et  que  les  pôles  différens  se  repous- 
sent lorsqu'on  les  met  en  présence.  Si  à  l'une  des  tourma- 
lines on  substitue  une  autre  pierre  ,  on  pourra  reconnoître 
de  quelle  sorte  d'électricité  elle  est  douée.  M.  Haiiy  a  tiré 
un  ingénieux  parti  de  cette  belle  découverte  ,  et  on  lui  en 
doit  l'heureuse  application  à  la  minéralogie  ,  dans  l'inven- 
tion d'un  nouveau  genre  d'éleclrnmètre  ,  dont  une  tourma- 
line représente  l'aiguille  mobile.  Nous  renvoyons  le  lecteur  au 
vol.  iSdes  /^rtrtflfe  ^mMuscj/w,  où  ii  trouvera  les  renseignemens 
nécessaires  pour  construire  ce  petit  appareil  et  s'en  servir. 

La  tourmaline  chauffée  attire  tous  les  corps  légers  et  même 
la  cendre  ;  c'est  ce  qui  Ta  fait  nommer,  dans  l'origine  ,  iire^ 
cendre.  La  première  variété  connue  est  la  tourmaline  brune 
de  Ceyian  ,  et  il  paroît  que  son  nom  de  tourmaline  n'est 
qu'une  corruption  de  celui  qu'on  lui  donne  à  Ceyian.  C'est 
vers  le  milieu  du  i5^  siècle  qu'elle  a  été  apportée  en  Europe. 
Les   tourmalines  noires,  vertes  et  bleu-verdâtres  du  Brésil, 


344  T  O  U 

et  ensuite  les  variéte's  noires  ou  d'un  noir  brunâtre  de  Mada- 
gascar, celles  d'Kspagne,  etc.,  ont  été  successivement  dé- 
couvertes et  classées  d'abord  avec  les  zéolithes,  puis  avec  les 
schorls  des  anciens  minéralogistes  ;  celles  d'Espagne  ont  été 
découverIcsparLaunoy,  sur  l'es  indications  deRomé-de-l'Isle. 

TouRMAi,iNE  APYRE,  V.  à  l'article  Tourmaline  ,  p.  3J9 , 
Tourmaline  transparente  rose. 

Tourmaline  emeraudine.  C'est  la  Tourmaline  verte 
du  Brésil. 

Tourmaline  grenat.  On  a  donné  ce  nom  à  la  Tourma- 
line d'un  rouge  brun  de  Ccylan. 

Tourmaline  indicohihe.  C'est  la  Tourmaline  bleu- 
indigo  d'Ulo ,  en  Suède. 

Tourmaline  rubellite.  F.  Tourmaline  apyre. 

Tourmaline  saphirine.  C'est  la  Tourmaline  transpa- 
rente bleu-verdAtre  du  Brésil. 

Tourmaline  schorl.  G  est  la  Tourmaline  noire  opaque. 

(ln.) 

TOURMENTIN.  V.  Pétrel  dit  l'oiseau  de  tempête. 

(V.) 

TOURMENTINO.  Nom  languedocien  de  la  Térében- 
thine. (DESM.) 

TOURNEFORTIA.  Deux  genres  de  plantes  ont  été 
consacrés  à  la  mémoire  de  Pitton  de  Tournefort ,  l'un  des 
plus  célèbres  botanistes  (  K.  Botanique).  Le  premier  est  le 
iournefortia  de  Pontedcra  ,  qui  est  Y anlliospci mum  de  Linnœus; 
et  le  second  le  iournefortia  de  Linnseus,  que  Plumier  avoit 
établi  sous  le  nom  de  piltonia.  C'est  ce  genre  qui  est  décrit 
dans  ce  Dictionnaire  ,  à  l'article  Pittone.  (ln.) 

TOURNE-MOTTE.  Nom duMoTTEUx, en  Sologne,  (v.) 

TOURNEL.  C'est,  en  Guienne,  le  nom  de  I'Ëtourneau. 

TOURNE-PIERRE  ,  Arenaria  ,  Briss.  ;  Tringa  ,  Linn.  , 
Lath.  Genredel'ordredesOiseaux  Échassiers  et  de  lafamille 
des  HÉlonomes.  V.  ces  mois.  Caractères:  bec  épais  à  sa  base  , 
fort ,  plus  court  que  la  tête ,  comprimé  latéralement  ,  un  peu 
aplati  en  dessus,  à  pointe  un  peu  tronquée  ;  mandibule  supé- 
rieure ,  droite,  un  peu  flécbie  dans  son  milieu;  l'inférieure 
retroussée  vers  le  bout;  narines  allongées,  ouvertes,  à  demi 
cachées  sous  une  membrane  ,  situées  dans  une  rainure  ;  lan- 
gue courte  ,  canaliculée  ,  comprimée  et  pointue  ;  tarses  un 
peu  forts  ,  de  la  longueur  du  doigt  intermédiaire  ;  quatre 
doigts,  trois  devant,  un  derrière,  totalement  séparés;  le 
postérieur  portant  à  terre  sur  son  bout  ;  ongles  courbés  , 
pointus;  l'intermédiaire  dilaté  sur  son  bord  iiUerne  ;  la  pre- 


T  O  TT  345 

mîère  rémige  la  plus  longue  de  toutes.  C«^  genre  n'esl  com- 
posé que  d'une  seule  espèce  qui  se  trouve  dans  l'ancien  et  le 
nouveau  continent. 

Le  Tourne-pierre  proprement  dit  ,  Arenmia  interpres  ^ 
Vieill.  ;  Tringa  inierpres ,  Lath,  ;  pi.  R  ^ ,  n."  /^.  de  ce  Dic- 
tionnaire, sous  la  dénomination  de  f:ou/on-rhaiid^(^p\uïXïaç,e 
d'été).  Le  nom  de /oj/77î6-pe/Te,imposé  à  cet  oiseau,  vient  de 
l'habitude  singulière  qu'il  a  de  retourner  les  pierres  au  bord 
de  l'eau  pour  se  saisir  des  vers  et  des  insectes  qui  s'y  cachent , 
et  dont  il  fait  sa  nourriture.  La  forme  de  son  bec  lui  facilite 
cette  recherche ,  qu'il  fait  avec  adresse  et  beaucoup  de  vitesse. 
Un  petit  oiseau ,  à  peine  aussi  gros  qu'une  maubèche,  qui 
tourne  des  pierres  de  plus  de  trois  livres  de  pesanteur  ,  doit 
avoir  une  force  et  une  dextérité  particulières  ;  aussi  le  bec  , 
qui  est  grêle  et  mou  dans  les  petits  oiseaux  de  rivage ,  est  d'une 
substance  plus  dure  et  plus  cornée  chez  le  tourne-pierre  ,  et 
un  peu  courbé  en  haut.  Cet  oiseau  niche  dans  un  trou  sur  le 
sable.  Sa  ponte  est  de  quatre  œufs  olivatres,tachés  de  noirâtre. 

Celte  espèce  ,  que  Brisson  a  décrite  sous  le  nom  de  roiilon- 
chaud ,  et  qui  porte  ,  en  Picardie  ,  celui  de  bure  ,  est  répandue 
dans  les  deux  continens.  On  la  trouve  en  Amérique  ,  depuis 
la  baie  d'Hudson  ,  où  elle  est  connue  des  indigènes  par  le  nom 
de  gega-amshne,  et,  selon  Hutchins,  par  celui  de  mishec- 
quosqua-ropa-nush  ;  on  l'appelle  ,  sur  la  côte  du  Cap-May  , 
horsefaot ,  parce  qu'aux  mois  de  mai  et  de  juin  elle  se  nourrit 
principalement  des  œufs  ou  du  frai  d'une  grande  espèce  de 
crustacé  {monoculus  polyphemus).  On  la  rencontre  encore  sous 
son  premier  vêtement  ou  sous  son  plumage  d'hiver  dans  les 
îles  du  grand  Océan  boréal,  où  La  Pérouse  en  a  pris  à  cent 
vingt  lieues  de  la  terre  la  plus  proche.  Les  tourne-pierres  on 
cuulon-chauds  variés  et  gris  ,  dont  on  fait  des  variétés ,  sont  des 
individus  de  même  espèce,  quoiqu'on  leur  donne  un  peu  plus 
de  grosseur.  Je  les  ai  toujours  vus  ensemble, et  je  ne  doute  pas 
que  le  tourne  -pierre  proprement  dit  ne  soit  l'oiseau  aduUe  , 
et  les  gris  ou  variés,  des  individus  dans  leur  jeunesse.  Le  jeunft 
mâle  ne  prend  ses  couleurs  distinctives  qu'au  printemps  ;  aussi 
voit-on  alors  de  ces  oiseaux  avec  un  plumage  plus  ou  moins 
mélangé  des  teintes  de  la  jeunesse  et  des  couleurs  de  l'âge 
avancé  ;  c'est  ce  qui  a  donné  lieu  de  faire  une  distinction 
entre  l'individu  décrit  par  Edwards  et  le  tourne-pierre  de  Ca- 
tesby.  Dans  le  mâle  parfait,  les  couleurs  sont  distribuées  par 
niasses  uniformes  sans  aucun  mélange,  si  ce  n'est  sur  le  dos  et 
les  ailes.  La  femelle  a  des  couleurs  m.oins  pures  ,  moins  vives 
et  d'un  ton  plus  terne.  Je  soupçonne  que  cette  espèce  subit 
deux  mues  par  an  ,  et  que  pendant  Thiver  les  adultes  resscm- 


346  T  0  U 

blent  aux  jeunes.  Ce  n'est,  de  ma  part,  qu'une  conjecture 
fondée  sur  ce  qu'en  Amérique  je  n'ai  jamais  vu  d'individus 
sous  leur  livrée  parfaite  ;  je  laisse  aux  ornithologistes,  qui 
auront  occasion  d'observer  ces  oiseaux  dans  la  nature  vi- 
vante ,  à  décider  la  question. 

Le  tourne-pierre  a  la  taille  un  peu  supérieure  à  celle  du 
merle  :  huit  pouces  et  demi  de  long  ;  la  têle,  le  derrière  du 
cou,  le  bas  du  dos,  le  croupion  ,  le  ventre  et  les  parties  pos- 
térieures, blancs;  une  tache  de  cette  couleur  entre  le  bec  et 
l'œil  ;  l'occiput,  les  joues  ,  le  devant  et  les  côtés  du  cou  ,  la 
poitrine  ,  les  pennes  des  ailes  et  de  là  queue  ,  noirs  ;  celles-ci 
terminées  de  blanc;  le  haut  du  dos  varié  de  noir,  de  brun 
sombre  et  de  ferrugineux;  les  couvertures  alaires  d'un  brun 
cendré,  et  les  moyennes  bordées  de  blanc,  ainsi  que  quel- 
ques-unes des  pennes  ,  dont  la  troisième  est  variée  de  ferru- 
gineux ;  le  bec  noir  ;  les  pieds  orangés  ,  et  les  ongles  noi- 
râtres. Dans  celui  d'Edwards  ,  le  sommet  de  la  têle  a  ses 
plumes  noires  et  bordées  de  blanc. 

Le  Tourne-pierre  ou  Coulon-ceiaud  cendré  ,  Trlnga  in- 
terpres,  Var.  A ,  Lalh.  Il  a  la  tête  et  le  dessus  du  cou  d'un  gris 
brun  ;  le  haut  du  dos,  les  scapulaires  pareils  ,  et  les  plumes 
bordées  de  blanchâtre,  ainsi  que  les  couvertures  des  ailes; 
le  bas  du  cou  en  devant ,  la  poitrine  d'un  brun  foncé  ,  variés 
sur  les  côtés  de  cette  dernière  teinte,  et  d'un  peu  de  blan- 
châtre; quelques-unes  des  pennes  des  ailes  brunes,  bordées 
de  blanc  en  dehors  ,  et  de  cette  couleur  à  leur  origine  ;  d'au- 
tres le  sont  de  gris  du  côté  interne,  et  d'autres  n'ont  qu'une 
tache  brune  vers  leur  extrémité  ;  la  queue  est  variée  de  blanc 
et  de  brun;  cette  dernière  teinte  occupe  d'autant  moins  d'es- 
pace que  la  plume  est  plus  extérieure;  le  reste  du  dessous  du 
corps  est  blanc. 

Les  conlon- chauds  de  Cayenne  ,  Tringa  interpres ,  Var.  B.  et 
C.  ,  Lath,  ;  pi.  enl.  de  Buffon  ,  n."*  o%o  et  357.  L'un  a  toutes 
les  parties  supérieures  variées  de  brun  et  de  blanc;  une  bande 
oblique  de  celte  couleur  sur  les  ailes  ,  et  une  seconde  trans- 
versale sur  les  grandes  couvertures;  les  pennes  des  ailes  et 
de  la  queue  d'un  brun  sombre  ;  le  reste  du  plumage  blanc. 
L'autre  a  plus  de  blanc  sur  les  côtés  de  la  tête;  une  strie  brune 
sous  les  yeux  ;  la  poitrine  parsemée  de  petites  taches  ;  le  bec 
noir  et  les  pieds  noirâtres,  (v.) 

TOURNESOL.  Nom  vulgaire  de  VhéUanthe  à  grandes 
fleurs  {helianthiis  annuus  ,  Linn.  ),  qu'on  appelle  aussi 5o/e// ou 
grand  soleil  (  F.  Hélianthe  ).  Cette  plante,  qui  fait  à  la  fin 
de  l'été  l'ornement  des  jardins ,  est  connue  de  tout  le  monde  ; 
elle  fut  introduite  en  Europe  vers  la  fin  du  seizième  siècle. 


T  0  VT  3^7 

C'est  une  plante  annuelle  ,  comme  l'annonce  l'épiihètc  la- 
tine ,  qui  la  distingue  en  botanique  ,  et  <îe  toutes  les  plantes 
connues  ,  c'est  celle  qui  porte  les  plus  grandes  fleurs  ;  elles 
ont  un  aspect  très-remarquable,  et  présentent  un  orbe  plane 
rayonné  comme  un  soleil ,  ayant  jusqu'à  un  pied  de  diamètre- 
Ces  Heurs  sont  terminales  ,  solitaires  el  d'un  beau  jaune  pâle. 
Leur  disque  est  ordinairement  dunecouieur  plus  foncée.  On 
les  voit  le  plus  souvent  «dirigées  vers  le  soleil  ,  ce  qui  a  fait 
donner  à  la  plante  le  nom  de  tournesol. 

Sa  tige  est  droite  ,  cylindrique  ,  épaisse  ,  remplie  de  moelle, 
rude  au  toucher,  tantôt  simple  ,  tantôt  rameuse  ;  elle  s'élève 
depuis  six  jusqu'à  douze  ou  quinze  pieds.  Il  y  en  a  une  va- 
riété à  tige  basse,  qui  n'acquiert  ordinairement  que  trois  ou 
quatre  pieds  de  hauteur.  De  grandes  feuilles  larges  et  éparses, 
dont  les  bords  sont  crénelés  elle  sommet  pointu,  garnissent 
la  tige  et  les  rameaux.  Les  (leurs,  qui  sont  quelquefois  dou- 
bles ou  presque  doubles,  paroissent  en  juillet  ,  el  donnent 
naissance  à  un  nombre  prodigieux  de  graines  :  on  en  a  compté 
jusqu'à  dix  mille  sur  un  seul  pied.  Cesgrainessont  oblongucs, 
obtuses,  à  quatre  angles  opposés,  et  de  couleur  blanche  , 
grise  ou  noirâtre.  Après  leur  entière  maturité  ,  qui  a  lieu  au 
commencement  d'octobre ,  la  lige  du  soleil  se  dessèche  et 
périt ,  ainsi  que  la  racine.  Cette  plante,  par  la  grandeur  et 
l'éclat  de  ses  fleurs  ,  orne  beaucoup  les  jardins  où  elle  n'est 
pas  trop  prodiguée  On  peut  employer  :  i."  ses  graines  à  la 
nourriture  de  la  volaille  ou  à  faire  de  l'huile;  mais  les  oiseaux 
en  sont  si  friands  qu'il  est  fort  difficile  ,  sans  de  grandes  dé- 
penses, de  la  garantir  de  leur  voracité. 

2.°  Ses  feuilles  ,  à  la  nourriture  des  bestiaux  ,  qui  les  ai- 
ment avec  passion  ;  cependant  le  topinambour  est  préférable 
sous  ce  rapport. 

3.°  Ses  tiges  à  ramer  les  haricots  et  les  pois  ,  à  chauffer 
le  four,  ainsi  qu'à  fournir,  par  leur  moelle  ,  un  des  meil- 
leurs MoxA.  Ses  cendres  sont  fort  abondantes  en  potasse.  H 
lui  faut  un  sol  riche,  et  ne  la  pas  mettre  deux  années  de 
suite  dans  le  même  ,  car  elle  est  Irès-épuisanle  ,  vu  l'im- 
mense quantité  de  graines  qu'elle  porte.  (D.) 

TOURNESOL.  Nom  donné,  dans  le  commerce,  à  une 
espèce  de  teinture  qu'on  obtient  du  suc  d'une  plante  monm- 
que  du  genre  Croton(  V.  ce  mot  )  ,  qui  croît  naiurellemcnl 
dans  le  midi  de  la  France  ,  où  elle  est  appelée  maurelle.  C'est 
le  croton  teignant  {croion  tinrtonum  ,  Linn).  On  le  trouve  aussi 
en  Espagne  ,  en  Italie  et  dans  le  Levant.  11  est  annuel , 
et  s'élève  environ  à  un  pied,  ^vec  une  lige  cylindrique  , 
rameuse,  feuillée,  colonocuse  cl  blanchâtre.  Ses  feuilles 


348  T  O  U 

sont  alternes  ,  rhomboïdales  ou  ovales  ,  ondées  ,  molles 
ou  soutenues  par  de  longs  pétioles.  Ses  fleurs  naissent 
en  grappes  courtes  et  sesslles  au  sommet  des  rameaux  et 
dans  leurs  bifurcations. 

La  maurelle  est  assez  commune  aux  environs  de  Mont- 
pellier ,  et  surtout  dans  cette  partie  du  Bas-Languedoc  qu'on 
nomme  Davaunage.  Elle  croit  aussi  en  Provence  et  en  Dau- 
phiné.  Quoiqu'elle  ne  soit  point  d'usage  en  médecine  ,  elle 
est  chère ,  parce  qu'on  la  réserve  pour  la  teinture.  On  dis- 
tingue, dans  le  commerce  ,  le  tournesol  en  drapeau^  et  le  tour- 
nesolen  pain.  Le  premier  se  fait  avec  des  chiffons  imbibés  du 
suc  de  maurelle  ,  et  exposés  ensuite  à  la  vapeur  de  l'urine  ;  le 
tournesol  en  pain  Se  débite  sous  la  fonnc  d'une  pâte  sèche.  Ce 
sont  les  Hollandais  qui  nous  vendent  celui-ci  ;  ils  le  compo- 
sent avec  la  matière  première  que  nous  leur  fournissons,  et 
ils  font  un  secret  de  cette  préparation.  Mais  Chaptal  est  par- 
venu à  composer  les  pains  de  tournesol  ,  en  faisant  fermenter 
le  lichen  purelle  avec  l'urine  ,  la  craie  et  la  potasse. 

Le  tournesol  en  drapeau  (ju'on  prépare  au  Grand-Gallargues , 
village  situé  à  quatre  ou  cinq  lieues  de  Montpellier  ,  est  fort 
estimé.  M.  Montel ,  de  la  Société  des  sciences  de  cette  ville  , 
a  publié,  sur  cet  o'sjjet,  un  excellent  Mémoire^  inséré  parmi 
ceux  de  rAcad?mie  de  Paris,  année  1754.  Une  singularité 
remarquable  d^ins  le  procédé  qu'il  décrit ,  c'est  que  l'alkali 
volatil  ne  s  .uroit  développer  la  couleur  bleue  du  suc  de  mau- 
relle que  lorsqu'il  est  réduit  en  vapeur.  L'urine  fermenlée  , 
versée  sur  ce  suc  récemment  exprimé  qui  est  alors  d'un  vert 
d'ognon ,  rend  ce  vert  plus  clair.  C'est  à  la  fermentation 
qu'est  due  la  couleur  obtenue  de  Vanil  ou  du  pastel;  mais  la 
maurelle  a  la  couleur  bleue  ioute  formée  dans  son  suc,  et  une 
longue  fermentation  la  lui  ôleroil  cnUèrement. 

Les  drapeaux  de  tournesol  sont  fort  aisés  à  décolorer,  par 
conséquent  ils  sont  de  faux  teint  ;  l'eau  froide  enlève  sur- 
ie-champ  la  couleur  ,  et  les  décolore  entièrement  ;  et  c'est 
avec  celte  partie  colorante  qu'on  fait ,  à  Amsterdam  ,  les 
pains  de  tournesol. 

Le  bleu  de  la  maurelle  n'est  pas  aussi  beau  que  celui  qu'on 
relire  du  pastel  ou  de  V indigo.  En  Allemagne  ,  en  Hollande  et 
eu  Angleterre ,  on  en  colore  les  conserves  ,  les  gelées  et  di- 
verses liqueurs.  Dans  quelques  pays  ,  les  chiffons  du  tour- 
nesol servent  à  donner  au  vin  la  couleur  qui  lui  manque.  Les 
Hollandais  emploient  cette  teinture  pour  vernir  en  violet  la 
croûte  de  leurs  fromages.  Le  t&umesol  en  pain  est  d'usage  djtns 
plusieurs  arts  ;  avec  cette  espèce  de  pierre  on  trace  différens 
ûerssins  .sur  l.i  toile  ou  la  soie  (ju'on  veut  broder.  .Enfin  c'e^l 


T  O  TT  3^9 

Qvec  le  lourne«al  qu'on  teint  ce  gros  papier  d'un  bleu  foncé  , 
dont  sont  enveloppés  les  pains  de  sucre. 

Celte  teinture  esl  fréquemment  employée  par  les  chimistes, 
parce  qu'elle  a  la  propriété  de  rougir  sur-  le  -  champ  ,  dès 
qu'on  la  mêle  avec  une  substance  acide  quelconque  ,  dont  elle 
décèle  ainsi  la  présence,  (d.) 

TOURNESOL.  Nom  appliqué  par  Adanson  au  genre 
croton  de  Linnseus ,  dans  lequel  est  rangée  la  plante  spé- 
cialement nommée  tournesol ,  et  dont  on  relire  une  fécule 
qui  sert  en  teinture.  Fojez  Tournesol  ci-dessus.  Nissole , 
et  Scopoli  après  lui,  ont  séparé  cette  planle  du  croton^  et 
ils  en  font  un  genre  propre  ,  le  tournesoUa  ,  parce  que  la 
capsule  est  Iriloculaire  et  n'est  pas  à  trois  coques  ,  et  que 
1'^  calice  est  simplement  découpé  en  cinq  ou  dix  dents,  et 
non  pas  composé  de  pièces  distinctes.  Ce  genre  n'a  pas  été 
adopté,  (ln.) 

TOURNESOL.  On  a  quelquefois  donné  ce  nom  fran- 
çais à  la  planle  qui  a  reçu  le  nom  àliélioirope  ;  il  en  est  la 
traduction,  (desm.) 

TOURNESOLL\.   V.  Tournesol  d'Adanson.  (ln.) 

TOURNIQUET,  Gynnus.  Geoffroy  avoit  établi,  sous 
ce  nom  ,  un  genre  d'insectes  ,  confondu  par  Linnaeus  avec 
les  dytiques ,  et  l'avoit  ainsi  nommé  en  français  ,  à  cause  de 
la  manière  dont  il  tourne  dans  l'eau  ,  et  des  cercles  qu'il  y 
décrit  presque  sans  cesse.  Le  nom  de  gyrin  a  prévalu.  Je 
désigne  cependant ,  par  le  premier,  une  tribu  de  la  famille 
des  coléoptères  carnassiers  ,  composée  de  ce  seul  genre.  V. 
Gyrin.  (l.) 

TOURO.   En   portugais ,  c'est  le  nom  du  Taureau, 

(desm.) 

TOURO UK.HAN.  Synonyme  de  Nerpiski.  (b.) 

TOUROULIER,  Robinsonia.  Grand  arbre  à  rameaux 
téfci'agones  ,  noueux;  à  feuilles  opposées,  ailées  avec  im- 
paire et  accompagnées  de  stipules  ;  à  folioles  ovales  ,  den- 
tées ,  pointues  et  se  prolongeant  sur  le  pétiole  commun  ;  à 
fleurs  en  panicules  terminales  accompagnées  de  bractées. 

Cet  arbre  forme  dans  l'icosandrie  monogynie  un  genre 
qui  a  pour  caractères  :  un  calice  à  cinq  dents  ;  une  corolle 
de  cinq  pétales  jaunes  ,  concaves  ,  insérés  aux  divisions  du 
calice  ;  un  grand  nombre  d'étamines  insérées  au  calice  ; 
un  ovaire  inférieur  surmonté  d'un  stigmate  strié  et  sessile  ; 
une  baie  orbiculairç,  comprimée,  couronnée  par  le  calice, 
striée  ,  roussâtre  et  à  sept  loges  ,  contenant  chacune  une 
«jymence  Gompjimée  et  velue. 


35o  T  0  U 

Le  touroulicr  a  été  découvert  par  Aublct  dins  les  foréls 
de  la  Gulane.  11  se  rapproche  infiniment  du  Tong- chu  ,  et 
même  lui  a  été  réuni  par  quelques  botanistes.  Son  fruit 
est  acide  et  agréable  à  nianger.  (lî.) 

TOUl\OUO.  V.  l'article /%^ort,  au  mot  Tourterelle. 

(V) 

TOUPxPAN.  Espèce  de  Canards  fort  abondans  sur  les 
cotes  d  ■  la  mer  d'Okhotsk  ,  et  auxquels  on  fait  une  chasse 
très  -  fructueuse  ,  à  coups  de  bAton  ,  pendant  qu'ils  sont 
endormis. 

Ce  canard  étant  noir  tacheté  de  gris  et  ayant  une  pro- 
tubérance au-dessus  des  narines ,  doit  être  notre  macreuse 
ou  une  espèce  voisine,  (v.) 

TOURRETIE,  Toutrella.  Plante  grimpante  à  tige  té- 
tragone  ,  dicholome  ,  engaînée  par  des  stipules  ciliées  ;  à 
feuilles  opposées,  composées;  à  folioles  ternées  ;  à  vrilles 
rameuses ,  sortant  de  la  dichotomie  des  pétioles  des  feuilles; 
à  [leurs  disposées  en  épis  terminaux  ,  munies  chacune  d  une 
petite  bractée,  celles  du  sommet  de  l'épi  plus  grandes  et 
stériles. 

Cette  plante  forme  un  genre  dans  la  didynamie  angio- 
Spermie  et  dans  la  famille  des  bignonées.  II  a  pour  carac- 
tères :  un  calice  tubuleux  ,  bilabié  ,  dont  la  lèvre  supérieure 
est  étroite  et  acuminée  ,  et  la  lèvre  inférieure  plus  large  et 
à  quatre  crénelures  ;  une  corolle  tubuleuse  ,  unilabiée  ,  à 
tube  cylindrique  et  à  lèvre  supérieure  allongée;  quatre  éta- 
mines,  dont  deux  plus  courtes;  un  ovaire  supérieur  porté 
sur  un  réceptacle  concave  ,  presque  quadrifide  ,  à  stigmate 
simple;  une  capsule  oblongue ,  hérissée  d'épines  crochues, 
quadriloculaire  ,  bivalve  au  sommet ,  contenant  plusieurs 
semences  comprimées,  munies  d'un  petit  rebord  et  atta- 
chées à  un  placenta  central  prismatique  qui  s'élargit  en  deux 
ailes  opposées. 

La  iourrètie  est  originaire  du  Pérou,  d'où  elle  a  été  rap- 
portée par  Dombey.  On  Ta  cultivée  ,  pendant  quelques 
années,  dans  les  jardins  de  Paris.  L'Héritier  la  décrite  et 
figurée  pi.  17  de  ses  Sù'rpes  .,  sous  le  nom  de  Dombey.  (b.) 

TOURTE,  TORTERELLE,  TURTRELLE,  TUR- 
TURELLE.  Noms  anciens  de  la  Tourterelle  des  bois. 
F.  l'article  Pigeon,  (v.) 

TOURTEAU.  Nom  du  Crabe  pagure,  (b.) 

TOURTEAU.  C'est  le  marc  des  graines  qui  ont  servi 
à  f;iire  de  l'huile.  Dans  beaucoup  de  pays  ,  on  s'en  sert  pour 
engraisser  les  bestiaux  ,  particulièrement  les  vieilles  v.iches 
et  les  moutons  ,  en  le  mêlant  avec  d'autres  graines,  (b.) 


T  0  U  35i 

TOURTELETTE.  V.  Tourterelle,  à  la  suite  de  l'ar- 
ticle Pigeon,  (v.) 

TOURTELLE.  C'est  le  Crabe  pagure,  (desm.) 

TOURTEREAU.  C'est  ainsi  qu'on  appelle  les  jeunes 
tourterelles,  (v.l 

TOURTIERE  AU  DE  BARRARIE.  Nom  que  l'on 
donne,  À  Niort,  à  la  Tourterelle  a  collier,  (v.) 

TOURTERELLE.  Voyez  ^  pour  tous  les  oiseaux  décrits 
sous  ce  nom ,  l'article  Pigeon,  (v.) 

TOURTERELLE.  Coquille  du  genre  Strombe,  .S/rom- 
biis  canarium,  Llnn.  (B.) 

TOURTERELLE  DE  MER.  C'est,  dans  Albin,  le 
nom  du  petit  Guillemot,  (v.) 

TOURTÎA.  On  désigne  ainsi,  dans  les  houillères  du 
nord  de  la  France,  un  poudingue  à  pâte  calcaire  ,  plus  ou 
moins  argileux  ,  et  qui  contient  des  cailloux  roulés.  Le  tourtia 
des  houillères  d'Anzin  offre  des  grains  siliceux  et  des  galets 
de  silex.  Celui  de  Monchy-le-Preux  ,  près  Arras,  ne  con- 
tient presque  aucun  galet  de  cette  espèce  ;  les  cailloux  rou- 
lés qu'il  présente  ,  sont  :  les  uns  noirs,  un  peu  happans  à  la 
langue  ,  point  effervescens  avec  les  acides,  et  au  plus  de  la 
grosseur  d'une  noix  ;  les  autres  ,  souvent  presque  de  la  gros- 
seur de  la  tête  ,  renferment  une  matière  verte  particulière  , 
abondante, et  du  fer  sulfuré.  Le  tourtia  appartient  aux  assises 
les  plus  intérieures  de  la  craie,  et  recouvre  les  argiles  pyri- 
teuses  et  les  terres  vitrioliques  qui  précèdent  et  commencent 
le  terrain  houiller.  (ln.) 

TOURTOURELLE.  Nom  de  la  Raie  pastenague.  (b.) 

TOURTOURO  ou  TOURDOULO.  Noms  languedo- 
ciens de  la  Tourterelle,  (desm.) 

TOURTOURO.  Dans  le  midi  de  la  France,  on  appelle 
ainsi  une  Prune  grosse  ,  longue  ,  d'un  rouge  brun  ,  bonne  à 
manger  en  confiture  ou  en  marmelade,  (desm.) 

TOURTRAC.  Un  des  noms  vulgaires  du  Traquet.  (v.) 

TOURTRE.  Nom  vulgaire  de  la  Tourterelle  des  bois, 
dans  les  environs  de  Niort,  ^^v.) 

TOUS.  La  Chique    ou   acurus  reâuvius  a   reçu  ce  nom. 

(desm.) 

TOUSCH  AK.  Les  Tunguses  donnent  ce  nom  au  Lièvre. 

(desm.) 

TOUSELLE.  Variété  de  Froment  qu^on  cultive  dans 
les  parties  méridionales  de  la  France,  (b.) 

TOUSS.  Les  habitans  du  Cachemire  donnent  ce  nom  au 
poil  avec  lequel  ils  fabriquent  leurs  schalls.  (b.) 


352  T  O  TJ 

TOUTCHOZ.  On  a  donné  ce  nom  à  TAconit  ,  clans 
<|uelques  lieux,  (desm.) 

TOUT  C OUAIS  {^vénerie').  Terme  dont  on  se  sert  pour 
faire  taire  les  chiens  lorsqu'ils  s'échauffent,  (s.) 

TOUT  et  TOUT  BELEDY.Noms  arabes  du  Mûrier 
BLANC  (  Morus  alba  ,  L.  ).  Tout  chamy  ;  c'est  le  MuRJER  3S01R 
(  Morus  nîgra  ,  L.  ).  (ln.) 

TOUT-VENU.  Le  Séneçon  vulgaire  s'appelle  ainsi  aux 
environs  de  Boulogne,  (b.) 

TOUTE-BONNE.  Nom  vulgaire  de  la  Sauge  orvale. 
C'est  aussi  I'Anserine  bon-henri.  (b.) 

TOUTE-  ÉPICE.  On  a  donné  ce  nom  au  Myrte  pi- 
ment ou  poivre  de  la  Jamaïque ,  et  à  la  Nielle  cultivée  ou 
domestique,    (desm.) 

TOUTENAGUE.  Alliage  métallique  qui  nous  vient  des 
Indes  et  de  la  Chine  :  il  est  d'une  couleur  blanche  <jui  ap- 
proche plus  ou  moins  de  celle  de  l'argent,  suivant  l»'s  matières 
et  les  procédés  employés  pour  former  cet  alliage.  Celui  qu  on 
apporte  de  Siam  paroît  le  plus  beau.  Suivant  Laloubère,  les 
Siamois  le  préparent  en  faisant  fondre  ensemble  du  minerai 
d'étain  avec  la  calamine ,  qui  est  une  mine  de  tinc  ;  ce  qui  pro- 
duit un  métal  blanc  susceptible  d'un  beau  poli  {Voyagea  Siamy 
part.  I ,  chap.  iv  ). 

Il  paroît  que  plusieurs  voyageurs  ,  trompés  par  les  Chinois, 
ont  regardé  le  toutenague  comme  un  métal  simple  ,  et  qu'ils 
ont  donné  son  nom  à  une  substance  qui  n'étoit  qu'un  de  ses 
ingrédiens.  Le  minerai  qui  fut  remis  à  M.  Engestrom  ,  sous 
le  nom  de  mine  de  toutenague  ,  dont  il  a  rapporté  l'analyse  dans 
les  Mémoires  de  Stockholm ,  i  775  ,  et  qui  lui  a  rendu  depuis  60 
jusqu'à  90  pour  100  de  zinc  sans  autre  métal,  éloit  évidem- 
ment un  simple  oxyde  de  zinc. 

La  même  chose  étoit  arrivée  vingt  ans  auparavant  à  M.  Ec- 
Iceberg ,  qui  donna  en  1756,  dans  les  mêmes  Mémoires  ,  la 
description  d'un  minerai  qu'on  lui  avoit  donné  pour  être  du 
toutenague  ,  et  que  tout  annonce  n'être  qu'une  mine  de  zinc. 
V.  Calamine  et  Zinc,  (pat.) 

TOUTE-SAINE.  On  appelle  ainsi  le  Millepertuis  an- 

DROSÈME.  (B.) 

TOUTE-VIVE.  C'est ,  en  Sologne  ,  le  nom  du  Bruant 
PROYER.  V.  ce  mot.  (v.) 

TOUTLOLA.  Nom  caraïbe  du  Galanga  arundinacé. 

(B.) 


TGV  353 

TOUTR  AC.  L'un  des  noms  de  pays  du  Traquet.  Voyez 
Fauvette,  (desm.) 

TOUYOU.  V.  Thouyou.  (s.) 

TOUYOUYOU.  Nom  que  les  Sauvages  de  la  Guiane 
ont  appliqué  nu  Jabiru  proprement  dit,  V.  ce  mol.  (v.) 

TOUZA.  Nom  vulgaire  de  la  Grive  commune,  aux  envi- 
rons de  Niort,  (v.) 

TOUZELLE  ou  TOUZELO.  V.  Touselle.  (desm.) 

TOUZET.  L'un  des  noms  patois  du  Canard,  (desm.) 

TOV^ARA.  Genre  de  plantes  établi  par  Adanson  ,  el  qui 
a  pour  type  le  polygcnum  virginicum^  L.  11  a  pour  caractères  : 
calice  (  corolle,  L.  ),  à  quatre  divisions;  cinq  élamines  ; 
deux  stigmates  cylindriques;  graines  nues,  lenliculaires;  fleurs 
en  épi  terminal,  et  lâches.  Ce  genre  diffère  à  peine  du  persi- 
caria  de  Tournefort  ;  et  celui  appelé  antenorum  par  Rafines- 
que  en  diffère  encore  moins,  ayant  pour  caractère  dislinc- 
tif  d'offrir  quatre  étamines  et  des  graines  ovales  et  striées. 
U' antenorum  est  fondé  sur  une  plante  que  le  voyageur  Robin 
a  seul  observée  à  la  Louisiane  ,  et  qu'il  décrit  dans  la  Flore 
de  la  Louisiane  ,  sous  le  nom  à'airaphace  renouée,  (ln.) 

TOVARIE,  2'oi>ana.  Plante  du  Pérou, à  feuilles  alternes, 
stipulées,  pétiolées,  ternées  ,  à  folioles  lancéolées,  à  fleurs 
disposées  en  longues  grappes  terminales  ,  recourbées,  qui, 
seule  ,  selon  Ruiz  et  Pavon ,  constitue  un  genre  dans  1  hep- 
tandrie  monogynie  et  dans  la  famille  desberbéridées,  au  voi- 
sinage des  Trientales. 

Les  caractères  de  ce  genre  sont  :  un  calice  de  sept  folioles; 
une  corolle  de  sept  pétales  ;  un  disque  plane,  à  sept  côtés 
portant  sept  élamines  ;  un  stigmate  pelté  ;  une  baie  à  une 
loge  contenant  sept  à  huit  semences  comprimées,  (b.) 

TOVIS  DISZNO  ,  ou  Towisch  dissnoo.  Nom  hongrois  du 
hérisson,  (  desm.) 

TOVOMIA.  M.  Persoon  nomme  ainsi  le  genre  Tovomiia 
d'Aublet.  V.  Tovomite.  (ln.) 

TOVOMITE,  Tooomila.  Arbre  à  feuilles  opposées ,  pé- 
tiolées ,  ovales,  entières  ,  terminées  en  pointe  ;  à  fleurs  vertes 
disposées  trois  par  trois  sur  trois  pédoncules  qui  sortent  d'un 
pédoncule  commun  terminal  ^  et  qui  sont  articulés  el  accom- 
pagnés de  deux  petites  bractées. 

Cet  arbre,  appelé  Marialva  par  Vandelî ,  forme  dans  la 
polygamie  télragynie  et  dans  la  famille  des  Guttiers  ,  une 
genre  dont  on  ne  connoît  qu'en  partie  les  caractères.  11  offre 
un  calice  de  deux  folioles  presque  rondes  et  concaves  ;  une 

xxxiv.  2^ 


354  T  O  X 

corolle  de  quatre  pe'tales  ovales,  aîgas  ,  concaves;  un  grand 
nombre  d'élamlnes;  un  ovaire  presque  rond,  à  quatre  sil- 
lons ,  surmonté  de  quatre  stigmates  sessiles. 

Le  fruit  n'est  pas  connu. 

Le  tovomite  se  trouva  dans  les  forêts  de  la  Guiane.  Il 
laisse  transsuder  de  son  écorce  une  résine  jaune  et  transpa- 
renie.  (b.) 

TOVUS.  Selon  Erxieben  ,  on  donne,  à  la  Guiane,  ce 
nom  à  la  Loutre  du  BaÉsiL.  (desm.) 

TOXERITES.  M.  Rafinesque  nomme  ainsi  un  genre  de 
coquilles  fossiles  voisin  des  orthocéralites  ,  et  caractérisé 
par  sa  forme  cylindracée  ,  courbe  ;  ses  articulations  diago- 
nales ,  et  son  siphon  central,  solide  et  cylindracé.  (desm.) 

TOWACK.  Nomdu«arcv//a/au  Groenland,  (s.) 

TOXETESIAetTOXOTlS.  Deux  noms  de  I'Armoise 
chez  les  anciens  Grecs,  (ln.) 

TOXICODENDRE,  Toxicodendmm.  Arbuste  du  Cap  de 
Bonne-Espérance  ,  à  feuilles  ternées  ou  quaternées,  oblon- 
gues ,  rétuses  ,  coriaces  ,  à  fleurs  disposées  en  corymbes 
axillaires  ,  qui,  selon  Thunberg,  forme,  dans  la  dioécie 
dodécandrie  ,  un  genre  qui  a  été  appelé  Hyaenanché  par 
Lambert. 

Les  caractères  de  ce  genre  consistent  en  un  calice  de  cinq 
à  huit  folioles.  Dans  les  pieds  mâles,  en|dix  à  vingt  étamines; 
dans  les  pieds  femelles ,  en  un  ovaire  surmonté  d'un  style  à 
trois  stigmates. 

Le  fruit  est  une  capsule  à  trois  coques  et  à  trois  loges , 
renfermant  chacune  deux  semences.  (B.) 

TOXICODENDRON.  Nom  d'une  espèce  de  SumaC 
(  V.  ce  mot  )  dont  on  connoît  deux  variétés  que  ,  par  er- 
reur, Linnœus  a  regardées  et  décrites  ,  comme  deux  espèces 
distinctes,  sous  les  noms  de  rhiis toxicodendron  et  rhiis  radicuns. 
Bosc,  qui  a  observé  ces  deux  plantes  dans  leur  pays  natal , 
s'est  assuré  qu'elles  ne  constituent  qu'une  seule  et  même  es< 
pèce.  Ses  observations  à  ce  sujet  sont  trop  intéressantes  pour 
n'en  pas  faire  mention  ici  ;  on  les  trouve  insérées  dans  les 
Actes  de  la  Société  de  médecine  établie  à  Bruxelles,  et  elles  sont 
accompagnées  d'observations  non  moins  curieuses  de  Van 
Mons  ,  secrétaire  de  cette  société  ,  sur  les  propriétés  singu- 
lières du  toxicodendron;  j'appelle  ainsi,  dans  la  suite  de  cet 
article  ,  la  plante  dont  il  s'agit ,  appliquant  cette  même  dé- 
nomination ,  comme  la  plus  connue  ,  aux  deux  prétendue» 
espèces  du  botaniste  suédois. 

«  11  suffit,  dit  Bosc,  d'avoir  observé  pendant  quelque 
temps,  dans  les  Carolines,  le  rïius  radicans  àe  Linnseus,  poui 


T  O  X  355 

être  convaincu  que  le  rhus  toxicodendron  du  même  auteur  n'est 
que  la  même  plante  dans  un  état  différent ,  et  que  Tourne- 
fort  avoit  eu  raison,  conlre  l'opinion  de  ses  devanciers  de 
les  réunir  sous  la  même  phrase  spécifique. 

«  En  effet ,  lorsque  le  toxicodendron  croît  dans  un  ter- 
rain sec  ,  surtout  dans  sa  première  jeunesse ,  ses  feuilles  sont 
lobées,  légèrement  velues,  et  lorsqu'il  se  trouve  dans  un  ter- 
rain humide  et  ombragé  ,  il  a  les  feuilles  entières  et  glabres. 
On  voit  souvent  dans  un  espace  peu  étendu  toutes  los 
nuances  entre  ces  extrêmes  ;  de  sorte  qu'il  est  très-facile 
de  les  comparer  ,  et  de  s'assurer  que  le  lieu  seul  déter- 
mine les  différences  que  les  botanistes  remarquent  entre 
elles  ». 

Pour  fixer  leurs  incertitudes  à  cet  égard  ,  Bosr  a  décrit  le 
toxicodendron  ou  rhus  radicans  dans  le  plus  grand  détail  ;  et 
il  a  joint  à  sa  description  ,  dans  l'ouvrage  cité  ,  une  figure 
exacte  de  la  plante.  Une  autre  raison  rendoit  cette  descrip- 
tion nécessaire.  Cette  plante  étant  très-dangereuse  à  ma- 
nier, malgré  le  parti  qu'en  ont  su  tirer  en  médecine  d'ha- 
biles observateurs  ,  il  importoit  beaucoup  de  la  faire  bien 
connoître;  c'est  ce  qui  me  décide  à  en  présenter  ici  tous  les 
caractères  décrits  par  Bosc.  Ce  sont  ceux  qui  suivent. 

Description  du  toxicodendron.  «  Racine  ligneuse  ,  traçante  , 
rougeâtre,  h  fibrilles  peu  nombreuses. 

«  Tige  ligneuse  ,  radicante  ,  rameuse  ,  souvent  flexueuse  , 
cassante;  l'écorce  d'un  gris-brun. 

«  Rameaux  alternes ,  en  tout  semblables  à  la  tige  ;  les  su- 
périeurs seuls  radicans  ;  les  inférieurs  perpendiculaires  à  la 
tige  ;  tous  allongés,  minces  ,  rarement  branchus,  et  ne  por- 
tant des  feuilles  et  des  fleurs  qu'à  leurs  extrémités  ,  sur  la 
pousse  de  l'année.  Les  radicules  radicantes  plus  ou  moins 
nombreuses,  naissent  au-dessous  de  la  plus  basse  feuille,  à 
l'extrémité  des  pousses  de  l'année  précédente. 

«  Feuilles  alternes  ternées  ,  naissant  ordinairement  au 
nombre  de  quatre  ou  cinq,  sur  la  pousse  de  l'année.  Le  pé- 
tiole commun  renflé  à  sa  base  ,  presque  cylindrique  ,  plus  ou 
moins  velu,  long  de  deux  à  trois  pouces  sur  une  ligne  de  dia 
mètre;  les  folioles  ovales ,  lancéolées ,  acuminées,  tantôt  an- 
guleuses., tantôt  entières,  tantôt  glabres,  tantôt  velues, 
mais  toujours  plus  en  dessous,el  encore  plus  .sur  les  nervures  ; 
les  moyennes  ,  longues  de  trris  pouces  sur  deux  de  largeur  ; 
les  inférieures  presque  scssiles ,  partagées  inégalement  par  îa 
grande  nervure  ;  la  supérieure  longuement  pétiolée  ;  les  an- 
gles, lorsqu'il  y  en  a,  toujours  en  petit  no«^>re,  toujoursoàius^ 


356  T  O  X 

et  ne  se  montrant  qu'à  la  moitié, et  plus  souvent  qu'aux  deux 
tiers  de  sa  longueur. 

«   Frudification  dioïque  en  épis  axillaires. 
«  Les  épis  composés  à  la  base ,  simples  au  sommet  ,  en 
même  nombre  que  les  feuilles.   L'axe  commun  flexueux ,  un 
peu  velu  ,  long  d'environ  un  pouce. 

<f  Fleurs  pédonculées,  solitaires;  les  pédoncules  alternes  , 
perpendiculaires  à  l'axe  ,  à  peine  longs  d'une  ligne. 

«  Calice  à  cinq  feuilles  ,  attaché  à  un  réceptacle  charnu; 
les  folioles  presque  ovales ,  glabres,  caduques,  d'un  vert 
blanchâtre  ,  à  peine  longues  d'une  demi-ligne. 

«  Corolle  de  cinq  pétales  attachés  à  un  réceptacle  ;  pé- 
tales lancéolés,  caducs  ,  deux  fois  plus  longs  que  le  calice  , 
glabts,  recourbés  et  repliés  en  dehors,  d'un  vert  blanc, 
quelt.uefois  veiné  de  brun. 

«  Etariines  au  nombre  de  cinq  ,  attachées  au  réceptacle^ 
moi.  s  lo.igues  que  la  corolle  ;  fiiet  aplati,  plus  large  à  sa 
base,  ro  ig<^  ;  anthères  jaunes  ,  presque  ovales  ,  creusées  par 
un  sillon  longitudinal. 

«  Pistil  à  germe  ovale  ,  très-velu  ;  à  style  gros  ,  court  et 
glabre;  à  trois  stigmates  bruns  ,  sessiles  ,  dont  l'un  est  tou- 
jours plus  gros  que  les  autres. 

«  Fruit  à  baie  sèche  ,  presque  ronde  ,  velue  ,  sillonnée 
par  sept  à  huit  fossettes  longitudinales  ,  ne  contenant  qu'une 
seule  semence. 

«  Cette  plante  est  bien  dioïque  ;  cependant  les  fleurs  mâles 
contiennent  toujours  les  rudimcns  d'un  pistil ,  et  les  fleurs 
femelles  des  élamines  qui  avortent.  Il  faut  suivre  la  floraison 
pour  voir  les  étamines  des  pieds  femelles  diminuer  graduel- 
lement de  grosseur  ,  lorsque  celles  des  pieds  mâles  augmen- 
tent,  car  elles  sont  d'égale  ou  presque  d  égale  grosseur  dans 
les  boutons.  Il  est  certain  que,  dans  l'orire  naturel ,  elle  fait 
partie  du  genre  tIius;  mais  dans  les  systèmes  artificiels  ,  on 
seroit  très  fondé  à  en  faire  un  genre  particulier  ,  fondé  prin- 
cipalement sur  la  dioécie  ,  sur  le  fruit  qui  est  plutôt  un  drupe 
qu'une  baie,  et  sur  le  calice  qui  est  polyphylle.  Il  est  cepen- 
dant bon  d'observer  que  dans  la  fleur  ,mâle  ,  où  le  récep- 
tacle est  à  peine  charnu  ,  le  calice  semble  d'une  seule  pièce, 
comme  le  dit  Llnnîeus ,  et  qu'il  est  persistant  ;  mais  dans 
la  femelle  ,  les  folioles  sont  bien  distinctes  et  très- ca- 
duques. 

(f  Le  toxicodendron  croît  presque  exclusivement  dans  les 
bois  humides,  sur  le  bord  des  rivières  et  des  marais.- 11  est 
extrêmement  commun  en   Caroliae.  Dans  sa  jeunesse ,  il 


T  O  X  357 

rampe  sur  terre  ,  et  ses  feuilles  sont  toujours  dentelées  ou 
sinuees  ,  toujours  velues  ;  il  est  donc  rhus  toxicodendron  ; 
mais  aussitôt  que  l'exlrémilé  de  sa  tige  rencontre  un  arbre  , 
n  importe  lequel  ,  il  s'y  cramponne  par  des  suçoirs  radici- 
formes,  et  s'élève  graduellement  contre  son  tronc  ;  il  devient 
donc  rhus  radicans.  Lorsqu'il  est  arrivé  à  ce  point  ,  la  pnrlie 
qui  rampoit  s'enfonce  dans  la  terre  et  devient  racine  ;  du 
moins  on  peut  le  présumer  ,  puisqu'il  n'y  a  jamais  de  dis- 
tance entre  le  pied  de  la  plante  et  celui  de  l'arbre  contre  le- 
quel elle  s'élève.  La  direction  de  la  tige  est  tantôt  droite  , 
tantôt  oblique  ;  souvent  elle  se  divise  en  plusieurs  maîtres- 
ses branches  qui  embrassent  le  tronc  de  l'arbre  ;  mais,  dans 
tous  les  cas  ,  il  n'y  a  jamais  que  l'extrémité  des  bran- 
ches directes  qui  fournisse  des  radicules.  Ces  branches 
n'ont  jamais  de  fleurs ,  les  latérales  jouissent  seules  de  la 
faculté  prolifique.  Les  radicules  se  dessèchent  chaque  année, 
sans  cependant  cesser  de  retenir  la  plante  contre  l'arbre  ; 
car,  à  moins  qu'un  accident  n'ait  dérangé  l'ordre  naturel, 
on  en  voit  depuis  le  bas  jusqu'au  haut,  quel  que  soit  1  âge  du 
pied. 

«  Le  toxicodendron  s'élève  à  la  hauteur  des  plus  grands 
arbres;  et  lorsqu  il  est  vieux,  ou  qu'il  se  trouve  dans  un 
terrain  convenable,  il  porte  souvent  une  forêt  de  branches 
latérales.  Les  couches  annuelles  sont  du  double  plus  larges 
dans  la  parlie  qui  reçoit  l'influence  de  l'air,  que  dans  celle 
qui  touche  à  l'arbre.  Lorsque  le  support  meurt,  la  plante 
n'en  continue  pas  moins  de  croître  avec  vigueur  ;  et  lors- 
qu'il tombe  en  pourriture,  elle  se  soutient  elle-même  comme 
la  plupart  des  végétaux. 

«  C'est  à  la  fm  de  mars  que  le  toxicodendron  commence  à 
pousser  ses  feuilles  en  Caroline  ;  c'est  vers  la  fm  d'avril  que 
ses  fleurs  s'épanouissent ,  et  ses  semences  sont  mûres  à  la  fin 
de  mai  ;  aussi  on  volt  qu'il  parcourt  les  époques  de  sa  fruc- 
tification avec  une  grande  ropidlté.  Ses  fleurs  ont  une  odeur 
extrêmement  folble,  mais  qui  n'est  pas  désagréable;  ses 
feuilles  en  ont  une  à  peu  près  de  même  nature  ,  mais  leurs 
émanations  ne  sont  pas  aussi  dangereuses  qu'on  s'est  plu  à 
le  publier  ;  du  moins  ne  voit-on  jamais  d'accidens  en  résulter 
dans  la  basse  Caroline. 

«  La  propriété  délétère  de  cette  plante  réside  dans  le  suc 
gommo  résineux  qui  suinte  des  jeunes  pousses,  des  pétioles, 
des  nervures  des  feuilles,  ainsi  que  de  l'aubier  du  tronc.  Ce 
suc  est  très-abondant  au  moment  de  la  floraison  ,  et  diminue 
graduellement  jusqu'à  la  maturité  des  fruits,  après  laquelle 
on  n'en  voit  plus  :  d'où  il  résulte  que  c'est  au  moment  de  la 


358  T  O  X 

floraison  ,  qu'il  faut  cueillir  les  feuilles  pour  l'usage  des  phar- 
macies. 

<f  La  recolle  du  toxicodendmn  n'est  pas  aussi  facile  qu'on 
pourroit  le  croire.  Il  faui,  pour  Tobtcnlr,  ou  couper  l'arbre 
qui  supporle  le  tronc,  ou  arracher  le  tronc  de  dessus  l'arbre; 
le  premier  de  ces  moyens  est  très-pénible,  le  second  peu 
fructueux.  La  tige  ,  comme  on  l'a  déjà  dit,  est  fort  cassante  ; 
sa  partie  supérieure  la  plus  garnie  de  rameaux  ,  est  souvent 
entortillée  autour  de  l'arbre.  On  fait  quelquefois  périr  une 
moitié  des  pieds  qu'on  attaque,  sans  obtenir  de  feuilles  ; 
ce  qui  anéantiroit  les  récolles  suivantes,  si  on  en  faisoit  plu- 
sieurs années  de  suite  dans  le  môme  canton.  »> 

Les  Américains  appellent  le  Toxicodetsdron  5wa//-/e«c'<i 
poison  oak  ,  ce  qui  veut  dire  chêne  poison  à  petites  feuilles  ;  ils 
redoutent  de  le  loucher,  et  ils  ne  lui  reconnoissenl  aucune 
propriété  médicinale.  Cependant  il  en  a  qui  sont  très-cons- 
lalées  ;  mais  ses  effels  pernicieux  sont  plus  généralement  ou 
plus  anciennement  connus;  d'où  lui  vient  son  nom  :  car  le 
mot  ioxicodendron  est  formé  de  deux  mol  grecs  ,  dendron  et 
ioxicon  ,  qui  signifient  arbre  et  poison. 

Parmi  les  observations  qu'on  a  faites  sur  les  propriétés 
ou  dangereuses  ou  salutaires  de  ce  végétal ,  les  plus  intéres- 
santes sont  celles  de  VanMons,  insérées  dans  les  mémoires 
de  l'Académie  de  Bruxelles,  (d.) 

TOXICODENDRON.  C'est-à-dire,  arbre  poison,  en 
grec.  Ce  nom  a  été  donné  parTourneforlà  un  arbrisseau  dont 
il  faisoit  un  genre  ,  réuni  par  Linnseus  au  rhus  et  au  cotinusda 
même  auteur,  et  qui  en  diffère  par  se^  feuilles  ternées  et 
par  sa  baie  qui  contient  un  noyau  strié.  Ce  genre  est 
nommé  vernix  par  Adanson  ,  qui  y  rapporte,  avec  Dillen  et 
Duhamel, le  R.vemix^  L,  11  ne  faut  pasy  placer  le  /oxirodendron 
arhoreum  d(î  Miller  :  c'est  le  rhus  cominia  L. ,  ou  r urnithrophc 
rojninia,  W  illd.  On  doit  aussi  en  exclure  Vamyris  ioxifera ,  L., 
qui  est  le  ioxicodendron  observé  en  Caroline  par  Catesby 
(  Car.  I  ,  tab.  4-o  )  et  par  Séeligman  (  Av.  ic.  tab.  l^o  ).    V. 

T0XlC0DENDR0ÎS,T0XIf;01)ETSiDRE,BALSAMIER,et  SuMAC.  (LN.) 

TOXICOS.  Celte  plante,  mentionnée  par  Théophraste  , 
esi  rapportée  par  Adanson  aux  Rotangs  {calamus^  L.).  (ln.) 

TOXICUM.  D'un  mot  grec  qui  signifie  poison.  Quelques 
botanistes  ont  donné  ce  nom  au  ranunculus  thora  et  à  l'A- 
(X)MT.  V.  ce  mot,  Thore  et  Tore,  (ln.) 

TOXiCUM  (/«5ec/M)-  V-  Toxique.  (DESM.) 

TOXIQUE,  Toxicum.  Genre  d'insccles  de  l'ordre  des 
coléoptères,  seclion  des  hétéromères ,  famille  des  mélaso- 
n»es,  tribu  des  ténébrionites. 


T  R  A  359 

Ce  genre ,  établi  par  Latreille,  d'après  un  insecte  trouvé 
par  Riche  sur  les  côtes  de  TOcéan  indien  ,  présente  les 
caractères  suivans  :  antennes  terminées  en  une  massue  per- 
foliée  ,  comprimée  ,  ovale  ,  composée  de  quatre  articles;  lè- 
vre supérieure  apparente  ;  palpes  maxillaires  terminés  par 
un  article  légèrement  plus  gros  ,  cylindro-conique  ,  com- 
primé; ganache  carrée  ;  port  des  iénébrions  ;  le  corps  cepen- 
dant un  peu  moins  déprimé  ;  Tabdomen  assez  convexe;  pat- 
tes courtes,  les  antérieures  surtout;  cuisses  ovales  ;  jambes 
presque  cylindriques  ;  les  antérieures  plus  élargies  au  bout. 

Toxique  de  Riche,  T.  IUchesianum,Lalv.,Gener.,  Cmsl.  et 
Ins.  tom.  I,  lab.  9,  fig.  g. 

Cet  insecte,  qui  a  près  de  six  lignes  de  long,  est 
d'un  noir  mal  ,  velouté,  avec  huit  stries  ,  formées  de  points 
alignés,  sur  chaque  élylre.  Il  est  ailé.   (o.  et  l.) 

TOXOPHORE,  Toxophora.  (ienre  dinsecles  établi  par 
Meigen  ,  sur  un  individu  imparfait,  et  qui  nous  paroît  être 
très-voisin  du  genre  conops  ^  mais  qui  en  diffère  en  ce  qu'il 
a  des  yeux  lisses,  (l.) 

TOXOTÈS.  Sous-genre  de  poissons  proposé  parM.Cu- 
vier,  pour  renfermer  quelques  espèces  de  Chetodons  ,  et 
dont  il  ne  développe  pas  lés  caractères,  (desm.) 

TOXOTIS.  V.  ïoxETEsiA.  (L^^) 

TOXOTREMA.  Genre  de  coquilles  voisin  des  hélices, 
établi  par  Rafinesqvie  ,  et  caractérisé  par  rouverture  sem- 
blable à  une  simple  fente  et  émarginée.  (desm.) 

TOYCOU.  V.  Tococo.  (desm.) 

TOZETA.  Le  froment  d'hiver  (^iriticum  hyliernum  ,  L.) 
porté  ce  nom  en  Espagne,  (lis.) 

TOZETTIE.  Tozettia.  Genre  établi  pour  I'Alfiste  a 
UTRICULE.  Il  n'apas  été  adopté,  (b.) 

ÏOZNENE.   Nom  du  perroquet  amazone  de  la  Jamaïque. 

TOZZIE,  Tozzia.  Plante  herbacée  à  racine  tubéreuse  ,  à 
tige  droite  ,  rameuse  ,  écailleuse  à  sa  base,  à  feuilles  oppo- 
sées ,  sessiles,  ovales  ,  dentées,  et  à  fleurs  axillaires,  soli- 
taires et  pédonculées  ,  qui  forme  un  genre  dans  la  didyna- 
mie  angiospermie  et  dans  la  famille  des  rhinanlhacées. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  un  calice  tubulé  court,  à 
cinq  dents  ;  une  corolle  hypogyne  ,  tubuleuse  ,  bilabiée  par 
cinq  lobes  presque  égaux;  quatre  élamines,  dont  deux  plus 
courtes;  un  ovaire  supérieur  surmonté  d'un  style  à  stigmate 
simple  :  une  capsule  très-petite,  sphérique,  bivalve,  mo- 
nosperme ,  recouverte  par  le  calice. 

La  iozzie  croît  dans  les  Alpes  et  autres  grandes  montagnes 


B6o  T  R  A 

de  l'Europe  ,  aux  lieux  voisins  des  eaux.  Ses  fleurs  sôul 
jaunes,  (b.) 

TRx\EES.  Mot  latin  qui  signifie  une  poulre.  Les  anciens 
donnoient  ce  nom  à  une  lumière  blanchâtre  qu'on  aperçoit 
quelquefois  dans  le  ciel  pendant  la  nuit ,  et  qui ,  en  effet,  a  la 
forme  d'une  poutre  ;  elle  est  étroite  et  fort  longue.  Ces  sortes 
de  lumières  ne  paroissent  pas  avoir  la  même  cause  que  la  lu- 
mière zodiaeale,  car  elles  se  présentent  dans  toutes  sortes  de 
directions. 

Saussure  ,  pendant  sa  station  sur  le  Col  du  Géant,  vil  un  de 
ces  phénomènes  le  12  juillet  1788,  un  peu  après  minuit. 
«  C'éloient  ,  dit  il  ,  trois  bandes  lumineuses  blanchâtres  qui 
se  réunissoient  en  forme  d  Y  à  l'éloile  la  plus  septentrionale 
du  (Jouvier.  De  ces  trois  bandes,  Tune  traversoit  la  voie  lac- 
tée el  \v  carré  de  Pégase  ;  la  seconde  descendoil  au  N.  O. ,  et 
se  caohoit  derrière  les  montagnes;  la  troisième  se  terminoit  à 
l'A  d()phiurus:la  largeur  de  cesbandes  éloit  de  trois  à  quatre 
degrés.  Il  ajoute  que  ce  phénomène  se  dissipa  pendant  qu'il 
éloit  occupé  dans  sa  tente  à  le  décrire.  (  §  2091.  ) 

Me  trouvant  à  Valdaï,  sur  la  roule  de  Pélersbourg  à  Mos- 
cou ,  le  1 7  octobre  1 779  ,  lorsque  j'allois  en  Sibérie  ,  je  vis  , 
sur  les  huit  heures  du  soir,  le  ciel  élant  parfaitement  serein, 
une  bande  himineuse  très-blanche  et  nettement  circonscrite  , 
«jui  s'étendoit  du  S.  O,  au  N.  E. ,  en  passant  directement  à 
mon  zéniih  ;  sa  largeur  éloit  à  peu  près  la  même  que  celle 
df  rarc-en-ciel,mais  elle  éloil  parfaitement  droite.  Son  extré- 
mité occidentale  m'étoit  cachée  par  des  collines  ;  du  côté  du 
I^i.  E. ,  elle  se  terminoit  en  pointe.  Ce  phénomène  dura  près 
de  trois  quaris  d'heure  ,  et  s'évanouit  peu  à  peu. 

Saussure  soupçonne  que  ces  phénomènes  ont  la  même 
cause  que  les  aurores  horéales.  Mais  ,  pendant  huit  ans  que 
j'ai  passés  en  Sibérie  ,  où  j'ai  vu  bien  des  aurores  boréales  , 
je  n'ai  jamais  vu  ces  bandes  lumineuses.  Les  aurores  boréales 
se  manifestent  toujours  directement  au  pôle  :  leur  couleur  est 
toujours  rongeâtre  ,  el  leur  lumière  est  flamboyante  :  tout 
cela  ne  ressemble  nullement  aux  bandes  lumineuses  qui  sont 
blanches  ,  parfaitement  immobiles,  et  dans  toutes  sortes  de 
directions.  V,  Aurore  b'oréale.  (pat.) 

'JTxACAL,  pi.  191  des  Oiseaux  d'Afrique.  M.  Levaillant  a 
placé  cet  oiseau  à  la  suite  de  ses  traqueis  ,  et  le  présente 
co!iime  une  espèce  intermédiaire  entre  les  motteux  et  les 
alouettes,  parce  qu'il  participe  des  uns  et  des  autres  ;  en 
effet,  il  a  les  mœurs  et  les  habitudes  des  premiers,  et  il  tient 
aux  alouettes  par  les  formes  épaisses  de  son  corps  ,  par  la 


T  R  A  36i 

structure  du  bec  et  la  longueur  de  l'ongle  du  doigt  posté- 
rieur. (  Nota.  Dans  la  figure  ,  cet  ongle  est  court  et  très- 
arqué  ;  c'est  sans  doute  une  méprise  du  dessinateur.  )  Celte 
espèce  se  trouve  en  Afrique  ,  dans  les  plaines  arides  et  sur 
le  revers  des  montagnes  pelées  du  pays  des  grands  Nama- 
quois,  où  elle  ne  passe  que  l'été.  Toutes  les  plumes  du  corps 
étant  terminées  par  une  lunule  jaune  ,  sur  un  fond  noir  ; 
son  plumage  semble  couvert  d'écaillés;  la  couleur  jaune  se 
retrouve  encore  à  l'extrémité  des  dernières  pennes  alaires 
et  des  pennes  caudales,  de  même  qu'à  la  base  du  bec  ,  qui 
dans  le  reste  est  noir ,  ainsi  que  le  tarse  ;  les  yeux  sont  d'un 
brun  rouge.  Le  mâle  diffère  de  la  femelle  en  ce  qu'il  est  un 
peu  plus  fort,  et  que  le  noir  de  sa  tête  jette  des  reflets  pur- 
purins, La  ponte  est  de  cinq  œufs  d'un  bleu  pâle,  parsemé  de 
taches  roussâtres.  (v.) 

TRACAS,  Nom  que  l'on  donne,  dans  diverses  provinces, 
au  Traquet.  (v.) 

TRAC-BA-DIEP.  Espèce  de  cyprès  qui  croît  en  Cocbin- 
cbine.  Loureiro  le  rapporte  au  cupressus  thyoîdes ,  L. ,  arbre 
du  Canada  ;  la  description  qu'il  en  donne  semble  indiquer 
une  espèce  différente.  Elle  croît  aussi  en  Chine,  (ln.) 

TRACE  (vénerie).  Empreinte  du  pied  des  hêles  noires  sur 
la  terre,  (s.") 

TRACHÉE-ARTÈRE,  Aspera  arteria.  C'est  un  canal 
cartilagineux  qui  s'étend  depuis  le  larynx  jusqu'aux  poumons, 
vers  lesquels  il  se  divise  en  deux  branches ,  nommées  bron^ 
ches  f  et  qui  pénètrent  dans  la  substance  des  deux  lobes  du 
poumon ,  pour  y  conduire  l'air  de  Tinspiralion  ,  et  en  rame- 
ner Tair  de  1  expiration,  La  substance  de  la  trachée- artère 
est  composée  d'anneaux  cartilagineux  revêtus  de  membranes. 
Ces  anneaux  n'ont  pas  la  même  épaisseur  dans  la  région  pos- 
térieure, où  ils  s'appliquent  contre  l'œsophage.  Dans  le  lion 
et  quelques  autres  quadrupèdes  à  voix  rauque  ,  ces  anneaux 
sont  entièrement  cartilagineux  et  fort  durs;  dans  les  canards  et 
autres  oiseaux  dont  les  crissonttrès-retentissans,la//ac^(?'e-ar^ère 
est  dilatée.  Chez  les  cygnes  sauoages ,  les  pauxis  ,  les  grues,  les 
hérons  et  plusieurs  autres  espèces  ,  la  trachée-artère  est  très- 
longue  ,  elle  fait  même  un  circuit  sur  le  sternum ,  ce  qui  donne 
une  très-grande  extension  à  la  voix  de  ces  oiseaux ,  indépen- 
damment de  leur  larynx  placé  à  l'origine  des  bronches.  Dans 
les  aîuuales  ,  singes  hurleurs  d'Amérique  ,  la  trachée-artère 
porte,  à  son  extrémité  supérieure,  un  os  hyoïde  creusé  en 
forme  de  tambour ,  et  la  voix  s'engouffrant  dans  .cette  cavité  , 
y  produit  un  retentissement  effrayant.  Au  contraire ,  dan« 


363  T  R  A 

V orang-outang  il  y  a  des  sacs  membraneux  qui ,  recevant  la 
voix  au  sorlir  de  la  trachée-artère,  la  rendent  sourde  et  obscure. 
V.  Glotte  et  Laryn^. 

A  l'époque  du  rut  des  animaux ,  les  cartilages  de  la  glotte  et 
les  anneaux  de  la  trachée-artère  prennent  pîus^de  consistance 
et  de  rigidité  ,  de  sorte  que  le  timbre  de  la  voix  devient  plus 
fort  et  plus  sonore ,  à  peu  près  comme  un  bois  sec  et  léger 
donne  au  violon,  à  la  guitare  et  autres  instrumens  à  cordes  , 
un  son  plus  net  et  plus  rempli ,  qu'un  bois  mou  et  trop  com- 
pacte. V.  \e:s  mots  Voix  et  PouMO^s.  (vire y.) 

TRACHÉE  DES  PLAINTES.  Ce  sont  ,  suivant  Mal- 
pighi ,  certains  vaisseaux  formés  par  les  contours  spiraux 
d'une  lame  mince  ,  plate  et  assez  large  qui,  se  rouiaut  et 
se  contournant  ainsi  en  tire-bourre,  forme  un  tuyau  étranglé 
et  comme  divisé  en  sa  longueur  en  plusieurs  cellules.  V.  les 
articles  Arbre  et  Végétaux.  (».) 

TRACHEES  (ii^/omo/og/e  ).  Vaisseaux  aériens  servant  à 
la  respiration  des  insectes  et  de  plusieurs  arachnides.  V.  les 
mots  Insectes,  Aracunides  et  Respiration,  (l.) 

TRAGHÈLE,  TracheUum,  Genre  de  plantes  de  la  pen- 
tandrie  monogynie  ,  et  de  la  famille  des  campanulacées  ,  qui 
offre  pour  caractères  :  un  calice  très-petit ,  à  cinq  divisions  ; 
une  corolle  infundibuliforme  à  long  tube  cylindrique,  à 
limbe  court  et  à  cinq  lobes;  cinq  étamines  à  filamens  capil- 
laires, à  anthères  ovales;  un  ovaire  supérieur,  surmonté 
d'un  style  saillant  à  stigmate  globuleux  ;  une  capsule  arron- 
die ,  triloculaire  ,  s'ouvrant  par  trois  trous  situés  à  sa  base. 

Ce  genre  renferme  des  plantes  à  feuilles  alternes  et  à  fleurs 
disposées  en  corymbes  terminaux  ,  munies  de  petites  bractées. 
On  en  compte  quatre  espèces  ,  dont  la  plus  importante  à  con- 
noître  est  la  Trachèle  bleue  ,  qui  est  rameuse  ,  droite  ,  et 
dont  les  feuilles  sont  ovales,  dentées  et  planes.  Elle  est  bisan- 
nuelle ,  et  se  trouve  en  Italie  et  en  Turquie.  On  la  cultivé 
dans  quelques  jardins  ,  où  elle  produit  un  bel  effet  par  ses 
grosses  touffes  de  fleurs  bleues  ;  mais  elle  ne  s'élève  qu'à  en- 
viron un  pied  ,  et  craint  la  gelée,  (b.) 

TRACHÈLES,  Trachelus,  Jur.  Genre  d'insectes  hymé- 
noptères. F.  Céphus.  (l.) 

TRACHÉLIDES,  Trachelides.  Famille  d'insectes  co- 
léoptères, de  la  section  des  hétéromères  ,  composée  de  ceux 
dont  la  tête  est  triangulaire  ou  encœuret  séparée  du^corselet 
par  un  rétrécissement  brusque,  en  forme  de  cou  ,  ce  qui  fait 
qu'elle  est  toujours  entièrement  découverte,  ou  que  son  ex- 
trémité postérieure  ne  s'enfonce  point  dans  le  corselet.  Les 


T  R  A  363 

antennes  sont  ordinaires :?nt  dVqale  grosseur  ou  insensible- 
ment plus  grêles  vers  leur  exlrciiuië  ;  Us  mâchoires  n'ont  ja- 
mais de  dénis  rorne'es  au  côlé  interne.  Ces  Insectes  ont 
presque  loujoars  des  élyfres  molles  ou  flexibles  et  des  ailes. 
Plusieurs  jouissent  de  propriétés  vésicanles. 

La  plupart  vivent,  à  Téiat  parf;iit,  de  différens  végétaux, 
et  ii:angenl  leurs  feuilles  ou  surent  le  miel  de  leurs  fleurs. 
Beauroup,  lorsqu'on  les  saisit,  courbent  leur  icte  et  replient 
leurs  pieds  contre  le  corps  ,  comnie  s  ils  éloient  privés  de 
vie.  Leurs  larves  vivent,  soit  dans  la  terre,  soil  dans  le  vieux 
bois;  quelques  unes  sont  parasites  el  carnassières. 

Tribu  I.  Les  Pyrochroïdes  ,  Pyrocliroides.  Crochets  des 
tarses  simples,  sans  divisions  ni  appendices;  corps  long , 
droit ,  dépriaié  ,  avec  le  corselet  rond  ou  conique  :  élytres  de 
la  longueur  de  l'abdomen,  de  largeur  égale,  ou  plus  dilatées 
et  arrondies  au  bout. 

Les  genres  :  Pyrochre  ,  Dendroïde. 

Tiibu  II.  Les  MoRDELLONEs,  MorJeUonœ.  Crochets  des 
tarses  presque  toiijo;irs  simples  ;  corps  élevé  ou  arqué,  avec 
la  tète  basse  ,  les  anier.nes  le  plus  souvent  en  scie  ,  ou  même 
en  panache  ,  en  peigne  ;  corselet  Irapézoïde  ou  demi-circu- 
laire ;  abdomen  conique  ;  élytres  soit  très-courtes  ,  soit  fort 
rétrécies  en  pointe. 

Les  genres:  Myode,  Ripiphore,  Pélécotome ,  Anaspe, 

SCRAPÏIE. 

Tribu  m.  Les  Ai^thicites  ,  Anihiciles.  Crochets  des  tarses 
toujours  simples  ;  corps  oblong ,  avec  le  corselet  en  forme 
de  cœur  ou  binoduleux;  dernier  article  des  palpes  maxil- 
laires plus  grand,  en  forme  de  hache;  pénultième  article  des 
tarses  bilobé. 

Les  genres  :  Notoxe  ,  Stérope. 

Tribu  IV.  Les  HoRiALES,  Horîales.  Crochets  des  tarses 
entiers,  mais  dentelés  en  dessous,  avec  un  appendice  inter- 
médiaire en  forme  de  soie  ;  un  seul  article  de  ces  tarses  bilobé. 
Cuisses  postérieures  fortes,  du  moins  dans  les  mâles. 

Le  genre  :  Horie. 

Tribu  V.  Les  CanTHARIDIES,  Cantharidiœ.  Crochets  des 
tarses  dont  les  articles  sont  ordiuaireuient  entiers,  bifides  ou 
paroissant  doubles,  sans  dentelures  en  dessous;  antennes 
simples  ;  corselet  carré  ou  en  cœur  ;  élytres  flexibles. 

L  Pénultième  article  des  tarses  bilobé. 

Le  genre  :  Tetraonyx. 

IL   Tous  les  articles  des  tarses  entiers. 


36/^  T  R  A 

A.  Antennes  terminées  en  massue,  où  très-sensihlement  plus 
grosses  à  leur  extrémké. 

Les  genres  :  Mylabre,  Hyclée  ,  Cerocome. 

B.  Antennes  filiformes  ou  sélacées. 

Les  genres  :  OEnas  ,  Meloé,  Cantharide,  Apale,  Ne- 

MOGNATUE  ,    ZoTSITIS.  (L.) 

TR\CHELIU]VI.  Plante  mentîonne'e  par  Galien  ,  selon 
A'ianson  ,  et  qui  éloit  utile  pour  guérir  les  affections  ou 
douleurs  «îu  cou  ou  de  la  nuque  ,  ce  qu'exprime  aussi  son 
nom  ,  qui  dérive  d'un  mot  grec  qui  signifie  nuque  :  on  lui 
donna  pour  cette  raison  le  nom  latin  de  cervicaria  et  d  m'«- 
laria.  Les  botanistes  désignent  pour  cette  plante  \es  campa- 
nula  trachelhim  el  rerviraria.  Ils  ont  éten<lu  ce  nom  tle  trache-' 
lïum'di  plusieurs  autrt'S  espèces  de  campanulesvoisines  de  cell»^s- 
là ,  et  qui  sont  velues.  On  les  trouve  presque  toutes  groupées 
ensemble  dans  le  Pinax  de  C.  Bauhin,  sous  les  deux  dénomi- 
nations de  trachelium  n'i'e  campimula  hirsuia^^roupe  dans  lequel 
se  trouve  aussi  placé  le  michauxia  campanulo'îdes  et  le  trache- 
lium axruleum  ^  L. ,  deux  plantes  qui,  quoique  de  la  même 
famille  que  les  tampanules,  en  diffèrent ,  surtout  le  trache- 
lium cœruleum.  Cette  dernière  plante,et  plusieurs  campanules, 
forment  le  genre  truchellum  de  Tournefort ,  réduit  arec  rai- 
son par  Linnseus  à  la  seule  plante  que  nous  citons.  C'est  à 
ce  genre,  tel  que  Tournefort  l'a  établi,  que  Plumier  et 
Robert  rapportoientquelques  espèces  de  lohelia  ,  entre  autres 
les  lohelia  longiflora  et  siphitiiica  ;  et  Desportes  et  Nicbolson , 
le  quinquina  pilon  ou  cinchona  floribunda  ^  Swarlz,  Dodart  et 
Jjoccone  ont  décrit  et  classé  avec  ces  trachelium  des  espèces 
nouvelles  de  Campanules.  V.  ce  mot  et  Tracuèle  (ln.) 

TRACHICTE,  TracMclUys.  Poisson  des  mers  australes, 
qui  seul,  selon  Sbavv,  constitue  un  genre  voisin  de  celui 
des  Chrysostoses  de  Lacépède. 

Les  caractères  de  ce  genre  ,  qui  a  été  appelé  AmphYRION 
par  Schneider,  sont  :  une  seule  nageoire  dorsale,  courte, 
élevée  et  pointue,  répondant  à  l'anale;  museau  court  et  ob- 
tus; dents  nombreuses  et  très-courtes;  côtés ,  dessus  et  dessous 
de  la  queue  ,  intervalle  des  ventrales  à  l'anale  couverts 
d'écaillés  fortement  carénées;  quatre  rayons  aux  branchies. 

(B.) 

TRACHIMENE,  V.  Trachymène.  (b.) 

TRACHINE.  /'rachinus.  Genre  de  poissons  de  la  division 
des  Jugulaires, dont  les  caractères  consistent  :  à  avoir  la  tête 
comprimée  et  garnie  de  tubercules  ou  d'aiguillons  ;  une  ou 


T  R  A.  365 

plusieurs  pièces  de  chaque  opercule  denlele'es;  le. corps  et  la 
queue  allongés  ,  comprimés  ,  et  couverts  de  petites  écailles  ; 
l'anus  situé  très-près  des  nageoires  pectorales. 

Ce  genre  renferme  deux  espèces  seulement,  dont  une  seule 
mérite  d'être  mentionnée  : 

f-ia  Trachine  vive  ,  Trachinus  draco,  Linn.,  qui  a  la  mâ- 
choire inférieure  plus  avancée  que  la  supérieure,  et  la  Tra- 
chine OSBECK,  dont  les  mâchoires  sont  égalemeni  avancées, 
et  dont  le  corps  est  blanc,tacheté  de  noir.  F.  pi.  Ry,  où  elle 
est  figurée. 

La  première  qui  étoit  nommée  dragon  de  mer  dès  le  temps 
d'Aristote,  a  donné  lieu  à  un  grand  nombre  de  fables  qu'il  est 
superdude  rapporter ici;sa  tête  estde  moyenne  grandeur;com- 
primée  et  garnie  de  petites  aspérités;  l'ouverture  desabouche 
est  large  ;  ses  mâchoiressontgarnies  de  dents  pointues;  il  y  a 
nn  fort  aiguillon  à  chacun  des  opercules;  son  dos  est  d'un  jaune 
brun  ,  son  ventre  blanc  ,  et  ses  côtes  fasciés  obliquement  de 
lignes  brunes  ;  elle  a  deux  nageoires  dorsales ,  dont  la  pre- 
mière est  noire,  formée  par  cinq  aiguillons  très-robustes  et 
très-pointus,  et  la  seconde  très-longue;  les  nageoires  ven- 
trales sont  très  petites;  Tanale  est  aussi  longue  que  la  seconde 
dorsale  ;  la  caudale  est  arrondie  et  tachetée  de  brun  ;  l'anus 
est  très -prc's  de  la  têle. 

Ce  poisson  parvient  rarement  à  plus  d'un  pied  de  long.  Il 
se  prend  en  grande  quantité  dans  toutes  les  mers  d'Europe, 
au  filet  ou  à  la  nasse  ,  surtout  pendant  l'été.  11  vit  de  petits 
poissons,  de  crustacés  ,  de  coquillages  et  de  vers  marins.  Il 
se  tient  ordinairement  à  moitié  enfoncé  dans  le  sable  ;  sa 
chair  est  de  très-bon  goût  et  facile  à  digérer.  On  le  connoît 
sur  nos  côtes  sous  le  nom  de  vwe^  vwer^  araigne,  aranéole^  sac- 
careillc ,  bois  de  reau ,  hois  de  roc  et  dragon  marin. 

La  trachine  vive  peut  blesser  non-seulement  pendant  sa 
vie,  qu'elle  a  très-dure,  mais  encore  après  sa  mort;  aussi 
une  ordonnance  de  police  défend-elle  de  la  présenter  dans 
les  marchés  avant  de  Tavoirprivée  de  sespiquans,  qui  passent 
pour  venimeux,  mais  qui  ne  font  réellement  que  des  plaies 
simples.  Les  pêcheurs  ,  qui  redoutent  beaucoup  ces  piquans  , 
par  suite  des  préjugés  qui  se  transmettent  de  père  en  fils,  ont 
chacun  une  recette  contre  leur  venin  ,  qu'ils  préfèrent  à 
toutes  celles  de  leurs  confrères  ;  mais  la  n)eilleure  ,  sans 
doute,  est  de  laver  avec  soin  les  plaies  avec  de  l'eau,  et  de  les 
garantir  le  mieux  possible  de  l'action  de  l'air  et  des  corps 
étrangers.  Il  est  très  vrai  cependant  qu  il  faut  prendre  des 
précautions  pour  les  éviter ,  car  elles  ont  quelquefois  des 
suites  graves,  (b.) 


366  T  R  A 

TRACHINOTE,  Trachinotus.  Genre  de  poissons  éta- 
bli par  Lacépède  dans  la  division  des  Thoraciques  ,  pour 
placer  le  scomher  falcaius  de  Forskaël ,  qu  il  n'a  pas  trouvé 
pourvu  de  tous  les  caractères  des  autre..  Scombres. 

Ceux  qu'il  a  attribués  à  ce  nouveau  genre  sont  :  deux 
nageoires  dorsales;  point  de  pelires  nageoires  au-dessus  ni 
au-dessous  de  la  queue  ;  les  côlés  de  la  queue  relevés  longi- 
tudinalement  en  carène  ;  une  petite  nageoire  composée  de 
du'ux  aiguillons  au-devant  de  la  nageoire  de  l'anus;  des  ai- 
guillons cachés  sous  la  peau  au-devant  des  nageoires  dor- 
sales. 

Le  Trachinote  faucueur  a  la  seconde  nageoire  du  dos 
et  celle  de  l'anus  eri  forme  de  faux;  la  hauteur  de  son  corps 
égale  la  moitié  de  sa  longueur,  qui  est  souvent  de  plus  d'ua 
pied;  il  a  des  écailles  sur  le  corps,  mais  non  sur  les^  côtés 
de  la  tête.  Sa  couleur  est  brunâtre  sur  le  dos,  argentée%ur  le 
reste  du  corps,  brune,  glauque  et  jaune  sur  la  nageoire  cau- 
dale; sa  ligne  latérale  est  ondulée  ;  il  n'a  pas  de  dents. 

On  le  trouve  dans  la  mer  Rouge  et  dans  celle  des  Indes. 

(B.) 
TRACHINOTIE.  V.  Traciiynotie.  (s.) 

TRACHINUS.  Nom  latin  du  genre  de  poissons  appelé 
"Vive  en  français,  (desm.) 

TRACHINUS.  Selon  Louis  Dulcis ,  cette  pierre  étoit 
de  deux  sortes,  l'une  tirant  sur  le  vert  et  opaque,  et  l'autre 
noire.  Boèce  de  Root  pense  que  la  première  étoit  peut-être 
une  pierre  néphrétique,  (ln.) 

TRACHIURE,  V.  Trichiure.  (b.) 

TRACH-LAN.  Nom  donné, en  Cochinchine,àune  espèce 
de  Sarrette  {Serratula  scordami ,  Lour.) ,  plante  emména- 
gogue  ,  antiputride,  diaphorélique  ,  résolutive,  et  cullivée  à 
cause  de  ses  propriétés  médicinales  en  Cochinchine  et  en 
Chine  ,  où  elle  porte  le  nom  de  Tse-lan.  (rN.) 

TRACHMAS.  Nom  hébreu  du  Rossignol,  selon  Gesner. 

(s.) 

TRACFIURE,  Trachnrus.  Genre  formé  par  M.  Ra6- 
nesque  aux  dépens  de  celui  des  Caranx  des  ichthyologistes 
modernes,  et  qu'il  caractérise  ainsi  :  deux  nageoires  dorsales, 
sans  épines  ou  rayons  épineux,  une  seule. nageoire  anale; 
partie  postérieure  du  corps  plus  ou  moins  anguleuse  latérale- 
ment. Son  genre  Hyi'ODis,  également  démembré  des  caranx, 
diffère  des  trachnres  encet^u'il  offre  deux  nageoires  anales; 
ses  GaratsX,  proprement  dits ,  ont  une  épine  oa.  rayon  delà- 


T  R  A  367 

télé  aux  deux  dorsales;'ses  TaicoPTÈRESen  ont  trois  ,  fournis 
chacun  d'une  membrane  ailée. 

M.  Rafinesque  décrit  trois  espèces  de  ce  nouveau  genre, 
qui  se  trouvent  dans  les  mers  de  Sicile  : 

Le  Trachure  ALICICOLE  (trachurus  alicicolus)  a  trois  rayons 
à  la  membrane  branchiale;  la  queue  bifurquée;  vingt  rayons 
à  la  nageoire  anale  ;  sa  couleur  est  le  roussâtre  en  dessus, 
et  le  blanc  argenté  en  dessous;  sa  longueur  est  d'un  pied. 

Le  Trachure  impérial  a  plus  de  trois  rayons  à  la  mem- 
brane branchiale;  une  protubérance  sur  le  museau;  la  queue 
bifurquée  ;  vingt-cinq  rayons  à  la  nageoire  dorsale  :  le  corps 
est  brun  en  dessus,  avec  une  tache  noire  sur  l'opercule  des 
branchies. 

Le  Trachure  aigle  (^trachums  arjuilus')  a  plus  de  trois 
rayons  à  la  membrane  des  branchies;  la  queue  entière,  bordée 
de  noir;  neuf  rayons  à  la  nageoire  anale;  les  nageoires  tho- 
raciques  noires;  le  corps  roussâtre  et  moins  grand  que  celui 
des  précédens.  (desm.)* 

TRA.CHUSE,  Trachusa.  Genre d'însectes hyménoptères, 
établi  par  M  Jurine  ,  et  qui,  d'après  les  caractères  qu'il  lui 
assigne,  se  compose  d'un  grand  nombre  de  nos  genres  de  la  tribu 
des  apiaires  solitaires,  de  ceux  surtout  où  les  ailes  supérieures 
n'ont  que  deux  cellules  cubitales.  Ce  groupe  générique  est  une 
sorte  de  magasin  où  sont  réunies  des  apiaires  très-différentes 
par  leurs  habitudes  et  plusieurs  caractères  d'organisation,  (l.) 

TRACHYDE.  M.  Duméril  écrit  ainsi  le  nom  des  in- 
sectes appelés  Trachys  par  M.  Fabricius.  Voyez  ce  mot. 

(desm.) 

TRx\CHY]VIENE  ,  Tmchymene.  Genre  de  plantes  de  la 
Nouvelle-Hollande,  fort  voisin  des  Azorelles  ,  de  la  pen- 
tandrie  digynie  et  de  la  famille  des  ombellifères  ,  établi  par 
Rudges  ,  dans  le  dixième  volume  des  Transactions  de  la  So- 
ciété Linnéenne  de  Londres.  Ses  caractères  sont  les  suivans  : 
feuilles-toutes  radicales,  longuement  pétiolées  ,  presque  ter- 
ûées  ;  fleurs  disposées  en  ombelles  :  un  involucre  de  plu- 
sieurs folioles  subulées;  cinq  pétales,  ovales  lancéolés  ,  en- 
tiers; un  fruit  globuleux,  hérissé  de  tubercules,  se  divisant  ea 
deux  semences,  (b.) 

TRACHYNOTIE,  TrùchynoHà.  Genre  de  plantes  établi 

Sàr  Michaux,  Flore  deV Amérique septeMrionale ^  dans  la  trian- 
rie  digynie   et  dans  la  famille  des  graminées  ,  aux  dépens 
des  Dactyles  de  Linnœus.  V.  ce  mot. 

Ses  caractères  consistent  :  en  une  balle  calicinale  de  deux 
Talves  ,  dont  l'intérieure  est  très-courte  ,  et  l'autre  très-lon- 
gue ,  et  mucronée  ,  toutes  deux  très-comprimées  et  à  carène 


368  T  R  A 

épineuse  ;  en  une  balle  florale  presque  semblable  à  la  pre- 
mière ;  en  trois  élainines  ;  en  un  ovaire  oblong,  comprimé  , 
à  slyle  unique  et  à  deux  stigmates  glanduleux  ;  en  une  semence 
semblable  à  l'ovaire. 

Ce  genre  ,  dont  les  fleurs  sont  disposées  en  panicules  spi- 
ciformes  sur  de  longs  épillels  unilatéraux,  et  que  Persoon 
appelle  LiMNETis  ,  et  Rolh  ,  Spartine  ,  renferme  cinq 
espèces. 

La  Trachynotie  cynosuroïde  (  Bactylis  rynosurdldes , 
Linn.),  qui  a  les  feuilles  très-longues  et  un  grand  nombre 
d'épillets  alternes.  Elle  se  trouve  sur  le  bord  des  eaux  dans 
toute  l'Amérique  septentrionale  ,  et  parvient  à  la  bauleur  de 
cinq  à  six  pieds.  F.  au  mot  Dactyle. 

La  Trachynotie  polystachie  a  les  feuilles  larges , 
planes  ,  très-longues,  et  lesépillcts  souvent  agrégés.  Elle  se 
trouve  en  immense  quantité  à  l'embouchure  de  toutes  les 
rivières  de  l'Amérique  ,  dans  les  lieux  que  la  mer  couvre  et 
découvre  par  son  flux  et  reflux.  Les  bestiaux  en  mangent  les 
feuilles  lorsqu'elles  sont  jeunes. 

La  Trachynotie  joncée  a  les  feuilles  très-courtes  ,  alter- 
nes ,  presque  distiques,  contournées  sur  efles- mêmes  et 
piquantes.  Son  épi  est  peu  garni  d'épillets.  Elle  se  trouve  au 
voisinage  de  la  précédente  ,  en  Caroline  ,  mais  dans  les  lieux 
où  l'eau  arrive  rarement. 

J'ai  observé  fréquemment  ces  trois  plantes  en  Caroline. 

(B.) 

TR  ACHYPTERUS.  Nom  latin  du  genre  de  poissons  ap- 
pelé Sabre  en  français,  (desm.) 

TRACHYS,  TracJiys.  Genre  d'insectes  de  l'ordre  des 
coléoptères,  section  des  pentamères,  famille  desserricornes, 
tribu  des  buprestides  ,  établi  par  Fabricius  d'après  quelques 
espèces  de  buprestes:  ce  sont  les  petites  espèces  qui  ont  le 
corps  court ,  large  ,  triangulaire  ;  tels  que  le  richard  trian~ 
giilaire  onde  de  Geoffroy  ,  ou  le  bupreslis  minuta,  le  pygmée  et 
autres  semblables.  Fabricius  lui  assigne  les  caractères  suivans: 
quatre  palpes  égaux  ,  très-cour!s  ;  mâchoires  bifides  ;  anten- 
nes moniliformes.  (o.) 

TRACHYS,  Trachys.  Genre  de  plantes  établi  dans  la 
triandrie  dlgynic  ,  et  dans  la  famille  des  graminées.  Il  pré- 
sente pour  caractères  :  des  épis  digités,  unilatéraux;  desinvo- 
lucres  ovales  et  cartilagineux  ;  une  balle  calicinale  de  deux 
valves  et  unlOore;  une  balle  florale  de  deux  valves  ;  trois 
élamincs  ;  un  ovaire  supérieur  surmonté  de  deux  styles  ;  une 
semence  renfermée  dans  la  balle  florale. 

Ce  genre  ne  renferme  qu'une  espèce  qui  faisoit  partie  du 


T  R   A  369 

Racles  (  Cenrhms  mucronahis ,  Linn.).  Elle  se  trouve  dans 
riu<1e,  el  ne  présente  rien  de  remarquable.  (B.) 

TRACHYSCÈLE,  Tmrhyscelis.  Genre  d'insecies  de 
Tordre  des  coléoptères  ,  section  des  héléromères  ,  fanjille 
des  taxicorncs  i  tribu  des  diapériales ,  distingué  des  autres 
genres  de  la  même  famille  ,  par  les  caractères  suivans  :  an- 
tennes à  peine  plus  longues  que  la  tête  ,  terminées  brusque- 
ment par  une  massue  ovoïde  ,  très-perfollée,  de  six  articles - 
mandibules  entières;  dernier  article  des  palpes  plus  grand 
que  les  précédens  ,  presque  en  forme  de  triangle  renversé  - 
corps  arrondi ,  élevé  ;  pattes  fouisseuses  ;  jambes  épineuses. 

L'insecte  sur  lequel  j'ai  établi  ce  genre,  a  été  découvert 
dans  les  environs  de  Montpellier,  par  M.  Dufour,  que  j'ai 
Souvent  cité  dans  cet  ouvrage.  Il  ressemble,  au  premier 
coup  d'oeil  ,  à  un  aphodie  ,  el  de  là  ,  le  nom  spécifique 
à'aphudioïde  ^  que  je  lui  ai  donné;  son  corps  est  d'un  noir 
luisant  ,  avec  les  antennes  et  les  pattes  dun  brun  clair  ;  les 
élytres  sont  striées  ;  il  babite  les  rivages  de  la  Méditerranée. 

Le  même  naturaliste  y  a  trouvé  "une  seconde  espèce  , 
mais  qui  diffère  de  la  précédente  parla  forme  des  pattes,  et 
en  ce  que  son  corps  est  moins  bombé  et  ferrugineux.  Ces  deux 
espèces  ont  été  aussi  observées  en  Espagne,  (l.) 

TRACHYSPERMA.  Rafinesque  donne  ce  nom  généri- 
que au  menyanlhcs  irar/iysperma  ,  de  Michaux,  qui  diffère 
des  autres  plantes  du  genre  menyanthes  ,  par  ses  pétales  en- 
tiers ,  par  ses  graines  vésiculeuscs  ,  glabres,  et  par  son  style 
presque  nul.  Ce  genre  diffère  peu  de  celui  appelé  vîllarsîa  ou 
tva/dschmidia,  avec  lequel  (imelin  le  réunissoit ,  et  qui  a  pour 
type  notre  menyanthes  nyinphoides  ^  dont  les  graines  et  les 
pétales  sont  ciliés.  F.  Yill\rsie  et  Menyanthe.  (ln.) 

ThACHYTE.  V.  à  l'art.  Rocue,  p.  38;.  Presque  toutes  les 
roches  qu'on  fait  rentrer  dans  le  Irarhyle  ont  été  considérées 
comme  deslaves  lilhoïdes  pélrosiliceuses,  parDolomieu.(LN.) 

ïPxACHYTELLK,  Trachytella.  Genre  de  plantes  établi 
par  Decandolle  ,  dans  son  Système  naturel ,  pour  placer 
deux  plantes  de  la  Cochinchine ,  qui  avoient  été  réunies, 
par  Loureiro,'  l'une  aux  Cai.ligons,  et  l'autre  aux  Acjees. 
Il  est  voisin  du  genre  Delime,  et  par  conséquent  wl  appar- 
tient à  la  famille  du  dilleniacées.  Ses  caractères  sont  :  calice 
composé  de  quatre  à  cinq  folioles  persistantes;  quatre  à  cinq 
pétales  ;  élamines  nombreuses  ;  un  ou  deux  ovaires  à  un 
seul  style  ;  une  ou  deux  baies  polyspermes.  (3.) 

TR\C-TRAC.  r.  Traquet,  art.  Mottcrx.  (v.) 

ÏR\CrREG.  Nom  vulgaire  du  Traquet,  dans  les  en- 
virons de  Niort,  (v,) 


370  T  R  A 

TRADESGANTIA.  Llnnœus  a  donné  ce  nom  an  genre 
ephemerum,  (\ù  Tournefort.  Il  est  consacré  à  la  mémoire 
de  Tradescant  ,  Anglais  ,  amateur  d'histoire  naturelle  et 
auteur  du  Dliisœum  iradcscantiununi.  Ce  genre  est  décrit  dans 
ce  Dictionnaire  à  l'article  Ephémèhe  ;  Svvartz  et  Will- 
denow  y  ont  rapporté  le  znnonia  de  Plumier  ,  ou  contme- 
iina  zanonia  ,  L.  ;  mais  actuellement  les  botanistes  ont  réta- 
bli ce  genre  de  Plumier,  et  lui  donnent  le  nom  de  campcUa  , 
que  lui  a  imposé  Richard,  (ln.)' 

TR\FLE.  Nom  vulgaire  du  IMauvis.  (v,) 
TRAGACANTIIA,  Plante  hérissée  d'épines,  mentionnée 
dans  les  auteurs  anciens.  Voici  comme  Dioscorlde  la  décrit  : 
«  La  racine  du  trngacaiiLha  est  épaisse,  ligneuse  et  rampe, 
pour  ainsi  dire  ,  à  fleur  de  terre;  elle  pousse  plusieurs  bran- 
ches épaisses,  dures,  quoique  petites  et  basses,  reveiuesde 
plusieurs  feuilles  minces  et  fines  ,  et  couvertes  de  certaines 
épines  blanches  ,  droites  et  roldes.  On  appelle  aussi  iragacan- 
tha  la  gomme  qui  sort  des  incisions  qu'on  fait  à  la  racln;^  de 
cette  plante  ,  laquelle  se  solidifie  après  ;  celle  qui  est  claire  » 
grcle  ,  lisse  ,  pure  et  douceâtre  ,  est  la  meilleure  ;  de  mo>ne 
que  la  gomme,  elle  resserre  les  pores  de  la  peau.  On  a 
commencé  à  s'en  servir  ,  dans  les  médlcamens  ,  pour  les 
yeux  ,  la  toux,  Tûpreté  de  la  gorge  ,  la  voix  cassée  ou  en- 
rouée,et  pour  les  fluxions.  On  l'administre  efl  électualre  avec 
du  miel  ;  elle  fond  sous  la  langue  ;  treuîpée  dans  du  vin  ,  et 
priseen  boisson, au  poldsd'une  drachme, elleest bonne  contre 
les  douleurs  de  reins,  leséro>slons  et  ulcères  de  la  vessie,  en 
y  ajoutant  un  peu  de  corne  de  ceif ,  brûlée  et  lavée  ,  ou  un 
peu  d'alun.  »  Dlosc.  3  ,  ch.  2?*. 

Selon  Théophraste,  ittragacaniha  produlsoit  naturellement 
un  suc  qui  se  congeloil,  aussitôt  sa  sortie,  en  forme  de  larme 
(dacryon);  celui  qu'on  trouvolt  abondamment  en  Arcadie 
étoit  non  moins  estimé  que  celui  de  Crète  ,  et  d'une  plus 
belle  apparence. 

Pline  dit  que  le  tragacantha  a  une  épine  comme  celle  di* 
spina  nlha  ;  qu'il  croît  en  Crète  ,  mais  qu'il  en  existe  aussi  de 
très-bon  en  ]\Xéilic  et  eo  Achaïe. 

Ces  auteurs  et  Galien  attribuent  au  sucgommeux  àatraga^ 
caniha  la  vertu  dessiccative,  et  les  propriétés  de  la  gomme  or- 
dinaire. 

Gaza  ,  Interprète  de  Théophraste  ,  traduit  le  nom  grec  de 
tragacantha  par  le  nom  latin  Alwclspina  ^  qui  signifie  la  même 
chose,  c'est-à-dire,  <y>7«e  Je ^c»?/c.  Cette  plante  devoit  sans  doute 
son  nom  aux  épines  dont  elle  étoit  hérissée,  et  qui  la  rca- 
doient  fort  désagréable  à  manier. 


T  R  A  Bjt 

Maldiîole  est  le  premier  âuleur  qui  ait  r.vancé  que  le  /ra- 
picanlha  iàt  une  espèce  (Vastragak,  et  il  avoit  raison  quant  au 
genre,  mais  non  pas  pour  respècc,  puisqu'il  figure  pour  telle 
Wistragalus  tragacanilia  ^  opinion  qui  a  long-temps  élé  celle  de 
l)resque  tous  les  botanistes  >,  et  qui  est  tausse,. puisque,  de 
nos  jours  ,  la  gomme  adraganle  se  l'ecueille  en  Orient  sur 
des  espèces  différentes  de  celle-là  et  dont  on  peut  compter 
trois  ,    savoir  : 

L'cislragahis  creticiiSj  Lk.  ,  observé  sur  le  mont  Ida  ,  en 
(jrète  ,  par  Tournefort ,  et  qui ,  selon  ce  botaniste  ,  produit 
la  gomme  adragante  blanche  :  c'est ,  par  conséquent,  le  tra- 
gacantha  de  Q-èle  de  Théophraste  ,  Dioscoride  et  Pline  ; 

h' asirogcilus  gummifère ,  observé  sur  le  mont  Liban  pai" 
Labillardière  ; 

h'osfragalus  recueilli  sur  les  frontières  de  la  Perse  par  Olir 
vier ,  et  qui ,  selon  lui,  fournit  la  gomme  adragante  du  com- 
merce. Cette  plante  est,  sans  doute,  \q  tragacaniha  deMédîe  ^ 
mentionné  par  Pline, 

Chez  les  botanistes  ,  le  nqm  de  tragacardha  a  élé  affecté  , 
jusqu'à  Linna?us ,  à  beaucoup  d'espèces  épineuses  du  genre 
aslragalm  ;  Tournefort  même  ,  <jui  en  a  beaucoup  observé  en 
Orient  j  en  faisoit  ungenre^/og'aca«///ût,  qui  n'a  pas  élé  adopté. 
Il  éloit  caractérisé  par  ses  tiges  ligneuses  ,  par  ses  feuilles  ai- 
lées sans  impaire  et  terminées  par  les  pétioles  changés  en 
épines  ;  par  ses  stipules  adnées  ,  etc.  (ln.) 

TRAGâCANTHE,  Plante  du  genre  des  Astragales/ 
que  l'on  a  cru  pendant  long- temps  être  celle  qui  fournissait  la 

(jOMME  ADPiAGATSTE.  (P..) 

TPiAGAGANTHUM,  Dragacanîhmn  et  tragacantha  la- 
f.ryma.  Noms  lalins  donnés  autrefois  à  la  gomme  adragante. 

(LN.) 

TRAGANON  ,  Traganum.  Genre  de  plantes  établi  par 
Deiisic,  dans  la  Flore  d'Egypte.  La  seule  espèce  qu'il  con- 
tient est  figurée  ,  pi.  22  du  grand  ouvrage  sur  celte  contrée. 
Elle  difi'cre  des  Soudes  par  son  fruit ,  renfermé  à  la  base  da 
calice ,  qui  s'est  durci  et  dont  l'ouverture  ne  s'est  pas  changée 
en  membrane,  (b.) 

TRAGANOS.  L'un  des  noms  de  Vephedra  des  anciens, 
dans  Dioscoride.  (ln.) 

TRAGANTHES  (  Fleur  de  bouc  ).  Nom  donné  ancienne- 
ment à  la  Matricaire  ,  plante  dont  les  fleurs  ont  une  odeur 
forle  et  qui  déplaît  à  certaines  personnes,  (ln.) 

TRAGÉLAPHE.  Mot  grec  qui  signifie  bouc-cerf^  par 
lequel  les  anciens  désignoient  une  variété  de  cerf,  com- 
mune en  Allemagne  ,  et  que  nous  connoissons  sous  le  nom 


372  T  R  A 

de  cerf  des  Ardennes.  C'est  Vhlppelaphe  d'Arlslolc.  V.  Cerf. 

TRAGKLAPHE,  Tragelaphus.  M.  deBlainvllle  a  do-inc 
ce  nom  à  un  sous-genre  d' Antilopes  (  (^.  ce  mol ,  tome  2  , 
page  197)1  qui  comprend  le  Bosbok  \  antilope  sy  bâtira)  ;  le 
CoESDOES  ,  ou  condoma  de  Buffon  (  antilope  strepsiceros  )  ;  le 
GuiB  ( antilope scripta)  et  TAntilope  torticorne  d'Hcrmann. 

(desm.) 

TRAGE,  Treiche,  Truie  ,  Traîne.  Noms  vulgaires  de 
la  Grive  draine,  (v.) 

TRAGIA.  Ce  genre  ,  établi  par  Plumier  et  adopté  par 
Linnaeus ,  est  consacré  à  la  mémoire  d'un  célèbre  médecin  et 
botaniste  allemand,  dont  le  vrai  nom  étoit  Le  Bock  (le  bouc), 
et  qu'il  cbangea  en  celui  de  ^ra^i5,dérivé  du  grec  et  qui  signi- 
fie la  même  chose. 

Le  Bock  ou  Tragus  fit  paroître  ,  en  t552  ,  à  Strasbourg  , 
une  Historia  stirpium^  ornée  de  667  figures  en  bois  ,  la  plupart 
bonnes  et  citées.  Il  décrivit  800  plantes.  Il  étoit  né  en  1^90 
et  mourut  en  1554.  1  la  même  année  que  Thevet  publia  sa 
Cosmographie.  ïl  fut  contemporain  de  Matthiole  ,  de  Dodo- 
née,  de  Fuschius  ,  de  Clusius  (  qui  avoit  aussi  latinisé  son 
nom  de  l'Ecluse  ) ,  de  Dalechamp,  de  Bauhin  ,  etc.  K  ScHO- 
niGERAM  ,  nom  donné  par  Adanson  à  ce  genre  de  plantes 
et  Tragie.  (ln.) 

TRAiGlE,  Tragia,  Genre  de  plantes  de  la  monoécie  trian- 
drîe  et  de  l-a  famille  des  tithymaloïdes  ,  qui  offre  pour  carac- 
tères :  dans  les  fleurs  mâles  ,  un  calice  divisé  en  trois  parties, 
et  trois  élamines  presque  sesslles  :  dans  les  (icurs  femelles  , 
un  calice  divisé  en  cinq  parties  ,  un  ovaire  arrondi  et  trois 
stigmates  ;  une  capsule  formée  de  trois  coques  monosper- 
mes. 

Ce  genre  ,  fort  voisin  des  Ricineli.es  et  des  Crotoks  , 
renferme  des  plantes  herbacées  et  frutiqnojses,  quelquefois 
grimpantes,  k  feuilles  ailernes,  poorvijcsdc  stipules,  à  fleurs 
munies  de  bractées  ,  les  mâles  disposées  en  épis  axillaires 
ou  terminaux,  el  'es  femelles  solitaires  à  la  base  des  épis  ou 
dans  leurs  aisselles.  On  en  compte  une  ringlairie  d'espèces, 
dont  la  plus  connue  est  :      .':"'' 

La  Tragie  voluble  ,  qui  a  les  feuilîes  ovales ,  oblongues  , 
hispides ,  et  la  tige  voluble.  Elle  est  fruicscenle  ,  et  se  trouve 
dans  rinde  et  en  Amérique.  On  la  cultive  dans  \e&  jardins  de 
botanique.  Elle  est  piquante  comme  'es  orties,  ainsi  que  la 
plupart  de  ses  congénères.  (B.) 

TRAGION,  Tragiiim.  Genre  de  plantes  établi  par  Spren- 


T  R  A  373 

gel  pour  placer  trois  espèces  du  genre  des  Boucages  ,  qui  ont 
le  fruit  sans  cotes  et  pubescent.  V.  ce  mot.  (b  ) 

TRAGIUMet  TRAGlON.Dioscoride  et  Pline  donnent 
ces  noms  à  deux  espèces  de  plantes. 

Dioscoride  s'exprime  ainsi  sur  la  première:"  Le  iragioa 
croît  seulement  dans  l'île  de  Crète  ,  sa  graine  ,  ses  feuilles 
et  ses  branches  ressemblent  à  celles  du  lenlisque  ,  ex-« 
cepté  quelles  sont  plus  petites.  Son  suc  est  blanc  comme 
du  lait,  et  gommeux.  Ses  feuilles  et  sa  gomme,  en  c;ita- 
plasrae  ,  attirent  les  épines,  les  cchardes  ,  et  tout  ce  qui 
est  entré  dans  la  peau.  Préparées  en  boisson ,  elles  guérissent 
ceux  qui  ne  peuvent  uriner,  brisent  les  calculs  de  la  vessie,  et 
sont  emménagogues  ;  la  dose  est  d'une  drachme.  On  dit 
que  les  boucs,  blessés  par  des  flèches,  mangent  de  celte 
herbe  pour  se  guérir,  » 

Pline  dit  que  le  tragion  ressemble  au  terehinthus  ,  puis  au 
junipenis,  qu'il  croît  seulement  en  Crète,  et  qu'on  le  dit  utile 
pour  guérir  la  blessure  faite  avec  des  traits  et  des  flèches.  Il 
paroît  n'avoir  point  connu  cette  plante.  Galien  et  Paul 
Égynet  la  disent  aussi  de  Crète. 

Cette  plante  nous  est  inconnue  ,  à  moins  que  ce  ne  soit 
une  variété  du  lenlisque  ou  une  autre  espèce  dexe  genre  , 
comme  semble  le  croire  Adanson  ;  mais  ,  selon  Matlhiole  , 
cène  peut  être  le  dictamnus  albus  ou  la  fraxinelle  ,  comme  on 
l'a  avancé. 

Le  second  tragion  de  Dioscoride  éloit  appelé  aussi  irago- 
ceros  (  corne  de  bouc  ).  Ses  feuilles  ressembloient  à  celles  du 
cétérach  ;  sa  racine  blanche  et  menue ,  mangée  cuite  ou  crue,» 
éloit  anlidyssentérique.  Ses  feuilles  senloient  le  bouc  en  au- 
tonme  ,  et  c'est  à  cause  de  cela  qu'on  l'appeloit  tragion.  Il 
croissoit  sur  les  montagnes  ,  sur  les  roches  élevées  et  inac- 
cessibles. 

Ce  Tragion  est  rapporté  aux  plantes  suivantes  ,  hypr.ri- 
ciim  hirrinum,  Lk.  (  lîelli  )  ;  à  {  astragalus  densifolius  ,  Lk. 
(Uauwol.);  au  pimpinella  .-aa/'/y-a^a  (  quelques  auteurs),  et 
au  pimpinella  Irogiuni  ,  Lk.  (  Column.  ,  Sprengel  ,  etc.  ). 

Le  genre  tragium  de  Sprengel  a  pour  type  cette  dernière; 
plante.  V.  Tragion  et  Tragos.  Cln.) 

TRAGIUM  GERMANICÙM  et  GAROSMUM.  Do^ 
donée  désigne  ainsi  le  r.henopodium  vuharia  ,  L.  (ln.) 

TRAGQ-CAMLLUSdePallasetdeGmelin.C'estl'AN- 

TILO^  ^!YL-GAUT.  (DESM.) 

TRAGOCER(3S,  Ce  nom  étoit,  chez  les  Grecs,  celui 
de  plusieurs  plantes,  entre  autres,  d'un  de  leurs  tragion, 
de  leur  alo'e  ,  et  d'un  anémone.  V.  Tragium.  (ln.) 


374  T  R  A 

TPiAGODKNOS,  Dénomination  ;  grecque,  appllquce 
par  Jonslon  au  Chardonneret,  (s.) 

TRAGON.   r.  Tragos.  (ln.) 

TRAGONATON.  L'un  des  anciens  noms  grecs  du  iyr//- 
nls  agn'a  de  Dioscoride.  F.  Lychms.  (i-n,)^ 

TRAGOPAN.  C'est ,  dans  Mochring,  le  nom  du  Calao 

RHINOCÉROS.  (V.) 

•  TR  AGOPOGON  (  Bar/je  de  bouc  ,  en  grec  ).  Nom  d'une 
plante  ,  chez  les  Grecs  et  les  Latins.  Elle  est  mentionnée 
par  Théophrasle  ,  Dioscoride  et  Pline. 

Suivant  Dioscoride,  on  la  nomnioit  aussi  romc  (chevelure). 
Elle  avoit  des  feuilles  comme  celles  du  safran  ,  une  racine 
longue  et  douce  ,  et  une  lige  pcîite  ,  terminée  par  un  grand 
bouton  du  sommet  duquel  pcndoicnl  des  graines  noires,  ce  qni 
avoit  fait  donner  lesnoms  ci-dessus  à  cette  plante.  Elle  ctoit 
bonne  à  manger;  on  la  désignoit  encore  par /e^/o/îog'o/i.  D'a- 
près Théophrastc  ,  on  l'appcloi:  felragopogon  ,  à  cause  d'une 
barbe  blanche  qui  pendoit  de  son  bouton.  Selon  Pline  ,  les 
îjatins  lanommoient  harbulahlrci ^  et  les  Grecs,  iragopogon. 
Elle  croissoit  dans  les  lieux  âpres  :  du  reste  ,  sa  description 
est  conforme  à  ceMe  de  Dioscoride  (PI.»  liv.  27,  cap.  i3). 
Ailleurs,  il  la  place  parmi  les  herbes  qu'on  mangcoit.  Cette 
plante  paroît  avoir  été  notre  salsifis  commun  (  iragopogon 
j)raiensc  ^  L.)  ou  harhouquine  ;  et  en  conséquence,  les  natura-" 
listes  lui  onl  conservé  le  nom  de  tragopogon ,  qu'ils  ont  diver- 
sement étendu  ,  mais  toujours  à  des  planles  de  la  familK; 
des  composées  et  des  genres  iragopogon,  L.  ,  srorzonera  ,  Ij.  ; 
f,eropogon  ,  L.  ;  el  rirospennum  ,  Stop.  ,  le  même  que  le  ira- 
gopogonoides àc  Vaillant,  réuni  par  Willdenow  à  son  arnopo- 
gon ,  et  qui  faisoil  partie  des  hieracium  de  C.  Rauhin  et  de 
Tournefort.  Le  genre  iragopogon  de  ce  dernier  naturaliste 
comprenoit  le  gcropogon,  L.  V.  Rarbouquine,  Dandelion, 

SALSJFfS.  (L>].) 

TRAGOPOGONOIDES  de  Vaillant.  Ce  genre  est  le 
iiiême  que  Vurospennum  de  ScopoLi  el  de  Jussieu  ,  fondé  sur 
le  iragopogon  Da/ecluiriipii ,  L. ,  réuni  par  Willdenow  à  son 
genre  arnopogon.  (ln.) 

TRAGOPYRON  (Blé  de  bouc ,  en  grec.  ).  On  croit  que 
la  plante  à  feuilles  de  lierre,  ainsi  nommée  par  Théopbraste  , 
eît  notre  blé-sarrasin  {iriiirurn  fagopyriim  ,  L.  ).  ()n  a  en- 
core nommé  cède  plante  fagotrophon  (  nourriture  de  bouc  )  , 
parce  que  la  farine  qu'on  retire  des  grains  ,  est  d'une  couleur 
désagréable,  (lk.) 

TRAGORCHIS.  Dodonée  désigne  parce  nom,qui  signi- 
^ç  tesiicuîede  bouc ,  le  sai)  rhim  Iiircinum,  L. ,  à  cause  de  l'odcuç 


T  il  A  375 

fétide  qu'il  exhale  ,  et'de  la  forme  de  ses  bulbes.  Lobel  et 
Gerhard  donnent  le  même  nom,  et  pour  les  mûmes  raisons, 
à  Vorchis  coriophora  ,  L.  (ln.) 

TKAGOPJ(iA]N()S.  Selon  Dioscoride,c'éloit  une  herbe 
rameuse  ,  semblable  au  serpolet  sauvage  (  V.  Serpyluim  )  ou 
à  l'origanum.  Dans  certains  lieux,  il  en  croissolt  qui  s'élevoit 
davantage  ,  qui  étoit  mieux  nourri,  plus  vert,  k  feuilles  plus 
larges,  visqueuses  et  gluantes;  il  y  en  avoit  une  à  rameaux  pe- 
tits, à  feuilles  lernées  et  petites  :  on  l'appoloil  aussi  yo/Ywn/m  ,• 
mais  le  meilleur /'/tf^o/'4v7«z/77icroissoit  en  Crète,  en  Cilicie,  et 
dans  les  îles  de  Scioet  de  Cos.  Toutes  ces  plantes  éloient, selon 
Dioscoride  ,  échauffantes,  diurétiques  ,  propres  à  calmer  la 
colère  ,  à  servir  de  contre  poison,  à  empêcher  de  vomir  étant 
sur  mer,  etc.  Il  paroîtroit  que  Dioscoride  entend  parler  de 
trois  plantes  différentes,  ou  au  moins  de  deux  ,  qui  semblent 
avoir  recule  nom  de  trugonganos,\i-àrcc  qu'elles  plaisoient  sans 
doute  aux  boucs. 

Pline  dit  que  le  iragorîganum  ressemble  au  serpolet  (^sfrpyi- 
litm)  :  ensuite  il  élablitles  différences  spéciliquesde  ces  plantes 
9  l'article  de  ['origàuum  heradeuticum. 

Les  botanistes  rapportent  à  diverses  espèces  de  thymus  les 
iragoriganos  des  Grecs,  ou  tragoriganum  des  Latins;  eutrc  ^n^ 
trcs^aii  thymus  mastic/uua  et  tragoriganum,  et  à  diverses  autres 
espèces  qui  paroissent  peu  connues.  Quelques  auteurs  ont 
cru  que  Voriganum  vulgure  et  le  siderilis  scoriUuïdes  éto.ient 
de  ces  plantes.  Dalechamps  nomme  tragoriganum  luitlium 
Dioscoridis y  une  espèce  de  grémil  {^Uthospenuuvi  frutuosum  ^ 
L.  ),  et  Barrelier  t.  dictamni  capîte  ,  le  thymus  ccphalolus ,  L. 
C.  Bauhin  nomme  tragoriganum  un  petit  groupe  de  plantes 
qui  paroissent  être  autant  de  thymus.  (V^.') 

TRAGOS.  En  grec  ,  c'est  le  nom  du  Bouc,  (desm,) 

TRAGOS,  TRAGONetTRAGUS.  «  Quelques  person- 
nes appellent  le //r/j>^05,  scorpios  et  trnganon.  Cette  plante  croît 
aux  lieux  maritimes;  elle  a  la  hauteur  d'un  demi-pied,rau  plus; 
elle  est  basse;  elle  produit  plusieurs  branches  ,  s'allongeant 
un  peu  et  sans  feuilles  ;  autour  de  ces  branches  il  y  a  plusieurs 
petits  grains  roux  ,  gros  comme  un  grain  de  froment ,  lesquels, 
sont  pointus  à  la  cime  et  astriggens  au  goût;  dix  de  ces  grains, 
bus  avec  du  vin,  sont  très-bons  contre  le  dévoiemenl  ,  etc.  » 
Diosc.  t.  4»  chap.  5. 

Pline  est  conforme  à  Dioscoride,  non-seulement  pour  le 
nom  de  iragos  ,  mais  aussi  en  sa  description  :  il  parle  senle- 
ment  de  petites  grappes  rouges  qui  porloientlcs  {îcu^s  :  il  tlit 
aussi  qu'on  le  ïiomam  scurpios ,  et  de-là  on  croit  que  t'est  lo 
scorpios  de  Théophrasle ,  pia^cé  ,  par  lui,   parmi  les  plantcs^ 


376  T  R  A 

épineuses.  Celte  plante  est  le  trigis  «l'Hippocrate.  Les  com- 
mentateurs croient  y  reconnoîlre  ,  les  uns  le  sedum  allmm 
(  Gesner  qui  écr'\\  Iruglum^vi  Val.  Cordus);  d'autres  ris/)//e- 
dra  dislar.Jiya  (  Ruel ,  Lobel)  ;  et  plusieurs  les  salsula  kali  et 
tragus ,  L, 

C'est  à  cette  dernière  opinion  qu'on  s'est  fixé  le  plus 
géDéraieuient.  Cependant  le  tragus  de  Dioscoride  peut  être 
le  Iragnmim  undatum  ^  Delile. 

Jl  paroil  que  chez  les  Grecs  on  nommoit  aussi  Iragos  ^  les 
espèces  i}(i  (ragionou  iragiiim  :  ces  noms  ,  qui  signifienlhouc  , 
leur  avolenl  clé  donnés,  soit  à  cause  de  leur  odeur,  soil  à 
cause  de  leurs  épines. 

Indépendamuienl  du  iragos  ou  tragon  de  Dioscoride  ,  que 
nous  venons  de  décrire ,  cet  auteur  et  Pline  en  ont  un  autre  , 
qui  p.Moil  avoir  été  une  espèce  de  blé  ;  selon  Dioscoride  , 
il  rossembloit  à  l'épeautre,  mais  il  éloit  moins  nourrissant, 
parce  quil  contenoil  plus  de  son  ;  il  éloil  aussi  fort  rude  et 
point  malsain ,  quoique  difficile  à  digérer.  Du  temps  de  Pline, 
on  l'apporloit  du  Lev.ml:  quelques  auteurs  croient  que  c'est 
le    blé   sarrasin,  ou  bien  l'orge  palmée  (^  Hord.  zeocrilon). 

(LN.) 

TPi\(iOSELINUM  Tabernsemontanusadonné  ce  nom, 
qui  signifie  persil  de  bouc  ^  en  grec  ,  aux  trois  espèces  de  bou- 
cages  {pinifiiiiella  )  qu'il  a  connues  ,  qui  sont  :  le  grand  bou- 
cage  {p.  magna  ^  L-);  le  petit  boucage  {p.  nigra ,  W.  )  i  c' 
celui  des  rochers  (  p.  saxifraga  ,  L.  ). 

Tournefort,  Adanson ,  Haller,  avolent  adopté  ce  nom, 
pour  désigner  le  genre  qui  renferme  ces  plantes;  mais  Lin- 
nseus  a  préféré  celui  de  piinpinella  ,  qui,  autrefois,  avoit  une 
autre  acception.  V.  Pimj-imella.  (ln.) 

TtvAGÙli  ,  Tragus.  (ienre  de  plantes  établi  par  Haller  , 
pour  placer  la  Racle  etn  grappes,  r.  Lappague, 

G.  Wol.  Pauzer  a  donné  le  même  nom  à  un  autre  genre 
de  la  même  famille,  qui  ne  diffère  pas  de  celui  appelé  iîRA- 
chipode  par  Palisot-de-Leauvois.  (b.) 

TRA(iUE.  Nom  d'une  Soude.  V.  Traga^sON.  (b.) 

TRz\GULUS.  En  latin  moderne  ,  c'est  le  nom  du  genre 
Chevrotaim.  V.  ce  mot,  (desm.) 

TKVGUM  CEKEALE,  de  Tragus.  C'est  I'Orge  palmé 
(^hordeiini  zeocrltan  ,  L.  ).  (ln.) 

TiWGUM  VULGAIRE.  Clusius  donne  ce  nom  à  l'Es- 

TRAGON.  (LN.) 

Tl\\GUS.  Nom  latin  par  lequel  Klein  a  désigné  plusieurs, 
espèces  de  quadrupèdes  ,  qu'il  a  rangées  dans  le  genre  du 
Bouc.  Ce  mot  vient  du  grec   rfet'uh  ,  ôroiiler  les  arbres,  {s.) 


T  R  A  377 

TRAGUS.  Nom  latin  du  Bouc,  (desm.) 

TRAGUS  ,  du  grec  trag  s  (  bouc  ).  Haller  a  nommé  ira- 
gus  un  genre  où  il  ramenoil  la  racle  à  grappes  {c^nclirus  racemo- 
sus,  L.  ).  Ce  genre  à  élé  adopté.  F,  Lappague.  Les  anciens 
nommoient  tragus ,  ou  iragos  et  tragum ,  une  espèce  de  blé. 
Vuy.  TfiAGOs  et  Trague.  (ln.) 

TRAIMOIS  ou  TREMOIS.  Mélange  de  Froment,  de 
Seigle  ,  d' Avoine  ,  de  Pois  ,  de  Yesce,  etc.,  qui  se  sème 
pour  être  coupé  en  vert  au  printemps  ,  et  donné  de  suite 
auxbesliaux.  (^B.) 

TRAIN  (  Fauconnerie').  Le  train  d'un  oiseau  est  son  der- 
rière ou  son  vol.  (s.) 

TRAINASSE.  Nom  de  la  Renouée  aviculaire.  Voyez^ 
Traînée,  (b.) 

TRAINE,  Treiche,  Tric,  Trac.  Tous  noms  tirés  du 
cri  de  la  Draine,  (v.) 

TRAINE  {Vénerie).  Chasse  au  loup,  par  laquelle  on 
l'attire  dans  un  piège  ou  à  la  portée  du  fusil ,  par  l'odeur 
d'une  charogne  que  Ton  a  traînée  dans  la  campagne  ou  le 
long  d'un  chemin,  (s.j 

TRAINE-BUISSON.  L'on  désigne  ainsi  la  Fauvette 
d'hiver  ,  parce  qu'elle  a  l'habitude  de  se  couler  dans  le  pied, 
des  haies  et  des  buissons,  (v.) 

TRAINE- CHARRUE.  Nom  vulgaire  imposé  au  Mot- 
TEUX ,  parce  qu'on  le  voit  souvent  à  la  suite  de  la  charrue. 

(V.) 

TRAINEAU.  Nom  d'un  grand  filet  avec  lequel  on  prend , 
pendant  la  nuit ,  les  Alouettes  et  les  Perdrix.  V.  1  article 
Alouette  ,  pag.  167.  (v.) 

TRAINEAU  (  Fauconnerie  ).  Peau  de  lièvre  arrangée 
pour  leurrer  les  oiseaux  de  vol.  (s.) 

TRAÎNÉE  ou  TRAINASSE.Xongs  filetsqui,  dans  quel- 
ques plantes,  telles  que  le  fraisier  ,  rampent  sur  la  lerre  ,  et 
qui ,  d'espace  en  espace  ,  ont  des  articulations  par  lesquelles 
elle  jettent  en  terre  de  petites  racines  qui  produisent  de  nou- 
velles plantes,  (d.) 

TRÂINEUR  (  Vénerie).  Un  chien  traîneur  est  celui  qui 
ne  suif  pas  le  pas  de  la  meute,  (s.) 

TRAIT.  Nom  de  I'Anguis.  (b.) 

TRAIT  (  Vénerie  ).  Corde  de  crin  qui  sert  à  conduire  les 
chiens  à  la  chasse,  (s.) 

TRAIT.  Oiseaux  qui  volent  rapidement  comme  un  irait, 

(s.) 

TRALE.  Nom  patois  d'une  grive  ,  le  mauvis.  V.  l'article 
Merle,  (desm.) 


3/8  ï  R  A 

TRALLTA.NE,  TralUana.  Arbrisseau  grimpant,  à  ra- 
jneaux  géniculés  ,  à  feuilles  alternes  ,  en  cœur  ,  acuminécs  , 
glabres,  d'un  blanc  verdatre  ,  disposées  en  grappes  sur  un 
long  pédoncule  commi;fti ,  qui  forme  un  genre  dans  la  pen- 
tandrie  monogynie. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  un  calice  persistant  de 
cinq  folioles  arrondies  ;  une  corolle  de  cinq  pétales  oblongs  , 
ouverts  ;  cinq  élamines  ;  un  ovaire  supérieur  ,  surmonté  d'un 
style  filiforme  ;  une  baie  arrondie  ,  biloculaire  el  dispcrme. 

La  iralliane  croît  à  la  Cochinchine,et  s'élève  au-dessus  des 
plus  grands  arbres  au  moyen  de  leurs  rameaux,  (b,) 

TRAMBE.  Nom  d'une  plante  mentionnée  par  PylJiagore, 
el  qui  paroît  avoir  été  notre  Marjolaine,  (ln.) 

TKAMBLE.  T.  Tremble,  (ln.) 

TRANCHANS  (  flânerie).  Ce  sont  les  côtés  du  pied  du 
sanglier,  (s.) 

TRANCHEE  (  Vénerie').  Longue  ouverture  qiie  Ton 
ereuse  pour  fouiller  et  déterrer  les  renards  et  les  blaireaux. 

(s.) 

TRANCHOIR.  Nom  du  CliÉTODo^^  cornu,  (b.) 

TRANH-CO.  Nom  donné  ,  en  Cocainchine,  à  une  gra- 
minée  dont  le  cbaume  serl'à  couvrir  les  chaumières.  Lou- 
reiro  pense  que  c'est  le  Sacchamm  spicalum ,  Linn.(LN.) 

TRAN-HUYNH.  L'un  des  noms  donnés  ,  en  Cocbin- 
chine  ,  au  GurriER  (  Cambogia  gutia  ,  Linn.  ).  (lN.^ 

TRASCALAN  ou  TRESCALAN.  Le  Millepertuis 
porte  ce  nom  ,  en  Languedoc,  (desm.)    ' 

TRANSPARENTE.  V.  au  mot  Vîtrine.  (e.) 

TRANSPARENTE.  Variété  de  pomme  ,  aussi  af^elée 
pomme  de  glace.  V.  l'article  PoMMiEil.  (desm.) 

TRANSPIRATION  (  Botamque).  Perte  que  font  les  vé- 
gétaux d'une  humeur  ou  suc  quelconque  ,  qui  s'échappe  de 
leur  intérieur  à  travers  leur  snrface,d'une  manière  insensible 
ou  non  apparente.   Voy.  les  articles  Arbre  et  Végétaux 

(D.) 

TRANTANEL.  Nom  languedocien  de  la  Bourdaine  ou 
Aune  noir,  (desm.) 

TRAOU  CARIÉ.  Terrier  de  Lapin  ,  en  languedocien. 

(desm.) 

TRAP.  V.  Trapp.  (ln.) 

TRAPANO.  Nom  qu'on  donne  ,  en  Sicile,  aune  variété 
de  chaux  sulfatée  compacte  ,  ou  pierre  à  plâtre,  (ln.) 

TRA-PAPPA.  Le  héron  blanc  porte  ce  nom  aux  îles  de  la 
'Société.  V.  HçRON.  (s.) 


T  R  A  379 

TRÂPAZOROLA  de  Gesner  ,  paroît  tire  le  Casta- 
GNEUX.  V.  ce  mol  ,  à  l'r.iiicle  GaÈBE.  (s.) 

TRAPE  BOIS.  V.  SiTTELLE.  (V.) 

TRAPELUS.  Nom  latin  du  sous-genre  de  rcplilcs  sau- 
riens ,  démembré  du  genre  Agame,  et  nommé,  en  français  , 
Changeant    par  M.  Cuvier  {Jièi^nc  animal.  ).  (desm.) 

TRAPEZITIS.  R.  Farster  donne  ce  nom  au  feldspath  , 
à  cause  de  la  forme  de  ses  fragmens.  Il  nomme  Irapezitis  hcl- 
vola  le  feldspath  opalin  du  Luhi-ador  ^  qui  est  le  iiapezilis  versi~ 
color  de  Balsch.  Le  irapezitis  asteria  est  le  feldspath  chatoyant , 
elc.  (ln.) 

TRAPEZIUS.  V.  Trapp.  (desm.) 

TRAPP  ,  TRAPPE;  Noms  allemands  de  TOutarde- 

ÇB.) 

TRAPP.  Mot  suédois  qui  signifie  escalier,  et  qui,  en 
Suède  ,  éloît  employé  pour  désigner  une  roche  remarquable 
parla  manière  dont  elle  se  casse  en  fragnjens  cubiques,  ou 
rhomboïdaux,  ou  à  degrés.  Cette  roche  est  très-commune  en 
Suède, et  particulièrement  à  la  montagne  de  llunneberg,  en 
Wcstrogothie.Wallerius  l'a  classée  avec  se«  roches  de  corne, 
ou  plutôt  dans  le  groupe  qu'il  nomme  corneus  ,  et  Tassocie 
sous  le  nom  de  rornci/s  (rapezius ,  et  en  la  désignant  par  corneus, 
dur  ,  à  grains  très-fins  ,  terreux  ,  et  se  fendant  en  cube  et  en 
rhombe  ,  à  la  pierre  de  Lydie  schisteuse^  au  basalte  ,  et  à  des 
roches  compactes  à  base  amphibolique ,  que  les  minéralo- 
gistes ont  fini  par  nommer  irapp  ^  €t  par  confondre  avec 
lé  vrai  trapp  de  la  montagne  d'iiunneberg  qui  en  diffère  con- 
sidérablement. Linufeus  ,  dans  son  lier  wpslrogotliicuni  ,  dé- 
signe ce  trapp  comme  une  roche  fissile  ,  calcaire  et  cendrée; 
dans  la  première  édition  de  son  Systema  iSahtrœ  et  dans  son 
Musœum  tessinianiim  ,  il  la  décrit  comme  un  schiste  cendré  un 
peu  dur  à  rayure  grise  ;  ailleurs,  c'est  sa  roche  à  grain  im- 
palpable ,  calcaire  ,  schisteuse  et  cendrée.  Dans  la  deuxième 
édition  du  Systema  Naturœ ,  ce  trapp  est  désigné  par  celte 
phrase  :  pierre  schisteuse  à  grains  impalpables  ,  un  peu  cal- 
caire ,  à  fragmens  rhnmboWaux.  C'est,  chczCronsiedt,  une 
roche  composée  d'argile  endurcie  ,  elc.  Enfin  ,  les  autres  ca- 
ractères assignés  par  les  anciens  minéralogistes  suédois  à 
ce  trapp,  sont:  de  former  des  montagnes  entières  ou  des 
couches  très-puissantes  dans  leur  sein  ,  ou  hien  des  veines 
nombreuses  dirigées  en  tous  sens,  et  les  unes  et  les  autres 
de  présenter  des  retraits  prismatoïdes  ou  à  gradins;  d'etro 
noir  ou  d'un  brun-cendre  ;  de  décrépiler  et  de  s'effeuiller  nu 
feu  ;  d'attirer  l'aignlilc  aimanlce  après  avoir  clé  chauffé  ;  de 


38o  T  H  A 

faire  une  légère  effervescence  avec  l'acide  nitrique;  et,  quoi- 
que dur  el  compacle  ,  d'absorber  Teau  ;  de  rougir  par  son 
exposition  à  l'air  et  de  tomber  en  petites  lames. 

Or,  l'ensemble  de  ces  caractères  est  loin  de  se  rapporter 
aux  roches  que  les  minéralogistes  appellent  trapp  maintenant, 
et  ne  peut  convenir  qu'a  un  scbisle  compacle  ,  argileux  el 
calcaire,  d'apparence  homogène  ,  analogue  au  schiste  qui 
accompagne  les  couches  do  chaux  carbonatée  bitumineuse. 
lue  curneus  tmpezius  fissile  de  Wallerius  est  donc  un  tel 
schiste  ,  puisque  la  ntoalagne  d'Hunneberg  offre  aussi  cette 
chaux  carbonatée,  selon  i»ergmann  ,  et  dont  la  présence  ex- 
plique pourquoi  le  trapp  fait  un  peu  d'effervescence.  Desem- 
blables  schistes  se  trouvent  ailleurs  en  Europe,  en  Angle- 
terre ,  en  Allemagne ,  etc. 

Mais  comment  a-t-il  pu  se  faire  qu'on  ait  si  long  -  temps 
méconnu  le  vrai  trapp  ?  Voici  les  raisons  que  nous  croyons 
pouvoir  en  donner  :  d'abord  la  manière  de  se  présenter  de 
cette  roche  en  grands  quartiers  ou  gradins  ,  lui  est  commune 
avec  d'autres  roches  feuilletées  compactes  ,  des  mêmes  cou- 
leurs ,  et  d'une  apparence  également  homogène  ;  la  réunion 
que  Wallerius  a  faite  de  ces  mêmes  roches ,  sous  un  nom 
commun,  celui  de  corneus  ;  enfin  Topinion  reçue  alors  que 
toutes  ces  roches  avoient  pour  base  du  5c/(o//(  mol  sous  lequel 
les  minéralogistes  allemands  ont  confondu  particulièrement 
l'amphibole  ,  le  pyroxène  noir  et  la  tourmaline),  puis  de  la 
hornblende  (amphibole  j.  Un  ne  sauroii  énumérer  toutes  les 
erreurs  et  les  discussions  qu'ont  entraînées,  parmi  les  géologues 
et  les  minéralogistes,  ces  fausses  manières  d'envisager  ces 
nouveaux  trapps.  Les  chimistes  voulant  préciser  l'espèce 
par  l'analyse  ,  se  trouvèrent  bientôt  en  défaut;  car  des  ro- 
ches mélangées  ne  peuvent  donner  à  l'analyse  des  caractères 
précis,  el  c'est  ce  que  la  chimie  démontre  tous  les  jours,  el  ce 
que  Bcrgmann  lui-même  avoit  reconnu  en  analysant  le  ba- 
salte (  c'est-à-dire,  le  corneus  cristalUsatiis prismaticus  laterilms 
inordinatis  ou  basaltes fii^ura  co/Hm/^an, Wallerius)  cl  le  trapp 
des  Suédois,  dans  lequel  il  trouva  exademcnt  les  mêmesprin- 
cipes  et  dans  les  mêmes  proportions.  Ce  travail  de  Uergniann 
a  été  une  nouvelle  source  d'erreur;  il  a  conduit  à  rappro- 
cher des  roches  mélangées  très-différentes,  qui  donnent  à 
Tanalyse  les  mêmes  principes. 

D'autres  géologues  ,  en  se  tenant  à  la  définition  de  roche 
compacte  à  base  d'hornblende  ,  n'ont  pas  balancé  à  appeler 
trapps  les  roches  formées  de  cette  substance,  et  ici  une  nou- 
velle division  s'est  éiablie  ,  lorsque  la  géologie  montra  qu'il  y 
avoit  des  trapps  dans  plusieurs  circonslances  loui-à-fall  dlffé-' 


^  T  R   A  38i 

renies;  et  alors  on  vit  naître  l'opinion  que  les  laves, lesbasaltes 
et  toutes  les  roches  réputées  volcaniques  par  beaucoup  de  mi- 
néralogistes, dévoient  être  des  roches  à  base  de  trapp,  c'csVà- 
dire,  quiprovenoient  des  roches,  de  trapp,  liquéfiéespar  le  feu 
soulerrain;  et  les  géologues  de  cette  opinion  ne  firenl  point  de 
difficullés  de  rapporter  à  cette  nouvelle  classe,  des  roches 
qui  a  voient  les  plus  grandes  analogies  avec  elles  ,  mais  dont 
l'origine  est  Irès-équivoque. 

D'une  autre  part ,  les  géologues  de  l'opinion  contraire  se 
virent  trés-enibarrassés-,  car,  en  conservant  toujours  comme 
incontestable  que  la  hornblcnîle  ou  l'amphibole  éloil  la  base 
des  trapps,ilsèn  reconnurent  de  prinjilifs,  et  d'une  autre  for- 
mation incertaine.  Mais  les  uns  et  les  autres  avoient  perdu  de 
vue  le  vrai  trapp,  et  nous  voyous  que  depuis  il  n  en  e?t  plus 
question,  et  que  tout  ce  que  Ton  a  nommé  jusqu'à  présent  Irapn 
n'a  plus  de  rapport  avec  le  trapp  de  Wallerius;  nous  voyons 
même  les  Suédois  finir  par  tomber  dans  Terreur  comumne, 
puisqu'ils  nomment  trapp  ou  curneus  lapis  ,  beaucoup  de 
pierres  compactes  diverses,  comme  on  peut  le  juger  par  \qs 
échantillons  qu'on  en  voit  dans  les  cabinets. 

Le  nouveau  trapp  étant  donc  une  roche  amphibolique 
d'apparence  homogène  que  l'observa  lion  prouva  élre  fort 
répandue  ,  il  devint  un  intéressant  objet  d'étude  pour  des 
géologues  célèbres.  Werner  ,  Saussure,  Dolomieu,  Faujas 
de  Saint-Fond  ,  etc.  ,  en  ont  fait  l'objet  de  leurs  médilations.  ' 

Et  il  r^'sulte  de  leurs  travaux,  que  les  minéralogistes  con- 
fondent, sous  ce  nom,  des  roches  qui  se  nuancent  insensible- 
ment avec  d'autres  roches;  que  les  unes  sont  amphiboliques  , 
et  d'autres  d'une  nature  différente;  et  enfin  ,  qr/elles  appar- 
tiennent à  des  formations  ou  des  terrains  différens. 

Saussure  avoit  défini  le  trapp  ,  une  pierre  composée  de 
grains  de  différenle  nature,  confusément  cristallisés,  ren- 
fermés dans  une  pâle,  et  quelquefois  aussi  liés  entre  eux  sans 
aucune  pâte  distincte  ,  et  sans  qu'on  y  voie  de  cristaux  ré- 
guliers ,  si  ce  n'est  rarement  et  accidentellement.  Cette  défi- 
nition ,  ajoute-t-il ,  rapproche  les  trapps  du  granité  et  du 
porphyre. 

Le  trapp  ,  tel  que  le  définit  Saussure  ,  ne  différant  du  gra- 
nité et  du  porphyre  ,  qui  sont  des  roches  à  élémens  -dis- 
tincls  à  l'œil ,  que  par  la  finesse  de  ces  mêmes  élémens  ,  né- 
cessairement on  doit  trouver  des  pa.«isages  des  uns  aux  autres. 
Saussure  a  éprouvé  beaucoup  de  difficultés  pour  le  dis(inguer 
de  ce  qu'il  nomme  roche  de  corne  {  V.  Cornéenne),  qui  est  une 
roc'ne  compacte  composée  de  feldspath  et  d'aniphibole  ,  et 
du  ppi.rosilex  ou  feldspath  compacte. 


Dolomieu  faisoît  remarquer  que  le  trapp  se  dislingaolt  âa 
la  roche  «le  corna  par  son  grain  plus  serré, par  sa  cassure  plus 
Tielte  ,  prcsq(ie  condioïde,  par  sa  durolé  qui  est  plus  grande, 
quoiqu  il  soif  moins  tenace,  et  plusaisé  à  réduire  en  poussière  : 
il  ajouloiii  que  les  masses  de  trapp  frappées  rcndolent  quel- 
quefois un  son  comme  le  bronze,  ce  qui  n'arrive  pas  à  la  jûcliede 
corne.  Mais  ces  caractères  souffrent  beaucoup  d'exceptions  , 
et  démontrent  la  peine  que  les  géologues  ont  eue  à  s'entendre 
sur  ce  qu'ils  ont  voulu  nommer  tiupp. 

Dolomieu  avoit  défnii  le  trapp  une  roche  argilo-ferrugi- 
ncuse  ,  définition  encore  très-vague;  et  il  a  considéré  comme 
des  trapps  et  des  roches  à  base  de  trapp  ,  non-seulement 
beaucoup  de  roches  à  base  d'amphibole  cojnpacte,  mais  aussi 
des  roches  homogènes  Gt  amygdaloïMes  ,  dont  le  caractère 
étoit  de  fondre  au  chalumeau  en  un  verre  noir  ou  brun,  et  qui 
sont  les  unes  primitives  ,  et  les  autres  volcanisées.  Parmi 
les  laves  que  rejettent  nos  volcans, il  en  admettoitqui  avoicnt 
le  trapp  pour  base  ;  en  conséquence  ,  il  les  nomnioit  laves 
argllo-ferrugincuses  ,  Im^es  trappéennes ,  et  dans  ce  nombre  il 
comprenoil  les  basaltes  ;  mais  ces  laves  n'ont  rien  de  com- 
mun avec  les  autres  trapps  ,  maintenant  que  nous  savons 
qu'elles  ont  pour  base  le  pyroxène  uni  au  feldspath  et  au 
titane  ;  cette  découverte  moderne  contribuera  infiniment  à 
restreindre  ce  qu'on  nomme  les  formations  trappéennes  ,  et 
ce  qu'on  doit  appeler  i/a/;/? ,  si  toutefois  les  naturalistes  ne 
font  pas  une  espèce  de  justice  ,  en  abandonnant  à  jatnais  ua 
nom  qui  a  causé  un  si  grand  désordre  dans  la  science. 

Mais  revenons  encore  quelques  instant  sur  les  roches  trap- 
péennes. On  voit  que  celles  qui  ont  été  admises  par  Dolo- 
mieu étoient  de  trois  sortes:  les  unes  primitives,  les  autres 
volcasiisées  anciennement,  et  les  troisièmes  volcanisées  ac- 
tuellement. Ces  divisions  sout  aussi  celles  que  Faujas  avoit; 
admises. 

Werner,  depuis  long  temps  ,  admit  que  les  roches  amphî- 
bollques  ,  ou  si  l'on  veut  les  trapps,  consSiluoient  des  systè- 
mes distincts,  et  fat  conduit  à  admettre  trois  sortes  àc  terrains 
trappéens  ou  de  trapps  ,  savoir  : 

Les  trapps  primilifsX\\i\  comprennent  àQ^  roches  amphlboll- 
qucs  en  masses  ou  feuilletées,  des  grunstein  ou  diabases  pri- 
mitifs. V.  .Série  aiaphibollque,  p.  171a  l'article  Terrain;  et 
au  mots  Roche,  Diabase  ,  Trappite,  Opiiite  ,  Ampiu- 
BOLiïE  ,  etc. 

Les  trapps  de  transition^  où  viennent  se  ranger  les  amygda- 
loïdes  ,  considérés  comme  volcaniques  par  Dolomieu.  Voyeà 
Spilute,  à  l'article  roche,  p.  872  ,  et  Toadstone. 


T  R  A  383 

Les  trapps  secondaires  quî  compreiînenl  le^  basalte»  et  les 
couches  (iiverses  qui  les  accompagnent.' 

L'on  voit  par-là  que  les  laves  proprement  dites  n'enlroienl 
point  dans  la  composition  des  terrains  trapjièens. 

C'est  dans  le  même  sens  que  Werner  que  nous  avons  em- 
ployé les  expressions  de  trapp  ou  de  terrains  de  trappa  pri- 
mitifs ,  de  transition  et  secondaires^  dans  lecours  de  ce  dic- 
tionnaire. Les  ariirics  Terrain  et  Roche  donnent  avec  des 
développemens  Thistoire-  des  terrains  qui  comprennent  les 
roches  de  trapps,  les  caractères,  et  les  désignations  nou- 
velles qu'on  leur  a  imposés,  (ltv.) 

TRAPPlTli.   F.  à  l'article  Roche,  p.    yS.  (ln.) 
TRAQUE  {véitérie).   Chasse  par  laquelle  ou  entoure  et 
l'on  bat  un  bois  ou  une   portion  de  bois,  pour  pousser  le 
gibier  vers  les  tireurs  postés  dans  une  tranchée  ou  à  Ja  lisière. 

(s.) 
TRAQUET.  V.  rariicle  Motteux.  (v.) 
TRAQUET    IVAiNCtLETERRE.    V.    Gobe -mouche 
NOIR ,  article  ]M(H-chef.olle.  (v.) 

TRAQUET  BLANC.  V.  Bruant  proyer.  (v.) 
TRASI,  Trasi.  Genre  de  plantes ,  établi  par  Palisot- 
de-Beauvois  ,  dans  les  rypérarées  de  Lesliliouduis ,  pour  une 
espèce  qui  se  rapproche  beaucoup  de  IEia'nantue.  Ses 
caractères  sont  :  écailles  imbriquées  sur  trois  rangs  ;  (leurs 
inférieures  avortaut  toujours  ;  semences  terminées  par  le 
style  qui  persiste  ,  et  dont  la 'base  offre  trois  ailes.  Voyez 
Thrasi.  (b.) 

TRASLÉ.  Un  des  noms  vulgaires  de  la  Grive  mau- 
vis.Cv.) 

TRASS.  Tuf  volcanique  qu'on  Irotfve  aux  environs  d^An- 
dernach ,  sur  la  rive  gauche  du  Rhin,  entre  Coblentz  et 
Bonn.  11  est  beaucoup  employé,  en  Hollande,  pour  leâ 
constructions  hydrauliques  ,  et  il  a  les  mêmes  propriétés  que 
la  Pouzzolane.  V.  ce  mot. 

Le  irass  est  connu  dans  le  pays  sous  son  vrai  nom  de 
tufjstein  ou  pierre  de  tuf.  Le  nom  de  trass  lui  vient  du  mot  hol- 
landais//r«s  ,  qui  signifie  ciment. 

Le  plus  estimé  est  celui  qu'on  trouve  aux  environs  des 
villages  de  Cretz  ,  Pleilt  et  Crufft,  au  sud-ouest  d'Ander- 
nach ,  tout  autour  de  deux  montagnes  isolées  ,  que  leur 
forme  et  d'autres  circonstances  annoncent  avoir  été  les 
cônes  volcaniques  d'où  cette  matière  est  sortie. 

Elle  est  disposée  ,  par  couches  ,  à  dix  ou  douze  pieds  au- 
âessous  de  la  surface  du  sol.  C'est  une  espèce  de  pierre  d'une 
couleur  grise,  plus  ou  moins  foncée  ,  quelquefois  d'un  jaune 
brun,  qui,  sans  être  Jfortdure  ,  est  néanmoins  assez  tenace 


384  T  R  A 

pour  êlre  exploilée  à  la  poudre.  Elle  est  poreuse  ,  légère  ,  et 
produit  un  sifflement  quand  on  h  plonge  dans  l'eau  ,  comme 
les  pierres  marneuses. 

Le  Irass  est  farci  de  peliles  pierres-ponces  grises  ou  hlan- 
châlres,  qui  en  forment  la  plus  grande  parlie.  On  voit  par- 
là  que  c'est  un  tuf  formé  de  ce  que  les  Napolitains  appellent 
rapillo  hianco.   V.  RapiLI.O. 

Il  est  quelquefois  mêlé  de  peliles  scories  noirâtres,  de 
larnes  de  mica  noir,  de  cristaux  de  pyroxène,  et  d'autres 
débris  cristallins  volcaniques.  On  y  trouve  même  de  pe- 
tits rognons  de  lave  compacte  remplie  de  pyroxène. 

Les  couches  de  trass  sont  recouvertes  d'un  massif  de  terre 
argileuse  très  fine,  d'un  gris  clair,  qui  paroît  êlre  une  re/idie 
volcanique.  La  surface  du  sol  est  de  la  plus  grande  fcrlililc, 
ainsi  qu'on  l'observe  toujours  dans  celte  espèce  de  terrain. 
F.  Cendre  volcaisique. 

Pour  employer  le  trass  ,  on  le  réduit  en  poudre  dans  des 
moulins  qui  sont  uniquement  destinés  à  cet  usage  ,  et  qui 
portent  le  noin  de  moulins  à  trass.  C'est  en  ccL  élat  qu'on  le 
transporte  en  Hollande. 

On  trouve  aussi  du  trass  dans  le  voisinage  de  Francfort- 
sur-le-Mein,  près  Bockenheim ,  et  dans  les  environs  de 
Griinberg  ,  dans  la  Haute-liesse.  Tous  les  tufs  volcanicjues 
dont  l'Italie  est  remplie  ,  sont  de  la  même  nature,  (pat.) 

TRASSOITE.  F.  l'article  Lave  et  Tuass.  (ln.) 

TRAST.  Nom  suédois  du  Merle,  (v.) 

TRAïTINNiCKIA,  TraUlnnir.kla.  Arbre  du  Brésil  ,  à 
feuilles  alternes,  péliolées,  ailées,  à  sept  folioles  oblongues, 
aiguës,  en  cœur,  accompagnées  de  stipules  caduques, 
à  fleurs  blanches  disposées  en  têtes  sessiles,  qui,  selon  Will- 
denow ,    forme  un  genre  dans  la  polygamie  monoécie.  V. 

DlMEROSTEMME. 

Les  caractères  de  ce  genre, consistent  :  en  un  calice  cam- 
panule à  trois  dents  ;  en  une  corolle  campanulée  aussi  à  trois 
dénis;  en  cinq  élamines;  en  un  ovaire  supérieur,  surmonté 
d'un  style  en  alêne  ;  le  germe  avortant  dans  les  fleurs  mâles. 
Le  fruit  n'en  est  pas  connu. 

M.  Persoon  a  nommé  Tp.attfnnickia  le  genre  Persootsia 
de  Michaux,  qui  est  le  Marshallia  de  Schreber.  V.  Per- 
SOONE.  (b.) 

TRATRA- TRATRA.  V.  Tré-Tré-Tré.  (s.) 
TRATJBENBLEI.   Voyez    Plomb  phosphaté    arseisi- 

TÈRE.  (LN.) 

TPiAURENERZ  des  Allemands.  V.  Plomb  piiospdaté 

KRSENIFÈRE.   (LN.) 

TRAUBENSTEIN.  Quelques  minéralogistes  allemands 


T  R  E  385 

donnent  ce  noni  à  la  variété  botryoïde  de  la  Chaux  boua- 

TÉE  SILICEUSE.   (LN.) 

TRAUPALOS.  G.Bauhin  doute  si  celte  plante  de  Théo- 
phraste  n'est  pas  notre  Obier(  Viburnum opiilus).Théophràsle 
la  place  parmi  les  arbres  sauvages ,  lui  attribue  une  grande 
quantité  de  racines,  et  dit  qu'elle  se  plaît  dans  les  lieux  om- 
bragés ,  de  même  que  le  taxos.  (ln.) 

TRAUPIS.  Nom  grec  du  Venturon.  (v.) 

TRAVAIL  (  vénerie  ).  Endroit  où  le  sanglier  a  tourné  et 
fouillé  la  terre,  (s.) 

TRAVAIL  {fauconnerie').  Un  oiseau  de  grand  travail  y 
est  celui  qui  a  beaucoup  de  vigueur  et  de  courage  dans  son 
vol.  (s.) 

TRAVATES.  Les  marins  donnent  ce  nom  aux  ouragans 
d'une  violence  extrême  ,  qui  se  font  sentir  sur  les  côtes  de 
Guinée.  Ils  s'annoncent  par  un  nuage  noir,  fort  petit ,  qu'on 
nomme  OEiL-DE-BŒUF,qui  s'agrandit  rapidement,  de  ma- 
nière à  couvrir  tout  l'horizon.  Ces  coups  de  vent,  brusques 
et  violens  ,  portent  aussi  le  nom  de  grains.  V.  Orage.  (Pat.) 

TRAVERTIN.  Pierre  calcaire  formée  par  le  dépôt  des 
eaux  du  Téverone  ou  Anio  ,  qui  descend  des  Apennins,  et 
passe  à  Tivoli.  C'est  surtout  au  dessous  des  fameuses  cas- 
cades ,  et  au  pied  même  de  la  montagne  de  Tivoli  ,  à  sept 
lieues  à  l'est  de  Rome  ,  qu'on  trouve  d'immenses  carrières 
de  cette  pierre  ,  qui  est  d'un  grand  usage  à  Rome  ,  dans  l'ar- 
chitecture ,  et  qui  étoit  déjà  fort  employée  par  les  anciens. 
Elle  est  d'un  blanc  jaunâtre  ,  et  ^une  assez  grande  dureté. 
Son  tissu  est  semblable  à  celui  de  l'albâtre  ,  et  l'on  voit  dans 
son  intérieur ,  des  noyaux  formés  de  couches  concentriques  , 
qui  ne  sont  que  de  simples  concrétions  ,  mais  qu'on  a  pris 
quelquefois  pour  des  corps  marins. 

Les  eaux  de  celte  contrée  ,  qui  est  toute  volcanisée  „  sont 
sujettes  à  faire  de  semblables  dépôts  ,  et  surtout  les  eaux  du 
lac  de  Tartari ,  qui  communique  à  l'Anio  par  un  canal  qui 
s'incruste  très-promptement  ,  et  où  se  forment  ces  p(Uiies 
concrétions  blanches  tuberculeuses  ,  connues  sous  le  nom  de 
dragées  de  Tivoli. 

On  trouve  aussi  du  travertin  en  Toscane  ,  et  on  l'emploie 
comme  pierre  de  taille  ,  à  Sienne  >  à  Lucques  et  à  lt*ise. 
Comme  le  travertin  est  rempli  de  petites  cavités,  il  s<;  lie 
parfaitement  bien ,  et  forme  des  constructions  de  la  plus 
grande  solidité.  (PAT.) 

TRAYE.  Un  des  noms  vulgaires  de  la  Grive  draine,  (v.) 

TREB  \.  Nom  du  Mélïlot  ,  à  Java,  (b.) 

TREBUCHET  SANS  FIN.  Piège  avec  lequel  on  prend 


386  T   n    E 

les /an/jç ,  les  rtihanges  ^  les  p.'nsons  ^  etc.  F.  l'article  Mé- 
sange, (s.) 

TRECHELES.  V.  Salmekones.  (ln.) 

TRÉCHUS  ,  Trschus.  Genvc  àinsccles  ,  de  l'ordre  des 
coléoptères  ,  famille  des  carnassiers,  tribu  des  carabiques, 
établi  par  M.  de  Clairville,  dans  le  second  volume  de  son 
Entomologie  Helvétique  ,  et  qui  comprend  quelques  petits 
rarabes  de  Fabricius  ,  tels  que  le  rneridianus  et  le  rubeits  ^  qui 
ont  pour  caractères  :  jambes  antérieures  échancrées  ;  dernier 
article  des  palpes  extérieurs  ,  pointu ,  non  tronqué  ;  le  pénul- 
tième des  maxillaires  extérieurs  plus  court  que  le  dernier  ;  le 
quatrième  des  antennes  ,  obconique  ;  les  sept  derniers,  cy- 
lindriques ,  courts  et  épais. 

Ce  genre  «ioit ,  selon  nous  ,  être  partagé  en  deux.  Le  ca~ 
rabus  rneridianus  ,  le  carabiis  yaporariorum  ,  et  quelques  autres 
espèces  analogues  forment  un  genre  propre  ,  voisin  du  genre 
harpah.  Le  carabus  ruheiis ,  le  carabus  micros  de  Panzer  et 
quelques  autres  vont  se  placer  près  des  bemhidions,  et  sont 
remarquables  en  ce  que  les  deux  derniers  articles  des  palpes 
maxillaires  sont  réunis  en  un  corps  ovoïde  ou  ovalaire  ,  et 
très-pointu  au  bout,  (l.) 

TREELE,  Trifolium  ,  Linn.  (  Diadelphie  déçandrie.  )  Genre 
de  plantes  herbacées,  de  la  famille  des  légumineuses  ,  qui 
5C  rapproche  beaucoup  des  Mélilots,  et  qui  comprend  plus 
de  cent  espèces  vivaces  ou  annuelles ,  la  plupart  naturelles 
à  l'Europe  ,  et  propres  à^la  nourriture  du  bétail.  Les  trèfles 
ont  les  feuilles  lernées  ,  avec  la  foliole  moyenne  ,  sessile  ou 
presque  sessile,  et  les  Geurs  réunies  en  tête  ,  rarement  en 
épi.  Chaque  fleur  offre  un  calice  tubuleux  ,  persistant  et  à 
cinq  divisions  ;  une  corolle  papllionacée,  dont  la  carène  est 
simple  et  plus  courte  que  les  ailes  et  l'étendard.  Le  fruit  est 
une  gousse  très-petite  ,  recouverte  par  le  calice,  s'ouvrani  à 
peine,  et  contenant  ordinairement  une  ou  deux  semences. 
Quelques  IrèHes  ,  comme  celui  dés  prés  ,  ont  la  corolle  mo- 
iiopétale. 

On  p'^ut  voir,  à  l'article  IVrELiLOT  ,  en  quoi  ces  deux  gen- 
res diffèrent. 

Le  botaniste  suédois  a  fait  cinq  divisions  des  espèces  nom- 
breuses de  trèfles  ,  dont  une  des  trèjlcs  mélilols  que  j'ai  dé- 
crits ailleurs  comme  n'appartenant  point  à  ce  genre-cL  Les 
véritables  trèfles  composent  les  quatre  autres  divisions. 

Dans  la  première  ^  qui  comprend  les  trèfles  à  légumes  cou- 
verts ,  renfermant  plusieurs  semences  ,  on  trouve  : 

Le  Trèfle  rampant,  2'rifoliurti  repens  ^  Linn.  ,.à  fleurs 
soutenues  par  des  pédoncules  distincts  ,  rassemblées  comme 


T   R   E  33; 

en  ombelle  ,  blanches  ;  à  légumes  contenant  quatre  semen- 
ces. Celle  espèce  porte  les  noms  vulgaires  de  triolet  trèfle 
blanc  de  prairie  ,  trèfle  hlanc  rampant.  Elle  croît  dans  les'prai- 
ries  ,  et  fleurit  tout  l'été  ;  on  la  trouve  aux  environs  de  Paris, 
C'est  une  plante  vivace  dont  les  branches  traînent  sur  la 
terre  ,  et  poussent  des  racines  à  chaque  nœud  ,  de  manière 
que  la  plante  s'épaissit  et  fornue  une  herbe  plus  serrée  qu'au- 
cune de  celles  qui  se  sèment.  Ce  trèfle  est  une  des  meilleures 
nourritures  pour  toute  sorte  de  bétail  ,  et  par  conséquent 
il  est  bon  à  semer  sur  un  terrain  destiné  à  servir  de  pâturage 
perpétuel.  Il  y  en  a  une  variété  à  fleurs  rouges ,  et  une  autre 
dont  les  feui  les  offrent  de  trois  a  sept  folioles. 

Le  Trèfle  des  Alpes,  TriJoUum  alpinum ,  Linn. ,  à  lige 
comme  en  hampe  ,  sortant  de  la  racine;  à  feuilles  linéaires 
lancéolées;  à  fleurs  grandes  ,  comme  en  ombelle  ;^à  légumes 
pendans  ,  renfermant  deux  semences.  11  croît  sur  les  Alpes 
et  les  Pyrénées  ,  sur  les  montagnes  du  Forez  et  du  Dauphi- 
né.  Ses  fleurs  sont  purpurines,  quelquefois  blanches  et  sa 
racine  ,  qui  est  vivace,  a  une  saveur  douce  comme  celle  de 
la  réglisse. 

Le  Trèfle  HYBRIDE,  TrifoUum  hybridum  ,  Linn, ,  à  tige  as- 
cendante, fistuleuse  ;  à  folioles  en  ovale  renversé  ,  dentées 
en  scie;  à  fleurs  blanches  ou  r<ruges  ,  réunies  en  tête,  imi- 
tant une  ombelle  ;  à  légumes  renfermant  quatre  semences.  Il 
est  vivace ,  vient  spontanément  aux  environs  de  Paris  et 
fleurit  en  mai  et  juin. 

Le  Trèfle  a  feuilles  de  lupin  ,  TrifoUum  lupînaster, 
Linn.  Son  nom  lui  vient  de  la  forme  de  ses  feuilles ,  qui  sont 
digitées  et  à  folioles  sessiles.  Ses  gousses  contiennent  plu- 
sieurs semences.  11  est  vivace,  et  originaire  de  Sibérie-  il 
sert  de  type  au  genre  Lupinastere  de  Moench. 

La  seconde  division, qui  renferme  les  trèfles  pieds  de  lièvre  et 
à  calicesvelus  ,  offre  plusieurs  espèces  remarquables ,  savoir  : 

Le  Trèfle  enterré  ou  le  Trèfle  semeur  ,  TrifoUum 
subterraneum  ,  Linn. ,  que  Tournefort  a  très-bien  caractérisé 
par  cette  phrase  :  TrifoUum  semen  sub  terram  condens.  Il  a  ses 
tiges  ,  ses  folioles  et  ses  fleurs  velues  ;  les  tiges  sont  rameuses 
les  folioles  assez  peites  ,  et  les  fleurs  d'un  blanc  sale  et 
réunies  au  nombre  de  cinq  ;  elles  paroissent  en  mai  et  juin  ; 
àl'époquede  leur  développement ,  elles  sont  redressées;  lors- 
qu'elles se  fanent,  elles  se  cachent  en  terre  ;  les  têtes  sont 
alors  enveloppées  dans  des  filets  jaunâtres  et  rameux  ,  qui 
forment  une  espèce  de  grillage  autour  d'elles.  Cette  plante 
croît  aux  environs  de  Paris. 

Le    Trèfle  rouge  ,  TrifoUum  rubens ,   Linn.    Une  tige 


388  T  R   E 

droite  ,  haute  d'un  pied  et  demi  à  deux  pieds  ;  des  folioles 
dentelées  ;  des  fleurs  monopétales  ,  d'un  rouge  brillant ,  et 
disposées  en  épis  longs  de  deux  pouces  ;  des  stipules  mem- 
braneuses et  fendues  à  leurs  exlrémités  :  tels  sont  les  carac- 
tères de  celte  espèce  ,  qui  est  annuelle ,  et  qui  fleurit  en  juin 
et  juillet.  Elle  n'est  pas  propre  ,  dit  Miller  ,  à  être  semée 
avec  l'herbe;  mais  elle  fait  seule  un  bon  fourrage.  La  longueur 
et  la  beauté  de  ses  épis  la  rendent  digne  aussi  de  figurer  dans 
les  jardins. 

Le  Trèfle  incarnat,  TrifoUum  incamaium ,  Linn.,  est 
annuel,  a  les  épis  oblongs  et  velus  ,  les  folioles  en  cœur  ren- 
versé, crénelées  et  velues.  Il  est  originaire  du  midi  de  l'Eu- 
rope ,  et  s'élève  à  un  pied  et  plus.  On  le  cultive  dans  le  midi, 
et  quelquefois  au  nord  ,  sous  le  nom  de  farouche  ,  de  trèfle  du 
Roussillon.  C'est  le  plus  précoce  de  tous  les  fourrages.  La 
véritable  manière  d'en  tirer  un  bon  parti  ,  consiste  à  le  se- 
mer sur  les  chaumes  ,  sur  un  simple  hersage,  pour  le  don- 
ner en  vert  aux  chevaux,  aux  vaches  et  aux  moutons,  au  pre- 
mier printemps  suivant. 

Le  Trèfle  des  champs  ,  TrifoUum  arvense^  Linn. ,  vulgai- 
rement le  pied  de  lièvre  ,  est  annuel ,  fleurit  tout  l'été  ;  a  des 
fleurs  rougeâlres  ,  disposées  en  épis  ovales  ,  et  des  folioles 
presque  ovales  ,  longues,  échancrées,  sessiles  et  douces  au 
toucher.  Les  dents  du  calice  sont  égales  et  sétacées  ,  et  les 
ailes  de  la  corolle  marquées  intérieurement  d'une  tache 
rouge.  Cette  espèce  croît  dans  les  champs  et  les  bois;  ellese 
plaît  dans  les  terres  sèches  et  graveleuses  ,  et  irvdique  tou- 
jours la  stérilité  du  sol  ;  elle  est  peu  propre  à  former  des 
pâturages  ;  le  bétail  y  touche  rarement.  On  la  trouve  aux 
environs  de  Paris.  Elle  éloil  rare  autrefois  ;  il  n'y  a  guère 
que  cent  soixante-dix  ans  qu'elle  est  devenue  commune.  Sa 
graine  mclée  quelquefois  parmi  le  blé  ,  et  écrasée  au  mou- 
Tin  ,  rend  le  pain  rougeâtre  ;  le  blé  où  elle  se  trouve ,  perd 
beaucoup  de  son  prix. 

Le  Trèfle  des  prés  ou  cultivé  ,  TrifoUum  pratense, hinii. 
C'est  celui  dont  on  forme  des  prairies  aitificlelles  ;  j'en  par- 
lerai tout-à-l'heure  avec  quelque  détail. 

Parmi  les  trèfles  de  la  troisième  division  et  à  calices  en- 
flés ,  je  ne  citerai  qu'une  espèce  ,  savoir  : 

Le  Trèfle  fraisier,  TrifoUum  fragiferum  ,  Linn.  11  croît 
dans  toute  l'Europe  ,  et  se  trouve  dans  les  prés  secs-  Sa  tige 
est  rampante  ,  et  pousse  des  racines  à  chaque  noe;Ai<l-  Ses 
feuilles  ont  des  pétioles  longs  et  minces,  et  de?  folioles  ron- 
des et  sciées  sur  leurs  bords.  Ses  fleurs  sont  rouges  ou  blan- 
ches ,  disposées  en  têlcs  rondes  ,  et  portées  sur  de  minces 


T  R  E  S89 

pédoncules  qui  sortent  des  aisselles  des  tîges  ;  leur  calice  est 
entlé,  soyeux,  et  à  deux  dents  renversées  ;  ces  têtes  de  fleurs 
ont  de  loin  l'apparence  de  fraises,  ce  qui  a  fait  donner  à  ce 
trèfle  ,  le  nom  qu'il  porte.  Il  est  vivace  et  peu  utile  dans  les 
prairies  ;  mais  comme  les  vaches  le  mangent ,  surtout  lorsqu'il 
est  vert  ,  il  est  bon  à  conserver  dans  les  pâturages.  Il  y  a 
dit-on  ,  des  pays  où  on  ça  fait  des  prairies  artificielles. 

Enfin  ,  dans  la  quatrième  section  ,  qui  réunit  les  trèfles  à 
étendards  renversés  ^  se  trouve  le  ÏRÈFLE  DES  campagnes,  l'ri- 
folium  agrarium.,  Linn.  Il  est  annuel;  sa  tige  est  droite  et 
haute  d'un  demi-pied;  ses  folioles  sont  lancéolées,  dentelées, 
nerveuses,  un  peu  velues  en  dessous  ;  ses  têtes  de  fleurs  ar- 
rondies, terminales  et  peu  nombreuses;  les  calices  nus.  Il 
fleurit  en  mai,  a  une  racine  vivace  ,  et  vient  en  Europe  dans 
les  champs  les  plus  arides.  Les  bestiaux  ne  le  recherchent 
que  dans  sa  jeunesse. 

De  tous  les  trèfles  ,  le  plus  connu  et  celui  qu'on  cultive  le 
plus  généralement,  est  le  trèfle  des  prés  ,  appelé  dans  les  con- 
trées méridionales  de  la  France  ,  grand  trèfle  de  Piémont, 
grand  trèfle  d'Espagne  ,  et  dans  celles  du  Nord,  grand  trèfle  de 
Ho/lande.  V.  TrÈFLE  ROUGE. 

Voici  les  caractères  spécifiques  qu'il  offre  dans  l'état  sau- 
vage. Une  racine  longue  ,  ligneuse,  rampante  ,  fibreuse  et 
pivotante;  une  tige  rameuse  ,  grêle  ,  cannelée  ,  un  peu  cou- 
chée; des  folioles  ovales,  très-entières,  velues,  souvent  mar- 
quées d'une  tache  blanche  ou  noire  ,  placée  en  demi-cercle 
dans  le  milieu  de  la  foliole  ;  des  épis  de  fleurs  arrondis  ,  ob- 
tus et  entourés  de  bractées  membraneuses  ;  la  corolle  mo- 
nopélale  ,  et  laissant  voir  cependant  un  étendard  réfléchi  , 
des  ailes  plus  courtes  que  l'étendard  ,  et  une  carène  plus 
courte  que  les  ailes  ;  les  fleurs  ont  une  odeur  douce  et  une 
saveur  mielleuse  ;  elles  sont  d'une  couleur  purpurine  ,  et  pa- 
roissent  au  milieu  de  l'été  ,  et  pendant  une  grande  partie  de 
cette  belle  saison  ;  le  fruit  est  court ,  un  peu  plus  long  que 
le  calice ,  et  a  une  seule  valve  ;  il  contient  un  petit  nombre 
de  semences  presque  rondes. 

Les  avantages  nombreux  résultans  de  la  culture  du  trèfle  , 
sont  appréciés  par  tous  les  bons  agronomes.  Cette  culture 
n'est  ni  pénible  ni  dispendieuse;  elle  rapporte  beaucoup  ,  et 
met  en  valeur  des  terres  qu'on  eût  laissées  en  jachères.  Le 
trèfle  étant  trisannuel,  et  pouvant  être  coupé  chaque  année 
deux  ou  trois  fois ,  sert  à  nourrir  un  nombreux  bétail ,  et  tout 
bétail  en  est  friand, au  point  qu'il  convient  de  ne  le  lui  donner 
que  mélangé  avec  quelque  autre  herbe  ,  parce  que  l'avidité 
avec  laquelle  il  le  mange  ,   lui  cause   des  iadigestions.   Les 


ho  T  R   E 

vaches  qui  s'en  nourrissent  en  vert  ou  en  sec,  deviennent 
toujours  meilleures  laitières,  et  leur  lait  est  très-abondant 
et  d'un  très-bon  goût  ;  quand  on  le  donne  aux  chevaux,  on 
peut  leur  retrancher  l'avoine  sans  qu  ils  en  souffrent;  les 
moutons  et  les  oies  s'en  accommodent  mieux  que  de  toute 
autre  chose;  il  engraisse  très  promptement  les  cochons,  et 
on  l'emploie  très-fréquemment  en  Angleterre  à  cet  usage. 

Le  trèfle  purge  entièrement  de  mauvaises  herbes  le  sol  où 
on  lecultive  ;  il  rend  la  terre  plus  meuble  par  l'action  conti- 
nuelle de  ses  racines  vivaces  et  pivotantes,  et  il  l'améliore 
par  l'humus  qu'elles  y  déposent ,  lorsqu'arrachées  ,  bri- 
sées et  enfouies  par  la  charrue,  elles  s'y  putréfient.  Il  est 
certain  que  les  terres  qui  ont  porté  du  trèfle  ne  demandent 
aucun  engrais  ,  lors  qu'on  y  met  des  pois  ou  du  lini,  et  qu'il 
en  faut  moins  que  d'ordinaire  ,  quand  ,  à  la  seconde  ou  troi- 
sième année  ,  on  les  ensemence  de  froment. 

L'un  des  plus  grands  avantage*  de  la  culture  du  trèfle  , 
lient  à  son  accroissement  rapide  ;  quelques  mois  après  qu'il 
est  semé ,  il  offre  déjà  au  cultivateur  une  coupe  qui  com- 
mence à  le  dédommager  de  ses  peines  et  de  ses  avances.  Il 
vient  partout ,  excepté  dans  les  terrains  secs.  Semé  dans  les 
terre»  argileuses,  lourdes  et  compactes,  il  y  réussit  assez 
bien,  et  il  présente  alors  une  ressource  très-précieuse  pour 
l'agriculture.  Ses  racines  ,  en  rompant  l'agrégation  des  mo- 
lécules terreuses  ,  corrigent ,  détruisent  même  le  vice  qui 
s'oppose  à  la  fécondité  de  ces  terres  :  considéré  sous  ce  der- 
nier point  de  vue  ,  on  peut  dire  qu'il  supplée  en  quelque 
sorte  aux  inslrameos  aratoires. 

Si  le  trèfle  n'est  pas  aussi  productif  que  la  luzerne  ,  il  a  sur 
elle  plusieurs  avantages  ;  il  est  moins  délicat ,  craint  moins  la 
gelée,  exige  moins  de  soins,  enfin  il  est  plus  précoce.  Il 
n'apporte  aucun  changement  dans  Tordre  de  la  culture  des 
céréales  ;  il  conserve  les  soles  ,  si  expressément  recomman- 
dées dans  tous  les  baux,  tant  célébrées  par  les  anciens,  et 
si  religieusement  observées  par  le  plus  grand  nombre  des 
cultivateurs.  Indigène  dans  toute  la  France  ,  il  indique  lui- 
même  le  terrain  qui  lui  convient ,  et  cette  indication  est  tou- 
jours infaillible. 

On  9  reproché,  avec  raison  ,  au  trèfle  d'alléger  beaucoup 
trop  le  sol  et  de  le  rendre  pour  ainsi  dire  creux  ;  mais  cet 
inconvénient  n'a  lieu  que  dans  les  terres  légères.  On  lui  re- 
proche encore  de  causer  des  coliques  et  des  méléorisalions 
souvent  mortelles  aux  animaux  qui  le  mangent  en  vert;  mais 
çn  ne  le  faisant  jamais  pâturer  ni  à  la  rosée  ni  chargé  d'eau , 


T  R  E  391 

on  prévient  ces  accidens  ;  et  lorsqu'ils  arrivent,  il  y  a  des 
moyens  d'en  arrêter  les  suites.  Parmi  les  remèdes  proposés 
dans  ce  cas,  il  en  est  un  dont  Sutière  garantit  reificacilé  ; 
j'en  ai  fait  mention  à  l'arJicle  Luzertse. 

Le  reproche  le  plus  fondé  qu'on  puisse  faire  autrcHe  ,  est 
la  difficulté  de  sa  dessiccation  ;  ses  liges  contiennent  une 
grande  quantité  d'eau  qui  y  est  très-adhérente  ;  la  moindre 
pluie  le  fait  noircir,  et  pour  peu  qu'on  l'agite  pour  le  faner, 
ses  feuilles  se  détachent.  Cependant  s'il  n'est  serré  très-sec  , 
il  est  sujet  à  se  moisir  ,  à  s'échauffer  ,  à  s'altérer  enfin  au 
point  de  n'être  plus  propre  qu'à  faire  du  fumier.  Cet  incon- 
vénient a  dégoûté  quelques  personnes  de  la  culture  de  celle 
plante.  Il  y  a  pourtant  des  méthodes  sûres  pour  le  sécher; 
je  fais  connoître  ci-après  celles  qui  sont  les  plus  propres  à 
remplir  cet  objet. 

La  graine  de  trèfle  coûte  moins  que  celle  de  la  luzerne  ; 
mais  elle  est  quelquefois  dévorée  par  un  ver  très-petit,  des 
atteintes  duquel  on  ne  peut  la  garantir  qu'en  la  faisant  trem- 
per dans  un  bain  d'urine  où  on  a  délayé  de  la^suie  de  che- 
minée. 

Enfin  ,  quelques  cultivateurs  se  plaignent  que  le  trèfle 
laisse  souvent  après  lui  ,  l'un  des  plus  grands  fléaux  des 
céréales  ,  le  chiendent.  11  produit ,  il  est  vrai ,  cet  efft- 1  dans 
quelques  terrains  ;  mais  on  observera  que  c'est  presque  tou- 
jours lorsqu'on  ne  le  sème  que  sur  un  ou  deux  labours,  ou 
sur  une  terre  mal  nettoyée  ou  mal  divisée. 

Tels  sont  les  avantages  et  les  désavantages  du  trèfle.  En 
les  comparant  les  uns  aux  autres  ,  on  voit  que  les  premiers 
l'emportent  de  beaucoup  sur  les  seconds.  Ainsi ,  tout  pro- 
priétaire ou  fermier  peut  se  promettre  en  bénéfice  réel,  en 
cultivant  avec  soin  cette  plante  ,  regardée  comme  le  meilleur 
fourrage  pour  alterner  ,  et  comme  très  -  propre  à  former 
des  prairies  artificielles.  D'après  tous  ces  avantages  réu- 
nis ,  il  n'est  point  de  propriétaire  ou  de  fermier  qui  ne 
puissip  se  promettre  un  bénéfice  réel  en  cultivant  avec  soin 
c^tle  plante.  • 

Le  bon  choix  de  la  graine  est  la  première  chose  qui  doit 
l'occuper. 

Les  semences  nouvelles  de  trèfle  ont  une  couleur  vive  , 
brillante  ;  elles  se  ternissent  et  brunissent  en  vieillissant. 
Lorsqu'elles  sont  bien  conservées,  elles  lèvent  très- bien 
encore  au  bout  de  deux  ou  trois  ans.  On  réserve  ordinaire- 
ment pour  la  graine  le  fourrage  de  la  seconde  coupe  ;  et  c'est 
au  mois  de  septembre  qu'elle  peut  être  recueillie.  Celle  qu'on 
cueille  à  la  fin  d'octobre  esl  moins  belle  ,  et  on  a  plus  de 


39^  T  R  E 

peine  à  la  détacher  du  fruit;  on  juge  qu  eWc  est  parfaitement 
mûre  ,  lorsqu'elle  offre  une  teinte  violette,  et  que  la  gousse 
qui  la  contient  étant  froissée  dans  la  main,  la  laisse  échapper. 
Alors  on  fauche  le  trèfle.  Dès  qu'il  est  engrangé  ,  on  sépare 
avec  le  fléau  les  fleurs  de  leur  tige.  Cette  séparation  faite  , 
on  conserve  les  têtes  ou  épis  dans  des  endroits  très-secs 
jusqu'au  temps  delà  semence.  A  celte  époque  ,  on  les  expose 
au  soleil.  On  les  bat  ensuite  avec  le  fléau  sur  une  aire  bien 
unie  ,  d'une  consistance  ferme  et  sans  poussière.  Enfin ,  on 
passe  plusieurs  fois  la  graine  par  le  van,  pour  la  rendre  en- 
tièrement nette.  Par  des  expériences  faites  avec  soin  ,  on 
s'est  convaincu  que  la  semence  venue  de  Hollande  vaut  mieux 
que  celle  de  Normandie  ,  c'est-à-dire  qu'à  quantité  ou  nom- 
bre égal  de  graines ,  cette  dernière  donne  moins  de  plantes 
que  l'autre.  La  supériorité  des  graines  de  Hollande  tient 
peut-être  à  leur  extrême  maturité  et  à  l'attention  de  faire 
la  première  coupe  de  bonne  heure  ,  afin  d'empêcher  la 
plante  d'être  épuisée  par  sa  fleur  et  par  sa  graine  ;  par  ce 
moyen ,  la  seconde  coupe  devient  plus  vigoureuse  ,  et  donne 
des  semences  mieux  nourries. 

La  racine  de  trèfle  étant  pivotante ,  exige  une  terre  douce, 
légère  ,  et  qui  ait  du  fond.  Cette,  plante  est  chargée  de  beau- 
coup de  feuilles: par  conséquent  il  lui  faut  aussi  un  sol  subs- 
tantiel. Il  n'est  pas  avantageux  de  l'établir  en  prairies  arti- 
ficielles dans  les  terres  médiocres  ,  à  moins  que  le  pays  ne 
soit  dépourvu  de  fourrage  ;  mais  dans  les  sols  féconds  ,  On 
peut  adopter  ce  mode  de  culture.  Si  on  veut  conserver  le 
trèfle  pendant  trois  ans  ,  on  doit ,  à  la  fin  de  la  secoiide  an- 
née ,  fumer  le  terrain  ou  avec  du  plâtre ,  ou  avec  des  engrais 
bien  consommés. 

Pour  qu'un  trèfle  réussisse  à  souhait ,  dit  Rozier,  il  con- 
vient, dès  que  les  semailles  sont  faites,  de  donner  aux 
champs  qu'on  lui  destine  deux  labours  croisés  ,  en  faisant 
passer  la  charrue  deux  fois  de  suite  dans  le  même  sillon,  afin 
de  soulever  la  terre  à  une  plus  grande  profondeur.  Apr^s 
l'hiver  ,  ces  denx  labours  doivent  être  répétés  dans  le  même 
ordre  qu'auparavant.  Si  la  terre  n'en  est  pas  bien  divisée  , 
on  achève  de  la  briser  avec  des  maillets  de  bois  ,  ensuite  on 
passe  et  repasse  la  herse  ,  derrière  laquelle  on  attache  des 
fagots  d'épines ,  pour  niveler  le  sol  exactement. 

Comme  la  graine  de  trèfle  est  petite  et  menue,  pour  la 
semer  plus  facilement  et  plus  également,  on  la  mêle  partie 
égale  avec  du  sable  très-sec.  Il  suffît  de  l'enterrer  avec  la 
herse;  elle  ne  doit  pas  être  trop  couverte,  parce  qu'alors 


T  R  E  393 

elle  ne  leverolt  pas.  L'époque  du  semis  varié  suivant  le  cli- 
mat ;  il  se  fait  communément  en  février  ou  mars. 

Le  trèfle  et  les  blés  de  mars  viennent  à  merveille  ensemble, 
lorsqu'ils  sont  semés  avec  les  précautions  nécessaires.  Chan- 
cey  qui  a  cultivé  le  trèfle  pendant  trente-cinq  ans  ,  propose, 
pour  les  bons  terrains,  l'ordre  de  culture  ou  cours  de  mois- 
son suivant.  Il  consiste  à  bêcher  ou  à  labourer  profondément, 
pendant  Thiver ,  le  champ  qu'on  se  propose  de  semer  en 
trèile  le  printemps  suivant.  A  cette  époque  ,  on  sème  le 
trèrie  avec  un  blé  de  mars;  lorge  semée  à  six  rangs  doitêtre 
préférée  ;  il  ne  faut  semer  que  le  tiers  d'orge  qu'on  est  dans 
l'usage  d'employer. 

Aucun  trèfle  ne  prospère  autant  que  celui  dans  lequel  il 
se  trouve  une  grande  quantité  de  Paturin  des  prés,  parce 
que  cette  graminée  ,  par  son  ombre,  fait  monter  ses  tiges  , 
et  les  empêche  de  durcir.  Les  nombreuses  observations  que 
j'ai  faites  à  cet  égard  ,  me  donnent  la  conviction  qu'il  seroit 
tOLijours  avantageux  de  semer  ces  deux  plantes  ensemble  et 
par  moitié. 

Aussitôt  que  le  grain  sera  récolté  ,  on  répandra  du  plâtre 
sur  le  trèfle  à  raison  de  six  quintaux  par  arpent,  plus  ou 
moins,  selon  la  nature  du  terrain;  on  empêchera  le  bétail 
de  pâturer  sur  le  champ.  A  la  fin  de  septembre  ,  on  aura 
une  bonne  coupe  de  trèfle.  La  même  année  ,  vers  la  fin  de 
novembre  ou  décembre  ,  on  répandra  de  nouveau  du  plâtre 
sur  latrèflière;  ce  nouv-el  amendement  assurera  pour  l'an- 
née suivante  trois  bonnes  coupes  de  trèfle.  Enfin,  vers  la 
fin  de  la  seconde  année  ,  on  plâtrera  le  sol  pour  la  troisième 
fois  ,  afin  d'avoir  deux  coupes  d'herbes  Tannée  d'après.  Pour 
amender  trois  fois  son  champ  avec  du  plâtre,  il  en  coûte 
moins  que  pour  l'amender  une  seule  fois  avec  du  fumier  , 
et  le  produit  en  fourrages  et  en  grains  en  est  bien  plus  con- 
sidérable. 

Après  la  seconde  coupe  de  trèfle  de  la  dernière  année  , 
on  laissera  pousser  l'herbe  de  quelques  pouces  de  hauteur, 
et  on  labourera  ensuite  pour  l'enfouir:  on  sèmera  de  bonne 
heure  ,  et  clair,  la  meilleure  espèce  de  froment.  Quand  ce 
grain  sera  recueilli,  on  lui  fera  succéder  la  même  année, 
en  seconde  récolte  ,  ou  du  sarrasin  ,  ou  des  raves,  ou  des 
pommes-de-terre,  ou  du  petit  millet,  etc.  Après  la  récolte 
du  sarrasin,  ou  des  raves,  on  fera  1res  bien  ,  si  on  le  peut,  de 
bêcher  le  champ  pour  y  semer  au  printemps  ,  en  fumant ,  du 
maïs  avec  des  pommes-de- terre  ,  ou  du  tabac,  ou  du  chan- 
vre ,  et  en  choisissant  de  ces  plantes  celles  qui  sont  plus 
lucratives;  après  leur   récolle  on  sèmera  du  froment,  eo 


394  T  R  E 

ayant  soin  de  fumer  de  nouveau  la  partie  du  champ  où  l'on 
auroit  récollé  des  pommes-de  terre  el  du  maïs. 

Le  froment  recollé  ,  on  sèmera  du  sarrasin  ou  des  raves, 
etc.  L'hiver  suivant ,  on  bêchera  de  nouveau  pour  semer  au 
printemps  de  l'orge  nue  avec  du  trèfle  ,  et  recommencer  le 
cours  de  moisson  qui  vient  d'être  décrit,  et  qui  se  compose 
de  six  années,  savoir: 

La  première  année  ,  orge  nue  et  trèfle; 

La  seconde,  trèfle  ; 

La  troisième  ,  trèfle  ; 

La  quatrième,  froment  suivi  de  sarrasin  ou  de  raves; 

La  cinquième    maïs  et  pommes-de-terre  ou  chanvre,  etc.; 

La  sixième  ,  froment  suivi  de  sarrasin  ou  de  raves. 

Par  ce  cours  de  moisson,  on  obtiendra  en  six  années 
deux  récoltes  de  froment ,  une  d'orge  nue  ,  une  de  maïs  et 
pommes-de-terre  ,  deux  de  sarrasin  ou  de  raves  dites  turncps; 
enfin,  six  bonnes  coupes  de  trèfle.  On  doit  observer  que  , 
dans  cet  ordre  de  culture  ,  le  trèfle  étant  bien  plâtré ,  et 
restant  deux  ans  dans  le  champ,  l'amende  forlement  pour  les 
autres  productions  qu'on  y  cultivera  ;  que  la  récolte  du  maïs 
amalgamée  à  celle  de  pommes-de-terre,  est  préparatoire 
pour  le  froment  qui  doit  lui  succéder  ,  en  ce  qu'elle  purge 
exactement  le  champ  d'herbes,  A  la  vérité,  dit  Chancey  , 
le  maïs  et  la  pomme-de-terre  sont  des  plantes  épuisantes 
pour  le  froment  ;  mais  comme  le  champ  étoit  en  bon  état 
lorsqu'on  les  y  a  plantées,  qu'on  fume  de  nouveau  en  semant 
le  froment  qui  y  succède  ,  on  peut  être  assuré  d'une  bonne 
récolte  de  grain. 

£n  cultivant  le  trèfle  ,  on  peut  adopter  plusieurs  cours  de 
moisson  autres  que  celui-ci ,  et  également  bons.  L'expérience 
doit  en  cela  servir  de  guide  ;  et  il  faut  consulter  ses  besoins  , 
la  nature  du  sol ,  les  localités  el  le  climat.  En  général  ,  le 
meilleur  cours  de  moisson  est  celui  qui ,  après  un  petit  nom- 
bre d'années,  procure  au  propriétaire  ou  fermier  un  plus 
grand  bénéfice. 

La  prompte  et  parfaite  dessiccation  du  trèfle  est  un  objet  si 
important  dans  celte  culture  ,  que  je  ne  puis  me  dispenser  , 
en  terminant  cet  article,  de  faire  connoitre  au  lecieur  les 
deux  ou  trois  méthodes  les  plus  convenables  pour  atteindre 
ce  but.  En  voici  une  qu'on  doit  à  Cretté  de  Paluel ,  et  qui 
a  l'avantage  d'augmenter  la  quanlilé  d'herbe  ,  de  diminuer 
sa  qualité  échauffante  ,  et  d'accélérer  la  fanaison. 

Le  jour  que  le  trèfle  est  fauché  ,  ou  le  lendemain  au  plus 
tard,  on  transporte  dans  le  champ  de  la  paille,  préférablé- 
ment  de  celle  d'avoine  ,  comme  étant  plus  flexible  ,   plus 


T  R  E  395 

fine  que  d'autres,  et  d'ailleurs  moins  chère  ;  elle  est  déliée 
par  des  femmes  qui  la  répandent  sur  des  ondais  de  trèfle  , 
dont  on  forme  de  petits  tas  bien  arrondis,  d'environ  quatre 
à  cinq  pieds  de  haut.  Le  tout  est  ainsi  laissé  pendant  deux 
ou  trois  jours  ,  selon  le  temps  ;  ensuite  on  répand  et  secoue 
le  trèfle  et  la  paille  ,  qui  se  trouvent  de  cette  manière  par- 
faitement mélangés.  Aussitôt  que  l'herbe  est  suffisamment 
sèche  ,  ce  qui  arrive  ordinairement  en  un  jour,  on  la  dispose 
en  grosses  meules  d'environ  quatre  à  cinq  cents  boites  ;  ces 
meules  restent  six  ou  huit  jours  sans  être  bottelées.  Le  foin 
jette  son  feu  ,  devient  souple  ,  et  lorsqu'il  est  ensuite  ren- 
fermé et  tenu  sèchement  dans  des  granges  ,  il  n'est  jamais 
poudreux.  11  résulte  de  celte  opération  ,  que  le  trèfle  n'est 
manipulé  que  deux  fois,  savoir,  le  jour  qu'on  le  roule  avec 
la  paille,  et  celui  qu'il  est  répandu  et  mis  en  meule.  Cette 
paille  se  mêle  aisément  avec  lui,  en  prend  l'odeur,  en 
pompe  l'humidité  ,  et  empêche  le  trèfle  de  s'échauffer  ,  ce 
qui  arrive  quand  il  est  seul,  à  moins  qu'il  ne  soit  souvent 
remué. 

Dans  une  grange,  un  hangar  ou  gfenier  à  foin  ,  on  fait  un 
lit  circulaire  de  fagots  de  bois  ou  d'épines ,  élevé  d'un  pied 
et  demi;  on  laisse  en  dedans  quatre  petits  courans  d'air,  et 
l'on  place  au  milieu  une  perche  ,  dans  laquelle  sont  enfilés 
d'autres  fagots  pour  établir  un  autre  courant  d'air  de  bas 
en  haut.  On  place  un  lit  de  paille  (  nouvelle  s'il  y  en  a  )  sur 
ces  fagots  ;  sur  cette  paille  un  lit  simple  de  trèfl^e  vert  ;  sur 
ce  lit ,  un  autre  de  paille ,  et  ainsi  de  suite  alternativement. 
La  largeur  et  la  hauteur  de  cette  masse  d'herbe  doivent  être 
proportionnées  à  la  quantité  de  trèfle.  On  la  laisse  en  cet 
état  pendant  dix  ou  trente  jours.  Le  trèfle  se  dessèche  lente- 
ment; la  paille  s'amollit,  prend  le  goût  du  trèfle  ;  la  meule 
s'affaisse  sensiblement  d'environ  un  quart.  Après  ce  temps, 
on  met ,  si  on  veut  ,  ce  fourrage  en  bottes,  qu'on  livre  à  la 
consommation  pendant  l'hiver;  les  chevaux  et  les  bêtes  à 
cornes  le  mangent  avec  avidité  ,  sans  en  rien  perdre. 

François  Hell  fait  usage  d'une  autre  méthode  dont  on  peut 
voir  l'exposé   dans   la  Feuille  du  cultioateur ^  tom.  3,  p.  3i4-. 

Tous  les  trèfles  contiennent  abondamment  le  principe  mu- 
queux  nutritif;  celui  des  prés  fournit  aux  abeilles  une  bonne 
récolle  de  miel  ;  on  peut  aussi  en  retirer  une  teinture  verte. 

(D.) 

TREFLE  AIGRE.   C'est  I'Oxalide,  Oxalis  cceiosella  , 

L.  (DESM.) 

TRÈFLE  AQUATIQUE.  V.    Trèfle   des    marais. 

(desm.) 


396  T  R  E 

TREFLE  DES  ARBRES.  On  a  donné  ce  nom  à  un  petit 
Agaric  ,  qui  croît  en  Italie  ,  sur  les  arbres,  et  dont  le  cha- 
peau offre  trois  lobes.  Il  est  figuré  dans  Michéli  ,  tab.  79, 
n.**  2.  (b.) 

TRÈFLE  BITUMINEUX.  C'est  le  Psoralier  bitumi- 
neux. On  a  beaucoup  préconisé  cette  plante,  comme  remède 
contre  le  cancer;  mais  il  paroît  qu'elle  esttonibée  en  désué- 
tude. Cb.) 
.    TRÈFLE  DE  BOURGOGNE.  V.  Luzerne,  (b.) 

TRÈFLE  DE  CASTOR.  C'est  le  Ményanihe.  V.  Trèfle 
d'eau,  (ln.) 

TRÈFLE  DE  CERF.  C'est  I'Eupatoire  commun,  (ln.) 

TRÈFLE    DE  CHÈVRE.    V.    Ményanthe  a  trois 

FEUILLES,    (ln.) 

TRÈFLE  CORNU.  V.  Lotier  corniculé.  (ln.) 
TRÈFLE  ÉPINEUX   C'est  la  Fagone.  (b.) 
TRÈFLE  DES  JARDINIERS.  C'est  le  Cytise  a  feuil- 
les SESSILES.  (b.) 

TRÈFLE  JAUNE.  Ç'estr  Anthyllide  vulnéraire.  (LN.) 

TRÈFLE  JAUNE.  C'est  le  Lotier  corniculé  ou  des 
PRÉS  ,  Lolus  corniculatus.  (DESM.) 

TRÈFLE  JAUNE  (petit).  C'est  la  Lupuline.  (b.) 

TREFLE  HÈMORROÏDAL.  Le  Lotier  hérissé 
porte  ce  nom.  (b.) 

TRÈFLE  DES  MARAIS,  TRÈFLE  D'EAU  ou  TRÈ- 
FLE DE  CASTOR.  On  donne  vulgairement  ce  nom  au 
Ményanthe  a  trois  feuilles,  (b.) 

TREFLE  MIELLÉ.  C  est  le  Mélilot  bleu.  On  le  donne 
aussi  au  Lotier  corniculé.  (ln.) 

TRÈFLE  MUSQUE.  On  appelle  ansi  le  Mélilot  du 
Pérou.  V.  ce  mot  et  le  mot  Trèfle,  (b.) 

TRÈFLE  NOIR.  Nom  vulgaire  du  Sainfoin  lupuline. 

(b.) 

TREFLE  A  QUATRE  FEUILLES.  C'est  un  Lotier, 
Lotus  tctraphyllus ,  dont  les  feuilles  sont  composées  de  trois 
folioles  et  d'une  seule  bractée,  de  même  grandeur  que  Tune 
des  folioles.  (DESM.) 

TRÈFLE  ROUGE.  V.  Faourche.  (b.) 

TRÈFLE  SAUVAGE  JAUNE.  C  est  le  Lotier  cor- 
niculé. (b.) 

TRÈFLE  SEMEUR.  V.  Trèfle  enterré,  (desm.) 
TREFLE  DE  VIRGINIE.  La  Ptélée  porte  ce  nom. 

(B.) 

TREFLIER.  Nom  vulgaire  du  Chardonneret,  (v.) 
TRÉGUEL.  Oiseau  du  Chili,  de  la  grosseur  du  pigeon  , 


T  R  E  397 

mais  deux  fois  plus  haut  monté ,  à  dos  cendré  ,  h  ventre 
blanc  ,  :i  appendice  osseuse  et  pointue  ,  long  d'un  pouce  au 
pli  de  l'aile.  On  dit  qu'il  niche  dans  le  sable,  (v.) 

TREIGHE.  C'est  la  Guive  draine  ,  dans  quelques can~ 
tons,  (s.) 

TP^EILLIS.  Nom  vulgaire  de  la  Patelle  grecque  (  Pa- 
tella  grœca ,  L.  )  ,  figurée  par  Adanson  sous  le  nom  de  Gi- 

VAL.  (B.) 

TREISIA.  Genre  établi  par  Haworth,  pour  placer  les 
euphorbia  clava  et  histrix ,  Jacq.,  \Villd. ,  qui  difïèrent  des 
autres  espèces  grasses  de  ce  genre  par  les  involucres  tri- 
phylles  ,  à  folioles  atténuées  à  la  base  et  crénelées  dans  leur 
partie  supérieure  ;  et  par  les  stigmates  fourchus,  enroulés, 
dont  l'extrémité  est  presque  globuleuse,  (ln.) 

TRELUS,  TRELUT,  TURLUT.  C'est  I'Alouette 

CUJELIER.  (DESM.) 

TREMA.  Ce  genre  de  plantes,  établi  par  Loureiro,  est 
décrit  à  l'article  Trème.  (ln.) 

TREMADOTES.  Ordre  établi  par  Rudolphi  dans  la 
classe  des  vers  intestinaux.  Il  renferme  ceux  qui  ont  le  corps 
aplati,  ou,  au  plus,  légèrement  cylindrique,  mou,  et  qui 
sont  pourvus  de  suçoirs.  V.  au  mot  Helminthologie.  (b.) 

TRE MAINE.  C'est  le  Trèfle  cultivé  ,  aux  environs 
de  Coutances.  (b.) 

TREMANDRE,  Tremandra.  Genre  de  plantes  établi  par 
R.  Rrown ,  dans  la  famille  de  son  nom.  (b.) 

TRÉMANDRÉE.  Famille  de  plantes  établie  par  R. 
Brown.  Elle  renferme  les  genres  Tétrathèque  et  Tré- 
iWANDre.  C'est  desPoLYGALÉES  qu'elle  se  rapproche  le  plus. 

(B.) 

TREMANTHE  ,  Tremanthus.  V.  FovÉOLAiRE  et  Stri- 

GILE.  (b.) 

TRÉMATE  de  Marcgrave,  et  Tremaée  de  Pison.  La 
plante  qui  porte  ces  noms,  dans  ces  deux  auteurs,  est  le  bac- 
charis  brasiliana^  L.  (ln.) 

TREMATODÉES.  Troisième  ordre  de  la  classe  des 
vers  intestins,  dans  le  Gênera  et  s pe des  entozoorum  de  Rudol- 
phi. Il  renferme   les  genres  Monostome,   Amphistome  et 

POLYSTOME.  (b.) 

TRÉMATODON  ,  Tremalodon.  Genre  de  plantes  établi 
par  Michaux  ,  Flore  de  V  Amérique  septentrionale  ,  dans  la  famille 
des  Mousses  ,  et  qui  se  range  au  nombre  de  ceux  qu'on  a  faits 
aux  dépens  des  Bris  de  Linnaeus. 

Il  offre  pour  caractères  :  un  péristome  simple  à  seize  dénis 
écartées  ,  subulées  ,  droites  et  percées  d'un  petit  trou. 

Ce  genre  ne  renferme  qu'une  esnèce  ,  le  Trématodo!* 


398  T  R  E 

LONGICOLLE,  qui  a  la  lige  courte,  simple,  les  feuillessé  la- 
cées ,  le  pédoncule  Irès-long,  tortueux,  et  l'urne  oLlongue. 
Elle  se  trouve  dans  les  sables  de  la  Caroline. 

Villars,  dans  le  Catalogue  des  plantes  du  Jardin  de  Stras- 
bourg ,  a  figuré  ,  avec  des  détails  fort  étendus ,  la  fructifica- 
tion de  ce  genre,  qu'il  croit  bien  (iistincl  des  DICRA^^ONS. 
V.  Cynodonte.  (b.) 

TRI'^MATOPNËES.  Ordre  de  poissons  établi  par 
Duméril.  Ses  caractères  sont  :  poissons  cartilagineux,  sans 
opercules  ni  menubranes  aux  branchies,  respirant  l'eau  par 
des  Irous  arrondis. 

Les  familles  qui  composent  cet  ordre  sont  celles  des  Cy- 
CLOSTOMEs  et  des  Plagiostomes.  (^b.) 

TREMBLÂlE.  Lieu  planté  de  Trembles,  (b.) 

TPvEMBLANTE.  Voyez  GymnOTE  ÉLECTRIQUE.  On  a 
aussi  donné  le  même  nom  à  la  Torpille,  (b.) 

TREMBLE.  Arbre  du  genre  des  Peupliers.  On  appelle 
aussi  de  même  la  Torpille,  (r.) 

TREMBLEMENS  DE  TERRE.  Phénomène  si  élroi- 
temenl  lié  avec  ceux  des  volcans  ,  que  ce  seroit  s'exposer 
à  des  répétitions  inutiles  que  de  vouloir  en  parler  sépa- 
rément. 

Je  me  contenterai  d'observer  qu'on  donne  une  idée  bien 
fausse  des  tremblemens  de  lerre,  quand  on  dit,  comme  on 
l'a  fait  si  souvent,  qu'ils  engloutissent  des  cités  et  des  régions 
entières. 

Les  tremblemens  de  terre  agitent  en  divers  sens  et  sa- 
coucnt  plus  ou  moins  violemment  les  couches  supérieures  du 
globe;ils  renversent  les  édifices ,  mais  ils  n'engloutissent  rien; 
et  quand  la  secousse  est  passée  ,  le  sol  reprend  son  premier 
niveau  ,  sa  première  solidité.  On  en  a  la  preuve  bien  mani- 
feste dans  les  villes  qui  ont  été  renversées  par  les  plus  furieux 
tremblemens  de  terre  ,  telles  que  Lisbonne  ,  Lima  ,  Messine 
et  tant  d'autres  ,  qu'on  a  réédifiées  sur  l'emplacement  même 
qu'elles  avoient  occupé. 

Les  lieux  les  plus  exposés  aux  tremblemens  de  terre  ,  ceux 
qui  furent  le  plus  ravagés  par  les  volcans,  bien  loin  de  pré- 
senter des  affaissemens  ou  des  contrées  englouties  ,  nous 
montrent  au  contraire  une  augmentation  considérable  dans 
l'élévation  de  leur  sol. 

Les  anciennes  villes  de  Pompéïa  ,  d'Herculanum  et  de 
Stabia  ,  qui  sont  maintenant  à  cent  pieds  sous  terre  n'ont 
pas  été  ,  comme  on  l'a  dit,  abîmées ,  englouties  ;  mais  elles 


T  R  E  399 

ont  été  couvertes  de  cendres  et  des  tufs  vomis  par  le  Vé- 
suve. 

Les  tremblemens  de  terre  ne  sont  occasionés  que  par 
l'aclion  violente  des  fluides  gazeux  qui  circulent  dans  l'écorce 
du  globe,  (pat.) 

•  TREMBLEUR  (  Singe  ).  Espèce  de  Sapajou  ,  décrite 
par  Edwards  sous  le  nom  de  singe  à  queue  touffue^  et  admise 
parLinnseus  sous  le  nom  de  sim'ia  trépida.  M.  Geoffroy  en  fait 
la  cinquième  espèce  de  son  genre  sajou.  V.  au  mot  Sapajou. 

(desm.) 
TREMBLEUR.  On  désigne  ainsi  la  chouette  hulotte  ,   en 
Champagne,  (v.) 

TREMBLEUR.  Nom  donné,  dans  quelques  livres,  au 
StLURE  ÉLECTRIQUE.  V.  Mélaptérure  ,  imprimé  par  erreur 
Malaperture,  (b.) 

TREMBLIN.  La  Brise  petite  porte  ce  nom  dans  quel- 
ques lieux,  (b.) 

TRÈME,  Tréma.  Arbre  de  la  Cochinchine  ,  à  feuilles  al- 
ternes, ovales,  lancéolées  ,  dentées,  velues,  terminées  par 
une  longue  pointe ,  à  fleurs  portées  sur  des  pédoncules  axil- 
laires  ,  qui  forme  un  genre  dans  la  monoécie  pentandrie. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  ;  un  calice  de  cinq  folioles 
lancéolées  ;  point  de  corolle  ;  cinq  étamines  dans  les  fleurs 
mâles  ;  un  ovaire  supérieur  comprimé  ,  à  deux  stigmates 
sessiles  ,  courts  et  velus,  dans  les  femelles;  un  drupe  pres- 
que rond  et  comprimé,  contenant  une  petite  noix  percée  de 
trous,  (b.) 

TRÉMELLE  ,  Tremella.  Genre  de  plantes  cryptogames 
de  la  famille  des  Algues  ,  ou  mieux  d'une  famille  nouvelle 
qui  fait  le  passage  des  Polypes  aux  Champignons,  c'est-à- 
dire  ,  des  animaux  aux  végétaux,  famille  dont  sont  les  Ba- 
trachospermes  ,  les  Gonferves  ,  les  Oscillaires  ,  les 
Ulves,  les  Bysses,  et  peut-être  les  Varecs.  Il  présente 
pour  caractères  :  une  substance  gélatineuse  ,  charnue  ou 
même  cartilagineuse  ,  renfermant  des  tubes  remplis  de  glo- 
bules scminiformes  qui  sortent  de  ces  tubes  à  certaines  épo- 
ques pour  former  de  nouvelles  générations. 

11  est  peu  de  personnes  qui  ne  connoissent  les  trémelles , 
qui  n'aient  remarqué  avec  quelle  abondance  celles  qui  vivent 
sur  la  terre  ou  sur  le  bois  ,  apparoissent  après  les  pluies  dans 
les  allées  des  jardins  ,  sur  les  pelouses  sèches  et  autres  lieux 
où  on  n'en  soupçonnoit  pas  la  veille  ;  la  singularité  et  la 
simplicité  apparente  de  leur  organisation  a  frappé  tous  les 
scrutateurs  de  la  nature  ;   elles  ont  donné  lieu  à  un  grand 


;oo  T  R  E 

nombre  d'écrlls  ,  el  on  leur  a  attribué  des  propriétés  médi- 
cinales très-étendues  ,  la  plupart  fondées  sur  les  rapproche- 
mens  les  plus  absurdes. 

Les  trémelles  varient  beaucoup  dans  leurnature  ,  et  encore 
plus  dans  leurs  formes.  Quelques-unes  sont  constamnient 
simples  ;  d'autres,  divisées  en  plusieurs  lobes  ,  sont  ridées, 
plissées  ,  et  même  branchues  -,  les  unes  sont  unies  ,  les  autres 
parsemées  de  saillies  émoussées  ou  de  pointes  aiguës.  Ces 
dernières  composent  aujourd'hui  le  genre  Tuberculaire  des 
Allemands. 

Parmi  les  auteurs  qui  ont  écrit  sur  les  trémelles ,  les  uns 
les  ont  considérées  comme  des  végétaux  ,  et  les  autres  comme 
des  animaux.  Parmi  ces  derniers  se  trouvent  Girod-Chan- 
tran  et  Vaucher  ;  mais  il  semble  résulter  de  leurs  observa- 
tions que  ces  singulières  productions  ,  n'ayant  de  commun 
avec  les  animaux  qu'un  mouvement  extrêmement  foible 
d'irritabilité  et  d'oscillation  ,  et  une  reproduction  par  bour- 
geons séminlformcs  ou  par  section  à  la  manière  des  polypes  , 
ne  pouvoient  être  séparées  des  végétaux,  dont  elles  forment  , 
avec  les  confeives ,  le  premier  chaînon  ,  c'est-à-dire  ,  celui  qui 
lie  les  algues  avec  les  polypes.  V.  au  mot  Polype  et  au  mot 
Plante. 

Quelques  personnes  penseront  sans  doute  que  ,  puisque 
j'accorde  aux  trémelles  la  faculté  d'être  irritables  et  de  se 
mouvoir,  je  ne  puis  les  séparer  des  animaux,  ces  deux  pro- 
priétés étant  exclusivement  inhérentes  à  ces  derniers;  maison 
peut  leur  faire  observer  qu'une  définition,  quelque  générale- 
ment adoptée  qu'elle  soit ,  n'est  pas  une  autorité  qui  puisse 
anéantir  les  résultats  de  l'observation ,  que  les  trémelles ,  et 
surtout  les  oscillaires  ^  ne  sont  susceptibles  d'irritahilité  el  de 
mouvement  que  comme  les  étamlnes  du  Vinetier  ou  les  fo- 
lioles de  la  Sensitive,  auxquelles  personne  ne  s'est  encore 
avisé  d'appliquer  la  dénomination  d'animaux  ;  une  simple 
action  hygrométrique  peut  occasionner,  ou  mieux  ,  on  peut 
le  dire  avec  assurance ,  occasionne  cet  effet. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  les  trémelles  ont  les  plus  grands  rapports 
avec  les  champignons  et  les  lichens.  Plusieurs  de  leurs  espèces 
ont  même  été  placées  ,  par  quelques  botanistes  ,  dans  ces 
deux  genres.  Elles  en  ont  également ,  el  même  de  plus  grands 
«ncore,  avec  les  BATRACiiosPEKMts,  comme  je  l'ai  observé 
plus  haut.  C'est  ordinairement  en  automne  que  la  plupart 
jettent  leurs  bourgeons  séminlformcs  ;  mais  on  peut  artifi- 
ciellement accélérer  le  moment  de  leur  reproduction,  en  les 
coupant  par  morceaux  ;  car  non-seulement  chaque  morceau 
devient  une  plante  parfaite  ,  mais  les  grains  ,  contenus  dans 


T  R  E  4oï 

leurs  tubes  intérieurs  ,  sortent  par  les  plaies  ,  et  se  dévelop- 
pent sur-le  champ  ,  si  d'ailleurs  les  circonstances  sont  favo- 
rables ,  c'est-à-dire  ,  si  le  temps  est  pluvieux  ou  au  moins 
très-humide.  Ce  développement  a  lieu  par  simple  extension  j 
c'est-à-dire  ,  qu'il  n'y  a  pas  de  changement  de  forme  comme 
dans  la  germination  des  véritables  graines  des  autres  plantes. 

C'est  dans  les  ouvrages  des  botanistes  qu'il  faut  presque 
exclusivement  chercher  des  connoissances  sur  les  trémelles. 
Parmi  les  Français  ,  ceux  de  BuUiard  méritent  d'être  con- 
sultés de  préférence  ,  à  raison  de  leur  exactitude  et  des  excel- 
lentes figures  qui  les  enrichissent. 

Les  auteurs  ont  décrit  ou  figuré  plus  de  cinquante  espèces 
de  trémelles  ;  mais  il  est  probable  que  ,  dans  ce  nombre  ,  il 
en  est  plusieurs  qui  ne  sont  que  des  variétés.  On  n'a  pas  de 
point  fixe  d'après  lequel  on  puisse  partir  pour  établir,  dans 
ce  genre,  la  certitude  qui  existe  dans  la  plupart  des  autres. 
La  forme  et  la  couleur  ne  peuvçntêtre  employées  sans  erreur: 
la  consistance  ne  peut  pas  Têtre  davantage.  Il  faut  nécessai- 
rement faire  usage  du  microscope  et  les  observer  à  différentes 
époques  ,  à  la  manière  de  Vaucher  ,  pour  se  faire  une  idée 
de  leur  composition  intérieure  »  ce  qui  n'est  pas  toujours 
facile. 

"Vaucher  a  divisé  ce  genre  en  deux  ,  l'un  qu'il  appelle 
KosTOC  ,  et  l'autre  Osciixaire. 

On  a  depuis  établi  à  leurs  dépens  les  genres  Acrosperme, 
LiMKiE,  PucciNiE  et  GymîSiosporaisge. 

Les  genres  IsAiREet  CÉRATiONs'en  rapprochentbeaucoup. 

BuUiard  a  réduit  à  seize  celles  qu'on  rencontre  aux  envi- 
rons de  Paris  ,  et  parmi  elles  il  en  est  quelques-unes  qui  y 
sont  très-rares.  Les  plus  communes  sont  : 

LaTRÉMELLE  nigrescente,  qui  forme  des  espèces  débou- 
tons irréguliers  ,  ordinairement  arrondis  et  un  peu  aplatis  ^ 
d'abord  fermes  et  rouges  ,  mais  qui  ensuite  s'amollissent  et 
deviennent  noirs  comme  de  l'encre.  Elle  se  trouve  très- 
abondamment  sur  le  bois  mort.  Il  n'est  personne  qui  n'ait 
été  dans  le  cas  de  la  voir  sur  les  bûches  de  son  foyer  ou  sur 
les  arbres  de  son  jardin.  C'est  une  Tuberculaire  dans  les 
auteurs  allemands. 

La  Trémelle  cérébrine  est  ordinairement  fort  grande 
sa  chair  est  gélatineuse  ,  épaisse  et  sans  aucune  division  in- 
terne ;   sa  surface  est  creusée  de  sillons  tortueux  plus  ou 
moins  profonds.  Elle  ne  se  trouve  que  sur  les  bois  morts  ou 
mourans  ,  et  varie  beaucoup  de  forme  et  de  couleur. 

La  Trémelle  verte  ,  ou  trémelle  nosioc ,  est  formée  d'une 
substance  gélatineuse  qui  croque  sous  la  dent  comme  un  car- 


xxxiy 


4o2  T  R  E 

tilage.  Elle  est  toujours  verdâtre  ,  fort  mince  ,  différemment 
plissée,  et  comme  ondulée.  Ordinairement  sa  largeur  est  de 
deux  à  trois  pouces  ;  ses  bords  sont  irrégulièrement  sinués ,  et 
elle  n'a  jamais  de  base  radicale. 

Cette  trémelle  se  trouve  toujours  sur  la  terre.  Elle  varie  ex- 
traordinairement.  Dans  les  temps  secs  ,  elle  est  noire  et  ré- 
duite à  un  si  petit  volume  ,  qu'on  a  de  la  peine  à  l'aperce- 
voir. Des  terrains  en  sont  quelquefois  couverts.  C'est  celle 
à  laquelle  on  attribue  des  vertus  médicinales  ,  et  sur  laquelle 
on  a  fait  le  plus  d'expériences.  Son  organisation  est  un  peu 
différente  de  celle  des  autres 

La  Trémelle  mésentériforme  a  sa  substance  gélatineuse, 
élastique  comme  un  cartilage  ;  elle  est  toujours  plus  ou  moins 
profondément  partagée,  et  souvent  jusqu'à  sa  base,  en  plu- 
sieurs lobes  minces  ,  diversement  plissés  et  qui  imitent  ordi- 
nairement ,  par  leur  agrégation  ,  ce  qu'on  appelle  le  mé- 
sentère. Ses  semences  sont  insérées  sur  des  filamens  diverse- 
ment entrelacés.  Elle  ne  se  trouve  jamais  que  sur  le  vieux 
bois,  et  varie  à  l'infini  dans  sa  forme  ,  ses  dimensions  et  ses 
couleurs.  Celle  qui  est  violette  donne  à  l'eau  où  on  la  plonge 
une  belle  nuance  de  bistre  rougeâtre. 

La  Trémelle  pédicellée,  que  j'ai  décrite  et  figurée  dans 
les  Mémoires  de  C Académie  de  Berlin,  est  portée  sur  un  pédi- 
cule fistuleux,sillonné,  visqueux.  On  peut  la  constituer  en  genre. 
C'est  dans  les  lieux  sablonneux  de  la  Basse-Caroline  qu'elle 
se  trouve  au  printemps.  Celle  que  j'ai  également  décrite  et 
figurée  pi. XI  àaBulletin  des  Sciences  par  la  Société  philomathi- 
que ,  sous  le  nom  de  conferva  incrassata ,  et  que  j'ai  trouvée 
dans  l'eau,  fait  aujourd'hui  partie  du  genre  Rivulaire.  (b.) 

TREMÈNE.  Le  Trèfle  cultivé  porte  ce  nom  dans 
quelques  cantons,  (b.) 

TRÉMEX,  Tremex.  Genre  d'insectes  hyménoptères  éta- 
bli par  M.  Jurine  ,  et  qui  comprend  les  urocères  de  Geoffroy 
ou  les  sirex  de  Linnaeus  ,  dont  les  antennes  sont  filiformes , 
plus  courtes  que  la  tête  et  le  corselet ,  de  treize  à  seize  ar- 
ticles ,  et  dont  les  ailes  supérieures  ont  trois  cellules  cubi- 
tales ,  avec  la  dernière  incomplète,  atteignant  le  bout  de 
l'aile. 

Les  sirex  magus  ,/uscicornis  ,  columba ,  flacicomis  ,  etc.  ,  de 
Fabricius ,  sont  des  irémex.  V.  Urocère.  (l.) 

TREMME.  L'un  des  noms  patois  de  I'Agrostide  sto- 

LONIFÈRE.   (DESM.) 

TREMOIS.  r.  Traimois.  (b.) 


T  R  E  4o3 

TRÉMOISE.  Nom  de  la  Raie  torpille  ,  à  Bordeaux. 

(DESM.) 

TREMOLITE.  Le  Père  Fini ,  et,  d'après  luî,  Saussure  , 
ont  donné  ce  nom  à  un  minéral  qu'ils  ont  observé  au  Saint- 
Golhard  ,  dans  la  vallée  de  Trémola  ,  dont  ils  lui  ont  donné 
le  nom.  Werner  s'est  empressé  de  l'admettre  dans  sa  mé- 
thode ,  en  lui  conservant  le  nom  de  trémolite.  M.  Haiiy  ,  qui 
l'avoit  aussi  admis  comme  espèce  ,  lui  donna  le  nom  de 
Grammatite  (  V.  ce  mot),  mais  ensuite  il  l'a  réuni  à  l'am- 
phibole. Cette  réunion  n'a  pas  été  adoptée  par  les  natura- 
listes étrangers.  M.  de  Bournon,  dans  l'excellent  cata- 
logue de  sa  collection  ,  a  donné  «me  notice  intéressante 
sur  la  trémolite  qui,  selon  ses  observations ,  diffère  cris- 
tallographiquement  de  l'amphibole.  M.  Berzelius  pense 
que  chimiquement  ,  ces  deux  subslances  ne  sont  point  les 
mêmes.  La  trémolite  se  trouvant  décrite  implicitement  avec 
l'amphibole  ,  nous  y  renvoyons  le  lecteur,  (ln.) 

TREMONE.  L'un  des  noms  normands  du  Trèfle  les 

PRÉS.  (DESM.) 

TRÉMOUL.  Nom  languedocien  du  Tremble  ,  espèce  de 
Peuplier,  (desm.) 

TRÉMOULETTL  A  Marseille,  c'est  un  des  noms 
qu'on  donne  à  la  Torpille,  (desm.) 

TRÉMOULINO.  Selon  M.  Risso  ,  c'est  le  nom  nicéen 
de  sa  Torpille  marbrée,  (desm.) 

TRÉMOULO.  La  Torpille  porte  ce  nom  à  Marseille. 

(B.) 

TREMULA.  Nom  donné  par  les  Latins  au  peuplier 
tremble  (popuhis  iremula,  L.  ) ,  parce  que  ses  feuilles, 
portées  sur  des  pétioles  comprimés ,  sont  agitées  par  le 
eéphyr  le  plus  léger.  V.  Tremble,  (ln.) 

TREMULARIA  etTREMULA.  Ces  noms  ont  été  don- 
nés aux  graminées  du  genre  briza  ,  parce  que  les  épillets 
pendent  après  des  pédicelles  capillaires,  et  sont  balancés 
par  la  moindre  agitation  de  l'air.  Ces  plantes  sont  les  gramsn 
tremulum  de  C  Bauhin,  Scheuchzer,  etc. ,  et  ce  qu'on  appelle 
vulgairement  amoMreft(?5.  Heisler  leur  donne  le  nom  de  ire- 
mularia ,  L.  (ln.) 

TREMULOSA.  Nom  de  la  Torpille  narke  ,  aux  îles 
Baléares  ,  selon  Delaroche.  (desm.) 

TRENCO  L'AIGO.  V.  Trenkieiro.  (desm.) 

TRENKIEIROou2Ve«co-/'a%^o,  C'est  la  petite  Crevette 
d'eau  douce,  (desm.) 

TRENTANELLE.  Nom  du  Sumach  fustet.  (b.) 

TRENTEPOHLLA..  Genre  de  plantes  crucifères  établi 


4o4  T  R  E 

par  Rotli ,  et  qui  diffère  à  peine  de  Vliellophila  dont  il  faisoit 
même  partie  ,  étant  fondé  sur  Vliellophlla  pinnaia  ,  L.  ,  qui  se 
distingue  par  son  calice  privé  de  ces  fossettes  vésicuieuses  , 
c(ui  s'observent  à  sa  base  dans  les  autres  espèces  ;  par  ses  deux 
glandes  centrales  qui  ne  sont  pas  recourbées,  rnals  droites  ; 
et  par  la  silique  qui  est  lobée  comme  la  gousse  de  Vhedysa- 
Tum  ranadense.  (ln.) 

TREOULI.  Nom  du  Trèfle  ,  aux  environs  de  Marseille. 

(B.) 
TREPAN.    Nom  d'une  espèce  d'HoLOTHURiE,  dont  on 
fait  grand  cas  en  Chine.  On  Tappelle  aussi  Boluté.  (b.) 

TREPO-CHIVAL.  En  Languedoc  ,  on  nomme  ainsi 
TEcHiNOPS  et  le  Chardon  J)e  Malte  ,  à  fleur  jaune  ei  à  ra- 
cine de  roquette,  (des ai.) 

TREPPENKIESS.  Dansles  mines  du  Hartz ,  on  donne 
ce  nom  au  Fek  sulfuré  concrétiotsné.  (ln.) 

TRERON.  Nom  grec  appliqué  au  pigeon  d'après  sa  timi- 
dité. Je  Tavois  adopté  dans  l'analyse  de  mon  Ornithologie 
élémentaire  ,  pour  une  division  générique  de  pigeons;  mais 
dans  ce  Dictionnaire,  les  individus  auxquels  je  l'avois  imposé, 
composent  la  section  B  des  Pigeons.  V.  ce  mot,  (v.) 

TRESAR.  C'est  le  Froment  de  Mars  aux  environs  de 
Genève,  (b.) 
TRESCALAN.  V.  Trascalan.  (desm.) 
TRESCAL/VN  JAUNE.   C'est  un  des  noms  patois  du 
Millepertuis.  Trescalan  rouge  est  celui  de  la  Petite  cen- 
taurée, (desm.) 

TRÈS-GRAND.  Nom  d'un  Squale  Voyez  les  mots 
Squale  et  Requin,  (b.) 

TRES  I JBRAS.  A  Iviça  ,  l'une  des  îles  Baléares  ,  c'est 
le  nom  de  I'Holocentre  siagonote.  (desm.) 

TRÉSOR.  Variété  de  poire  ^  aussi  appelée  Poire  d'amour. 
V.  Poirier,  (desm.) 

TRESPE.  Nom  allemand  des  Bromes  (B^mw^),  dans 
Wiildenow.  (ln.) 

TRESSEAU  ou  BOURGUIGNON.  Variété  de  Rai- 
sin. V.  Vigne,  (desm.) 

TRESSOL.  En  Languedoc,  ce  nom  est  employé  pour 
désigner  le  meilleur  blé  ^  le  pur  froment,  (desm.) 

TRETORRIilZA  de  Renaulme.  C'est  la  Gentiane 
CROISETTE  A  GRANDES  FLEURS  ,  type  du  genre  tretorrhiza 
d'Adanson  ,  caractérisé  par  le  calice  à  quatre  divisions  iné- 
gales, dont  deux  plus  petites;  par  la  corolle  à  tube  long,  à 
quatre  divisions  et  quatre  dents  ;  par  les  étamines ,  au  nombre 
de  quatre  ;  par  un  style  à  deux  stigmates  lamelliformes,  (ln.j 


T  R  E  i^oS 

TRÉ-TRÊ-TRÉ.  C'est  un  quadrupède  qui,selonriaccourt 
(  Voyage  à  Madagascar  ,  p.  i5i  )  ,  est  gros  comme  un  veau  de 
deux  ans;  il  a  la  têle  ronde  et  une  face  d'homme;  les  pieds 
de  devant  et  de  derrière,  comme  un  singe  ;  le  poil  frisotté  ; 
la  queue  courte  ;  les  oreilles  comme  celles  de  l'homme.  C'est 
un  animal  solitaire  ;  les  gens  du  pays  en  ont  grand'peur.  Il 
y  a  tout  lieu  de  croire  que  cet  animal  est  un  singe ,  du  genre 
des  mandrills  ou  de  celui  des  macaques;  cependant,  aucun 
voyageur  moderne  n'a  indiqué  de  vrai  singe  dans  l'île  de  Ma- 
dagascar, tandis  que  la  famille  presque  entière  des  makis 
semble  y  être  confinée,  (desm.) 

ÏREVIRANA.  Rolh  et  Willdenow  ont  donné,  chacun 
de  leur  côté ,  ce  nom  qui  rappelle  celui  de  M.  Treinramis , 
célèbre  botaniste  ,  à  deux  genres  de  plantes  qui  ont  reçu 
également  d'autres  dénominations. 

Le  tre^irana  de  Rolh  est  Vhornemannia  de  AVilldenovv  , 
fondé  sur  Xegratiola  bicolor  d'Hornemann  ,  que  M.  Decan- 
doUe  soupçonne  n'être  qu'une  espèce  de  L'uidemia. 

î^e  irevirana  de  Willdenow  est  fondé  sur  le  columnea  cocci- 
nea  ,  Lk  ,  qui  est  Vachînienes  minor ,  Brown.  ,  Jam.  ;  Yachi- 
menés  coccinea,  Pers.  ;  le  cyrUla  pidcheUa^  Lhérit.  ,  etc.; 
de  tous  ces  noms,  celui  à^achimenes  est  le  plus  anciennement 
appliqué  à  ce  genre,  (ln.) 

TREVOUXIA,  Nom  donné,  par  Scopoli ,  au  genre 
turia  de  Forskaël.    V.  TuRiE.  (ln.) 

TREYIA.  Ce  genre  de  plantes  est  consacré,  par  Linneeus, 
à  la  mémoire  de  Jacques-Christophe  Trew ,  médecin  de 
Nuremberg,  qui  ,  vivait  dans  le  siècle  dernier.  Entre  autres 
travaux  ,  il  publia  un  ouvrage  en  deux  volumes  ,  très-grand 
in-folio  ,  où  sont  représentées  ,  avec  to»t  le  luxe  possible  et 
coloriées,  les  plantes  qu'il  eut  occasion  de  voir  fleurir,  et 
qui  se  font  remarquer  par  leur  beauté.  Il  en  figura  de  nou- 
velles et  de  très-rares.  Ces  figures  furent  gravées  sur  les  des- 
sins d'Ehret. 

Ce  genre  est  nomme  kanschi  par  Adanson.  Vahl  y 
ramène  le  rutilera  de  Willdenow  ,  décrit  dans  le  Journal  de 
Goltingue  ;  on  y  apporte  aussi  le  tetragasiris  de  Gœrtner ,  et  le 
mallotiis  de  Loureiro,  (ln.) 

TREWIE,  Trewia.  Genre  de  plantes  de  la  dioécie  polyan- 
drie ,  qui  renferme  deux  arbres  des  Indes  ,  à  feuilles  alternes 
et  à  fleurs  disposées  en  grappes.  Il  offre  pour  caractères  : 
dans  les  pieds  mâles  ,  un  calice  de  trois  folioles,  et  un  grand 
nombre  d'étamines  ;  dans  les  fleurs  femelles,  un  calice  à 
quatre  divisions ,  un  ovaire  supérieur  surmonté  d'un  style  à 
quatre  stigmates  plumeux. 


^o5  TRI 

Le  fruit  est  une  capsule  à  quatre  loges,  à  quatre  valves  ,  et 
à  quatre  semences. 

Ce  genre,  a  éié  appelé  Rottlere  par  Willdenow  ;  Te- 
TRAGASTRE  par  Gœrlner  ,  et  Malotte  par  Loureiro  ;  mais 
il  y  a  un  autre  Rottlere  adopté  depuis  par  Willdenow.  (b.) 

TRIACANTHK,  Triurunthus.  Sous-genre  établi  parmi 
les  Balistes,  par  Cuvier.  Ses  caractères  sont  :  trois  ou  quatre 
rayons  épineux  à  la  première  nageoire  dorsale  ;  des  espèces 
de  nageoires  ventrales  soutenues  par  un  seul  rayon  épineux 
çt  adhérentes  à  un  bassin  non  saillant.  Le  Baliste  fiiiViA- 
CULÉ  fait  partie  de  ce  sous-genre,  (b.) 

TRIACKNE,  Triir.lme.  Genre  de  plantes  établi  par 
H.  Cassini  ,  dans  la  famille  des  synanlhérées  ,  et  dans  la 
tribu  des  nassauvies;  il  diffère  du  CALOPriLiON  de  Lagasca, 
par  l'aigrette  formée  de  trois  écailles  caduques ,  membra- 
neuses, coriaces,  linéaires  inférieurement,  ovales supérieu- 
rentïcnt. 

La  Triachne  pygmée  ,  seule  espèce  de  ce  genre  ,  est  origi- 
naire du  détroit  de  M.igellan.  (b.) 

TRIADA.  Hermolaiis  donne  ce  nom  et  celui  deTAURA  , 
à  Vanemune  hépatique.  C'est  le  trias  de  Césalpin  ,  le  genre 
isopynim  d'Adanson  ,  et  ïhepatica  de  Decandolle.  (lis.) 

TRIADENUAJ.  Genre  de  plantes  établi  par  Rafmesque, 
et  qui  a  pour  type  Vhyppricum  virgiidaim  ,  L.  ;  mais  ce 
genre  a  déjà  été  nommé  gardénia  ;  il  tire  son  caractère  essen- 
tiel de  ses  élamines,  dont  les  filamens,  au  nombre  de  neuf, 
forment  trois  groupes  distincts  alternes,  avec  autant  de  glan- 
des obtuses,  épaisses,  convexes  en  dehors  et  concaves  en 
dedans;  les  fleurs  sont  d'un  rouge  pâle  ,  contre  lordinaire 
des  (leurs  des  autres  espèces  d'hypericum  dont  la  couleur  est 
le  jiune.  (l-^^) 

TRIADIQUE,  Triadica.  Genre  de  plantes  établi  par 
Loureiro  dans  la  dioécie  diandrie,  et  de  la  famille  des  eu- 
phorbes. 11  présente  pour  caractères  :  des  chatons  filiformes, 
nus,  chargés  de  tubercules  polyflores;  un  calice  très-petit, 
divisé  en  trois  parties;  point  de  corolle;  deux  éiauiines 
aplaties,  très-courtes  dans  les  fleurs  mâles;  un  ovaire  su- 
périeur, à  style  épais  et  à  trois  stigmates  oblongs  dans  les 
fleurs  femelles  ;  une  baie  presque  ronde  ,  à  trois  lobes  et  à 
trois  loges  monospermes. 

Ce   genre  renferme    deux  espèces,   qui  sont   de  grands 
arbres  à  feuilles  alternes,  ovales,  entières,  et  à  épis  pres- 
que terminaux  ,  qui  naissent  à  la  Cochinchine  et  à  la  Chme  , 
et   qui  ne^  présentent  rien  de  remarquable,  (b.) 
TRIAÊNE ,  Triœna.  Plante  annuelle  des  montagnes  du 


TRI  /^o7 

Mexique  ,  qui,  seule,  constitue  un  genre  dans  la  Iriandrie 
digynie  ,  et  dans  la  famille  des  graminées. 

On  lui  a  reconnu  les  caractères  suivans  :  épillets  de  deux 
fleurs  ,  l'une  hermaphrodite ,  et  l'autre  stérile  et  à  trois 
arêtes  ;  balle  calicinale  de  deux  valves  ,  l'inférieure  arls- 
tée  ;    balle  florale  de  deux  valves  rautiques. 

La  Triaéne  a  grappes  est  figurée  pi.  6i  du  bel  ouvrage 
de  MM,  Humboldt ,  Bonpland  et  Kunth  ,  sur  les  plantes 
de  l'Amérique  méridionale,  (b.) 

TRIANDRIE.  C'est  le  nom  que  Linnseus  a  donné  à  la 
troisième  classe  de  son  système  de  botanique,  c'est-à-dire  , 
à  celle  qui  renferme  les  plantes  à  trois  étamines.  On  y  re- 
marque principalement  une  famille  très-naturelle,  celle  des 
Graminées  (  V.  ce  mot).  Cette  classe  renferme  des  plantes 
monogynes  ,  digynes  et  trigynes,  V.  le  mot  Botanique,  (b,) 

TRIANGULAIRE.  Poisson  du  genre  Ostracion.  (b.) 

TRIANGULAIRE,  C'est  le  laceria  nilotica  àe  lÀnnxui. 
V.  au  mot  Lézard,  (b.) 

TRIANGULAIRES.  Cinquième  section  du  genre  cancer 
de  Linnseus  ,  renfermant  les  genres  maintenant  admis  sous 
les  noms  d'iNACHUs,  de  Lithode  ,  de  Macropode  ,  de  Pac- 
tole ,  de  DoCLÉE ,  de  Mithrax  ,  et  de  Parthénope.  (desm.) 

TRIANISITES.  Genre  de  fossiles  décrit  par  M,  Rafi- 
nesque,  mais  trop  imparfaitement  pour  qu'on  puisse  l'ad- 
mettre dès  à  présent.  C'est ,  dit-il ,  un  corps  flottant,  divisé 
inférieurement  en  trois  parties  inégales  ,  celle  du  milieu 
ayant  une  bouche  terminale  ,  entourée  de  deux  faisceaux  de 
tentacules.  Ce  fossile  a  été  trouvé  dans  la  pierre  calcaire 
cristallisée  du  Kentucky.  M.  Rafinesque  pense  qu'il  a  quel- 
que affinité  avec  les  méduses,  (desm.)^ 

TRIANTHEME,  Trianthema.  Genre  de  plaides  de  la  dé- 
candrie  digynie  et  de  la  famille  desportulacées,  qui  offre  pour 
caractères  :  un  calice  à  cinq  découpures  colorées  intérieure- 
ment ,  mucronées  au-dessous  de  leur  sommet;  point  de  co- 
rolle: cinq  ou  dix  étamines  ;  un  ovaire  supérieur,  surmonté 
d'un  à  deux  styles;  une  capsule  oblongue,  entourée  dans  sa 
partie  inférieure  par  la  base  du  calice  ,  tronquée  à  son  som- 
met,  s'ouvrant  circulairement ,  biloculàire,  et  contenant^ 
dans  chaque  loge ,  deux  semences  au-dessus  l'une  de  l'autre. 

Ce  genre  ,  aux  dépens  duquel  a  été  constitué  celui  appelé- 
Gymnocarpon  ,  renferme  des  plantes  à  feuilles  opposées  , 
dont  une  plus  petite  ;  à  fleurs  axillaires ,  rapprochées  trois 
par  trois  ,  et  sessiles.  On  en  compte  sept  espèces  ,  parmi  les- 
quelles se  trouvent  la  Populaire  et  la  Gymnocarpe  de  Fors- 
kaël.La  seule  espèce  de  ce  genre  qu'on  cultive  dans  les  jardins 


4o8  TPI 

de  botanique,  est  la  Tota^thème  monogyne  ,  qui  a  les  fleurs 
penlandres  et  monogynes.  Elle  est  anuelle ,  et  se  trouve 
dans  les  îles  de  rAniérique.  (B.) 

TRIAINTHÈRE,  TriantUem.  Genre  de  graminées  établi 
par  Desvaux,  sur  une  seule  espèce,  le  Tri  anthère  jonc. 

Il  offre  pour  caractères  :  des  épillets  unilatéraux  ;  une  balle 
calicinale  de  deux  valves  courtes,  renfermant  deux  (leurs, 
l'une  fertile  composée  par  deux  valves,  dont  l'inférieure  est  à 
Irois  dents ,  chacune  terminée  par  une  petite  soie  ,  et  dont  la 
supérieure  est  entière  ;  l'inférieure  est  avortée  et  formée  par 
deux  rudimens  de  valves  terminées  par  trois  soies,  (b.) 

TRIAS  ou  THRYAS.  Anciens  noms  grecs  de  V epimedion , 
de  Dioscoride.  V.  Triada.(ln.) 

TRIBADES.  Il  faudroit  couvrir  d'un  voile  éternel  les 
foiblesses  ,  ou  plutôt  les  turpitudes  qui  dégradent  l'espèce 
humaine  ;  mais  puisque  enfin  elles  sont  connues  et  publiées  , 
daus  d'autres  ouvrages  de  la  nature  de  celui-ci,  on  nous  ac- 
cuseroil  d'inexactitude  si  nous  les  passions  sous  silence  ,  et  il 
est  peut-être  utile  aux  mœurs  de  jeter  de  la  lumière  sur  tous 
ces  vices ,  qu'une  ardeur  désordonnée  de  l'amour  engendre 
dans  notre  seule  espèce.  Saint  Paul  n'a  pas  craint  d'attaquer 
publiquement  ce  vice  dans  son  épître  aux  Romains,  C.  i.*"^, 
vers.  26,  lorsqu'il  dit  :  Aussi  Dieu  les  a-t  il  livrés  à  des  passions 
Jionteuses  :  car  ,  parmi  eux ,  les  femmes  ont  changé  f  usage  qui  est 
conforme  à  la  nature^  en  un  autre  qui  est  contre  nature.  Saint  Jé- 
rôme ,  avec  sa  véhémence  ordinaire  ,  leur  adresse  des  repro- 
ches encore  plus  amers,  de  même  que  Sénèque  le  philosophe, 
et  le  mordant  Juvénal. 

Le  mot  pibade  {fricatrix  ,  c'est-à-âWeJrotieuse),  vient  du 
verbe  grec  rfiiZa  ,  friro  ;  il  est  connu  dans  le  langage  vulgaire 
sous  celui  de  rihaude  ,  qui  signifie  non-seulement  une  femme 
débordée,  mais  encore  celles  qui  abusent  de  leur  sexe.  La 
passion  qui  les  entraîne  à  cet  excès  dépend  quelquefois  en 
faraude  partie  d'une  conformation  particulière.  Il  y  a  des 
femmes,  en  quelques  pays  chauds  surtout,  chez  lesquelles 
le  clitoris  prend  un  accroissement  et  une  grandeur  remar- 
quables ;  et  cet  or.gane  si  sensible  ,  qui ,  dans  la  plupart  des 
femmes  ,  n'est  guère  que  de  la  grosseur  d'un  pois  ,  devient 
long,  grand  et  saillant,  presque  autant  que  la  verge  d'un  hom- 
me. Plusieurs  anatomistes  en  citent  des  exemples.  On  a  mê- 
me vu  une  femme  ayant  un  clitoris  long  comme  le  cou  d'une 
oie  ,  selon  l'expression  de  l'observateur.  Chez  d'autres ,  on 
J'a  trouvé  de  la  longueur  de  trois,  de  quatre  ,  de  six  et  même 
|le  huit  pouces,  et  d'une  grosseur  proportionnée. 

Qq  sfiit  que  je  clitoris  a  généralenaent  la  forme  de  la  verge 


TRI  409 

àe  rhomme  ,  qu'il  est  susceptible  d'érection  comme  elle,  et 
que  son  gland  ou  sa  partie  supérieure  jouit  d'une  sensibilité 
exquise,  et  si  vive,  qu'elle  met  les  femmes  hors  d'elles-mêmes 
lorsqu'on  touche  amoureusement  cet  organe  ;  aussi  l'a-t-on 
nommé  œsfrurn  arnoris,  l'aiguillon  de  Tamour.  Il  y  a  des 
femmes  d  une  constitution  masculine  ,  et  qu'on  appelle  Nom- 
masses (^v/'ragi'nes)  :  la  chaleur  et  la  force  du  tempérament 
développent,  dans  ces  personnes,  les  parties  sexuelles  d'une 
manière  ejftraordinaire ,  ce  qui  leur  donne  en  même  temps 
des  habitudes  masculines  ,  une  voix  forte  ,  des  membres  car- 
rés ,  velus  et  robusies  ,  quelquefois  de  la  barbe  ,  des  passions 
ardentes  ,  irascibles;  elles  tiennent  encore  de  Thomme  en  ce 
qu'elles  aiment  les  femmes.  C'est  ainsi  que  les  poules  ,  qui  ont 
vaincu  des  chapons  ,  deviennent  non  seulement  aussi  hardies 
que  les  coqs,  dont  elles  imitent  le  courage  ,  mais  elles  mon- 
tent même  sur  les  poules  comme  pour  les  cocher.  D'ailleurs  , 
les  femmes  à  grand  clitoris  ne  peuvent  pas  se  joindre  à  l'hom- 
me aussi  bien  que  les  autres  femmes  ,  parce  qu'entrant  en 
érection  dans  l'acte  vénérien,  elles  semblent  se  présenter 
au  combat  avec  des  armes  égales  ,  et  menacer  leur  adversaire 
d'une  pareille  attaque. 

Peut-être  que  l'habitude  honteuse  que  contractent  certai- 
nes jeunes  filles  de  se  toucher  déshonnetement ,  contribue  à 
développer  outre  mesure  leurs  parties  naturelles,  en  y  déter- 
minant un  afflux  d'humeurs  ,  surtout  à  l'époque  de  la  puberté. 
C'est  pourquoi  il  est  bien  important  de  veiller  de  près  sur  les 
personnes  de  cet  âge  ,  principalement  dans  les  pays  chauds  , 
où  les  passions  sont  plus  ardentes  et  le  tempérament  plus 
précoce.  On  prétend  que  cette  conformation  vicieuse  est  si 
commune  en  Orient,  qu'il  y  a  des  femmes  qui  font  le  métier 
d'amputer  cette  partie  aux  jeunes  filles.  Ces  vieilles  châlreu- 
ses  vont ,  dil-on  ,  dans  les  rues  en  criant  :  cfui  veut  être  coupée  ? 
Voilà  du  moins  ce  que  racontent  plusieurs  voyageurs,  comme 
Sonnini;  au  reste, on  ampute  également  une  portion  des  nym- 
phes, dont  la  longueur  hors  du  vagin  devient  gênante,  surtout 
chez  les  Hottenlotes, 

11  est  vrai  que  dans  les  pays  oii  la  polygamie  est  en  usage  , 
les  harems  ou  sérails  sont ,  pour  de  jeunes  femmes  destinées 
à  y  finir  leurs  jours  ,  une  vraie  école  de  libertinage  et  d'impu- 
dicités  ;  car  on  leur  apprend  à  réveiller  ,  par  toutes  sortes  de 
voluptés,  l'amour  épuisé  de  leurs  époux,  et  ces  malheureuses 
esclaves  tâchent  de  se  dédommager  entre  elles  de  la  con- 
trainte et  de  la  privation  des  plaisirs  où  elles  languissent. 
C'est  surtout  parmi  les  bains  qu'elles  se  livrent  à  toute  la 
foreur  de  leurs  désirs  ;  et  leurs  voluptés ,  non  trop  secrètes  , 


4io  T  R  I 

sont  sévèrement  réprimées  quand  elles  sont  connues.  Bus- 
bèque  rapporte  qu'une  turque,  venant  de  recevoir  l'approche 
de  son  mari ,  courut ,  encore  tout  ardente  de  plaisir,  abuser 
d'une  de  ses  compagnes ,  à  la  manière  des  tribades  ;  cette  der- 
nière recevant  la  semence  que  l'autre  avoit  reçtie  de  son 
mari ,  en  devint  enceinte  ,  sans  avoir  admis  elle-même  aucun 
homme.  Cette  transfusion  séminale  ,  si  elle  est  vraie  ,  prouve 
que  le  sperme  garde  sa  qualité  fécondante  pendant  quelque 
temps  ;  aussi  l'abbé  Spallanzani  féconda  des  chiennes  artifi- 
ciellement avec  le  sperme  du  chien. 

.  Au  reste  ,  la  conformation  de  ces  tribades  se  rapproche  de 
celle  des  hermaphrodites,  parce  que  leur  clitoris  ressemble 
à  la  verge  humaine  ,  quoique  l'exlrémilé  du  gland  n'en  soit 
pas  perforée  comme  chez  l'homme  ,  et  n'éjacule  point  de 
sperme.  Ces  prétendus  Hermaphrodites  (  F.  ce  mot  )  sont 
plus  communs  dans  les  pays  chauds  que  dans  les  climats 
froids,  et  les  femmes  y  sont  souvent  tribades  et  hummasses  , 
parce  que  la  chaleur  développe  extrêmement  les  organes 
sexuels  et  les  passions  amoureuses  de  ce  .^ene  On  a  luitme 
remarqué  depuis  long-temps  que  celles-ci  étoienl  plus  por- 
tées au  plaisir  vénérien  en  été  ({u"en  hiver,  tandis  qi)e  c'est 
le  contraire  dans  les  hommes  ,  parce  que  la  grande  chaleur 
abat  leurs  forces;  au  contraire,  elle  di-îsipe  l'humidité  et  la 
froideur  naturelle  du  corps  (éminin  ;  ce  qui  le  rend  ensuite 
plus  propre  à  ressentir  l'aiguillon  de  l'amour. 

Et  tenel  adsuclis  humeclans  oscula  labris  ; 

Et  communia  q;i3erens 

Gaudia  ,  sollicitât  spalium  decunere  anioris. 
LucRET.  1.  I. 

L'abus  que  les  femmes  font  des  personnes  de  leur  sexe 
paroît  donc  dépendre  plutôt  d'un  vice  de  conformation,  que 
l'abus  contre  nature  que  l'homme  fait  du  sien  ;  celui-ci  n'est 
même  excusable  par  aucune  considération,  et  toutefois  ces 
deux  dépravations  sont  d'autant  plus  communes  dans  les  pays 
chauds,  que  l'union  des  sexes  y  est  plus  facile.  C'est  peut-être 
cet  excès  de  facilité  qui  éloigne  les  désirs  ,  parce  que  la  pu- 
deur est  le  premier  des  attraits  du  plaisir  ,  et  que  des  jouis- 
sances perdent  tout  leur  prix  par  leur  trop  grande  répétition. 
Comme  legoûtrassassic  recherche  des  alimens  étrangers,  qui 
puissent  le  réveiller,  de  même  la  satiété  d'amour  engendre 
tous  ces  vices  honteux  et  ces  détestables  turpitudes  danslesquel- 
Ics  l'espèce  humaine  se  plonge.  Aussi  les  animaux,  qui  n  a- 
busent  jamais  de  l'amour,  ignorent  ces  dépravations.  En 
outre ,  les  réunions  des  personnes  d'un  seul  sexe  dans  les  cou- 


T  RI  ^11 

vens,  les  sérails,  les  maisons  de  r*?clusion,  etc.,  peuvent  pro- 
duire de  graves  inconvéniens  pour  l'état  moral  de  ces  indi- 
vidus .  surtout  dans  les  régions  où  la  chaleur  et  un  genre  de 
vie  oisif  produisent  souvent  tous  les  genres  de  corruption. 
L'âuie  se  gale  comme  le  corps  par  l'oisiveté  ;  et  l'état  de 
réclusion  étant  contraire  à  la  nature  ,  ne  peut  produire  que 
des  effets  hors  de  l'ordre  naturel. 

11  en  est  de  même  des  hommes  que  des  femmes ,  mais  dans 
un  sens  opposé.  On  voit  des  personnes  d'une  corpulence  ex- 
cessive qui  ne  peuvent  jouir  des  droits  d'un  mari  ,  quoique 
bien  conformés  d'ailleurs.  Tel  étoit  le  roi  d'Arragon,  Mar- 
tin ,  prédécesseur  de  Ferdinand  ,  dont  Laurent  Valla  nous 
a  donné  la  vie  (dans  les  Scriptores  hispanirœ  hisiorioe ,  tom.  i, 
pag.  755  ).  11  éioit  devenu  d'une  taille  si  prodigieusement 
grosse  ,  qu'il  lui  fut  impossible  de  voir  sa  femme  ,  de  dépu- 
celer aucune  fille  ,  malgré  les  secours  de  la  médecine  et 
l'emploi  de  divers  moyens  ;  cependant  sa  mère  ,  et  d'autrer. 
femmes  ou  jeunes  filles  ,  vendent  à  son  secours.  Il  y  avoit 
des  domestiques  chargés  de  relever  avec  des  bandes  le  gros 
ventre  tombant  de  ce  malheureux  prince  ;  on  avoit  soin  de 
le  retenir  au  moyen  de  courroies  pour  le  soutenir  et  le  sus- 
pendre doucement  au-dessus  de  la  femme  qui  le  recevoit 
dans  ses  bras  ;  et  toutefois  ,  de  quelque  manière  que  celle- 
ci  se  prêtât ,  le  roi  ne  put  jamais  faire  preuve  de  sa  virilité. 
On  voit  en  cela  les  résultats  d'une  excessive  oisiveté  qui 
énerve  tous  les  organes  ,  tandis  que  les  femmes  semblent  y 
gagner  plus  d'énergie  amoureuse. 

il  paroît  qu'en  général  les  tribades  ont  des  passions  plus 
impétueuses,  un  caractère  plus  vigoureux  et  plus  prononcé 
que  les  autres  femnies,  parce  qu'elles  tiennent  du  tempéra- 
ment de  l'homme  ;  sans  doute  elles  ont  aussi  plus  d'énergie 
et  d'étendue  dans  l'esprit, que  leur  sexe  ne  le  comporte  ordi- 
nairement. La  fameuse  Sapho  ,  qu'Horace  appelle  mascula 
Sapho ,  si  connue  par  ses  poésies  passionnées,  ses  amours 
infortunées  et  sa  fm  malheureuse ,  fut  une  tribade  très- 
renommée.  Les  tempéramens  mélancoliques  tombent  sou- 
vent dans  ces  excès,  et  Orphée  fut,  dit-on  ,  aussi  le  premier 
qui  introduisit  la  pédérastie  en  Europe  ,  lorsqu'il  fuyoit  la 
société  après  la  mort  de  son  Eurydice,  (virey.) 

TRIBI.  Noms  que  les  Grecs  modernes,  de  l'île  de  Crète  , 
donnent  aux  Sarriettes.  Adanson  écrit  Ïrebi.  (i-N.) 

TRIBOLOS.    F.  Tribulus.  (ln.) 

TRIBULASTRÔN  ,  Trihulastmm.  Genre  de  plantes 
établi  par  Lippi.  C'est  le  Neurade  de  Linnccus.  (b.) 

ÏRIBULE  AQUATIQUE.  C'est  la  Macre.  (b.) 


T  R  T 

TRTBULOIDE.  Synonyme  de  Macre.  V.  Tribule  et 

Macme.   (b.) 

TRTBI7LOTE  TERRESTRE.  F.  Herse,  (b.) 

i.  RIRULUS.  Les  Lalins  donnoient  ce  nom  à  des  plantes 
que  les  Grecs  nommoient ///io/o*,  soit  parce  que  leurs  fruits 
étoient  hérissés  de  pointes  comme  cetle  machine  de  fer  qu'on 
appelle  chausse-trape,  soit  parce  que  leurs  feuilles  étoient  épi- 
neuses ou  piquantes.  L'on  distinguoil  le  tribulus  aquatique 
et  le  iribulus  terrestre. 

«  Le  iribuîos  terrestre  ,  dit  Dioscoride  ,  a  les  feuilles  comme 
«f  celles  du  porlulaca^  mais  plus  menues  ;  ses  sarmens  ou  ra- 
«  meaux  traînent  par  terre  ;  il  y  a  entre  les  feuilles,  des  es- 
«  pèces  d'épines  fortes  et  dures.  11  croît  le  long  des  rivières 
«  et  parmi  les  masures.  Il  y  en  a  une  autre  espèce  (  trilndos 
«  enhydros  )  qui  croît  dans  les  rivières  ,  et  dont  les  feuilles 
«  cachent  les  épines.  Ses  feuilles  sont  larges  et  portées  sur 
«  une  longue  queue  ;  son  tronc  ou  sa  tige  est  plus  gros  en 
«  dessus  que  vers  le  bas.  11  a  certains  filameus  faits  et  rangés 
<f  en  forme  d'épis.  Sa  graine  est  fort  dure  et  assez  sem- 
«  hlable  à  celle  de  l'autre  espèce.  Ces  deux /r/Ziu/os  rafraî- 
«  cliissent,  et  par  conséquent,  appliqués  en  cataplasme, 
'(  diminuent  les  inflammations,  etc.  Ils  guérissent  les  ulcé- 
«  rations  de  la  bouche ,  des  gencives  et  des  amygdales  :  leur 
«  jus  est  très- bon  dans  les  remèdes  pour  les  yeux.  La  décoc- 
•f  tion  récente  de  leur  graine  soulage  les  graveleux.  Une 
•■■  drachme  de  tribulos  terrestre  ,  prise  en  infusion  ,  guérit  les 
«  morsures  des  vipères;  bu  avec  du  vin  ,  il  est  un  bon  con- 
«<  ire-poison.  En  arrosant  une  chambre  avec  sa  décoction  , 
«  elle  fait  mourir  les  puces.  Les  Thraces  qui  habitent  les 
«  bords  du  fleuve  Slrymon ,  engraissent  leurs  chevaux  avec 
«  du  tribolos  vert ,  et  ils  font  du  pain  avec  son  fruit  qui  est 
«   doux  et  fort  bon  à  manger,  w  * 

ThéophrDste  ,  au  lieu  d'une  seule  espèce  de  tribulos  ter- 
restre ,  en  décrit  deux.  «  Le  tribolos^  dit-il,  a  cela  de  partl- 
'  lier  que  son  fruit  est  épineux.  Il  y  en  a  deux  espèces  :  l'une 
"  a  les  feuilles  semblables  à  celles  du  pois  chiche  {erebinihos)  , 
"  l'autre  les  a  piquantes  ;  toutes  deux  croissent  sur  terre  et 
"  poussent  plusieurs  sarmens.  Celle  dont  les  feuilles  sont 
<•  piquantes,  germé  plus  tard  que  l'autre,  et  se  trouve  plus 
•  '  (ordinairement  dans  les  haies  et  les  clôtures  de  village.  La 
•>  graine  de  celle  qui  germe  plus  tôt  est  semblable  à  celle  du 
■'  sesamon;  mais  la  graine  de  l'autre  est  ronde,  noire  et  con- 
f.  tenue  dans  des  espèces  de  gousses.  » 

Pline  (  liv.  21  ,  ch.  i6  )  a  ,  comme  Théophraste  ,  trois  es- 
pèces de  tribulus î  savoir  :  l'aquatique  ou  des  marais,  et  les 


TRI  4i3 

deux  terrestres.  Il  fait  observer  que  le  trihuîus  aquatique  vient 
seulement  dans  les  marais  et  les  eaux  dormantes  ;  que  les 
Égyptiens  qui  habitent  les  bords  du  Nil ,  et  les  habilans  des 
bords  du  fleuve  Strymon ,  mangent  les  fruits  de  ce  trihuîus  ; 
que  cette  plante  se  courbe  dans  l'eau  ,  et  que  ses  feuilles  sont 
pareilles  à  celles  de  l'orme  et  portées  sur  un  long  pétiole. 
Quant  aux /r/'Au/M5  terrestres, il  y  en  avoit  un  quifleurissoilplus 
tard  et  dont  la  gousse  renfermoit  une  graine  ronde  et  noire, 
Pline  revient  (liv.  22  ,  ch.  \o')s\x\'\e.stribulu$  ^  pour  traiter 
de  leurs  propriétés  ;  et  ici  il  distingue  le  trihuîus  des  rivières 
de  celui  des  jardins,  lequel  est  particulier  à  l'espèce  de  tri- 
huîus aquatique  et  conforme  à  ce  que  Dioscoride  en  a  écrit. 
On  pourroit  croire,  d'après  ces  passages,  qu'il  y  avoit, 
chez  les  anciens  ,  quatre  espèces  de  tribulns\  savoir  :  celui  à 
feuilles  de  pourpier,  décrit  par  Dioscoride;  celui  à  feuilles 
de  chiche  ,  décrit  par  Dioscoride  et  par  Pline  ;  celui  à  feuilles 
piquantes ,  mentionné  par  ces  deux  derniers  auteurs  ,  et  enfin 
le  trihuîus  aquatique  indiqué  par  tous  les  trois.    Le  premier 
paroît  être  le  même  que  le  second.  Dioscoride  auroit,  dans 
ce  cas  ,  pris  les  folioles  pour  les  feuilles.  On  les  rapporte  au 
iribulus  terrestris  des  modernes,  ou  bien  à  l'espèce  voisine  qu'on 
trouve  en  Egypte.  Le  troisième  est  peut-être  une  espèce  de 
cléome ,  bien  que  l'on  ait  penché  pour  la  chausse-trape  com- 
mune ,  qui  fleurit  effectivement  assez  lard  ,  mais  dont  les 
graines  ne  sont  pas  contenues  dans  des  espèces  de  gousses, 
comme  le  dit  expressément  Théophraste  pour  son  espèce  de 
trihuîus. 

Quant  à  l'espèce  aquatique,  elle  est,  presque  sans  nul 
doute  ,  notre  mâcre  ou  saligot ,  dont  le  fruit  s'appelle  chd- 
tuigne  d'eau  j  cornuelle  et  trifjle  outruffle:  ces  deux  derniers 
noms  dérivent  évidemment  de  trihuîus. 

Les  botanistes  ont  conservé  ,  jusqu'à  Tournefort,  le  nom 
de  iribulus  aquaticus  à  la  mâcre  ;  mais  Tournefort  lui  affecta 
le  nom  générique  de  tiibuloïdes  que  Linnœus  changea  en  celui 
de  trapu,  qui  a  été  adopté  par  les  botanistes  modernes. 

Clusius  a  indiqué  quelques  espèces  de  potamogelon  ^  sous 
le  nom  de  trihuîus  aquaticus  minor. 

Le  tribulus  terrestris  des  botanistes  qui  ont  précédé  Tour- 
nefort ,  est  le  type  de  son  genre  trihuîus  adopté  par  Linnœus 
et  décrit  dans  ce  Dictionnaire  au  mot  Herse. 

Lonicerus  a  nommé  le   caucalis  grandiflora  ,   tribulus  syl- 

vestris  ;  quelques  auteurs  ont  désigné  V echinophora  spinosa  par 

tribulus  marinas  ;  enfin,  Dalechamps  appelle  le  medicago  mi~ 

nima  et  sa  variété  droite  ,  iribulus  terrestris  minus,  (ln.) 

TRIGA.  L'un  des  noms  anciens  du  Géranium  ^es  Grecs. 

(LN.) 


!,xK  T  R  T 

TRIC  ATE.  Le  genre  abronia  de  Jussîeu  a  été  ainsi  nom- 
mé par  Lhéritier.  V.  Abroke.  (b.) 

TRICER  ,  Tricea.  Arbre  de  la  Cochinchine  ,  à  feuilles 
bipinnées  ,  avec  impaire  ,  à  folioles  ovales  ,  aiguës  ,  déniées, 
à  fleurs  blanches  ,  disposées  en  grappes  lâches  ,  presque  ter- 
minales ,  qui,  selon  Loureiro  ,  forme  un  genre  dans  la  pen- 
tandrie  trigynic  et  dans  la  famille  de  savonniers. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  un  calice  de  cinq  folioles 
persistantes  et  aiguës;  une  corolle  de  cinq  pétales  oblongs , 
ouverts;  cinq  étamines  ;  un  ovaire  supérieur,  surmonté  de 
trois  styles  courts  à  stigmates  simples  ;  une  baie  coriace  , 
arrondie  ,  terminée  par  trois  cornes  ,  à  trois  loges  ,  conte- 
nant chacune  deux  semences. 

Ce  même  nom  a  élé  aussi  donné  ,  par  Schreber,  à  un 
genre  de  la  monoécie  tétrandrie  et  de  la  famille  des  tifhy- 
maloïdes  ,  dont  les  caractères  consistent  :  dans  les  fleurs 
jnâles ,  en  un  calice  divisé  en  quatre  parties  et  en  quatre  éta- 
mines ;  et  dans  les  fleurs  femelles  ,  en  un  calice  divisé  en  cinq 
parties,  un  ovaire  surmonté  de  trois  styles  coniques  ,  une 
capsule  à  trois  cornes  ,  à  trois  loges ,  contenant  chacune  deux 
semences. 

Ce  genre  ,  aussi  appelé  Crantzie,  renferme  trois  arbris- 
seaux à  rameaux  tétragones  ,  à  feuilles  opposées  et  à  fleurs 
terminales.  Deux  sont  de  la  Jamaïque  et  un  des  Indes,  (b.) 

TRICERA.  Nom  donné,  par  Vahl  et  Swariz,  à  un  genre 
de  plantes  que  ce  dernier  avoit  déjà  nommé  crantzia,  et  dont 
les  caractères  ,  comparés  à  ceux  des  genres  huxus  et  pachy- 
sandra  ,  ne  diffèrent  que  par  le  calice  ,  qui  est  seulement  di- 
visé en  quatre  parties,  dans  les  fleurs  mâles,  et  à  cinq  folioles, 
dans  les  fleurs  femelles.  Il  diffère  encore  du  ii/«z/5  par  l'absence 
de  corolle. 

Ce  genre  comprend  trois  espèces  :  ce  sont  des  arbrisseaux 
de  l'Amérique  méridionale  ,  à  feuilles  opposées  ,  ovales  ou 
elliptiques ,  pétiolées  ;  à  fleurs  monoïques ,  réunies  en  petites 
grappes  axillaires.  Tln.) 

TRICERAIA.  Grand  arbre  de  la  province  de  Xalapa  au 
Mexique  ,  qui  constitue  ,  dans  la  pentandrie  monogynie  ,  un 
genre  établi  par  Humboldt  et  Bonpland,  et  dont  les  carac- 
tères sont  les  sulvans  ,  d'après  Romer  :  calice  à  cinq  folioles; 
corolle  à  cinq  pétales  onguiculés  ;  cinq  étamines  subulécs  , 
à  anthères  ovales  ;  cinq  glandes  alternes  avec  lesfilets  des  éta- 
mines ;  un  style  sillonné  à  stigmate  simple  ;  une  baie  ovale  , 
terminée  par  trois  pointes ,  triloculaire  ,  polysperme.  Les 
feuilles  sont  opposées,  oblongues,  pointues,  un  peu  dentées , 
coriaces  et  lisses  ;  les  fleurs  forment  des  paniçules.  (ln.) 


T  R  I  4,5 

TRICHAÉTA.  V.  Trichète.  (ln.) 

TRICHARI ,  Trichariuni.  Arbre  de  médiocre  hauteur,  à 
feuilles  allernes  ,  petites,  ovales,  très-entières,  glabres,  à 
fleurs  rouges,  portées  sur  de  longues  grappes  presque  termi- 
nales, qui  forme  un  genre  ,  selon  Loureiro  ,  dans  la  monoé- 
cie  télrandrie  ,  et  dans  la  famille  des  euphorbes. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  ,  dans  les  fleurs  mâles  :  un 
calice  de  quatre  folioles  ovales,  colorées,  rapprochées  par 
leur  pointe  ,  point  de  corolle:  quatre  glandes,  quatre  éta- 
mines  ;  dans  les  fleurs  femelles  ,  un  calice  divisé  en  quatre 
parties  ovales  ;  point  de  corofle  ;  un  ovaire  supérieur  sur- 
monté d'un  stigmate  sessile  et  découpé. 

Le  fruit  est  une  baie  presque  ronde  ,  à  trois  loges ,  conte- 
nant chacune  une  semence  chargée  de  trois  sillons. 

Le  irkhari  croît  dans  \çi%  bois  de  la  Cochinchine.  On 
mange  ses  fruits  ,  qui  sont  jaunes  et  assez  agréables  au  goût. 
Il  se  rapproche  beaucoup  de  I'Argïthamme.  Voy.  ce  mot. 

TRICHARIUM.  V.  Tuichari.  (ln.)  ^^'^ 

TRICHAS.  Nom  grec  de  la  Grive  litorne,  et  qu'on  a 

appliqué  à  nm  fauvette  de  l'Amérique  septentrionale,  (v.) 
TRICHE.  V.  Grive  draine  ,  à  l'article  Merle,  (v.) 
TRICHECUS.   Nom  latin  du  Morse.  On  écrit  aussi 

Thrichecus,  (desm.) 

TRICPELOSTYLE,  Trichehstylis.  Genre  de  plantes 
établi  par  Lestiboudois,  Essai  sur  les  Crpéracées  ,  pour  sépa- 
rer des  FiMBRiSTYLEs  de  Palisot-de-Beauvois ,  ceux  qui  ont 
trois  stigmates  et  la  semence  triangulaire,  (b.) 

TRICHETE,  Trichœta.  Genre  de  plantes  établi  par  Pa- 
lisot-de-Beauvois,pour  placer  le  Brome  ovale  deCavanilles. 
Ses  caractères  sont  :  balle  calicinale  de  deux  valves  aiguës, 
hispides,  à  deux  ou  trois  fleurs,  chacune  de  deux  valves  ,  dont 
l'inférieure  est  pourvue  de  deux  soies  flexueuses  à  son  som- 
met ,  et  la  supérieure  bifide  et  dentée;  deux  écailles  lan- 
céolées ,  entières  et  glabres,  (b.) 

TRICHIE,  Trichius.  Genre  d'insectes,  de  l'ordre  des 
coléoptères,  section  des  pentamères,  famille  des  lamelli- 
cornes ,  tribu  des  scarabéoïdes  ,  section  des  mélitophiles. 

Dans  l'Entomologie  d'Olivier,  ce  genre  ne  forme  qu'une 
division,  la  seconde  du  genre  cétoine,  dont,  en  effet,  il 
ne  diffère  que  très-peu ,  sous  la  considération  des  organes 
masticateurs;  on  peut  cependant  l'en  distinguer  d'après  les 
proportions  relatives  et  comparées  des  palpes  ;  leur  dernier 
article  est  moins  allongé  dans  les  trichies  que  dans  les  cé- 
toines ,  et  plus  rapproché  de  la  forme  ovoïde  ;  les  palpes 


4i6  TRI 

labiaux  sont  plus  extérieurs  ,  de  manière  que  leurs  deux  pre- 
miers articles ,  ou  du  moins  le  second  ,  sont  à  découvert  ou 
très-apparens  ;  le  troisième  et  dernier  dépasse  entièrement 
l'extrémifé  supérieure  du  menton  ;  les  mâchoires  sont  pro- 
portionellement  plus  étroites.  Mais  les  trichies  se  distinguent 
bien  mieux  des  cétoines  par  la  forme  du  corselet,  qui  est 
presque  orbiculaire  ,  et  parce  que  l'on  observe  ,  entre  ses 
angles  postérieurs  et  les  extérieurs  de  la  base  des  élytres , 
une  pièce  écaiileuse  ,  triangulaire,  formée  du  prolongement 
de  la  lame  pectorale  ,  portant  la  seconde  paire  de  pattes. 

Les  métamorphoses  et  les  habitudes  des  insectes  de  ces 
deux  genres  sont  d'ailleurs  presque  identiques.  Quelques 
espèces  de  trichies,  celles  dont  les  femelles  ont  l'abdomen 
terminé  par  une  pointe  cornée  ,  toujours  saillante  ,  creusée 
en  gouttière  sur  sa  face  supérieure  ,  dentelée  sur  ses  bords  , 
et  servant  de  tarière ,  s'éloignent  un  peu  des  autres  par 
leur  manière  de  vivre.  On  les  trouve  presque  toujours  à 
terre. 

I.  Jambes  antérieures  n'ayant  que  deux  ou  Iroisdenlsau  côté  exte'rieiir; 
premier  article  des  tarses  différant  peu  en  lonj;ueuf  du  suivant  ; 
anus  des  femelles  sans  pointe  saillante  ,  en  forme  de  queue. 

Trichie  HERMITE,  TricJiîus  eremîta^  Fab.;  Ollv. ,  Col.  t.  i  , 
n.°  6  ,  pi.  3  ,  fig.  17.  Celte  espèce  ,  la  plus  grande  du  genre  , 
a  un  peu  plus  d  un  pouce  de  long.  Elle  est  d'un  noir  luisant 
un  peu  cuivreux ,  avec  deux  arêtes  et  deux  tubercules  élevés 
sur  le  corselet ,  et  un  sillon  à  l'écusson  ;  ses  élytres  sont  un 
peu  rugueuses.  Elle  se  trouve  ,  quoique  rarement ,  sur  les 
troncs  d'arbres  cariés  ,  dans  toute  l'Europe. 

Trichie  noble  ,  Tiiçhius  noln'b's^  Fab.  ;  Oliv.  Ihid. ,  pi.  3, 
fjg.  10  ;  le  Scarabée  vcvdet ,  Geoff.  Pùlle  est  d'un  vert  cuivreux 
ou  doré  ,  luisant  ,  avec  un  sillon  longitudinal  au  milieu  du 
corselet,  les  élytres  raboteuses,  et  l'abdomen  tacheté  de 
blanc.  Elle  se  trouve  presque  dans  toute  l'Europe,  sur  les 
roses  ,  les  fleurs  de  sureau  et  de  viorne. 

Trichie FASCiÉE,  Trichiusfasdatus^  Fab.;  OWv. Ibid.  pi.  g, 
fig.  84;  Scarabée  Ihrée  d'ancre,  Geoff.  Elle  est  presque  toute 
couverte  d'un  épais  duvet  d'un  jaune  roussâtre ,  avec  trois 
bandes  transverses  ,  noires,  interrompues,  sur  les  élytres. 
Elle  est  commune  sur  les  fleurs,  en  Europe  ;  ses  couleurs 
varient  un  peu  ,  selon  la  température  ,  plus  ou  moins  froide  , 
des  localités  où  l'on  trouve  cet  insecte.  Ainsi  le  noir  domine 
davantage,  sur  les  élytres,  dans  les  individus  propres  aux 
montagnes  alpines  :  c'est  ce  qui  se  remarque  plus  particuliè- 
rement dans  l'espèce  nommée  suceincius. 


T  R  I  417 

II.  Jambes  anlcrieures  ayant  cinq  dents  au  côté  extérieur  ;  premier 
article  des  tarses  postérieurs  sensiblement  plus  long  cjue  le  sui- 
vant ;  une  pointe  cornée  et  toujours  saillante  à  l'anus  des  femelles. 

TrîCHIE  HÉMIPTÈaE,  Trichias  hemiplerus  ,Fâh.',  Oliv.,  Bld. 
pi.  9,  fîg.  83,  et  pi.  1 1 ,  fig.  io3  ;  le  Scarabée  à  tarière,  Geoff. 
Elle  est  noire  ,  avec  des  écailles  blanches  ,  formant  diffé- 
rentes taches  ;  l'anus  est  de  celte  couleur ,  avec  deux  taches 
noires;  le  corselet  a  deux  rides  et  ses  bords  sont  dentelés; 
les  élyircs  sont  courtes  ,  avec  quatre  stries  peu  distinctes  et 
un  peu  ondulées  ;  le  dessous  du  corps  est  presque  entièrement 
cendré  ou  blanchâtre.  L'y^mérique  septentrionale  offre  deux 
ou  trois  autres  espèces  de  cette  division.  Voy.  l'ouvrage  de 
M.   Palisot-de-Beauvois   sur  les  insectes   de  ses  Voya"^es. 

TRICHIE,  Trichia.  Genre  de  champignons,  établi  par 
Persoon  aux  dépens  des  Sphérocarpes  ,  des  DinYMlE.s,  des 
DiCTYDiES,  des  Cribraries  de  Schréber,  et  des  STÉr^OKiTES 
de  Gnielin.  En  y  réunissant  les  Cratéries  ,  les  Calycies 
et  les  Physares  du  même  Persoon,  ce  genre  comprend  une. 
quarantaine  d'espèces  ,  toutes  vivant  sur  les  bois  morts.  V. 
Vesse-loup. 

Les  caractères  de  ce  genre  sont  :  champignons  composés 
par  des  filamens  chargés  de  globules  puivérulens  ,  réunis 
plusieurs  ensemble  sur  une  membrane  commune  et  enve- 
loppés par  une  autre  membrane,  (b.) 

TRICHILIER,  TrîcliiUa.  Genre  de  plantes  de  la  dé- 
candrie  monogynie  ,  et  de  la  famille  des  azédarachs  ,  qui 
présente  pour  caractères  :  un  calice  monophylle  ,  ordinaire- 
ment à  cinq  dents;  une  corolle  de  cinq  pétales;  un  tube  à 
dix  dents  portant  autant  d'étamines  sessiles;  un  ovaire  supé- 
rieur, surmonté  d'un  style  court,  à  stigmate  tridenté  ;  une 
capsule  à  trois  loges,  à  trois  valves,  renfermant  trois  semen- 
ces bacciformes. 

Ce  genre  auquel  les  Ekeberes,  les  Barbyles  et  les  Tur- 
RÉes  ont  été  réunis ,  renferme  des  arbres  ou  arbustes  à  feuilles 
ou  simples, ou  ternées,ou  plus  souvent  pinnées  avec  impaire, 
et  à  fleurs  disposées  en  grappes  axillaires.  On  en  compte  une 
douzaine  d'espèces  ,  dont  les  plus  importantes  à  connoître 
sont  : 

Le  Trichilier  spondioïde  ,  qui  a  les  folioles  tnès-nom- 
breuses,  et  les  inférieures  plus  grandes.  Il  s'élève  au  plus  à 
douze  pieds  ,  se  trouve  dans  les  Antilles,  et  est  connu  des 
Français  sous  le  nom  de  monbin  bâtard. 


4i8  T  n   î 

Le  Trichilier  ÉaiÉTiQUE  a  les  folioles  ellipliqûes  et  velueg 
en  dessous.  Il  se  trouve  dans  les  montagnes  de  l'Arabie  ,  oîi 
il  est  connu  sous  le  nom  d'ELCAJA.  Ses  fruits  sont  odorans, 
et  servent  d'émétique. 

Le  Trichilier  PÂLE  a  les  feuilles  membraneuses,  les  (leurs 

?entand:es,  et  les  capsules  bivalves.  On  l'a  observé  à  Cuba. 
1  formoit  ,  avec  le  trichilier  héiérophyUe,  le  genre  PoRTÉSiE  , 
établi  par  Cavanilles. 

Le  Trichilier  odorant  a  les  fleurs  monopétalcs  et  les 
capsules  monospermes.  Il  croît  à  la  Jamaïque. 

Le  Trichilier  trifolié  a'  les  feuilles  ternées  ,  les  folioles 
ovales  et  brillantes.  Il  se  trouve  dans  l'Amérique  méridio- 
nale. Les  négresses  se  servent  de  la  décoction  de  ses  racines 
pour  se  faire  avorter,  (b.) 

TRICHILIS,  Nom  donné  par  Gœrfner  au  Polycarpon 
A  QUATRE  feuilles,  et  au  Pharnace  cervian.  (b.) 

TRICHINION  ,  Trichinium.  Genre  de  plantes  ,  établi 
par  R.  Brown  ,  dans  la  pentandrie  monogynie  et  dans  la 
famille  des  amaranthacées  ,  pour  placer  six  herbes  de  la 
Nouvelle-Hollande.  Ses  caractères  sont  :  calice  divisé  en. 
cinq  parties  linéaires  ;  cinq  étamlnes  réunies  par  leur  base  ; 
iitricule  monosperme,  évalve ,  renfermé  dans  la  base  du  ca- 
lice ,  dont  les  divisions  sont  devenues  plumeuses.  (b.) 

TRICHITIS  ,  c'est-à-dire,  pierre  capillaire ,  en  grec, 
Pline  et  Dioscoride  ,  en  traitant  des  alumen  des  Latins 
ou  sLypterîa  des  Grecs  ,  en  distinguent  plusieurs  ,  dont  un 
étoit  appelé  irichiiis,  parce  qu'il  tomboit  par  filamens  blancs, 
ou  qu'il  se  divisoit  par  filamens,  ce  qui  l'avoit  fait  également 
nommer  schiston  (scissile  ou  fissile  ).  Selon  Dioscoride ,  c'é- 
toit  une  efflorescence  ,  une  espèce  de  sueur  ou  d'exsudation 
que  la  terre  jette  au  dehors.  Pline  nomme  chakitis  ,  la  pierre 
d'où  iranssudoit  ce  sel  filamenteux,  pour  se  figer  ensuite  en 
forme  d'écume  ,  à  sa  surface.  Cette  pierre  étoit  donc  un 
schiste  alumineux  ,  couvert  d'eftlorcscences  de  fer  et  d'alu- 
mine sulfatée,  (lis.) 

TRICHIURE,  Trichiurus.  Nom  d'un  genre  de  poissons 
delà  division  des  Apodes ,  dont  les  caractères  consistent: 
à  être  privés  de  nageoire  caudale  ;  à  avoir  le  corps  et 
la  queue  très-allongés  ,  très- comprimés  ,  et  en  forme 
de  lame  ;  à  avoir  les  opercules  des  branchies  placés  très- 
près  des  yeux. 

Deux  espèces  sont  comprises  dans  ce  genre  ,  dont  l'une,' 
la  Tbichiure  lepture,  a  la  mâchoire  inférieure  plus  avan- 
cée que  la  supérieure;  et  l'autre  ,  la  Tricuiure  électrique, 
a  les  deux  mâchoires  également  avancées. 


T  R  I  4,9 

La  première  de  ces  espèces,  connue  sous  le  nom  de  pai/lê- 
p.n-cul  et  A' anguille  de  la  Jamaïque  (  T.  pi.  R  ,  9,  où  elle  est 
figurée  ),  se  trouve  dans  les  rivières  et  les  lacs  de  l'Amérique 
uiéridionale  et  de  la  Chine  ,  où  elle  parvient  à  la  longueur 
de  trois  à  quatre  pieds  sur  deux  pouces  ,  au  plus  ,  de  diamè- 
tre. Elle  nage  très-rapidement,  vit  de  poissons  ,  et  se  prend 
au  filet  et  à  l'hameçon.  SacJiair  est  de  bon  goût. 

Son  dos  et  ison  ventre  sont  Iranchans  ;  sa  tête  étroite  et 
comprimée  des  deux  côtés  ;  sa  bouche  a  une  grande  ou^ 
verture  ,  et  ses  mâchoires  sont  armées  de  dents  pointues  > 
dont  les  unes  sont  plus  longues  que  les  autres,  et  pourvues 
d'un  ou  deux  crochets  ;  ses  yeux  sont  placés  en  dessus,  et 
au-devant  ,  on  voit  deux  ouvertures  allongées,  qui  sont  les 
narines.  L'ouverture  des  ouïes  est  large  ,  couverte  d'un  oper- 
cule e,t  d'une  membrane  à  sept  rayons.  Sa  ligne  latérale  est 
jaune  et  fort  éloignée  du  dos.  Son  anus  est  plus  près  de  la 
tête  qu^  de  la  queue  ,  qui  est  terminée  en  pointe  très-fine, 
et  n'a  point  de  nageoire ,  comme  on  l'a  déjà  vu. 

Ce  poisson  n'a  que  trois  nageoires  ,  deux  pectorales  très- 
petites  ,  et  une  dorsale  peu  élevée ,  qui  commence  au-des- 
sus de  la  tête,  et  se  perd  peu  loin  de  Ja  pointe  de  la  queue. 
Derrière  l'anus  ,  il  y  a  de  petits  piquans  éloignés  les  uns  des 
autres  ,  dont  les  uns  sont  tournés  en  avant ,  et  les  autres  en 
arrière.  Sa  peau  est  mince ,  argentée  ,  et  dénuée  d'écailles- 

La  seconde  espèce  de  trichiure  a  les  couleurs  ternes  ,  ou 
d'un  brun  de  diverses  nuances,  et  sa  queue  est  obtuse.  Elle  se 
trouve  dans  la  mer  desTndes.  Elle  jouit,  comme  la  Torpillé 
et  le  Gymnote,  de  la  faculté  de  donner  une  commotion  à  U 
main  qui  la  touche.  V.  l'explication  de  ce  phénomène,  aux 
deux  mots  précités. 

J'ai  vu,  dans  le  cabinet  de  l'Université  de  Pavie,'une  tri- 
chiure dont  la  queue  étoit  terminée  par  une  nageoire  ,  mais 
je  n'ai  pas  pu  la  décrire,  (b.) 

TRICHIUS.  Nom  latin  des  insectes  du  genre  Trichie,* 
V.  ce  mot.  (desm.) 

TRICHLIS  d'Haller.  V.  Triclis  ,  L.  (ln.) 

TRICHOA,  Trichoa.  Nom  donné  par  Persoon  aju  genre 
de  plantes  appelé  Batschie  par  Thunberg ,  genre  qui  n'est 
pas  dans  le  cas  d'être  séparé  de  I'Abuta.  (b.) 

TRICIIOCÉPHALE,  Trichocephalus.  Genre  de  vers 
établi  par  Goëze,  mais  qui  ne  diffère  pas  suffisamment  de 
celui  appelé  Trichure. 

Rudolphi  rapporte  neuf  espèces  à  ce  genre,  (b.) 

T^JCHOCÈRIi,  lYic-hocera,  Genre  d^insectes  de  Meigeo; 


420  T  R  I 

peu  différent  du  genre  limonie  (  F.  ce  mot),  avec  lequel 
nous  l'avons  provisoirement  réuni,  (l.) 

TRICHOCÈRE  ,  Trkhoceros.  Genre  de  plantes  établi 
par  Humboldt  ,  Bonpland  et  Kunth  ,  dans  la  gynandrie 
diandrie  ,  et  dans  la  famille  des  orchidées,  pour  placer  deux 
plantes  parasites  du  Pérou,  à  racines  bulbeuses,  et  à  fleurs 
en  épis,  dont  une  est  figurée  pi.  76  de  l'ouvrage  précité. 

Les  caractères  de  ce  genre  sont  :  calice  un  peu  irrégulier  , 
ouvert  ;  pistil  velu  ,  des  côtés  duquel  sortent  deux  prolonge- 
mens  anihériformes  également  velus  ,  et  du  sommet  une  an- 
thère operculée  contenant  deux  masses  pédicellées  de  pollen. 

(B.) 

TRICHOCEROUE  ,  Trîchocerca.  Genre  établi  ,  par  La- 
marck  ,  aux  dépens  des  Cercaires  de  Muller.  Ses  caractè- 
res sont  :  corps  très-pelit,  ovale  ou  oblong, tronqué  antérieu- 
rement; bouche  ré  traclile,  subciliée;  queue  fourchue  ,  quel- 
quefois articulée.  ♦ 

Les  espèces  que  Lamarck  rapporte  à  ce  genre  ,  sont  les 
Cercaires  vermiculaire  ,  porte  pince  ,  longue  queue 
et  gobelet,  (b.) 

TRICHOCLADE  ,  Tnchodadium.  Arbre  à  feuilles  op- 
posées, ovales,  glabres,  à  fleurs  disposées  en  têtes  terminales, 
qui  croît  au  Cap  de  Bonne-Espérance  ,  et  dont  on  a  fait  un 
genre  dans  la  dloécie  monandrie. 

Les  caractères  de  ce  genre  ,  qui  avoit  été  appelé  Dahlie 
par  Thunberg,  sont:  dans  les  mâles,  un  calice  en  écailles  ; 
une  corolle  d'un  seul  pétale  lancéolé  ,  disposé  en  cornet  ; 
une  étamine.  Dans  les  femelles,  un  calice  écailleux;  point 
de  corolle  ;  un  ovaire  surmonté  d'un  style  ;  une  capsule  à 
quatre  valves,  et  à  une  loge  monosperme,  (b.) 

ÏRICHOCHLOA,  Trkhochloa.  (ienre  de  graminées  éta- 
bli par  Palisot-de-Beauvois  ,  et  qui  rentre  dans  celui  appelé 
PoDOSÈME  par  Desvaux. 

Il  diffère  peu  du  Muhlenbergie  ,  du  Tosagris  et  du 
Stipe.  Ses  caractères  consistent  :  en  une  balle  callcinale  bi- 
valve, uniflore  ;  les  valves  très-petites,  membraneuses,  persis- 
tantes :  en  une  balle  florale  de  deux  valves  unies  à  leur  base  , 
beaucoup  plus  grandes  que  celles  du  milieu  ,  l'extirieure 
roulée  inférieurement ,  et  prolongée  en  une  longue  arête 
non  articulée  ;  l'intérieure  plus  courte  ,  plus  étroite.     • 

Ce  genre  contient  trois  espèces  ,  dont  deux  ont  été  rap- 
portées par  moi  de  la  Caroline,  (b.) 

TRICHOCLINE  ,  Trichodine.  Genre  de  plantes  établi 
par  H.  Cassini ,  dans  la  famille  des  synanthérées,  pour  pla- 


TRI  421 

cer  le  Doronic  blanchâtre  de  Lamarck.  Il  est  voisin  des 
Gerberies  et  des  Aphyllocauloiss. 

Ses  caraclèrcs  sont  :  calice  commun  composé  d'écaillés  li- 
néaires ,  les  extérieures  plus  longues;  réceptacle  commun 
hérissé  de  fîmbrilles  inégales,  filil'ormes,  membraneuses; 
fleurs  marginales  femelles  par  avortement,  à  corolle  pseudo- 
labiée ,  à  lèvre  inférieure  filiforme  ;  fleurs  du  disque  herma- 
phrodites ,  à  corolle  bilabiée  ,  la  lèvre  extérieure  tridentée  , 
l'intérieure  bifide;  anthères  longuement  appendiculées,  à 
filets  laminés  ,  papilles  ;  graine  cylindrique  ,  hérissée  de  pa- 
pilles membraneuses  ,  à  bourrelet  dilaté  horizontalement  ; 
aigrette  formée  d'un  grand  nombre  de  squamellules  filiformes 
supérieurement  barbellulées.  (k.) 

TRICHODE  ,  Triàioda.  Genre  de  vers  polypes  amor- 
phesoud'animacules  infusoires,  dont  les  caractères  sontd'être 
traiîsparens  etgarnis  de  poils  sur  une  partie  de  leur  superficie. 
Ce  genre  est  le  plus  nofnbreuxde  la  classe  des  vers  infusoi- 
res ,  et  en  même  temps  le  plus  irrégulier.  Il  diffère  des  KÉ- 
RONES,  en  ce  que  les  poils  ,  dont  les  espèces  qui  le  compo- 
sent, sont  garnies,  sont  flexibles  ,  tandis  que  dans  le  dernier 
ils  sont  roldes.  Il  diffère  des  Leugophres  en  ce  que  ces  poils 
n'existent  que  dans  certaines  parties  ,  tandis  que  les  pre- 
miers en  sont  entièrement  couverts.  V.  ces  mots. 

Les  Trichodes  se  trouvent  en  partie  dans  les  eaux  des  ma- 
rais ,  en  partie  dans  la  mer  ,  et  en  partie  dans  les  infusions 
végétales.  Les  plus  composées,  telles  que  les  trichodes  rat, 
gobelet,  longue  gueue,  etc.,  ont  des  queues  articulées,  qu'elles 
emploient  à  sauter.  Ces  mêmes  espèces  peuvent  difficilement 
être  considérées  comme  congénères  avec  les  trichodes  grésil , 
enceinte  et  ciliée  ,.  qui  sont  de  véritables  Cercaires  (  K.  ce 
mot  )  pourvues  du  caractère  artificiel  des  trichodes.  V.  au  mot 
Animalcules  infusoires. 

MuUer  a  proposé  de  diviser  ce  genre  en  trichodes  L'usons 
queue  ,  2."  à  queue  charnue  ,  3.°  à  queue  formée  par  un  poil  y  4-" 
pointues  en  aoani ,  5.°  qui  ont  des  pieds  ,  6."  rcrifermées  dans  un 
fourreau  ,7.°  sillonnées. 

On  compte  quatre-vingt-dix  espèces  de  trichodes  ,  toutes 
décrites  et  figurées  dans  les  Animalcula  infusoria  de  Muller. 
Il  seroit  superflu  de  mentionner  ici  un  grand  nombre  d'es- 
pèces; en  conséquence,  on  se  bornera  à  une  ou  deux  de 
chaque  division  et  par  ordre. 

La  Tricuode  grésil  est  sphérique  ,  transparente  ,  che- 
velue en  dessus.  Elle  se  trouve  dans  l'eau  très-pure  et  dans 
les  infusions. 

La  Trïchode  cornette  est  sphérique,  chevelue  en  avant 


|aa  T  Px  I 

terminée  en   arrière  par  un  globe  susperxlu.  Elle  se  liouvo 
dans  les  eaux  les  plus  pures.  On  volt  sa  figure  pi.  K.  20. 

La  Trichode  lunaire  est  cylindrique  ,  arquée  ,  velue  en 
avant ,  terminée  en  arrière  par  un  clrrhe  courbé.  On  la> 
trouve  dans  les  eaux  stagnantes. 

La  Trichode  hâtive  est  membraneuse ,  presque  en  forme 
de  croissant,  convexe  au  milieu,  et  son  bord  inférieur  est 
velu.  On  la  trouve  dans  l'eau  des  marais. 

La  Trichode  augure  est  oblongue, tronquée  en  avant,  a 
la  face  antérieure  munie  de  pieds,  et  la  postérieure  de  soies. 
On  la  trouve  dans  Teau  des  marais. 

La  Trichode  poisson  est  oblongue  ,  aplalie  ,  velue  en 
avant  ,  terminée  en  arrière  par  une  queue  1res  fine  ;  c'est 
dans  les  eaux  où  croissent  des  lenticules  qu'elle  se  trouve. 
V.  pi.  R.  20  où  elle  est  figurée. 

La  Trichode  locataire  est  contenue  dans  un  fourreau 
cylindrique ,  diaphane  ,  muni  d'uii  pédicule  tortillé.  On  la 
trouve  dans  l'eau  de  mer. 

La  Trichode  bossue  est  oblongue  ,  velue  en  avant  ;  a  le 
dos  bombé  ,  le  ventre  cxcavé  ,  cilié  en  avant,  et  les  extré- 
mités obtuses.  On  la  trouve  dans  l'eau  des  rivières. 

La  Trichode  LONGUE  queue  est  cylindrique,  tronquée  en 
avant  et  velue  ;  sa  queue  est  longue  ,  articulée  ,  et  terminée 
par  une  longue  soie.  On  la  trouve  dans  les  eaux  des  marais^ 
Sa  figure  se  voit  pi.  R.  20  de  ce  Dictionnaire. 

La  Trichode  caron  ,  Trîchoda  chafon  ,  qui  est  en  forme 
de  nacelle  sillonnée  longitudlnalement  ,  et  don^  les  exlré- 
inltés  sont  velues.  Elle  se  trouve  dans  l'eau  de  la  mer.  MuUer 
a  observé  que  le  ventre  d'un  individu  s'enfla  et  se  transforma, 
en  une  bulle  transparente ,  qui  ,  quelques  "jours  après , 
devint  opaque  ,  et  creva  avec  explosion  en  plus  de  cent  mor- 
ceaux qui  furent  autant  de  pellls  tiichodes.  Ce  siilgulier  mode 
de  gcnérallon  n'a  pas  été  remarqué  dans  d'autres  espèces  , 
mais  il  est  dans  l'analogie.  V.  aux  mots  Animalcules  infu- 

SOIKES  et  (ïÉNÉRATION. 

Lamarck,  d'un  côté,  réunit  IcsLeucophres  de  MuUeràce 
genre  ;  de  l'autre,  il  lui  a  enlevé  quelques  espèces  pour  cons- 
tituer les  genres  Ratule  et  Vaginicole.  (b.) 

TRICHODERME,  Trichodcrma.  Genre  de  champignons 
qui  ne  dlfïère  pas  de  celui  appelé  Pyrenion.  Le  ecnre  Co- 
NioPnORE  de  Decandoile  s'en  rapproche  beaucoup.  Le  genre 
^TROGYLiON  a  été  établi  à  ses  dépens,  (b.) 

TRICtiODES.  C'est  le  nom  que  Fabriclus  a  donné  à. 
quelques  espèces  de  clairons,  auxquels  il  assigne  pour  carae- 
ières  :  quatre  anlcnuules  inégales;  les  aniérieurcs  fiiifoimes  \ 


TRI  483 

les  posiérieures  plus  courtjes  ,  sécuriformes  ;  les  aiUennes  en 
masse  oblique  ,  perfolice  r  il  comprend  dans  ce  genre  les 
clairons  ponctué f  tricolor,  hifascié  ^  sipyle  ,  de  Vamml^  apivore  ^ 
aloéolaire  y  bleu  ci  crahronif orme.  V.  Clairon.  (o.) 

TRICHODESME  ,  Trichodesma.  Genre  établi  par  R. 
Brown  ,  pour  placer  la  Bourrache  des  Itsdes  ,  et  quelques 
autres.  Ses  caractères  sont  :  découpures  du  calice  subuiées  ; 
corolle  dépourvue  d'écaillés  à  son  orifice  ;  étamines  adhé- 
rentes par  deux  rangs  de  poils  sur  leur  dos  ,  avec  deux  arêtes 
torses  et  subuiées;  quatre  semences  à  demi-enfermées  dans 
les  cavités  d'une  eoionne  à  quatre  ailes  réunies  vers  leur 
sommet,  (b.) 

TRIGHODION  ,  Trichodium.  Genre  de  plantes  établi  par 
Michaux,  Flore  de  f  Amérique  septentrionale ,  dans  la  triandrie 
digynie  et  dans  la  famille  des  graminées  ,  modifié  depuis  pai 
Palisot-de-Beauvois.  Il  offre  pour  caractères:  un  calice  de  deux 
valves  presque  égales  ,  linéaires  ,  lancéolées  ,  mutiques  ; 
une  balle  florale  d'une  seule  valve  très-courte  ,  ovale  ,  lan- 
céolée ,  mutique  et  glabre  ;  trois  étamines  ;  un  ovaire  ovale  , 
surmonté  de  deux  styles  à  longs  fils. 

Ce  genre  ,  qui  se  rapproche  beaucoup  des  Agrosti*des  ,  et 
encore  plus  des  Agraules  de  Palisol-de-Beauvois,est  formé 
des  cornucopiœ  de  Walter.  Il  renferme  deux  espèces  ,  le 
Trighodion  laxiflore,  dont  le  chaume  est  droit,  la  panicule 
peu  garnie  de  fleurs  et  dont  les  feuilles  sont  courtes  ;  et  le 
rRiCHûDiON  COUCHÉ,  qui  a  le  chaume  couché,  les  feuilles 
longues  et  larges  ,  et  la  panicule  très-grande.  Ils  se  trouvent 
dans  l'Amérique  septentrionale  aux  lieux  humides,  (b.) 

T^lCHOQKUlnE.Trichogamila.  Genre  de  plantes  pro- 
posé par  P.Browne,  mais  que  Jussieu  réunit  au  Murrai.  (b.) 

TRICHOGASTERde  Schneider.  r.TRiCHOPODE.(DESM.) 

TRICHOGONE,  Trichogonum.  Genre  établi  pa^  Pa^ 
lisol-de-Beauvois,aux  dépens  des  Conferves  de  Linnœus.  Il 
ne  diffère  pas  du  Lémane  ,  de  Bory-Saint-Vincent.  Son  (ype 
est  la  Conferve  fluviale  ,  une  des  plus  communes.  V.  les 
genres  Polysperivie  ,  Cérawion  ,  Batrachosperme  ,  Chan- 
TRA«siE  Ou  Prolifère  ;  tous  genres  qui  se  rapprochent  in- 
finiment de  celui-ci.  (B.) 

TRlCHOx\IANE  ,  Trichomanes.  Genre  de  plantes  crypto- 
games ,  ae  la  famille  des  fougères ,  dont  la  fructification  est 
solitaire  ,  distincte  ,  insérée  sur  le  bord  du  feuillage  ,  con- 
tenue dans  des  involucres  monophylles, turbines  ou  urcéolés» 
et  dont  la  columelle  est  saillante  ,  pisliliforme  ,  et  la  folli-» 
çule  entourée  d'un  anneau  élaslique. 

Ce  genre  ,  çiux  dépens  duquel  on  h  formé ,  dans  ces  dcr- 


4^4:  T  II  1 

niers  temps,  les  genres  Hyménophylle,  Davalie  ,  Dick- 

SONE  et  WieELJE,  renferme  des  çlanlesàfeuilles  simples  ou 

composées  ,  desiil-transparenles  ,  dont  trois  ou  quatre  seule- 

menl.  appartiennent  à  l'Europe  ;  et  ce  sont  justement  celles 

que  Smith  a  remarqué  ne  pas  lui  convenir  sous   tous  les 

rapports. 

On  divise  les  trichomanes ,  dont  on  connoîj  près  de  cent 
cinquarjîe  espèces  ,  en  cinq  sections  ;  savoir  : 

i,"  Ceux  à  ieuiiies  entières  ,  auxquels  on  peut  donner  pour 
type  le  Trichomaise  membraneux,  qui  a  les  feuilles  oblon- 
gaes  el  laciniécs  en  leurs  bords.  11  croît  en  Amérique. 

2."  Ceux   à   feuilles  pinnalifides ,   tel   que  le  ÏRICUoman  E 
CRÉPU  ,  dont  les  feuilles  sont  lancéolées  ,  les  découpures  pa- 
rallèles et  légèrement  dentées,  11  croît  aussi  en  Amérique. 
3.°  Ceux  à  feuilles  bi-pinnatifides. 
4-°.  Ceux  à  feuilles  Iri-pinnalifides. 

5."  Ceux  à  feuilles  quadri- pinnalifides  ,  qui  tous  n'ont  été 
décrits  que  par  Swarlz  ,  celui  des  auteurs  modernes  qui  a  le 
plus  augmenté  les  espèces  de  ce  genre. 

6.  Ceux  à  feuilles  pinnées  ,  où  il  faut  remarquer  le  Tri- 
C  îOMANE  DE  TuNBRiGE  ,  qui  a  les  feuilles  oblongues,  dicho- 
toines  et  dentées.  Il  se  trouve  en  Angleterre,  et  en  France 
du  côté  de  Rennes, 

7.'  Ceux  à  feuilles  presque  bi-pinnées  ,  parmi  lesquels  on 
distingue  le  Tricuomane  pixidifere  ,  dont  les  feuilles  sont 
^llerties,  ramassées,  lobées  et  linéaires.  Il  se  trouve  en  An- 
gleterre ,    et  est  figuré  pi.  3o  du  même  ouvrage, 

8/*  Ceux  à  feuilles  entièrement  bi-mnnées,  dont  la  plu- 
part des  espèces  ne  se  trouvent  que  dans  les  îles  de  la  mer 
du  Sud. 

cj."  Ceiîx  à  feuilles  décomposées ,  auxquels  la  même  obser- 
vation s'applique. 

10."  Enfin  ,  ceux  à  feuilles  surdécomposées  ,  parmi  les- 
quels on  doit  mentionner  le  Trichomaine  gfîIMPant,  qui  a 
les  folioles  pinnées,  alternes, oblongues  et  dentées,  et  qui  croît 
en  Amérique  ;  et  le  TRICIIOMA^^E  des  Canaries  ,  qui  a  les 
feuilles  divisées  en  trois  ,  chacune  garnie  de  folioles  et  de 
pinnules  alternes  et  pinnalifides.  11  se  trouve  dans  les  Canaries 
et  les  parties  les  plus  méridionales  de  l'Europe.  C'est  le  seul 
qu'on  cultive  dans  les  jardins  de  Paris. 

Smiih  a  séparé  de  ce  genre  quelques  espèces  ,  pour  en 
former  ses  genres  :  Bavalie  et  Hyménopiiylle.  (b.) 

TRICHOMATES.  Nom  de  la  seconde  section  de  la  fa- 
mille des  algues^  qui  comprend  les  espèces  filamenteuses  on 
simples,  ou  diversement  ramifiées,  entières,  cloisonnées  ou 


T  R  I  4^5 

articulées  et  remplies  d'aune  substance  pulvérulente  que  l'on 
soupçonne  être  les  organes  reproductifs. 

Les  ii'ichomates  sont  ce  que  les  anciens  et  Lionseus  lui- 
même  désignoient  sous  le  nom  de  Conferve;  elles  se  divi- 
sent aujourd'hui  en  plusieurs  genres.  (P.  B.) 

TRICHONDYLE  ,  TnchondyliL9.  Genre  établi  par  Salis- 
bury  ,  mais  qui  ne  diffère  pas  du  Lomatie.  (b.) 

TRICIÎONÈME,  Trkhonema.  Genre  de  plantes  établi 
par  Kcr  ,  pour  placer  l'IxiE  bulbocode  et  quelques  autres. 

(B.) 

ÏRICHONOTE,  TricJienotus.  Genre  de  poissons  établi 
par  Schneider  ,  mais  qui  ne  paroît  pas  suffisamment  différer 
des  Callionymes.  (b.) 

TRICHOON,  Trichoon.  (ienre  de  plantes  de  la  triandrie 
digynie  et  de  la  famille  des  graminées  ,  qui  se  rapproche  beau- 
coup des  Roseaux  et  des  Canamelles.  U  offre  pour  carac- 
tères :  une  balle  calicinale  de  deux  valves  renfermant  une 
seule  fleur  ;  une  balle  florale  de  deux  valves,  deux  fois  plus 
grandes  que  la  précédente  ;  trois  étamines  ;  un  ovaire  en- 
touré de  laine  et  surmonté  de  deux  styles  ;  une  semence  ren- 
fermée dans  la  balle  florale. 

Ce  genre  ne  renferme  qu'une  espèce  originaire  de  l'Inde, et 
qu'on  y  emploie  ,  sous  le  nom  de  karka ,  pour  couvrir  les 
maisons,  (b.) 

TRICHOPE,  Trichopus.  (lenre  établi  par  Gœrlner, 
d'après  la  seule  considération  d'un  fruit  venant  de  Ceylan.  Il 
a  pour  caractères  :  une  fleur  supérieure;  une  capsule  mem- 
braneuse à  trois  aiies  très-longuement  pédonculées,  et  con- 
tenant ,  dans  trois  loges,  six  semences  très-ridées  et  creusées 
d'un  profond  sillon,  (b.) 

TRICHOPHORE,  TricJiophomm.  Genre  déplantes  in- 
termédiaire entre  les  LinaigrEttes  et  les  Scirpes.  11  offre 
pour  caractères  :  des  épillets  presque  ovales  ,  imbriqués  de 
deux  côtés  ;  six  soies  capillaires,  un  peu  plus  longues  que  les 
écailles,  autour  de  chaque  germe. 

Les  observations  faites  au  mot  Linaigrette  s'appliquent 
encore  plus  à  ce  genre  qui  est  composé  de  deux  espèces  ,  dé- 
couvertes par  Michaux,  dans  l'Amérique  septentrionale,  et 
dont  Tune  est  Veiiophomm  cyperininn  de  Linnœus.  (B.) 

TRICHOPHORE,  rnc/îo^/2o/w72.  Genre  de  plantes  de  la 
famille  des  algues ,  dont  les  caractères  ne  me  sont  pas 
connus,  (b.) 

TRICHOPHYLLE,  Trichophyllum.  Genre  déplantes  éta- 
bli par  Nultall  ,  Gênera  qf  Norili  American  plants^  poitr  placer 
J'Actinelle  laineuse  de  Pursh.    Ses  caractères  sont  :  calice 


ho  TRI 

cylindrique,  à  écailles  e'gales  ;  rayoïTS  oblongs  ;  réceplacle 
BU  ;  algrelle  écailleuse ,  petite  ,  à  cinq  ou  huit  dents  obtuses. 

TRICHOPHYLLUM.  Reneaulme  désigne  ainsi  le  /eu- 
eo'mm  autumnale ,  L. ,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  le  leu- 
cdîum  irichuphyllum  des  botanistes,  (ln.) 

ÏRICHOPODE  ,  Trichopudus.  Genre  de  poissons  élabli 
par  Lacépède  dans  la  division  des  Thoraciques.  Il  présente 
pour  caractères  :  un  seul  rayon  ,  plus  grand  que  le  corps  ,  à 
chacune  des  nageoires  thoracines;  une  seule  nageoire  dorsale. 

Ce  genre  renferme  deux  espèces,  dont  une,  le  Tricho- 
PODE  TRiCHOPTÈRE,  faisoit  partie  des  Labres  de  Linn<Teus.  11 
a  la  tête  couverte  de  petites  écailles  ;  les  rayons  des  nageoires 
pectorales  prolongés  en  très-longs  filatnens.  On  le  trouve 
dans  la  mer  des  Indes ,  où  il  ne  parvient  pas  à  plus  d'un  demi- 
pied  de  long.  Sa  têïe  est  petite  ;  sa  bouche  étroite  et  située  en 
dessus  du  museau  ;  ses  lèvres  sont  extensibles  ;  son  corps  est 
varié  de  brun  ,  avec  deux  grandes  taches  rondes  et  noires  ;  sa 
nageoire  dorsale  très-pelile,  et  son  anale,  au  contraire  r  très- 
iongue  ;  l'ouverlure  de  l'anus  très-voisine  des  thoracines  , 
qui  n'ont,  chacune,  qu'un  seul  filament  plus  long  que  le 
corps  ;  les  pectorales  sont  très-clroiles  ,  et  terminées  par  un 
filament,  également  fort  allongé. 

L'autre  espèce,  le  Tricuopode  mentonnier,  a  la  bouche 
dans  la  partie  supérieure  de  la  télé;  la  mâchoire  inférieure 
avancée  de  manière  à  représenter  une  espèce  de  menton. 
V.  pi.  R  9  ,  où  elle  est  figurée.  On  le  trouve  dans  les  mers 
cquinoxiales  ,  où  II  a  été  observé,  décrit  et  dessiné  par  Com- 
îTierson.  Sa  tête  est  extrêmement  remarquable,  en  ce  qu'elle 
a  quelques  rapports  avec  la  face  de  l'homme  par  la  forme  de 
sa  saillie  inférieure,  celle  djes  lèvres  ,  la  position  de  la  bou- 
che et  des  yeux.  11  n'a  point  d'écaiiles;  son  corps  est  très- 
comprimé  ;  ses  nageoires  dorsale  et  anale  sont  très-longues  ; 
le  rayon  des  thoracines  est  plus  long  que  le  corps  ,  et  délié 
comme  un  cheveu,  à  son  extrémité,  (b.) 

TRICHOPTÈRE,  rrichoplem.  Genre  d'insecles  de 
^leigen  ,  et  que  nous  avions  élabli  long-temps  avant  ce  na- 
turaliste, sous  le  nom  de  Fsychode.  V.  ce  mot.  (l.) 

TRICHOSANTIIES.  Llnnœus  a  donné  ce  nom  ,  qui 
signifie,  en  ^x-qc^  fleur-chevelue  ^  aux  ANGUtNES  ,  à  cause  de  leur 
corolle  frangée,  (ln.) 

TRICHOSPERMUM.  Nom  donné  par  Palisot-de- 
Beauvols  au  genre  qu'il  avolt  fondé  sur  le  parLhenium  inles^ri- 
folium^  L.  ;  mais  Orlega  et  Cavanllles  ,  en  rectifiant  les  ca- 
pscf^'îCS  àxx par theiMum liysterophonim ^àoni  Usavoient  fait  leurs 


T  R  I  ^7 

genres  vlllanQi>a  et  ar^iyrochœta,  il  en  est  résulté  que  ces  plantes 
dévoient  restei» réunies.  F.  Pauthénie.  (lîî.) 

TRICHOSTÈME  ,  Trlchostema.  Genre  de  plantes  de  la 
didynamier  gymnôspermie  et  de  la  famille  des  labiées  ,  dont 
les  caractères  consistent:  en  un  calice  à  lèvre  supérieure  tri- 
fide  et  à  Lèvre  inférieure  plus  courte  et  bifide  ;  une  corolle  à 
tube  court,  à  lèvre  supérieure  comprimée,  falciformc,  et  à 
lèvre  inférieure  trilobée  ;  quatre  étamines  à  filamens  très- 
longs  ,  courbés  en  dedans;  quatre  ovaires,  du  centre  des- 
quels s'élève  un  style  à  stigmate  simple  ;  quatre  semences 
arrondies  placées  au  fond  du  Calice. 

Ce  genre  renferme  des  plantes  à  feuilles  opposées  et  à 
fleurs  portées  sur  des  pédoncules  dicholomes  ,  axillaires  ou 
terminaux,  dont  on  compte  trois  espèces. 

La  Trichostème  dicuotome,  a  le  caractère  du  genre, 
c'est-à-dire  ,  les  étamines  très-longues  et  la  lèvre  inférieure 
trilobée.  Elle  est  annuelle,  et  se  trouve  dans  l'Amérique  sep- 
tentrionale aux  lieux  cultivés  ,  où  je  l'ai  fréquemment  obser- 
vée. On  la  voit  dans  quelques  jardins  de  botanique, 

La  Trichostèmë  brachiée  a  les  étamines  plus  courtes  que 
la  corolle.  Elle  est  annuelle,  et  se  trouve  dans  le  même  pays 
que  la  précédente.  Jussieu  pense  qu'elle  ne  doit  pas  entrer 
dans  ce  genre,  (b.) 

ÏRICHOSTQME,  Trickostomum.  Genre  établi  par  Tur- 
ner  aux  dépens  des  Brys  de  Linnœus.  Il  diffère  peu  des  Tor- 
TULEs,  des  CiLiAiREs,  dcs  Caiscellaires ,  dcs  Cycudotes 
et  des  DiDYMODONS.  Ses  caractères  sont  :  urne  terminale  ; 
péristome  simple  à  Irenle-deux  dents  capillaires,  rappro- 
chées deux  à  deux. 

Ce  genre  renferme  trente-une  espèces  dans  l'ouvrage  pos- 
thume d'Hedwig,  publié  parSchwœgrichen,  parmi  lesquelles 
i!  en  est  qui  ont  fait  partie  desDiCRANES,  des  Swartzies  , 
des  Ptérigonions  ,  des  Gymnosïomes  et  des  Fontinales. 

(B.) 

TRICHOTECION,  TrLhotedum.  Genre  de  plantes  de  la 
classées  anandres  ,  deuxième  ordre  ou  section  ,  les  moisis- 
sures ,  proposé  par  M.  Link.  Ses  caractères  sont:  un  thallus 
composé  de  filamens  réunis  en  gazon  ,  cloisonnés,  rameux  , 
couchés;  sporidies  presque  globuleuses,  didymes,  éparses. 

M.  Link  n'en  décrit  qu'une  seule  espèce  ,  qui  est  le  Tiu- 
CHODERME  ROSE  de  Persoou.  (p.  E.) 

TRICHRUS.  Selon  Pline  ,  c'étoit  le  nom  d'une  pierre 
noire  qu'on  trouvoit  en  Afrique,  et  qui  donnoit  trois  sorliis 
de  sucs  ,  savoir  :  sa  racine  (ou  base  ),  du  nilre  ;  le  milieu  , 
un  suc  4e  couleur  rouge  d<?  sang  ;  et  le  sommet  (  ou  la  ^ai-. 


^28  TRI 

tie  supérieure  ) ,  de  l'ochre.  Agricola  paroît  croire  que  dans 
le  texte  de  Pline  il  faut  lire  :  i."  nignim  au  lieu  de  nitrum  , 
nitre;  alors  la  partie  inférieure  de  celte  pierre  auroit  donné  un 
suc  de  couleur  noire  ;  2.»  canâidam  blanc  y  au  lieu  à'ochram^ 
jaune-d'ochre.  Ces  changemens  paroissent  convenables  ,  du 
moins  Je  dernier,  parles  variantes  qu'on  trouve  dans  les  di- 
verses éditions  de  Piine  :  voici  comme  Du  Pinet  traduit  la 
courte  description  du /m;/ira5,  donnée  par  Pline. 

«  Le  trichrus  de  Barbarie  est  noir  ;  toutefois,  en  le  frottant, 
«  il  rend  trois  humeurs  (i)  diverses  :  car  l'humeur  du  fond 
«  est  noire  ;  celle  du  milieu,  sanguine;  et  celle  de  la  montre 
«  ou  du  dessous  ,  blanche.  » 

Si  l'on  suppose  que  ce  soit  «ne  sorte  de  minerai  de  fer 
oxydé  ,  il  faut  croire  que  la  base  étoit  du  manganèse  oxydé  ; 
le  milieu,  du  fer  oxydé  ;  et  la  partie  supérieure,  ou  du  fer 
hydraté  jaune  ochreux  ou  de  Fargile  blanche  :  ce  qui  n'est 
pas  admissible  si  l'on  suppose  nitrum  au  lieu  de  nigrum;  mais 
faut-il  croire  qu'une  pareille  pierre  contint  de  l'alumine  sul- 
fatée ou  mieux  du  fer  sulfaté  ,  etc.  .''  (L^^) 

TPilCHURE,  Trichocephai us.  Genre  de  vers  intestinaux  , 
qui  a  pour  caractères  :  un  corps  allongé,  cylindrique  ,  élas- 
tique, épaissi  postérieurement,  atténué  et  filiforme  anté- 
rieurement, où  il  se  termine  en  trompe  capillaire  ,  à  l'extré- 
mité de  laquelle  est  une  bouche  orbiculaire. 

Ce  genre,  qui  a  été  appelé  irlchuride  par  Bruguière  ,  est 
encore  peu  nombreux  en  espèces  ;  mais  il  est  devenu  célèbre 
depuis  qu'une  de  ses  espèces  a  été  regardée  comme  la  cause 
première  d'ime  espèce  de  dyssenterie, peu  connue  enFrance, 
mais  que  Zœder  et  Wagels,  auteurs  allemands  ,  ont  observée 
et  décrite  sous  le  nom  de  morbus  mucosus. 

Lie  trichure  de  /'homme  est  en  dessus  un  peu  crénelé  ,  en 
dessous  uni ,  et  finement  strié  dans  sa  partie  antérieure.  11  se 
trouve  dans  les  intestins  de  l'homme  ,  surtout  dans  les  gros  , 
où  il  acquiert  jusqu'à  quatre  ou  cinq  pouces  de  long.  V.  pi.  P. 
de  ce  Dictionnaire.  ^ 

Les  autres  espèces  se  rencontrent  dans  le  cheval  ,  re  san- 
glier ,  la  souris  ,  le  renard  et  le  lézard. 

Les  genres  Mastigode,  Oxyure  et  Capillaire  ont  été 
établis  à  ses  dépens.  (B.) 

TBIGLASITE  ou  TRIKLASITE.  Blinéral  d'un  vert 
olive  plus  ou  moins  foncé,  brunâtre,  qui  se  présente  en 
cristaux  prismatiques  à  quatre  ou  six  pans  ,  avec  des  tronca- 
tures au  sommet  ;  leur  cassure  longitudinale  est  lamellcuse  , 


(i)   Mot  que  Du  Pitiet  fitit  masculin. 


crtiitar/e       / 

^.       J'r/-////,r//-i-    /.'//,//■/'/!>/•/, 

\'/-////cf//('        l/fi//(>/l>//> 

6.     y\'/i(<i    cui/f/////,!///  . 


To/jia    //e,r   fire7>rd-  . 

JJ  .      T/ft/i ////■('  ,/,'  ///!>/// //le  . 


TRI  429 

éclatante  ;  la  cassure  oblique  est  écailleuse  ,  inégale,  luisante; 
selon  Hausmann  ,  les  cristaux  sont  clivables  dans  trjois  sens 
différens,  ce  qui  lui  a  suggéré  le  nom  de  iriklasil  qu'il  donne 
à  ce  minéral. 

Sa  raclure  est  blanche.  Au  chalumeau  ,  il  blanchit  et  puis 
fond  en  un  émail  blanc. 

Selon  Hisinger,  le  triclasite  contient  : 

Silice 46,79 

Alumine 26,73 

Manganèse 2,97 

Fer  oxydé 5,oi 

Manganèse  oxydé.     .     .     .  0,^3 

Eau i3,5o 

Perte 4.,57 

Le  triclasite  se  trouve  à  Fahlun  ,  en  Suède  ,  dans  une 
gangue  quarzeuse  ,  avec  du  plomb  sulfuré  et  du  cuivre  pyri- 
aussi  dans  une  serpentine  vert-brunâtre. 

La  connoissance  de  cette  substance  est  due  àWalmann: 
Hausmann  en  a  donné  la  description  dans  le  vol.  4-  (3  ,  p. 
096  )  des  Ephémérides  du  baron  de  Moll.  Il  paroît  qu'elle  se 
rapproche  de  l'épidote.  M.  Lucas  soupçonne  qu'elle  est  voi- 
sine du  pyroxène,  et  M.  Berzelius,  guidé  par  l'analyse, la  place 
près  de  la  népheline.  Mais  aucune  de  ces  pierres  n'offre  de 
l'eau  à  l'analyse  ,  du  moins  en  telle  quantité;  ainsi  le  tricla- 
site ne  sauroit  lui  être  rapporté.  M.  Hisinger  nous  apprend 
que  le  triclasite  d'Hausmaun  est  une  variété  de  la  fahhmùe 
noire.  Cette  substance  demande  à  être  étudiée  de  nouveau. 

(LN.) 

TRICLE  ,  Tricla.  Synonyme  de  Char.  V.  Bulla.  (b.) 
TRICLINION  ,  Tridinium.  Aibrisseau  à  rameaux  diva- 
riqués,  anguleux,  à  feuilles  longuement  pétiolées,  trifoliées, 
glabres,  à  folioles  oblongues,  inégalement  dentées, lobées;  à 
fleurs  en  ombelles,  terminales,  exhalant  l'odeur  du  Réséda  , 
qui  ,  selon  Rafmesque  ,  constitue  un  genre  dans  la  polygamie 
pentandrie  et  dans  la  famille  des  araliacées  ,  fort  voisin  des 
Gensengs. 

Les  caractères  de  ce  genre  sont  :  fleurs  polygames  ;  les 
hermaphrodites  constituées  par  un  calice  serni  -  inférieur  à 
cinq  dénis;  cinq  pétales  recourbés;  cinq  étamines  recour- 
bées ;  un  ovaire  globuleux  ,  surmonté  de  deux  styles  recour- 
bés et  fort  longs  ;  un  ovaire  biloculaire  ,  disperme  ,  hérissé, 
couronné  par  le  calice.  Les  mâles  seulement  sans  ovaires  ,  et 
les  femelles  seulement  sans  étamines.  (b.) 


43»  T  II  i 

TRlCLlS.  H  aller  a  donné  ce  nom  aux  genres  PolycarpoS 
el  pharnaccwn  ^  L. ,   qu'il  réunissoit.  (LN.) 

TRICOCCON  ou  SCORPIURUS.  Selon  Pline  ,  on 
donnoil  ces  noms  à  &a  petite  espèce  (I'Heliotropium.  V.  ce 
mol,  (lis.) 

ÏRICOLOR.    Plante     du    genre     des     Amaranthês. 

(B.) 

TRÏCOLOR.  V.  Tangaratricolor.(v.) 
TRIGOLOR  HUPPÉ.  F.  Faisan  tricolor.  (v.) 
TRIGONDYLUS  ,  de  Knigth  et  Salisbury.  Ce  genre  de 
plantes  est  celui  que  R.  Brovvn  a  nommé  ensuite   lomatia. 

(LN.) 

TRICORNE,  Dénomination  donnée  au  renne  ,  par 
Olaiis   Magnus.  V.  l'histoire   du  Renne  ,  à  l'article  Cerf. 

(desm.) 

TRICORINE  ,  Trîcorina.  Genre  établi  par  R.  Brown  , 
pour  placer  cinq  plantes  de  la  Nouvelle-Hollande  ,  fort  voi- 
sines des  PaALANGÈRES;  il  est  de  i'hexandrie  monogynie  et 
de  la  famille  des  asphodèles. 

Ses  caractères  sont  :  corolle  à  six  divisions  ouvertes  ,  éga- 
les ,  caduques  ;  six  étamines  à  filamens  barbus  ;  ovaire 
samincissant  en  style ,  et  terminé  par  un  stigmate  simple  ; 
trois    péricarpes   en   massue  ,    évalves    et     monospermes. 

(B.) 

TPtICOT.  Coquille  du  genre  Cône,  C'est  le  conus  mer^ 
calus  de  Linnœus,  (b.) 

TFxICOTË.  C'est  le  nom  spécifique  d'une  coquille  uni- 
valve  du  genre  Casque.  V.  ce  mot.  (desm.) 

TRICOTE,  Epilhète  qu'on  donne  à  des  minéraux  métal- 
liques, dont  la  gangue  pierreuse  et  susceptible  de  poli,  se 
trouve  pénétrée ,  en  tous  sens,  par  des  dendriles  de  métal 
natif,  ou  qui, du  moins,  ontréclat  métallique.  Le  cobalt  sur- 
tout, et  le  bismuth,  présentent  quelquefois  ce  joli  accident. 
V.  Bismuth  et  Cobalt,  (pat.) 

TRICOTÉE.  Coquille  du  genre  Vénus  (  venus puerpera , 
Linn.),  (B.) 

TRICTRAC.  Un  des  noms  vulgaires  de  la  Grive 
DRAINE  ,  d'après  son  cri.  (v.) 

TRICUSPIJDAIRE,  Tricuspidaria.  Genre  de  vers  intes- 
tinaux, établi  par  Rudolphi  pour  placer  le  TiENiA  noduleux 


T  R  î  43» 

<^ni  s'écarte  des  autres  par  la  forme  de  sa  t-ete.  Il  a  pour 
caractères  :  d'être  aplati,  allongé,  avec  la  bouche  orbicu- 
laire  ,  et  armée  d'une  double  épine  à  trois  poii)les.de  chaque 
côté. 

Le  iricuspidaire  se  trouve  dans  les  intestins  des  perches  { 
des  brochets^  des  anguilles^  et  autres  poissons  d'eau  douce. 
Les  genres  Rhytis  et  Rhîtelminthe    n'en   diffèrent  pas; 

(B.) 

TRICUSPIDAIRE,  Triruspidan'a.  Arbre  du  Pérou, 
qui  forme  un  genre  dans  la  dodécandric  monogynie,  ejk 
daps  la  famille  des  tiliacées.  Il  offre  pour  caractères  :  uu 
calice  campanule  à  cinq  dents  denticulées  ;  une  corolle  de 
cinq  pétales  cunéiformes,  tricuspidés  et  plissés  à  leur  base  ; 
un  anneau  à  dix  angles  ;  quinze  élamincs  insérées  entre 
l'ovaire  et  l'anneau;  un  ovaire  supérieur,  trigone,  à  style 
subulé  et  à  sligmate  simple;  une  capsule  oblongue,  trigone , 
triloculaire,  trivalve,  contenant  des  semences  presque  triau- 
gulaires.  (b.) 

TRlCUSPIS,7'nVy5/;/5,  Genre  de  plantes  de  la  famille  ries 
graminées,  établi  par  Palisot-de-Beauvois  aux  dépens  des 
CanCHES  de  Michaux. 

Ses  caractères  sont  :  balle  calicinaîe  de  deux  valvesnavicu- 
laires  et  contenant  de  cinq  à  sept  fleurs,  chacune  composée 
de  deux  valves  dont  l'inférieure  est  bifide  et  mucronée  ,  et 
la  supérieure  simplement  tronquée,  ou  légèrement  émar- 
ginée 

Deux   espèces  composent   ce   genre  ,    dont   une   est  le 

CaISCRE  BLEUATRE.  (B.) 

TRICUSPIS.  Synonyme  de  la  Tricuspidaire  de  la 
Flore  du  Pérou,  (b.) 

TRICYCLE,  Iricycla.  Arbre  du  Brésil ,  à  épines  soli- 
taires ,  éparses,  souvent  bifides;  à  feuilles  spalhulées,  légère- 
ment velues  ,  glauques,  petites  et  réunies  deux  ou  trois  en- 
semble au-dessous  de  chaque  épine  ;  à  fleurs  jaunes ,  asse^î. 
grandes,  légèrement  pédonculées  ,  et  sortant  des  mêmes 
points  que  les  feuilles  ,  lequel  donne  lieu  à  l'établissement' 
d'un  genre  dans  la  pentandrie  monogynie,  et  dans  la  famille 
des  nyctaginées. 

(]e  genre,  appelé  Bougainvillée  par  Lamarck  ,  présente- 
pour  caractères:  un  calice  de  trois  grandes  folioles  rondes, 
veinées  et  persistantes;  une  corolle  monopétale,  persis-. 
tante,  à  limbe  divisé  en  parties  crénelées;  cinq  élaminesj 
un  ovaire  oyale,  à  style  latéral,  subulé,  et  à  sligmate  siiu-- 


433  T  R  I 

pîe  supérieur  ;  une  semence  ovale ,  solitaire  ,  renfermée 
dans  le  tube  de  la  corolle, et  entourée  d'une  samare  ovale. (b  ) 

TRIDACINK.  r.  Thridax.  (ln.) 

TRÎDACNA.  Selon  Pline,  les  historiens  d'Alexandre 
le  Grand  ,  qui  ont  écrit  son  voyage  dans  Tlnde  ,  disent  qu'on 
trouve,  dans  la  mer  des  Indes  ,  d«s  huîtres  qui  ont  un  pied 
de  long.  «  11  y  a  même  ,  ajoute  Pline  ,  le  Moniteur  (  No- 
menclator  *)  d'un  Romain  prodigue,  qui  nomme  certaines 
huîtres  ,  qu'on  prend  dans  nos  mers  ,  tridacna,  voulant  dire, 
par  ce  nom ,  qu'elles  sont  assez  grosses  pour  être  mangées 
en  trois  bouchées.  »  (  Pi. ,  liv.  3iî  ,  cap.  6.  )  Il  est  possible 
que  les  huîtres  d'un  pied  de  long  et  de  la  mer  des  Indes  , 
aient  été  nos  bénitiers  (iridacna  gigas  ,  Lk.  ).  Quant  aux 
tridacna  de  nos  mers,  c'éloient  des  huîtres  extrêmement 
grosses  et  comme  on  en  voit  encore  sur  les  côtes  de  l'Italie. 

(LN.) 

TRIDACNE  ,  Tridacna.  Genre  de  testacés  de  la  classe 
des  Bivalves  ,  qui  offre, une  coquille  inéquilatérale  ,  sub- 
transverse  ,  à  charnière  à  deux  dents  comprimées  et  intran- 
les  ,  et  à  lunule  bâillante. 

La  coquille  qui  forme  ce  genre  avoit  été  réunie  aux  Cames 
par  Linnseus  ,  et  en  a  été  retirée  par  Rruguière.  C  est  celle 
qui  parvient  à  la  grosseur  la  plus  considérable.  On  en  trouve 
de  plus  de  cinquante  livres  de  poids  ,  et  de  quatre  pieds  de 
diamètre. 

Le  peu  qu'on  sait  sur  cette  coquille  ,  qui  est  profondé- 
ment sillonnée  à  l'exlérieur ,  et  qui  représente  une  suite  de 
tuiles  creuses  en  recouvrement ,  convient  aux  Cardites  et  à 
rri\POPE.  F.  ces  mots  et  le  mot  Came. 

La  Tridacne  géant  ,  Chama  gigas  ,  Linn.  ,  se  trouve 
dans  la  mer  des  Indes  et  dans  la'  Méditerranée.  V.  pi,  R.  2  , 
où  elle  est  figurée.  Ou  l'appelle  vulgairement  le  hénUier  ^  la 
tidlèe  ou  la  faîtière.  Pour  la  pêcher ,  on  introduit  une  longue 
perche  entre  ses  valves,  lorsque  son  animal  (  qui  est  figuré 
pi.  n  de  l'ouvrage  de  Cuvier ,  intitulé  le  Genre  aniniul 
distribué  selon  son  organisation  )  ,  les  tient  ouvertes  au  fond 
de  la  mer:  cet  animal  ,  en  les  refermant,  saisit  fortement 
l'extrémité  de  la  perche  ,  et  se  laisse  enlever  ainsi  de  son 
élément. 

Forest  rapporte  qu'on  fait  une  grande  consommation  de 
ces  coquillages  dans  les  Moluques.  On  les  prend  en  leur^pré- 


*  Les  Latins  appeloîent  Nomenclatores  les  personnes  qui  suivoient  les 
Grands  lorsqu'ils  postuloient  des  place»  ,  pour  leur  pommer  tous  ceux  qu'il» 
rencontroJent,  afin  de  leur  faire  la  cour,  s'il  étoit  nécessaire. 


TRI  433 

sentant  un  Lâton  lorsqu'ils  sont  ouverts.  Les  petits,  c'est-à- 
dire  ,  seulement  gros  comme  la  têle  d'un  homme  ,  sontforts 
bons  et  se  gar<îent  longtemps  en  vie  sur  les  vaisseaux,  (b.) 

TBIDACTYLE,  Tddactylus.  (lenre  d  insectes,  de  l'ordre 
des  orthoptères,  famille  des  sauteurs,  tribu  des  gryllones  , 
établi  par  Olivier,  dans  l'Encyclopédie  méthodique,  et 
qu'Illiger  a  postérieurement  nommé  xoya. 

Ces  singuliers  orthoptères  ont  les  plus  grands  rapports 
avec  les  achètes  de  Fabricius  ,  avec  celles  plus  spécialement 
que  j'en  ai  séparées  pour  former  le  genre  coiirîilière.  Ce  sont 
également'des  insectes  sauteurs  et  fouisseurs.  Mais  les  tridac- 
tyles  ne  peuvent  creuser  la  terre  qu'avec  leurs  jambes  anté- 
rieures ;  les  tarses  des  mêmes  jambes  et  les  deux  suivans  sont 
conformés  à  l'ordinaire  ;  les  deux  derniers  manquent  et  sont 
remplacés  par  de  petites  lames  ,  mobiles,  étroites,  crochues, 
imitant  des  espèces  de  doigts  ;  quelques  espèces  n'en  ont  que 
deux  ;  d'autres  en  ont  trois  de  plus  ,  ou  cinq  ,  deux  plus  cour- 
tes ,  et  trois  intermédiaires,  plus  longues  ,  plus  comprimées  , 
brièvement  cillées  et  dentelées  supérieurement,  en  manière 
de  peigne.  Les  quatre  jambes  antérieures  sont  larges  ;  les 
deux  premières  sont  dentelées,  avec  un  sillon  longitudinal  , 
à  leur  face  interne  ,  pour  recevoir  le  tarse  ,  lorsque  l'animal 
le  replie.  Les  pattes  postérieures  ont  les  cuisses  grandes  , 
allongées,  et  leurs  jambes  sont  menues  ,  longues,  munies  ex- 
térieurement de  petites  écailles. 

Les  tridactyles  diffèrent,  en  outre  ,  des  courtilières,  par 
leurs  antennes  beaucoup  plus  courtes ,  presque  moniliformes, 
et  composées  seulement  de  dix  à  douze  articles;  en  ce  que 
leurs  yeux  lisses  sont  très-distincts ,"  et  que  leur  corselet  est 
plus  large  que  long;  l'anus  offre  quatre  appendices  stylifor- 
mes.  Ces  orthoptères  ressemblent  d'ailleurs  aux  courtilières 
sous  les  autres  rapports  ;  mais  ils  paroissent  avoir  plus  émi- 
nemment la  faculté  de  sauter;  c'est  du  moins  ce  qui  m'a  été 
assuré  ,  relativement  à  l'espèce  qui  se  trouve  dans  les  dépar- 
teniens  méridionaux  de  la  France  ,  celle  que  M.  Illlger  nom- 
me xyla  variegata  ,  et  qui  devroit  peut-être  former  un  genre 
propre.  Elle  se  tient  dans  le  sable  des  bords  des  rivières.  Moa 
ami ,  M.  Léon  Dufour  ,  l'a  observée  sur  les  eaux  de  l'Adour. 
Je  l'ai  aussi  re<jue  de  Lyon  et  d'Aix  ,  en  Provence. 

M.  Savigny  a  rapporté  d'Egypte  la  même  espèce  ,  et  l'a 
décrite  dans  la  partie  zoologique  du  magnifique  ouvrage , 
publié  en  France  ,  sur  cette  contrée,  avec  cette  abondance 
et  cette  exactitude  de  détails  qui  caractérisent  les  observations 
de  ce  naturaliste.  Quoi  qu'il  ait  eu  l'amitié  de  me  don- 
ner la  planche  où  ces  détails  sont  exposés ,  je  n'en  profiterai 
XXXiY.  UÔ 


43i  TRI 

point ,  attendu  qu'il  n'a  pas  encore  mis  au  jour  le  texte  expli- 
catif. Je  me  bornerai  à  dire  un  mot  de  l'espèce  que  mon 
confrère,  M.  Palisot  •  de  -  Beauvois  ,  a  trouvée  dans  ic 
royaume  de  Bénin,  et  dont  il  a  bien  voulu  me  céder  un  indi- 
vidu. 

Je  nommerai  celte  espèce  ,  Tridactyle  paradoxe  ,  >/- 
daciylus  paradoxits.  11  a  environ  quatre  ligties  de  longueur;  il 
est  blanchâtre  ,  avec  la  tête,  le  corselet  et  les  élylres  d'un 
brun  clair;  les  élytres  sont  fort  courtes,  comme  dans  les 
courtilières  ;  les  ailes  sont  étroites  et  linéaires,  blanches  vers 
leur  base  ,  d'un  brun  clair  ensuite  ;  les  pattes  ont  des  bandes 
de  cette  dernière  couleur. 

On  pourra  voir  une  figure  Irès-détaillée  de  cet  insecte 
dans  le  troisième  fascicule  des  lUiistralîons  iconographiques  des 
Insectes  de  M.  Coquebert,  (l.) 

TRIDACTYLES  (  Ornithologie  ).  On  appelle  oiseaux 
tridactyles  ceux  qui  n'ont  que  trois  doigts.  C'est,  chez  les  es- 
pèces de  l'ordre  des  syhains,  le  doigt  extérieur  et  qui  manque 
chez  les  espèces  des  ordres  gallinacés ,  èchassiers  et  nageurs  , 
c'est  le  postérieur,  (v.) 

TRIDACTYLES  ou  TRIMÉRÉS ,  Duméril.  V.  Tri- 
mères,  (desm.) 

TRIDACTYLITES.  Nom  donné  à  une  espèce  de  Saxi- 
frage très-commune,  qui  fleurit  dès  le  premier  printemps  et 
dont  les  feuilles  sont  trilobées,  (ln.) 
.   TRIDACTYLON  de  Dioscoride.  V.  Vitex,  (ln.) 

TRIDAX,  Tridax.  Plante  du  Mexique,  herbacée,  ram- 
pante ,  à  feuilles  opposées,  dentées,  hérissées,  et  à  fleurs 
solitaires,  terminales  ,qui  forme  un  genre  dans  la  syngénésie 
poiyganne  superflue  ,  et  dans  la  famille  des  corymbifères. 

Ce  genre  a  pour  caractères  :  un  calice  cylindracé,  imbriqué 
d'écaillés  ovales,  oblongues  et  droites;  un  réceptacle  paléacé, 
portant  dans  son  disque  des  fleurons  hermaphrodites,  et  à 
sa  circonférence  des  demi-fleurons  trlpartltes  ,  femelles  fer- 
tiles :  plusieurs  semences  surmontées  d'une  aigrette  simple  , 
setacée  ,  formée  de  plusieurs  rayons. 

Le  tridax  diffère  fort  peu  du  Balbisie  de  Willdenow. 

(B.) 

TRIDE.  Nom  vulgaire  du  Bruant  proyer.  (v.) 

TRIDENT.  On  a  donné  ce  nom  au  perça  irifurca  de 
Linnœus  ,  dont  Lacépède  a  fait  un  LutjaN.  (b.) 

TRIDENTEA.  V.  Tromotriche.  (ln.) 

TRI  DENTÉE  ,  Tridentea.  Genre  de  plantes  qui  ne  dif- 
fère pas  du  Stapelie.  (b.) 

TRIDENTULA.  Les  oryctographes  ont  décrit  sous  ce 


T  R  I  43r, 

nom  une  dent  pétrifiée,  à  trois  pointes  ou  à  trois  dentelures 
et  qui  paroît  être  un  Glossopètre.  F.  ce  moi  ,  les   articles 
PoissoTNS  FOSSILES  ,  et  Glossopètre.  (desm.) 

TRIDESME  ,  Tridesmis.  Genre  de  plantes  établi  par 
Loureiro  dans  la  monoécie  polyandrie  et  dans  la  famille  des 
tithymaloïdes.  11  offre  pour  caractères,  dans  les  fleurs  mâles  : 
un  calice  de  cinq  folioles  lancéolées,  velues  et  ouvertes  ;  une 
corolle  de  cinq  pétales  lancéolés  ,  velus  ;  une  vingtaine  d'eta- 
mines  :  dans  lestleursfemelles,  un  calice  comme  dans  les  fleurs 
mâles  ;  point  de  corolle  ;  un  ovaire  supérieur ,  surmonté  de 
quinze  à  vingt  styles  à  stigmates  épais,  disposés  en  trois 
faisceaux  :  une  capsule  presque  ronde  ,  hispide,  triloculaire 
trivalve  et  monospernie. 

Ce  genre  renferme  deux  espèces.  Ce  sont  des  arbrisseaux 
de  la  Chineàfeuillesalternes,  lancéolées,  et  à  Heurs  disposées 
en  épis  terminaux  ,  dont  un  a  les  feuilles  hispides  et  les  épis 
courts  ,  l'autre  les  feuilles  tomenteuses  et  les  épis  longs.  La 
décoction  de  la  racine  du  premier  passe  pour  fortifier  les 
muscles,  (b.) 

TRIDIGITÉS.  V.  Trimères.  (l.) 

TRIDO.  Nom  du  Bruaist  prover  ,  en  quelques  endroits 
de  la  Provence  ,  à  cause  de  son  cri.  (v.) 

ÏRIE.  Nom  appliqué  à  la  Grive  draine  ,  d'après  son  cri. 

TRIE,  Nom  spécifique  d'une  Couleuvre,  (b.) 

TRIÈNE.  V.  Tri/ene.  (b.) 

TRIENTALE,  TrieniaUs.  Plante  à  racine  fibreuse,  à 
tige  simple  ,  tendre  ,  mince,  ronde  ,  nue  ,  glabre ,  haute  de 
quatre  à  six  pouces ,  et  garnie  d'un  verticilie  de  cinq  à  six 
feuilles  presque  sessiles,  oblongues  ,  du  centre  desquelles 
s'élève  un  pédoncule  qui  porte  deux  ou  trois  Heurs  blanches, 
entourées  de  plusieurs  feuilles  bractiformes. 

Cette  plante  forme  ,  dans  l'heplandrie  monogynie  et  dans 
la  famille  des  primulacées ,  un  genre  qui  a  pour  caractères  : 
un  calice  divisé  en  sept  parties;  une  corolle  en  roue,  à  sept 
divisions  ;  sept  élamines  ;  un  ovaire  supérieur  ,  surmonte 
d'un  style  à  stigmate  simple  ;  une  baie  sèche  évalve. 

La  trientale  est  vivace,  et  elle  est  sujette  à  varier  dans  le 
nombre  de  ses  parties.  Elle  croît  dans  les  bois  et  sur  les  mon- 
tagnes élevées  de  l'Europe.  Redouté  l'a  abondamment  trou- 
vée auprès  de  Saint-Hubert  dans  les  Ardennes.  C'est  une 
plante  fort  élégante,  qui  est  devenue  fort  rare  dans  les  Alpes, 
où  elle  étoit  commune  autrefois.  On  la  cultive  dans  les  jar- 
dins ,  où  elle  ne  prospère  qu'autant  qu'elle  est  plantée  dans 
la  terre  de  bruyère  et  au  nord,  (b.) 


436  TRI 

TPvIENTALlS.  V.  Cordus  ,  dans  ses  observations  ,  indi- 
que ,  en  Franconie,  une  jolie  petite  plante  qu'il  nomme 
herha  liientaUs.  Si  l'on  en  croit  Ventenat ,  celte  plante  devroit 
son  nom  à  sa  hauteur,  qui  égale  trois  pouces  ,  comme 
l'exprime  le  mol  trientalis  en  latin.  Les  botanistes  ontconservé 
à  cette  herbe  le  nom  de  irientaiis.  Royenlui  associoit  le  sep- 
tas  rapensis  ,    L.  V.  TrienTALE.  (lN.) 

TRIFLE.  En  Champagne,  aux  environs  de  Bar-sur- 
Aube,  de  Soulaines  ,  de  Wassi  et  de  Saint-Dizier,  on  donne 
ce  nom  au  fruit  de  la  M\CRE  ou  Châtaigne  d'eau,  (desm.) 

TRIFOLÏASTÎIUM.  Genre  établi  par  Micheli,  pour 
placer  le  trifuHum  hybrUlum^  et  qui  diffère  à  peine  du  trifolium. 
Ce  genre  est  différent  du  trifuliastrum  de  JVIoench,  fondé  sur 
le  trifolium  cœruleum^  L.,  ou  melilotus  cœruleus,  distinct  du  me- 
liloius  par  son  port ,  qui  est  semblable  à  celui  des  trèfles  , 
et  par  son  légume  qui  s'ouvre  en  se  fendant ,  tandis  que  dans 
le  melilolus  il  reste  clos,  (ln.) 

TRIFOLIUM.  Les  Latins  donnoient  ce  nom  à  plusieurs 
espèces  de  plantes,  dont  les  feuilles  étoient  composées  de 
trois  folioles.  Ce  nom  répondoit  au  iriphyîlum  des  Grecs  , 
Ciuisignifioit  la  même  chose  et  désignoit  les  mêmes  végétaux, 
particulièrement  le  trèfle  des  près  :  cependant  aucun  auteur, 
grec  ou  latin  ,  n'a  dit  ce  que  c'étoit  que  le  trèfle  des  près  , 
Hippocrate,  Dioscoride  ,  Galien  ,  se  contentent  de  le  nom- 
mer dans  plusieurs  endroits  de  leurs  ouvrages.  Pline ,  en 
traitant  des  prairies ,  s'exprime  ainsi  :  herba  optima  in  prato 
itifoUi ^proximagraminis ^pessima  mimmuli ^  c'est-à-dire,  l'herbe 
du  trèfle  est  excellente  dans  un  pré  ,  puis  vient  le  gramen  ;\q.  ^ 
inlmmidus  (cocrète  ?  )  est  l'herbe  la  plus  mauvaise.  Encore 
de  nos  jours  ,  les  prés  les  plus  riches  sont  ceux  où  le  trèfle 
abonde. 

Pline,  traitant  des  plantes  qui  enlroient  dans  la  composi- 
tion des  bouquets ,  couronnes  de  fleurs  ,  etc. ,  dislingue , 
parmi  les  trifoUmn  ,  trois  espèces  :  la  première  étoit  appelée 
menyanthes  (ou  minyanihes  )  et  aspJialtion  ,  par  les  Grecs  ;  ses 
feuilles  étoient  les  plus  grandes  ,  les  bouqueliers  en  faisoient 
usage;  la  deuxième,  ou  V oxytriphyllum  des  Grecs,  se  dis- 
tinguoit  par  ses  feuilles  pointues  ;  la  troisième  étoit  la 
plus  petite ,  et  quelques  exemplaires  de  Pline  ajoutent 
la  plus  odorante.  Indépendamment  de  ces  trifolium, Pline  dit 
qu'il  y  en  avoit  d'autres,  dont  les  tiges  étoient  nerveuses 
comme  celles  du  maraihrum  ,  de  ï hippomanthrum  et  du  myo- 
phonon ,  c'est-à-dire  ,  des  fenouils  cultivés  et  sauvages  , 
etc.  Les  vertus  et  les  propriétés  du  trifolium  sont  décrites 
dans  un  autre  chapitre  :  il  en  résulte  que,  selon  quelques 


T  R  I  .;37 

auteurs,  le  trifolium  asphaUion  étoît,  dans  toutes  ses  parties  ,  un 
antidote  contre  la  morsure  des  serpens,  et  selon  d'autres, 
dont  Sophocle  et  Simus,  que  Pline  cite  comme  un  médcciri 
fameux  ,  une  herbe  vénéneuse.  Enfin  Pline  nous  apprend  que 
les  graines  du  trifolium  à  petites  feuilles  ,  entroient  dans  la 
composition  des  onguens  dont  les  femmes  se  frolloient  la 
peau  du  visage  pour  se  la  conserver  belle. 

Dioscoride  ne  décrit  qu'un  ùiphyllon ,  appelé  indifférem- 
ment menyanihes,  asphaltion  ,  et  oxytriphyllon  (  et  oxyphyllon  ) 
par  les  Grecs.  H  le  décrit  ainsi  : 

«  Cette  herbe  passe  une  coudée  (un  pied  et  demi  )  de  haut , 
«  et  produit  certaines  verges  ,  menues  ,  noires  ,  et  en  forme 
»  de  joncs,  desquelles  sortent  d'autres  branches  semblables, 
«  menues  ,  et  ayant  chacune  trois  feuilles  pareilles  à  celles 
«  du  melilotus  ;  quand  elles  commencent  à  sortir  elles  ont 
«  l'odeur  de  la  rixe  ,  mais  lorsqu'elles  sont  plus  développées 
<f  elles  ont  l'odeur  du  bitume.  Sa  fleur  est  rouge  ,  et  sa  graine 
«  un  peu  large  et  un  peu  velue  ,  longue  d'un  côté  et  portant 
«  une  petite  corne  ou  gousse;  sa  racine  est  menue  ,  longue 
«  et  roide.  » 

Selon  Dioscoride,  cette  plante  étoit  diurétique  ,  emména- 
gogue  ,  utile  dans  l'épilepsie  et  l'hydropisie  ;  sa  racine  entroît 
dans  la  composition  des  contre-poisons  et  des  préservatifs.  It 
rapporte  aussi  les  divers  usages  médicaux  du  triphyllop..  C'est 
aussi  de  ce  triphyllon  asphaltion  dant  il  est  question  dans 
Galien. 

Scribonius  Largus,  qui  suivit  l'empereur  Claude  César 
dans  ses  expéditions  ,  décrit  ainsi  le  trifolium  oxytriphylhun  : 

«  Le  trifolium  aigu ,  qu'on  nomme  oxyiriphyllum ,  croît 
«  abondamment  en  Sicile  :  je  n'en  ai  poir,!  vu  dans  toute 
«  l'Italie  ,  excepté  au  port  de  Luni,  en  passant  en  Ar?gieterre 
«  avec  l'empereur  Claude  César;  il  a  les  feuilles  semblables 
'c  à  celles  du  trifolium  commun^  si  ce  n'est  qu'elles  sont  plus 
«  massives  et  un  peu  cotonneuses,  ayant  au  bout  comme  une 
«  pointe  élevée.  Cette  herbe  a  deux  pieds  de  hauteur  et  quet- 
«  quefois  davantage  ;  elle  a  une  odeur  désagréable.  Rien  de 
«(  tout  cela  ne  s'observe  dans  le  trifolium  des  près.  » 

Cette  descriplion  de  V oxytriphyllum ,  par  S.  Largus ,  et 
celle  de  Y  asphaltion  (qui  sent  le  bitume,  en  grec),  appar- 
tiennent bien  à  la  même  plante,  et  cette  plante  est  notre 
PsORALlER  BiTUMtNEUX  ,  de  l'avis  de  presque  tous  les  bota- 
nistes. Cependant  quelques  botanistes  (  Clusius  ,  Lobei  )  ont 
cru  que  Voxytriphyllum  de  Scribonius  Largus  étoit  le  lotus 
hirsutus  ,  L. 

Le  trifolium  asphaltion  de  Pline  est  aussi  le  prsraha  ùitumî'- 


m  TRI 

Tiosa.  Le  lotiis  hiniiius,  ou  peut  -  êlre  la  variété  à  feuilles 
étroites  du  psor.  hituminosa  furent  sans  doute  son  oxytriphyl- 
htm  ;  mais  quant  à  sa  troisième  espèce  ,  il  est  possible  qu'elle 
filt  le  irifoUum  agrarîum  ou  aureum.  Enfin  les  espèces  de  trèfles 
qui  croissent  dans  les  prés,  et  notamment  \es  trifolium  pra- 
iense  et  inrarnalum  ,  qui  font  la  richesse  des  prairies  de  la 
Lombardic  et  de  T Italie,  doivent  être  les  plantes  que  les 
anciens  ont  désignées  par  trifolium  et  iriphylion^  sans  en  laisser 
de  description. 

Chez  les  botanistes  modernes  le  nom  de  trifolium  a  reçu 
d'abord  une  acception  très-étendue  ,  el  Ton  voit  que  toutes 
les  herbes  à  trois  folioles  ou  à  trois  lobes  ont  été  groupées 
sous  ce  nom. 

Dans  le  Pinax  de  C.  Bauhin  les  trifolium  sont  divisés 
ainsi  : 

Lïi  première  division  comprend  les  psoralea  biiuminosa  et 
americana  ,  et  le  menyanthes  trijoliata  ; 

La  2.^  est  celle  des  trifolium  pratense  ^  où  se  rangent  «juel- 
ques  espèces  de  nos  trèfles  ou  trifolium  ,  dont  les  //•.  pratense 
et  repens  ,  ainsi  que  le  medicago  lupulina  ,  L.  ; 

La  6.'^,  celle  Aqs  trifolium  montanum^  ne  comprend  que  des 
espèces  de  trèfles,  dont  les  tr.  alpestre  et  montanum  ; 

La  4-®  désignée  par  tri folium  alpinum ,  offre  le  tr.  alpinum  , 
Linn.  ,  et  le  potentîUa  nitida ,  L.  ; 

La  5.«  est  celle  des  trifolium  spicatum  ,  et  ne  renferme  que 
des  trèfles  ,  dont  les  //■.  incarnatum ,  rubens ,  angustifolium  , 
squarrosum  ^  arvense  y  etc.; 

La  6.^  nommée  trifdium  capitula  stellato ,  à  cause  des  soies 
du  calice  qui  s'étalent  en  forme  d'étoiles,  contient  des  trèfles, 
dont  les  tr.  fragiferum,  siellatum,  spinosum,  cherleri ,  etc. ,  et 
le  lotus  dorynium  ,  L.  ; 

La  7.*  appelée  trifolium  fjeltatam  saitellatum,  etc.  ,  ne  ren- 
ferme que  les  mélilofs  de  Crète  ,  et  des  luzernes  (  medicago  ) 
à  légumes  lisses  et  en  spirale  ,  dont  les  medicago  orhicularis  , 
scutellata ,  turbinata  et  mariUma  ; 

La  B.»  dite  des  trifolium  cochleaium  hispidum^etc, contient  des 
espèces  de  medicago  ,  à  légumes  hérissés  ou  épineux,  dont 
les  med.  maculata ,  cordcita  ,  rigidula  ,  mlnima ,  etc. ,  et  lefago- 
nia  cretica  ,  à  cause  de  sa  capsule  rude  et  de  ses  feuilles  tri- 
phylles; 

La  9.*  dite  des  irifol.  siliqua  cornuta  et  jalcata  ,  renferme 
les  medicago  sativa  (  la  luzerne  commune  )  ,  Jalcata  et  ra- 
diaia  ; 

La  10.*  celle  des  trifolium  acetosum  ,  offre  des  plantes  très- 
éifférentes  de  toutes  les  précédentes,  savoir  :  les  Surelles 


OU  OXALIS  (  0.  acetosella  et  corniculata^lj.),  qui  ont  une  saveur 
acide  et  les  feuilles  à  trois  folioles,  d'où  leur  viennent  les 
noms  à'oxys  et  à''oxytnphyUurn,  que  leur  ont  donnés  quelques 
botanistes  contemporains  de  C.  Bauhin.  Morison  et  Barrelier 
ont  ajouté  à  cette  division  les  oxalis  slrlcia  et  Barreîieri ^  L.  ; 

Enfin  une  ji.*  division  est  coile  du  trifoUum  hepaticum  ,  qui 
ne  comprend  que  Vanemnne  hepatica  ,  L. ,  et  ses  variétés  ;  Do- 
donée  ,  ïragus  et  C.  Eauhin  ,  sont  presque  les  seuls  qui 
Paient  nommé  trifo'iuin  ;  on  lui  a  généralement  donné  les 
noms  de  irinitas ,  et  d'herba  irinitaiis ,  à  cause  de  ses  feuilles 
trilobées ,  et  à'hepatica. 

D'autres  botanistes  ont  encore  appliqué  le  nom  de  tnfo- 
lium  ,  AUX  fraisiers  (  Tragus)  ;  aux  melilotus  officinalis  (  Dod.  )  , 
et  cœrulea  (  Trag.  ,  Fuch.  ,  Dod.  ,  elc.  )  ;  au  iri^oneVn  rorni— 
rulata  (Tabern. ,  Dod. ,  etc.)  ;  au  lotus  rornicuiaius {T nhern. , 
Dod.  )  ;  au  jasminum  fni/icans  (^  Dod.  )  ;  au  cylisus  sessili/olius 
(  Eysst.  );  au  c.  argenieus  (J.  B);  à  VaniliyHis  ietraphy'lla 
(  dus.  et  J.  Camer.  ). 

Tournefort  mit  de  Tordre  dans  ce  chaos  en  n'appelant  tri- 
foUum que  les  plantes  qui  composent  le  genre  irifolium  des 
botanistes  actuels,  et  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  le 
Irlfolium  de  Linnœus  ;  celui-ci  ne  diffère  du  irifolium  de 
Tournefort ,  qu'en  ce  que  Linnseus  y  réunissoit  le  melilotus 
du  botaniste  français. 

Le  genre  irifolium  est  fort  naturel  ;  mais  actuellement 
qu'on  a  établi  des  genres  sur  les  moindres  différences  ,  on  a 
trouvé  moyen  de  former  ,  sur  quelques  espèces  de  trifuUum  , 
les  genres  peu  caractérisés  nommés  :  tripkylldides  ,  Moencii  ; 
lupinasier,  Buxb.,  jMoench  ;  pentaphyllon  ,  Pers.  ;  el  chrysaspls^ 
Dcsv.  ;  ce  dernier  est  caraclérisé  ainsi  :  pétales  libres  ;  éten- 
dard réfléchi  après  la  fécondation,  persistant;  gousse  mo- 
nosperme ou  dlsperme. 

Linnœus  divise  les  trifollum  en  cinq  sec! ions  ,  savoir  : 

1.  Les  Mélilots  {t.  mcUloti  )  ,  légumes  nus  ,  polyspermes  , 
fleurs  en  grappes.  V.  Mélilot. 

2.  Les  LoTOÏDES  (  /,  lotdidea  ),  légume  recouvert  par  le  ca- 
lice et  polysperme  {lupinasper ,  Buxb.  ;  trifoliastrum  ,  Mich.  )  , 
exemple  :  trèfles  rampant  et  hybride. 

3.  Les  LA*Oi»€«)ÉS  (  /.  lagopoda  )  ,  à  calice  velu  ;  les  plus 
nombreux  de  tous  dont  le  trèfle  de.s  champs  et  celui  des 
prés  :  ce  dernier  a  la  corolle  monopélale  ,  de  même  que 
quelques  autres  espèces  :  on  estsurprls  de  voir  qu'on  n'en  ait 
pas  encore  fait  un  genre  à  part. 

4.  Les  VÉsir.ULEUX  (^.  vesicaria),  dont  le  calice  est  renflé 
et  ventru  :  le  trèfle  fraisier  v.n  fait  partie. 


4io  TRI 

5.  Les  LuPUUNs(/.  lupuîinà)^  dont  l'étendard  esl  rédéchi 
(^chrysaspis ,  Desv.  ). 

On  pourrolt  encore  diviser  les  trèfles  par  les  disposi- 
tions de  leurs  fleurs,  en  grappes  (les  mélilots)  ,  en  ouibelle 
(trèfle  rampant),  en  fascicules  (  trèfle  subterranéen  )  ,  en 
têtes  (  trèfle  des  prés ,  des  champs  )  ,  et  en  épi  (  trèfle 
incarnat ,  à  feuilles  étroites  ,  etc.  ). 

}uebenus  cretica  ^  L.  ,  a  été  considéré  comme  un  irifolium 
par  Royen  ;  Gronovius  a  fait  connoître  ,  un  des  premiers, 
sous  le  nom  de  trifoUuni  fruticans  hlrsutum  ,  Vheâysaruin  ,  ////- 
ium,\u.;  lîarre.lier  a  appelé  trifoimm  (  le. 856.  )  le  chôme  viola- 
cea .  L.  ;  le  tn'foUiim  unifolium  de  Forskaël ,  est  le  psoralea 
coryîifulia  ^  L.  Enfin  le  irifolium  africanum  de  Commelln 
(  Hort.  2,  tab.  loG  ),  est  le  ps.  htrictcata  de  Linnœus ,  et  dont 
ce  botaniste  avoil  aussi  fait  d'abord  une  espèce  de  ùifoliiun. 
V.  Trèfle.  (la\) 

IRIFOLIUM  DES  JARDINIERS.  C'est  le  Cytise 
DES  JARDINS  (  Cyiisus  sessl/ifoliits  ,  Linn.  ).  (B.) 

TRIGLE  ,  Trigla.  Genre  de  poissons  de  la  division  des 
Thoraciques  ,  dont  les  caractères  consistent  à  avoir  la  têle 
couverte  d'une  boîte  osseuse  ;  des  aiguillons  dentelés  entre 
les  deux  nageoires  dorsales;  des  rayons  articulés  et  non  réu- 
nis par  une  membrane  (presque  toujours  au  nombre  de  trois) 
auprès  de  ciiacunc  des  nageoires  pectorales. 

Lacépède  ayant  enlevé  plusieurs  espèces  au  genre  trigla 
de  Linnœus  pour  en  former  ses  genres  Prionote  ,  Péristé- 
DION  et  DiPTÉRODON ,  on  ne  doit  pas  s'attendre  à  trouver  ici 
toutes  les  trigles  mentionnées  dans  le  Sysfema  Naturœ;  mais 
cependant,  comme  le  naturaliste  français  en  fait  connoître 
quelques  espèces  nouvelles,  leur  nombre  n'est  pas  de  beau- 
coup diminué.  On  en  compte  encore  douze  espèces. 

La  Trigle  ASIATIQUE ,  a  quatre  rayons  articulés  au- 
près de  chaque  nageoire  pectorale.  On  la  pêche  dans  les  mers 
d'Asie.  Son  corps  est  mince  et  de  couleur  argentée;  son 
museau  proéminent ,  la  première  pièce  de  ses  opercules 
dentelée ,  et  ses  nageoires  pectorales  sont  en  faux. 

La  Trigle  lyre  a  les  nageoires  pectorales  longues  ,  ac- 
compagnées de  trois  rayons  articulés;  sa  mâchoire  supérieure 
est  prolongée  en  deux  lobes  dentelés  ;  les  orifices  de  ses  na- 
rines sont  tubuleux,  et  la  nageoire  de  sa  queue  un  peu  en 
croissant.  V.  pi.  R.  g  ,  où  elle  est  figurée.  On  la  trouve  dans 
toutes  les  mers  d'Europe.  Elle  est  connue  sur  nos  côtes  sous 
les  noms  de  groneau  ,  grognard  ,  rouget^  bourreau  et  sijfleur.  Elle 
parvient  à  plus  d'un  pied  de  long;  sa  tête  est  presque  cu- 
bique, oblique  en  avant,  terminée  en  arrière  par  quatre  ai- 


T  R  I  ^4i 

guillons  longs  et  forîs;  le  bord  supérieur  de  ses  yeux  et  ses 
opercules  antérieurs  ont  aussi  chacun  un  aiguillon;  sa  bouche 
est  large;  ses  mâchoires  rudes,  ainsi  que  son  palais;  son 
corps  est  rouge ,  rétréci  vers  la  queue  ,  couvert  de  petites 
écailles  dures  et  dentelées ,  et  garni  sur  le  dos  de  deux  rangs 
de  crochets  courbés  en  arrière;  sa  ligne  latérale  est  droite  et 
voisine  du  dos  ;  son  anus  est  près  de  la  tête  ;  les  rayons  de 
la  première  dorsale  sont  aiguillonnés;  ceux  de  ses  pectorales 
sont  très-longs. 

Ce  poisson  a  la  chair  dure  et  maigre ,  ce  qui  fait  qu'il  n'est 
pas  recherché  ;  cependant  j'en  ai  vu  souvent  payer  fort  cher 
à  Paris  ,  où  on  le  vend  sous  le  nom  de  rouget^  parce  qu'on 
le  confondoit  avec  le  trigle  grondin,  dont  la  chair  est,  avec 
raison,  vantée  comme  très-délicate.  On  en  prend  quelque- 
fois plus  qu'on  ne  veut,  parce  qu'il  va  en  troupe.  11  fait  en- 
tendre, lorsqu'on  le  touche,  une  espèce  de  sifflement. 

La  Trigle  Caroline  a  les  nageoires  pectorales  longues  ; 
onze  rayons  à  celle  de  l'anus  ;  celle  de  la  queue  arrondie  ; 
six  rayons  à  la  membrane  des  branchies.  On  la  trouve  dans 
les  mers  d'Amérique.  Sa  tête  est  unie  et  sillonnée  de  lignes 
convergentes,  et  a  plusieurs  pointes  avec  plusieurs  aiguillons 
au-dessus  des  yeux  et  de  la  nuque  ;son  corps  est  jaunâtre, et  ses 
nageoires  sont  poncluées  ou  fasciées  de  brun;  ses  pectorales 
sont  assez  longues  pour  qu'elle  puisse  s'élancer  hors  de  Feau, 
parcourir  des  espaces  de  plusieurs  toises  par  une  sorte  de  vol , 
lorsqu'elle  se  voit  poursuivie  par  ses  ennemis  (F.  aux  mois 
Exocet  et  Dactyloptère  ).  J'en  ai  vu  fréqueinuient  appor- 
ter au  marché  de  Charleston  ,  quoique  sa  chair  soit  dure  et 
maigre  comme  celle  de  la  précédente. 

La  Trigle  ponctuée  a  les  nageoires  pectorales  longues  ; 
celle  de  la  queue  arrondie  ;  la  tête  allongée  ;  le  corps  parsemé 
de  petites  taches  rouges.  Elle  est  figurée  par  Bloch ,  pi.  353, 
et  dans  le  Buffon  de  Delerville  ,  vol.  b  ,  p.  G4.  On  la  pêche 
dans  les  mêmes  mers  que  la  précédente,  avec  laquelle  elle 
partage  la  faculté  de  voler.  Sa  tête  est  un  peu  plus  longue;  ses 
nageoires  sont  jaunes  comme  le  corps,  à  l'exception  des  pec- 
torales qui  sont  bleues. 

La  Trigle  lastoviza  ,  Tn'gla  adruxlka  et  lineata ,  Linu. , 
a  les  nageoires  pectorales  longues  ;  les  écailles  qui  garnissent 
le  corps  disposées  en  rangées  transversales;  la  ligne  latérale 
garnie  d'aiguillons  à  deux  pointes.  Elle  est  figurée  dans  Bloch, 
pi.  354.,  et  dansle  fiz//o«  de  Deterville,  vol.  5,  p.  56.  On  la 
pêche  dans  les  mers  d'Europe,  mais  elle  se  tient  au  large  et 
n'est  pas  commune.  Elle  est  appelée  imhriago  sur  les  côtes 
de  la  Méditerranée.  Sa  tête  est  unie  et  armée  postérieure- 


•iU  T  R  I 

ment  Je  pointes  aiguës;  son  corps  esl  rouge,  fascié  de  brun 
en  dessus;  ses  nageoires  pectorales  sont  grandes,  susceptibles 
de  servir  au  vol  et  tachées  de  noir,  ainsi  que  la  première 
dorsale  ;  les  autres  sont  grises  ou  bleuâtres. 

La  Trigle  hirondelle  a  les  nageoires  pectorales  larges  ; 
quatorze  rayons  à  la  nageoire  de  l'anus  ;  celle  de  la  queue 
fourchue  ou  en  croissant  ;  la  ligne  latérale  garnie  d'aiguillons. 
On  la  pêche  dans  toutes  les  mers  d'Europe.  Elle  porte  sur 
nos  côtes  les  noms  à'hirondeNe  ,  cabutte  ,  galline ,  gallincttc  , 
linrMe  ,  perlon  et  grondin.  Elle  est  d'un  violet  obscur  en  dessus  , 
argenté  en  dessous,  et  ses  nageoires  pectorales  sont  d'un 
violet  pur.  Elle  ressemble  beaucoup  à  la  trigle  lyre,  parvient 
à  deux  pieds  de  long,  et  nage  avec  une  grande  rapidité  au 
moyen  de  ses  nageoires  pectorales  plus  larges  proportionnel- 
lement à  leur  longueur  que  celles  des  autres  espèces,  même 
de  celles  qui  volent. On  la  prend  à  la  ligne  de  fond.  Sa  chair  est 
dure ,  mais  se  sale  et  se  sèche  cependant  dans  le  iSord  ,  pour 
l'approvisionnement  des  vaisseaux.  Lorsqu'elle  est  prise,  elle 
jette  un  cri  que  les  anciens  ont  comparé  à  celui  du  corbeau, 
et  qui  lui  avoit  fait  donner  le  nom  de  cet  oiseau. 

La  Trigle  pitsi  a  des  lames  ou  feuilles  minces  et  étroites, 
attachées  le  long  de  la  ligne  latérale  -,  la  nageoire  de  la  queue 
en  croissant.  Elle  est  figurée  dans  Bloch,  pi.  355,  et  dans  le 
Biifion  de  Delerville ,  vol.  5  ,  page  64.  On  ignore  son  pays 
natal. 

La  Trigle  gurneau  a  les  nageoires  pectorales  courtes  ; 
celle  de  la  queue  fourchue  ;  la  ligne  latérale  large  et  garnie 
d'aiguillons;  des  taches  noires  et  des  taches  rouges  sur  le  dos. 
On  la  trouve  dans  toutes  les  mers  d'Europe.  On  l'appelle 
goiirnaud  ou  hellicand  sur  nos  côtes.  Elle  habile  les  fonds,  où 
elle  vit  de  crustacés  et  de  coquillages,  et  où  on  la  prend  à 
la  ligne.  Dans  le  temps  du  frai ,  c'est-à-dire  au  milieu  du 
printemps,  elle  s'approche  des  côtes,  et  alors  on  la  prend 
au  filet.  Elle  parvient  à  deux  ou  trois  pieds  de  long.  Sa 
chair  est  ferme  et  de  bon  goût.  Les  taches  du  dos  man- 
quent souvent  sur  celles  qu'on  prend  dans  leNord.  Elle  pro- 
duit, comme  les  autres  ,  un  bruit  lorsqu'on  la  touche. 

La  Trigle  grondin,  Trigla  cuculus,  Linn. ,  a  les  nageoires 
pectorales  courtes  ;  celle  de  la  queue  fourchue  ;  la  ligne  la- 
térale dénuée  de  larges  écailles.  On  la  trouve  dans  toutes  les 
mers  d'Europe.  Elle  s'appelle  sur  nos  côtes,  monade,  rouget, 
rouget  grondin  .,  perlon,  galline,  rondelle  et  hunchem.  C'est  un 
très-beau  poisson  ,  dont  la  couleur  esl  rouge  ,  fasciée  de 
brun  sur  le  dos,  avec  les  nageoires  blanches  ou  rougeâtres 
tachées  de  jaune.  On  voit  une  grande  tache  noire  à  la  pre- 


TRI  443 

mière  dorsale.  Son  corps  est  plus  effilé  que  celui  de  la 
plupart  des  aulres  poiss^ons  dr  celte  espèce.  On  le  prend 
de  même  à  la  ligne.  Les  anciens  ,  qui  vanloient  avec  raison 
la  bonté  de  sa  chair,  plus  tendre  et  plus  savoureuse  que  celle 
des  aulres  espèces  ,  l'ont  connu.  11  a  de  plus  l'avantage  de 
n'avoir  presque  pas  d'arêles  ;  aussi  le  sert-on  sur  les  meil- 
leures tables;  mais  il  faut  le  savoir  distinguer ,  car  on  vend 
la  plupart  des  autres  sous  son  nom ,  comme  on  l'a  remarqué 
au  commencement  de  cet  article.  On  le  fait  ordinairement 
cuire  dans  un  court  -  bouillon .  après  qu'on  l'a  lavé  et 
vidé;  mais  il  faut  que  le  court-bouillon  soit  préparé  à  l'a- 
vance ,  parce  que  ce  poisson  n'a  besoin  que  de  resler  un  mo- 
ment sur  le  feu.  Après  qu'il  est  cuit ,  on  enlève  la  cuirasse  de 
sa  lêle  et  ses  écailles  avec  précaution,  et  on  le  sert  soit  A 
l'huile,  soit  avec  la  sauce  piquante  ou  aux  câpres,  ou  à  la 
moutarde  ,  selon  le  goût  du  cuisinier. 

La  Trïgle  milan,  Tn'g/a  hirema  ,  Linn.  ,  a  les  nageoires 
pectorales  courtes,  celle  de  la  queue  fourchue;  la  ligne  la- 
térale divisée  en  deux  vers  la  nageoire  caudale.  Elle  se  trouve 
dans  l'Océan  ot  dans  la  Méditerranée.  On  la  connoît  sur 
nos  côtes  sous  les  noms  de  galUne  et  de  ècA/^o, c'est-à-dire  étin- 
celle^ parce  qu'elle  jouit  de  la  propriété  phosphorique,  même 
pendant  sa  vie ,  principalement  sur  sa  tète  et  dans  sa  bouche. 
Elle  jouit  aussi  de  la  faculté  de  voler;  aussi  fournit-elle  un 
spectacle  agréable  dans  les  nuits  d'été,  lorsque,  pouréchapper 
à  un  ennemi,  des  centaines  s'élancent  à  la  fois  dans  les  airs, 
et  dessinent  des  routes  de  feu  qui  se  croisent ,  se  séparent  et 
se  réunissent  pour  disparoître  ensuite  dans  les  flots.  Au  reste, 
la  chair  de  cette  espèce  est  dure  et  sèche. 

La  ÏRIGLE  MENUE  a  la  nageoire  de  la  queue  arrondie  ; 
deux  arêtes  ou  saillies  longitudinales  sur  le  dos;  les  nageoires 
pectorales  et  thoraciques  très-pointues;  huit  rayons  à  cha- 
cune de  ces  nageoires  pectorales  ;  vingt-quatre  à  la  seconde 
nageoire  du  dos.  Elle  se  trouve  dans  la  mer  des  Indes,  où 
elle  ne  parvient  pas  à  plus  de  trois  ou  quatre  pouces  de 
long. 

La  Trigle  cavillonne,  qui  n'a  que  deux  rayons  articulés 
auprès  de  chaque  nageoire  pectorale ,  et  la  nageoire  de  la 
queue  lancéolée.  On  la  trouve  dans  la  Méditerrané(^  ,  et 
elle  atteint  à  peine  quatre  à  cinq  pouces  de  long.  Sa  couleur 
est  d'un  beau  rouge ,  avec  les  nageoires  pectorales  blanches 
en  dessus  et  brunesen  dessous.  Elle  est  susceptible  de  voler.  S.'i 
chaire  est  dure  et  peu  agréable  au  goût,  (s.) 

ÏRIGLIÏIS.  Pierre  mentionnée  par  Pline  ,  et  dont  la 


M  TRI 

couleur  étoit  celle  du  poisson  mullus ,  qui  paroît  avoir  élé  le 
roui^et  ou  le  surimilet.  Celte  pierre  nous  est  inconnue,  (ln.) 

rRIGLOCHIN  (  Trois  pointes  en  grec  ).  C.  Bauhin  donne 
ce  nom  au  Troscart  des  marais,  parce  que  sa  capsule  se 
termine  par  trois  pointes  (  ou  stigmates  endurcis  ).  Ce  nom 
est  demeuré  à  ce  genre  qui  étoil  le  Juncago  de  ïournefort. 
V.  Troscart.  (ln.) 

TRIGLOSSUM.  Genre  de  plante  graminée,  très-voisin 
du  Ludolfia  de  Willdenow,  et  qui  en  diffère  par  ses  (leurs 
toutes  hermaphrodites  ,  et  le  périgone  intérieur  à  trois  val- 
ves. II  ne  comprend  qu'une  graminée  en  arhre  qui  a  fleuri 
pour  la  première  fois,  en  1811 ,  dans  le  jardin  botanique  du 
prince  Razoumoffski  ,  à  Gorenki  ;  elle  a  le  port  d'un  bam- 
bou ,  mais  ne  s'élève  que  de  trois  à  cinq  pieds.  Les  bran- 
ches sont  horizontales,  et  se  terminent  par  un  épillet  sim- 
ple, rude,  cassant,  linéaire ,  muUiflore,  d'un  vert  glauque, 
de  deux  pouces  de  long  ,  et  sortant  fort  peu  au-delà  de  la 
gaine  des  feuilles  ;  la  glume  est  bivalve ,  de  la  moitié  de  la 
longueur  de  l'épillet,  contient 8-io  fleurs  alternes,  serrées, 
autour  d'un  axe  commun,  irès-pubescent  ;  chaque  fleur|a  cinq 
valves  ,  dont  deux  externes ,  inégales ,  desquelles  l'exté- 
rieure a  un  pouce  de  longueur  ;  et  trois  internes  ;  elles  con- 
tiennent trois  élamines ,  et  trois  stigmates  sessiles  et  plumeus. 
F.  Fischer,  en  établissant  ce  genre,  donne  à  l'espèce  le  nom 
de  triglossum  bambusinum.  (ln.) 

TRIGO.  TSom  espagnol  des  fromens.  Lagasca  porte  à  i5 
le  nombre  des  espèces  cultivées  en  Espagne ,  parmi  lesquelles 
plusieurs  n'ont  été  décrites  pour  la  première  fois  que  par  lui, 
avec  leurs  noms  vulgaires  (  V.  Lagasca  ,  Gêner,  et  spec.  planL 
noi>.,  p.  6.  ).  (ln.) 

TRIGONE,  Trîgona.  Genre  d'insectes  de  l'ordre  des 
hyménoptères  ,  famille  des  mcUifères  ,  tribu  des  apiaires.  V. 
Mélipone.  (l.) 

TRIGONELLA.  Lluid  -donne  ce  nom  à  une  coquille 
fossile,  bivalve,  triangulaire,  qu'il  ne  nous  est  pas  possible 
de  rapporter  à  son  genre  ,  d'après   cette  seule  indication. 

(desm.) 

TRIGO NELLE  ,  Trlgondla.  Genre  de  plantes  de  la 
diadelphie  décandrie  et  de  la  famille  des  légumineuses,  dont 
les  caractères  consistent  :  en  un  calice  campanule  à  cinq  dé- 
coupures presque  égales;  en  une  corolle  papilionacée,  dont  les 
ailes  sont  ouvertes,  ainsi  que  l'étendard  ,  et  représentent  en- 
semble  une  corolle  à  trois  pétales  égaux  et  à  carène  très^ 
petite;  en  dix  étamines,  dont  neuf  réunies  par  leurbase;en  un 
ovaire  supérieur  ,  surmonté  d'un  siyle  recourbé  à  stigmate 


T  R  I  445 

oblus  ;  en  un  légume  oblong  ,  plus  ou  moins  comprimé,  acu- 
miné  el  polysperme. 

Ce  genre  a  été  appelé  Bucère  par  Allionl.  11  renferme 
des  plantes  à  feuilles  ternées  ,  à  folioles  souvent  cunéiformes 
et  finement  dentées,  à  stipules  petites,  distinctes  des  pétio- 
les, à  fleurs  axillaireset  terminales,  solitaires  ,  presque  ses- 
siles  ,  ou  disposées  tantôt  en  épis  ,  tantôt  en  ombelle  sur  un 
pédoncule  souvent  arislé.  On  en  compte  une  vingtaine  d'es- 
pèces ,  la  plupart  originaires  des  parties  méridionales  de 
l'Europe.  Les  plus  communes  de  ces  espèces  sont  : 

La  Trigonelle  corisiculée  ,  qui  a  les  légumes  pédon- 
cules, ramassés,  presque  en  faux;  les  pédoncules  longs  , 
presque  épineux ,  et  la  tige  droite.  Elle  est  annuelle  ,  et  se 
trouve  dans  les  parties  méridionales  de  la  France. 

La  Trigonelle  de  Montpellier  qui  aleslégumessessiles, 
réunis  ,  écartés  ,  courts  ,  et  les  pédoncules  mucronés.  Elle 
est  annuelle  ,  et  se  trouve  aux  environs  de  Monipellier. 

La  Trigonelle  fenu-grec  qui  a  les  légumes  sessiles  ,  très- 
longs,  relevés  ,  presque  en  faux  ,  pointus  ,  et  les  tiges  droi- 
tes. Elle  est  annuelle  ,  et  se  trouve  dans  les  parties  méridio- 
nales de  l'Europe.  Celte  plante  est  célèbre  de  toute  ancien- 
neté. Son  nom  de  fenu-g/ ce  ,  ou  fuin  grec  ,  indique  que  les 
anciens  s'en  servoient  comme  de  fourrage.  On  voit  dans  les 
écrits  de  Caton  ,  de  Columelle  ,  de  Pline  ,  etc. ,  qu'on  la 
semoit  pour  servir  de  nourriture  aux  bestiaux ,  principale- 
ment aux  bœufs.  Les  hommes  même  la  mangeoient  et  la 
mangent  encore  en  Egypte.  On  la  vend  dans  les  rues 
de  Rosette  ,  en  octobre  ,  sous  le  nom  de  heîlée.  Les  Egyp- 
tiens prétendent  qu'elle  est  stomachique,  garantit  de  la 
dyssenlerie  et  de  plusieurs  autres  maladies.  Ils  mangent  aussi 
ses  jeunes  pousses  étiolées  ,  soit  crues  ,  soit  cuites  ,  avec  le 
miel.  Ses  graines ,  grillées  et  piiées  ,  servent  à  faire  une  bois- 
son qui ,  mêlée  avec  du  suc  de  limon  ,  est  assez  agréable. 
On  peut  voir  dans  le  Voyage  de  Sonnini  en  Egypte,  tout  le  cas 
qu'en  font  les  habiians  de  ces  contrées.  Cette  plante  ne  vient 
bien  que  dans  les  bons  terrains  ,  et  ces  terrains  sont  trop 
précieux  dans  les  parties  méridionales  de  l'Europe  ,  pour  être 
employés  en  fourrages  de  cette  nature  ;  en  conséquence  on 
ne  l'y  cultive  plus  pour  cet  objet.  Aux  environs  de  Paris  ,  on 
en  sème  annuellement  quelques  arpens  pour  l'usage  des  phar- 
macies. En  effet,  sa  graine  est  employée  dans  presque  toutes 
les  fomeniatioris.  Elle  est  émoUiente  au  premier  degré,  c'est 
un  excellent  anodin  en  lavement  et  en  emplâtre  ;  son  muci- 
lage est  très-abondant,  et  s'obtient  très-aisément  en  la  faisant 
digérer  dans  l'eau  chaude.  On  se  sert  quelquefois  de  la  plante 


i;46  T  i{   [ 

entière  pour  teindre  la  laine  en  jaune ,  et  des  semences  poiir 
servir  de  moyen  d'union  dans  la  préparation  des  autres  cou- 
leurs; mais  son  usage  sous  ces  rapports  est  très  borné,  parce 
qu  elle  n'a  ni  ne  donne  de  solidité,  (b.) 

TRIGONIE  ,  Trigonia.  Une  coquille  marine  ,  nouvelle- 
ment trouvée  sur  les  côtes  de  la  Hollande,  a  servi  à  Lamarck 
pourcorriger  l'expression  caractéristique  de  cegenre  qui  avoit 
été  établi  par  Bruguière  ,  sur  une  espèce  fossile.  Ses  carac- 
tères sont  :  coquille  inéquilatéralc  ,  valve  gauche  à  quatre 
dents  cardinales  aplaties  ,  disposées  par  paires  ,  divergentes 
et  sillonnées  transversalement  d'un  seul  côté  ;  ligament  court 
et  extérieur;  deux  impressions  musculaires  à  chaque  valve. 

Cette  coquille  est  figurée  dans  le  'i3.*='"^  cahier  des  Annales 
du  Muséum  ,  sous  le  nom  de  Trigonie  nacrée. 

Les  irlgonies  tirent  leur  nom  de  leur  forme  ,  en  effet  , 
approchant  d'un  triangle.  Elles  sont  plus  ou  moins  aplaties  , 
selon  les  espèces,  la  plupart  granuleuses,  quelques-unes 
striées.  Toutes  ont  une  lunule  et  un  corselet,  aussi  se  rap- 
prochent-elles de  quelques  Vénus  et  de  quelques  mactres,(\m 
ont  ces  parties  très-prononcées.  Le  cosrelet  est  accompagné 
des  mêmes  parties  qu'on  remarque  dans  celui  des  Venus, 
quoiqu'il  soit  placé  dans  une  espèce  d'e.Kcision  d'un  des  côtés 
de  la  coquille. 

Toutes  [tsirigonies  paroissent  pélagiennes.  On  ne  les  ren- 
contre que  dans  les  terrains  secondaires  situés  immédiate- 
ment au-dessous  de  l'argile  plastique  et  de  la  craie.  Le  test 
est  bien  conservé  ,  mais  toujours  intimement  uni  avec  la  boue 
qui  les  a  remplies,  de  sorte  qu'il  a  fallu  un  grand  travail  pour 
dégager  intérieurement  la  charnière ,  et  la  pouvoir  décrire 
exactement. 

Les  espèces  de  ce  genre  sont  au  nombre  de  dix  à  douze. 
La  Trigonie  noduleuse  ,  la  plus  commune  de  toutes  ,  est 
figurée  pi.  V\  3  de  ce  Dictionnaire,  (b.) 

TPtKjONlER ,  Trigonia.  Genre  de  plantes  de  la  décan- 
drie  monogynie  ,  qui  offre  pour  caractères  :  un  calice  mono- 
phylle  divisé  en  cinq  parties  inégales,  dont  deux  supérieures 
droites,  et  trois  inférieures  réunies  à  leur  base  ;  une  corolle 
de  cinq  pétales  inégaux,  le  supérieur  droit ,  velu  à  sa  base  , 
deux  latéraux  et  deux  inférieurs  joints  ensemble  ;  dix  élamines 
réunies  à  leur  base,  dont  trois  ,  cinq  ou  sept  sont  stériles  ;  un 
ovaire  supérieur,  velu  ,  à  style  court,  et  à  stigmate  en  tête  , 
entouré  d'une  membrane  ;  une  capsule  ovale  ,  trigone  ,  aiguë, 
uniloculaire  ,  trlvalve ,  velue  en  dedans,  et  contenant  plu- 
sieurs semences  entourées  de  colon. 

Ce  genre  renferme  deux  arbrisseaux  grimpans,  à  feuilles 


il  .  2  . 


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7" 


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ovales,  entières,  légèrement  pétiolées  ,  accompagnées  de 
stipules,  et  à  fleurs  disposées  en  panicules  terminales.  L'un 
est  velu ,  et  l'autre  glabre;  ils  se  trouvent  tous  deux  à  la 
Guiane.  (b.) 

TRIGONIMA.  M.  Rafinesque  annonce  sous  ce  nom  un 
genre  de  coquillages  univalves  ,  multiloculaires  ,  trouvés  dans 
l'Amérique  septentrionale,  etqu'ilnefaitconnoîlrequeparces 
mots:  «  coquille  elliptique,  déprimée,  solide,  ayant  la  cavité 
de  sa  base  divisée  en  quatre  par  trois  demi-cloisons  diver- 
gentes et  décurrenles,  »  Il  en  connoît  deux  espèces  qu'il 
nomme  :  tn'^onima  nucularis  et  tngonima  amygdaloïdes.   (desm.) 

TRIGONION.  L'un  des  noms  anciens  de  la  Verveine 
chez  les  Grecs.  V.  Verbena.  (ln.) 

TRIGONIS,  Trigonis.  Genre  de  plantes  établi  par  Jac- 
quin  ,  et  que  Svvartz  a  reconnu  devoir  être  réuni  aux  Cupani. 

(B.) 

TRIGONOBATE,  Trjgonohatus.  (ienre  établi  par  Blain- 
ville,  aux  dépens  des  Raies  de  Lacépède.  La  Raie  paste- 
NADE  lui  sert  de  type.  (B.) 

ÏRKiONOCEPHALE  ,  Trigomcephalm.  Genre  de  ser- 
pens  établi  aux  dépens  des  Vipères  ,  dont  il  diffère  par  des 
fossettes  derrière  les  narines,  et  par  une  queue  terminée  par 
un  aiguillon  corné.  11  se  rapproche  beaucoup  des  Crotales, 
et  diffère  à  peine  des  Lacbetis. 

La  Vipère  jaune  ou  Vipère  fer  de  LA^'CE  des  Antilles  , 
sert  de  type  à  ce  genre  qui  renferme  quatre  à  cinq  espèccs- 

(B.) 
TRIGONO-KRACTI  (  Conducteur  des  tourterelles).  Nom 
que  les  (irecs  des  îles  de  l'Archipel  donnent  au  coucou  d'Eu- 
rope, parce  que,  lors  du  passage  de  ces  oiseaux,  ils  voient  ordi- 
nairement un  coucou  au  milieu  d'une  troupe  de  tourterelles,  (v.) 
TP\IGUERE  ,  Triguera.  Genre  de  plantes  établi  par  Ca- 
vanilles,  dans  la  pentandrie  monogynie  et  dans  la  famille  des 
solanées,  et  qui  offre  pour  caractères  :  un  calice  monophylle 
à  cinq  dents;  une  corolle  monopétale  campanulée  ,  à  limbe 
à  cinq  divisions  inégales  ,  presque  bilabiées  ;  un  tube  a  cinq 
dents  entourant  le  germe  ,  et  portant  cinq  étamines  ;  un 
ovaire  supérieur,  surmonté  d'un  style  à  stigmate  en  tetc  ; 
une  baie  .i  quatre  loges  dispermes. 

Ce  genre  renferme  deux  espèces  ,  dont  les  feuilles  sont  al- 
ternes ,  plus  ou  moins  ovales  ,  plus  ou  moins  décurrentes  , 
et  les  fleurs  axillaires  et  ordinairement  solitaires.  Toutes  deux 
sont  annuelles,  et  se  trouvent  en  Portugal;  toutes  deux  se 
rapprochent  beaucoup  des  Belladones,  par  leur  fructifica 
tion  et  leurs  qualités  ,  étant  émollientes,  anodines,  et  même 


448  TRI 

narcotiques.  L'une,  la  Triguère  ambrée,  a  les  feuilles  ve- 
lues, dentées,  et  les  (leurs  odorantes  ;  l'autre,  la  TiiiGUÈRii 
INODOJIE,  aies  Oeuîs  glabres,  enllcres,  elles  fleurs  inodores. 

Cavanillcs  avoit  d'abord  donné  ce  nom  au  genre  qui  porte 
acluelIcMTii'nt  celui  de  Ptérosperme.  (b.) 

TRîGULA.  Norohha  donne  ce  nom  à  un  genre  qui 
comprend  une  plante  semblable  au  dematis  ,  et  que  Decan- 
dolle  rapporte  à  ce  genre  (  T.  noronhiana  ,  Dec.  ).  Elle  croît 
à  Java  ,  et  y  est  appelée  oyot-chunchum.  (lts\) 

TRÎJASSE.  Un  des  noms  vulgaires  du  Gros-bec.  (v.) 

TliiKKOS.  Nom  grec  appliqué  au  Roitelet,  (s.) 

TPilLATO.  Le  troglodyte  ,  chez  les  Grecs  modernes.  V. 
Troglodyte,  (.s.) 

TRiLEPiSlON,  Trilepisium.  Arbuste  de  Madagascar  à 
feuilles  alternes,  lancéolées,  enveloppées,  dans  leur  jeu- 
nesse ,pardesstipulescaduques  ,qui,  selondu  Petit-Thouars, 
doit  former  un  genre  dans  l'icosandrie  monogynie  et  dans  la 
famille  des  rosacées.  Ses  caractères  sont  :  calice  épais  à  cinq 
divisions  ;pointde  corolle  ;étamines  nombreuses  insérées,  sur 
plusieurs  rangs  ,  au  calice  ;  un  tube  central  à  trois  lanières 
entourant  un  ovaire  monosperme  à  style  bifide  et  à  stig- 
mate cotonneux.  Le  fruit  n'est  pas  connu,  (b.) 

TRILISI,  Trilisa.  Sous-genre  de  plantes  établi  par  H. 
Cassini ,  pour  placer  le  Liatris  très-odorant,  qui  a  l'ai- 
grette non  plumeuse.  (B.) 

TRILIX  ,  Trilix.  Arbrisseau  de  l'Amérique  méridionale  , 
à  rameaux  cylindriques,  rugueux,  à  feuilles  alternes ,  pé- 
tiolées  ,  presque  peltées  ,  en  cœur-ovale  ,  dentées  ,  aiguës  et 
pubescentes  ,  à  fleurs  jaunes  portées  sur  des  pédoncules  al- 
ternes et  velues  ,  à  l'extrémité  des  branches. 

Cet  arbrisseau  forme  ,  dans  la  polyandrie  monogynie,  un 
genre  qui  a  pour  caractères:  un  calice  de  trois  folioles  ;  une 
corolle  de  trois  pétales  ;  un  grand  nombre  d'étamlnes  insé- 
rées au  réceptacle ,  et  un  seul  pistil  ;  une  baie  à  cinq  loges  et 
à  plusieurs  semences,  (b.) 

TKILLIACÉES.  Famille  de  plantes  établie  aux  dépens 
des  Liliacées.  Elle  a  pour  type  le  genre  ïrillion  qui  lui 
donne  son  nom.  (b.) 

TRILLÎOIN  ,  TrilUum.  Genre  de  plantes  de  l'hexandrie 
Irigynie  et  de  la  famille  des  asparagoïdcs,  ou  des  trilliacées  , 
qui  présente  pour  caractères:  un  calice  ouvert  à  trois  divisions 
lancéolées  ;  une  corolle  de  trois  pétales  relevés  et  rappro- 
chés ;  six  étamines  ;  un  ovaire  supérieur  ,  surmonté  de  trois 
styles;  une  baie  presque  ronde,  à  trois  loges  polyspermes. 
Ce  genre  ,  aussi  appelé  Parisiqle  ,  renferme  des  plantes 


TRI  449 

vivaces  à  hampes  uniflores  au  sommet ,  et  garnies  d'un  verti- 
cille  de  trois  feuilles  dans  le  milieu.  On  en  compte  une  dou- 
zaine d'espèces,  toutes  originaires  des  parties  méridionales 
de  l'Amérique  septentrionale;  celles  cultivées  en  Europe, 
sont  : 

Le  Trillion  penché  ,  qui  a  la  fleur  pédonculée  et  penchée. 
Le  Trillion  droit  ,  qui  a  la  (leur  pédonculée  et  droite. 
Le  Trillion  SESSiLE,qui  a  la  Oeur  sessile  et  droite.  J'ai 
fréquemmentobservé  ce  dernier  en  Caroline.  Il  croît  dans  les 
lieux  ombragés ,  et  dont  la  terre  est  noire  et  légère.  Sa  racine 
est  charnue  et  traçante  ;  ses  feuilles  ovales,  glabres  et  d'un 
Vert  marbré  ;  sa  fleur  d'un  rouge  obscur,  et  sa  lige  haute  d'un 
pied  au  plus,  (b.) 

TRILOBITES.  On  a  donné  ce  nom  à  un  groupe  d'ani- 
maux fossiles  qui  semblent  avoir  appartenu  à  la  classe  des 
crustacés  et  à  l'ordre  des  crustacés  branchiopodes,  mais  que 
M.  Latreille  considère  comme  devant  être  rapportés  à  l'ordre 
des  insectes  myriapodes. 

Ces  trilobltes  ,  dont  on  connoît  maintenant  une  douzaine 
d'espèces  ,  ont  été  étudiés  d'une  manière  spéciale  ,  d'abord 
par  M.  Brongniart,  et  tout  récemment  par  un  naturaliste 
suédois.  Linnaeus  les  désignoit  sous  le  nom  commun  d'en- 
thomolilhus  paradoxusf.  Bluuienbach  ,  Knorr  et  Guettard  en 
ont  figuré  et  décrit  quelques-uns. 

Leurs  caractères  consistent  principalement  dans  leur  forme 
ovalaire  ,  dans  leur  corps  divisé  en  un  nombre  variable  d'an- 
neaux transversaux  ,  et  présentant  toujours  deux  lignes  en- 
foncées longitudinales,  qui  séparent  le  dos  des  flancs ,  et 
qui  partagent ,  jusqu'à  un  certain  point  ,  l'animal  en  trois 
lobes  ;  dans  la  présence  de  deux  gros  yeux  sessiles  sur  le 
sommet  de  la  partie  antérieure  qui  peut  recevoir  le  nom 
de  têle;  dans  l'absence  de  membres  articulés,  etc. 

D'après  les  formes  qu'ils  présentent,  M.  Brongniart  a 
partagé  ces  corps  en  plusieurs  genres,  qu'il  nomme  Asaphe, 
Paradoxite  ,  Calymène  et  Ogygie  ,  et  que  nous  avons  dé- 
crits à  leurs  articles,  en  rapportant  les  caractères  des  espèces 
que  chacun  doit  renfermer. 

Les  asaphes  et  les  paradoxites  paroissent  être  les  plus  an- 
ciens animaux  enfouis  ,  car  on  les  rencontre  dans  des  roches 
schisteuses  dont  la  formation  est  antérieure  à  celle  des  gra- 
nités, connus  sous  le  nom  de  syénites. 

Il  y  a  lieu  de  croire  que  les  ogygies,  qui  gisent  dans  les  ar- 
doises de  l'Anjou  ,  sont  également  fort  anciennes;  car  le  tra- 
vail de  M.  Brongniart ,  sur  la  géologie  du  Coteniin,  a  pour 


4^5*  TRI 

but  d'établir  que  ces  ardoises  sont  d'une  formation  antérieure 

à  celle  des  granités  de  Cherbourg  qui  sont  aussi  des  syénites. 

Les  calyniènes  sont  plus  récens  ,  ils  appartiennent  aux 
couches  calcaires  inférieures  à  la  craie  ,  et  sont  bien  plus  ré- 
pandus que  les  autres  trilobites.  On  les  trouve  en  France  ,  en 
Angleterre  ,  en  Allemagne,  et  récemment  on  vient  d'en  dé- 
couvrir dans  l'Amérique  septentrionale,  près  d'Albany ,  et 
dans  le  Kentucky. 

Au  nombre  des  trilobites  décrits  et  figurés  par  l'auteur  sué- 
dois dont  nous  avons  parlé  ,  il  s'en  trouve  un  petit ,  trouvé 
en  Suède,  dans  des  terrains  schisteux  ,  et  qu'il  nomme /n/o- 
hites  oniscoides.  11  est  en  forme  de  bouclier  lisse  ,  et  présente 
une  sorte  d'écusson  dans  son  milieu.  M.  Brongniarl  le  con- 
noît  et  le  regarde  comme  propre  à  former  un  genre  particu- 
lier ,  auquel  il  donnera  le  nom  d'AcNOSTE.  (desm.) 

TRILOPHUS.  Genre  établi  par  Fischer ,  pour  placer  le 
menispennum  qui  croît  en  Sibérie,  et  qu'on  avoit  cru  être 
le  même  que  le  menispermum  canadense.  Ses  caractères  géné- 
riques ne  nous  sont  pas  connus.  Fischer  nomme  l'espèce 
trilophus  ampelisagria.  (LN.) 

TRILOPUS.  Mitchel  donne  ce  nom  générique  à  Vhama- 
melis  virginica  ,  L,  V.  Hamamelis.  (ln.) 

TRIMÈNE.  Variété  de  Trèfle  cultivé  ,  qu'on  préfère  ,' 
dans  quelques  endroits  ,  à  celui  des  environs  de  Paris,  (b.) 

TRIMÊRES.  Nom  donné  par  M.  de  Réaumur  à  des  mou- 
ches à  deux  ailes  qui  ne  vivent  que  trois  jours,  (l.) 

TRlMÈRES  ou  TRIMÉRÉS.  Nom  donné  par  M.  Du- 
méril  à  une  section  d'insectes  coléoptères,  dont  les  tarses 
sont  composés  de  trois  articles.  Elle  comprend,  dans  ma  mé- 
thode ,  deus  familles  ,  les  Aphidiphages  et  les  Fungicoles. 

(L.) 

TRIMERESURE  ,  Trîmeresums.  Genre  de  serpens  in- 
troduit par  Lacépède,  et  qui  diffère  des  Couleuvres,  parce 
que  les  espèces  qui  y  entrent  ont  des  plaques  entières  sous  la 
queue,  dans  le  voisinage  de  l'anus,  et  ensuite  des  doubles 
plaques  ;  la  tête  a  de  grandes  plaques. 

Le  Trimeresure  petite  tête  est  figuré  dans  le  4-^  vol. 
des  Annales  du  Muséum,  (b.) 

TRIMEZIE  ,  Tj-imezia.  Genre  de  plantes  établi  par  Salis- 
bury,  et  qui  ne  diffère  pas  du  CiPURE  d'Aublet  et  du  Ma- 
RiQUE  de  Schreber.  V.  Iris,  (b.) 

TRlMORPHEr,  rimorpha.  Genre  de  plantes  établi  par 
H.  Cassini,  dans  la  famille  des  synantherées,  aux  dépens  des 
Vergerolles  ,  dont  il  diffère  parce  qu'il  a  deux  couronnes, 
l'une  extérieure  llgulée,  et  l'autre  intérieure  tubulée.  La 
Vergerolle  ÂURE  lui  sert  de  type,  (b.) 


TRI  45i 

TRINACTE ,  Trinacte.  Nom  que  Gartner  a  donné  à  la 
plante  appeléeJuNGiE  par  Linnaeus.  (b.) 

TRIjNCAVIT.  Selon  Delaroche,  c'est  le  nom  catalan  de 
I'Ammodyte,  Ammodyies  tobianus.  (desm.) 

TRINCHOUN  DAU  VAR.  Les  pêcheirrs  de  Nice  ap- 
pellent ainsi  l'AlSCHOIS  (  Clupea  encrassicholus, :Linn.).  (DESM.) 

TRINCIATELLA.  Adanson  donne  ce  nom  au  genre 
Hyoseris,  L.  ;  J.  Camerare  Tavoit  donné  le  première  une 
espèce  de  ce  genre,  (lt^-) 

TRINEO-TALIO.  Nom  languedocien  de  la  Renouée. 

V         .(desm.) 

TRlNÉJHETOouBARBÔTO.  Noms.lapguedodens  du 
Cloporte,  (desm.) 

TRINËURE,  Trinura.  Genre  d'insectes  de  Meigen  ,  et  le 
même  que  celui  que  nous  avions  proposé  dans  notre  Précis 
desi  caractères  génériques  des  insectes  ,  sous  le  nom  de  phore. 
V.  ce  mot.  (L.) 

TRINGA,  Tringa,  Lath.  (ienre  de  l'ordre  des  oiseaux 
ÉcHASSiERS  et  de  la  famille  des  Hélonomes.  F.  ces  mots. 
Came/ères  :  Bec  aussi  long  ou  plus  long  que  la  tête  ,  arrondi , 
grêle  ,  sillonné  en  dessus  ,  droit  ou  un  peu  lléchi  en  arc  ,  à 
pointe  lisse,  un  peu  dilatée  et  obtuse;  narines  linéaires, 
situées  dans  une  rainure  ;  langue  filiforme  , médiocre  ,  poin- 
tue ;  bas  des  jambes  dénué  déplumes;  quatre  doigts,  trois 
devant,  le  plus  souvent  séparés  dès  leur  base  ;  un,  derrière  , 
grêle,  et  portant  à  terre  sur  le  bout  ;  la  première  rémige  la 
plus  longue  de  toutes. 

Ce  genre  est  divisé  en  deux  sections.  La  première  contient 
les  espèces  dont  la  base  du  doigt  extérieur  est  jointe  à  l'iu- 
termédialre  par  une  membrane  ;  tels  sont  les  ùinj^os  combat- 
tant et  maculé.  La  deuxième, qui  se  compose  de  celles  qui  ont 
tous  les  doigts  séparés  dès  leur  origine  ,  renferme  tou«  les. 
autres  tringas. 

A  l'exemple  de  plusieurs  savans  ornithologistes  allemands, 
j'ai  distrait  de  ce  groupe  les  vanneaux  ,  les  toume-pierrp.s  et 
quelques  <://wa//e/-5  ;  en  effet  ,  ces  oiseaux  ont  des  caractères 
assez  distincts  pour  être  isolés  génériquement. 

Ne  connoissant  que  les  dépouilles  delà  plupart  des  tringas 
d'Europe  ,  j'ai  eu  recours  aux  mémoires  que  m'ont  commu- 
niqués MIVI  Bâillon  et  Jules  De  Lamothe,  qui,  par  la  situa- 
tion de  leur  demeure  près  des  bords  de  la  mer  et  des  marais 
de  la  Picardie  ,  ont  eu  souvent  l'occasion  d'étudier  ces  oi- 
seaux dans  la  nature  vivante.  De  plus,  j'ai  eu  recours  aux 
supplémens  de  rOrnilhoIogicalDictionnary  de  M,  JMontagu , 


45a  T  R  I 

publiés  en  i8i3.  C'est  donc  .V  ces  naturalistes"  que  je  dois 
une  distinction  exacte  de  nostringas,  et  la  certitude  de  la 
double  mue  qu'ils  éprouvent  dans  la  même  année  ;  d'où  il 
résulte  un  changement  de  couleurs  tel,  que  leur  plumage 
d'été  est  souvent  différent  de  ceux  d'hiver  et  du  premier  âge; 
changement  qui  avoit  donné  lieu  jusques  alors  à  des  espèces 
purement  nominales. 

M.  Temminck  a  imposé  à  ce  genre  le  nom  de  bécasseau  ; 
il  nous  semble  qu'on  ne  doit  pas  pervertir  cette  dénomina- 
tion par  une  application  générique  ,  tandis  qu'elle  est  spécifi- 
que et  propre  dans  son  origine,  surtout  quand  elle  signale  un 
oiseau  d'un  autre  groupe.  Brisson  ,  il  est  vrai ,  l'emploie  pour 
son  genre  tringa  ;  mais  son  bécasseau  est  le  type  de  celle 
division  ;  au  contraire  ,  dans  le  Manuel  de  M.  Icmminck  ,  il 
fait  partie  du  genre  chevalier.  Nous  avons  donc  cru  qu'il 
seroit  mieux,  pour  éviter  toute,  confusion  ,  de  nous  servir  du 
nom  de  tringa^  que  d'autres  ornithologistes  ont  imposé  aux 
mauhêches  ,  cincles  ,  alouettes  de  mer ,  etc. 

Tous  ces  oiseaux  quittent  leur  pays  natal  aux  approches 
des  grands  froids,  pour  se  transporter  dans  les  contrées  mé- 
ridionales ,  voyagent  en  troupes  plus  ou  moins  nombreuses  , 
se  tiennent  de  préférence  dans  les  marais  ,  sur  les  bords  des 
lacs,  des  étangs  et  des  rivières  ,  où  ils  cherchent  leur  nour- 
riture dans  le  limon  ;  celte  nourriture  se  compose  de  vermis- 
seaux et  d'insectes  aquatiques  :  des  espèces  semblent  préférer 
le  gravier  des  rivages  maritimes.  Celles  dont  on  connoît  le 
nid,le  font  dans  l'herbe,  aux  bords  des  eaux  ;  les  petits  le  quit- 
tent dès  leur  naissance  et  suivent  leurs  parens  qui  leur  indi- 
quent les  alimens  qui  leur  conviennent.  J'ai  Remarqué  que 
chez  les  petites  espèces  de  l'Amérique  septentrionale  les 
mâles  se  réunissent  pendant  l'incubation  en  petites  troupes, 
et  cherchent  leur  nourriture  en  commun. 

Le  Triwgad'Astracan  (  IVingafascîaia  ,  Lath.  ).  Samuel 
Gmelin  a  rencontré  cette  espèce  aux  environs  d'Aslracan. 
Le  bec,  le  dessus  de  la  tête,  l'occiput ,  le  ventre  et  une  raie 
qui  passe  par  derrière  les  yeux,  sont  noirs;  le  front  et  la 
queue  ont  une  teinte  blanchâtre;  sept  pennes  des  ailes  sont 
pareilles  au  ventre  ;  le  dos  est  cendre. 

Le  Tringa  béco,  Tringa  pusîlla  ,  Lath.  ;  pi.  87  ,  fig.  4  ^^ 
VAmeric.  Ornithology.  Beco  est  le  nom  sous  lequel  on  con- 
noît cet  oiseau  à  New- York.  Brisson  le  décrit  sous  celui  de 
petite  alouette  de  merde  Saint-Domingue  ,  où  il  se  trouve,  ainsi 
que  dans  tous  les  Étals-Unis  ,  jusqu'au  Canada.  11  a  le  bec 
épais  et  plus  haut  que  large  à  sa  base  ;  noir  eî  long  do  neuf  li- 
gnes ;  une  bandelette  blanche,  qui  part  delà  mandibule  su- 
périeure ,  passe  au-dessus  de  l'œil  et  s'étend  presque  jusque^ 


TRI  /;55 

h  l'occiput  ;  les  joues  et  toutes  les  parties  inférieures,  depuis 
le  becjusqu'àla  queue,|sont  blanches  (tachetées  de  roux  chez 
des  individus),  avec  quelques  petites  taches  sur  les  côtés 
du  haut  de  la  poitrine  ,  près  du  pli  de  l'aile  ;  les  plumes  du 
dessus  de  la  tête  et  du  cou  ,  du  dos  et  les  scapulaires,  sont 
noirâtres  dans  le  milieu  et  fauves  sur  les  bords  ;  le  croupion 
et  les  deux  pennes  intermédiaires  de  la  queue  ,  bruns;  les 
petites  couvertures  supérieures  de  l'aile  ont  une  bordure 
fauve ,  sur  un  fond  brun  ,  de  même  que  les  grandes,  les  plus 
proches  du  corps;  mais  les  plus  éloignées  sont  noirâtres, 
bordées  et  terminées  de  blanc  rougeâtre;  les  pennes  pri- 
maires, noirâtres  en  dehors ,  grises  en  dedans  ;  les  intermé- 
diaires blanchâtres  à  leur  origine,  brunes  vers  leurs  extrémités 
et  bordées  de  gris  à  l'inlérieur  ;  les  quatre  plus  proches  du 
corps  ,  noirâtres  et  frangées  de  roussâtre  ;  des  couvertures 
supérieures  ,  celles  du  milieu  sont  noirâtres  et  les  autres 
blanches;  toutes  les  pennes  latérales  grises,  et  quelques-unes 
terminées  de  blanc  roussâtre;  les  pieds  sont  noirs;  longueur 
totale;  cinq  pouces  et  demi. 

*  Le  Tringa  brun,  Tringa  fusca  ^  Lath. ,  est  noir  et  la- • 
cheté  d.'C  brun  sur  la  tête  ,  lé  dessus  du  cou  et  le  dos;  noi- 
râtre sur  les  couvertures  de  l'aile  ,  et  d'un  blanc  sale  sur 
leurs  bords;  blanc  et  strié  àe  noir  sur  le  devant  du  cou  ;  d'un 
blanc  pur  sur  le  ventre  ;  cendré  sur  la  queue  ;  noir^ur  le  bec 
et<Ies  pieds.  M.  Montagu  soupçonne  que  cet  oiseau  est 
uitindividu  de  l'espèce  de  son  tringa  pusilla  (  triî>ga  minule  ) 
dont  le  plumage  est  encore  imparfait.  Cet  oiseau-  a  été  tué 
en  Angleterre.  ': 

*  Le  Trimga.  cendré  du  Canada  ,  Tringa  canadensis, 
Lath.  11  a  la  taille  de  la  grive  proprement  dite,  huit  pouces  et 
demi  de  longueur;  le  bec  long  de  près  d'un  pouce  et  demi, 
rougeâtre  à  sa  base  et  noir  dans  le  reste  de  son  étendue  ;  le 
plumage,  généralement  d'un  cendré  sombre,  approchant  de 
la  couleur  de  plomb  ;  les  plumes  du  dos  entourées  d'un 
cendré  plus  clair  ;  les  couvertures  des  ailes  et  la  poitrine 
d'un  blanc  grisâtre;  Us  trois  premières  pennes  des  ailes  noi- 
râtres ,  avec  leur  lige  blanche  ;  les  trois  suivantes  terminées 
de  celle  môme  couleur,  qui  est  tachetée  de  cendré  à  l'exté- 
rieur de  trois  autres  ,  et  couvre  presque  en  entier  la  plus 
grande  partie  de  celles  qui  restent ,  à  l'exception  de  quel- 
ques-unes qui  sont  d'une  teinte  sombre  uniforme  ;  un  blanc 
sale  forme  une  tache  entre  le  bec  et  l'œil ,  et  à  l'origine  de 
la  gorge  ;  le  devant  du  cou  est  cendré  ;  le  ventre  blanc  ,  avec 
quelques  taches  noirâtres  sur  les  côtés  de  la  poitrine  ;  mais 
ce  qui  distingue  cet  oiseau  de  ceux  de  son  genre ,  c'est 
d'avoir  les  jambes  couverte?  de  plumes  jusqu'au  talon  ,  et 


même  au-dessous  ;  Us  pierîs  sont  courts  et  d'un  jaune  pâle. 
Celte  €spèc6se  trouve  dans  le  Canada. 

*  Le  TRtKGA  CHAMPÊTRE  ,  Tnnga  rampestris,  VieHI,  ,  est 
décnl  dans  les  oiseaux  du  Paraguay  ,. par  M.  de  Azara  ,•  sous 
la  dénquiinalion  àe.  chorlilo  campeslno.  Il  est  de-passage  dans 
cette  conirép^où  il  arrive  ,  au  mois  de  septembre,  en  troupes 
de  dix  à  vingt;  Quand  il  s'envole  ,  il  jetta  un  cri  qui  exprime 
lassyllabes;^//;/.  Ce  naturaliste  l'a  rencontré  dans  les  plaines 
découvertes-, !.scches  ou  humides,  et -jamais  sur  les  bords  des 
rivières. et  depi.igunes.  ll:a  onze  pouces  trois  quartsde  lon- 
guourtolale,  lea^lumes  du  dessus^dé  la  têle,  du  cou,  du  corps 
et  de^  couvertures  supérieures  d-tr. l'aile,  d-un  brun  noirâtre 
cit  bord«eg  de.blancliâtre  ;  làxjueue  traversée  par  des  bandes 
bjim^es'etblaiîohâtres;  les  Sourcils,  la  gorge  ,  les  côtés  et  le 
d^eyaiit  du  cpu  blancs  ,  avec  une  peliie  tache  cioirâtre  ,^en 
forme  .de, flèche  sur.  leiniiltcu  de  chaque  pliime  du- cou;  le 
rest^jdi^srp^rlip  inférieures;  mélangé  de  bruhet  de  blanchâ- 
tre ;,  les;;^owv^ptHresinféi;ie.urci!  d*'^'ailes,  d'un  roux  foible  , 
varié  de  taches  et  de  traits  d'unibrun  «foncé,  à- 1? exception 
destplvis-.tgRâïiïie?  ,  qui  ont  desvVaies  transversale:s  un  peu 
rioirâlres'$u«i  un  fond  argentin;  la  paupière  est.blanchâ'lre  ;le 
b<icprfcsqi*e<n<jSrî;  lé  taise:  ploiiibéîv  r.  .  ,..  ,  ..:,;  •:.'i;  t 

.Le  ÏRINGÀ  cocoRLt,'  Tn'n^tsiihàiquàta,  Hemïb:;lS£ulopax 
siibaYffAata^  Gm.  ;  Numcnins  feiruf^ineus  ,  M«yér..'.\l'âiv  sous  ' 
son.  plumage  d'hiver,  la  face,  les  sourcils ,  la  gorge  ,  le  ventre 
et  toute?  le&. couvertures  de.  la  queue  ,  d'un  blanc  .puni. le: 
ioruin  ^  hv,\xx^i  M  dessus.de  la;tiêt£  ^le  dos  ,  les  scapulaires  et 
le  dessus  des  ailes  d'un  hnm  cendré,  avec  un  petit  trait  d'un 
])ran  plus  foncé  SHr  le  mUieultlc  chaque  plume  ;  celles  de  la 
nuque  ,:d'U  devant  du  cou  et  t^e  1«^  poitrine  ,  ra^^éos  lomgitudi- 
najeiuent)  de  brun ,  et  bordées  de  blanchâtnE'v^l.'ïiqucué  cen- 
drée et.bordée  do  blanc  ;!]cs  pbnnes  extérhajccs'i,  de  celte 
r,0!uleur,en. dedans;  lé  bec  "noir,  un. peu  fléchi  en  arc,  etlon^ 
dje  vingl^'Jignes  environ;  Jes  picds,bruns;  longueur  totale  , 
sept  pouces  et  demi.     !    :.  •   :,-     ;    ■  '  ; 

Le /;ow/vfi  a  ,,  pendantf'élé',ilc  front ,  la  gorge  ,  le  devant 
du  cqi^i,  la;poitrine  ,  le;  yehlre  et  l'abdomen  ,  d'un  roux 
inarroi) ,; pur  çhezj ides  individus,'  avec  de  petites. tajclwes  bru- 
nes cKee  d'aut,rQs ,  et  qiuelquefais un  peu  varié  ne  blanc  ;  le 
menton  et  Ips  sourcils ^;  blancs  ;  toutes  les  couvertures  de  la 
queue,  dessus  et  dessousi^. blanches,  avec  quelques  taches 
noires;  le  dos,,  les  scapulaires  et  les  couvertures  supérieures 
des  ailes,  noires  et  rousses;;  les  pennes  primaires  ,  noices;, 
Jes  sttGondaires,  de  cette  couleur,  bordées  et  terminées  de 
roux;  les  intermédiaires,,  d'un  cendré  un  peu  sombre  ,  et 
frangées  de-blanc  à  l'intéri^uii.;  ies. pennes- de  la  queue,    du 


TRI  455 

même  cendré ,  avec  un  petit  filet  blanc  à  leur  extrémité» 
Chez  le  jeune,  avant  la  première  mue  ,  les  plumes  du  dos  , 
des  scapulaires  et  des  couvertures  supérieures  des  ailes  sont 
noirâtres,  les  unes  entourées  de  blanc,  les  autres  de  roussâ- 
tre  ;  celles  du  devant  du  cou  et  de  la  poitrine  ,  avec  des  taches 
longitudinales  peu  prononcées,  et  d  un  cendré  rembruni  sur 
un  fond  blanchâtre  ,  nuancé  de  rougeâtre  et  de  blanc.  Du 
reste ,  son  plumage  ressemble  à  celui  d'hiver.  Tel  est  le  nu- 
Tnenius  pygmeus  de  Bechstein ,  suivant  M.  Bâillon  ,  qui 
possède  le  précédent  dans  sa  collection.  Cette  espèce  ,  qu'on 
rencontre  dans  diverses  contrées  de  l'Europe,  niche  quelque- 
fois, en  Hollande,  sur  le  bord  des  eaux.  Sa  ponte  est  de 
quatre  à  cinq  œufs  jaunâtres  et  tachetés  de  brun. 

Si  réellement  le  mimenius  afiicanus  de  Latham  ,  que  nous 
avons  décrit  dans  ce  Dictionnaire  ,  sous  le  nom  de  courlis 
d'Afrique  ,  est ,  comme  le  dit  M,  Temminck  ,  un  individu  de 
cette  espèce,  elle  se  seroit  donc  répandue  jusques  au  Cap  de 
Bonne-Espérance. 

MM.  Meyer  et  Temminck  rapportent  à  ce  tringa ,  sous  sa 
livrée  d'hiver,  Valouette  de  mer,  de  la  pi.  enl.  de  Buff. , 
n.°  25 1.  V.  Tringa  à.  collier. 

^^e  Tringa  a  collier  ou  T Alouette  de  mer  a  collier, 
Tringa  a/pina  ,  Lath.  ;  Tringa  variahilis  ^  Meyer;  pi.  enl.  de 
Buff.,  n.^  852,  sous  la  dénomination  de  cincle.  L'épithète 
variabilis ,  que  M.  Meyer  a  donnée  à  cet  oiseau,  lui  convient! 
très  bien  ,  puisqiril  porte  un  plumage  qui  varie  plusieurs  fois 
dans  la  même  année  ;  mais  comme  on  peut ,  d'après  ce  mo- 
tif, l'appliquer  avec  la  même  justesse  aux  tringas  mauhêche  , 
cocorli  et  combattant ,  nous  n'avons  pas  cru  devoir  traduire  ce 
mot  en  français  ,  pour  le  signaler,  ainsi  que  Ta  fait  M.  Tem- 
minck; et  nous  avons  préféré  lui  conserver  la  dénomination 
sous  laquelle  Buffon  l'a  décrit,  et  qui  est  celle  sous  laquelle 
cet  oiseau  est  généralement  connu  en  France. 

Ce  tringa,  sous  sa  livrée  d'été  ,  a  les  plumes  du  sommet 
de  la  tête  noires  sur  leur  milieu  et  rousses  sur  leurs  bords  ; 
celles  de  ses  côtés  ,  du  cou  et  de  la  poitrine  ,  d'un  blanc  un 
peu  roussâtre  avec  un  trait  longitudinal  noir;  le  ventre, 
l'abdomen  et  de  plus  la  poitrine ,  selon  Monlagu  et  Latham  , 
de  la  dernière  couleur;  la  gorge,  les  couvertures  inférieures 
de  la  queue  ,  les  plumes  latérales  de  ses  supérieures  et  celles 
des  jambes,  d'un  blanc  pur  ;  le  dos,  le  croupion,  les  plumes 
intermédiaires  qui  recouvrent  la  queue  en  dessus  ,  les  cou- 
vertures supérieures  des  ailes  et  les  scapulaires  ,  variés  de 
noir  et  de  roux  ;  les  pennes  primaires  de  l'aile  noires  ;  celles 
du  milieu  bordées  de  blanc  en  dehors  ;  toutes  les  pennes  la- 
térales de  la  queue  d'un  cendré  sombre  ;  les  deux  du  înilieiï. 


456  TRI 

grises  et  d'un  brun  fonce  ,  pointues  ,  un  peu  plus  longues  que 
les  autres,  qui  sont  à  peu  près  égales  entre  elles.  Longueur 
totale  ,  six  pouces  ,  chez  tous  les  individus  que  j'ai  sous  les 
yeux  et  qui  sont  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  :  sept  pou- 
ces, selon  Temminck,  qui  nous  paroît  avoir  pris  cette  me- 
sure sur  Valouetle  de  mer  de  Brisson  ,  qui ,  selon  nous  ,  est 
wne  race  particulière  ;  le  bec  est  plus  long  que  la  tête  ,  droit 
«t  noir;  les  pieds  sont  bruns.  Tels  sont  le  Iringa  variabilis  de 
Ijatham  ,  et  le  tringa  variabills  de  Meyer. 

Li'.  même  oiseau  ,  sous  le  plumage  qu'il  prend  à  la  mue 
d'automne  et  qu'il  conserve  jusqu'à  la  mue  du  printemps  , 
a,  selon  M.  Temminck,  la  gorge  rousse;  un  trait  depuis  le 
î)er  supérieur  jusqu'à  Tœil  ;  toutes  les  parties  inféri  eures  ,  et 
seulement  les  trois  plumes  extérieures  des  couvertures  du 
«dessus  de  la  queue  d  un  blanc  pur;  la  poitrine  d'un  cendré 
blanchâtre  ;  une  raie  entre  le  bec  et  l'œil  ;  toutes  les  parties 
supérieures  d'un  cendré  brun  avec  im  petit  trait  plus  foncé 
le  long  de  1.".  tige  de  chaque  plume;  le  croupion  ,  les  plumes 
intermédiaires  ds^s  couvertures  supérieures  de  la  queue  et  les 
deux  pennes  du  milieu  d'un  brun  noirâtre;  les  pennes  latérales 
de  la  queue  cendrées  et  bordées  deblanc;le  bec  noir.  Cet  or- 
ïiilhologiste  dit  que  c'est  V alouette  de  mer  Ae  la  pi.  19  ,  fig.  2  ^u 
4om.  5  ,  de  lOrnilhologie  de  Brisson  ,  et  la  pelite  alouette  de 
mer  du  même  auteur  ;  en  effet  la  description  convient  bien  à 
la  première  ,  mais  non  pas  à  la  seconde  ,  qui  est  notre  trir^^a 
leco.  F.  ci-après  ,  page  4-^7?  l'Alouette4)E  mer  de  la  pi. 
enl.  de  Buffon  ,  n.»  5i. 

Indépendamment  de  ces  deux  vêtemens  ,  on  trouve  des 
individus  qui  présentent  des  différences  occasionées  par  les 
deux  mues  plus  ou  moins  avancées  :  ce  sont ,  selon  M,  Tem- 
minck,  surtout  les  jeunes,  en  automne,  qui,  à  celte  époque, 
diffèrent  des  vieux  en  ce  qu'ils  ont  le  bec  droit  ,  tandis  que 
ceux  ci  l'ont  foiblement  incliné  à  la  pointe.  Les  uns  et  les 
autres  ont  alors  la  gorge  ,  l'abdomen  et  les  couvertures  infé- 
rieures de  la  queue  d'un  blanc  pur;  une  raie  brunâtre  entre 
le  bec  et  l'oeil  ;  le  cou  et  la  poitrine  roussâlres  avec  des  taches 
longitudinales  brunes  ;  des  marques  isolées  d'un  brun  noirâ- 
tre sur  le  ventre  ;  les  plumes  du  dos  et  des  scapulaires  noires 
et  bordées  de  roux  clair  ;  les  couvertures  des  ailes  brunes  cl 
frangées  de  jaunâtre.  Ce  sont  alors,  selon  M.  Temminck,  Va- 
louettr  de  mer  à  collier  de  Brisson  ,  pi.  i  o  ,  fig.  u  ;  la  hrunette  de 
Butfon  ,  et  le  dnde  de  sa  pi.  enl.  85»  ;  le  dlm-Un  de  Latham 
cl  de  Pennant  ;  enfin  il  donne  ,  comme  variété  de  plumage  , 
le  tringa  rinclus  de  Gmelin  et  de  Lrdham  ;  le  tr!nf;a  rujicollis 
de  ces  auteurs  (  V.  Tringa  a  cou  roi  x  )  ;  le  scolvpax  pusUla 
de  Gmelin  ,  ou  le  piirrc  des  Anglais, 


T  R  I  457 

Suivant  Montagu,Ies  jeunes  paroîssent  d'abord  sous  le  plu- 
mage du  purre,  et  les  vieux  offrent  celui  du  dim-lin. 

Celte  espèce,  que  nous  voyons  communément  en  France 
pendant  l'hiver,  construit  son  nid  à  terre  ,  le  compose  ,  se- 
lon Simmond  ,  cité  par  Montagu,  de  roseaux  noueux  et  secs, 
sur  lesquels  la  femelle  dépose  quatre  œufs  d'un  blanc  fuli- 
gineux ,  irrégulièrement  tachetés  de  deux  nuances  brunes, 
l'une  claire  et  l'autre  foncée  ;  ces  taches  sont  plus  isolées  et 
plus  pelifcs  que  partout  ailleurs  sur  le  petit  bout  de  Tœuf. 

Ualouede  de  mer ,  de  la  pi.  enl.  de  Buffon  n.'^  aSi ,  est  pré- 
sentée ,  par  cet  auteur  et  par  Brisson,  comme  une  espèce 
distincte  du  cinch  à  rolUer  ^  pi.  enl.  de  Buffon  n.*'  252  ,  ou  de 
Valouette  de  mer  à  collier  de  Brisson  ,  pi.  ig  ,  fig.  a  ,  du  tom.  5 
de  son  Ornithologie.  Latham  les  a  réunis  dans  son  Synopsis, 
en  donnant  le  cinrle  à  collier  t^ouv  une  variété  de  l'autre  ,  et 
les  a  séparés  dans  son  Index  ,  en  imposant  à  Valoucile  de  mer 
de  cet  article  le  nom  de  tringacinclus,  et  à  l'autre  celui  de  tringa 
alpina.  M.  Meyer  regarde  l'individu  de  la  pi.  enl.  n."  aSi 
comme  un  jeune  de  l'espèce  de  son  numenius  ferrugineus,  le- 
quel est  le  bécasseau  ciicurli  de  M.  Temminck  ,  qui  désigne  ce 
jeune  oiseau  pour  un  individu  en  mue  ,  dans  le  passage  de  la 
livrée  d'été  à  celle  d'hiver  ,  de  l'espèce  de  son  cocorli;  c'est 
encore  la  petite  maubêtihe ,  tringa  arenaria  de  M.  Cuvier  ,  selon 
l'étiquette  qu'elle  porte  au  Muséum  d'Histoire  naturelle. 

Il  résuite  des  observations  réitérées  au  mois  de  mai  der- 
nier ,  par  MM.  Jules  de  Lamottc  et  Bâillon,  que  celle 
alouette  de  mer  n'appartient  point  aux  espèces  citées  ci- 
dessus,  et  ne  peut  être  distinguée  spécialement,  puisque  c'est 
le  cincle  à  collier  lui-même  ,  mais  dans  un  âge  avancé  ,  lequel 
porte  alors  des  dimensions  plus  fortes  et  un  bec  plus  long  ; 
longueur  qui.  varie  depuis  onze  lignes  et  demie  jusqu'à  seize 
inclusivement ,  et  qui  présente  une  légère  courbure  vers  son 
extrémité.  Ces  excellens  observateurs  me  paroissent  fondés 
à  rejeter  le  rapprochement  que  MM.  Meyer  et  Temminck 
ont  fait  de  celle  alouetle  de  mer  et  du  tringa  suharquata  :  en 
effet  celui-ci  est  plus  grand  ,  plus  haut  monté  que  l'autre  , 
porte  un  bec  plus  allongé ,  dont  l'arc  est  plus  prononcé  ;  en 
outre  ,  tous  les  tringa  arquata  que  j'ai  eu  occasion  d'examiner  , 
ont ,  sous  leur  habit  d'hiver,  toutes  les  plumes  des  couver^ 
tures  supérieures  de  la  queue  totalement  blanches  ,  et  sous 
leur  livrée  d'été,  seulement  avec  quelques  taches  noires, 
tandis  que  chez  V alouette  de  jner  àeceia^rixcie,  mâle  et  femelle, 
enhiver  et  en  été, ces  couvertures  ne  sontblanchesque  sur  leurs 
plumes  latérales  et  sont  noires  sur  les  intermédiaires  ;  enfin 
les  tringa  arquata  ont  loules  leurs  pennes  caudales  d'un  gris 


458  T  T^   I 

clair,  cl  la  plus  extérieure  de  chaque  côté,  blanche  en  de- 
dans; auconlraire,  chez  l'alouette  de  mer,  les  deux  pennes 
du  milieu  de  la  queue  sont  d'un  brun  noirâtre  ,  et  toutes  les 
latérales  d'un  gris  cendré  clair,  à  Textérieur  et  à  l'intérieur. 
Le  Tringa  COMBATTAINT  ,  Trhiga  piignax  ,  Lath.  ;  pi.  B  29 
fig.  2  de  ce  Dict,  Quoique  j'aie  classé  cette  espèce  dans  ce 
genre  ,  je  crois  qu'elle  seroit  mieux  placée  dans  celui  du  che- 
valier ^  vu  qu'elle  a  le  bec  courbé  et  très-peu  dilaté  à  la  pointe 
de  sa  partie  supérieure  ,  et  les  doigts  extérieurs  réunis  à  leur 
base  par  une  membrane. 

Le  nom  de  combattant  ^  qu'ont  adopté  les  naturalistes  pour 
cette  espèce  ,  convient  très-bien  à  des  oiseaux  qui  se  livrent 
entre  eux  un  combat  seul  à  seul,  des  assauts  corps  à  corps  , 
qui  combattent  aussi  en  troupes  réglées  ,  ordonnées  et  mar- 
chant l'une  contre  l'autre  ,  et  ces  phalanges  ne  sont  compo- 
sées que  des  mâles  ;  ce  qui  fait  présumer  que  l'amour  seul 
est  la  cause  de  leurs  combats.  Les  femelles  attendent  à  part 
la  fm  de  la  bataille,  endamment  par  de  petits  cris  l'ardeur 
«îés  combattans  ,  et  restent  le  prix  de  la  victoire.  Souvent  la 
lutte  est  longue  ,  et  quelquefois  sanglante  ;  les  vaincus  pren- 
nent la  fuite  ;  mais  leur  ardeur  guerrière  ,  qui  n'est  produite 
que  par  leur  ardeur  amoureuse  ,  renaît  au  cri  de  la  première 
femelle  qu'ils  entendent.  Ils  oublient  leur  défaite  ,  et  entrent 
en  lisse  de  nouveau,  si  quelque  antagoniste  se  présente.  Celle 
petite  guerre  a  lieu  tous  les  jours, le  malin  et  le  soir,  aux  mois 
d'avril  et  de  mai.  A  cette  époque,  les  mâles  ont  un  plumage 
«le  guerre  qui  leur  sert  de  bouclier;  c'est  une  espèce  de  cri- 
nière composée  de  plumes  longues  ,  fortes  et  serrées,  qu'ils 
porlentauiourdu  cou, et  qu'ils  hérissent  lorsqu'ils  s'attaquent, 
mais  qui  les  quitte  avec  leurs  amours.  Cet  ornement  ,  qui 
tombe  par  une  mue  qui  arrive  à  ces  oiseaux  vers  la  fin  de 
juin ,  diffère  sur  presque  tous  les  combattans.  Il  est  roux  dans 
ies  uns  ,  gris  dans  d'autres  ,  blanc  dans  quelques-uns,  d'un 
beau  noir  violet  chatoyant,  coupé  de  taches  rousses  sur  des 
individus  ,  et  enfin  ,  sur  plusieurs,,  c'est  un  mélange  de  toutes 
ces  couleurs  ;  celui  d'un  blanc  pur  est  le  plus  rare.  Cette 
livrée  de  combat  ne  varie  pas  moins  par  la  forme  que  par 
les  teintes  ,  durant  tout  le  temps  de  son  accroissement.  Ou- 
tre ce  surcroît  momentané  ,  ils  ont  une  surabondance  de 
molécules  organiques,  qui  se  manifeste  par  l'éruption  d'une 
multitude  de  papilles  charnues  et  sanguinolentes  qui  s'élè- 
vent sur  le  devant  de  la  tête  et  à  l'entour  des  yeux.  11  n'existe 
pas  d'oiseau  qui,  à  physique  égal ,  ait  les  testicules  aussi  forts; 
ceux  du  combattant  ont  chacun  près  de  six  lignes  de  diamè- 
tre et  plus  d'un  pouce  de  longueur;  le  reste  de  l'appareil 


T  R  I  459 

des  parties  génitales  est  également  dilaté  dans  le  temps  des 
amours  :  dans  tout  autre  temps  ,  on  ne  distingue  plus  guère 
les  mâles  des  femelles,  car  ceux-ci  perdent  leur  crinière, 
et  les  tubercules  vermeils  ,  qui  couvroient  leur  tête  ,  pâ- 
lissent et  s'oblitèrent ,  et  ensuite  celle  -  ci  se  recouvre  de 
plumes. 

Les  combattans  ne  nichent  pas  sur  nos  côtes.  Ils  partent 
de  Picardie  ,  où  ils  arrivent  au  mois  d'avril ,  dans  Se  courant 
de  mai,  par  les  vents  de  sud  et  de  sud  est  qui  les  portent  en 
Angleterre  ,  où  ils  nichent  en  très-grand  nombre  ,  particu- 
lièrement dans  le  comté  de  Lincoln  ;  on  en  trouve  aussi  au 
printemps  sur  les  côtes  de  Hollande  ,  de  Flandre  et  d'Alle- 
magne ;  ils  sont  en  grand  nombre  en  Sitède  ,  en  Islande  ,  en 
Russie  et  en  Sibérie.  Comme  ces  oiseaux  arrivent  régulière- 
ment au  printemps  ,  et  que  l'on  n'en  voit  point  à  l'automne  , 
l'on  est  incertain  où  ils  passent  l'hiver. 

Ces  oiseaux  font  leur  nid  au  mois  de  mai  ,  sur  la  terre ^■ 
dans  de  petits  creux  entourés  de  gazon.  Leurs  œufs  sont  au 
nombre  de  quatre  ou  cinq,  pointus,  cendrés  et  parsemés, 
principalement  au  gros  bout ,  de  taches  d'un  brun  rougeâtre. 
Ces  œufs  sont  très  bons  à  manger ,  et  on  les  recherche  dans 
plusieui^spays  aussi  bien  que  ceux  des  vanneaux.  L'incubation 
dure  un  mois.  En  Angleterre,  on  leur  fait  une  petite  chasse  : 
l'oiseleur  saisit  l'instant  où  ces  oiseaux  se  battent ,  pour  leur 
jeter  son  filet.  On  en  prend  aussi  en  Hollande  dans  les  mois 
de  juillet  et  d'ao'ût,  et  leur  chair  y  est  très-estimée;  sans  doute 
qu'elle  a  perdu  ses  bonnes  qualités  au  printemps,  car  ce 
n'est  pas  un  gibier  fort  recherché  à  Paris,  époque  où  l'on 
en  voit  a^ssez  souvent  dans  les  marchés.  Les  Anglais  sont  dans 
l'usage  de  les  engraisser,  en  les  nourrissant  avec  du  lait  et  de 
la  mie  de  pain  ;  mais  on  est  obligée  pour  les  rendre  tran- 
quilles, de  les  tenir  renfermés  dans  des  endroits  obscurs;  car 
ils  se  battent  aussitôt  quils  voient  la  lumière.  L'esclavage 
n'adoucit  point  leur  humeur'guérrièrè  ;  sils  sont  renfermés 
avec  d'autres  oiseaux,  ils  les'  détient  tous  ;  et  pour  posséder 
un  coin  de  gazon  vert ,  ils  se  battent  à  qui  l'occupera  ;  ils 
semblent  fneine  se  piquer  de  gloire  ,  car  ils  ne  se  montrent 
jamais  plus  animés  qijte  quand  il  y  a  des  spectateurs.  Tout  est 
pour  eux  un  motif  de  combat  ;  le  boire  ,  la  nourriture  ,  le  ga- 
^n,  est  disputé  et  enlevé  plusieurs  fois  ;  le  vaincu  revient  à 
l*charge,  et  souvent  de  nouveaux  efforts  sont  couronnés  du 
succès  :  heureusement ,  pour  la  conservation  de  l'espèce  ,  la 
nature  leur  a  donné  de  foibles  armes  :  i-ls  se  renversent  sans 
presque  se  faire  de  mal  ;  à  peine  s'enlèvent-ils  quelques  plu^ 
mes.  Les  femelles  ont  l'humeur  aussi  guerrière  que  les  mâles. 


46o  T  R  I 

M.  de  Rîocourt,  à  qui  je  dois  ces  détails ,  en  possédoit  une 
qui  étoit  un  alh'èle  redoutable  et  qui  ne  refusoit  jamais  un 
défi.  Ainsi  donc  l'amour  n'est  pas  le  seul  motif  de  leurs  que- 
relles :  l'insociabilité  semble  être  le  fond  de  leur  caractère  , 
quoiqu'on  les  voie  presque  toujours  en  troupes. 

Le  malt;  est  à  peu  près  de  la  grosseur  du  chevalier  ;  il  a  dix 
pouces  six  lignes  de  longueur;  le  bec  gris;  l'iris  noiscite  ; 
la  tète  couvcrie  de  petits  mamelons  (  les  uns  en  ont  plus,  les 
autres  moim^  )  ;  la  partie  supérieure  et  le  dessus  du  cou  d'un 
violet  foncé  très-l>rillanl  ;  le  haut  du  dos  couvert  de  plumes 
noirâtres,  bordées  de  gris  et  variées  de  grandes  taches  pa- 
reilles à  la  couleur  du  cou  ;  la  partie  inférieure ,  le  croupion  , 
les  couvertures  des  ailes  et  celles  du  dessus  de  la  queue  ,  d'un 
gris  brun  ;  chaque  plume  bordée  d'une  teinte  plus  claire  ;  la 
base  du  bec  entourée  de  petites  plumes  d'un  blanc  sale  et 
roussâire  ;  la  poitrine  variée  de  blanc,  de  noir  et  de  violet  ; 
le  ventre  et  les  autres  parties,  blancs  ;  les  grandes  couvertures 
et  les  pennes  primaires  des  ailes  ,  brunes;  les  autres  d'un  gris 
brun  plus  ou  moins  clair,  et  les  plus  proches  du  corps  tra- 
versées à  leur  bout  de  raies  noirâtres;  celles  de  la  queue 
pareilles  et  rayées  transversalement  de  la  même  teinte  ;  les 
pieds  gris.  Celte  description  ne  peut  s'appliquer  à  tous  les  in- 
dividus ,  car  presque  tous  varient  en  couleur  ,  et  il  est  très- 
rare  d'en  rencontrer  deux  pareils  ;  sur  les  uns  ,  le  blanchâtre 
et  le  roux  remplacent  le  violet  et  le  noirâtre  ;  sur  d'autres  , 
c'est  un  cendré  jaunâtre  ,  ou  un  brun  tirant  sur  le  marro  ". 
Le  plumage  des  femelles  varie  moins.  Ce  qui  les  caractérise 
au  printemps  ,  c'est  la  privation  des  mamelons  charnus  et  des 
longues  plumes  du  cou,  qui  sont  aussi  courtes  que  ICvS  autres. 
Enfin  ,  le  blanc  règne  sur  la  tète  et  sur  le  dessous  du  corps  ; 
le  dessus  est  varié  de  blanc  et  de  noirâtre  ,  de  brun  et  de 
roussâtre  ,  mais  le  blanc  est  la  couleur  qui  domine  sur  pres- 
que toiites. 

La  grande  variété  du  plumage  descombattansa  donné  lieu 
à  des  espèces  purement  nominales;  en  effet  letringa  gronooiœn- 
sis  de  Latham,  est,  comme  l'a  fort  bien  remarqué  M.  Meyer, 
un  jeune  combattant ,  dont  Lewin  a  publié  la  figure  ,  pi.  i8i  , 
dans  VHisloire  des  Oiseaux  de  la  Grande-Bretagne  ,  et  non  pas 
«ne  espèce  nouvelle  ,  comme  le  dit  Lalham,  laquelle  a  été 
trouvée  en  Angleterre  au  mois  d'août. 

On  doit  encore  ,  ainsi  que  l'observe  M.  Cuvier,  regar^r 
comme  des  combattans  en  divers  états  de  plumage  :  i."  le 
chevalier  proprement  dit^  pi.  17,  fig.  i  ,  de  Brisson  {tringa 
equestrisf  Lath.  )  :  cet  oiseau  est  cité  dans  la  Synonymie  du 
scofopax  calidris  de  Gmelin  et  de  Latham;  ^.'^  U  chevalier  v<*' 


TRI  461 

r/V,  pi.  17  ,  fig.  2  ,  àe  Brisson  (  iringa  liitorea  ,  Lalh.  ;  tringa 
ochropiis  ,  Htturea  ,  Yar.  B.  ,  Gm.  )  ;  3."  la  mauhêdie  pro- 
prement dite  ,  pi.  20  ,  fig.  I  ,  de  Briss.  (  tringa  calidris  ,  Lath. 
et  Gm.  )  ;  mais  je  ne  puis  adopter  son  sentiment  pour  cet  oi- 
seau ,  et  je  crois  ,  avec  IM.  Temniinck  ,  que  c'est  plutôt  une 
jeune  maultêche  qui  prend  ses  couleurs  d'été. 

*  Le  Tringa  a  cou  brun  ,  Tnnga  fuscicoltis  ,  Vieill.  Cette 
espèce  est  iorl  commune  au  Paraguay  ,  n'est  point  farouche  , 
vit  en  troupes  de  vingt  environ  ,  se  plaît  sur  les  bords  des 
eaux  ,  mais  encore  davantage  dans  les  terres  et  les  prés  hu- 
mides. Elle  a  six  pouces  trois  quarts  de  longueur  totale  ;  les 
sourcils  blanchâtres  ;  une  petite  tache  noirâtre  en  avant  de 
l'œil  ;  le  dessus  et  les  côtés  de  la  lête,  la  partie  postérieure 
du  cou  bruns  ;  quelques  points  noirâtres  et  à  peine  visibles 
sur  le  dos  ;  le  menton,  la  poitrine,  le  ventre,  les  couvertures 
supérieures  de  la  queue  et  les  petites  du  dessous  de  l'aile  de 
couleur  blanche  ;  des  veines  brunes  sur  les  petites  couvertures 
du  dessus;  les  plumes  du  devant  du  cou  noirâtres  dans  leur 
milieu,  et  blanchâtres  sur  leurs  bords;  celles  du  dos,  les 
pennes  et  les  couvertures  supérieures  des  ailes  ,  ainsi  que  les 
pennes  caudales  sont  brunes  et  terminées  de  blanchâtre  ;  le 
tarse  est  d'un  brun  foncé  ;  le  bec  noir.  C'est  le  chortito  pes- 
toreyo  pardo  de  M.  de  Azara. 

*  Le  Tringa  a  cou  koux  ,  Tringa  ruficolJis^  Lalh.  Cet  oi- 
seau ,  que  Pallas  a  vu  près  des  lacs  salés  de  la  Daourie  ,  a  la 
taille  de  Valouelte  commune  \  le  bec  plus  long  que  la  lête  ;  le 
sommet  de  cette  partie  et  le  derrière  du  cou  striés  de  roux  ; 
le  devant  du  cou  et  la  poitrine  d'un  roux  foncé  uniforme  ;  le 
reste  du  plumage  pareil  à  celui  de  V alouette  demer^el  les  pieds 
noirs.  «  Cet  oiseau  ,  dit  M.  Temrninck  ,  appartient  évidem- 
ment, comme  variété  d'âge  ,  à  mon  bécasseau  variable  (notre 
iringa  à  collier).  »  Cependant  son  bec,plus  court  que  la  tête, 
est  une  distinction  spécifique  qu'on  ne  doit  pas  rejeter,  puis- 
que ce  bécasseau  variable,  à  quelque  âge  qu'il  ait,  l'a  toujours 
plus  long  que  la  tôle  :  de  plus  la  couleur  rousse  ,  qui  domine 
snv  le  plumage  du  tringa  de  cet  article  ,  donne  encore  lieu 
à  une  dissemblance  qui  ne  nous  permet  pas  d'adopter  cette 
réunion. 

Nous  n'avons  pas  vu  en  nature  le  tringa  à  cou  roux,  çt 
nous  ignorons  si  M.  Temminck  en  parle  d'après  sa  dépouille  ; 
mais  il  y  a  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  un  individu  dont 
le  pays  n'est  pas  indiqué  ,  qui  nous  paroît  tenir  à  l'espèce 
àe  ce  tringa  ,  par  ses  couleurs  et  son  bec  court.  Cet  oiseau 
a  le  capistrum,  les  joues  ,  la  gorge  ,  le  devant  du  cou  et  le 
haut  de  la  poitrine  ,  d'un  roux  uniforme  ;  le  bas  de  l'estomac 


IB2  TRI 

et  les  parties  postérieures  d'un  blanc  pur;  les  plumes  du  reste 
de  la  tête  et  du  dessus  du  cou  tachetées  de  brun  sur  un  fond 
roux;  celles  du  dos  noirâtres,  avec  un  liseré  roux  à  l'extérieur; 
les  couvertures  supérieures  des  ailes,  les  scapulaires  noirâ- 
tres ,  ensuite  rousses  et  terminées  d'un  roux  plus  clair  ;  le 
croupion  et  les  couvertures  du  dessus  de  la  queue  roux  et 
tachetés  de  brun  sombre  ;  les  grandes  pennes  des  ailes  noi- 
res ;  les  deux  intermédiaires  de  la  queue  noirâtres  et  finement 
frangées  de  roussàirc  ;  une  taille  un  peu  inférieure  à  celle 
du  ifinga  cinde\  le  bec  droit ,  grêle  ,  noir  et  plus  court  que  la 
tête  ;  les  pieds  couleur  de  chair  terne  ,  chez  l'individu  em- 
paillé. 

Le  Trinoa  demi-palmé  ,  Tringa  semïpalmata  ,  Wilson  , 
pi.  6.'>  ,  fig.  4-  de  son  American  Ornitlwlogy ,  sous  la  dénomina- 
tion de  senii-palinuted  sand  piper.  La  taille  et  la  longueur  da 
bec  ne  sont  pas  les  mêmes  pour  tous  les  individus  ;  les  uns 
ont  six  pouces  et  demi  de  longueur  totale  ,  et  le  bec  long  de 
onze  lignes,  tandis  que  chez  d'autres  la  taille  est  de  cinq  pou- 
ces et  le  bec  de  huit  lignes.  Malgré  ces  disproportions ,  ils 
n'appartiennent  pas  moins  à  la  même  espèce  ,  que  l'on  a 
confondue  avec  le  iringa  pusilla  ;  mais  ta  membrane  dont 
I-es  doigts  sont  garnis  à  leur  base  ,  suffit  pour  éloigner  tout 
rapprochement  d  identité  ,  quoique  l'une  et  l'autre  espèce 
se  trouvent  souvent  ensemble. 

Cet  oiseau  arrive  dans  les  Étals  -  Unis  et  en  part  avec 
le  sanderUng.  11  a  le  bec  noir  ;  les  sourcils  blancs  ;  les  plumes 
du  dessus  de  la  tête,  du  cou  et  du  corps,  d'un  brun  sombre  , 
bordées  de  ferrugineux  et  terminées  de  blanc  ;  les  cotés  du 
croupion  de  cette  couleur  ;  le  dessus  et  les  couvertures  supé- 
rieures de  la  queue,  noirs;  les  pennes  des  ailes  d'un  noir 
obscur  avec  leur  lige  et  leur  bord  blancs;  les  petites  cou- 
vertures de  cette  couleur  à  leur  extrémité;  les  pieds  noirâtres. 
Il  n'y  a  point  de  différence  entre  le  mâle  et  la  femelle. 

*  Le  TriTSGA  a  dos  noir  ,  Tringa  melanotos  ,  Yieill.  Cet 
oiseau  ,  du  Paraguay  ,  est  décrit  par  M.  de  Azara  sous  le  nom 
de  chorlito  lomo  negro.  11  a  le  bec  droit ,  légèrement  courbé 
vers  sa  pointe  ,  qui  est  terminée  en  forme  de  petite  cuiller  ; 
huit  pouces  et  demi  de  longueur  totale  ;  les  sourcils  blancs  ; 
le  dessous  du  corps  et  les  couvertures  inférieures  des  ailes  de 
la  même  couleur  ,  à  l'exception  des  petites  qui  sont  veinées 
de  brun  ;  les  plumes  du  devant  et  des  côtés  du  cou  noirâtres 
dans  leur  milieu  et  blanchâtres  sur  leurs  bords;  le  dessus  de 
la  tête  noirâtre  ,  avec  quelques  taches  rondes  d'un  roux  fol- 
ble  ;  les  plumes  du  derrière  de  l'occiput  et  du  dessus  du  cou 
bordées  de  blanc  sale  3ur  un  fond  sombre  ;  les  scapulaires 


T  R  I  463 

et  les  couvertares  supérieures  des  ailes  de  cette  même  teinte 
et  liserées  de  roussâtre  ;  le  dos  et  le  croupion  noirs  ,  avec  un 
peu  de  roux  clair  au  bout  des  plumes  ;  il  en  est  de  même 
pour  les  couvertures  supérieures  de  la  queue,  à  Texceptioa 
des  extérieures  qui  sont  blanchâtres  et  tachetées  de  noirâtre  : 
les  pennes  caudales  sont  d'un  brun  clairet  bordées  de  blan- 
châtre; les  pennes  et  les  grandes  couvertures  des  ailes,  brunes 
avec  du  blanc  à  la  pointe  de  ces  dernières  ;  le  tarse  est  d'un 
jaune  verdâtre,  et  le  bec  noirâtre. 

Le  Tringa  ÉLORIODE,  Trinsfci  elorîodes^  Y'ie'iW.  ;  Numenius 
pygmœus,  Lath.  ;  Scolopax  pygmœiis ,  Gm.  ;  pi.  du  Supplément 
tu  ihe  orn'dhoîogical  Dictionary  de  Montagu.  Lalham  le  décrit 
comme  il  suit  ;  mais  il  n'est  pas  sous  son  plumage  parfait. 
La  tête,  le  dos  et  les  couvertures  supérieures  de  Taile  sont 
mélangés  de  brun  ,  de  ferrugineux  et  de  blanc  ;  les  pennes 
primaires  noirâtres  et  bordées  de  blanc  ;  la  poitrine ,  le  ventre 
et  le  croupion  de  cette  couleur;  la  queue  est  d'une  teinte 
sombre  et  bordée  de  blanc.  Taille  de  Valoiieite.  Je  cite,  dans 
la  Synonymie  le  scolopax  pygmcea  de  Gmelin ,  parce  que  sa 
description  est  conforme  à  celle  du  numenius  pygmœus  de 
Latham.  Cependant  M.  Temminck  ne  l'a  point  cité  comme 
synonyme  de  son  bécasseau  platyrhynque  ;  c'est ,  dit  -  il  ,  une 
description  de  double  emploi  ,  et  que  l'on  doit  rayer  de  la 
nomenclature  ;  mais  il  a  omis  de  nous  indiquer  le  double  em- 
ploi, et  c'est  en  vain  que  nous  l'avons  cherché  dans  Gmelin. 

Le  numenius  pygmœus  de  Montagu  ,  que  cet  auteur  donne 
pour  être  sous  son  plumage  d'été,  a  neuf  pouces  de  longueur 
totale;  le  bec  long  de  dix-huit  lignes  (mesure  anglaise  ) , 
d'un  noir  sombre,  foiblement  arqué,  comprimé  par  les 
côtés  à  sa  base  et  vers  le  bout,  sur  la  figure  indiquée  ci^ 
dessus  ;  ce  naturaliste  n'en  fait  pas  mention  dans  la  descrip- 
tion; la  mandibule  supérieure  est  un  peu  plus  longue  que  l'in- 
férieure ;  les  plumes  du  dessus  ,  du  derrière  et  des  côtés  de  la 
lête  ,  de  même  que  celles  de  la  nuque  ,  sont  striées  de  brua 
et  de  gris  ;  la  première  couleur  est  dominante  ;  une  ligne 
blanchâtre  part  de  la  mandibule  supérieure  ,  passe  au-dessus 
de  l'œil  et  une  brune  est  au-dessous  ;  le  dessus  du  cou  ,  le 
dos  et  les  scapulaires  sont  noirs  et  d'un  ferrugineux  pâle  ,  qui 
forme  une  large  bordure  de  taches  sur  ces  dernières;  le  crou- 
pion et  les  converlures  supérieures  de  la  queue  sont  barrés 
de  blanc  et  de  noir  sombre  ;  les  couvertures  supérieures  àe 
l'aile'  d'un  brun  uuiforme  ,  plus  foncé  le  long  de  la  fige  des 
plumes;  les  pennes  noirâtres,  et  leur  lige  en  partie  blanche, 
les  tertiaires  pareilles  aux  couvertures;  le  bord  de  l'aile  est 
finement  tacheté  de  blanc  et  de  noir  sous  l'aile  bâtarde  ;   le 


I,H  TRI 

rnenlon  et  la  gorge  sont  d'un  blanc  mélangé  de  ferrugineux 
paie  ;  le  devant  du  cou  est  sirié  d'un  brun  uiê'é  de  rougeâlrc 
éiir  un  fond  blanchâtre  ;  la  poitrine  et  le  ventre  portent  de 
petites  lignes  transversales  noirâtres;  les  plumes  des  jambes 
sont  blanches  près  de  leur  extrémité;  les  couvertures  infé- 
rieures de  la  queue  d'un  blanc  pur;  les  pennes  égales,  cen- 
drées et  blanches  sur  la  tige  ;  les  tarses  noirs. 

Une  femelle,  que  M.  Julesde  Lamolle  a  tuée,  en  Picardie, 
à  la  fin  du  mois  de  mai  1818,  et  que  j'ai  sous  les  yeux,  a  six 
pouces  de  longueur  totale  ;  le  bec  long  de  quatorze  lignes  , 
haut  de  trois,  large  de  deux,  comprimé  latéralement  à  sa 
base  et  vers  le  bout,  un  peu  plus  large  que  haut  sur  son  mi- 
lieu ,  et  un  peu  plus  courbé  en  arc  vers  son  extrémité.  La 
couleur  noire  qui  domine  sur  sa  tête  et  sur  l'occiput  est  cou- 
pée sur  chaque  côté  par  une  bandelette  longitudinale  d'un 
blanc  lavé  de  fauve  ;  les  sourcils  sont  de  la  dernière  teinte , 
un  peu  mélangée  de  brun  ;  le  milieu  dnlorum  est  noirâtre,  de 
même  que  les  joues  qui,  de  plus  ,  sont  variées  de  fauve  ;  le 
dessus  du  cou  est  tacheté  de  blanc  roussâlre  et  de  noir  ;  les 
plumes  du  dos  ,  les  scapulaires  ,  les  couvertures  supérieures 
et  les  pennes  secondaire*  des  ailes  sont  noires,  bordées  et 
terminées  de  blanc  ombré  de  fauve  ;  le  milieu  du  croupion  , 
les  couvertures  supérieures  de  la  queue  et  ses  deux  pennes 
intermédiaires  sont  d'un  noir  pur";  les  latérales  d'un  cendré 
très-clair  ;  les  pennes  primaires  des  ailes  noires  ,  mais  blan- 
ches sur  leur  tige  ;  cette  dernière  couleur  règne  sur  toutes  les 
parties  inférieures  ,  mais  elle  tend  au  fauve  sur  le  devant  du 
cou  et  sur  le  haut  de  la  poitrine  ,  et  elle  est  tachetée  de  noir 
sur  ces  mêmes  parties  ,  sur  la  gorge  et  sur  les  flancs  ;  le  bec 
et  les  pieds  sont  de  celte  dernière  teinte  ;  les  tarses  longs  de 
onze  lignes  ;  la  partie  nue  de  la  jambe,  est  de  cinq  lignes  en- 
viron ;  le  doigt  du  milieu,  avec  l'ongle,  a  neuf  lignes  ;  les  la- 
téraux, en  ont  huit  ;  les  pennes  caudales  sont  d'égale  l'on-, 
gueur,  et  sont  dépassées  parles  ailes  en  repos, d'environ  trois 
lignes. 

La  description  que  M.  Temminck  fait  de  son  hécassean 
platyrhynque,  sous  son  habit  d'été  ,  convient  assez  au  précé- 
dent; mais  il  lui  donne  un  bec  très-déprimé  à  sa  base  ,  les 
pennes  latérales  de  la  queue  étagées.  S  il  n'y  a  pas  de  mé- 
prise dans  ces  indications  ,  ces  deux  oiseaux,  quoique  d'uu 
plumage  à  peu  près  pareil,  n'appartiendroient  donc  pas  à  la 
même  espèce.  M.  Temminck  rapporte  à  son  platyrhyn- 
que,len«merti«5  pusîUus  de  Bechstein  ,  et  le  numenius  pygmœus 
deMeyer;  mais  il  signale  le  numenius  pygmœus  an  premier 
comme  un  individu,  dans  Je  jeune  âge,  de  son  bécasseau  cocorli. 


T  R  ï  ^6.5 

L'espèce  de  trhga  éloriode  est  très-rare  en  Angleterre  et  en 
France. 

Nota.  C'est  par  erreur  qu'on  a  dit ,  à  Tartlcle  da  plus  petit 
des  Courlis,  que  cet  oiseau  est  de  l'espèce  de  \  alouette  de  mer  - 
il  faut  lire  An  genre  de  cette  alouette. 

*  Le  ÏRINGA  A  GORGE  ROUSSATRE  ,  Tringa  suhruficolUs  .\ 
Vieill.  ,  se  trouve  au  Paraguay  dans  le  mois  de  novembre/^' 
Son  bec  est  droit ,  foible  ,  et  se  termine  en  forme  de  petite 
cuiller  ;  le  front,  le  menton  ,  les  côtés  de  la  tôte,  le  devant 
du  cou  et  les  petites  couvertures  inférieures  de  l'aile  sont 
d'un  blanc  roussâtre  ,  ainsi  que  Tocciput  et  la  nuque  ,  sur  les- 
quels il  y  a  des  raies  longitudinales  noirâtres  ;  la  poitrine,  le 
ventre  ,  lesflancs ,  les  grandes  couvertures  inférieures  de  l'aile 
et  plus  de  la  moitié  du  dessous  des  pennes  sont  blancs  ;  les 
autres  pennes  et  les  couvertures  extérieures  brunes  ,  avec  un 
liseré  blanc  et  pointillé  de  brun  ;  les  scapulaires  ,  les  plumes 
du  dessus  de  la  têie  et  du  cou,  le  dos  ,  le  croupion  ,  les  cou, 
Vertures  supérieures  des  ailes  noirâtres  ,  et  bordées  de  blanô 
roussâtre  ;  les  pennes  alaircs  d'une  teinte  sombre  ,  avec 
une  double  bordure,  l'une  noire  et  l'autre  blanche;  tou- 
tes ont  un  point  blanc  à  leur  extrémité  ;  les  tarses  sont 
jaunes  et  le  bec  est  noir.  Longueur  totale  ,  sept  pouces  huit; 
lignes.  C'est  le  chorlito  gargania  blanca  acanelado  de  M.  de 
Azara. 

Le  Trikga  gris  de  fer  aux  pieds  de  poule  b'EAu.  C'est, 
dans  Edwards ,  le  nom  du  Phalarope  proprement  dit. 

*  Le  Tringa  keptuschca  (  Tringa  keptuschca ,  Lath.).  Cet 
oiseau ,  qui  habite  les  marais  de  la  Sibérie  ,  a  le  corps  cendré  ; 
le  sommet  de  la  tête  noir  ;  le  ventre  noirâtre  ;  les  parties  pos- 
térieures roussâtrts  ;  telle  est  la  courte  notice  que  Lepéchin 
donne  de  cet  oiseau.  (^Iter.  Puss.  Siher.  ,  tom.  2,  p.  220.  ) 

Le  Tringa  maculé  ,  Tringamaculata,  Vieill. ,  a  huit  pouces 
deux  lignes  de  longueur  totale  ;  le  bec  long  de  treize  lignes  ,' 
jaunâtre  à  la  base  de  sa  partie  inférieure  et  noir  dans  le  reste  ; 
les  pieds  rougeâtres  ;  les  plumes  de  la  tête  et  du  cou ,  en  des- 
sus ,  du  haut  du  dos,  des  scapulaires  et  des  couvertures 
alaires  d'un  brun  sombre  sur  le  milieu,  et  d'un  gris  clair 
sur  les  bords  ;  le  bas  du  dos  ,  le  croupion  ,  les  couvertures 
supérieures  et  les  pennes  intermédiaires  de  la  queue  ,  d'un 
brun  sombre  uniforme  ;  les  pennes  latérales  de  celles-ci ,  d'un 
gris  clair;  les  pennes  primaires  des  ailes  brunes;  la  gorge, 
l'abdomen  et  les  parties  postérieures  d'un  blanc  pur;  le  de- 
vant du  cou, la  poitrine  et  le  haut  du  ventre  marqués  des  raies 
longitudinales  brunes  ,  sur  un  fond  blanc  sale.  La  queue  est 
un  peu  arrondie  ,  et  ses  deux  pennes  du  milieu  sont  un  peu 
XXXIV,  ^O 


46G  T  R  T 

pointues  et  dépassent  les  autres  d'environ  trois  lignes  Celle 
espèce  se  trouve  aux  îles  Antilles  et  dans  les  parties  mérlillo- 
nales  des  Etats-Unis. 

Le  Tringa  MARINGOUIN  ,  Tiinga  miimWla  ,  Vieill.  Le  nom 
que  j'ai  conservé  à  cet  oiseau  est  celui  sous  lequel  il  est  connu 
dans  nos  colonies  de  rAmériqué  ,  et  qui  lui  a  été  imposé 
d'après  sa  petite  taille  ,  et  parce  qu'on  le  voit  souvent  en  ban- 
des très-nombreuses  et  très-serrées,  soit  à  terre  ,  soit  au  vol. 
On  le  trouve  en  Amérique  jusqu'au  delà  du  Canada.  Il  a 
quatre  pouces  dix  lignes  de  longueur  totale  ;  le  bec  noir,  très*- 
grêle  et  long  de  neuf  lignes  ;  les  tarses  de  la  même  longueur 
et  de  la  même  couleur;  toutes  les  parties  supérieures  ta- 
chetées de  gris  et  de  brun  ;  toutes  les  inférieures  blanches  , 
avec  des  taches  fines  et  brunes  sur  la  gorge  ,  le  devant  du  cou 
et  les  côtés  du  haut  de  la  poitrine  ,  le  dos  ,  le  croupion  ,  les 
plumes  du  dessus  de  la  queue,  les  deux  pennes  intermédiaires, 
îesprimairesdes  aileset  leurs  couvertures;  celles-ci  étant  en- 
tourées de  gris  roussâtre  et  noires;  les  secondaires  noirâtres  et 
bordées  de  roux  ;  les  pennes  latérales  de  la  queue  d'un  gris 
clair.  Il  a  des  rapports  avec  le  tringa  minuta  de  Leisler  ,  qui 
se  trouve  en  Europe  ;  cependant  je  le  crois  d'une  autre  esr- 
pèce.  Je  l'ai  souvent  vu  à  Halifax, et  dans  la  Nouvelle-Ecosse, 
en  compagnie  avec  les  cincks  ou  alouettes  de  me/",dans  les  mois 
d'août  et  de  septembre.  Mais  dans  ces  contrées,  il  est  beau- 
coup moins  nombreux  que  dans  les  îles  Antilles,  où,  comme 
je  l'ai  dit  ci-dessus,  on  en  voit  des  bandes  innombrables. Com- 
me les  iringas  bécos  SQ.  comportent  de  même,  il  en  est  résulté 
qu'on  les  a  confondus  ensemble,  en  leur  appliquant  le  noiTi 
de  héco  dans  l'état  de  New-lTork. 

Un  individu  de  cette  espèce  <îst  dans  la  collection  de 
M.  Bâillon. 

Le  Tringa.  MAUBÊCHE  ,  Tringa  f en uginea  ,  Meyer  ;  Tringa 
islandica  ,  Lath.  Cet  oiseau,  sous'son  plumage  d'été ,  aie  froni, 
les  côtés  de  la  tête  ,  la  gorge  ,  le  devant  du  cou  ,  la  poitrine 
et  le  ventre  ,  d'un  rouge  vif  et  foncé  ;  l'abdomen  blanc  ,  de 
même  que  les  couvertures  inférieures  de  la  queue  sur  les- 
quelles on  remarque  quelques  petites  taches  noires  et  du  roux 
vers  le  bout  des  plumes  les  plus  longues  ;  le  reste  de  la  têle  et 
la  nuque,  sont  tachés  longitudinalement  de  noir  sur  un  fond 
roux  ;  la  partie  inférieure  du  dessus  du  cou  ,  le  dos  ,  les 
scapalaires  ,  noirs  ,  avec  une  frange  rousse  et  blanche  sur  le 
bord  de  chaque  pliime  ;  le  bord  extérieur  de  laile  est  taché 
de  noir  et  de  blanc  ;  les  couvertures  supérieures  sont  variées 
de  noir  et  de  blanchâtre;  cette  dernière  teinte  forme  un  liseré 
à  l'extrémité  des  plumes;  une  grande  tache  blanche  termine 


,.      ,  TRI  ,g^ 

celles  de  l'aile  bâtarde  ;  les  pennes  primaires  sont  noires  et 
ont  leur  tige  blanche  ;  quelques-unes  sont,  à  l'extérieur,  de 
cette  couleur  ;  les  pennes  intermédiaires,  cendrées  et  bordées 
de  blanc;  quelques-unes  des  secondaires,  les  plus  proches 
du  corps,  ont  une  frange  blanche  ,  sur  un  fondnoir;  les  autres 
sont  grises  ;  le  croupion  ,  les  couvertures  supérieures  de  la 
queue  ,  blancs  ,  roux  et  noirs  ;  les  pennes  caudales  ,  d'un  cen- 
dré foncé  et  bordées  de  blanchâtre;  le  bec  est  noir,  et  le  tarse 
d'un  vert  noirâtre.  Longueur  totale  ,  neuf  pouces  et  demi, 

Nota.  MM.  Meyer,  Montagu  et  Temminck  regardent  le 
tringa  islandica  de  Latham  ,  que  j'ai  décrit  dans  ce  Diction- 
naire sans  \t  noxw  à&  chevalier  ferrugineux  ^  comme  un  indi- 
vidu de  cette  espèce;  ce  qui  me  paroît  très-vraisemblable; 
amsi  c'est  un  double  emploi  que  je  m'empresse  d'indiquer. 

La  maiibéche  tachetée  de  la  pi.  enl.  de  Buffon,  n.»  365  ,  ainsi 
que  celle  figurée  sur  la  pi.  21 ,  n.»  i  ,  du  to.n.  5  de  l'Ornitho- 
logie de  Brisson  ,  sont  des  individus  qui  quittent  leur  habit 
a^élé  pour  prendre  celui  d'hiver.  Ils  ont  alors  le  dessus  de  la 
tête  et  du  cou  d'un  cendré  brur. ,  varié  de  très-petites  taches 
noirâtres;  le  dos  et  les  scapulaires  du  même  cendré  ,  avec 
des  taches  plus  grandes  ,  les  unes  rousses  et  les  autres  noi- 
râtres ;  les  plumes  du  croupion  d'un  gris  brun  ,  bordées  de 
blanc  et  terminées  de  noirâtre;  les  couvertures  supérieures 
de  la  queue  cendrées ,  depuis  leur  origine  jusqu'à  la  moitié  de 
leur  longueur,  et  dans  l'autre  moitié  ,  rayées  transversale- 
ment de  noirâtre  et  de  gris  blanc;  le  sinciput ,  les  côtés  de 
la  tête  au-dessous  des  yeux  ,  et  la  gorge,  d'un  blanc  rous- 
sâtre,  varié  de  quelques  pelUes  taches  brunes  ;  le  devant  du 
cou  ,  du  même  blanc  ,  tacheté  d'une  couleur  de  marron  clair  ; 
la  poitrine  et  le  ventre  de  cette  dernière  couleur,  avec  quel- 
ques taches  noirâtrcssur  les  plumes  des  flancs  ;  les  couvertures 
du  dessous  de  la  queue  ,  blanches  ;  les  petites  du  dessus  des 
ailes, d'un  gris  brun;  les  autres  de  cette  teinte, bordées  de  blanc 
et  tachetées,  les  unes  de  noirâtre,  les  autres  de  couleur  de 
marron,  et  les  grandes  couvertures  les  plus  proches  du  corps, 
noirâtres;  les  pennes  primaires  de  l'aile,  d'un  brun  noirâtre 
en  dehors  et  d'un  cendré  brun  en  dedans  ;  les  pennes  inter- 
médiaire^ de  la  queue  ,  cendrées  et  bordées  de  blanc  :  toutes 
les  latérales  d'un  cendré  rembruni,  et  la  plus  éloignée  du 
centre  porte  une  ligne  blanche  sur  son  côté  extérieur. 

La  maubéche  en  habit  d'hiver,  est  représentée  sur  la  pi 
enl.  de  Buffon,  n."  366  ,  et  sur  la  pi.  2 1  ,  fig.  2  ,  du  tom.  5  de 
1  Ornithologie  de  Brisson,  sous  la  dénomination  de  maubéche 
^mc; c'est  encore  le  canut  figuré  dans  les  Oiseaux  d'Edwards, 
pi.  276  ,  et  les  iringa  cinerca  ,  grisea  elcanutus  de  Latham.  Elle 


468  T  R  T 

a  ,  pendant  celle  saison  ,  la  gorge,  lé  bas  de  la  poitrine  ,  lu 
milieu  du  ventre  et  les  parties  postérieures  d'un  blanc  puf  ; 
cette  couleur  règne  aussi  sur  le  front ,  les  sourcils  ,  le  devant 
et  les  côtés  du  cou,  le  haut  de  la  poitrine  et  les  lianes  ;  mais 
elle  est  variée  de  lignes  brunes  et  longitudinales  sur  les  flancs 
et  sur  le  cou ,  et  de  lunules  de  celle  couleur  sur  la  poitrine  ; 
la  tête,  le  dessus  du  cou  ,  le  dos,  les  scapulaires  et  les  cou- 
vertures supérieures  de»  ailes  sont  d'un  gris  cendré  ,  avec 
un  trait  d'un  brun  clair  sur  la  lige  des  plumes  ,  et  de  plus 
une  bordure  blanchâtre  ;  les  scapulaires  sont  grises  ;  Taile 
bâtarde  est  noire  et  terminée  de  blanchâtre  ;  les  pennes  de 
l'aile  ont  leur  tige  blanche  sur  un  fond  noirâtre,  et  les  plus 
proches  du  dos  sont  cendrées  ,  ainsi  que  les  pennes  caudales 
qui  portent.un  liseré  blanchâtre  ;  les  couvertures  supérieures 
de  la  queue  et  le  croupion  ont  des  bandes  transversales  et  des 
lunules  noires  sur  un  fond  blanc  ,  mais  elles  sont  confuses  sur 
la  dernière  partie. 

Les  jeunes,  avant  leur  première  mue  ,  dont  nou,  devons 
la  description  à  M.  ïemminck  ,  diffèrent  peu  des  a  luîtes  en 
habit  d'hiver  :  la  couleur  cendrée  des  parties  supérieures  est 
plus  foncée  ;  toutes  les  plumes  sont  entourées  par  du  jaunâtre 
sale  ;  des  taches  brunes  et  longitudinales  se  font  remarquer 
sur  le  haut  de  la  tête  et  sur  la  nuque  ;  une  légère  teinte  rous- 
sâtre  est  sur  la  poitrine  ,  et  un  trait  brun  occupe  l'espac:;  qui 
est  entre  le  bec  et  l'œil  ;  la  mandibule  inférieure  et  les  pieds 
sont  d'un  brun  verdâlre. 

Enfin  la  mauhêche  proprement  dite  de  Brisson ,  pi.  20 , 
fie.  I  ,  et  le  tringa  calidris  de  Latham,  sont,  selon  M.  Tem- 
minck ,  des  jeunes  à  l'époque  de  leur  mue  du  printemps.  11 
leur  joint  encore  la  mauhêche  tachetée  {  calidris  nœiua)  ,  dont 
il  a  été  question  ci-dessus  ;  mais  M.  Bâillon  m'assure  que  le 
plumage  qu'elle  porte  est  celui  qu'elle  prend  après  l'été. 

Ces^oiseaux  ont  les  jambes  moins  hautes  ,  la  taille  plus 
raccourcie  et  plus  épaisse  que  les  chevaliers.  On  ne  les  trouve 
puères  que  sur  les  rivages  de  ié  mer  ;  ils  vivent  en  société  et 
courent  sur  le  sable  avec  beaucoup  de  vitesse.  Jusqu'à  pré- 
sent on  n'a  pas  d'autres  notions  sur  leur  genre  dévie  ,  et  l'on 
ignore  où  ils  se  retirent  pour  se  livrer  aux  douces  impulsions 
de  l'amour  ;  l'espèce  est  répandue  dans  le  nord  des  deux  con- 
linens  ,  se  trouve  sur  les  rives  du  lac  Baïkal ,  et  n'est  que  de 
passage  en  France. 

Willuohby  dit  qu'on  engraisse  ces  oiseaux  ,  dans  le  nord 
de  l'Angfeterre  ,  eu  les  nourrissant  de  pain  trempé  de  lait  , 
et  que  cette  nourriture  leur  donne  un  goût  exquis  ;  ce  fait  est 
confirmé  par  M.  Bâillon,  qui  a  nourri,  avec  le  même  ali- 


T  II  I  ^69 

ment,  des  inâubêches  qui  ,  en  peu  de  temps  ,  sont  devenqes 
si  grasses  ,  qu'elles  ne  pouvoient  pins  voler. 

On  trouvera  peut-être  que  je  me  suis  trop  étendu  sur  ces 
oiseaux  ;  mais  quand  on  réfléchira  que  d'une  seule  espèce 
on  en  a  fait  quatre,  dont  trois  purement  nominales,  j'espère 
qu'on  en  sentira  la  nécessite. 

Le  TringAMINULLE,  Tringa  minuta ,  Leisler;  Trmgapusilla, 
Montagu.  Cet  oiseau  a,  pendant  l'été,  le  souimct  de  la  tête 
noir  el  tacheté  de  roux  ;  le  lomm  noir  ;  les  côtés  du  cou  et  de 
la  poitrine  roussatres,  avec  de  petites  taches  brunes  (des 
individus  ont  le  devant  du  cou  tacheté  de  marron,  et  d'autres 
n'en  portent  aucunvestige  sur  celle  partie,  ni  sur  les  côtés  de 
la  poitrine  )  ;  les  sourcil*  ,  la  gorge  et  toutes  los  parties  pos- 
térieures sont  d'un  beau  blanc  ;  le  dessus  du  cou  et  le  dos 
variés  de  noir  et  de  roux  vif;  les  scapulaires  des  mêmes  cou- 
leurs ;  les  plumes  de  la  nuque,  grises  et  marquées  de  brun  sur 
le  milieu  ;  les  couvertures  des  ailes  fauves  et  tachetées  de  noir; 
l'aile  bâtarde  d'abord  de  cette  couleur,  ensuite  blanche  pres- 
que jusqu'à  son  extrémité  ;  les  pennes  primaires  noires  et  à 
tige  blanche;  les  intermédiaires  brunes  et  terminées  de  blanc; 
les  secondaires  noires  et  entourées  de  roux  ;  le  croupion  et 
le  milieu  des  couvertures  supérieures  de  la  queue,  noirs  ;  le 
reste  de  celles-ci  blanc;  les  pennes  caudales  intermédiaires 
noirâtres  et  bordées  de  roux  ;  toutes  les  autres  d'un  gris  clair, 
et  plus  courtes  que  les  deux  du  milieu;  le  bec  et  les  pieds  noirs; 
longueur  totale  ,  cinq  pouces  dans  les  deux  individus  que  j'ai 
sous  les  yeux ,  cinq  pouces  et  demi ,  selon  Temminck ,  qui 
donne  à  cet  oiseau  le  nom  à'échasse,  sans  doule  parce  qu'il 
a  les  tarses  longs  de  dix  lignes,  c'est-a-dire  deux  lignes  de  plus 
que  le  tringa  temia. 

Toutes  les  parties  supérieures  de  cet  oiseau  sont,  pendant 
rhiver  ,  cendrées  ,  avec  du  brun  noirâtre  sur  le  milieu  des 
plumes; les  côl^s  de  la  poitrine  sont  d'un  rouxcendré;le  lorum 
est  brun;la  gorge, le  devant  du  cou,le  rested^.  lapoilrine  et  tou- 
tes les  parties  postérieures,  d'un  blanc  pur,el  les  deux  pennes 
intermédiaires  de  la  queue  brunes  ;  du  reste  ,  il  ressemble  au 
précédent.  Cette  espèce  se  trouve  enEurope,  el  niche  proba- 
blement enFrance, puisque  M.Jules  Delamotle  en  a  tué, pen- 
dant l'été  ,  plusieurs  individus  sur  les  côtes  de  la  Picardie.  Le 
tringa  brun  est,  selon  Montagu ,  un  individu  de  celle  espèce. 

*  Le  Tringa  noir  ,  Tringa  Uncolniensis  ,  Lath.  Cet  oiseau  , 
qui  a  élé  tué  en  Angleterre  ,  dans  le  Lincolnshire,  porte,  dans 
4e  i.*"^  Supplément  du  General  Synopsis,  le  nom  de  hlack 
samlpiper.  11  a  la  taille  de  la  gn\>e ;  le  bec  court ,  émoussé  à  s» 
pointe  et  noirâtre  ;  les  narines -noires  ;  l'iris  jaune  ;  la  lêlc 


•ijo  T  R  î 

nellle  et  aplatie  sur  le  sommet ,  de  couleur  blanche  agréa- 
bleincnl  lachotéo  de  gris  ;  le  cou  ,  les  épaules  cl  le  <los  variés 
de  nuMiie  ;  mais  les  lâches  sont  brunes  ,  et ,  sons  un  aspect  , 
ces  parties  paroissent  d'un  noir  parfait  et  brillant;  les  ailes 
sont  longues:  les  pennes  noires,  traversées,  près  de  leur  base, 
de  lignes  blanches  ;  la  gorge  ,  la  poitrine  et  le  ventre  blancs  , 
varies  de  taches  longitudinales  ,  dispersées  irrégulièrement  , 
d'un  brun  foible,  et  noires;  elles  sont  plus  grandes  et  plus  ar- 
rondies sur  le  ventre  ;  la  queue  est  courte  ,  entièrement  blan- 
che ,  à  l'exception  des  deux  pennes  intermédiaires  qui  sont 
noires  ;  les  pieds  sont  longs,  grêles  el  d'un  brun  rougcâlre. 
3M.  Monlagu  soupçonne  que  cet  oiseau  est  le  iringa  se/nn'ru;er 
(K.  ci-après)  sous  un  plumage  qui  n'a  pas  encore  acquis  toute 
sa  perfection  ,  c'est-à-dire  celui  qu'il  porte  dans  la  saison  des 
amours, 

*  T.e  Tr\iNr.\  onde  ,  Tn'nga  umhifa ,  Lath.  Le  plumage  de 
cet  oiseau  est  généralement  sombre  et  ondulé  de  jaune  el  de 
l)lanc  ;  celte  dernière  couleur  termine  les  couvertures  des 
ailes,  les  secondaires,  et  couvre  le  croupion;  la  queue  est 
cendrée  et  frangée  de  noir  à  son  extrémité  ;  les  pennes  pri- 
maires ont  leur  tige  blanche. 

On  trouve  cet  oiseau  en  Norwége,  en  Islande  el  en  Da- 
ncmarck. 

*  Le  Tringa  a  oreilles  brunes,  2'ringa  aurîla  ^  Lath. 
Une  large  tache  brune  couvre  les  oreilles  de  cet  oiseau  ;  un 
trait  blanc  passe  au-deï<6ns  des  yeux;  les  parties  supérieures 
du  corps  sont  d'un  cendré  ferrugineux  et  variées  de  nom- 
breuses lignes  blanchâtres  sur  le  dos  et  les  couvertures  des 
ailes  ,  dont  les  bords  sont  blancs  ;  tout  le  dessous  du  corps 
est  d'une  teinte  pâle  ,  avec  des  raies  moins  apparentes;  les 
pennes  alaires  et  caudales  sont  noirâtres ,  el  les  pieds  d'un 
blanc  sombre. 

On  le  trouve  à  la  Nouvelle-Galles  du  Sud. 

Le  Tringa  aux  pattes  de  Foulque  d'eau.  Dans  Ed- 
wards,  c'est  la  dénomination  du  Phalarope  cendré. 

Le  Tringa  aux  pieds  de  Foulque.  C'est,  dans  Edwards, 
le  nom  du  Phalarope  brun. 

Le  Tringa  pourpre.  V.  Tringa  selninger. 

Le  Tringa  rouge  aux  pattes  de  Foulque  d'eau. 
C'est,  dans  Edwards,  le  Phalarope  roussàtre. 

Le  Tringa  rouss.vfre  ,  Tringa  m/rscens  ,  Vieill.,  se  trouve 
à  la  Louisiane.  11  a  le  bec  grêle  ,  noirâtre  ,  et  long  de  neuf 
lignes  ;  le  dessus  de  la  tête  et  du  cou  ,  le  dos  ,  le  croupion  , 
le  dessus  des  ailes  et  de  la  queue,  d'un  roussâlre  rembruni  , 
avec  des  taches  noires  sur  le  milieu  de  chaque  plume  ;  ces 


T     K     I  i,y 

lâches  sont  petites  sur  la  tête  et  sur  le  cou ,  et  grandes  sur 
les  autres  parties  ;  les  couvertures  des  ailes  ,  leurs  pennes  , 
à  rcxceplion  des  secondaires  les  plus  proches  du  dos,  sont , 
ainsi  que  la  queue ,  noires  vers  le  bocit  et  terminées  de  blanc  ; 
les  moyennes  couvertures  inférieures  des  ailes  ,  blanches  et 
variées  de  noir  ;  les  pennes  de  la  première  couleur  en  des- 
sous ,  mouchetées ,  pointiilécs  et  teruiinées  de  noir  vers  le 
bout,  avec  une  petite  frange  blanche  ;  les  côtés  de  la  tête  , 
la  gorge  ,  le  devant  du  cou  sont  roussâtres  ;  toutes  les  parties 
inférieures  sont  rousses,  avec  quelques  taches  arrondies  et 
noires  sur  les  côtés  du  cou  et  de  la  poitrine  ;  les  plumes  de 
l'estomac  et  du  ventre  sont  blanches  vers  le  bout  ;  le  bas- 
ventre  et  les  parties  postérieures  sont  d'un  blanc  roussâtre  ; 
les  deux  pennes  intermédiaires  de  la  queue ,  brunes  ;  les  deux 
suivantes  de  la  même  couleur,  bordées  de  blanc,  et  noires  à 
leur  extrémité  ;  les  autres,  dune  nuance  plus  claire  et  termi- 
nées de  même  ;  toutes  sont  en  dessous  d'un  gris  blanc  ,  avec 
une  tache  noire  vers  le  bout  qui  est  blanc  ;  la  queue  est  éla- 
gée,  les  pieds  sont  rouges,  et  les  ongles  noirs;  longueur 
totale  ,  sept  pouces  trois  lignes. 

Le  Tkinga  de  Sakhalm  ,  Tringa  Sakhalmi ,  Vieill.  Cet 
individu  est  figuré  pi.  86  du  Voyage  autour  du  Monde  ,  par  le 
capitaine  Reen  Krusensicin.  Il  a  trois  taches  blanches  au- 
dessous  des  yeux  ;  le  capislrum  ^  le  ventre  et  les  plumes  des 
couvertures  alaires,  sur  leur  milieu,  de  la  même  couleur; 
les  pennes  de  l'aile  noires  ,  celles  de  la  queue  fascices  de 
jaune;  les  pieds  de  celte  couleur;  le  bec  noir  et  plus  long  que 
celui  du  tringa  maubêche. 

•Le  Tringa  sELMNGF.R,  Tringa  marilima^  Lath.  ;  Tnnga 
nigricans  ,  Monlagu,  Ornitli.  Dict.  Selninger  tsl  le  nom  sous  le- 
quel Pennant  et  Laiham  ont  décrit  cet  oiseau  que  l'on  trouve 
sur  les  côtes  maritimes  de  l'Ecosse,  de  l'Angleterre  ,  de  la 
Norvvége,  de  l'Islande,  et  quelquefois  sur  relies  de  la  Nor- 
mandie. Il  a  le  bec  long  d'un  pouce  trois  lignes;  la  tête  ,  le  cou, 
la  gorge  ,  le  dos,  les  scapulaires  et  le  haut  de  la  poitrine  ti'un 
gris  noirâtre  uniforme  ;  les  plumes  du  reste  de  la  poitrine  , 
grises  et  terminées  de  blanc  ;  les  parties  postérieures  d'un 
blanc  pur,  avec  quelques  taches  noirâ'.res  sur  les  flancs  ;  le 
dessus  des  ailes  noir  et  chaque  pluuie  entourée  de  blanc  ;  les 
pennes  noires  ;  une  grande  partie  des  primaires  blanches  sur 
leur  tige  et  sur  leurs  bords;  les  intermédiaires  de  celte  cou- 
leur à  leur  origine  :  elle  s'étend  d'autant  plus  qu'elles  se  rap- 
prochent des  secondaires  qui  sont  noirâtres  et  bordées  de 
blanc  ;  les  couvertures  supérieures  et  les  quatre  pennes  in- 
Ijjrmédiaires  de  la  queue  ,  noires  et  d'égale  longueur;  les  huit 


472  TRI 

latérales  d'un  gris  clair,  un  peu  plus  courtes  que  les  précédenfe» 
et  étagées  enlre  elles  ;  les  tarses  d'un  orangé  terne  et  longs  de 
neuf  lignes  ;  les  ongles  noirs;  longueur  totale  ,  sept  pouces 
trois  lignes.  Le  mâle  ne  diffère  de  la  femelle  qu'en  ce  que  ses 
teintes  sont  plus  vives. Il  y  a,  au  Muséum  d'Histoire  naturelle, 
un  individu  plus  petit  et  sous  son  plumnge  parfait  ;  d'autres 
ont  une  bandelette  blanche  au-dessus  du  lorum  ,  et  les  pluinea 
du  devant  du  cou  et  du  haut  de  la  poitrine  terminées  par  un 
liseré  blanc.  Un  individu  de  cette  espèce  et  sous  son  plumage 
parfait,  a  été  tué  aux  environs  de  Paris. 

Cet  oiseau,  sous  son  plumage  d'hiver,  a  les  bords  du  front, 
la  gorge  ,  le  ventre  et  les  parties  postérieures  d'un  blanc  pur  ; 
la  tête ,  les  cotés  de  la  gorge  ,  le  cou  en  entieret  la  poitrine 
roussâtres  ,  avec  une  strie  longitudinale  sur  le  milieu  de  cha- 
que plume  ;  celles  du  dos  ,  des  scapulaires  et  des  couvertures 
supérieures  des  ailes  d'un  brun  noirâtre  et  entourées  de  roux 
clair  ;  les  pennes  primaires  des  ailes  noires  et  quelques  -  unes, 
bordées  de  blanc  en  dehors. 

Le  chevalier  rayé  y  iringa  striata  ^  Lath, ,  Gm.,  figuré  sur  la 
pi.  18,  fig.  I  de  l'Ornithologie  deBrissoa,  est  rapporté  à  ce 
trlnga  par  M,  Montagu;  mais  nous  croyons  qu'il  se  trompe, 
et  que  c'est  un  individu  de  l'espèce  du  rheoalier  gambdte^  à 
l'âge  où  il  quitte  sa  première  livrée  pour  se  revêtir  de  celle 
qu'il  porte  dans  la  saison  des  amours  ;  c'est  aussi  le  senti- 
ment de  MM.  Temmlnck  et  Bâillon  ,  ce  dont  on  peut  se 
convaincre  en  comparant  la  description  qu'en  fait  Brisson  , 
le  premier  qui  l'ait  décrit,  et  que  nous  iranscrivons  ci-après. 
Il  a  neuf  pouces  trois  lignes  de  longueur  totale  ;  le  bec  loi^g 
de  dix-huit  lignes  ;  les  trois  doigts  antérieurs  réunis  à  leur 
base  par  une  petite  membrane,  savoir  l'extérieur  avec  Tinter- 
Tnédialre  jusqu'à  la  première  articulation,  et  celui-ci  avec 
l'interne  par  un  petit  commencement  de  membrane  :  diffé- 
rences déjà  assez  prononcées^  pour  ne  pas  le  réunir  avec  les 
précédons  qui  n'ont  tout  au  plus  que  sept  pouces  trois  lignes 
de  longueur,  et  dont  le  bec  est  plus  court, et  les  doigts  totale- 
ment sépares.  De  plus,  son  plumage  ne  présente  que  très-pea 
de  rapports  avec  le  leur, à  quelque  époque  que  ce  soit. Les  plu- 
mes du  sommet  de  la  tête  sont  d'un  brun  noirâtre  et  bordées 
de  roussâtre  ;  celles  du  dessus  du  cou  ,  brunes  dans  le  milieu 
et  d'un  blanc  roussâtre  sur  les  bords  ;  le  haut  du  dos  est  d'un 
gris  brun  rayé  transversalement  d'un  brun  noirâtre  ;  le  basi 
du  dos  et  le  croupion  sont  blancs  ;  les  plumes  de  la  gorge  et 
du  devant  du  cou  brunes  et  blanches  sur  leurs  bords  ;  celles 
de  la  poitrine  ,  du  ventre  et  des  côtés  ,  blanches  et  variées, 
de  bandes  brunes  traqsvcrsaies  et  longitudinales  ;  les  janibes. 


T  R  I  473 

blanches;  toutes  les  couvertures  de  la  queue  ,  dessus  et  des- 
sous, marquées  de  raies  transversales  d'un  brun  noirâlre  sur 
un  fond  blanc;les  petites  couvertures  des  ailes  d'un  gris  brun; 
les  moyennes  traversées  par  du  brun  noirâlre  ;  les  grandes  les 
plus  éloignées  du  corps,  brunes,  terminées  d'un  blanc  sur 
lequel  est  une  bande  brune  transversale  et  à  zigzags  ;  les  autres 
d'un  brun  noirâtre  ;  les  sept  premières  pennes  des  ailes  de 
cette  couleur  en  dehors  et  d'un  gris  blanc  en  dedans  ;  les  treize 
suivantes  brunes  à  leur  origine  et  blanches  dans  le  reste  ; 
parmi  les  autres,  il  y  en  a  qui  sont  d'un  gris  brun  rayé  trans- 
versalement de  brun  noirâtre  ;  les  pennes  de  la  queue  blan- 
ches et  rayées  en  travers  de  brun  noirâtre  ;  le^bec  est  rou- 
geâtre  depuis  sa  base  jusqu'au  milieu,  et  noir  dans  le  reste  ; 
les  pieds  sont  d'un  rouge  pâle. 

Le  Tring\  tacheté  d'Edwards.  C'est,  dans  cet  auteur, 
le  nom  de  la  ^rwedeau.  V.  Chevalier  c.rivelé. 

Le  Triîsga  temmia,  Tringa  temminckii^  Leisler.  Cet  oiseau 
a,  pendant  l'hiver ,  les  plumes  de  toutes  les  parties  supérieures 
d'un  brun  cendré  clair ,  avec  du  brun  noirâtre  le  long  de  leur 
tige  ;  la  poitrine  et  le  devant  du  cou  d'un  cendré  roussâtre  ; 
la  gorge  ,  toutes  les  parties  inférieures  du  corps  ,  les  trois 
pennes  les  plus  extérieures  de  chaque  côté  de  la  queue  et 
les  plumes  latérales  de  ses  couvertures  supérieures  d'un 
blanc  pur  ;  le  reste  de  ces  couvertures  noirâtre;  les  autres 
pennes  caudales  d'un  cendré  rembruni  ;  le  bec  cl  les  pieds 
noirs;  le  tarse  long  de  huit  lignes  ,  et  la  queue  élngée. 

Ce  tringa  ,  sous  son  plumage  d'été,  a  toutes  les  plumes  des 
parties  supérieures  d'un  noir  foncé  dans  leur  milieu  et  en- 
tourées largement  de  roux;  le  front,  le  devant  du  cou  et  la 
poitrine  d'un  cendré  roux  ,  avec  des  taches  petites  ,  longitu- 
dinales et  noires  ;  la  gorge  et  le  dessous  du  corps  d'un  blanc 
pur;  les  quatre  pennes  du  milieu  de  la  queue  d  un  brun  noi- 
râtre. 

Chez  le  même ,  avant  sa  première  mue ,  les  plumes  do 
toutes  les  parties  supérieures  sont  d'un  cendré  noirâtre  et 
finement  bordées  de  jaunâtre  ,  à  l'exception  de  celles  de  la 
queue  ,  qui  sont  d'un  cendré  plus  clair  et  uniforme  ;  les  sca- 
pulaires  sont  terminées  de  noir  ;  la  poitrine  et  les  côtés  du 
cou  sont  d'un  cendré'légèrement  teint  de  roussâtre  ;  la  gorge, 
les  sourcils  et  le  dessous  du  corps  d'un  blanc  pur  ;  les  pi:di 
d'un  brun  verdâtre. 

Cette  espèce  ,  qui  habite  le  pôle  arctique  ,  est  de  passage 
fn  Allemagne  et  en  France,  sur  les  côtes  de  la  Picardie  ,  oix 
M.  Bâillon  l'a  trouvée.. 

/ 


^74  TRI 

Le  Tringa  de  Terre-Neuve  ,  Tringa  Nooœ-  Terrœ.  Voyez 
Sanderling. 

*  Le  Tringa  a  tête  et  cou  noirâtres,  Tringa  airica- 
pifla ,  Vieill.  Cet  oiseau  ,  qiie  M.  de  Azara  appelle  rhorlito 
cahezay  cuello  obscuro ,  ne  peut  être  notre  bécasseau  (  V.  l'ar- 
ticle Chevaf^ier)  ,  comme  l'a  pensé  Sonnini ,  puisqu'il  porte 
un  bec  très-différent.  En  effet,  il  est  fortement  courbé  dans 
le  dernier  quart  de  sa  longueur,  et  ses  deux  mandibules  for- 
ment ,  à  leur  extrémité  ,  une  sorte  de  petite  cuiller  plus  large 
que  la  moitié  du  bec  ,  tandis  que  le  bécasseau  a  le  bec  droit 
jusqu'à  sa  pointe  qui  est  un  peu  comprimée  latéralement  ;  de 
plus  ,  le  plumage  n'a  de  rapports  que  dans  quelques  taches 
répandues  sur  les  ailes  ;  la  tête  ,  dont  le  sommet  est  partagé 
par  un  trait  blanc,  le  cou  entier,  les  scapulaires  et  les  épaules 
sont  noirâtres  ;  quelques  taches  blanches  se  font  remarquer 
sur  quelques-unes  des  plumes  scapulaires,  et  une  bande  de 
la  même  couleur  s'avance  depuis  ces  mômes  plumes  jusque 
sur  les  côtés  du  bas  du  cou  ;  les  ailes  ont  leurs  couvertures  su- 
périeures noirâtres  ;  les  petite*  bordées  de  blanc  roussâtre  ; 
les  moyennes  rayées  d'une  teinte  plus  obscure  ;  les  grandes 
traversées  par  des  bandes  interrompues  du  même  blanc  rous- 
sâtre ;  les  couvertures  extérieures  et  les  pennes  parsemées  de 
taches  rondes  et  blanches  sur  un  fond  brun  ;  des  lignes  d'un 
brun  roussâtre  traversent  les  plumes  du  dos  et  du  croupion  ; 
la  poitrine  et  le  ventre  sont  blancs  ;  les  pieds  verls  ;  le  bec  est 
de  cette  couleur  en  dessus  et  à  son  bout  et  d'un  brun  rougeâtre 
en  dessous. 

*  Le  Tringa  uniforme,  Tringa  uniformisa  Lath.  Un  cen- 
dré clair  domine  sur  tout  le  plumage  de  cet  oiseau,  dont  le 
bec  est  court  et  noir. 

On  le  trouve  en  Islande. 

*  Le  Tringa  varié,  Tringa  variegaia  ^  Lath.  Taille  du 
cinc.le;  plumage,  en  dessus,  varié  de  brun  ,  de  noir  et  de  roux; 
front  et  gorge  d'une  teinte  plus  pâle  ;  devant  du  cou  et  poi- 
trine d'un  blanc  sale  rayé  longiludinalement  de  noir;  cuisses 
et  milieu  du  ventre  blancs;  queue  courte  et  brune;  bec  et 
pieds  noirâtres. 

On  trouve  cet  oiseau  à  la  baie  du  Roi  George. 

TRIN 1  /\.  Gen  re  établi  parHoffmann  sur  le  5«e//yOif//?2//Mm,  L. 
qui  est  le  pimpineUa  diuica.,  Smith,  ou  pumi/a^Jâcq.,  et  qui  tire 
son  caractère  principal  de  ses  fleurs  dioïques  par  avortèment  : 
les  mâles  à  calice  à  cinq  dents,  et  les  femelles  sans  calice, 
avec  des  rudimens  d'étamines  plus  courts  que  la  corolle. 
Hoffmann  rapporte  aussi  à  ce  genre  deux  autres  plantes  qui 
croissent  sur  le  mont  Caucase,  et  dont  une  est  \q  pimpi" 
tiellu  dioïca,  Marsch.  V.  Boucage.  (ln.) 


T  R   I  475 

TRINITAIRE  ,  Trinîtas.  On  a  donné  ce  nom  à  T  Hépa- 
tique DES  JARDINS,  Anemonehepaiica  ^  L.  (desmJ 

TRINITAIRE  AQUATIQUE.  On  a  nommé  ainsi  une 
Lenticule,  Lemna  trisulca.  (desm.) 

TRINITAS.  Nom  de  I'Anémone  hépatique  dans  quel- 
ques vieux  auteurs.^f  .  2'nfoUum.  (ln.) 

TRINTANELLE.  V.  Trentanelle.  (desm.) 

TRIODEX.  V.  Triplima.  (en.) 

TRIODIE,  2'riodia.Gcme  de  plantesétabli  parR.Brown 
dans  la  tri.mdrie  digynie  ,  et  dans  la  famille  des  graminées. 
Ses  caïaçlères  sont  :  epilielsmultillores;  balles  calicinales  de 
deux  valves  presque  égales,  sans  arête;  balles  florales  de 
deux  valves,  dont  1  intérieure  est  terminée  par  trois  dents  , 
l'inlerniédiaire  eii  forme  d'arête. 

Deux  espèces  de  ce  genre  qui  diffère  à  peine  des  Dan- 
THONiES  et  qui  se  rapproche  du  Triraphis,  les  Triodles  très- 
belle  et  AVENACÉE  ,  sont  figurées  pi.  4?  et  48,  du  supeibe 
ouvrage  de  Huniboldt,  Bonpland  et  Kunlh,  sur  les  plantes  de 
l'Amérique  méridionale,  (b.) 

TRIOUOPSIS.  Genre  de  coquillages  univalves  formé 
par  M.  Rafinesque  ,  qui  diffère  du  genre  Hélice  ,  tel  qu'il  le 
restreint,  par  son  grand  ombilic,  et  en  outre  par  ses  lèvres 
épaisses  ,  par  son  ouverture  rétrécie  par  trois  dents  ,  une  sur 
chaque  lèvre  et  une  sur  la  spire. 

Ce  genre  renferme  plusieurs  espèces  propres  à  l'Amcrique 
septentrionale,  (desm.) 

TRIOJHO  ouTRlUEJHO.  Noms  languedociens  de  la 
Truie,  (desm.) 

TRIOLET.  Nom  vulgaire  de  la  Luzerise  lupuline  et  du 
Trèfle  cultivé.  Autrefois  on  le  donnoit  à  toutes  les  espèces 
de  Trèfles,  (b.) 

TRIONON,7h'onMm.  Genre  établi  aux  dépens  des  Ket- 
MIES ,  mais  non  adopté  par  les  botanistes,  (b.) 

TRIONON  deThéophraste,  et  rno««m  des  Latins.  Plante 
rapportée  par  Rauvvolfius  à  ïh/biscus  escutentus ,  L.  ,  et  par 
d'autres  à  l  hibiscus  iiionmn  ,  L.  Linnreus  avoit  d'abord  fait  un 
genre  de  cette  plante  ,  puis  il  le  délruisil.  Medicus  cl  Moench 
l'ont  rétabli,  et  tirent  ses  caractères  de  sa  capsule  membra- 
neuse et  de  ses  graines  glabres.  (L^^) 

TRIONUM.   V.  Trionon  et  Ketmie.  (ln.) 

TRIONYX,  Trionyx.  Genre  établi  pour  placer  les  Tor- 
tues qui ,  comme  la  Eéroce  ,  celle  du  Nil  et  celle  de  lEt- 


47rr  T  H  1 

PHRATE  ,  ont  la  carapace  molle.    V.  Tortues  ,  et  Tortues 

FO.SSIt.ES. 

TRIOPHTiiALMOS.  Pierre  qui  ,  selon  Pline  ,  se  ren- 
contre avec  l'onyx,  el  présente,  à  la  fois,  trois  yeux 
semblables  à  ceux  de  ihomme.  On  peut  dire  que  c'éloit 
une  agathe  œUlce,  qui  offroit  trois  yeux,  (lîn.) 

TRIOPTÊRE,  Triopieris.  (ienre  de  plantes  de  la  dé- 
candrie  Irigynie  el  de  la  famille  des  malpighiacées ,  dont  les 
caractères  consistent  :  en  un  calice  très-petit,  divisé  en  cinq 
parties  ;  en  une  corolle  do  cinq  pétales  à  onglets  linéaires;  en 
dix  étanimes  ,  à  filamcns  alternes  plus  courts  ;  en  un  ovaire 
supérieur,  trilobé,  surmonté  de  trois  styles  à  un  ou  deux 
stigmates  ;  en  trois  samares  globuleuses,  munies  de  trois  ou 
quatre  ailes,  dont  une  souvent  plus  courte  el  plus  étroite, 
renfermant  chacune  une  semence  à  embryon  courbe  et  à 
radicule  supérieure. 

Ce  genre  renferme  des  arbrisseaux  ou  des  sous-arbris- 
seaux souvent  sarmenteux  ,  à  feuilles  opposées  el  à  Heurs 
disposées  en  panicules  terminales  ou  axillaires;  on  en  con- 
ïioît  quatorze  espèces  ,  presque  toutes  de  l'Amérique  méri- 
dionale, 

Cavanilles  a  fait  une  monographie  de.  ce  genre  ,  dans  sa 
]\eui>iènte  Dissertation  ;  il  le  divise  en  deux,  à  raison  du  nom- 
bre des  ailes  ,  et  son  nouveau  genre  porte  le  nom  de  TÉ- 
TRAPTÈRE.  11  a  aussi  fait  le  genre  Flabellair^,  qui  en 
diffère  fort  peu  et  qui  a  été  réuni  aux  PîiRÉES,  autre  genre 
de  Jacquin  ,  à  peine  différent  de  celui-ci. 

Aucune  espèce  de  trioptère  n'est  cultivée  dans  nos  jardins  , 
ni  n'est  connue  sous  des  rapports  d'utilité  positive.  (B.) 

TRIOPTERIS.  L'arbrisseau  d'Amérique  que  Plukenet 
(  Mant.  i85)  désigne  ainsi,  est  grimpant  ,  et  remarquable 
par  son  fruit  composé  de  trois  capsules  terminées  par  au- 
tant d'ailes.  Cet  arbrisseau  a  été  1  un  des  types  du  genre 
Innlsleria  ^  L.  (  F.  BanistERE).  Browne,  dans  son  Histoire 
naturelle  de  la  Jamaïque,  en  indiquant  cette  espèce  sous  la 
dénomination  de  hanisleria ,  lui  associe  un  autre  arbrisseau 
grimpant,  dont  Lînn.Tcus  avoit  fait  le  type  de  son  genre 
iiiupteris  :  c'est  le  Iriopten's  jamaicensi's  ,  L.  ,  dont  le  fruit  est 
aussi  à  trois  capsules  ailées.  Le  même  Browne  crut  voir  une 
espèce  de  triopteris  àâns  le  dudonœii  viscosa  ^  L. ,  qu'Adan- 
3on  confond  avec  le  if//«/?/cr/5  de  Plukenet,  en  un  seul  genre 
qu'il  nomme  ir'wpteiis.  Adanson  rapporte  à  son  bellucda , 
fondé  sur  \e  ptelea  irifoUata  ^  Linn. ,  le  triopteris  de  Burmann 
(i8f.i.). 
Quant  an  genre  Trioî-teris,  de  Linn.,  le  seul  adopte  par 


T  R  I  l,^^ 

les  bolanistes ,  on  lui  a  rcuni  le  ieiraptêrts  de  Cavaniiles  - 
maison  n'y  rapporte  plus  le  genre //?>tK«  de  Jacquin ,  et  le 
flubellaria  ,  Cav.    V.  TuiOPTÈRE.  (ln.) 

TRiORCHES.  Nom  grec  de  la  Buse,  selon  Charleton. 

(v.) 

TRIORCIÎIS.  «  Il  y  a  encore  ,  dil  Pline  ,  une  troisième 
espèce  de  centaurium  que  les  Grec  appellent /r/o/c^i5 ,  qu'il 
est,  dit- on ,  très-difficile  de  cueillir,  sans  se  blesser;  elle 
est  remplie  d'un  suc  rouge  comme  du  sang.»  Pline  est  le 
seul  auteur  ancien  qui  parle  d'une  troisième  espèce  de  cen- 
taurium ^  et  Ton  ignore  à  quelle  plante  elle  peut  être  rap- 
portée, (ln.) 

TRIORCHIS.  Lobel  et  C.  Bauhin,  et  d'autres  botanistes, 
ont  donné  ce  nom  à  Vorrhis  luun'o,  L.,  h  V ophrys  rhonor- 
chys  ,  L. ,  et  à  VopJtrys  spîiali's  ,  L. ,  parce  que  leur  racine 
offre  quelquefois  trois  bulbes,  (ltsi.) 

TRIORCHISTES.  On  a  appelé  de  ce  nom  les  Aéti- 
TES,  ou  pierres  d'aigle.  V.  Fer  OXYDÉ  LIMONEUX,  (desm.) 

TRIORKÉS.  Nom  grec  de  la  Buse,  (s.) 

TRiOSTE,  Triosteum.  Genre  de  plantes  de  la  pentan- 
drie  monogynie  et  de  la  famille  des  caprifoliacées ,  dont  les 
caractères  consistent  :  en  un  calice  à  cinq  découpures  lancéo- 
lées, muni  de  bractées  à  sa  base  et  persistant  ;  en  une  corolle 
tubuleuse,  à  peine  plus  longue  que  le  calice,  et  à  quatre 
lobes  inégaux  ;  en  cinq  étamines  non  saillantes  ;  en  un  ovaire 
inférieur  surmonté  d'un  style  à  stigmate  un  peu  épais;  en  une 
baie  ovale,  globuleuse,  couronnée  ,  triloculaire  et  trisperme. 

Ce  genre  renferme  des  plantes  droites,  à  feuilles  oppo- 
sées ,  réunies  à  leur  base  ,  à  fleurs  nombreuses  ,  axillaires  efc 
sessiles.  On  en  compte  trois  espèces  : 

Le  Tkio.ste  perfolié  ,  qui  a  les  feuilles  connées  ;  les  fleurs 
sessiles  et  verlicillées.  11  est  bisannuel ,  et  croît  dans 
l'Amérique  septentrionale  ,  où  je  l'ai  observé  aux  lieux  hu- 
mides et  ombragés.  Il  s'élève  à  deux  ou  trois  pieds. 

LcTrigste  a  feuilles  aiguës,  qui  a  les  feuilles  connées,' 
elles  pédoncules  opposés  et  uniflores.  Il  estvivace,  et  sç 
trouve  dans  le  même  pays. 

Le  Trioste  TRiFL0RE,qui^a  les  feuilles  pétiolées,et  les  pé- 
doncules opposés  et  triflores.  Il  vient,  à  ce  qu'on  croit ,  de 
Madagascar,  (s.) 

TRIOSÏEOSPERMUM.  Dillenius  a  donné  ce  nom  à 
un  arbrisseau  dont  le  fruit  est  une  baie  qui  renferme  trois 
graines  dures  ou  osselets.  Miller  et  Linnœus  ont  fait  de  cet 
arbrisseau  le  type  du  genre  iriosteum.  V.  Trioste.  (ln.) 

TldOULE.  r.  Trèfle.  (DESM.) 


478  TRI 

TRIP  et  TRIPP.  Ces  noms  sont  synonymes  de  Tour- 
maline ,  d'après  Rome  de  l'Isle  ,  Reuss  et  Beurard.  (lîî.) 

TRIPAN.  Espèce  de  grosse  Holothurie,  qui  se  pêche 
dans  les  mers  de  l'Inde  ,  el  dont  on  fait  une  grande  con- 
sommation en  Chine  ,  où  elle  passe  pour  un  puissant  aphro- 
disiaque, (b.) 

TRIPKDILON.  L'un  des  noms  du  marrubium  des  an- 
ciens ,  dans  Apulée,  (lis.) 

TRIPEL,  TRIPELSTEIN,  TRIPELERDE  et  TRI- 
PELTIiON  des  Allemands.  V.  Tripoli,  (ln.) 

TKIPELA.  V.  Tripoli,  (desm.) 

TRIPELERDE.  V.  Tripoli,  (ln.) 

TRlPELSCaiEFFEPv  des  Allemands,  V.  Tripom  et 
Polierschiefer.  (ln.) 

TRIPELSTEIN.  T.  Tripel,  Tripoli  et  Polierschief- 

FER.  (LN.) 

TRIPH  ANE. C'est  le  nom  que  M.  Haiiydonneà  l'espèce 
de  pierre  que  d'Andrade  a  décrite,  le  premier, sous  le  nom  de 
spodiimène  ou  spodumen ,  dénomination  que  presque  tous  les 
minéralogistes  étrangers  ont  adoptée.  Le  triphane  a  une  struc- 
ture lamelleuse  qui  lui  donne  quelque  apparence  de  feld- 
spath ou  de  pyroxène  sahlite  ,  si  son  clivage  et  sa  couleur  ne 
le  faisoienl  reconnoître  aussitôt.  Sa  couleur  est  le  vert,  et  ses 
teintes  varient  du  vert  blanchâtre  pâle  au  vert  pur  :  il  est  aussi 
vert  jaunâtre  pâle  ;  il  est  en  petites  masses  lamelleuses  ou  en 
prismes  ,  plus  ou  moins  allongés,  irréguliers,  sans  forme  dé- 
terminée ;  sa  cassure  longitudinale  est  très  -  lamelleuse  ,  à 
grandes  lames  ou  fibro-  lamelleuse  ;  sa  cassure  transversale 
est  raboteuse  ,  inégale  et  perlée  ou  luisante.  Le  clivage  du 
triphane  donne  un  prisme  rhomboïdal  d'environ  loo  et  80  d.  , 
qui  se  subdivise  dans  le  sens  des  petites  diagonales  des  bases: 
ce  prisme  paroîl  être  le  noyau  des  formes  cristallines  dont , 
cependant,  on  ne  connoît  encore  aucune. 

Les  lames  du  triphane  sont  ordinairement  brillantes.  Celte 
substance  est  translucide;  elle  raye  le  verre  ,  mais  est  rayée 
par  le  quarz  ;  sa  raclure  est  grise  ;  sa  pesanteur  spécifique 
est  de  3,278,  selon  d'Andrade  ,  de  8,192,  d'après  M. 
Haiiy,  et  de  3,ii58  ,  suivant  \ogel  ,  pour  le  triphane  de 
Tyrol.  Soumis  à  l'action  de  la  flamme,  produite  à  l'aide  da 
chalumeau  ,  le  triphane  devient  d'abord  opaque  ,  puis  jaunâ- 
tre, se  gonfle  un  peu  et  se  délite  en  petites  écailles  dun  jaune 
doré;  en  continuant  à  le  chauffer,  il  fmitpar  fondre  en  un  verre 
blanc  grisâtre  ou  verdâtre  ,  transparent  ;  d'Andrade  dit  qu'il 
se  divise  d'abord  en  écailles  colorées  en  jaune  d'or  ^  qui  se 
réduisent  en  poussière  ou  en  cendre,  ce  qui  lui  81  suggéré  le 


TRI  479 

nom  àespodumène,  dérivé  du  grec  ,  et  qui  signifie  ,  Je  change 
en  cendre.        \ 

Le  iriphane  a  été  analysé  par  plusieurs  chimistes  habiles  ; 
scion  le  résultat  de  leur  travaux  ,  ce  minéral  est  composé  de  : 


- 

(0 

(2) 

(3)        (4) 

(5) 

Silice 

56 

6^,4o 

67,50     63,5o 

66,40 

Alumine.'    .     .     . 

24 

2/h4o 

27         29 

25,3o 

Chaux.  .     .     . 

5 

3 

o,63    29,75 

0 

Potasse.      .     . 

o 

5 

0 

Lilhine.       .     , 

o 

o 

0            0 

2,85 

Fer  oxydé. 

5 

2,2 

3           3 

1,45 

Partie  volatile. 

o 

0,53      0,53 

Toutes  ces  analyses  appartiennent  au  triphane  d'Uto;  les 
I  et  2  sont  dues  a  M.  Vauquelin  :  ce  savant ,  en  examinant  de 
nouveau  le  iriphane  ,  y  a  trouvé  jusqu'à  10  pour  100  de  po- 
tasse -,  les  3.«  et  4-^  analyses  ont  été  faites  par  MM.  Berzelius 
et  Hisinger  :  ils  n'ont  point  trouvé  de  potasse  ,  ce  qui  est  con- 
forme à  la  première  analyse  de  M.  Vauquelin ,  mais  ils  n'ont 
qu'une  bien  plus  petite  quantité  de  chaux;  enfin  la  dernière 
analyse  ,  la  plus  récente  ,  est  due  à  M.  Arfwedson  :  la  li- 
ihineytient  lieudela  chaux  ou  de  la  potasse,  et  nous  trouvons 
encore  ici,  comme  dans  les  tourmalines,  et  la  mésolype  (F. 
ScoLEZtTE)  ,  que  ces  trois  alcalis  et  la  soude  peuvent  se  sup- 
pléer mutuellement  jusqu'à  un  certain  point.  Selon  M.  H. 
Davy  ,  le  métal  de  la  lilhine  a  beaucoup  de  ressemblance 
avec  celui  de  la  soude  (F.  Terre).  Les  résultats  des  diverses 
analyses  ci-dessus  ne  nous  permettent  pas  de  conclure,  seule- 
ment sur  l'analyse  de  M.  x\rf\vedson  ,  que  la  lilhine  soit  es- 
sentielle à  la  composition  du  triphane  ;  M.  Berzelius  en 
fait,  aveclepélalite,  avec  lequel  elie  a  en  effet  beaucoup  de 
rapports,et  avec  la  tourmaline  verdâtre,un  groupe  particulier 
sous  le  nom  de  lilhium  siliciaté. 

Vogel  a  fait  l'analyse  du  triphane  du  Tyrol ,  par  laquelle 
on  voit  qu'il  trouve  six  pour  cent  de  potasse  ;  voici  son  ana- 
lyse : 

Silice 63,5o 

Alumine 23, 5o 

Chaux 1,75 

Potasse 6 

Fer  oxydé  ....       2,5o 

Manganèse  oxydé.     ,     trace. 

Perte 2 

99,25 
Les  minéralogistes  anglais  ont  nommé  killinite  et  triphane 


48ô  T  B   I 

deuxsubslancesqu^ils  regardent  comme  diffërenles,etquî  noui 
parorlseiJt  absolument  les  mêmes:  l'une  contientdela  potasse^ 
et  Tautre  de  lalUhine:M.  de  Bournon  les  avoit  déjà  réunies. 
Le  triphane  apparlient  aux  terrains  primitifs:  celui  de  la 
mine  d'Ulo  ,  en  Sudermanic  ,  est  le  plus  connu  ;  il  forme  , 
avpc  beaucoup  d'autre  substances,  des  masses  considérables;  il 
est  associé  au  quarz  gris  ,  au  feldspath  blanc  ,  rose  ou  vert, 
au  pétalile  ,  au  feroxydulé,  au  mica ,  à  Tétain  oxydé,  aux 
tourmalines  noires  ,  bleues  ,  roses  ,  etc.  Avant  d'Andrade  , 
on  en  voyoit  quelques  morceaux  dans  les  cabinets  ,  et  il  étoit 
désigné  par  les  noms  de  scJwrl spatheux  et  àt  zéolilhe  de  Suède. 
La  killinite  de  Killiney ,  près  Dublin  ,  en  Irlande  ,  est  une 
découverte  récente;  elle  est  d'un  vert  jaunâtre,  moins  éclatant 
et  en  prismes  plus  grêles  dans  une  roche  granitique  composée 
de  feldspath  blanc,  opaque  ,  de  quarz  gris  et  de  mica.  Le 
triphane   du  même  lieu  est  d'un  vert  pâle. 

Le  triphane  de  Fahltigel,  près  de  Sterzing  ,  en  Tyrol ,  a 
pourgangue  une  roche  composée  de  feldspath  blanc  opaque, 
à  gros  grains,  avec  tm  peu  de  quarz  et  de  tourmaline  :  il  est 
vert  grisâtre,  et  ressemble  beaucoup  à  celui  d'Uto.  On  doit 
la  connoissance  exacte  de  sa  nature  à  MM.  Leonbard  et 
Vogel  ;  avant  eux  ,  on  Tavoit  pris  pour  une  variété  de  py- 
roxène  diopside  laminaire.  On  indique  encore  le  triphane  en 
Norwége.  (ln.) 

TRIPHAQUE,  Tr/ys/^arfl.  Grand  arbre  de  la  côte  orien- 
tale d'Afrique  ,  à  feuilles  éparses  ,  pétiolées  ,  cordiformes  , 
acuminées  ,  très-entières  et  glabres  ,  à  (leurs  jaunes  ,  dis- 
posées en  corymbes  latéraux  et  terminaux  ,  qui  forme  ,  selon 
Loureiro  ,  un  genre  dans  la  monoécie  polyandrie  et  dans  la 
famille  des  hermanniées. 

Ce  genre  offre  pour  caractères:  une  corolle  monopétale  à 
cinq  divisions  aiguës  ;  point  de  calice  ;  dans  les  fleurs  mâles, 
une  quinzaine  d'étamincs  courtes  ;  dans  les  fleurs  femelles  , 
un  ovaire  supérieur ,  presque  rond  ,  à  trois  lobes ,  attaché  sur 
un  réceptacle  concave,  polyphyHe  et  pédoncule  ,  surmonté 
d'un  style  filiforme  ,  contourné,  à  stigmate  obtus  ou  trifide  ; 
trois  légumes  renflés  ,  ventrus,  aigus,  tomtnteux  et  poly- 
spermes.  (b.) 

TPvIPHASlE,  7'nphasia.  Genre  de  plantes  établi  par 
Loureiro  ,  mais  qui  ne  paroît  ^tre  que  le  Limonellier  dont 
le  nombre  des  parties  de  la  fructification  varie.  (B.) 

TKlPHOlvE,  friphora.  Genre  de  plantes  établi  par  Nut- 
tall,  Gênera  of  Norih  American  plant ,  pour  placer  I'ArÉTHUSE 
PENDANTE  de  Willtlenow.  Ses  caractères  sont  :  cinq  pétales 
distincts ,  égaux  ,  connivens  ,  accompagnés  de  glandes  ;  lèvre 


T  R  I  48î 

creusée  en  cuiller  et  onguicalée  ;  colonne  du  pistil  spalhulée , 
plate  et  sans  ailes  ;  pollen  farineux,  (b.) 

TRIPHYLLOÏDES.  Nom  donné  par  Pontedera  à  une 
espèce  de  trèfle  {Trîfolium  subterraneum') ^  devenue  le  type 
du  genre  iriphylldides  de  Moench  ,  qui  se  distingue  du 
irifolium  par  son  calice  à  cinq  divisions  ,  au  lieu  d'être  à  cinq 
dents,  et  par  les  étamines  insérées  sur  la  corolle,  au  lieu 
d'être  fixées  au  pied  de  l'ovaire.  Ces  caractères  ramènent 
dans  ce  genre  ,  une  très-grande  quantité  d'espèces  de  trèfles. 

(LN.) 

TRIPHYLLON  et  TRIPHYLLUM.  Voy.  Trifolium. 

(LN.) 

TRIPINNE  ,  Tn'pinna.  Arbre  à  feuilles  tripinnées  ,  avec 
une  impaire  plus  grande  ,  à  folioles  ovales  ,  aiguës  ,  très- 
entières  ,  glabres;  à  fleurs  d'un  rouge  jaunâtre  ,  disposées  en 
corymbes  terminaux',  qui  forme  un  genre  dans  la  didynamie 
angiospcrmie. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  un  calice  cyathiforme  , 
persistant ,  à  cinq  dents  ;  une  corolle  monopétale  ,  campa- 
nulée  ,  divisée  en  cinq  découpures  ovales,  ondulées,  velues, 
la  supérieure  plus  grande  ;  quatre  étamines  à  anthères  bi- 
cornes,  dont  deux  plus  grandes  ;  un  ovaire  supérieur  à  style 
simple  et  à  stigmate  bifide  ;  une  baie  ovale  ,  charnue  ,  unilo- 
culaire  et  polysperme. 

Le  iriptnne  se  trouve  dans  les  montagnes  de  la  CochinchineJ 
Il  se  rapproche  beaucoup  du  Tanœcion  de  Swartz.  (b.) 

TRIPLARIS  ,  Triplarîs.  Grand  arbre  à  tige  creuse  ,  à 
feuilles  alternes,  renfermées  avant  leur  développement  dans 
une  gaîne  stipulaire  caduque  ,  et  à  fleurs  disposées  en  épis 
dans  les  aisselles  des  feuilles  supérieures. 

Cet  arbre  forme,  dans  la  dioécie  dodécandrie  et  dans  la 
famille  des  polygonées  ,  un  genre  qui  a  pour  caractères  :  dans 
les  fleurs  mâles ,  un  calice  monophylle  divisé  en  six  parties 
ovales  ,  aiguës  et  velues  ;  point  de  corolle  ;  douze  étamines  à 
anthères  bifides  à  leur  base;  dans  les  fleurs  femelles,  un  calice 
divisé  en  six  parties  ,  dont  trois  alternes ,  extrêmement  lon- 
gues ;  point  de  corolle  ;  un  ovaire  supérieur  surmonté  d'un 
style  ;  une  capsule  sillonnée,  trigone  ,  renfermée  dans  le  ca- 
lice qui  subsiste ,  et  couronnée  par  ses  trois  grandes  folioles  ; 
elle  contient  une  seule  semence  trigone. 

Le  tiiplaris  a  été  découvert  par  Aublet  dans  les  marais  de 
la  Guiane  ;  la  cavité  de  son  tronc  sert  de  refuge  à  des  my- 
riades àç; fourmis  ^  et  les  attaches  de  ses  stipul^'s.formenî  des 
cercles  persistans  sur  son  écorce,  (B.) 

TRIPLASIS,    Tjîplasis.  Genre  de  plantes  établi  par  Pa- 


482  TRI 

lisot-de-Beauvois,  pour  placer  une  graminée  de  TAmérique 
septentrionale  ,  rapportée  parDellsle. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  balle  calicinale  de  deux 
valves  membraneuses  et  aiguës  ,  contenant  quatre  (leurs  ;  la 
supérieure,  stérile  et  incomplète  ;  les  autres  ,  à  valves  iné- 
gales ;  l'inférieure  ,  profondément  bifide  ,  longuement  mu- 
cronée  dans  la  fente  ;  la  supérieure  ,  entière  ,  velue  à  l'exlét 
rieur,  (b.) 

ÏRIPLAX.  Genre  d'insectes  coléoptères.   V.  Tritome. 

(L.) 

TRIPLEA  de  Mei^cati  et  de  Cartheuser.  V.  Tripoli,  (ln.) 
TRIPLE  FEUILLE.    On  appelle  ainsi  une  variété  de 
I'Ophrise  a  feuilles  ovales,  (b.) 

TRIPLE  SILICIATEDE  FER,et  FER  SILICIATE, 
ou  HEDENBERGITE  de  M.  Berzelius.  Minéral  d'un 
brun  foncé  et  verdâtre,  dont  la  texture  est  feuilletée ,  et  qui 
se  divise  mécaniquement  et  sans  difficulté  en  rhomboïdes , 
dont  les  angles  sont  ceux  de  la  chaux  carbonatée  :  sa  cassure 
est  inégale  ;  les  fragmens  ont  les  bords  peu  aigus  et  extrême- 
ment opaques.  11  raye  la  chaux  carbonatée  et  est  rayé  par  la 
chaux  lluatée;  sa  poussière  a  une  couleur  vert-olivâtre.  Son 
analyse  par  L.  lledenberg  y  démontre  les  principes  sulvans  : 

Silice         .       .       .     iio,62 

Fer  oxydulé      .       .     32,53 

Eau     ....     i6,o5 

Chaux  carbonatée  .      4^93 

Mangnanèse   oxydé       0,75 

Alumine     .       •       .       0,37 

Perte  .       .       .       .       4-,75 

Cette  analyse  et  la  structure  de  celte  substance  Téldignent 
du  quarz  hyalin  rubigineux  ,  dit  Eisenkiesel^  par  les  Alle- 
mands ,  avec  lequel  quelques  minéralogistes  ont  pensé  qu'il 
falloit  la  confondre. 

L'hedenbergiste  se  trouve ,  en  Suède  ,  à  Tunaberg ,  dans 
la  mine  de  Mormors.  (lis.) 

TRIPLE  SULFURE.  On  a  donné  spécialement  ce  nom 
au  Plomb  sulfuré  antimonifère  et  cuprifère  ,  ou  Endel- 

LIONE  etBoURNONlTE.  (LN.) 

TRIPLIMA  et  TRIODEX.  Deux  sous  genres  établis  par 
Rafinesque  ,  dans  le  genre  carex  (  V.  Laiches  ).  Le  premier 
comprend  les  espèces  à  styles  bifides  ,  à  trois  stigmates  ,  et  à 
utricule  entier.  Le  second  renferme  les  espèces  à  styles 
trifides,  à  trois  stigmates,  et  à  utricules  ,  a -3  dentés, 
souvent  trigones.  (ln.) 


T  Pc  I  483 

TRIPLITE.  Haussraann  donne  ce  nom  ^n  manganèse 
phosphaté,  (ln.) 

TRIPODION.  Ce  nom  grec  ancien,  est  un  de  ceux 
Au  lotus  herbacé,  dont  il  est  question  dans  Dioscoride, 
Pline,  etc.  ,   et  qu'on  croit  avoir  été  le  irifoUum  cœnileun  , 

L.  (LN.) 

TRIPOLI  {Tiipehi,  Wall.;  Trippeî,  Wid.;  T/Z/je/,  Wern.; 
Tripoli,  Kirw.  ,  Rroch.  ,  J.ini.  ;  Quarz  aluminifère  tripoléen  et 
Thermanthide  tripoi'éenne  ,  Haiîy  ),  Le  tripoli  et  le  polier- 
schiefer  ou  schiste  à  polir  des  Allemands,  dont  nous 
avons  traité  à  l'article  poliersrhicfer ^  ne  diffèrent  entre  eux 
que  par  des  caractères  peu  imporîans.  Ce  dernier  est  Irès- 
lendre  ,  très-feuilleté,  fort  happant  à  la  langue,  et  assez 
léger  pour  nager  le  plus  souvent  sur  Teau.  Ces  caractères 
sont  beaucoup  moins  marqués  sur  le  tripoli,  ou  bien  même 
ne  s'y  trouvent  pas.  Mais  ces  deux  pierres  sont  composées 
des  mêmes  principes  ,  et  ont  une  origine  comumne. 

Le  tripoli  ressemble,  pour  l'ordinaire ,  à  de  la  brique 
compacte,  et  il  en  offre  souvent  la  couleur  rouge  avec  des 
teintes  différentes  de  blanc  ,  de  jaune  ,  de  vert  et  de  brun  , 
dues  aux  divers  degrés  d'oxydation  du  fer  que  contient  cette 
pierre. 

Le  tripoli  est  massif  ou  schisteux,  beaucoup  plus  dui*  que 
le  schiste  à  polir,  et  ayant  un  grain  plus  rude  ,  plus  grossier,' 
et  de  la  sécheresse  sous  le  doigt.  Sa  cassure  est  terreuse  et 
terne.  Les  variétés  schisteuses  sont  quelquefois  happantes  à 
la  langue. 

Le  tripoli  est  infusible  au  feu  du  chalumeau;  mais  il 
paroît ,  d'après  ce  qu'en  dit  Buffon,  qu'à  un  feu  violent,  il 
prend  plus  de  couleur  ,  plus  de  dureté  ,  qu'il  s'émaille  à  la 
surface ,  et  même  se  vitrifie  à  un  feu  très-violent. 

Le  tripoli  n'est  pas  une  substance  argileuse,  comme  pres- 
que tous  les  minéralogistes  l'ont  cru  :  il  ne  contient  presque 
pas  d'alumine  ,  et  ne  fait  point  pâte  avec  l'eau.  Bucholz  a 
trouvé  dans  un  tripoli  qu'il  a  analysé  : 

Silice 8i 

Alumine      ....       i,5o 

Chaux trace. 

Fer  oxydé,  rouge  et  noir       8 
Acide    sulfurique      .       .       8,45 
Eau      .       ...       .       .       4,55 

Perte i,5o 

Cette  analyse  et  plusieurs  autres  ,  que  nous  ne  citons 
pas,  prouvent  que  le  tripoli  est  essentiellement  une  pierre 
siliceuse. 


484  TRI 

Le  trîpolî ,  cependant,  n'est  qu'une  argile  sablonneuse, 
ou  plutôt  un  schiste  argileux  qui  a  subi  une  cuisson  naturelle 
opérée  par  les  feux  volcaniques,  ou  par  ceux  qui  se  dévelop- 
pent dans  les  houillères  qui  s'enflamment  naturellement  ;  et 
c'est  ce  que  prouvent  les  divers  gisemens  de  cette  pierre. 

On  comprend  encore  ,  dans  Tespèce  du  tripoli ,  des 
tufs  à  grains  très-fins  et  homogènes  ,  qui  ont  été  produits 
par  l'eau.  Tel  est  le  tripoli  de  la  cascade  du  Mont-d'Or,  qui 
n'est  qu  une  cendre  endurcie,  formée  par  des  lares  décom- 
posées et  altérées  que  les  eaux  ont  entraînées. 

Le  vrai  tripoli  est  ordinairement  disposé  par  couches 
schisteuses,  et  quelquefois  accumulé  en  amas  qui  paroissent 
avoir  été  transportés  par  les  eaux.  On  en  trouve  dans  beau- 
coup de  lieux,  et  particulièrement  dans  les  terrains  pseudo- 
volcaniques et  houillers.  Ces  couches  reposent  quelquefois 
sur  le  calcaire  de  transition,  ou  alternent  avec  des  couches 
d'argile  qui  sont  au-dessous  du  basalte. 

Le  tripoli  de  Poligné ,  près  Rennes  ,  est  schisteux  ,  rouge 
de  différentes  teintes  ;  il  forme  des  couches  qui  sont  recou- 
vertes de  grès.  Il  offre  une  singularité  remarquable:  on  trouve, 
dans  ces  couches,des  arbres  entiers  changés  en  tripoli.  Fouge- 
roux  de  Bondaroy  et  Guettard,  qui  ont  visité  les  Iripolières 
de  Poligné,  ont  reconnu,  les  premiers,  que  ce  tripoli  avoit 
subi  l'action  du  feu;  ils  le  considèrent  comme  une  pierre 
brûlée  et  volcanique.  «  Les  pierres  des  environs  de  Menât , 
dit  Fongeroux,,  celles  de  Poligné,  près  des  carrières  où  se 
trouve  le  tripoli,  sont  schisteuses  et  plus  ou  moins  rouges.  Ces 
pierres,  particulièrement  celles  de  Poligné,  annoncent  le 
feu  qui  y  a  passé  ;  elles  sont  réduites  en  écume  plus  ou  moins 
légère  ;  ce  sont  de  vraies  piètres  brûlées  :  rien  ne  peut  laisser 
d'incer'tiiude  sur  le  feu  qui  a  été  aux  environs  de  cette  car-- 
rière-,  les  pierres  ont  été  fondues,  et  Ton  ne  trouve  le  tripoli 
qu'aux  environs  de  l'endroit  où  la  présence  du  volcan  est  la 
plus  apparente.  A  Poligné ,  la  partie  de  la  carrière  qu'on  a 
choisie  de  préférence  pour  l'usage,  semble,   à  la  vérité, 
avoir  été  lavée  par  les  eaux  ,  et  s'être  formée  du  dépôt  des 
parties  les  plus  légères  et  les  plus  fondues;  c'est  aussi  le  senti- 
ment de  M.  Guettard  ;  mais  c'est  la  même  pierre  qui  a  souf- 
fert, comme  les  voisines,  la   chaleur  du  feu  souterram.  « 
(y^cfld.  5c.,  1769,  p.  272.) 

Le  tripoli  de  Menai ,  près  Riom ,  Puy-de-Dôme ,  est 
en  couches  et  feuilleté.  Il  doit  son  origine  à  un  schiste  argi- 
leux, qui  a  subi  l'action  du  feu.  Saussure  fait  observer  qu'une 
chaleur  douce  et  lente,  telle  que  celle  des  mines  de  charbon 


TRI  485 

«n  étal  6e  combustion ,  a  pu  opérer  cette  cuisson  plutôt  que 
celle  des  volcans  proprement  dits. 

Nous  avons  observé,  dans  le  schiste  brûlé  qui  accompa- 
gne le  tripoli  de  Menât,  de  nombreuses  étoiles  de  chaux  sul- 
fatée. Nous  savons  aussi  qu'on  y  a  observé  du  fer'phosphaté 
cristallisé.  Ces  deux  observations  confirment  que  ce  schiste 
est  un  schiste  houiller  qui  a  été  cuit  sur  place. 

Le  tripoli  de  Montelimart  ,  observé  par  Saussure  ,  se 
trouve  en  cailloux  roulés  ,  avec  des  fragmens  de  basaltes.  Il 
est  assez  léger,  schisteux,  et  criblé  d'une  infinité  de  petits 
trous  cylindriques  et  à  parois  lisses.  On  trouve,  aux  environs 
de  Morat  et  de  Genève,  des  cailloux  roulés  semblables. 

Patrin  a  observé  dans  les  collines  de  Saint-Etienne  en 
Forez  ,  où  il  y  eut  jadis  et  où  il  existe  encore  des  houillères 
embrasées,  des  schistes  argileux  devenus  rouges  et  convertis 
en  tripoli.  «  On  y  voit ,  comme  à  Poligné,  des  pierres  qui 
n  ont  éprouvé  un  degré  de  feu  assez  fort  pour  être  conver- 
«  ties  en  scories  ;  d'autres  sont  simplement  devenues  légè- 
«  res  ,  poreuses  ,  friables  ,  en  un  mot ,  un  véritable  tripoli.  » 
(Pat.,  i."«  édit.  ). 

Le  tripoli  de  Corfou,  connu  dans  le  commerce  sous  le 
nom  de  tripoli  de  Venise  ,  est  schisteux  et  d'un  rouge  jaunâ- 
tre ;  il  est  poreux  comme  celui  de  Montelimart.  C'est  le  plus 
estimé  de  tous. 

L'on  trouve  encore  du  tripoli  dans  beaucoup  d'autres  en- 
droits en  Europe;  à  Valckeghem,  près  Oudenarde  (Escaut); 
à  Poslchappel  en  Saxe  :  il  est  en  couches  dans  une  montagne 
qui  contient  de  la  houille;  en  Bohème,  également  dans  des 
terrains  houillers. 

Le  tripoli  du  Derbyshire  est  appelé  rottenstâne ,  c'est-à-dire 
pierre  pourrie  ;  il  est  d'un  gris  de  cendre  ,  et  se  trouve  en  cou- 
ches épaisses  sur  la  chaux  carbonatée  compacte  ,  près  Blak- 
velle.  Ce  tripoli  est  fort  estimé  ;  on  le  nomme  terre  pourrie 
iV  Angleterre. 

Il  y  a  du  tripoli  à  Ronneburg  et  Krems  en  Autriche ,  et  près 
Burgos  en  Espagne.  Celui  de  Volterra  en  Toscane  se  trouve 
avec  des  calcédoines,  et  tellement  situé,  qu'on  peut  soupçon- 
ner qu'il  est  le  résultat  de  leur  décomposition.  Ce  tripoli  ne 
seroit  donc  plus  de  la  même  espèce  que  les  précédons  ,  et 
n'auroit  de  commun  avec  eux  que  le  nom.  11  en  est  de  même 
du  tripoli  d't)berslein ,  employé  dans  cette  ville  pour  polir 
les  agates  ,  et  qui  est  une  roche  qu'on  trouve  dans  la  même 
montagne.  On  rapporte  au  tripoli  les  argiles  légères  des 
monts  Coërons  (  Ardèche  )  ,  et  celles  de  Santa-Fiora  en 
Toscane. 


485  TRI 

Le  Iripoli  est  d'un  grand  usage  dans  les  arls,  où  l'on  s'en 
sert  pour  polir  les  glaces  ,  les  pierres  dures  et  les  métaux  , 
surtout  le  cuiv  re  et  ses  dliférens  alliages  ,  dont  il  rehausse 
singuHèrepient  la  couleur  et  Téclat.  On  nomme  terre  pourrie 
un  trjpoli  plus  fin  ,  plus  léger  ,  plus  friable  ,  et  qu'on  pré- 
fère pour  l'usage.  On  emploie  le  tripoli  à  l'eau  avec  du  bois 
ou  de  l'étain  ;  en  s'iisant  par  le  frottement ,  il  acquiert  une 
finesse  qui  le  rend  susceptible  de  communiquer  un  vif  éclat  aux 
corps  durs.  Quelquefois  on  mélange  avec  le  iripoli  en  poudre 
un  tiers  de  soufre  ,  et  à  l'aide  d'un  cuir  on  frotte  avec  ce  mé- 
lange le  marbre  ou  le  métal  qu'on  veut  polir.  Mêlé  avec  le 
muge  d'Angleterre  ,  il  sert  à  donner  un  beau  poli  aux  instru- 
mensd'optique.  Le  Iripoli  réduit  en  poudre  sert,dans  quelques 
circonstances  ,  à  faire  des  moules  pour  exécuter  des  figures 
et  des  médaillons  en  métaux. 

On  assure  que  le  tripoli  de  Burgos  entre  dans  la  composi- 
tion de  la  porcelaine  de  celte  ville. 

Buffon  prétend  que  cette  terre  doit  son  nom  à  la  ville  de 
Tripoli  en  Jiarbarie  ,  d'où  elle  nou>  étoit  envoyée  avant 
qu'on  en  eût  découvert  ailleurs.  Patrin  pense  qu'il  est  plus 
probable  qu'elle  venoit  de  Tripoli  de  Syrie  ,  cette  contrée , 
dit-il ,  étant  toute  volcanisée  ,  ainsi  que  nous  l'apprennent  les 
excellentes  observations  de  Volney. 

Le  tripoli  jaune  est  celui  qui  passe  pour  profiter  davantage. 

Pline  fait  mention  d'une  terre  qu'il  nomme  crela  argentaria, 
laquelle  servoit  à  nettoyer  et  polir  l'argent.  On  lateignoit  en 
pourpre  ;  alors  elle  s'appeloit  purpurissum,  et  elle  servoit  ainsi 
à  peindre  en  détrempe.  Pour  teindre  cette  terre  ,  on  la  jetoit 
clans  une  chaudière  où  les  drogues  colorantes  étolent  en  ébulli- 
tion.  Celtepremière  mise  donnoit  \c  purpurissum  de  belle  qua- 
lilé;une  seconde  mise  de  terre  dans  la  même  chaudière,  après 
avoir  ôté  la  première  ,  donnoit  une  qualité  moins  colorée. 
Enfin  ,  des  opérations  nouvelles  donnoienl  une  terre  très- 
peu  colorée  et  blafarde.  Ne  seroit-ce  pas  à  cause  de  ce  triple 
changement  gradué  de  couleurs  analogues  à  celle  qu'on  obser- 
voit  dans  la  fleur  tripnlion  des  anciens  ,  que  le  nom  de  tripoli 
a  été  donné  par  les  commentateurs  au  aéta  argentaria ,  et  par 
suile  à  notre  tripoli  ,  parce  que  celui-ci  sert  à  polir  les  mé- 
taux comme  le  creta  argentaria,  et  qu'il  l'a  remplacé  ?(lh.) 

TRÏPOLION  et  TripuUum.  Plante  maritime  décrite 
par  les  anciens.  Selon  Dioscoride:  «  \q  iripolion  croît  au 
bord  de  la  mer,  sur  la  limite  où  les  flots  rejettent  l'eau,  de 
sorte  qu'il  ne  naît  ni  dans  la  mer  ,  ni  sur  la  grève  sèche  ; 
ses  feuilles  sont  semblables  à  celles  de  Visatis  (  pastel  )  ,  mais 
cependant  plus  épaisses.  Sa  tige  a  la  hauteur  de  huit  pouces  , 


TRI  l,z^ 

et  se  divise  en  deux  au  sommet.  On  dit  que  ses  fleurs  changent 
trois  fois  de  couleur  pendant  la  journée  ,  étant  blanches  le 
matin,  purpurines  à  midi,  et  rouges  le  soir.  Sa  racine  est 
blanche,  odorante  ,  chaude  au  goût;  bue  dans  du  vin,  au 
poids  de  deux  drachmes,  elle  est  purgative  et  diurétique  ; 
elle  entre  dans  la  composition  des  contre-poisons.  » 

Galien  dit  seulement  que  la  racine  du  iripoUon  a  un  goût 
acre  et  mordant ,   et  qu'elle  est  chaude  au  troisième  degré. 

Pline  ,  liv.  26  ,  ch.  7  ,  donne  une  description  du  tnpolium 
qui  diffère  très-peu  de  celle  de  Dioscoride.  Il  ne  mentionne 
pas  le  changement  des  fleurs  ,  et  dit  que  quelques  personnes 
pensent  que  le  tnpolium  et  le  polion  sont  les  mêmes  plantes  , 
et  à  ce  dernier  article  ,  il  fait  remarquer  que  le  poUon  est  une 
plante  extraordinaire  ,  s'il  est  vrai ,  comme  on  le  disoit ,  que 
ses  feuilles  éloient  blanches  le  matin  ,  pourpres  à  midi ,  et 
bleues  le  soir.  La  description  qu'il  donne  ensuite  du  polion 
n'est  plus  la  même  que  celle  du  in'polium  ,  dont  le  nom  fait 
allusion  peut-être  à  celui  du  triple  changement  de  couleur  des 
cheveux  de  l'homme  dans  le  cours  de  sa  vie  ,  qui  de  clairs 
deviennent  plus  foncés  ,  puis  blanchissent. 

Pline  a-t-il  confondu  le  tn'poliwn  avec  le  polion  ?  c'est  ce 
que  prétendent  les  botanistes.  En  outre ,  sont-ce  les  feuilles 
ou  les  fleurs  du  iripoUon  qui  changeoient  de  couleur ,''  On  doit 
penser  que  c'étoient  les  fleurs ,  puisque  nous  voyons  jour- 
nellement quantité  de  fleurs  éphémères  dont  la  couleur  varie 
du  matin  au  soir  ,  et  que  les  feuilles  ne  présentent  de  change- 
mensque  dans  le  cours  de  la  saison,  et  que,  d'aifleurs,  il  n'y 
en  a  pas  qui  soient  blanches  d'abord ,  puis  purpurines  , 
enfin  bleues,  comme  le  dit  Pline  ,  qui  suppose  encore  ,  mais 
par  tradition,  que  ces  changemens  avoientlieu  en  une  jour- 
née ,  et  dévoient  ainsi  se  répéter  chaque  jour  ,  ce  qui  auroit 
été  vraiment  étonnant.  D'une  autre  part ,  nous  ne  connois- 
sons  pas  de  fleurs  qui  passent  du  blanc  au  pourpre,  puis, 
au  bleu;  on  en  connoît  de  bleues  et  blanches  à-la-fois, 
qui  passent  au  pourpre  (quelques  liserons),  et  qui,  sur 
d'autres  pieds,  peuvent  être  blanches. 

Ainsi  ,  la  description  du  iripoUon  par  Dioscoride  seroit 
nussi  défectueuse.  Mais  en  faisant  abstraction  des  fleurs  et 
de  leur  changement  ,  le  iripoUon  ne  peut  pas  avoir  été  le 
plumhago  europœa  ,  L.  ,  comme  le  dit  Fabius  Columna  , 
xnV  aster  iripolium,  o^'in'iOQ  hasardée  avec  doute  par  la  plupart 
des  botanistes,  et  notamment  par  Dodonée  ,  J.  Camerarius, 
Lobel  ,  C.  Bauhin  ,  etc.  Serapion  avoit  cru  que  {e  in'polium 
de  Dioscoride  étoil  le  iurhiUi  blanc  des  boutiques;  mais  c'est 
une  erreur  que   Matlhiole  et  d'autres  auteurs   ont  relevée  : 


^^88  TRI 

ce  turbilh  n'avoît  point  les  mêmes  vertus  que  la  racine  tlu 
tripolion. 

Quelques  espèces  à'asler  seulement  ont  été  désignées  par 
le  nom  de  irimlium.  (ln.) 

TRIPOLlTANUMdeR.Forster.  C'est  le  Tripoli,  (ln.) 

TRIPPEL  et  TRIPPELSTEIN.  V.  Tripel.  (ln.) 

TRIPPE-MADAME.  V.  Trique-madame,  (desm.) 

TRIPS.  V.  Thrips.  (l.) 

TRIPSACUM.  Ce  genre  de  graminée  établi  par  Lin- 
nseus,  est  le  même  que  celui  nommé  digiiaria  par  Heister  et 
Adanson,  qu'il  ne  faut  pas  confondre,  par  conséquent,  avec 
le  digiiaria  d'Haller.  V.  DlGiTAlRE  et  TripsaQUE.  (ln.) 

TRIPSAGO.  Synonyme  de  Trissago  chez  les  botanistes 
anciens,  (ln.) 

TRIPSAQUE  ,  Tiipsacum.  Genre  de  plantes  de  la  mo- 
noécie  triandrie  et  de  la  famille  des  graminées,  dont  les  ca- 
ractères sont  d'avoir  :  les  fleurs  mâles  composées  d'une 
balle  calicinale  et  d'une  balle  florale  bivalve,  quadriflore  , 
et  trois  élamines  ;  les  fleurs  femelles  formées  par  une  balle 
calicinale  de  deux  valves  ,  par  une  balle  florale  divisée  en 
deux  ou  quatre  parties  ,  perforée  à  sa  base  et  uniflore  ;  un 
ovaire  surmonté  de  deux  styles  velus  ;  une  semence  ovale  , 
renfermée  dans  la  valve  florale. 

Ce  genre  renferme  cinq  espèces.  Celle  à  qui  appartient 
particulièrement  la  description  ci-dessus  ,  est  le  Tripsaque 
DACTYLOïDE.  C'cst  Une  plante  vivace  ,  haute  quelquefois  de 
sept  à  huit  pieds  ,  à  tige  grosse  comme  le  doigt ,  très-sucrée 
et  solide;  à  feuilles  longues,  engainantes,  et  larges  d'un 
pouce;  à  épis  terminaux  et  digilés.On  la  trouve  dans  l'Amé- 
rique septentrionale,  aux  lieux  humides.  Je  l'y  ai  fréquem- 
ment observée.  On  n'en  fait  aucun  usage  ,  et  on  la  regarde 
même  comme  une  plante  nuisible  ,  en  ce  qu'elle  forme  de 
grosses  touffes  que  la  faux  ne  peut  abattre.  On  la  cultive  dans 
les  jardins  de  botanique  ,  où  elle  se  conserve  fort  bien.  Le 
mode  de  sa  fructification  la  rend  fort  remarquable. 

Le  Tripsaque  hermaphrodite  ne  s'élève  qu'à  un  pied, et 
se  trouve  à  la  Jamaïque.  Il  constitue  aujourd'hui  le  genre 
Anthephore. 

Cavanilles  a,  de  plus,  établi  son  genre  Colladée  aux  dé- 
pens de  celui-ci.  (b.) 

TRIPTERELLE,  Tripterdla.  Nom  donné  par  Michaux, 
dans  sa  Flore  d'Amérique  ,  au  genre  de  plantes  appelé  Vo- 
GÈLE  par  Gmelin.  Il  a  pour  caractères  :  une  corolle  oblongue, 
triangulaire,  à  six  divisions  très-courtes,  et  alternativement 
plus  petites  ;  trois  ctamines  ;  un  ovaire  inférieur  surmonté 


TRI  4^9 

d'un  style  à  trois  stigmates  ;  une  capsule  triangulaire,  à  trois 
loges  polyspermes. 

Ce  genre  ne  renferme  qu'une  espèce  ;  c'est  une  plante 
annuelle,  débile,  au  plus  haute  de  quatre  à  cinq  pouces,  pour- 
vue d'un  petit  nombre  de  feuilles  alternes,  sesslles,  subulées, 
à  fleurs  blanches ,  petites ,  et  réunies  en  tcte  au  sommet  de 
la  tige. 

J'ai  trouvé  fréquemment  cette  plante  en  Caroline  ,  dans 
les  lieux  découverts,  sablonneux,  et  où  sourdent  goutte  à 
goutte  des  eaux  de  fontaine.  Il  faut  la  chercher  pour  la  voir. 
Elle  fleurit  en  été.  (b.) 

TRIPTÉRONOTE,  Tripteronotus.  Genre  de  poissons 
établi  par  Lacépède  dans  la  division  des  Abdomimaux.  Il 
offre  pour  caractères  :  trois  nageoires  dorsales,  et  une  seule 
nageoire  anale. 

Ce  genre  ne  contient  qu'une  espèce  ,  le  Triptéronote 
HAUTIN  ,  que  Rondelet  a  vu  à  Anvers,  et  qui  a  la  tête  dénuée 
de  petites  écailles  ;  la  mâchoire  supérieure  beaucoup  plus 
avancée  que  l'inférieure  ,  et  terminée  par  une  prolongation 
pointue,  (b.) 

TRIPTILION,  Tn'ptiUon.  Plante  du  Pérou,  qui  forme 
un  genre  dans  la  syngénésie  polygamie  égale  ,  famille  des 
labiatiflores  ,  et  qui  offre  pour  caractères  :  un  calice  com- 
mun oblong  ,  imbriqué  par  dix  à  douze  écailles  piquantes , 
scarieuses  en  leurs  bords ,  dont  les  extérieures  sont  subulées  , 
inégales  ,  et  les  intérieures  lancéolées  ;  un  réceptacle  velu  , 
portant  des  demi  -  fleurons  hermaphrodites  iridenlés  ;  des 
semences  trigones  ,  surmontées  de  trois  aigrettes  plu- 
meuses,  (b.) 

TRIQUE  MADAME.  Nom  d'une  espèce  d'ORPiN  a 

FLEUR  BLANCHE.  (B.) 

TRIRAPHIS  ,  Triraphh.  Genre  de  plantes  établi  par 
R.  Brovvn  ,  pour  placer  deux  graminées  de  la  Nouvelle- 
Hollande,  qui  ont  des  rapports  avec  les  Trîodies  et  les 
Chlorls.  Ses  caractères  'sont  :  des  fleurs  polygames  ;  une 
balle  calicinale  de  deux  valves  égales,  mutiques,  renfermant 
plusieurs  balles  florales,  à  valve  extérieure  à  trois  arêtes, 
les  inférieures  hermaphrodites  ,  les  autres  mâles  ou  neutres. 

(B.) 

TRIS.  C'est,  en  Pologne  ,  le  nom  de  la  Grive  mauvis: 
ce  nom  est  tiré  de  son  cri,  (v,) 

TRISANTHE ,  Trisanlhus.  Plante  à  tiges  filiformes ,  ram- 
pantes, fournissant  des  racines  de  distance  en  distance,  à 
feuilles  presque  rondes  ,  divisées  ,  dentées  ,  concaves  ,  ru- 
gueuses, radicales,  et  longuement  pétiolées;  à  fleurs  réunie» 


490  1\R  I 

en  tête  sur  une  hampe  ,  laquelle  forme  ,  selon  Lôureiro,  un 
genre  dans  la  pentandrie  digynie. 

Ce  genre  ,  dont  celui  appelé  Glycerie  par  Nultal  ne 
paroît  pas  différer  suffisamment ,  offre  pour  caractères  :  un 
calice  commun  de  deux  folioles  lancéolées  ,  persistantes  ,  et 
conlenaut  trois  fleurs  ;  un  calice  propre ,  monophylle  ^ 
très- petit,  coloré,  lenliforme  ,  et  à  cinq  dents;  point  do 
corolle  :  cinq  étamines  ;  un  ovaire  orbicuîaire  à  deux  slig- 
inaies  oblongs,  recourbés  et  sessiles  ;  un  fruit  formé  par  le 
calice  qui  s'est  accru  en  conservant  sa  forme  lenticulaire  , 
en  perdant  ses  dénis  et  en  prenant  deux  sillons  ;  il  est  bilo- 
culaire  et  monospern^e. 

Le  trisanthe  croît  dans  les  Indes,  à  la  Chine  et  à  la  Co- 
chinchine,  dans  les  lieux  incultes.  On  mange  ses  feuilles  et 
on  les  emploie  en  médecine  comme  vulnéraires  ,  diurétiques 
et  néphrétiques. 

Linnaeus  Tavoit  placé  parmi  les  Hydrocotyles  ,  avec 
lesquelles  il  a  en  effet  beaucoup  de  rapports,  mais  dont 
il    diffère    cependant  par  les  parties   de    la  fructification. 

<B.) 

TRISCALE.  Nom  spécifique  d'une  Couleuvre,  (b.) 

TRISETAIRE,  Triselaria  ^  Forsk.  ;  Trisetum  ,  Pers. 
Genre  déplantes  établi  par  Forskaëldanslatriandrie  digynie. 
Il  a  pour  caractères  :  une  balle  calicinale  de  deux  valves  ,  et 
biflore  ;  une  balle  florale  de'deux  valves  arisiées  ,  l'extérieure 
terminale  et  bipartite  ,  l'intérieure  dorsale  et  simple;  trois 
étamines  ;  un  ovaire  surmonté  de  deux  styles  velus. 

Ce  genre  renferme  une  douzaine  d'espèces  ,  propres  aux 
pays  chauds  ,  et  dont  plusieurs  faisoient  partie  des  Avoines. 
La  plus  commune  est  la  Trisetaire  striée  ,  Avena  striala  , 
Lamarck  ,  qu'on  trouve  dans  les  parties  méridionales  de  la 
France,  (b.) 

TRISETUM  de  Persoon ,  Palisot-de-Beauvois ,  etc. 
V.  Trisetaire.  (ln.) 

TRISIOLA.  Rafinesque-Schmallz  divise  le  genre  uniola  , 
L. ,    en  trois,  savoir  :  irisiola  ,  uaiula  et  dislichlis. 

Le  trkiula  a  pour  caractères  trois  étamines  et  un  glume  à 
cinq  valves  ;  et  pour  type  V wdola  paniculata  ^  L. 

JJ'unioUi ,  qui  comprend  les  espèces  à'uniola  ,  L ,  à  une 
seule  étamine  et  à  glume  à  irols  valves. 

Le  distichlis ,  dont  les  fleurs  sont  triandres  ,  en  épis  disti- 
ques ,  à  épillels  distiches  ,  à  glumes  i4-i5  flores,  à  2-3 
valves  presque  égales  à  glumelles  carénées  ,  mutiques , 
nerveuses,  h'wiiola  spicaia,  L. ,  et  le  festaca  trlficea  ^  Lk, , 
rentrent  dansée  genre,  (l^.) 


T  R  I  491 

TRISOPTÈRE  ,  Tnsnpiems.  Genre  Ae  poissons  établi 
par  M.  Rafinesque  dans  la  famille  des  Gades.  Il  contient 
une  seule  espèce  propre  aux  mers  voisines  de  la  Sicile  ;  c'est 
le  Trisoptère  fascié  ,  qui  est  d'un  jaune  doré,  rayé  trans- 
versalement de  bleu  ,  et  dont  la  queue  est  fourchue. 

Ses  caractères  sont  :  corps  comprimé;  tête  écailleuse; 
trois  nageoires  dorsales  et  anales  opposées,  les  intermé- 
diaires plus  grandes,  (b.) 

TRISSAGE.  V.  Trixago.  (ln.) 

TRÏSSETO.  Nom  languedocien  de  la  Morgeline  ou 
mouron  blanc,  (desm.) 

TRISTAN.  Espèce  de  lépidoptère  diurne  du  genre  Sa- 
tyre. V.  ce  mot.  (l.) 

TRISTANIE  ,  Tristania.  Plante  ligneuse  de  la  Nouvelle- 
Hollande  ,  à  feuilles  opposées  et  à  fleurs  disposées  en  pani- 
cules  axillaires  ,  qui  seule  constitue  un  genre  dans  la  polya- 
delphie  icosandrie  et  dans  la  famille  des  myrtes. 

Les  caractères  de  ce  genre  sont  :  calice  à  cinq  dents  per- 
sistantes ;  corolle  de  cinq  pétales  ;  vingt  étamlnes  en  cinq 
paquets  ;  un  ovjaire  inférieur  à  style  terminé  par  un  stigmate 
obtus  ;  une  capsule  à  plusieurs  semences ,  insérées  sur  un 
réceptacle  central. 

Une  superbe  figure  de  cette  plante  se  voit  dans  l'ouvrage 
de  Ronpland  ,  intitulé  :  Description  des  plantes  rares  de  la  Mal- 
maison, 

Deux  autres  arbustes,  les  Mélaleuques  a  feuilles  de 
LAUROSE  et  a  feuilles  I)E  laurier,  se  placentaussi  dans  ce 
genre.  L'Houttuyne  du  Cap  ,  doit  s'y  rapporter  également. 

(B.) 

TRISTELLATEIE  ,  Tristellateia.  Arbrisseau  grimpant 
de  Madagascar  à  feuilles  entières  ;  les  inférieures  quaternées , 
les  supérieures  opposées,  toutes  glanduleusesà  leur  base  ;  les 
fleurs  disposées  en  grappes. 

Cet  arbrisseau  ,  selon  Dupetit-Thouars  ,  forme  seul  un 
genre  dans  la  décandrie  raonogynie  et  dans  la  famille  des 
malpighiacées  ,  dont  les  caractères  consistent  :  1.*^  en  un  ca- 
lice à  cinq  divisions  ;  2.''  en  une  corolle  de  cinq  pétales  on- 
guiculés ,  courbés  en  dedans  ;  3."  en  dix  étamines  alterna- 
tivement grandes  et  petites  ;  4-°  en  un  ovaire  pourvu  de  (rois 
pores  glanduleux,  surmonté  d'un  style  courbé;  5.°  en  six  èap- 
snles  contournées  par  six  appendices  planes  produits  parles 
pores  de  l'ovaire  ;  6."  en  une  semence  dans  chaque  cap- 
sule, (b.) 

TRISTEMME ,  Tristemma.  Genre  de  plantes  établi  par 
Jussieu  dans  la  décandrie  monogynie  et  dans  la  famille  des 


^92  TRI 

mélastomes.  Il  offre  pour  caractères  :  un  calice  à  cinq  divi- 
sions ,  demi  supérieur  ,  et  cilié  sur  deux  rangs;  cinq  pétales 
onguiculés  ;  dix  étamines  ;  un  ovaire  surmonté  d'un  style  ; 
lino.  baie  ovale  ,  comprimée  ,  à  cinq  loges. 

Ce  genre  contient  deux  espèces  qui  viennent  de  l'Ile-de- 
X  rance.  Ce  sont  deux  plantes  vivaces  à  feuilles  opposées ,  pé- 
tiolées  ,  ovales,  aiguës,  velues,  nervées,  et  à  fleurs  réunies  en 
tele  ,  axillaires,  pédonculées  et  accompagnées  de  bractées. 
Elles  sont  figurées  dans  le  Choix  de  plantes  de  Ventenat,  pi. 

IRISTEQUE,  Trîsteca.  Genre  déplantes  établi  par 
Palisot  de-Beauvois  aux  dépens  des  Lycopodes  de  Linnseus. 
oes  caractères  sont  :  anthères  sessiles,  sphériques  ,  tricoques 
et  triloculaires.  Il  ne  renferme  que  le  Lycopode  nu.  (b.) 

TRISTIGHE,  Tristlcha.  Genre  établi  par  Dupetit- 
Thouars  sur  une  plante  de  Madagascar  qui  ressemble  à  une 
mousse  ,  et  qui  flotte  sur  les  eaux  dormantes. 

Il  ne  diffère  pasde  celui  appelé  Dufourée  parBory-Saint- 
vjncent.  Dupelit-Thouars  Icplacedans  la  monandrietrigynie 
et  dans  la  famille  des  naïades.  Ses  caractères  sont  :  calice  à 
trois  folioles  ;  une  étamlne  ;  un  ovaire  simple  à  trois  styles  ; 
une  capsule  à  trois  valves  et  à  une  loge,  renfermant  plusieurs 
semences  attachées  aux  parois  des  valves,  (b.) 

TRISTOME  ,  Tristoma.  Sous  -  genre  établi  par  Cuvier, 
dans  son  important  ouvrage  intitulé  ,  le  Règne  animal  dis- 
tribué  d'après  son  organisation,  aux  dépens  des  Fascioles. 
Il  offre  pour  caractères:  corps  en  disque  large  et  plat  ;  en 
dessous  antérieurement  ,  un  large  suçoir  cartilagineux  ,  qui 
ne  tient  au  corps  que  par  un  court  pédicule  ,  et  postérieure- 
ment deux  plus  petits  et  rapprochés. 

Les  espèces  de  ce  genre  s'attachent  aux  branchies  de«  pois- 
sons ,  et  vivent  du  sang  qui  y  circule.  On  en  compte  deux  , 
le  Tristome  écarlate  ,  trouvé  par  Cuvier  sur  le  mole  et 
l'espadon  dans  la  Méditerranée,  etfiguré  pi.  i5  de  l'ouvrage 
précité,  et  le  Tristome  gris,  observé  par  Lamartinière, 
sur  un  DiODON  des  mers  de  la  Nouvelle  Hollande  ,  et  figuré 
pi.  2  du  Journal  de  physique  de  septembre  1787  ,  ainsi  que 
dans  le  Voyage  de  la  Pérouse  autour  du  Monde.  J'avois  ap- 
pelé ce  genre  Hépatorylon. 

Le  TiîisTOME  ÉCARLATE  a  été  trouvé  par  Cuvier  sur  les 
branchies  de  plusieurs  poissons  de  la  Méditerranée,  (b.) 

TRISULGES.  Dans  la  méthode  de  Klein,  les  quadru- 
pèdes qui  ont  trois  sabots   aux  pieds  ,  se  nomment  trisulccs. 

(s.) 

TRITICITE.  On  a  donné  ce  nom  au  Cuivre  sulfuré 


T  R  I  493 

spiciFORME  de  Franckemberg ,  parce  que  ses  cristaux  sont 
groupés  de  manière  à  rappeler  la  forme  d'un  épi  de  blé.  Cette 
variélé    porte  aussi  le  nom  vulgaire   d'argent  en  épi. 

On  a  nommé  tiiticites  des  fossiles  qui  paroissent  <itre  de 
véritables  épisde  graminéespétrifiées.  Telle  est  le  moule  du 
triticite  de  la  collection  de  M.  de  Drée,  à  Paris  ,  qui  a  beau- 
coup de  rapport ,  avec  l'épi  d'un  elymus.  11  est  dans  du  cal- 
caire, (ln.) 

TRITICOSPELTUM    et   Zeopyrum.    Noms  donnés    à 
I'Orge    palmé    (^Hordeum  zeocritum  ^  L.  )    par   C.   JBnuhin. 

(LN.) 

TRITICUM.  D^un  mot  latin  qui  signifie  triturer  ,  broyer. 
Les  Latins  donnoient  ce  nom  aux  fromens  cultivés  ,  soit 
parce  qu'il  faut  battre  les  épis  pour  que  le  grain  tonibe  ,  soit 
parce  qu'il  faut  broyer  le  grain  pour  en  obtenir  la  farine.  Le» 
(irecs  nommoient  pyros  les  fromens,  et,  ainsi  que  les  Latins, 
ils  en  distlnguoient nombre  de  variétés  caractérisées,  d'après 
le  pays  où  elles  croissoient,  leur  couleur,  leur  grosseur  ,  leur 
propriété,  le  temps  qu'elles  mettoient  à  mûrir.  Pline  fait  re- 
marquer que  le  froment  d'Italie  est  le  meilleur  de  tous,  et 
que  telle  éloit  encore  l'opinion  des  Grecs  cent  cinquante  ans 
avant  Alexandre-le-Grand  ,  époque  à  laquelle  le  poëte  So- 
phocle fil  paroître  sa  comédie  intitulée,  Triptolème,  où  il  vante 
le  blé  dltalie  pour  sa  blancheur,  et  trouve  celle  contrée 
heureuse  de  posséder  un  froment  aussi  blanc,  etc.  Les  blés 
d'Egypte  et  d'Afrique  passoient  pour  les  plus  productifs ,  et 
c  est  ce  qui  est  encore  de  nos  jours. 

Les  botanistes  ont  conservé  le  nbm  de  iriticum  aux  fromens 
et  au  genre  dont  ils  font  partie.  Ce  genre  renferme  un  assez 
grand  nombre  d'espèces  difficiles  à  caractériser,  et  dont  très- 
peu  fournissent  à  la  nourriture  de  l'homme.  Lagasca  porte  à 
quinze  celles  qu'on  cultive  en  Espagne,  M.  Desvaux  a  ôté  de 
ce  genre  ,  le  chien-dent  (^trliicum  re.pens  ,  L. )  et  les  espèces 
voisines  qui  ne  sont  point  cultivées  ,  et  il  en  a  fait  soa 
genre  elytrigia  qui  est  Vagropyron  de  Paîisot-de-Beauvois.  Ce 
dernier  botaniste  a  établi  aussi  un  genre  brachypodlum  sur  des 
espèces  de  triticimi  qui  ont  de  l'afiinité  avec  les  genres  poa  , 
festuca  #  bromus^  dans  lesquels  quelques  -  uns  ont  élé  même 
placées  parLinnœus,  Persoon  ,  Poiret,  etc. 

Dans  les  vieux  ouvrages  de  botanique ,  on  a  désigné  ,  sous 
Tes  noms  :  i.°  de  ititicum  turcicum  ,  indi'cum ,  pen/vianum  ,  le 
Maïs  ;  2.°  de  triticum  sarracenicnm  ,  le  Sarrasin  ;  3.^  de  tri- 
iicum  nigrum  vaccinum  (Dod,  Trag.)  ,  le  Melampyre  DES 
CHAMPS  ;  4'*'^e  triticum murinum  (Dod.),  Vhordeummurinum, 


494^  TRI 

L.  ;  5.°  de  irliicum  syhestre  (Csesal.),  Vaegilops  ooala,  L.;  6  "  de 
triticum  iemulentum  (Lob.),  Vly^M^  o\x  lolium  Umuhntum, 
L. ,  etc.  (ln.)  ' 

TRITOME  ,  Trifoma.  Nom  donne'  par  Decandolle  à  un 
genre  établi  aux  dépens  des  Aletris  ,  et  qui  a  été  appelé  par 
d'autres  botanistes  \eltheimie.  (b.) 

TRITOME,  Tritoma.  Genre  d'insectes  coléoptères  té- 
tramèrcs,  de  la  famille  des  clavipalpes ,  tribu  des  éro- 
tylènes. 

Geoffroy,  dans  son  Histoire  abrégée  des  insectes  des  en- 
virons de  Paris  ,  avoit  établi  un  genre  d'insectes  coléoptères 
qu'il  appella  tiitome  ,  à  raison  du  nombre  des  articles  des  tar- 
ses. Il  s'étoit  néanmoins  mépris  à  cet  égard ,  puisque  ces  parties 
ont  réellement  quatre  articulations.  FabriciusC^ji/em.  entom.) 
croyant  d'abord  reconnoître  l'insecte  qui  avoit  servi  de  type 
au  naturaliste  français  dans  un  coléoptère  très  -  différent  et 
composant  aussi  un  genre  propre ,  le  distingua  aussi  sous  le 
nom  générique  de  iriiome.  L'insecte  même  de  Geoffroy  lui 
parut  ensuite  constituer  une  coupe  générique  particulière,et 
qu'il  appella  mycétophage.  Pour  rétablir  la  concordance,  il  eût 
fallu  transposer  ces  dénominations,  et  c'est  ce  qui  n'a  pas  été 
fait.  Si  on  réunit  les  Iritomes  de  cet  auteur  avec  ses  inplax  ^ 
ainsi  que  je  l'avois  proposé  ,  et  qu'à  l'exemple  d'Olivier  on  ne 
conserve  que  cette  dernière  dénomination  ,  le  désordre  sera , 
autant  que  possible  ,  réparé. 

Les  tritomes  de  Fabricius  ,  auxquels  j'associe  ,  ainsi  que 
je  viens  de  le  dire  ,  ses  triplax^  ont  quatre  articles  à  tous  les 
tarses,  dont  le  pénultième  bilobé  ;  le  corps  ovalaire  ouovoïde; 
tous  les  palpes  terminés  par  un  article  beaucoup  plus  grand  , 
semilunaire  ou  sécuriforme  ;  les  antennes  courtes  ,  monili- 
formes  inférieurement  et  terminées  par  une  massue  ovoïde  et 
perfoliée  ;  les  mâchoires  armées  intérieurement  d'une  dent 
très-petite  et  entière;  le  corselet  plus  élevé  au  milieu  de  son 
disque ,  et  les  jambes  en  forme  de  triangle  allongé.  Ces  in- 
sectes ont  des  rapports  avec  les  érotyles  ;  mais  ils  en  sont  dis- 
tingués par  quelques-uns  des  caractères  exposés  ci-dessus  ,  et 
particulièrement  à  raison  de  leurs  mâchoires.  Ils  vivent  dan? 
les  bolets  et  les  champignons  des  arbres.  Olivier  en  a  décrit, 
sous  le  nom  générique  de  iriplax  ,  huit  espèces.  No*  n'en  ci- 
terons que  trois. 

I.   Corps  ovale. 

Tritome  RUFIpède,  Tritoma  nifipes  ;  Tripîaxrvfipes^  Fab,, 
Oliv. ,  Cul.  ,  tom.  4. ,  n.o  89  ,  bis,  pi.  1 ,  fig.  \. 
11  est  noir,  avec  la  tête,  le  corselet  et  les  pattes  fauves,  et 


Mit 


Dfj-eife   i/el . 


F?  2ar,£eic    tfcu^  ■ 


7.    <lr,f/;i'/w  Aercn/e  .         O-  ,!)•/ >/<//<'  rrAcfec  ■  /r  Tiv/f/v/r//  i/t'/tr /a/'///e  ■ 

',).    <.>\i>/.>/U'/l'i//\'  /o/i/-t-/l/fi'  fi-  il'/il/'/nYf/t  />i>)i/uffi/l  ■'      MyTi/'/itf  ,/t//;>.iW,r  €vù,i\i\;i: 
<>■  ifiv  yh'/<///i',i-  </r<f,<\i-fo' ■  '  !o . Y't'/(y>/ic/-t'  irr./oro'e         xJ .T/'o</ojvt/i'  //f<ii/r//<{/t/Yffi'. 


TRI  4^5 

des  stries  ponctue'es  sur  les  élytres.  —  On  le  trouve  au  nord 
de  l'Europe. 

•  Tritome  russe  ,  Triloma  russicum;  Triplax  russtca  ^  Oliv. , 
Col. ,  /7i/V/,  planche  i  ^  figure  i.  Il  est  fauve,  avecles  antennes  , 
les  élylres  et  la  poitrine  noires.  Il  est  commun  dans  toute 
l'Europe. 

II.  Corps  presque  liéniisphérique. 

Tritome  BIPUSTULÉ,  Tntoma  bipusiulaium  ,  Fab,  ;  Tritome 
bimaculé,  pi,  P\  i  ,  i/j.  de  cet  ouvrage. 

11  est  noir ,  luisant ,  avec  une  tache  d'un  rouge  vif  à  la  base 
latérale  de  chaque  élylre.  —  On  le  trouve  en  Europe,  (r.,) 

TPxITON.  Dieu  marin  des  anciens  ,  que  les  naturalistes 
croient  reconnoître  dans  quelque  veau  marin  ou  autre  bête 
aquatique.  Les  poètes  et  les  peintres  le  représcntoient  avec 
une  chevelure  et  une  barbe  de  goémon  ou  à(t  fuuis  ,  tenant 
en  main  «me  conque  marine  ,  dans  laquelle  il  souffloit  avec 
force  ,  tandis  qu'il  nageoit  à  l'entour  du  char  d'Amphitrite 
au  moyen  de  sa  queue  de  poisson.  J'ai  regret  que  tout  ceci 
ne  soit  qu'une  fable  ,  et  qu'on  remplace  de  si  belles  des- 
criptions par  celle  d'un  vilain  et  puant  animal  comme  le 
phoque.  V.  les  mots  SiuÈiME  et  Homme  marin,  (virey.) 

TRITON ,  Triton.  Genre  de  Coquilles  établi  parDénys- 
de-Montfort ,  aux  dépens  des  Rochers  de  Linneeus,  Ses  ca- 
ractères sont  :  coquille  libre  ,  univalve  ,  à  spire  très-élevée  , 
ronde;  ouverture  évasée,  allongée,  dentée;  lèvre  exté- 
rieure coupante  ;  base  caniculée  ,  échancrée. 

L'espèce  qui  sert  de  type  à  ce  genre  est  le  Rocher  trom- 
pette ,  vulgairement  conque  de  triton  ,  trompe  marine  ,  figurée 
dans  Gualtieri  ,  tab.  4^,  A.  C'est  une  coquille  qui  atteint 
quelquefois  deux  pieds  de  long,  qui  se  trouve  dans  presque 
toutes  les  mers  intertropicales;  sa  robe  est  jaunepaille  chinée 
attachée  de  brun  de  différentes  nuances,  (b.) 

TRITON  ,  Triton.  Genre  de  vers  placé  parmi  les  mol- 
lusques par  Linnseus,  quoiqu'il  s'en  éloigne  un  peu.  Il  offre 
pour  caractères  ,  selon  ce  naturaliste  :  un  corps  oblong  ,  une 
bouche  à  l'extrémité  d'une  longue  trompe  spirale  ;  douze 
tentacules  sur  deux  rangées  latérales  ,  et  dont  les  postérieures 
portent  des  pinces. 

La  seule  espèce  que  Linnœus  ait  mentionnée  ,  se  trouve 
dans  les  mers  d'Europe  ,  et  se  cache  dans  les  fentes  des  ro- 
chers. Personne  ne  l'a  mentionnée  depuis  lui ,  et  elle  n'a  pas 
été  figurée. 

Le  même  naturaliste  a  indiqué  les  animaux  qui  vivent  dans 


496  T  R   T 

les  Anatifes  et  les  Balanites, comme  appartenant  à  ce  genre 
quoiqu'ils  n'aient  pas  de  pinces. 

Plusieurs  auteurs  avoient  imparfaitement  figuré  les  ani- 
aaïaux  desBALANiTEESet  des  Anatifes.  J'en  ai  le  premierdonné 
une  figure  exacte, pi.  4  de  mon  Histoire  îles  Coquillages  ^  faisant 
suite  au  Buffon  ,  édition  de  Delerville.  Depuis,  Poli,  dans  sou 
ouvrage  sur  les  testacés  des  Deux-Siciles,  a  donné,  pi.  4.  et  6, 
de  nouvelles  figures  de  ces  animaux,  et  a  rédigé  ainsi  le  ca- 
ractère générique  qu'il  faut  leur  attribuer:  corps  ovale  ,  armé 
de  douze  bras,  dont  six  égaux  très-grands,  articulés  et  ciliés, 
et  six  latéraux  plus  courts,  articulés  et  pénicellés,  tous  atta- 
chés deux  par  deux  sur  des  tentacules  épais;  une  trompe  su- 
Lulée  ,  contractile  ,  sortant  de  la  base  des  tentacules  anté- 
rieurs; une  bouche  à  la  base  des  tentacules,  (b.) 

TRITONIE,  Tritonia.  Genre  de  vers  marins  qui  présente 
pour  caractères  :  un  corps  oblong,  rampant,  pointu  posté- 
rieurement, convexe  en  dessus,  aplati  ou  canaliculé  en  des- 
sous ,  ayant  la  bouche  à  une  des  extrémités, et  environnée  de 
quelques  tentacules  ;  branchies  saillantes  ,  disposées  le  long 
du  dos  en  écailles,  ou  en  tubercules,  ou  en  panaches  vas- 
culeux. 

Les  animaux  de  ce  genre  ont  quelques  rapports  de  forme 
et  dé  mœurs  avec  lesDoRis,  dont  ils  faisolent  partie  dans  les 
ouvrages  de  Linnœus.  Comme  eux ,  ils  se  trouvent  dans  les 
fonds  vaseux, attachés  aux  Varecs  et  autres  plantes  marines, 
ctparoissent  rarement  à  la  surface  de  reau;comme  eux,ils  ont 
l'anus  sur  le  dos ,  et  il  en  sort  des  branchies  de  diverses  formes 
pour  la  respiration.  La  plupart  sont  parés  des  plus  brillantes 
couleurs  pendant  leur  vie,et  ont  une  apparence  très-singulière. 
V.  au  mot  DoRis. 

Cuvier ,  à  qui  on  doit  l'établissement  de  ce  genre  ,  en  a 
décrit  et  figuré,  dans  le  sixième  cahier  des  Annales  du  Muséum^ 
une  nouvelle  espèce,  la  Tritonie  humbergienne  ,  qui ,  au 
moyen  des  précieuses  recherches  anatomiques  dont  elle  a  été 
l'objet,  doit  devenir  le  type  du  genre.  En  conséquence,  il 
faut  entrer  dans  quelques  détails  à  son  égard. 

Sa  forme  est  un  parallélipipède  dont  le  côté  supérieur  est 
un  peu  bourrelé  dans  sa  longueur ,  Texlrémité  antérieure 
arrondie,  et  la  postérieure  pointue  ;  les  deux  arêtes  qui  sé- 
parent le  dos  des  Hancs  forment  quatre  ou  cinq  courbes  ou 
festons  ,  dont  la  convexité  est  tournée  en  bas,  et  celles  qui 
séparent  les  flancs  des  pieds  forment  un  bourrelet  ployé  en 
festons  beaucoup  plus  nombreux  ;  le  dos  est  tout  couvert  de 
tubercules  ronds,  inégaux  et  mous;  à  sa  partie  antérieure 
sont  deux  trous,  desquels  sortent  les  tentacules,  ou  plutôt 


TRI  497 

où  ranimai  les  cache  ,  car  ils  ne  peuvent  pas  rentrer  clans  le 
corps  :  ces  tentacules  fornaent  un  panache  composé  de  cinq 
plumes ,  et  portent  les  yeux  à  leur  base  ;  les  branchies  com- 
mencent sur  le  bord  des  trous  et  se  continuent  le  long  des 
arêtes  supérieures  jusqu'à  la  pointe  de  la  queue  ;  les  deux 
flancs  sont  lisses  ,  mais  le  droit  présente  deux  tubercules  per- 
forés ,  dont  le  premier  sert  de  passage  aux  parties  de  la  gé- 
nération ,  et  l'autre  aux  excrémens  ;  la  quatrième  face, ou  le 
pied,  est  ridée  ;  la  bouche,  placée  entre  le  bord  antérieur  du 
pied  et  celui  du  dos  ,  est  couverte  d'une  large  membrane 
mince,  horizontale  ,  en  demi-cercle  ,  dentelée  ,  et  est  formée 
par  une  fente  longitudinale  accompagnée  de  deux  lèvres  ;  il 
y  a  ,  dans  son  intérieur ,  deux  mâchoires  cornées  ,  courbées , 
que  Guvier  compare  aux  ciseaux  qui  servent  à  tondre  les  mou- 
ions.  On  renvoie  ,  pour  le  surplus ,  à  l'intéressant  Mémoire 
de  cet  analomisle. 

On  connoît  encore  six  ou  huit  autres  espèces  de  iritonies  , 
presque  toutes  des  mers  d'Europe  ,  dont  l'une  ,  la  Tritonle 
CLAViGÈRE,  est  figurée  pi.  R.  2  de  ce  Dictionnaire,  (b.) 

TRIÏONIE  ,  Tritonia.  Genre  de  plantes  établi  pour  pla- 
cer une  douzaine  d'espèces  d'IxiES  et  de  Glayeuls  ,  qui  ont 
une  spathe  bivalve  ,  scarieuse  ;  Torifice  de  la  corolle  turbiné  ; 
le  limbe  divisé  en  six  découpures  onguiculées  ;  six  élamines  , 
dont  trois  sont  stériles;  une  capsule  ovale  ou  arrondie,  ren- 
fermant plusieurs  semences  globuleuses. 

Le  genre  Sparaxis  en  diffère  infiniment  peu.  (b.) 
TRITONIUM  de  Muller.  V.  Buccin,  (desm.) 
TRITOS.  Nom  grec  de  la  Mésange  bleue,  (v.) 
TRITRAC.  Nom  vulgaire  donné  au  Traquet  ,  d'après 
son  cri.  (v.) 

T  RIT  RI.  En  Brie  ,  c'est  le  Bruant  proyer.  V.  ce  mot. 

(v.) 

TRITRI.  V.  au  mot  Titiri.  (b.) 

TRI-TRI.  V.  TiRiRi.  (s.) 

TRIUMFETTA,  Genre  de  plantes  consacré  par  Plumier 
à  la  mémoire  de  Triumfetti ,  botaniste  italien  ,  qui  florissoit 
à  la  fin  du  17.^  siècle. Ce  genre  est  assez  nombreux  en  espèces, 
dont  une  est  le  lappula  bermudiensis  de  Plukenet  {A/m. ,  245, 
fig.  7).  Ce  nom  de  lappula  a  été  francisé  en  Lappulier  ,  qui 
est  devenu  le  nom  français  du  genre. 

Le  corchorus  œstuans ,  L. ,  espèce  de  Corrète  ,  y  est  placé 
par  Brovs'ne  (  Jam.  ,  tab.  2$  ,  fig.  i.  ).  (ln.) 

TRIUMPHALITIS.  L'un  des  noms  à^cyclamen  des  an- 
ciens. (LN.) 

TRIURE  ,  Triurus.  Genre  de  poissons  de  la  division  des 

\xxiv.  3a 


4^8  TRI 

Apodes,  établi  par  Lacépède  ,  d'après  Commerson.  Il  offre 
pour  caractères  :  la  nageoire  de  la  queue  très-courte  ;  celles 
du  dos  et  de  l'anus  plus  longues  qu'elle  ;  le  museau  avancé 
en  forme  de  tube  ;  une  seule  dent  à  cliaque  mâchoire. 

Ce  genre  ne  renferme  qu'une  espèce,  le  Triure  bougain- 
VILLE,  qui  a  une  valvule  en  forme  de  croissant,  et  fermant 
à  la  volonté  de  l'animal ,  la  partie  de  l'ouverture  des  bran- 
chies laissée  libre  par  la  membrane  branchiale  qui  est  atta- 
chée à  la  tête  ou  au  corps  dans  presque  tout  son  contour. 

Le  corps  du  triure  est  aplati ,  couvert  d'écaillés  très-petites, 
d'un  brun  rougeâtre  en  dessus  et  d'un  rouge  pâte  en  dessous  î 
s?  tête  est  aplatie  en  dessus,  et  sa  bouche  est  un  trou  rond 
que  l'animal  ne  peut  pas  fermer  ;  ses  narines  sont  très  -  pe- 
tites et  placées  près  des  yeux  ;  sa  membrane  branchiostège 
a  cinq  rayons;  il  n'y  a  pas  de  ligne  latérale  sensible;  ses  na- 
geoires pectorales  sont  petites. 

Ce  que  ce  poisson  présente  de  plus  remarquable  ,  c'est  la 
grandeur  de  ses  nageoires  dorsale  et  anale ,  qui  suppléent  à 
celle  de  la  queue,  si  petite,  qu'on  peut  la  regarder  plutôt 
comme  une  ébauche  que  comme  une  partie  achevée ,  et  le: 
mode  de  fermeture  du  trou  branchial ,  mode  qui  ne  se  voit 
dans  aucune  autre  espèce  ,  cl  qui  lui  étoit  nécessaire  ,  puis-^ 
que ,  ne  pouvant  pas  fermer  sa  bouche ,  il  entre  toujours 
assez  d'eau  dans  sa  cavité  branchiale,  (b.) 

ÏRIXAGO.  Genre  établi  par  lialler,  et  adopté  par 
Moench  ,  pour  placer  le  stachys  arvensis  ,  L. ,  qui ,  selon  ce 
dernier  auteur,  se  distingue  des  autres  espèces  du  même 
genre  par  :  son  calice  en  cloche,  à  cinq  découpures  lancéo- 
lées, égales  et  étalées  ;  sa  corolle  caduque,  renversée,  à  tube 
court,  à  lèvre  supérieure  arrondie,  entière,  droite,  plus 
courte  que  le  calice  ,  à  lèvre  inférieure  tripartite  ,  de  la  lon- 
gueur du  calice,  et  dont  le  lobe  du  milieu  est  entier.  Ce  genre 
n'a  pas  été  adopté. 

Ce  nom  est  ancien  en  botanique:  Pline  ,  en  traitant  du 
chamœdrys,  fait  observer  que  cette  plante  est  le  trissago  des 
Latins,  et  le  chamœdropSy  chamœdrys  et  teucrium  des  Grecs.  Ga- 
za, interprète  de  Théophraste  ,  change  le  nom  de  chamœdrys^ 
donné  par  Théophraste  à  la  même  plante,  en  celui  de  tris^ 
sagOy  changé  lui-même  bientôt  en  irixago.  Le  chamœdrys  ou 
trissago  paroît  avoir  été  notre  germandrée  chenette  ou  petit- 
chêne  {teucrium  chamœdiys  ,  L.  ),  dont  les  feuilles  ,  forte- 
ment dentées,  ont  pu  donner  l'idée  d'inventer  la  scie,  conmic 
le  rapporte  Pline.  Ce  même  caractère  s'observe  dans  le  teu- 
crium scurdium  qui  est  le  trixago  palustris  ,  Lob. ,  et  dans  le 
rhinanthus  irixago  ,  L.  ,  qui  est  le  irixago  apula  de  Columna  , 


TRI  4g3 

fet  dans  le  siachys  aroensis ,  L.  ;  mais  il  n'existe  pas  dans  lé 
teucrium  boirys^  donné  par  Lonicerus  pour  le  vrai  irixago  des 
anciens,  (ln.) 

TRIXAGUE ,  Trixagus.  V.  Throsquè.  (l.) 

TRIXALIS.  L'un  des  anciens  noms  grecs  de  la  Verveine. 

(ln.) 

TRIXIDE,  Proserpinaca,  Plante  à  racines  rahipantes  j  à 
tiges  cylindriques,  hautes  de  sept  à  huit  pouces;  à  feuilles  al- 
ternes ,  lancéolées,  très  -  profondément  dentées,  où  même 
pinnatifides,  et  à  fleurs  petites,  axillaires  et  solitaires  ,  nui 
forme  un  genre  dans  la  triandrie  trigynie. 
■  Ce  genre,  appelé  Trixis  par  Mitchel  et  autres,  a  pour 
caractères  :  un  calice  divisé  en  trois  parties  ;  point  de  corolle; 
trois  élamines;  un  ovaire  inférieur,  trigone  ,  surmonté  de 
trois  styles;  une  noix  trigone  et  triloculaire ,  contenant  une 
seule  semence  dans  chaque  loge. 

La  trixide  se  trouve  dans  les  marais  des  parties  méridio- 
nales de  l'Amérique  septentrionale.  J'en  ai  observé  d'im- 
menses quantités  en  Caroline,  et  j'en  ai  apporté  des  graines 
<5ui  ont  réussi  chez  Cels.  Ses  feuilles,  lorsqu'elles  viennent 
dans  l'eau  ,  sont  pinnatifides  ,  et  lorsqu'elles  se  développent 
à  l'air,  sont  simplement  dentées.  Elle  est  vivace.  (b.) 

TRIXIS ,  Trixis.  Genre  établi  par  Lagasca  pour  placer 
les  Perdicions  radial  et  uni.  Il  se  rapproche  infiniment 
de  celui  appelé  Holocheile  par  H.  Cassini,  Ses  caractères 
sont  :  un  calice  commun  cylindrique  ,  composé  de  cinq  à 
huit  folioles  ,  quelquefois  avec  deux  ou  quatre  bractées  sem- 
blables; une  corolle  bilabiée  ,  à  lèvre  inférieure  bifide  ;  uii 
réceptacle  velu  ;  une  aigrette  sessile  ,  plumeuse,  un  peu  roide^ 

Le  genre  trixis  de  Schreber  ne  diffère  pas  du  Baillère.  V. 
aussi  Trixide.  (b.) 

TRIXIS.  Ce  nom  est  un  de  ceux  que  les  auteurs  grecs 
donnent  au  ricin.  H  a  été  appliqué,  dans  ces  temps  modernes, 
à  des  plantes  très-différentes.  Le  trixis  de  Gœrtner  et  de  Mit- 
chel est  le  proserpinaca  ,  L.  ;  le  trixis  de  Browne  (  Jam. ,  t.  53 
^g.  1  )  est  une  espèce  de  perdicium .,  L.  ;  enfin  ,  le  trixis  de 
Svvartz  et  de  AVilldenovv  est  le  même  genre  <jue  le  bailUerîa 
d'Aublet. 

Quelques  botanistes  pensent  qu'il  faut  rétablir,  et  réta- 
blissent en  effet  le  genre  trixis  de  Browne,  parce  que  l'espèce 
qu'il  décrit,  et  que  Linnœus  avoit  d'abord  placée  parmi  les 
inula  {imila  trixis)  en  a  tout-à-fait  le  port,  ainsi  que  le  per- 
dicium brasiliense.  Ce  genre  demandait,  selon  Linnôeus,  à  être' 
étudié  de  nouveau.  Lagasca  ayant  eu  occasion  de  remplir  le 
▼œu  de  Linnseus,  a  rétabli  le  premier  ce  genre  depuis  adopté 


5oo  T  R  O 

par  Decan(lolle,elc.  Cegenre  ctleirixis  de  Swariz doivent  ce 
non» ,  qui  signifie  //o/^,  en  grec,  à  leurs  lîeurons  qui  sont  tri- 
dentés.  Il  convenoit  beaucoup  mieux  au  proserpinaca  ^  dont  le 
nombre  trois  se  retrouve  dans  toutes  les  parties  de  la  fleur. 
Voyez  Trixide  et  Trixis.  (ln.) 
TROCîlE.  Nom  latin  francisé  des  Toupies,  (b.) 
TROC  H  ÈRE  ,  Trodiera.  Nom  donné  par  Richard  à  un 
genre  de  plantesappelé  depuis  Ehrharte.  {h.) 

TROCÎIEREAU.  On  a  ainsi  nommé  le  Pin  des  marais, 
Finus  palusfiis.    (desm). 

TROCHETIE,  Tmchelia.  Animal  fort  ressemblant  à 
une  sangsue,  mais  qui  vit  hors  de  l'eau  ,  dans  les  lieux  cons- 
tamment humides,  comme  les  grottes  ,  les  canaux,  où  il  se 
nourrit  de  vers  de  terre,  qu'il  avale  entiers.  Il  meurt  lors- 
qu'il reste  plusieurs  jours  dans  Teau.  Ce  qui  le  distingue  prin- 
cipalement des  sangsues,  est  l'absence  des  trois  dents  de 
la  bouche  ,  et  la  présence  d'un  renflement  au  tiers  antérieur 
du  corps. 

C'est  dans  la  livraison  d'août  1817  ,  du  Bulletin  des 
Sciences,  qu'il  a  d'abord  été  décrit,  d'après  M.  Dutrochet, 
qui  l'a  découvert  dans  l'ouest  de  la  France.  Quelques  dé- 
tails anatomiques  sont  joints  à  sa  description,  (b.) 
TROCHIARIUS.  Voy.  Trochier.  (desm.) 
TROCHIER.  Animal  des  Toupies.  Il  a  un  opercule^ 
deux  tentacules  munis  d'un  œil  à  leur  base  interne  ;  un  dis- 
que ventral  frangé,  (b.) 

TROCHILITES^  Ce  sont  des  coquilles  pétrifiées,  du 
genre  des.TROCHUS  ou  Toupies.  Il  y  en  a  plusieurs  espèces 
intéressantes  dans  les  bancs  coquillers  sablonneux  de  Gri- 
gnon.  (en.) 

TROCHILOS.  Nom  grec  du  Troglodyte,  que  des  au- 
teurs ont  donné  au  pouillot  ^  et  qu'on  a  encore  transporté , 
comme  générique  ,  &\xx  colibris  ci  oiseaux  mouches,  (v.) 

TROCHILUS.  Ce  nom  latin  désigne  divers  oiseaux,  chez 
les  ornithologistes;  à  présent,  son  acception  est  restreinte 
aux  Colibris.  Voy.  ce  mot.  (s.) 

TROCHITES.  Les  naturalistes  ont  donné  ce  nom  aux 
pétrifications  des  genres  Trochus  ou  Toupies,  et  Encrinj;. 
Lorsqu'elles  appartiennent  au  premier  genre  ,  on  les  nom- 
me encore  Trochilites  :  ce  sont  dels  coquilles.  Quand 
elles  sont  du  second  genre,  on  les  a  désignées  aussi  par  En- 
TROQUES  :  ce  sont  des  débris  de  zoophytes  radiaires.  V,  Tou- 
çiE ,  Entroque  et  Ekcrine.  (ln.) 


T  R  O  Soi 

TROCHOCARPE,  Trochocarpa.  Genre  de  plantes 
établi  par  R.  RrouTi ,  pour  placer  la  Styphelie  a  feuilles 
PiTSNATiFfDES  {roronopifolia)  ,  qui  est  la  même  plante  que  la 
Cyathodère  feuilles  de  laurier.  Ses  caractères  sont  :  ca- 
lice à  deux  bracte'es  ;  corolle  infundlbuliforme  à  limbe  ou- 
vert, barbu;  drupe  bacciforme  à  dix  lobes  et  à  dix  loges  mo- 
nospermes, (b.) 

TROCHOIDES.  Famille  de  mollusques  gastéropodes 
peclinibranches  à  coquille  spirale  ,  dont  l'ouverture  est  en- 
tière sans  écbancjiire  ni  canal,  et  garnie  d'un  opercule, 
Elle  contient  les  genres  SaBùt,  Toupie,  Nérite,  Natice, 
de  Linnseus  ,  et  tous  ceux  qui  ont  clé  formés  à  leurs  dé- 
pens ,  ainsi  que  le  genre  Conchylie  de  M.  Cuvier ,  ren- 
fermant ceux  qui  ont  été  appelés  ,  /Vmpullaire  ,  Méla- 
NiE  ,  Phasianelle  ,  Janthine.  (desmO 

ÏROCHUS.  Nom  latin  des  coquilles  du  genre  Toupie, 
(desm.) 

TROÈNE  ,  Li'gusfmm,  Linn.  (Diandrie monogym'e).  Joli  ar- 
brisseau qui  constitue  un  genre  delà  familledesjasminées,dans 
lequel  les  feuilles  sont  simples  et  les  fleurs  disposées  en  pa- 
nicule  au  sommet  des  tiges  et  des  rameaux.  Le  calice  de 
cbaque  fleur  est  à  cinq  dents  et  très -petit.  La  corolle  est 
monopélale  et  en  entonnoir;  elle  a  un  tube  court  et  plus 
long  que  le  calice,  et  un  limbe  découpé  régulièrement  en 
quatre  segmens  ovales  et  ouverts  ;  elle  renferme  deux  éta- 
mines  opposées  et  un  style  mince  terminé  par  un  stigmate 
divisé  en  deux  parties.  L'ovaire  est  supérieur  et  arrondi;  il 
se  change  ,  après  sa  fécondation  ,  en  une  baie  sphérique  et 
unie  ,  qui  contient  ordinairement  quatre  semences  oblon- 
gues ,  plates  d'un  côté  et  convexes  de  l'autre.  Dans  ce  genre  , 
composé  d'une  demi-douzaine  d'espèces  ,  on  distingue  : 

Le  TroÈîîE  commun  ,  Ligustrum  yulgare^  Linn.  ,  qui  croît 
naturellement  en  Europe.  On  le  trouve  dans  les  haies  et 
dans  les  bois.  Il  s'élève  jusqu'à  dix  à  douze  pieds.  Sa  racine 
est  étendue  obliquement  de  côté  et  d'autre.  Sa  tige  a  une 
écorce  cendrée  et  blanchâtre;  elle  pousse  dés  branches  laté- 
rales nombreuses,  flexibles,  menues  et  droites,  qui  sont 
garnies  de  feuilles  lancéolées  ,  très-entières,  lisses  ,  et  por- 
tées sur  de  courts  pétioles.  Les  fleurs  sont  blanches,  et  nais- 
sent en  petites  grappes  à  Textrémité  des  rameaux,  qui  sont 
opposés  ,  ainsi  que  les  feuilles.  A  ces  fleurs  succèdent  des 
baies  molles,  noires,  sphériques  ,  de  la  grosseur  du  genièvre, 
et  très-amères.  Les  grioes  et  les  merles  s'en  nourrissent  en  ao- 
tomne  et  pendant  une  partie  de  l'hiver. 


5o2  T  R  O 

Le  troène  garnie  communément  ses  feuilles  jnsqu'à  la  fin 
de  décembre  :  alors  elles  changent  de  couleur  et  tombent. 
Cet  arbrisseau  n'est  pas  délicat  ;  il  vient  partout ,  supporte 
le  grand  froid ,  et  conserve  même  quelquefois  sa  verdure 
dans  les  hivers  doux.  Ses  tiges,  droites  et  pliantes,  le  rendent 
propre  à  prendre  toute  sorte  de  formes  ;  on  en  fait  des  haies  , 
des  palissades  dans  les  jardins,  des  massifs  pour  retenir  les 
terres  en  pente.  Il  se  tond  bien  ,  et  refleurit  après.  On  peut 
le  multiplier,  en  marcottant,  en  automne  ,  ses  tendres  reje- 
tons. Il  réussit  aussi  par  boutures  plantées,  dans  la  même 
«sisnn ,  à  l'ombre  et  dans  un  sol  gras.  11  offre  des  variétés 
à  fruit  blanc  ^  à  feuilles  ternées,  à  feuilles  panachées  àe  jaune  ou 
de  Mann.  Ces  dernières  demandent  un  sol  stérile.  Dans  une 
Jerre  riche,  les  feuilles  reprennent  une  teinte  uniforme.  On 
les  greffe  en  écusson  sur  l'espèce  unie. 

Les  vaches  et  les  moutons  mangent  les  feuilles  de  troène 
<|ue  les  chevaux  négligent.  Ses  rameaux  les  plus  souples  ser- 
vent à  faire  des  liens  et  des  ouvrages  de  vannerie.  Son  bois 
n'est  point  attaqué  par  les  insectes  ;  il  est  blanc  ,  tendre  et 
pliant;  on  s'en  sert  utilement  pour  des  perches  ou  échalas  de 
vigneron  l'emploie  aussi  pour  faire  de  la  poudre  à  canon.  Le 
bois  de  la  base  du  tronc  ,  qui  est  assez  dur ,  est  recherché  par 
les  tourneurs.  On  retire  des  baies  de  cet  arbrisseau  une  cou- 
leur bleuâtre  qui  sert  aux  arts.  Leur  suc,  mêlé  au  vin  blanc  , 
le  colore  en  rouge. 

Le  Troène  d'Italie  ,  Ligustrum  vulgire  ilalicum ,  Linn. , 
est  regardé  avec  raison,  par  Miller  ,  comme  une  espèce  dis- 
tincte de  la  précédente.  Sa  tige  est  plus  forle,  et  s'élève  à 
dix-huit  pieds;  ses  branches  sont  moins  souples  et  plus 
droites;  son  écorce  est  d'une  coulent  plus  claire;  ses  fleurs  sont 
un  peu  plus  grosses,  et  ses  feuilles  plus  grandes  et  toujours 
vertes  :  elles  ne  tombent  qu'au  printemps  pour  faire  place 
à  de  nouvelles  feuilles  .  Cet  arbrisseau  se  multiplie  de  la 
même  manière  que  le  troène  commun  ;  il  résiste  ,  comme  ce 
dernier,  aux  plus  grands  froids ,  et  il  peut  être  placé  dans  les 
mêmes  lieux. 

Il  y  a  encore  le  Troène  du  Japon,  Ligustrum  latifoUum  , 
et  le  Troène  a  feuilles  luisantes,  L.  ,  qui  diffèrent 
des  deux  derniers  ,   principalement  par  leur  feuillage,   (d.) 

TROÈNE    D'EGYPTE.   C  st  le  Henné    ^  fleurs 

planches  ,  Laivsonia  inermis.  (deSM.) 
TROGETES.  V.  Thya.  (ln.) 
lîiQGLl^TA..  D'anciens  auteurs  ont  nomme   ainsi  le 


T  R  O  So3 

martinet  noir  ^  parce  qu'il  niche  dans  les  trous  de  muraille. 
V.  Martinet,  (s.) 

TKOGLiTRS.  Nom  grec  du  moineau  franc,  (s.) 

TROGLODITi^E  AD  FINIS  de  Mœhring.  C'est  le 
colifiri  bleu.  Voyez  au  mot  Colibri,  (s). 

TROGLODYTE.  Troglodytes.  M.  Geoffroy  a  nommé 
ainsi  un  genre  de  singes  qui  comprend  seulement  V  Orang  d'A- 
frique, caractérisé  par  ses  crêtes  surcilières  ,  par  ses  bras 
non  disproportionnes,  comme  ceuxdesOrangsde  lTnde,etc. 
M.  Léach  remarque  de  plus  que  chez  lui,  comme  dans 
Thomme  ,  l'os  intermaxillaire  n'est  pas  distinct ,  et  que  la 
phalange  du  pouce  du  pied  de  derrière  porte  un  ongle. (desm.) 

TROGLCiDYTES.  Les  anciens  historiens  grecs  ont  parlé 
les  premiers  d'une  nation  particulière  de  l'Abvssinie,  ou  de 
la  région  de  Habesch  ,  et  en  ont  raconté  diverses  fables. 
Hérodote,  ce  vieux  père  de  l'histoire,  qu'on  a  traité  de  ra- 
doteur ,  rapporte  dans  son  quatrième  livre  ,  intitulé  Melpo- 
mène  ^  que  les  Troglodytes  sont  des  Ethiopiens,  voisins  des 
Garamantes  ,  et  qu'on  n'avoit  point  visités  de  son  temps. 
On  raconte  que  c'étoient  des  hommes  d'une  légèreté  et  d'une 
vitesse  surprenantes  à  la  course  ;  ils  se  nourrissoient  de  ser- 
pons  ,  de  lézards  ,  et  d'autres  reptiles  de  ce  genre  ;  ils  n'a- 
voient  aucun  langage  pour  communiquer  entre  eux  ,  mais  ils 
rendoient  des  cris  ou  des  sifflcmens  analogues  à  ceux  des 
chative-souris.  Aristote  rapporte  à  peu  près  les  mêmes 
choses  dans  le  huitième  livre  de  V Histoire  des  Animaux.,  chap. 
12.  Il  ajoute,  avec  Hérodote,  que  ces  peuples  redoutent 
extrêmement  le  soleil,  à  cause  de  la  violente  ardeur  de  ses 
rayons,  en  sorte  qu'ils  le  maudissent,  parce  qu'il  brûle  toute 
leur  contrée  ,  et  ne  peuvent  sortir  que  de  nuit.  Pline  le  na- 
turaliste, aussi  amateur  de  fables  que  les  Grecs,  parle  beau- 
coup des  Troglodytes.  Il  nous  dit  qu'ils  tuoientdes  éléphans, 
et  se  nourrissoient  de  leur  chair.  Ils  avoient  l'adresse  de 
eoijper  les  jarrets  à  ces  animaux  ,  à  peu  près  comme  Bruce 
décrit  la  manière  dont  les  maures  Agagéers  s'y  prennent 
pour  les  couper  aux  Rehnocéros  (  F.  ce  mot.  ).  Mais  les 
Troglodytes  ne  se  servoient  pas  de  chevaux  pour  atteindre 
ces  animaux;  ils  se  fîoient  à  leur  vitesse,  qui  éloit  plus  ra- 
pide. Pour  se  mettre  à  l'abri  de  la  chaleur,  ils  se  creusoienl 
des  cavernes.  Ces  peuples  si  sauvages  avoient  pour  les  tortues 
un  respect  tout  particulier,  car  ils  les  adoroient,  de  même 
que  les  peuplades  nègres  adorent  encore  à  présent  des  ser- 
pens  fétiches  ;  mais  ils  étoient  de  très  habiles  chasseurs  : 
aussi  les  anciens  historiens  les  surnommoicnt  Oepo^oi;»,  ou 
destructeurs  de  bêtes  sawages.  Ils  n'avoient  ,  d'ailleurs,  point 


ar- 
et 
cou- 


So^  T  R  O 

d'autre  eau  pour  leur  usage  que  celle  des  pluîes  ,  qu'ils  re- 
cueilloient  soigneusement.  Au  reste,  la  plupart  étoient  vo- 
leurs et  commeltoient  différens  brigandages  sur  les  voya- 
geurs. Ludolf,  dans  ses  Comment.  Mthiopîc. ,  p.  78,  et  Tyson 
dans  la  deuxième  partie  de  son  Anatomyofa  pigmy,  disserleiit 
beaucoup  sur  les  Troglodytes;  ce  dernier  auteur  pense  que 
c  eloient  plutôt  des  singes  que  des  hommes.  Mais  en  éc, 
tant  le  merveilleux,  on  sait  que  les  Abyssins,  les  Maures 
Jes  Jiedouins  ,  qui  vivent  en  hordes  dans  les  diverses  ce. 
trees  d  i^ihiopie  et  des  environs  de  la  mer  Rouge,  ont  quel- 
ques caractères  analogues  à  ceux  que  les  anciens  attribuoicnt 
a  leurs  Iroglodytes.  On  connoît  le  bel  épisode  de  V  Esprit  (1rs 
lois,  dans  lequel  Montesquieu  dépeint  les  Troglodytes 
comme  les  plus  justes  et  les  plus  compatissans  des  humains: 
peinture  touchante  ,  mais  qui  ne  retrace,  malheureufement, 
que  des  vertus  imaginaires. 

Au  reste  ,  la  Troglodytie,  qui  est  aujourd'hui  l'Abyssinie, 
ou  la  région  de  Habesch,ri'a  pas  des  habitans  différens  des 
contrées  voisines.  Les  Abyssins  ne  sont  pas  d'une  taille  aussi 
petite  que  celle  attribuée  aux  anciens  Troglodytes  ;  mais  leur 
stature  et  leur  forme  sont  ordinaires, au  rapport  des  voyageurs 
yV.  Bruce  ,  Foy.,  tome3  ;  Brovvne,  Voyage  au  Darfour,  tome 
I  ,  etc.  ),  et  ils  vivent  aussi  long-temps  que  les  autres  hom- 
mes ;  tandis  que  les  Troglodytes  étoient  déjà  décrépits  à 
vingt-cinq  ans ,  dit-on. 

Le  grand  Linnœus,  trompé  par  de  fausses  relations, avoit 
cru  devoir  ranger  sous  une  autre  espèce  d'hommes  que  la 
notre,  des  êtres  reconnus  aujourd'hui  pour  appartenir  à  la 
famille  des  orangs-outangs.  Il  avoit  nommé  homo  troglodytes, 
noctunius,  V homme  des  Lois  ou  V orang-outang  clumpanzée  ,  et  il 
J'avoit  confondu  avec  les  nègres  lianes  ,  les  chacrelas  ou  kaker- 
laks  (  V.  Orakg-OUTAng.  ).  Selon  cet  illustre  naturaliste  , 
1  homme  nocturne  se  trouve  dans  les  cavernes  des  îles  de  Java  , 
d'Atnboine,  à  Ternate,  vers  la  montagne  Ophir  de  la  pres- 
qu'île de  Malacca.  Il  a  le  corps  blanc,  marche  droit,  sa  taille 
est  moindre  que  la  nôtre;  ses  cheveux  sont  blancs  et  fort  en- 
tremêlés, et  ses  yeux  arrondis  ont  un  iris  et  une  pupille  de 
couleur  rouge  doré,  avec  une  membrane  clignotante  et  des 
paupières  à  demi  fermées,  pour  garantir  sa  vue  délicate  de 
Ja  vivacité  d'une  lumière  qui  l'éblouit.  Il  regarde,  selon  Lin- 
nœus,  en  louchant,  et  ne  sort  que  de  nuit,  parce  que  l'éclaè 
du  jour  l'aveugle.  Lorsque  cet  être  se  tient  droit, ses  doigts  des 
mains  atteignent  à  ses  genoux  ;  au  reste  ,  il  ne  vit  pas  plus 
de  vingt-cinq  ans.  Pendant  la  nuit,  il  voit  assez  clair,  cher- 
che sa  vie,  etnese  nourrit  que  de  ce  qu'il  peut  dérober.  Une 


T    R   0  5o5 

parle  pas,  mais  il  s'exprime  par  une  espèce  de  sifflemenl; 
il  pense  ,  il  raisonne  ;  il  croit  que  la  terre  a  été  créée  pour 
son  espèce,  et  qu'il  y  régnera  une  seconde  fois,  par  la  suite 
des  temps.  Linnaius  dit  n'avoir  trouvé  aucun  caractère  qui 
traçât  unedifférence  entre  le  genre  de  l'homme  et  l'espèce  de 
son  Troglodyte,  et  rien  qui  pût  le  faire  placer  dans  la  famille 
des  singes.  Il  ajoute  cependant  qu'il  ne  croit  point  que  celte 
créature  soit  de  notre  sang  et  de  notre  espèce.  Il  rapporte 
encore  à  la  même  race  les  hommes  à  queue  dont  parlent  divers 
voyageurs  et  des  anciens  naturalistes.  11  est  évident  que  Lin- 
Tixus  avoit  confondu  V orang-outang  ,  mal  connu,  avec  les 
nègres  blancs.,  les  albinos,  \ts  dondos .,  qui,  à  l'époque  où  il 
écrivoit ,  éloient  mal  décrits.  V.  les  mots  Singe  ,  Orakg-OU- 
TANG,et  mon  Histoire  naturelle  du. Genre  humain,  t.  i  ,  p.  178. 

(VIREY.) 

TROGLODYTES,  Tro^/o</jfe5,  Gesner;  il/o^ac/V/^,  Linn.; 
Syhia,  Laih.  Genre  de  Tordre  des  Oiseaux  sYLVAI^^s  et  de 
la  famille  des  Chanteurs.  V.  ces  mois.  Caractères  :  Bec  fin  , 
entier  ,  subulé,  pointu  ,  droit  ou  un  peu  courbé  ;  mandibu- 
les égales  ;  narines  ovales,  couvertes  d'une  membrane  ;  lan- 
gue cartilagineuse  ,  divisée  à  sa  pointe  ;  quatre  doigts  ,  trois 
devant,  un  derrière;  les  extérieurs  réunis  à  leur  base,  le  pos- 
térieur et  l'interne  égaux;  ailes  courtes,  concaves,  arrondies, 
à  penne  bâtarde  moyenne  ;  les  troisième  et  quatrième  ré- 
miges les  plus  longues  de  toutes;  queue  susceptible  de  rester 
relevée.  Ce  genre  se  divise  en  deux  sections,  d'après  la  forme 
du  bec  ;  la -première  contient  les  espèces  à  bec  droit;  tels 
sont  le  Troglodyte  proprement  dit  et  celui  d'HiVER  ; 
l'autre,  les  Troglodytes  aédoîs(  ,  fauve  ,  basacaraguay 
et  arada. 

Les  oiseaux  de  cette  potite  division  ,  que  le  vulgaire  et 
quelques  naturalistes  confondent  avec  les  roitelets,  sous  la 
même  dénomination,  en  diffèrent  non-seulement  par  leurs 
îjabitudes  et  leur  naturel  ,  mais  encore  par  le  port  de  leur 
queue,  leur  corps  ramassé  et  par  tout  leur  ensemble.  L'élo- 
quent historien  de  la  nature  leur  a  rendu,  avec  raison, le  nom 
de  troglodyte,  que  les  anciens  avoient  donné  à  celui  d'Europe, 
et  qui  convient  aussi  aux  espèces  de  l'Amérique  septentrio- 
nale, puisqu'ils  ont  le  môme  genre  de  vie. Ce  nom  peint  leur 
goûlpourlespetites  cavernes,les  trous  de  murailles  et  généra- 
lementles endroits  obscurs  ;  tandis  que  les  roitcletsTie  se  plai- 
sent que  dans  les  lieux  découverts,  et  se  tiennent  de  préfé- 
rence à  la  cime  des  arbres.  Ainsi  que  ceux-ci, les  troglodytes  ne 
vivent  que  d'insectes  ,  mais  ils  leur  donnent  la  chasse  d'une 
iJutre  manière  et  dans  d'autres  lieux;  ils  les  chercher!!  d^ms  I15 


SoG  T  R  O 

piles  de  bols  ,  les  Ins  de  branchages  moris  ,  saus  ïes  toî(s  ,  aa 
pied  des  haies  et  des  buissons,  qu'ils  parcourent  gaînienl  en 
sautillant  sans  cesse  et  faisant  entendre  leur  joli  ramage.  Les 
wns  cachent  leur  nid  dans  un  trou  d'arbre  ,  ou  de  muraille  , 
sous  le  revers  d'un  fossé  ,  sous  une  racine  ;  les  autres  ratta- 
chent à  la  paille  qui  couvre  les  loils  rusiiques  ,  et  lui  donnent 
nne  forme  oblongue  ,  close  de;  tous  côtés  ,  et  en  pratiquent 
l'enirée  sur  le  côté.  La  ponte  esl  ordinairement  de  six  à  huit 
œufs  ,  chez  les  espèces  qui  habitent  les  zones  tempérées  ;  et 
elles  en  f(»nl  deux  par  an. 

•  Le  Troglodyte  akdon,  Troglodyte  nedon  ,  Vieiil.  ;  pi.  107 
de  V Histoire  (les  Oiseaux  de  V Amérique  snpteniriomde.  Ce  troglo- 
dyte semble,  comme  celui  d'Europe  ,  ne  se  plaire  que  près  la 
demeure  de  l'homme  :  il  sufÇl  de  lui  procurer  les  commodités 
qu'exige  la  position  de  son  nid  ,  pour  être  sûr  de  l'attirer 
dans  im  jardin  et  de  l'y  faire  venir  nicher  tous  les  ans  ,  si  l'on 
ïîe  détruit  pas  sa  couvée  :  ilmériie,  à  tous  égards,  la  protection 
que  les  Américains  lui  accordent ,  car  il  n'est  aucunement 
nuisible,  puisqu'il  ne  vit  que  de  larves ,  de  chrysalides,  de  pe- 
tits insectes  ,  et  que  c'est  le  seul  oiseau  chanteur  qui  se  fixe 
dans  les  villes.  Son  ramage  est  aussi  fort  ,  aussi  sonore  que 
celui  de  noire  pinson  (fringil/a  r.œlchs  )  ,  np.ais  plus  moelleux  , 
plus  élendu  et  plus  varié  ;  d'où  lui  esl  venu  le  nom  de  rossignol^ 
sous  lequel  il  est  connu  dans  le  nord  de  l'Amérique.  Les 
Américains,  qui  n'ont  pas  cet  oiseau  près  de  leur  desneure  et 
qui  désirent  i'y  fixer,  attachent  un.;  calebasse  contre  leur  mai- 
son ou  au  bout  d'une  perche  ,  qu'ils  placent  au  milieu  de  leur 
jardin  ;  d'autres ,  pour  le  même  motif,  lui  construisent  au 
printemps  une  petite  maisonnette (//V//e  hou::r),  qu'ils  attachent 
de  même  au  bout  d'une  perche  :  ce  réduit  reste  rarement  va- 
cant ;  car  les  jeunes  couples,  étant  forcés  de-  chercher  ,  à  leur 
retour  du  sud,  un  canton  qui  les  isole  de  leurs  seinblaîiles, 
s'en  emparent  aussitôt  :  à  défaut  de  ces  retraites  artificielles, 
ils  font  leur  nid  dans  le  creux  d'un  arbre  ;  enfin  ,  tout  ce  qui 
est  clos  ou  obscur  leur  convient.  Des  filamens  de  racine,  delà 
bourre  ,  de  la  mousse  ,  des  herbes  fines  ,  soot  les  matériaux 
que  celte  espèce  emploie  sans  art,  et  qu'elle  entasse  sans 
ordre  ,  ainsi  que  la  plupart  des  oiseaux  qui  nichent  dans  de.? 
trous.  Sa  première  ponte  est  ordinairement  de  six  à  huit 
œufs,  blancs  ou  couleur  de  chair  ,  tachetés  d'un  rouge  pour- 
pré :  la  seconde  est  moins  nombreuse.  Elle  en  fait  une  à 
son  arrivée  ,   au  mois  de  mai ,  et  l'autre  en  juillet. 

Cet  oiseau  a  quatre  pouces  de  longueur  totale  ;  le  bec  brun 
en  dessus  ,  d'une  nuance  plus  claire  en  dessous  ,  lopg  de  sept 
lignes  et  nn  peu  fléchi  en  arc  vers  son  exlrémilç  ;  le  dessus  d« 


T  R  O  S07 

la  lêle,  du  cou  et  du  corps,  d'un  brun  obscur,  rayé  Iransver- 
salement  de  noir  ;  les  plumes  du  bas  du  dos,  tachetées  de 
blanc  dans  le  milieu,  mais  dont  on  n'aperçoit  les  taches 
qu'en  les  soulevant  ;  les  couvertures  supérieures  et  les  pen- 
nes des  ailes,  traversées  de  gris  et  de  noir  sur  un  fond  brun  ; 
les  pennes  caudales  et  leurs  couvertures  supérieures,  coupées 
en  travers  de  petites  zones  noires  et  grises;  la  queue  un  peu 
allongée  et  cunéiforme  ;  la  gorge  et  le  milieu  du  ventre  gris  ; 
le  reste  du  dessous  du  corps  de  la  même  teinte,  avec  des  lignes 
transversales  d'un  brun  noirâtre  ;  les  plumes  du  dessous  de 
la  queue  d'un 'gris  blanc  rayé  irrégulièrement  de  noir;  celles 
du  dessous  des  ailes  rousses  ;  les  pieds  de  couleur  de  corne 
jaunâtre.  La  femelle  ne  diffère  du  mâle  qu'en  ce  que  ses 
couleurs  sont  plus  ternes  :  les  jeunes  lui  ressemblent. 

Cette  espèce  est  répandue  dans  toute  l'Amérique  septen- 
trionale ,  depu'îs  le  Canada  jusqu'à  la  Louisiane  :  c'est  d'elle 
dont  parle  le  père  Charlevoix ,  sous  le  nom  de  roilelet  du  Ca- 
nada., que  l'on  appelle  rossignol.,  et  dont  il  est  question  dans 
la  Gaspédie  du  père  Leclerc  ;  et  enfin  l'oiseau  du  médecin 
de  Québec  qui  a  jugé ,  à  sa  forme  ,  que  notre  rossignol  se 
Irouvoit  au  Canada  comme  en  France  ,  dans  la  saison. 

Ce  troglodyte  ne  me  paroît  pas  conliné  dans  le  nord  du 
nouveau  continent,  car  je  crois  le  rcconnoître  dans  le  tro- 
glodyle  faiii>e  de  Surinam  (  moiarilla  fiiloa)  ,  dont  parle  For- 
min  dans  la  description  de  ce  pays,  où  il  porte  aussi  le  nom 
de  notre  coryphée  des  bois.  De  plus,  M.  Desmaresl  m'a  con- 
fié un  individu  ,  apporté  du  Brésil ,  qui  est  presque  pareil  au 
précédent,  et  qui,  par  conséquent,  appartient  aussi  à  la 
même  espèce  ;  mais  ,  dans  ces  contrées  ,  le  plumage  a  subi 
quelques  foibles  changemens ,  attendu  que  les  couvertures 
supérieures  des  ailes,  leurs  pennes  et  celles  de  la  queue, 
sont  les  seules  parties  qui  aient  des  raies  transversales  ;  les 
flancs  et  les  couvertures  inférieures  sont  teints  de  rous- 
sâire.  Du  reste  ,  tous  ces  oiseaux  présentent  entre  eux  la  plus 
grande  analogie  ;  et  celui  du  Brésil  a  ,  de  même  que  le  tro- 
glodyte aédun ,  les  plumes  du  bas  du  dos  tachetées  de  blanc 
sur  leur  milieu  ;  je  soupçonne  même  que  le  troglodyte  de 
Biiénos-Ayres  est  une  race  très-voisine,  s'il  n'appartient  pas 
à  la  même  espèce.  V.  Troglodyte  basacaraguay.  Il  n'en 
est  pas  de  même  pour  le  todo  vox  de  M.  de  Azara,  que  j'ai 
mal  à  propos  rapproché  de  celui-ci  et  du  troglodyte  aédon  ., 
dans  mon  Histoire  des  Oiseaux  de  l'Amérique  septentrionale. 
L'erreur  de  Buffon,  qui  a  regardé  ce  troglodyte  comme  un 
individu  de  l'espèce  d'Europe, est  bien  excusable,  puisqu'il  ne 
l'a  pas  vu  en  nature  et  qu'il  n'en  parle  que  d'après  des  voya- 
geurs (jui  ont  fait  la  même  méprise  ;  cependant  il  existe,  dans 


5o8  T  R  0 

le  nord  de  l'Ainérique ,  un  troglodyte  très-peu  dîffe'ren!  du 
nôtre  ,  et  qui  ne  se  montre  dans  les  Etats-Unis  que  pen- 
dant la  mauvaise  saison.  V.  Tkoglodyte  d'hiver.  Celui  de 
cet  article  émigré  du  nord  de  l'Amérique  à  l'automne  ,  et 
n'y  revient  qu'au  printemps. 

Le  Troglodyte  arada,  Turdus  arada,  Lath.  ;  Troglodytes 
arada  ,  Yieiil.  Buffon  ,  .i  qui  je  l'ai  fait  connnoître  ,  l'a  placé 
à  la  suite  des  Fourmiliers  ,  dont  il  a  une  partie  des  carac- 
tères extérieurs  ;  mais  il  en  diffère  par  les  habitudes  (  pi.  enl. 
deBuffon,  n\7o6,  f.2).Il  est  solitaire, se  perche  sur  les  arbres, 
et  ne  descend  à  terre  que  pour  y  prendre  les  fourmis  et  autres 
insectes  dont  il  fait  aussi  sa  nourriture  ;  i!  en  diffère  encore 
davantage  par  le  ramage  le  plus  brillant  ^  au  lieu  que  tous  les 
fourmiliers  ne  forment  que  des  cris  ou  des  sons  sans  modu- 
lation. 

Lorsque,  cédant  à  la  passion  des  découvertes,  j'errois 
durant  des  mois  entiers  ,  sans  clicmin  et  sans  autre  guide  que 
la  boussole,  dans  les  forets  inmienses  et  désertes  qui  couvrent 
presque  tout  le  sol  de  la  Guiane,  je  fus  d'abord  frappé  du 
silence  qui  régnoit  au  sein  de  ces  sombres  retraites,  peuplées 
néanmoins  par  une  foule  d'animaux  de  toute  classe  et  de 
tout  genre.  Plus  on  s'enfonce  dans  l'intérieur  des  terres  , 
plus  le  silence  devient  général;  la  nature  animée  y  paroît 
muette  ,  et  si  quelque  bruit  vient  interrompre  celte  inquié- 
tante uniformité,  et  retentir  au  loin,  l'oreille  et  l'âme  en 
reçoivent  des  sensations  également  désagréables  et  pénibles. 
Tantôt  ce  sont  les  horribles  hurlemens  de  l'alouaie  ;  tantôt 
les  sons  alarmans  du  grand  béfroi  ;  tantôt  les  coups  de  queue 
de  la  grande  couleuvre  ,  aussi  brusques  et  aussi  sonores  que 
l'explosion  du  canon  ;  tantôt,  enfin,  le  fracas  épouvantable 
et  prolongé  de  la  chute  de  plusieurs  arbres,  qui  ,  tombant 
les  uns  sur  les  autres,  se  brisent  successivement,  mais  avec 
rapidité ,  et  font  en  un  instant  un  vaste  abattis  ^u'milieu  des 
plus  magnifiques  plantations  de  la  nature. 

Un  jour  que,  parvenu  à  plus  de  cent  lieues  de  toute  habi- 
tation, je  songeois  aux  moyens  de  m'en  éloigner  davantage, 
un  sifflet  semblable  à  celui  d'un  homme  qui  en  appelle  un 
autre  ,  se  fit  entendre  ;  je  m'arrêtai  ;  il  se  répéta  ,  et  nous 
crûmes,  mes  compagnons  et  moi,  que  nous  approchions 
d'un  de  ces  établissemens  sauvages  ,  que  le  désir  de  la  liberté, 
et  plus  souvent  encore  la  tyrannie  du  colon,  forcent  le  nègre 
fugitif  à  former  dans  l'épaisseur  de  forêts  presque  impéné- 
trables, et  dans  la  solitude  lointaine  de  montagnes  difficiles 
à  gravir  ,  plus  difficiles  à  trouver.  Cependant ,  après  avoir 
pris  les  précautions  que  notre  position   permettait,   noua 


T   Pt    G  5og 

avançâmes  vers  Fendrolt  d'où  partoîcnt  les  coups  de  slffiet  ; 
ils  s'éloignolent  peu  à  peu;  mais  ayant  réussi  à  nous  en  ap- 
procher assez,  nous  reconnûmes  avec  étonnement  que  l'es- 
pèce de  sifflement  qui  nous  avoit  attirés  n'étoit  point  celui 
d'un  homme  ,  quoiqu'il  l'imitât  parfaitement.  Nous  l'enten- 
dîmes en  plusieurs  points  du  même  canton  ,  et  nous  ne  fûmes 
pas  long-temps  à  nous  apercevoir  qu'il  étoil  produit  par  un 
oiseau.  Je  ne  lardai  pas  à  savoir  encore  que  le  même  oiseau 
avoit  un  chant  très-mélodieux,  et  que  le  siffleur  étoit  en 
même  temps  un  musicien  fort  agréable.  Son  ramage,  moins 
varié,  moins  éclatant  peut-être  que  celui  du  rossignol  ,  est 
plus  grave  ,  plus  touchant,  plus  tendre  ,  et  plus  ressemblant 
aux  sons  moelleux  d'une  tlûle  douce  ;  il  se  module  sur  diffé- 
rens  tons  et  différens  acccns,  auxquels  les  sept  notes  de 
l'octave  ,  que  l'oiseau  se  plaît  à  répéter,  servent,  en  quelque 
sorte,  de  prélude.  Dans  des  climats  chauds,  où  la  ponte  des 
petits  oiseaux  se  renouvelle  plusieurs  fois  dans  la  même  année, 
leur  chant,  qui  n'est  autre  chose  que  l'expression  de  l'amour, 
se  continue  plus  long-temps  que  dans  les  contrées  froides  ou 
tempérées ,  et  c'est  un  avantage  bien  marqué  de  l'arada  sur 
le  rossignol. 

L'impression  délicieuse  que  me  fit  éprouver  cet  oiseau , 
me  décida  sur-le-champ  à  le  proclamer  le  musicien  des  déserts; 
et  certes  ,  il  n'est  point  de  solitude  à  laquelle  une  mélodie 
aussi  ravissante  ne  puisse  prêter  des  charmes  ;  mais  comme 
ce  même  nom  de  musicien  a  été  imposé  à  d'autres  oiseaux  de 
genres  différens,  Buffon  a  conservé  à  celui-ci  le  nom  à'arada, 
qu'il  porte  chez  les  naturels  de  la  Guyane. 

C'est  une  espèce  rare,  et  qui  fuit  le  voisinage  des  lieux 
habités.  La  nature  ,  satisfaite  d'avoir  développé  dans  l'arada 
le  talent  le  plus  agréable  et  le  plus  brillant,  l'a  revêtu  de  la 
livrée  la  plus  modeste,  et  c'est  assez  généralement  celle  du 
vrai  mérite.  Ses  couleurs  sont  ternes  et  somhres  ;  il  a  sur  la 
tête  et  le  cou  du  brun  foncé,  légèrement  teinté  de  roux,  et 
du  bleu  sans  mélange  sur  le  dos  et  les  couvertures  supérieu- 
res des  ailes  ;  la  gorge  ,  le  devant  du  cou  et  le  haut  de  la  poi- 
trine, sont  de  couleur  rousse,  les  côtés  du  cou  noirs  et  ta- 
chetés de  blanc  ,  et  les  pennes  des  alle«,  de  même  que  celles 
de  la  queue  ,  rayées  transversalement  de  roux  brun  et  de 
noirâtre  ;  le  bec  est  droit,  épais  ,  pointu  et  noirâtre  ;  et  les 
pieds  ont  la  même  teinte ,  avec  une  nuance  de  gris.  La 
longueur  totale  de  l'oiseaun'est  que  de  quatre  pouces,  et  celle 
du  bec, d'un  pouce  ;  la  queue  dépasse  les  ailes  de  sept  lignes. 
J'ignore  s'il  existe  quelque  dissemblance  entre  le  mâle  et 
la  femelle  ;  outre  que  celte  espèce  est  peu  nombreuse  ,  je  me 
serois  reproché  de  la  diminuer  encore ,  et  j'ai  senti  que  je  ne 


fîio  T  R  O 

faisois  déjà  qu'un  trop  grand  sacrifice  à  l'histoire  naturelle  ; 
en  détruisant  deux  de  ces  inléressans  oiseaux. 

Il  y  a  une  variété,  ou  peut-être  une  race  constante,  dans 
l'espèce  de  Yarada  ;  elle  n'en  diffère  que  par  un  petit  crochet 
à  l'eslrémilé  du  bec,  du  blanc  sur  la  gorge  ,  avec  un  demi- 
coUier  au-dessous  ,  et  l'uniformité  de  la  couleur  du  plumage  , 
sur  lequel  on  ne  voit  point  de  raies,  (s.) 

Le  Troglodyte  basacaraguay  ,  Troglo-i-ies  platensh  ; 
Syhla  platmsis  ,  Lath.  Cet  oiseau ,  figuré  sur  la  pi.  enl.  de 
Buffon  ,  n.^  780  ,  fig.  2  ,  sous  la  dénomination  de  roitelet  de 
Buenos  -  Ayres ,  nie  paroît  être  une  race  très  -  voisine  du 
troglodyte aédon  ,  décrit  ci  dessus,  et  de  ceux  de  Surinam  et 
du  Brésil.  H  est  connu  des  (àuaranis  sous  le  nom  de  basaca- 
raguay; mais  à  Buénos-Ayres  on  lui  donne  celui  de  souris  ^ 
à  cause  de  son  cri  et  de  son  habitude  de  se  glisser,  parlicu- 
lièremeut  en  hiver ,  sous  les  toits  ,  dans  les  crevasses  des 
murailles,  dans  les  trous  des  arbres  ,  et  d'entrer  quelque- 
fois dans  les  maisons  ,  pour  y  prendre  les  araignées  et  d'au- 
tres petils  insectes.  Cet  oiseau  ne  fréquente  jamais  les  cam- 
pagnes, ni  les  forêts;  il  se  tient  dans  les  halliers,  surle  bord 
des  bois  ,  dans  les  enclos  et  les  habitations  champêtres.  Il 
sautille  aussi,  avec  légèreté  ,  sur  la  terre  ,  en  tenant  presque 
toujours  sa  queue  l'élevée  ,  et  l'étalant  un  peu  et  sans  paroî- 
tre  effrayé  de  l'approche  des  hommes.  Le  mâle  chante  toute 
l'année  ,  et  dans  la  saison  des  amours,  il  accompagne  son 
ramage  d'un  battement  d'ailes.  La  femelle  répond  au  mâle 
par  un  seul  cri,  chi ,  bas  et  tendre.  La  voix  du  mâle  est 
toujours  élevée  ,  claire  et  gracieuse  ;  elle  forme  une  chan- 
sonnette de  huit  ou  dix  syllabes  ,  prononcées  vivement ,  que 
l'oiseau  répète  par  intervalles  ,  et  sc.-uvent  pendant  long- 
temps. Son  rhythme  approche  de  ceïrÀ  àa  rossignol  ,  mais  ses 
phrases  ne  sont  ni  aussi  variées  ,  ni  aussi  expressives;  tel  est 
bien  aussi  le  ramage  du  troglodyte  aédon. 

L'on  assure  que  dans  la  campagne  le  basacaraguay  niche 
dans  les  trous  des  arbres,  mais  dans  les  lieux  habiles,  qu'il 
fréquente  assez  souvent  ;  il  place  son  nid  sur  les  poutres  de 
la  charpente  des  maisons  ,  et  plus  ordinairement  dans  les 
ouvertures  qu'elles  laissent  dans  les  murailles.  M,  de  Azara 
a  découvert  le  nid  d'un  de  ces  oiseaux,  à  terre,  dans  le 
crâne  d'une  vache  morte,  et  un  autre  sous  un  toit.  11  est 
composé  de  plumes  et  de  brins  de  paille  ,  et  garni  i«lérieu- 
remenl  de  beaucoup  de  crins;  la  ponte  est  de  quatre  œufs 
au  plus  ,  roux  au  gros  bout ,  et  tiquetés  ,  dans  le  reste  ,  de  la 
même  couleur  ,  sur  un  "fond  blanc. 

Ce  troglodyte  a  quatre  pouces  et  demi  de  longueur;  le  bec 
long  de  six  lignes  ,  peu  courhé  ,  comprimé  latéralement  3 


T  H   O  5m 

tloir  en  dessus,  blanchâtre  en  dessous  ,  et  jaune  intérieure- 
ment ;  le  dessus  de  la  tête  ,  du  cou  et  du  corps,  d'un  brun 
sombre,  avec  un  peu  de  rougeâlre  sur  le  croupion;  la  queue 
et  le  boi'd  des  pennes  alaires  ,  rayés  transversalement  de 
noirâtre  sur  un  fond  brun;  les  côtés  du  corps,  d'un  roux 
vif;  le  devant  du  cou,  la  poitrine  et  le  ventre,  d'un  roux 
clair  et  blanchâtre  ;  les  couvertures  intérieures  des  ailes 
rayées  de  blanc  et  de  roux  vif,  et  tachetées  de  noirâtre: 
sur  quelques  individus  ,  ces  taches  sont  d'un  roux  vif  et  pur  ; 
quelques  autres  ont  ces  couvertures  d'un  roussâlre  clair  ;  les 
pieds  sont  rougeâlres. 

Le  Troglodyte  brun  le  Surinam  ,  Sy'ma  fuba  ,  Laih,  ; 
pi,  i8  des  Illusl.  of  Zuol.,de  Browne.  Il  a  quatre  pouces  deux 
lignes  de  longueur  totale  ;  le  bec,  brun  en  dessus  ,  jaunâtre 
en  dessous  ;  le  plumage  généralement  brun,  mais  tirant  au 
fauve  sur  les  parties  inférieures  ;  cette  couleur  blanrhiî 
sur  le  milieu  du  ventre  ;  le  dos  ,  les  ailes  et  la  queue  sont 
finement  rayés  de  noir  en  travers;  les  pieds  sont  jaunâtres. 
Si  c'est  le  même  oiseau,  comme  je  le  crois,  que  celui  dont 
parle  Firmiu  (  Hist.  de  Surinam  )  ,  il  a  un  chant  fort  e:  si 
agréable  qu'il  lui  a  valu  le  nom  de  rossignol.  La  figure  eC 
la  description  de  ce  troglody'.e  présentent  de  si  grands  rap- 
ports avec  le  troglodyte  aédon  ,  que'  je  le  regarde  comme 
une  race  très-voisine  de  celui-ci  ,  laquelle  se  trouve  aussi  au 
Brésil  et  au  Paraguay.  ^.  les  articles  des  Troglodyte  aédon 
et  Bas\caragu;vy. 

Le  Troglodyte  de  Buénos-Ayres  ,  pi.  R.  /^.,  fig.  i  de 
ce  Dictionnaire.  Cet  oiseau,  que  la  Condamine  a  vu  sur  les 
rives  du  fieuve  de  la  Plata  ,  et  qui  entroit,  de  lui-même, 
dans  les  vaisseaux ,  pour  y  chasser  les  mouchés ,  est  le  même 
que  le  troglodyte  basacuraguay  ,  décrit  ci-dessus.  Consultez  cet 
article. 

Le  Troglodyte  d'Europe  ,  Troglodytes  Europea  ,  Vieil!.  ; 
Sybia  troglodytes ^Ltàlh.  Cet  oiseau  est  plus  connu  sous  le  nom 
de  roitelet ,  mais  c'est  improprement;  le  vrai  roitelet  est  l'oi- 
seau que  nous  avons  décrit  sous  ce  nom  ,  et  qui  porte  une 
sorte  de  couronne  jaune.  Ce  mot  troglodyte  peint  beaucouj^ 
mieux  celui-ci ,  puisqu'il  signifie  hahitunt  des  antres  et  d-js 
ca\?ernes.  Telle  est  la  dénomination  que  lui  avoient  imposée 
les  anciens  ,  et  que  lui  a  rendue  Buffon. 

Pendant  Tété,  le  troglodyte  habite  les  bois,  et  confie  srt 
progéniture  au  toit  d'une  cabane  isolée.  Compagnon  du  soli- 
taire, il  égaie  sa  retraite  par  un  ramage  agréable  ;  c'est  uu 
des  hôtes  des  forêts  qui  chantent  le  plus  tard  ;  on  l'entend 
encore  après  le  coucher  du  soleil.  Pendant  l'hiver  ,  il  s'ap- 
el  iVéfjuenle  mu:ue  les  villes.  11  se  «ieni 


5i2  T  R  0 

dans  les  haies  elles  jardins,  ne  cesse  de  s'agiter,  se  montre 
un  instant  et  disparoîl  un  instant  après,  voltige  d'une  pile 
de  bois  à  un  tas  de  fagots  ,  sort  et  rentre  à  chaque  moment, 
se  fait  voir  sur  Tavance  d'un  toit  et  se  dérobe  promptement 
sous  la  couverture  ou  dans  un  trou  de  muraille,  se  cache 
gous  le  chaume,  et  pénètre  même  dans  Tintérieur  des  mai- 
sons. Toujours  gai,  il  porte  sa  petite  queue  relevée,  et  lui 
donne ,  en  chantant ,  un  petit  mouvement  de  droite  à  gauche. 
Les  chrysalides  ,  les  mouches  ,  les  araignées  et  des  fragmens 
d'insectes  ,  sont  sa  nourriture  ;  il  les  cherche  dans  les  chan- 
tiers ,  dans  les  branchages  ,  sous  les  écorces  ,  sous  les  toits  , 
et  jusque  dans  les  puits.  Lorsque  la  saison  est  rigoureuse  , 
les  troglodytes  fréquentent  les  sources  chaudes  ,  les  ruis- 
seaux qui  ne  gèlent  pas,  et  font  leur  retraite  de  quelques 
saules  creux,  où  ils  se  rassemblent  en  nombre.  Cette  réu- 
nion n'a  lieu  que  dans  les  temps  froids  ;  car,  d'un  naturel  soll-; 
taire,  «cet  oiseau  aime  à  se  tenir  seulet  ,  dit  Belon  ,  et 
mesmement ,  s'il  trouve  un  autre  ,  son  semblable  ,  et  princi- 
palement s'il  est  mâle  ,  ils  se  combattront  l'un  l'autre  jus- 
qu'^  ce  que  l'un  demeure  vainqueur,  et  est  assez  au  vain- 
queur que  le  vaincu  s'enfuie  devant  lui.  » 

Son  ramage  léger  flatte  d'autant  plus,  qu'il  le  fait  enten- 
dre dans  le  fort  de  l'hiver  ,  et  môme  lorsque  la  terre  est  cou- 
verte de  neige.  C'est  le  seul  qui  conserve  sa  gaîté  pendant 
cette  triste  saison.  Sa  voix  est  sonore;  son  chant,  haut  et 
clair,  paroît  composé  de  notes  brèves  et  rapides  ,  sidirili ^ 
sidhili  ^  et  est  coupé  par  reprises  de  cinq  ou  six  secondes. 
Outre  cela,  il  a  un  petit  cri ,  tirit  ^  iirit ,  auquel  il  donne  ua 
son  grave  :  c'est  celui  qu'il  fait  entendre  lorsqu'il  voit  son 
ennemi  et  qu'il  vient  à  la  pipée.  Très-peu  défiant  et  naturel- 
lement curieux,  il  pénètre  à  travers  les  branches  jusque  dans 
la  loge  du  pipeur.  La  vue  de  J'homme  ne  l'effraie  nullement  ; 
il  se  laisse  approcher  de  très-près  ,  et  voltige  long -temps  le 
long  des  haies ,  à  quelques  pas  en  avant  du  voyageur,  ce  qui 
feroit  croire  qu'il  se  plaît  à  le  précéder.  Il  est  vrai  qu'on  le 
poursuit  rarement,  et ,  dans  beaucoup  d'endroits  ,  on  se  fait 
un  scrupule  ,  non-seulement  de  le  tuer,  mais  même  de  tou- 
cher à  son  nid. 

Au  printemps  ,  ce  troglodyte  se  retire  dans  les  bois;  ce- 
pendant ,  il  en  reste  aussi  dans  les  habitations  isolées,  et 
même  dans  les  villages.  Il  place  son  nid  près  de  terre,  ou  à 
terre  même  ,  soit  sur  quelques  branchages  épais ,  soit  sur 
unevieille  souche  ou  dans  les  racines,  quelquefois  aussi  sous 
l'avance  de  la  rive  d'im  ruisseau  ou  sous  un  toit  de  chaume. 
L'extérieur  esl  composé  d'un  anias  de  mousse,  comme  jetée 
au  hasard;  mais  le  dedans  est  proprement  garni  de  plumes. 


T  R  0  5i3 

Sa  forme  est  ronde,  avec  une  entrée  très-étroite  ,  et  prati- 
(juée  au  côlé.  La  ponte  est  de  sept  à  neuf  œufs,  presque 
ronds,  d'un  blanc  lerne,  el  pointillés  de  rougeâlre  au  gros 
bout.  Les  petits  se  hâtent  de  quitter  le  nid  ,  et  on  les  volt 
courir  sur  la  mousse  et  dans  les  buissons  avant  de  pouvoir 
voler. 

Lorsqu'on  veut  élever  ces  petits  oiseaux,  qui  sont  très- 
délicats  ,  il  faut  les  prendre  avec  le  nid  el  les  tenir  bien 
chaudement,  leur  donner  à  manger  souvent,  et  peu  à  la 
fois;  la  nourriture  indiquée  pour  le  Rossignol  (  V.  ce  mot.), 
est  celle  qui  leur  convient.  Quand  ils  mangent  seuls  ,  on  les 
met  séparément  dans  une  cage,  où  il  y  a  un  petit  retranche- 
ment en  drap  rouge  ou  vert,  avec  un  petit  trou  rond  ,  par 
lequel  ils  puissent  entrer  et  sortir. 

Trois  pouces  neuf  lignes  font  la  longueur  du  troglodyte, 
le  pliis  petit  des  oiseaux  de  notre  climat  après  le  roitelet.  lia 
le  dessus  de  la  tête  et  du  corps,  les  plumes  scapulaires  ,  d'un 
brun  tirant  un  peu  sur  le  roux  ,  coupé  transversalement  par 
de  petites  zones  ondées;  les  couvertures  du  dessus  de  la  queue 
d'un  brun  plus  roux,  et  rayées  presque  insensiblement  de 
brun  pur;  les  joues  tachetées  de  blanc  roussâlre;  une  tache 
pareille  au-dessus  de  l'œil  ;  la  gorge  ,  le  devant  du  cou  et  la 
poitrine,  d'un  blanc  teint  de  roussâtre;  le  ventre ,  les  côtés  et 
les  jambes,  d'un  brun  roussâtre  ,  rayés  transversalement  de 
brun  pur;  les  couvertures  supérieures  des  ailes  pareilles  au 
dos  ,  et  rayées  de  brun  ,  avec  une  petite  tache  ronde  blan- 
châtre à  lextrémité  des  moyennes  ;  les  pennes  cendrées  en 
dessous  ,  brunes  en  dessus  du  côlé  interne  ,  d'un  brun  roux 
rayé  de  petites  lignes  transversales,  en  dehors;  celles  de  la 
queue,  pareilles;  le  bec  noirâtre  en  dessus,  brun  en  dessous; 
les  pieds  ,  d'un  gris-brun. 

L  on  ne  connoît  point  de  différence  dans  les  sexes;  cepen- 
dant,  j'ai  cru  remarquer  que  les  raies  sont  plus  apparentes  , 
plus  nouibreuses ,  sur  le  mâle  que  sur  la  femelle  ,  et  que 
celle-ci  est  un  peu  plus  petite. 

L'espèce  est  assez  répandue  en  Europe;  mais  les  hivers 
du  Nord  sont  trop  rigoureux  pour  elle;  car  on  la  voit,  selon 
Linuceus  ,  peu  communément  en  Suède  et  dans  le  nord  de 
la  Russie.  On  l'a  retrouvée  à  Oonalashka  :  mais  est-ce  bien 
la  même  ? 

Le  roilelel  du  Canada  ,  dont  parle  le  P.  Charlevoix,  n'est 
pas  ,  comme  1  a  pensé  Buffon  ,  le  même  que  celui  de  la  Loui- 
siane ;  il  a  la  plus  grande  analogie  avec  le  nôtre  dans  les 
couleurs,  leur  distribution,  dans  sa  taille  et  toutes  ses 
dimensions;  mais  il  n'en  a  ni  le  cri  ui  le  chant ,  et  ce  n'est 

XXMV.  33 


Si4  T  R  O 

pas  à  tort  que  ce  je'suite  loue  son  ramage  ;  il  est  plus  fort, 
.plus  moelleux  ,  plus  mélodieux,  et  n'a  aucun  rapport  avec 
celui  de  notre  troglodyte.  Je  le  regarde  comme  d'une  espèce 
distincte ,  quoique  son  plumage  ne  présente  que  de  très- 
foibles  dissemblances,  surtout  lorsqu'il  est  jeune.  Quant  aux 
troglodytes  de  Buenos- Ayres  et  de  la  Louisiane^  il  n'y  a  pas  de 
doute  que  ce  soient  deux  espèces  particulières. 

Le  Troglodyte  d'hiver  ,  Troglodytes  Jâemalis ,  Vieill.  ; 
,pl,  8,  fig.  6  de  V  Amène.  Ornithùlog.  ^  de  Wilson,  sous  le 
nom  de  winter  or^/z  (roitelet  d'hiver).  Ce  troglodyte,  que  j'ai 
vu,  dans  les  mois  de  septembre  et  d'octobre  ,  à  la  Nouvelle- 
Ecosse  et  dans  l'État  de  New-York  ,  a  de  si  grands  rapports 
avec  le  nôtre,  dans  son  plumage,  ses  formes,  son  chant  et 
son  genre  dévie,  que  je  le  regarde  comme  une  race  très-voi- 
sine ,  s'il  n'appartient  pas  à  la  même  espèce.  Wilson  l'a 
jugé  de  même.  Cet  oiseau  arrive  au  centre  des  Etats-Unis  , 
à  l'automne  ,  et  y  reste  dans  les  hivers  doux  ;  il  fréquente 
les  revers  avancés  des  fossés  ,  des  ravines,  les  vieilles  sou- 
ches déracinées,  les  petits  buissons  et  les  broussailles  des 
lieux  aquatiques.  On  le  voit  souvent  dans  les  habitations  ru- 
rales ,  où  il  se  cache  dans  les  piles  de  bois;  mais  à  la  fin  de 
la  mauvaise  saison,  il  se  retire  dans  le  Nord.  Suivant  "Wil- 
son ,  l'on  soupçonne  que  ce  troglodyte  niche  dans  les  forêts 
montagneuses  de  la  Haute-Pensylvanie  ;  d'autres  croient 
<jue  c'est  dans  des  contrées  plus  boréales ,  comme  font  les 
sizerins  ,  les  ortolans  de  neige ,  etc.  ,  qu'on  ne  voit  dans  les 
Étals-Unis  que  pendant  l'hiver. 

Cet  oiseau  a  trois  pouces  un  quart  de  longueur  totale;  toutes 
les  parties  supérieures  d'un  brun  sombre,tachetées  transver- 
salement de  noir,  excepté  sur  la  tête  et  le  dessus  du  cou, 
qui  sont  d'une  teinte  uniforme;  les  taches  du  dos  sont  termi- 
Hées  par  des  petits  points  d'un  blanc  sale  ;  on  remarque  aussi 
des  taches  pareilles  vers  le  bout  de  quelques  couvertures 
supérieures  des  ailes ,  dont  l'extrémité  est  noire  ;  leurs  pen- 
nes ont  des  raies  transversales  alternativement  noires  et 
jaunâtres  ,  et  sont  terminées  de  noirâtre  ,  à  l'exception  des 
trois  secondaires  les  plus  proches  du  corps  ;  les  sourcils  , 
la  gorge  et  la  poitrine  sont  d'un  blanc  terne  et  finement 
rayés  de  roussâtre  ;  les  côtés  du  corps ,  sous  l'aile  ,  ont  des 
lâches  d'un  brun  obscur,  noires  et  d'un  blanc  sale;  le  ventre 
et  les  parties  postérieures  sont  foiblenient  mélangés ,  et 
transversalement,  de  fuligineux,  de  brun  foncé  et  de  blanc  ; 
la  queue  est  très-courte  et  rayée  comme  les  pennes  alaires  ; 
ses  deux  pennes  extérieures  sont  d'un  quart  de  pouce  moins 
longues  que  les  autres  ;  le  bec  est  droit ,  grêle ,  long  d'un 


T  R  O  5i5 

demi-pouce ,  entier  ,  noirâtre  en  dessus  et  blanchâtre  en 
dessous ,  et  Tiris  couleur  de  noisette  claire  ;  les  pieds  sont 
couleur  de  chair.  La  femelle  ne  diffère  du  mâle  qu'en  ce 
qu'elle  estprivée  de  points  blancs  sur  les  ailes,  (v.) 

TROGLODYTES.  C'est ,  en  grec ,  le  Troglodyte. 
F.  ce  mot.  (s.) 

TROGON.  Désignation  latine  des  couroucous  dans  les 
ouvrages  modernes  d'ornithologie.  V.  CouKOncou.  (s.) 

TROGONTHERIUM.  Fischer  {Mém.  des  Natural.  de 
Moscou  ,  toni.  2  )  décrit  sous  ce  nom  les  débris  d'un  qua- 
drupède fossile  ,  trouvé  non  loin  de  la  mer  d'Azof ,  et  que 
M.  Cuvier  rapporte  au  genre  Castor.  V.  ce  mot.  (desm.) 

TROGOSSITAlRES,7'/o^o.5/tom.  Tribu  d  insectes  co- 
léoptères, section  des  tétramères,  famille  des  xylophages, 
distinguée  des  autres  divisions  qu'elle  comprend  ,  par  ce 
caractère:  antennes  de  onze  articles. 

I.  Massue  distincte  et  de  deux  articles. 
Les  genres  :  Ditome,  Lycte. 

II.  Antennes  grossissant  insensiblement,  ou  terminées  par  une  massue 
composée  de  trois  articles  et  davantage. 

Les  genres  :  Colydie,  Trogossite,  Latridie  ,  Silvain, 
Méryx. 

Le  genre  Mycétophage.  (l.) 

TROGOSSITE  ,  l'rogossita.  Genre  d'insectes  de  l'ordre 
des  coléoptères  ,  section  des  tétramères  ,  famille  des  xylo- 
phages, tribu  des  trogossitaires. 

Geoffroy  avoit  décrit  un  de  ces  insectes  ,  et  l'avoit  rangé 
parmi  les  plalycères  ou  lucanes.  Linnœus  avoit  placé  le  même 
insecte  parmi  les  iénébrions.  Fabricius  en  avoit  décrit  un 
autre  ,  et  l'avoit  placé  parmi  les  lucanes.  J'ai  cru  devoir,  dans 
mon  Entomologie ,  établir  ce  nouveau  genre  ,  adopté  depuis 
par  tous  les  auteurs,  et  l'ai  ainsi  nommé  de  deux  mots  grecs 
qui  signifient  rongeurs  de  grains ,  parce  que  la  larve  d'une  des 
espèces  attaque  et  ronge  les  grains  dans  les  provinces  méri- 
dionales de  la  France.  , 

hes trogossîtes  diffèrent  àeslucanes  par  la  forme  des  anten- 
nes ,  des  parties  de  la  bouche  ,  et  aussi  par  le  nombre  de 
pièces  des  tarses.  Les  antennes  des  lucanes  sont  coudées 
et  terminées  par  une  masse  lamellée.  Leurs  mâchoires 
sont  longues  ,  presque  membraneuses  ,  velues  ,  unidentéet 
vers  le  milieu.  Les  antennes  des  irogossites  sont  simples  es 
terminées  par  trois  articles  distincts  un  peu  en  masse.  Leurs 
mâchoires  sont  courtes,  presque  coriacées,  ciliées,  dentées 
à  leur  base.  Ils  ont  une  lèvre  supérieure  qui  manque  aux 
lucanes.  Les  ténébrions  ont  les  antennes  mooiliformes  et  les 


Si6  T  R  O 

mâchoires  bifides  ;  d'ailleurs,  les  quatre  tarses  antérieurs  sont 
composés  de  cinq  articles  ,  et  les  postérieurs  seulement  de 
quatre  :  les  irogossiies  ont  quatre  articles  à  tous  les  tarses. 

La  larve  du  trogossile  muwHanique  ,  nommée  cadelle  ,   a  été 
observée  par  Dorthes  ,  et  fait  le  sujet  d'un  mémoire  intéres- 
sant. (  V.  Cadelle.  )  Dorthes  renferma  des  caddies  dans  une 
bouteille  ,  avec  du  blé  ;  elles  y  vécurent  jusqu'à  l'hiver  ,  mais 
aucune  ne  se  changea  en  nymphe  :  aux  premiers  froids  elles 
moururent.  S'élant  aperçu  que  beaucoup  de  ces  larves  grim- 
poient  le  long  des  greniers  ,  et  s'écartoient  des  las  de  blé  ,    il 
présuma  que  c'étoit  pour  se  réfugier  dans  des  trous  ,  et  s'y 
transformer  en  nymphes.   Il  renferma  des  cmîeUes   dans  des 
boîtes  contenant  du  hic  d'un  côlé  ,  et  de  la  terre  de  l'autre. 
Ces  larves  se  sont  enfoncées  dans  la  terre  ,  et ,  à  la  suite  de 
1-eur  métamorphose  ,  il  en  a  vu  sortir  l'insecte  parfait.  Dor- 
thes a  vu  souvent  cet  insecte  accouplé  sur  le  blé  ;  mais  il  n'a 
pas  pu  le  suivre  dans  sa  ponte  ,  et  il  reste  encore  à  savoir 
positivement  s'il  dépose  ses  œufs  sur  le  grain  ,  ou  si  la  larve 
s'y  introduit  elle-même.  On  ne  voit  jamais  ces  insectes  ,  dans 
leur  état  parfait,   attaquer  le  blé;  car,  enfermés  dans  une 
bouteille  avec  du  grain  ,  ils  n'y  ont  pas  touché,  et  ont  plutôt 
cherché  à  se  dévorer  entre  eux.  Ils  ont  été  trouvés  le  lende- 
main privés  d'antennes  et  de  pattes.  On  en  rencontre  souvent 
sur  le  blé  ,  cherchant  à  dévorer  les  teignes  ^  et  à  perpétuer 
leur  race.  J'ai  cependant   trouvé  le  trogossile  mauritanique  et 
le  trogossile  bleu  dans  le  vieux  pain,  après  en  avoir  rongé  la  mie. 
La  larve  ,   parvenue  à  toute  sa  grosseur  ,    a  environ  huit 
lignes  de  long,  et  guère  plus  d'une  ligne  de  large.  Son  cOrps 
est  blanchâtre  ,  composé  de  douze  anneaux  assez  distincls  , 
et  hérissé  de  poils  clair-semés  ,  courts,  assez  roides.  La  tête 
est  noire  ,  dure  ,  écailleuse  ,  armée  de  deux  mandibules  ar- 
quées, tranchantes,  cornées  ,  très-dures.  On  remarque  quel- 
ques taches  obscures  placées  sur  les  trois  premiers  anneaux. 
Le  dernier  est  terminé  par  deux  crochets  cornés  ,  très-durs. 
Ell^  a  six  pattes  écailleuses  courtes  ,  qui  parlent  des  trois  pre- 
miers anneaux  du  corps.   Cette  larve  ne  pouvant  supporter 
que  difficilement  sans  doute  la   température  du  nord  de  la 
France  ,   y  est  si  rare  ,  qu'on  n'a  pas  encore  eu  occasion  de 
l'y  observer,  quoiqu'on  y  trouve  quelquefois  l'insecte  parfait. 
Mais  dans  les  provinces  du  midi  elle  est  Irès-ahondaule  et  fait 
le  plus  grand   tort  an  froment.  Elle    est  Ijeaucoup  plus  nui- 
sible que  les  larves  des  charansons  et  des  teignes  qui   restent 
dans  l'intérieur  des  grains  qu  elles  habitent  ,  et  qui  suffisent  à 
tout  leur  entrelien,  ^lais  la  cadelle ,  dont  le   corps  est  beau- 
coup plus  grand  ,  exige  bien  plus  de  nourriture  ;  aussi  n'en- 


T  R  O  5,7 

tre-t-elle  point  au  fond  du  grain:  elle  l'attaque  au  dehors  , 
passe  d'un  grain  à  l'autre,  et  une  seule  peut  en  détruire  une 
quantité  assez  considérable.  C'est  principalement  vers  la  fin 
de  l'hiver  ,  temps  où  elle  a  acquis  tout  son  accroissement , 
qu'elle  fait  le  plus  de  ravage.  Au  commencenrient  du  prin- 
temps ,  elle  quitte  les  tas  de  blé  ,  gagne  les  trous  ,  les  fentes, 
les  crevasses  des  greniers,  et  s'enfonce  dans  la  terre  ou  la 
poussière  ,  pour  y  subir  sa  métamorphose.  L'insecte  parfait 
se  montre  au  printemps  et  pendant  tout  l'été. 

On  a  annoncé  des  moyens  plus  ou  moins  difficiles  à  em- 
ployer ,  et  plus  ou  moins  infructueux  ,  pour  se  mettre  à 
l'abri  des  dégâts  de  ces  larves.  Je  crois  devoir  exposer  à<es 
moyens  plus  simples  et  sans  doute  plus  utiles.  J'ai  d'abord 
constamment  remarqué  que  la  cudelîe  n'attaque  pas  le  blé 
renfernié  dans  des  sacs ,  dès  qu'il  est  battu  ;  et  si  ce  moyen 
est  trop  dispendieux,  il  est  prouvé  que  le  blé  vanné  dans  les 
mois  de  septembre  et  d'octobre,  est  bien  moins  endommagé, 
sans  doute  parce  (jue  les  insectes  nouvellement  nés  se  déta— : 
chent  et  tombent  du  grain  par  le  mouvement  et  les  secousses 
du  van.  Mais  on  pourroit  s'en  garantir  encore  plus  aisément, 
en  soumettant  le  blé  à  un  lavage  vers  le  commencement  de 
l'hiver  :  en  choisissant  un  courant  peu  rapide  ,  le  grain  se 
précipite  ,  et  l'eau  emporte  les  œufs  ou  les  insectes  déjà 
éclos. 

Le  Trogositemauritanique,  Tt-ogossi/a camboùks,  Fab.; 
pi.  Il  I  ,  i5  de  cet  ouvrage.  C'est  l'insecte  qui  provient  de 
la  cadelle.  Tout  le  dessus  du  corps  est  noirâtre  et  le  dessous 
est  brun;  les  antennes  soait  brunes,  guère  plus  longues  que  la 
tête  ;  le  corselet  est  rebordé  ,  et  il  a  ,  de  chaque  côîé  de  sa 
partie  antérieure  ,  une  petite  dent  avancée,  et  une  autre  à 
peine  marquée  de  chaque  côté  dé  la  partie  postérieure  ;  les 
élylres  sont  striées,  et  entre  chaque  strie  on  aperçoit,  au 
moyen  de  la  loupe,  deux  rangées  de  petits  points  enfoncés; 
les  pattes  sont  brunes.  11  se  trouve  en  France ,  en  Italie ,  dans 
le  Levant  ,  sur  la  côte  de  Barbarie,  (o.  l.) 

TROGULE  ,  Trogulus.  Genre  d'arachnides  trachéennes, 
famille  des  holètres ,  tribu  des  phalangiens.  Ses  caractères 
sont  :  corps  aptère  ;  tête  confondue  avec  le  corselet;  point 
d'antennes  ,  des  mandibules  terminées  par  deux  pinces  ;  ab- 
domen ayant  des  divisions  apparentes;  huit  pattes;  palpes 
simples,  filiformes,  renfermés  avec  les  mandibules  sous  une 
espèce  de  coqueluchon. 

Le  corps  des  Irogules  est  ovale  ,  déprimé,  dur.  Les  yeux, 
au  nombre  de  deux  ,  sont  séparés  et  peu  sensibles;  les  pattes 
les  plus  longues  ne  surpassent  pas  plus  d'une  fois  la  longueur 


Si8  T  R  O 

du  corps  ;  celles  de  la  seconde  paire  et  de  la  quatrième  en- 
suite sont  les  plus  grandes  -,  les  autres  sont  presque  égales  ; 
les  tarses  n'ont  que  deux  articles. 

Scopoli  a  décrit ,  le  premier  ,  l'insecte  d'après  lequel  nous 
avons  formé  ce  genre.  C'est  son  acuriis  nepœjurmt's.  Linnœus, 
comme  l'a  observé  M.  Walckenaer,  l'a  nommé  faucheur 
(^phalangium')  à  trois  carènes.  Cet  insecte  est  d'un  cendré  ter- 
reux et  mat;  vu  à  la  loupe  ,  il  est  chargé  de  petits  grains;  les 
côtés  du  corselet  ont  le  bord  en  saillie  ;  le  milieu  de  l'abdo- 
men a,  dans  sa  longueur,  une  ligne  ou  carène  élevée  ;  le^ 
pattes  antérieures  sont  plus  grosses  que  les  autres;  l'articu- 
lation qui  répond  à  la  cuisse  est  notamment  renllée  ;  et  sa 
partie  supérieure  offre  quelques  petites  élévations  ou  aspé-; 
rites  ,  formant  une  foible  apparence  de  crête. 

On  trouve  cet  insecte  ,  maintenant  rare  ,  sous  les  pierres  , 
en  France  ,  en  Allemagne  et  en  Espagne  ,  où  il  a  été  ob- 
servé par  M.  le  baron  Dejean  ;  ce  sera  notre  Trogule  né- 
PIFORME.  (l.) 

TROOUS.  (ienre  d'insectes  hyménoptères  de  la  famille 
des  ichneumonides  ,  démembré,  parPanzer,  du  genre  ich- 
neumon  de  Fabricius  ,  et  paroissant  se  rapporter  au  genre 
joppa  ,  formé   par   ce   dernier  dans  son  Syslema  piezaiorum. 

DtSM.) 

TROIA.  En  vieux  languedocien,  c'est  la  Truie,  (desm.) 
TROIATA  et  SCROFA.  Noms  italiens  de  la  Trlie. 

(desm.) 
TROIS  ÉPINES.  Nom  du  Gastérostée  épinociie.  (b.) 
TROISIÈME  TÊTE  {vénerie):  C'est  le  cerf  de  quatre 
ans.  V.  Cerf,  (s.) 

TROLD-HUAL.  Voy.  l'article  suivant,  (desm.) 
TROLD-WAL.  Les  habitans  des  rivages  des  mers  du 
Nord  donnent  ce  nom  di  nu  cétacé  (\yi\  paroil  être  une  espèce 
de  grande  daleine.  D'après  les  renseignemens  vagues  que  l'on 
a  pu  recevoir  de  quelques  matelots  ,  ou  des  pêcheurs  em- 
ployés à  la  recherche  des  baleines ,  on  ne  peut  pas  déterminer 
exactement  l'espèce  qualifiée  du  nom  de  trold  œal.  En  général, 
les  mots  (va/ ,  whal  ^  hval ,  désignent  un  rélacé.,  une  haleine  y 
dans  les  langues  gothiques  du  Nord  ,  et  nous  lavons  adopte 
dans  le  mot  narwJial.  Les  Riscayens  et  les  antres  nations  ma- 
ritimes de  l'Europe  se  servent  souvent  du  mot  val  pour  ex- 
primer une  haleine.  En  général ,  on  trouve  plusieurs  mots  des 
langues  du  Nord  dans  toutes  les  nations  qui  bordent  les  ri- 
vages de  l'océan  Atlantique  ,  des  mers  du  Nord  de  l'Europe 
et  de  l'Asie,  C'est  ainsi  qu'on  rencontre  ,  sur  les  rivages  de  la 


T  R  0  5ï5, 

mer  Glaciale,  desnalions  quî  se  servent  de  termes  employés, 
sur  les  rivages  de  la  Biscaye,  du  golfe  de  Gascogne  ,  et  de  la 
Basse-Bretagne  ,  du  détroit  de  la  Manche,  sur  les  rives  de 
la  Baltique,  jusqu'à  Archangel ,  etc.  Il  semble  que  toute  celle 
bordure  de  nations  qui  ceint  l'Europe  sur  ses  rivages  ,  des- 
cende originairement  d'un  même  peuple  qui  retient  encore 
quelques  mots  de  son  langage  primitif  et  quelque  teinture- 
de  ces  mœurs  aventurières  et  entreprenantes  qui  distinguent 
tous  les  marins.  F.  le  mot  Baleine,  (virey.) 

TROLLE  (vénerie)  ;  Trolle  oa  aller  à  la  trolle^  c'est  battre 
avec  les  chiens  un  pays  de  bois  pour  quêter  et  lancer  une  bêle 
que  Ton  n'a  pas  détournée,  (s.) 

TROLLE,  Trollius.  Genre  de  plantes  de  la  polyandrie 
polygynie  et  de  la  famille  des  renonculacées,  dont  les  carac- 
tères consistent  :  en  une  corolle  de  quatorze  pétales;  point  de 
calice  ;  en  une  couronne  d'environ  neuf  tubes  unilabiés,  plus, 
courts  que  la  corolle  ;  en  un  grand  nombre  d'étamines  insé- 
rées sur  le  réceptacle;  en  un  grand  nombre  d'ovaires  à  style- 
très-court  ;  en  des  capsules  nombreuses,  rapprochées  en 
tête,  presque  cylindriques,  mucronées,  renfermant  chacune 
plusieurs  semences  à  embryon  situé  à  la  base  du  périsperme» 

Jussieu  et  Ventenat  appellent  calice  ce  que  Linnœus  nom- 
me ici  corolle^  et  les  tubes  ou  neclaires s>onl  des  pétales  pour  les. 
premiers  de  ces  botanistes. 

Ce  genre,  qni  ne  diffère  pas  de  celui  appelé  Gaissenie  , 
renferme  trois  plantes  vivaces  à  feuilles  digitées  et  à  fleurs  so-- 
litaires  au  sommet  de  longs  pédoncules,  plantes  qui  ont  toute 
l'apparence  d'une  renomcule  ou  d'un  populage. 

La  plus  commune,  la  Trolle  d'Europe,  a  les  pétales 
rapprochés  et  les  tubes  unilabiés  de  la  longueur  des  étami- 
nes.  Elle  croît ,  en  Europe  ,  sur  les  montagnes  alpines. 
Je  l'ai  abondamment  trouvée  sur  le  Mont  -  Cénis.  Elle 
s'élève  à  un  ou  deux  pieds.  On  la  cultive  dans  les  jardins  de 
botanique  ,  et  même  sa  variété  double  dans  ceux  d'agré- 
ment. Elle  se  multiplie  parle  déchirement  des  vieux  pieds. 

(B.) 

TROLLIUS  FLOS.  Gesner  a  donné  ce  nom  au  Trolle 
d'Europe  ,  et  depuis  ,  Linnaeus  a  nommé  ce  genre  trollius  : 
Buxbaume  avoit  nommé  trollius  humilis,  etc.  (Cent,  i,  tab.  22) 
Vhelleljorus  ranunculinus  ,  Smilh  ,  Willd.  (LIS.) 

TROMBE.  L'on  a  donné  ce  nom  à  deux  météores  fort 
différens  dans  leurs  apparences  et  dans  leurs  effets  ,  quoique 
probablement  leurs  causes  aient  ensemble  beaucoup  d'ana- 
logie. Il  y  a  des  Trombes  de  mer  ou  trombes  aqueuses  ,  qui 
se  manifestent  aussi  quelquefois  sur  les  lacs;  et  des  TR0>iBïi,s 


Sao  T   R   O 

DE  TERRE  ,  qui  sont  des  tourbillons  de  vent  d'une  violence  à 
laquelle  rien  ne  résiste. 

Les  trombes  de  mer  se  manifestent  par  une  petite  monta- 
gne d'eaubouillanle  qui  s'élève  d  unetoise,  plusoumoins,  au- 
dessus  de  la  surface  de  la  nier,  et  d'où  part  une  espèce  de 
siphon  transparent  qui  se  termine  à  une  grande  hauteur  ,  en 
s'épanouissant  et  en  formant  un  nuage  ordinairement  épais 
et  noir. 

J'ai  déjà  parlé  des  trombes  marines  dans  Tarlicle  Mer, 
mais  je  ne  puis  m'empêcher  de  rapporter  ici  la  description  , 
et  en  même  tenips  I  explication  que  donne  de  ce  phénomène 
un  de  nos  braves  marins  ,  J.  B.  Baussart.  On  trouve  dans  les 
écrits  de  ce  digne  officier,  cette  aimable  simplicité  qui  ca- 
ractérise l'homme  instruit  qui  ne  cherche  point  a  le  paroître  , 
«t  qui  trouve  la  vérité,  parce  qu'il  la  cherche  sans  prétention  ; 
voici  ce  qu'il  dit  : 

"  Le  12  juillet  1782,  à  6  heures  45  minutes  du  malin,  étant 
«  au  nord  de  la  Boca  de  la  grande  CaraveUe,  qui  est  sur  la 
«  côte  septentrionale  de  l'île  de  Cuba,  a^&  licu^-s  an  large, 
«  le  temps  beau  et  fort  chaud  ,  vent  échars  (  foible  et  incer- 
«  tain  )  ,  l'horizon  brumeux,  mais  le  ciel  sans  nuages  ,  une 
«  trombe  s'éleva  subitement  à  une  certaine  distancede  l'avant 
«  du  vaisseau  le  INorihuuiberland,  sur  lequel  jétois  (M.  Baus- 
«  sari  étoit  alors  lieutenant  de  frégate  ). 

«  Pendant  que  le  vaisseau  parcourut  l'espace  d'un  quart 
«  de  lieue,  en  s'approchant  forcément  beaucoup  de  cette 
ff  trombe  ,  elle  s'augmenta  considérablement ,  jusqu'au  mo- 
rt ment  où  elle  se  trouva  à  400  toises  environ  de  ce  vaisseau. 
«  Alors  sa  base  paroissoit  occuper  l'espace  de  4-  toises ,  le 
«  bas  de  la  colonne  (  ou  siphon  )  4  pi*^ds,  son  milieu  10 
«f  pieds  ,  et  la  partie  supérieure  ,  en  s'élargissanl ,  formoit  le 
«  nuage. 

«  La  trombe  et  le  nuage  qu'elle  servit  à  former,  paroissanl 
«  chassés  par  un  petit  frais  de  vent  de  nord-est,  approchèrent 
"  de  plus  près  quelques  vaisseaux  de  l'armée  ,  ce  qui  les  mit 
«  à  portée  de  tirer  sur  cette  trombe  plusieurs  coups  de  canon 
«  à  boulet ,  qui  firent  un  très-bon  effet  ,  puisqu'ils  interrom- 
«  pirenl  le  cours  de  l'eau  de  la  mer,  qui  s  élevoit  par  un  tour- 
«  noiement  rapide.  Alors  la  trombe  devint  plus  foible  par  le 
«  bas ,  et  bientôt  après  elle  se  sépai  a  de  sa  base  ,  et  le  bouil- 
«  lonnement  disparut. 

«  L'agitation  intestine  paroissoit ,  comme  je  viens  de  le 
«  dire  ,  se  faire  de  bas  en, haut  avec  régularité  ,  et  acheva  , 
«  en  se  dissipant  entièrement  ,  de  former  le  nuage  qui  cou- 
«  vrit  tout  notre  horizon.  Ensuite,  le  tonnerre,   qui  avoit 


T  R  O  521 

«  commencé  à  gronder  ^  devint  plus  fort  ;  la  foudre  tomba 
«  sur  un  vaisseau  espagnol  de  l'escadre  du  général  Cordova. 
«  Immédiatement  après,  l'air  se  refroidit  sensiblement  par 
«  1  abondance  de  la  pluie  qui  tomba  pendant  plus  d'une 
«  heu:  e. 

«  La  colonne  de  ce  siphon  fut  toujours  moins  obscure  que 
«  le  nuage  ,  et  beaucoup  plus  claire  vers  la  fm.  Ce  phéno- 
«  mène  dura  environ  trois  quarts  d'heure.... 

»  Quruil  à  la  cause  de  ce  phénomène  ,  on  pourroit  croire 
«  que  l'aclion  de  quelques  feux  souterrains,  sortant  rapide- 
«  menl  du  fond  de  la  mer  ,  occasione  les  trombes,  et  donne 
<f  lieu  à  l'élévati  m  de  Teau  dans  l'air;  mais  ce  phénomène 
«c  me  paroîl  trop  fréquent  pour  oser  l'aîllribner  à  celte  seule 
«  cause  ,  plusieurs  peuvent  y  concourir.  »  {Joitrn.  de  P/iys. , 
floréal  an  6  ,  mai  1798".  ) 

Nota.  La  fréquence  des  trombes  ne  sanroit  empêcher  de 
les  attribuer  aux  émanations  des  volcans  soumarins  :  on  sait 
qu'il  y  a  da^  volcans  qui  sont  dans  une  activité  non  interrom- 
pue ;  témoin  celui  de  Stromboli,  dont  les  éruptions  ou  plutôt 
les  éructations  se  font  depuis  un  temps  immémorial  environ 
huit  fois  par-  heure.  D'ailleurs,  les  mers  où  Ion  observe  les 
trombes  soni  toujours  remplies  d'îles  volcaniques.  Cuba  ,  par 
exemple  ,  et  toutes  les  autres  Antilles  ,  sont  des  foyers  de  vol- 
cans qui  ne  sont  encore  nullement  éteints. 

Le  même  observateur  a  décrit  deux  autres  trombes  qu'il  a 
vaes  près  des  côtes  de  l'île  de  Ténériffe ,  qui  est  un  des  plus 
considérables  volcans  de  la  terre.  Les  phénomènes  qu'elles 
lui  ont  présentés  sont  les  mêmes  qu'à  File  de  Cuba,  et  ne 
peuvent  que  confirmer  pleinement  l'idée  qu'il  a  conçue  de 
leur  origine. 

Si  loii  pouvoit  douter  que  les  trombes  de  mer  fussent  pro- 
duites par  des  émanations  soumarines  ,  il  suffiroit,  pour  s'en 
convaincre,  de  rapporter  l'observation  laite  par  M.  Wild, 
membre  de  la  Société  d'Histoire  naturelle  de  (ienève,  d'une 
trombe  extrêmement  curieuse  qui  se  manifesta  sur  le  lac  Lé- 
man, le  1.^'^  novembre  179^,  à  8  heures  et  demie  du  malili. 
M.  Wild  se  trouvoil  près  de  Cuilly,  sur  la  rive  septentrionale 
du  lac,  vis-à-vis  les  roches  de  Meillerie.  Quelqu'un  l'ayant 
averti ,  «  je  n'ai  eu  ,  dit-il  ,  qu'à  me  retourner  pour  voir  un 
«'-  phénomène  aussi  rare  que  magnifique. 

«  Un  peu  à  l'orient  du  village  de  iMeillerie  ,  et  en  appa- 
«  renée  vers  l'autre  bord  du  lac ,  mais  en  effet  plutôt  au  mi- 
«  lieu,  étoit  le  lieu  de  la  scène.  Le  ciel  éloit  fort  inégalement 
«  nuageux  ;  il  neigeoit  même  au-dessus  du  Boveret  (près  de 
«'  l'entrée  du  Rhône  dans  le  lac),  et  sur  les  hauteurs  dEvian, 


525  T  R  O 

«  c'est-h-clîre  à  gauche  et  à  droite  du  lieu  en  question.  Vis- 
«  à-vis  de  moi ,  des  nuages  fort  noirs  ceignoient  le  milieu 
«  des  montagnes;  c'eside  ceux-ci  que  descendoitune  colonne 
«  d'un  gris  fort  noir,  irès-épaisse,  et  telle  qu'on  l'auroit  crue 
«  solide  :  elle  étoit  très-nette  ,  parfaitement  isolée  ,  et  ses 
"  bords  tranchés  sur  sa  longueur. 

«  Je  joins  ici ,  ajoute  M.  Wild  ,  une  esquisse  du  phéno- 
«  mène  tel  que  je  l'ai  vu,  avec  des  lettres  de  renvoi  à  ses 
«  différentes  parties. 

«(  a.  représente  la  colonne  en  question. 

«f  b.  les  iiuagps  noirs  auxquels  elle  étoit  attenante. 

«f  c.  le  bas  «le  la  colonne  qui  étoit  la  plus  transparente  et 
«f  à  peine  visible  ;  elle  ressembloit  plutôt  à  une  vapeur  mon- 
«  tante  et  presque  dissou'e. 

»  d.  est  l'eau  écumanle  du  lac,  jaillissante  à  une  hauteur 
«  très-considérable  ,  que  j'estime  à  plus  de  loo  pieds  ,  et 
u  probablement  beaucoup  plus  :  c'étoit  la  partie  la  plus  belle 
«  du  spectacle  :  la  surface  du  lac  paroissoit  creusée  en  des- 
«  sous  ;  mais  ceci  pouvoit  être  une  illusion.  L'étendue  hori- 
«  zontale  de  cette  masse  jaillissante  étoit  assez  considérable  ; 
u  je  l'estime  à  environ  un  degré  de  Fhorizon.  » 

La  hauteur  apparente  de  la  trombe  étoit  de  8  degrés,  et 
comme  l'observateur  étoit  à  la  distance  d'environ  une  lieue  , 
il  estime  sa  hauteur  réelle  à  200  pieds,  et  le  diamètre  de  là 
masse  jaillissante  d'environ  3oo  pieds. 

M.  Wild  ajoute  que  la  durée  de  ce  phénomène,  depuis  le 
moment  où  il  l'aperçut ,  ne  fut  que  d'environ  trois  minutes  : 
il  disparut  très-rapidement  ,  en  commençant  par  sa  partie 
inférieure  ;  cependant  les  derniers  restes  de  ses  vapeurs  se 
voyoient  auprès  de  l'eau. 

Le  baromètre  étoit  à  26  pouces  7  i4/i6,  C'esl-à-dire  environ 
5  lignes  au-dessous  de  sa  hauteur  moyenne  au  bord  du  lac. 

Le  thermomètre  étoit  à  f  5  1/2 de  l'échelle  en  80  parties. 
(  Journ.  de  Phys. ,  nivôse  an  11,  pag.  Sg.  ) 

A  la  suite  de  cet  écrit ,  on  voit  une  note  du  célèbre  Marc- 
Auguste  Pictet ,  conçue  en  ces  termes  : 

«  J'ajouterai  à  la  description  donnée  par  mon  savant  ami, 
«  du  phénomène  dont  le  hasard  l'a  rendu  témoin  ,  qu'il  est 
«  très-rare  sur  notre  lac  ;  et  que  la  saison  ,  la  température  et 
«  l'état  non-électrique  de  l'air,  concourent  à  le  rendre  encore 
«  plus  extraordinaire  ;  car  la  plupart  des  auteurs  modernes 
«  quiont  parlé  de  ce  météore,  entre  autres  Beccaria,  Wilcke, 
«  Franklin  ,  Prieslley  ,  le  regardent  comme  un  phénomène 
«  électrique.  Mais  ,  dans  ce  cas  ,  l'électricité  ne  semble  pas 
«  y  avoir  contribué.  La  partie  du  lac  dans  laquelle  il  s'est 


T  R  O  5.3 

a  montré,  est  assez  suJôCte  aux  ouragans  qui  descendent  bnis- 
«  quement  des  montagnes  du  Chablais  ;  peut-être  la  même 
«  cause  qui  les  produit ,  occasione-t-elle  les  trombes  ,  lors- 
«  qu'elle  se  modiâc  d'une  certaine  manière.  »    {Ihid.  ) 

On  avoit  observé  sur  le  même  lac  ,  en  ly^i  et  1742  ,  des 
phénomènes  semblables  à  ceux  de  la  trombe  de  Meillerie , 
mais  moins  considérables. Il  résulte  de  leur  description,  faite 
par  les  professeurs  Crammer  et  Jallabert,  qu'il  y  avoit  dans 
les  eaux  du  lac  un  bouillonnement  considérable,  et  qu'il 
s'en  élevoit  une  vapeur  noire  et  épaisse.  (  Acad.  desScienc. , 
1741  ,  pag.  20  ,  et  17^2  ,  pag.  25.  ) 

D'après  les  faits  ci-dessus  ,  je  ne  crois  pas  qu'on  pût ,  avec 
quelque  vraisemblance  ,  assigner  une  cause  qui  ne  seroit  pas 
inhérente  au  lac  lui-même,  et  qui  seroit  capable  d'y  produire 
d'aussi  étranges  phénomènes,  lorsque  tous  les  environs  sont 
tranquilles  ,  et  ne  paroissent  y  participer  en  aucune  manière. 
Tout  me  semble  prouver  avec  évidence  que  cette  élévation 
subite  d'une  montagne  d'eau  ne  sauroit  être  attribuée  qu'à 
l'explosion  des  gaz  souterrains  dont  le  soupirail  s'est  ouvert 
dans  les  plus  grandes  profondeurs  du  lac. 

Il  est  tout  simple  ,  en  effet ,  que  les  gaz  qui  circulent  dans 
le  sein  de  la  terre,  lorsqu'ils  viennent  à  être  tout  à  coup 
enflammés  ,  ou  fortement  dilatés  par  une  cause  quelconque  , 
s'échappent  par  la  voie  la  plus  courte  ;  et  l'énorme  excavation 
du  lac  de  Genève  leur  présente  une  issue  plus  facile  que  toute 
autre. 

Aussi  voyons-nous  que  le  phénomène  prodigieux  dont  il 
s'agit  s'est  manifesté  précisément  dans  la  partie  du  lac  où  se 
trouve  sa  plus  grande  profondeur.  Une  ancienne  carte  de 
ce  lac,  dressée  par  Jac.  G.,  Genevois,  qui  paroît  très-exacte  ,, 
annonce  que  ,  dans  cet  endroit ,  on  nfe  trouve  point  de  fond 
à  5oo  brasses ,  et  il  paroît  que  ce  n'est  point  une  exagération, 
puisqu'à  un  quart  de  lieue,  seulement,  du  rivage  de  Meillerie, 
Saussure  trouva  gSo  pieds  de  profondeur. 

Cet  illustre  observateur  fait  mention  d'un  phénomène  qui 
se  manifeste  quelquefois  sur  le  même  lac  ,  et  qui  me  paroît 
avoir  la  plus  grande  analogie  avec  celui  que  rapporte 
M.  Wild  :  on  le  connoît  à  Genève, sous  le  nom  de  sèches: 
ce  sont  des  oscillations  réitérées  ,  des  espèces  de  flux  et  de 
reflux  des  eaux  de  la  partie  qu'on  nomme  le  petit  lac ,  qui 
s'élèvent  subitement  de  trois  à  quatre  pieds,  et  qui  retom- 
bent aussi  promptement  qu'elles  se  sont  élevées. 

La  différence  qui  se  trouve  entre  les  sèches  du  petit  lac  et 
la  trombe  de  Meillerie,  vient  probablement  de  ce  que  le 
fond  du  petit  lac  présente  aux  gaz  des  issues  plus  multipliées; 


^24  T  R  O 

de  sorte  que,  leur  effort  étant  beaucoup  plus  divisé,  le  sou- 
lèvement des  eaux  perd  en  hauteur  ce  qu'il  gagne  en  étendue. 

Peut-être  aussi  la  nature  des  gaz  qui  s'échappent  est-elle 
différente  :  il  y  a  tout  lieu  de  croire  ,  comme  l'a  si  judicieu- 
sement observé  M.  A.  Pictet ,  que  les  montagnes  du  Chablais 
ne  sont  point  étrangères  aux  divers  phénomènes  que  pré- 
sente la  partie  du  lac  dont  elles  sont  voisines.  Les  montagnes 
sont  les  grands  ateliers  où  la  nature  élabore,  de  mille  ma- 
nières ,  les  fluides  que  la  terre  aspire  de  l'atmosphère  ;  et  ceux 
qui  soulèvent  les  eaux  du  petit  lac  (qui  n'est  environné  que 
de  collines  )  n'ont  pas  sans  doute ,  à  beaucoup  près  ,  la  même 
énergie  que  ceux  qui  s'échappent  de  la  base  même  des 
Alpes.  * 

Aussi  tous  les  lacs  environnés  de  hautes  montagnes,  sont- 
ils  ceux  qui  présentent  le  plus  souvent  des  phénomènes  dignes 
d'attention,  mais  qui  sont  malheureusement  trop  éloignés 
de  l'œil  des  observateurs.  Voy.  Lacs,  Mer,  Typhon,  Vol- 
cans, (pat.) 

TROMBETTA.  C'est  le  Solénostome  bécasse  ,  à  Nice. 

(desm.) 

TROMBETTA.  Adanson  a  donné  ce  nom  aux  Pezizes  à 
chapeau  en  forme  de  trompette,  (b.) 

TROMBIDION,  Twmhidium.  Genre  d'arachnides  tra- 
chéennes ,  famille  des  holètres  ,  tribu  des  acarides  ,  ayant 
pour  caractères:  huit  pieds  uniquement  ambulatoires;  deux 
palpes  saillans,  pointas  au  bout,  avec  un  appendice  mobile  , 
une  sorte  de  doigt  sous  cette  extrémité  ,  un  corps  divisé  en 
deux  parties,  dont  l'antérieure,  très-petite,  portant  les  deux 
premières  paires  de  pattes  ,  la  bouche  et  les  yeux  ;  mandi- 
bules en  griffes  ;  deux  yeux  situés  chacun  au  bout  d'un  petit 
pédicule  fixe. 

Le  corps  des  tromhidlons  est  presque  carré  ,  déprimé  , 
mou  ,  marqué  de  plusieurs  enfoncemens  ,  et  ordinairement 
rouge  ;  les  yeux  sont  au  nombre  de  deux ,  écartés  ,  el  un  peu 
saillans. 

Les  entomologistes  qui  ont  précédé  Fabricius  ,  n'ont  pas 
distingué  ces  animaux  des  rniltes  (  acarus).  Degéer  seulement 
en  a  fait  une  division  particulière  ^  la  famille  des  miUes  va- 
gabondes. Le  célèbre  entomologiste  de  Kiell  place  les  trombi- 
dions  dans  son  ordre  des  unogates,  et  leur  donne  pour  carac- 
tères (  Entomolog.  system.  )  :  deux  palpes  courbés  ,  très- 
pointus;  lèvre  inférieure  concave,  recevant  les  mâchoires; 
antennes  sétacées.  Ce  dernier  caractère  doit  être  supprimé  ; 
les  trombidions  ,  ainsi  que  toutes  les  arachnides  ,  n'ayant 
certainement  pas  d'antennes.  Cet  auteur  avoit  mieux  vu  dans 


T  R  O  25 

ses  premiers  ouvrages  (  antennœ ,  quantum  video  ,  omnino 
nu'lœ  ,  Gêner.  Insect.  )  :  il  avoit  mis  dans  ce  genre  les  hy- 
drachnes  de  Muller,  c'est-à-dire,  qu'il  le  composoit  des  m/Wes 
vagabondes  et  des  mittes  aquatiques  de  Degéer.  Mais  il  a  depuis 
(  System,  ant.  )  adopté  celle  coupe  générique  du  naturaliste 
danois  ,  et  lui  a  donné  le  nom  à''atax. 

Les  recherches  de  Frederick  Hermann  nous  ont  fait  con- 
noître  un  grand  nombre  de  trombidions.  Il  les  a  décrits  et 
figurés  dans  son  bel  ouvrage,  intitulé  ,  Mémoire  aptérologique, 
auquel  nous  renvoyons  nos  lecteurs.  ' 

Le  Trombidion  satiné  ,  Trombidium  holosericeum  ,  Fab.  » 
ou  Tique  rouge  satinée  terrestre  de  Geoffroy,  est  connu  de  tout 
le  monde;  il  ressemble  à  une  très-petite  araignée,  d'un  beau 
rouge  ,  que  l'on  voit  courir  sur  l'herbe  ,  sur  les  arbres  ,  les 
murs ,  dans  les  jardins  ,  à  la  campagne  ,  etc.  Il  est  un  de  ceux 
que  l'on  voil  paroîlre  au  premier  printemps.  Quelques  per- 
sonnes même  croient  qu'il  seroit  un  poison  mortel  si  on  ve- 
Boit  à  l'avaler. 

Le  corps  de  ces  acarides  est  presque  carré  ,  ou  forme  une 
sorte  d'ovale  coupé  ou  très-oblus  aux  deux  extrémités;  il  est 
large  ,  aplati  en  dessus  ,  couvert  de  poils  très-courts  et  fort 
serrés  ,  d'un  rouge  d'écarlate  éclatant ,  et  a  des  rides  et  des 
enfoncemens  qui  rendent  sa  peau  très-inégale  ;  à  la  partie 
antérieure  du  corps  sont  deux  palpes  ou  deux  bras ,  comme 
dit  Degéer,  assez  longs  ,  courbés  en  dessous ,  articulés  et  ter- 
minés par  une  petite  pièce  écailleuse  ounoirâlre,  un  ongle  ou 
un  crochet;  à  quelque  distance  se  voit  en  dessous  une  appen- 
dice ou  un  corps  allongé,  arrondi  au  bout  et  mobile  ;  les  deux 
mandibules  sont  couchées  à  plat  sur  l'ouverture  de  la  lèvre 
supérieure  ,  qui  est  conique  ;  toutes  ces  parties  sont  réunies  à 
leur  base,  et  forment  un  petit  corps;  les  yeux  sont  placés  , 
un  de  chaque  côté,  en  forme  de  bouton  noir,  et  à  l'extré- 
mité d  unpetitsupporl;  les  huit  pattes  sontpresque  delà  même 
longueur,  divisées  en  six  articles  garnis  de  poils  ,  et  dont  le 
dernier  est  terminé  par  deux  crochets  fins,  et  qui ,  suivant 
Degéer,  paroissent  être  rétractiles;  les  quatre  pattes  anté- 
rieures sont  insérées  à  une  certaine  dislance  des  autres  , 
ayant  leur  origine  près  du  devant  du  corps  ,  et  celles-ci  vers 
son  milieu ,  d'où  il  résulte  un  intervalle  assez  grand  entre  les 
deux  premières  el  les  deux  dernières.  Le  même  observateur  a 
vu,  à  l'aide  d'un  microscope  à  liqueur,  que  les  poils  qui 
forment  un  duvet  en  brosse  sur  le  corps,  sont  cylindriques  et 
arrondis  à  leur  extrémité,  et  que  ceux  des  pâlies  et  des  ;  al- 
pcs  sont  barbus  (  F. ,  à  cet  égard,  l'ouvrage  d'Hermann). 
Le  milieu  du  dessous  de  l'abdomen  offre  une  partie  ovale  re!e- 


-        526  T  R  0 

vée ,  avec  une  fenle  au  milieu  :  c^est  l'anus.  Cet  animal  pour- 
roit  donner  une  couleur  d'un  rouge  écarlate. 

On  reçoit  des  contrées  équatorlales  un  trombidion  beaucoup 
plus  grand,  le  trombidion  colorant,  trombidium  iinctoriitm,  Fab.  ; 
pi.  H.  lo  ,  9  de  cet  ouvrage.  Il  est  également  d'un  beau 
rouge  écarlate  ,  mais  couvert  d'un  duvet  beaucoup  plus  épais, 
avec  les  extrémités  des  tarses  d'un  rouge  de  sang  foncé  , 
suivant  Pallas  ,  "et  les  jambes  antérieures  pâles  ,  selon 
Linnaeus. 

C'est  d'après  Fabricius  que  ce  naturaliste  dit  que  cette  es- 
pèce se  trouve  en  Guinée.  Tous  les  auteurs  qui  en  ont  parlé 
depuis,  indiquent  l'Amérique  pour  son  pays  natal.  Mais  il  y  a 
eu  une  confusion  d'espèces  ,  car  le  T.  colorant  se  trouve 
dans  l'Inde  et  à  la  Chine.  Quoi  qu'il  en  soit ,  cette  acaride 
pourroit  être  employée  utileuient  dans  la  teinture. 

La  MiTTE  FAUCHEUSE  de  Degéer  appartient  maintenant  à 
Kotre  genre  Erythrée.  Elle  est  ovale  ,  dun  rouge  foncé  , 
avec  une  grande  tache  allongée,  orangée  ,  sur  le  dos  ,  et  de 
très-longues  pattes.  Je  l'ai  trouvée  assez  communément  en 
France ,  dans  des  lieux  secs  ,  parmi  les  herbes,  (l.) 

TROMBIDITES,  Trombidites.  Nom  donné  par  M.  Léach 
à  une  famille  d'acarîdes  ,  classe  des  arachnides ,  qui  a  pour 
caractères  :  huit  pattes  ambulatoires  ;  bouche  munie  de  man- 
dibules ;  palpes  avancés,  avec  un  appendice  mobile  au  bout. 

Cette  famille  ne  comprend  que  les  genres  trombidion  et  éry- 
thrée  de  notre  section  des  trombidites  ,  famille  des  holètres. 

Dans  notre  méthode  ,  cette  section  se  compose  des  aca- 
rides  qui  ont  huit  pattes  ambulatoires  et  des  mandibules  ,  et 
formant  les  genres  sulvans  :  Trombidion  ,  Erythrée,  Ga- 

MASE  ,   ChEYLÈTE  ,  OrIBATE  ,  UrOPODE  et  ACARUS.  (l.) 

TROMOTRICHE.  M.  Hawoth ,  dans  l'ouvrage  sur  les 
plantes  grasses  qu'il  vient  de  publier,  donne  la  description 
de  quelques  genres  nouveaux  de  plantes  qu'il  a  cru  devoir 
établir  aux  dépens  du  stapelia  de  Linnœus.  Ces  genres  sont  : 
podunihes ,  tiidentea  ,  tromoiriche  ,  orbea  ,  obesia  et  duoalia.  Il 
adopte  en  outre  les  genres  huemia  ,  piuraniJnis  et  coralluma  de 
R.  Brovvn  ,  qui  sont   déjà  indiqués  dans  ce  Dictionnaire. 

Le  PoDATSTHES  est  caractérisé  ainsi  :  corolle  à  cinq  divi- 
sions ,  raboteuse,  largement  campanulée  au  fond,  avec  un 
bourrelet  épais  au  pourtour  ;  ligules  de  la  couronne  ou  nec- 
taires soudées  jusque  vers  le  milieu, canaliculées,  rhomboïdes, 
émarginées,  alternant  avec  cinq  étaniines  simples,  très-cour- 
tes, en  forme  de  pied  renversé  ,  courbé  el  fortement  appliqué 
sur  le  style.  Les  siopcUa  verruco$a  «l  lepidii^  Hortul.  ;  verrucosOy 


T  R  O  527 

puîchella  ,  irrorata  et  cîliata^^  toutes  quatre  de  Masson,  rentrent 
dans  ce  genre. 

Tridentea.  Diffère  du  genre  précédent  par  ses  ligules 
tridentées  et  par  ses  étamines  bipartites.  Il  faut  y  rapporter 
les  stapd'ia  gemmiflora  et  vetula  ,  Mass.  ;  moschata  ,  Hortul.  ; 
stygia^  Haworth  ;  veiula  ,  Bot.  Mag. 

TrOiMOTriche.  Corolle  lisse  roulée  en  dehors  ,  à  cils  trem- 
blotans  ,  spatules.''  ligules  de  la  couronne  5,  réunies  à  la 
base,  horizontales,  en  forme  de  rhoiiibe  cunéiforme-émar- 
giné  ou  denté  ;  étamines  inégalement  bifides  ,  à  branche  in- 
terne ,  recourbée  ,  plus  longue,  grélc  ,  à  sommet  sensible- 
ment rende,  de  manière  à  ce  qu'il  semble  un  stigmate.  Ici 
sont  rangés  les  stapelia  reooluta  et  plumosa^  Mass. ,  et  le  stapelia 
glauca  ,  Hortulan. 

Orbea.  Corolle  à  cinq  découpures  eo  étoile,  intérieure- 
ment toutes  raboteuses ,  s'élevant ,  en  avant  des  découpures  , 
en  cercle  ou  orbe  très-grand  ;  ligules  de  la  couronne  interne 
étalées  ,  longues  ,  2 — 3  dentées  à  l'extrémité  ;  étamines 
comme  dans  le  tromolriche.  Douze  espèces  rentrent  dans  ce 
genre  :  les  stapelia  mixiu  et  bisulca  ,  Donn.  ;  mixta  ^  Mass.  ; 
quinqueneroia^  bufonlu  ^  relusa  elsanguinea,  Havv.  ;  vari égala  j 
L.  ;  variegata^  Curtis  ;  orhicularis^  Andrew  ;  picta  ,  Bot.  Ma».^ 
et  woodjordiana  ,  Hortul. 

Obesia.  Corolle  non  relevée  en  cercle  ;  point  de  ligules  ; 
étamines  bipartites,  jaunes,  petites,  épaisses,  tronquées, 
un  peu  renflées  à  l'extrémité  ;  la  branche  extérieure  ouverte, 
l'intérieure  plus  grêle  ,  demi-cylindrique  ,  fortement  arquée 
sur  le  plateau  du  style.  Les  stapelia  gemminata  ,  punctata  et  dé- 
cora de  Masson,  rentrent  ou  paroissent  devoir  rentrer  dans 
ce  genre. 

ÔuvALiA.  Découpures  de  la  corolle  plus  ou  moins  réflé- 
chies par  les  bords ,  ou  fortement  repliées  ;  point  de  ligules  ; 
étamines  petites,  ressemblante  une  tête  d'oiseau,  en  creux, 
appliquées  sur  les  angles  du  style  ;  plateau  du  style  ,  rond  , 
un  peu  sinueux  ,  avec  cinq  dépressions  anguleuses.  Ce  genre 
renferme  huit  espèces  :  les  unes  ,  à  corolles  ciliées  ,  sont  les 
stapelia  recliiiata  ^  elegans  et  cœspitosa  ,  Mass.;  les  autres,  à 
corolles  absolument  sans  poils  ,  sont  les  stapelia  radiata,  Cur- 
tis ,  Bot.  Mag.;  compacla  ,  Havv.;  tuberculata  ,  lœvigata  et 
glomerata ,  ilortulan. 

M.  Haworth  donne  les  phrases  caractéristiques  de  toutes 
les  espèces  des  genres  que  nous  avons  cités  dans  cet  article. 

(LN.) 

TROMPE  ,  Tuba ,  Froboscis.  C'est  le  nom  qu'on  donne  à 


.^28  T  R  O 

ce  lube  que  les  éléphans  et  plusieurs  insectes ,  comme  les  pa- 
pillons,  etc. ,  portent  vers  la  bouche. 

Les  académiclc'ns  Duverney  et  Perrault ,  qui  ont  disséqué 
UH  éléphant  de  la  ménagerie  de  Louis  xiv ,  ont  décrit  les 
premiers  le  mécanisme  de  la  trompe  de  ce  grand  quadrupède. 
Elle  est  en  forme  de  cône  fort  allongé  ,  apioiie  sur  sa  face 
inférieure  ,  et  creusée  à  l'intérieur  de  deux  luvaux  parallèles. 
Ceux-ci  sont  tapissés  d'une  membrane  tendineuse  robuste  , 
toujours  enduite  d'une  humeur  muqueuse.  Ces  deux  tubes 
correspondent  aux  doux  trous  des  narines  auxquelles  la  trompe 
est  attachée  ,  et  avant  d'y  parvenir,  ces  tubes  se  recourbent 
deux  fois.  Une  valvule  élastique  et  comme  cartilagineuse,  qui 
se  relève  à  la  volonté  de  l'animal  ou  qui  retombe  d'elle  même, 
sépare  chaque  tuyau  de  la  cavité  nasale  correspondante.  La 
matière  de  la  trompe  est  charnue  et  composée  de  deux  genres 
de  fibres  musculaires;  les  unes  sont  placées  comme  les  rayons 
d'un  cercle  ,  et  vont  de  la  membrane  interne  de  chaque  tuyau 
à  une  autre  meuïbrane  placée  à  la  circonférence  et  immédia- 
tement sous  la  peau  ;  de  sorte  qu'en  se  contractant  elles  élar- 
gissent les  tuyaux  de  la  trompe.  Les  autres  fibres  musculaires 
sont  disposées  suivant  toute  la  longueur  de  la  trompe,  et  ser- 
vent à  la  faire  replier  en  différcns  sens  à  la  volonté  de  l'élé- 
phant ;  mais  il  n'y  a  point  de  fibres  annulaires  qui ,  en  se  ser- 
rant ,  eussent  rétréci  et  même  fermé  l'ouverture  des  tuyaux 
de  la  trompe  ,  à  peu  près  comme  te  muscle  ghileus  ou  constric- 
teur dn  vagin  ,  en  resserre  l'orifice  dans  l'acte  de  l'accouple- 
ment (  V.  le  mot  Er.EFHANT).  Les  trompes  des  insectes  sont 
autrement  conformées  ,  comme  on  peut  le  voir  aux  articles 
qui  en  traitent.  La  trompe  du  tapir  est  à  peu  près  comme 
celle  de  léléphant.  (vikey.) 

TROMPE  ,  Fruboscis.  V.  l'article  Bouche  des  insectes. 

(L.) 

TROIMPE  {vénerie).   C'est  le  cor  de  chasse,  (s.) 

TROMPE  ou  TROMPETTE  MARINE.  Vulgaire- 
ment on  désigne  sous  ce  nom  le  le  Triton  varié  de  M.  La- 
marck  ,  triton  vuriegatum.  (ntsM.) 

TROMPE-C/VSSAlRE.Variéiéde  Figuier  appelé  aussi 
figuer  de   Ciicrs.  (DESM.) 

TROMPE  D'ÉLÉPHANT.  On  applique  ce  nom  à 
une  CoCRÈTE  ,  Rliiiwnihus  elephas^  Linn.  (b.) 

TROMPE  M\RINR.  C'est  le  murex  tritonis  de  Linnœus  , 
qui  forme  le  type  du  genre  Triton.  V.  ce  mot.  (desm.) 

TROMPETTE.  Poisson  du  genre  Fistulaire.  On  ap- 


T  R  O  G29 

pelle  aussi  du  même  nom  un  Syngnathe  et  le  Centrisque 

BÉCASSE.   (B.) 

TROMPETTE.  On  donne  ce  nom  ,  dans  les  jardins  po- 
tagers ,  à  une  variété  de  Courge  à  fruits  longs,  (b.) 

TROMPETTE  D'ARU.  C'est  le  nom  d'une  coquille  du 
genre  Rocher  ,  Murex  aruanus  ,  Linn.  (desm.) 

TROMPETTE  BLANC  H  K.  Agaric  blanc,  demi-trans- 
parent ,  couvert  de  soies  noires  ,  dont  le  chapeau  se  relève 
pour  former  une  bouche  de  trompette.  Il  croît  aux  environs 
de  Paris  sur  la  terre  et  sur  les  noyers  morts.  Paulet ,  qui  l'a 
figuré  pi.  65  de  son  Traité  des  Champignons  ,  assure  qu'il 
n'est  pas  dangereux,  (b.) 

TROMPETTE  DE  BRAC.  Calao  d'Afrique  décrit  par 
le  Père  Labat,  F.  Calao  brac.  (s.) 

TROMPETTE  DE  DRAGON.  L'un  des  noms  vulgaires 
du  murex peiversus  de  Linnseus,  appelé  aussi  Xa guitare,  V unique , 
etc. ,  dont  Denys  de-Montforl  fait  le  type  de  son  genre  Car- 

REAL'  ,  Fulgur,  (DESM.) 

TROMPETTE  DU  JUGEMENT.  Nom  donné  à  la 
Stramoine  fastueuse  ,  Daturafastuusa  ,  à  cause  de  la  forme 
de  ses  Heurs,  (desm.) 

TROMPETTE  MARINE.  Ce  nom  a  été  donné  à  un 
VarEC  ,  le  fucus  buccinalis.  (DESM.) 

TROMPETTE  DE  MEDUSE.  Nom  jardinier  du  Nar- 
cisse sauvage,  Narcissus  pseudo  narcissus.  (B.) 

TROMPETTE  DES  MORTS.  Nom  donné  par  Paulet 
à  I'Helvrelle  corne  d'abondance  de  Ba\\iard(^Peziza  cornu- 
copioïdes  ,Linn  ),  laquelle  est  dans  le  cas  de  servir  de  type  à 
un  genre  particulier ,  ainsi  que  l'a  reconnu  Micheli.  (B.) 

TROMPETTE,  OISEAU  TROMPETTE.  V.  Agami. 

(s.) 

TROMPETTERO.  L'Agami  est  ainsi  nommé  par  les 
Espagnols  de  l'Amérique  méridionale,  (s.) 

TROMPEUR  ou  FILOU.  Poisson  du  genre  Spare  , 
Spams  insidiator  ^  I^inn.  ).  (b.) 

TRONA.  Nom  de  la  Soude  carbonatée,  en  Syrie.  Ce 
sel  y  est  apporté  de  Trôna  en  Afrique.  Voyez  Soude  carbo- 

NATÉE.  (lN.) 

TRONC.  V.  Arbre,  (b.) 

TRONCHON  ou  TRONCHOU.  On  appelle  quelque- 
fois ainsi  I'Espadon.  (b.) 

TRONFO  ,  ASTURNELLATO,  Noms  iialiens  du  Pi- 
geon romain,  (v.) 

xxxiy.  34 


53o  T  R  O 

TPtONGUM.Rumphius  appelle  ainsi  la  Morelle  folle. 

(B.) 

TRONGUM.  Plusieurs  espèces  de  morelles  sont  connues 
sous  ce  nom  dans  les  Indes  orientales  ,  et  sont  décrites  dans 
l'Herbier  d'Arnboine ,  par  Rumphius  (  vol.  5  ,  taU  85  et  86  ). 
Les  trongum  hortense  appartiennent  à  I'Acbergine  (  Solarium 
melongena)  ou  à  des  espèces  voisines;  le  trongum  agreste  est 
le  solarium  trongum  ,  L.  ;  le  trongum  agreste  album  se  rapporte 
au  solanum  album ,  Lour, ,  dont  on  mange  les  fruits  en  Co- 
chinchine,  où  ils  sont  appelés  Ca-CO,  el  le  trongum  pra  rubrum 
est  le  solarium  pressum  ,  Dunal.  Ce  dernier  est  nommé  pra  , 
qui  signifie  comprimé,  en  malais,  parce  qu'on  mange  les 
fruits  crus,  après  les  avoir  fortement  comprimés  entre  deux 
morceaux  de  bois  pour  en  faire  sortir  les  graines ,  à  cause  de 
leur  amertume,  (ln.) 

TROPiEOLUM.  Peiit  trophée  ,  en  latin.  Ce  nom  a  été 
fort  ingénieusement  appliqué  par  Linneeus  au  genre  de  la 
Capucine  ,  dont  les  fleurs  ressemblent  à  des  casques,  et  les 
feuilles  à  des  boucliers.  Le  Père  Feuillée  ,  Tournefort  et 
Adanson  ont  nommé  ce  genre  cardamindon  ,  traduction  grec- 
que du  latin  nasturtium  indicum  ,  qui  signifie  cresson  dinde , 
dénomination  par  laquelle  les  botanistes  ont  désigné  la  pe- 
tite espèce  de  capucine,  lors  de  son  introduction  en  Europe. 
Ce  genre  doit  former  une  famille  distincte  de  celle  desgéra- 
niées  ,  d'après  M.  Auguste  de  Saint-Hilaire.  (ln.) 

TROPEOLÊES.  Famille  de  plantes  proposée  par  Jus- 
sieu  pour  placer  les  genres  Capucine  et  Magellane,  V.  ces 
mots  et  le  mot  Géranoïdes.  (b.) 

TROPFSTEIN.  Les  auteurs  allemands  donnent  ce  nom 
à  la  Chaux  carbonatée  concrétionnée,  en  stalactite  ou  fi- 
breuse, (ltst.) 

TROPHIS  ,  Trophis.  Arbre  à  feuilles  alternes  ,  ovales- 
oblongues,  très-peu  péliolées,  glabres  ,  et  à  (leurs  disposées 
en  épis  axillaires  ,  qui  forme  un  genre  dans  la  dioécie  tétran- 
drie  et  dans  la  famille  des  urticées,  au  voisinage  desMuRiERS. 

Ce  genre  offre  pour  caractères: un  calice  nul;  une  corolle 
de  quatre  pétales  ,  et  quatre  étamines  dans  les  pieds  mâles  ; 
un  ovaire  arrondi ,  surmonté  d'un  style  bipartite  dans  les 
pieds  femelles  ;  une  baie  globuleuse  à  une  seule  semence. 

Le  trophis  se  trouve  à  la  Jamaïque.  Ses  baies  sont  agréa- 
bles au  goût.  Deux  autres  arbres  ont  été  depuis  peu  placés 
dans  ce  genre;  l'un  est  I'Achimène  de  Vahl  ,  et  l'autre  le 
Streble  de  Loureiro.  Adanson  nomme  ce  genre  Bucépha- 

I.ON.  (B.) 

TROPHONE,  Trophon.  Genre  de  Coquilles  établi  par 


T  R  O  53t 

Denys-de-Monlfort,  pour  placer  le  Buccin  feuilleté  ,  qui 
diffère  des  autres  par  son  ombilic.  Ses  caractères  sont  : 
coquille  libre  ,  univalve  ,  ovale  ,  à  spire  élevée  ,  le  dernier 
tour  excédant  les  autres  ;  ouverture  arrondie,  évasée  ;  colu- 
melle  étroite  ,  sans  plis;  lèvre  extérieure  tranchante,  feuille- 
tée ou  plissée  ;  base  ombiliquée;  canal  court  et  en  gouttière. 

L'espèce  qui  sert  de  type  à  ce  genre  a  quelquefois  quatre 
pouces  de  long.  Elle  est  striée  en  travers  et  agréablement 
plissée.  Sa  couleur  est  rose  ,  avec  des  stries  blanches.  Elle 
est  originaire  du  détroit  de  Magellan,  (b.) 

TROPILLOTL  et  TROPITOTL.  Noms  mexicains  du 
vautour  du  Brésil.    V.  l'article  des  Gallinazes.  (s.) 

TROPIQUES.  On  a  donné  ce  nom  à  deux  des  petits 
cercles  de  la  sphère,  qui  sont  parallèles  à  Téquateur,  et  dont 
ils  sont-éloignés  de  28  degrés  3o  minutes ,  l'un  du  côté  du  pôle 
boréal,  l'autre  du  côté  du  pôle  austral.  Le  premierse  nomme 
tropique  du  cancer  ,  parce  qu'il  touche  l'écliptique  au  premier 
point  de  ce  signe,  et  qu'il  paroît  être  décrit  par  le  soleil,  le  jour 
que  cet  astre  entre  dans  le  signe  du  cancer  ,  qui  est  le  jouç  da 
solstice  d'été.  Le  second  s'appelle  tropique  du  capricorne , 
parce  qu'il  touche  de  même  l'écliptique  au  premier  point  de 
ce  signe,  et  qu'il  paroît  être  décrit  parle  soleil  le  jour  que  cet 
astre  entre  dans  le  signe  du  capricorne  ,  qui  est  le  jour  du 
solstice  d'hiver. 

Il  est  visible  que  les  //*o/?/y«^5  embrassent  tout  l'espace  dans 
lequel  le  soleil  peut  se  trouver ,  et  cet  espace  est  de  ^7  degrés. 
De  là  vient  qu'on  voit  le  soleil  aller  et  revenir  d'un  tropique 
à  l'autre  pendant  le  cours  de  chaque  année,  (lie.) 

TROQUE.  On  a  quelquefois  traduit  par  ce  mot  le  nom 
de  trochus  qui  s'applique  aux  coquilles  du  genre  Toupie, 
tant  vivantes  que  fossiles,  (desm.) 

TROSCART  ,  Triglochin.  Genre  de  plantes  de  l'hexan- 
drie  trigynie  et  de  la  famille  des  alismoïdes ,  dont  les  carac- 
tères consistent  :  en  un  calice  de  trois  folioles;  en  une  corolle 
de  trois  pétales  peu  différens  du  calice  ;  en  six  étamines  très- 
courtes;  en  trois  ou  six  ovaires  connivens  à  stigmates  sessiles; 
en  troisousixcapsules,contenant  chacune  une  seule  semence 
attachée  à  son  sommet  par  un  cordon  pmbilical ,  ou  autre- 
tnent  une  capsule  à  trois  ou  six  loges  monospermes. 

Ce  genre  ,  dont  celui  appelé  Catha^the  par  Richard 
diffère  fort  peu  ,  renferme  des  plantes  à  tiges  grêles  à 
feuilles  linéaires  et  à  fleurs  disposées  en  long  épi  terminal. 
On  en  compte  six  espèces  dont  font  partie  : 

Le  Troscart  des  marais,  qui  a  la  capsule  triloculaire 


532  T  R  O 

jjnie,  linéaire  ,  et  aliénuée  à  sa  base,  il  est  bisannuel ,  et  se 
trouve  dans  toute  l'Europe  aux  lieux  marécageux.  Il  s'élève  à 
un  ou  deux  pieds. 

Le  TuoscART  MARITIME,  qui  a  les  capsules  à  six  loges  sil- 
lonnées et  ovales.  Il  est  vivace,  et  se  trouve  en  Europe  dans 
les  marais  salés.  Je  l'ai  aussi  observé  fréquemment  en  Amé- 
rique dans  les  mômes  lieux. 

Le  Troscart  bulbeux,  qui  se  trouve  au  Cap  de  Bonne- 
Espérance,  (b.) 

TROSTEL.  Nom  suisse  de  la  Petite  Grive,  (v.) 

TROTTE-CHEMIN.  Nom  du  Motteux  dans  le  Ro- 
raorentin.  (v.) 

TROUCCO.  A  Nice,  c'est  le  nom  des  Salmone  truite 
el  Truite  saumonée,  (desm.) 

TROUCIE.  On  donne  ce  nom  au  Zée  forgeron,  (b.) 

TROUDENT.  Nom  français  donné  par  M.  Brldel  au 
genre  Trematodon.  (p.  b.) 

TROUMBETTA.  Nomnlcéendu  Centrisque  sumpitt, 

(desm.) 

TROUMBOTJN.  UndesnomspiémontaisduBuTOR.  (v.) 

TROUNC-KIIE.  Arbre  dont  le  bois  est  très-dur  ;  il 
croît  dans  les  forêts  de  la  Cochinchine.  Loureiro  le  rapporte 
au  genre  érable  (  acer  pinnatum  )  ;  iuais  il  paroît  qu'il  en  doit 
laire  un  particulier.  (i-N.) 

TROUPEAU.  Réunion  d'animaux  de  même  espèce.  Cetle 
expression  s'emploie  plus  communément  pour  désigner  les 
bandes  d'animaux  domestiques:  un  troupeau  de  hêles  à  cornes  y 
de  Tuuutons  ,  de  chèvres ,  etc.  (s.) 

TROUPÏALE,  Jgelaius  ,  Vieill.  ;  Orlolus  ,  Linn. ,  Lalh. 
Genre  de  l'ordre  des  Oiseaux  sylvains  ,  et  de  la  famille 
des  Tisserands.  V.  ces  mots.  Caractères:  Bec  épais  à  sa  base, 
convexe  en  dessus  ,  droit ,  entier  ,  robuste  ,  longicône  , 
pointu  ,  quelquefois  un  peu  concave  près  du  capistrum  ;  à 
bords  droits,  à  pointe  aiguë,  très-rarement  obtuse  et  dé- 
primée ;  mandibule  supérieure  formant  un  angle  aigu  dans 
les  plumes  du  front  -,  narines  dilatées  ,  couvertes  d'une  mem- 
brane, et  situées  près  du, capistrum  ;  langue  cartilagineuse, 
bifide  ou  tritide  à  son  extrémité  -,  les  deuxième ,  troisième  et 
qualrième  rémiges,  les  plus  longues  de  toutes;  quatre  doigts» 
trois  devant ,  un  derrière  ;  les  extérieurs  réunis  à  leur  base. 

Les  oiseaux  connus  sous  le  nom  de  troupiale  ,  font  partie 
du  genre  Orioïus  de  Linnseus  ,  qui  est  composé  d'un  grand 
iionibre  d'espèces  qui  ont  beaucoup  de  choses  communes; 
mais  en  les  comparant  les  unes  aux  autres  ,  .on  s'aperçoit 
qu'on  â  eu  raison  de  les  diviser  pour  en  faire  des  groupes 


T  R  O  r.3J 

âîstiocts,  et  de  donner  à  chacun  des  noms  particuliers.  Ces 
groupes  sont  les  tmupîales  ^  les  cassiques  ,  les  caroiiges  y  les 
ialiimores ,  les  loriots.  Les  pi'emiers  diffèrent  des  c.issiques  , 
qui  sont  les  plus  grands  de  tous,  en  ce  qu'ils  n'ont  point,  comme 
eux  ,  la  racine  du  bec  aplatie  et  implantée  fort  avant  dans  le 
front  ;  leur  taille  est  généralement  moyenne.  Les  carouges 
sont  les  plus  petits  ;  ils  ont  le  bec  moins  fort  ,  un  peu  réOé- 
chi  en  arc  ,  et  ordinairement  très-aigu  ;  Jes  baltimores  ont  le 
bec  plus  court  à  proportion  et  plus  droit  que  celui  des  carou- 
ges ,  des  troupiales  et  des  cassiques,  mais  d'une  forme  par- 
ticulière ;  c'est  celle  ,  dit  Montbeillard  ,  d'une  pyramide  à 
cinq  pans,  dont  deux  pour  le  bec  supérieur  et  trois  pour  le 
bec  inférieur.  Il  nous  reste  les  loriots  ,  dont  les  mélliodisles 
ont  donné  le  nom  au  genre  entier.  Cependant  ces  oiseaux 
diffèrent  le  plus  de  tous  les  autres  par  la  conformation  de  leur 
bec  dont  la  parlie  supérieure  est  échancrée  et  couiLée  vers 
sa  pointe  ,  et  dont  l'inférieure  est  aiguë  ,  entaillée  et  retious- 
sée  à  son  exlrémité.  D'après  ces  dissemblances,  Brisson  a 
eu  raison  de  les  exclure  de  son  genre  troupiale. 

La  vraie  patrie  des  troupiales  ,  des  cassiques  ,  des  carou- 
ges et  des  baltimores  ,  est  le  nouveau  continent;  cependanf. 
Sonnerai  en   a  trouvé   deux   espèces   aux  Grandes-Indes, 

Quant  au  cap-more  ,  que  l'on  donne  comme  un  troupiale  du 
Sénégal ,  on  lui  a  trouvé  plus  d'analogie  avec  les  tisserins. 

Si  l'on  se  borne  aux  allures  et  à  quelques  habitudes  des 
troupiales ,  on  leur  trouve  des  rapports  avec  \eséloiirneuiix  ; 
aussi  ,  les  voyageurs,  les  Américains  ,  et  même  des  natura- 
listes ,  les  confondent.  Ainsi  que  i'élourneau  ,  les  troupiales 
volent,  dans  certaines  saisons ,  en  bandes  nombreuses  et  ser- 
rées, se  retirent  dans  les  roseaux  une  partie  du  "jour  ,  et  y 
passent  la  nuit.  D'après  cela,  il  ne  seroit  pas  étonnant  que 
plusieurs  oiseaux  donnés  par  Fernandez  pour  des  ctourneaux 
du  Mexique  ,  ne  fussent  réellement  que  des  troupiales.  On 
pourroit  encore  désigner  (juelques  oiseaux  d'Anserique  ran- 
gés dans  ie  même  genre  ;  mais  il  faut  des  observations  nou- 
velles pour  les  bien  déterminer. 

M.  de  Azara  s'exprime  ainsi  au  sujet  des  troupiales  ,  qui 
sont  très-nombreux  au  Paraguay.  LesEspagnols  leur  donnent 
le  nom  de  tardas ,  mais  ils  n'en  ont  point  chez  les  Guaranis. 
Leurs  mœurs  sont  sociales  au  point  que  l'amour  môme  ne 
divise  point  leur  réunion  ,  et  qu'il  est  assez  ordinaire  de  voir 
non-seulement  plusieurs  espèces  de  cette  famille  se  rassem- 
bler et  travailler  de  concert  ,  mais  encore  se  joindre  à  des 
espèces  très-différentes.  La  physionomie  des  troupiales  est 
animéie  ;  leurs  mouvemens  sont  vifs  et  iiidiquenl  la  défiance. 


534.  T  R  O 

Ils  volent  avec  une  rapidité  moyenne,  assez  long -temps  ,  et 
à  une  assez  grande  hauteur  ;  ils  sont  pleins  de  vigueur;  ils  ne 
quittent  point  les  lieux  qui  les  ont  vus  naître,  et  leur  chant 
est  une  espèce  de  sifflement.  Ils  marchent  à  pas  peu  précipi- 
tés ,  et  le  corps  presque  droit.  On  les  voit  tantôt  posés  à 
terre,  tantôt  perchés  sur  les  arbres  ou  sur  les  lianes;  ils  ne 
cherchent  point  à  se  cacher  ,  n'entrent  jairiais  dans  les  bois  , 
et  ne  mangent  jamais  de  fruits.  Les  insectes  ,  les  graines  et 
les  petites  semences  composent  le  fond  de  leur  subsistance  ; 
on  les  élève  facilement  en  cage.  Ils  prennent  beaucoup  de 
soin  pour  dérober  leurs  nids  à  tous  les  yeux.  Tous  ces  dé- 
tails ne  doivent  pas  être  généralisés  à  tous  les  Iroupiales,  car 
parmi  les  espèces  qui  habitent  les  îles  Antilles  ,  il  en  est  qui 
se  tiennent  ordinairement  par  paires  ,  et  quelquefois  en  fa- 
milles ;  mais  ils  conviennent  au  plus  grand  nombre  :  enfin  , 
les  troupialès  du  nord  de  l'Amérique  le  quittent  aux  appro- 
ches de  l'hiver  ,  et  sont  les  premiers  oiseaux  voyageurs  qui  y 
reviennent  au  printemps. 

A  l'exception  d'une  seule  espèce  (le  iroupiale  rouge ^  qui  a 
le  bec  aplati  et  un  peu  obtus  à  son  extrémité  ,  toutes  les  au- 
tres l'ont  plus  ou  moins  aigu. 

*  Le  TaoupiALE  arc-en-queue.  Cet  oiseau. est  décrit  et 
figuré  dans  l'ouvrage  de  Séba  ,  tom.  i  ,  page  97,  pi.  6i  , 
n."  3.  V.  AcoLCHi. 

*  Le  Troupiale  âcutipetsisie,  Oriolus  cmuhrutus  ,  Lath. , 
pi.  17  de  son  Synopsis.  Je  n'ai  jamais  rencontré  cet  oiseau 
dans  les  Etats-Unis,  et  Wilson  n'en  pas  fait  mention  ;  ce- 
pendant, Pennant  l'a  décrit  dans  une  Collection  d'oiseaux 
faite  dans  l'Etat  de  New-York  ,  par  M,  Ulackburn,  et  nous 
assîire  qu'il  est  indigène  à  l'Amérique  septentrionale.  11  se 
dislingue  de  tous  ses  congénères  ,  par  les  pennes  de  sa  queue 
qui  sont  terminées  en  pointe,  comme  celles  de  Vortolan  de 
riz,  dont  il  n'est  peut-être  qu'une  variété  accidentelle.  Au 
Teste  ,  il  a  le  dessus  de  la  tête  mélangé  de  cendré  et  de  brun  ; 
les  joues,  de  cette  dernière  couleur,  bordée  du  jaune  sombre 
qui  entoure  l'œil  et  se  prolonge  jusqu'aux  narines  ;  cette  der- 
nière teinte  est  claire  et  tachetée  de  brun ,  sur  le  devant  du 
cou,  la  poitrine  et  les  côtés  des  parties  postérieures  ;  la  gorge 
€t  le  milieu  du  ventre  sont  blancs;  le  dos  est  varié  de  cendré, 
de  noir  et  de  blanc  ;  les  couvertures  supérieures  des  ailes 
sont  noirâtres  et  frangées  de  ferrugineux;les  pennes  alaires  ont 
une  bordure  pareille  ,  sur  un  fond  brun-noir  ;  celles  de  la 
queue  ont  de  plus  une  nuance  olivâtre  et  des  lignes  transver- 
sales peu  apparentes  ;  le  bec  est  noirâtre  ,  et  le  tarse  d'un 
bran  pâle.  Cet  oiseau  est  de  la  taille  de  Vortolan  de  riz. 


T  R  O  535 

Le  Troupiale  aux  ailes  blanches.  V.  Tachyphone  a 

ÉPAULETTES  BLANCHES, 

Le  Troupiâle  aux  ailes  rouges.  V.  Troupiale  com- 
mandeur. 

Le  Troupiale  du  Bengale.  C'est,  dans  Brisson  ,  le  nom 
de  TÉtourneau  pie  ,  décrit  deux  fois  par  cet  auteur.  V.  l'ar- 
ticle Étourneau. 

Le  Troupiale  bicolor,  Agelaius  bicolor.  Vieil!.  Cette  es- 
pèce que  l'on  trouve  dans  l'Amérique  méridionale  ,  et  qui  est 
de  la  taille  du  troupiale  commandeur.,  a  la  tête  ,  la  gorge,  le 
cou  entier  ,  le  dos ,  les  ailes  et  la  queue  ,  d'un  brun  un  peu 
rougeâlre  ;  le  dessus  et  le  dessous  du  pli  de  l'aile  ,  et  le  reste 
du  plumage,  jaunes  ;  les  pennes  alaires,  grises  en  dessous  ;  le 
bec  et  les  pieds  rougeâtres. 

Le  Troupiale  des  bois  a  hausse-col,  V.  Arrémon. 

Le  Troupiale  des  bois  noir  et  couronné.  Je  ne  suis  pas 
certain  que  cet  oiseau  ,  décrit  par  M.  de  Azara,  sous  le  nom 
de  iordo  de  bosque  coronado  y  negro  ,  soit  un  véritable  troupiale  ; 
aussi  je  ne  le  place  ici  qu'en  attendant  qu'il  soit  mieux  connu. 
Il  a  le  bec  presque  droit  et  comprimé  sur  les  côtés;  la  langue 
assez  grosse,  triangulaire  et  pointue  ;  les  narines,  circulaires; 
la  queue,  cunéiforme  ;  sept  pouces  de  longueur  totale  ,  une 
belle  calotte  couleur  de  feu,  sur  la  tête  ;  les  couvertures  in- 
férieures de  l'aile  et  une  partie  des  supérieures,  d'un  très- 
beau  blanc  ;  le  reste  du  plumage,  d'un  noir  à  reflets  bleus  ; 
le  tarse  noirâtre  ;  le  bec  ,  noir  en  dessus  et  à  sa  pointe ,  d'un 
bleu  céleste,  clair  en  dessous;  l'iris  d'un  brun  foncé.  Un 
autre  individu,  que  M.  de  Azara  regarde  comme  un  jeune  en 
mue  ,  qui  quittoit.son  premier  plumage  ,  vraisemblablement 
roussâtre  ,  pour  prendre  celui  des  adultes,  avoil  des  taches 
longues  et  rousses  sur  la  calotte  rouge  de  la  tête  ;  le  resle  de 
la  tête  ,  la  gorge  et  le  cou  en  entier  ,  noirs  ;  les  ailes  et  leurs 
couvertures  mélangées  de  noirâtre  ,  de  roux  ,  de  noir  et  de 
roussâtre  ;  les  côtés  du  corps  et  de  la  queue  ,  plus  ou  moins 
noirs  y  plus  ou  moins  roux. 

Le  Troupiale  des  bois,  noir,  a  taches  blanches  aux 

ailes.   V.  TaCHYPHONE  a  ÉPAULETTES  BLANCHES. 

Le  Troupiale  DU  Brésil.  V.  Troupiale  japacani. 

Le  Troupiale  buuantin.   V.  Passerine  des  pâturages. 

Le  Troupiale  brun  de  la  Nouvelle-Espagne.  F.  Trou- 
piale A  calotte  noire. 

*  Le  Troupiale  brun  -  rougeatre,  Agelaius  ladius , 
Vieill. ,  est  rare  au  Paraguay  et  à  la  rivière  de  la  Plata. 
M.  de  Azara  l'a  rencontré  seul,  et  quelquefois  par  paires.  Il 
a  sent  pouces  de  longueur  totale;  une  petite  tache  noire,  en 


55b  T  B    O 

Ire  la  narine  et  l'œil  ;  la  tête  ,  le  cou  ,  le  dessous  du  corps  et 
les  couvertures  inférieures  des  ailes,  bruns  et  à  reflets  bleuâ- 
tres ;  le  corps  en  dessus  et  les  petites  couvertures  supé- 
rieures des  ailes  d'un  brun  foncé  ;  les  moyennes  et  grandes 
couvertures,  bordées  de  rougeâtre  sur  un  fond  noirâtre  qui 
est  la  couleur  de  la  queue  ;  les  pennes  alaires  avec  leur  tige 
et  leur  extrémité  noirâtres  ,  et  le  reste  rougeâtre  ;  le  bec 
noir;  le  tarse  noirâtre  et  l'iris  roux.  C'est  le  tordo  pardo 
Toxiso  de  M.  de  Azara. 

Le  Troupiale  a  calotte  noire  ,  Agelaîus  melaniclerus  , 
Vieill.  ;  Oriolns  me  xi  ta  nus  ^  Lalh.;  pi.  enl.  de  Buff. ,  n.^SSS. 
Qu'on  se  représente  un  oiseau  de  la  ta^le  du  merle  ^  d'un  beau 
jaune  ,  avec  une  calolle  ,  un  manteau  ,  une  queue  et  des  ailes 
noires  ;  on  aura  une  idée  juste  du  plumage  de  ce  irovpiale.  Le 
bord  des  couvertures  et  l'extrémilé  des  pennes,  sont  de  cou- 
leur blanche  ;  les  pieds,  marrons ,  et  le  bec,  d'un  gris  clair  , 
avec  une  teinte  orangée  ;  Tœil  est  entouré  d'une  peau  nue  ,  et 
un  trait  également  dégarni'de  plumes,  s'étend  depuis  l'angle 
de  la  bouche  ,  de  chaque  côté,  sur  une  longueur  d'environ 
un  pouce. 

Monibeillard  rapporte  à  cet  oiseau  le  troupiale  de  la  Nou- 
velle -  Espagne ,  de  Brisson.  S'il  appartient  à  cette  espèce, 
les  couleurs  ternes  indiquent  un  jeune  ou  une  femelle.  11  a  le 
dessus  de  la  tête  ,  le  dos  et  le  croupion  d'un  brun  noirâtre  , 
ainsi  que  les  pennes  des  ailes  et  de  la  queue  qui  sont  bordées 
de  gris  jaunâtre  ;  le  reste  du  plumage  est  jaune  ;  le  bec  el  les 
pieds  sont  jaunâtres. 

Le  Troupiale  à  calotte  rousse  ,  Agelaîus  ruficapillus  , 
Vieill.  M.  de  Azara  ,  qui  l'appelle  lordu  corona  de  canela  ,  n'a 
vu  ,  au  Paraguay  ,  que  dix  individus  de  cette  espèce  ;  ils 
avoient  élé  pris,  par  les  naturels,  dans  un  marais.  Il  a 
sept  pouces  deux  lignes  de  longueur  totale  ;  le  dessus  de  la 
tête,  la  gorge  et  la  moitié  de  la  partie  antérieure  du  cou  , 
d'une  belle  couleur  rousse  de  tabac  d'Espagne;  tout  le  reste 
est  d'un  noirprofond.  Cette  espèce  se  trouve  aussi  à  Çayenne 
et  au  Brésil. 

Le  Troupiale  de  la  Caroline.  V.  PasseriIse  des  pâtu- 
rages. 

*  Le  Troupiale  de  CarthagÎiNE  {Oriolus  carthaglnensis , 
Lalh.  ).  Scopoli  {An.  Hist.  nai.  ,  tom.  i  ,  p.  4o)  a  décrit  cet 
oiseau  dans  la  ménagerie  de  l'empereur  d'Allemagne  ,  ei  lui 
a  donné  le  nom  latin  de  co'raa'as  carthaginensîs  ,  parce  qu'il  a 
été  envoyé  de  Carlhagène  d'Amérique.  Sa  taille  esl  celle  du 
loriot;  lia  le  bec  et  la  tête  noirs  ;  la  poitrine  ,  le  ventre  et  le 
croupion ,  jaunes;  les  ailes  et  la  queue,  rousses  ,  tachetées 


T  R  O  537 

de  noir;  une  strie  blanche  qui  naît  à  l'origine  de  la  mandibule 
supérieure  ,  el  s'étend  sur  les  côtés  île  la  tête  jusqu'à  la 
nuqu<^  ;  ie  dos  est  varié  de  roux  et  de  brun.  Ce  iroupiale  est 
criard  et  d  un  caractère  inquiet. 

LeTROUPi\LE  DE  Cayenne,  de  la  pi.  enl.  deBuff. ,  n.** 
236  ,  a  été  donné  mal  à  propos  pour  un  oiseau  d'un  autre 
genre  ,  sous  la  dénomination  de  taïuigva  militarts.  V.  Tuou- 

PFALE  ROUGE  ET  KOIU. 

Le  Troupiale  châtain,  Ictems  castanens^  Daudin.  Cet 
oiseau,  dont  j'ai  fiiil  une  espèce  particulière  ,  sous  le  nom 
de  bahlwore  solitiiire  ,  n'en  est  point  une  ;  cest  le  a/roî/^e  à 
gorge  noire  n\à\c ,  à  1  âge  de  trois  ans.  Les  grandes  dissem- 
blances qui  existent  entre  la  livrée  qu'il  porte  à  cette  époque 
et  celle  de  ses  deux  premières  années,  m'ont  induit  en  er- 
reur ;  erreur  qu'on  pourra  excuser,  quand  on  saura  que  cet 
oiseau  se  propage  sous  la  dernière  ,  et  que  je  Tavois  pris  alors 
avec  sa  ft-melle,  son  nid  et  ses  petits  ,  et  que  sous  la  pre- 
mière je  l'avois  toujours  vu  seul  ,  ce  qui  m'avoit  déleraiiné 
à  lui  donner  l'épi  vièle  de  solitaire.  Le  met  le  à  gorge  noire  de 
Saint  Doniingiie  ,  décrit  par  Buffon  ,  pi.  enl.  55y  ,  est  un  in- 
dividu mâle  de  la  même  espèce  ,  qui  commence  à  prendre 
les  couleurs  qui  caractérisent  l'âge  avancé. 

*  Le  Troupiai,e  CHOPI  ,  Agr.laius  chopi  ^  Vieill.  IVI.  de 
Azara  ayant  classé  cet  oiseau  parmi  les  Iroupiales  ,  je  me 
conforme  à  la  décision  de  ce  savant  naturaliste  en  le  pl.Tcant 
ici.  Le  chopi  est,  dit-il,  d'im  naturel  peu  t'nrnnclie  ,  mais 
plein  de  finesse  et  de  ruse;  quoiqu  il  pénètre  dans  les  cours, 
les  salles,  les  galeries  des  babitalions,  il  sait  éviter  les  pièges 
et  y  tombe  rarement.  Son  vol  est  rapide  ,  mais  souvent  in- 
terrompu ;  il  attaque  quelque  oiseau  que  ce  soit  ;  le  poursuit 
avec  acliarnement ,  se  cramponne  sur  son  dos  et  le  irappc  à 
grands  coups  de  bec.  Si  un  oiseau  de  proie  ,  tel  que  Ui  rlii- 
mango  ou  le  caracara^  ainsi  attaqué,  se  pose  pousse  délivrer 
de  son  ennemi ,  celui-ci  se  place  à  neui'  ou  dix  pieds  de  dis- 
tance ,  et  fait  quelques  mouvemens  d'im  air  distrait ,  comme 
pour  donner  à  entendre  que  ce  sont  des  signes  de  paix  :  mais 
û\e.carat:ara^  se  fiant  à  ces  .ipparences,  détourne  la  îéte  pour 
regarder  d'un  autre  côté  ,  le  ujalin  r;//cp/ recommence  tout  à 
coup  ses  insultes  et  ses  attaques  ,  et  parvient  ainsi  à  cbasser 
au  loin  tout  ce  qui  rincommode.  Il  reconnoîl,  à  une  grande 
distance  ,  ses  ennemis  ,  à  leur  physionomie  et  niême  à  leur 
ombre.  11  averti!  du  danger  ,  par  un  sifflcnient,  toute  la  gent 
volatile  qui  ,  à  ce  signal,  s'échappe  el  se  cache  ,  tandis  que 
ie  courageux  chopi  ne  fuit  ni  ne  craint  ;  il  se  prépare  au  com- 
bat pour  chajiter  bientôt  sa  victoire,  çt  ce  chant  de  triomphe 


538  T  R  O 

commence  par  l'expression  du  nom  même  de  roiseau,et  con- 
tinue par  un  sifflement  gracieux  et  varié.  C'est  Tun  des  pre- 
miers oiseaux  qui  se  font  entendre  au  lever  de  l'aurore,  et  on 
l'entend  accompagner  de  sa  voix  le  son  des  cloches  ou  tout 
aulre  bruit.  On  le  voit  alors  souvent  perché  sur  les  girouettes 
et  les  toits,  d  où  il  part  pour  visiter  les  campagnes  et  les  ha- 
bitation.s.  Il  place  son  nid  dans  les  trous  des  murailles  ,  des 
rochers  et  des  arbres,  ou  sous  les  toits  des  maisons;  et  quel» 
quefois  sur  les  branches  épaisses  ,  hautes  et  déliées  des  oran- 
gers ou  des  autres  arbres  touffus.  Ce  nid  est  toujours  construit 
de  bûchettes  et  de  petites  pailles  en  dehors,  déplumes  dou- 
ces ,  de  filamens  et  d'antres  matières  semblables  mal  arran- 
gées et  en  petite  quantité,en  dedans.  La  ponte  ,  qui  a  lieu  en 
novembre,  et  qui  ne  se  renouvelle  point ,  est  composée  de 
quatre  œufs  blancs  ;  les  petits  sont  nourris  de  sauterelles  et 
d'autres  insectes.  Le  père  et  la  mère  les  alimentent  même 
en  cage ,  quoique  nouvellement  privés  de  leur  liberté.  Le 
chopi  a  neuf  pouces  et  demi  de  longueur  tolale;le  tarse,  écail- 
leux  et  rude  ;  la  queue,  étagée;  les  plumes  de  la  tête  et  du  cou 
étroites,  pointues,  un  peu  longues,  rudes,  formant  ,  par 
leurs  bords  relevés  ,  une  espèce  de  petite  cayité  ou  de  gout- 
tière ,  mais  tellement  appliquées  les  unes  sur  les  autres  ,que 
la  tête  reste  plate  dessus  et  très-rétréciè  sur  les  côtés.  Le 
plumage  ,  le  bec  et  le  tarse  sont  d'un  noir  profond  ,  sans  au- 
cun rellet  ;  l'iris  est  d'un  brun  clair  ;  la  première  livrée  des 
jeunes  offre  un  mélange  de  brun  ,  de  roux  et  de  bleuâtre  sur 
tout  le  corps  ,  du  rougeâtre  sur  les  couvertures  supérieures  et 
les  pennes  intérieures  des  ailes  ;  du  noirâtre  sur  les  autres 
pennes  et  sur  la  queue  ,  avec  des  bordures  rougeâtres;  parmi 
ceux-ci  on  ree^jinoît  les  sexes  en  ce  que  les  mâles  ont  plus  de 
rougeâtre  sur  les  couvertures  supérieures  de  l'aile  ,  et  les 
femelles  plus  de  noir.  Leur  première  mue  dure  pendant  six  ou 
sept  mois;  elle  commence  après  deux  mois  de  leur  naissance, 
époque  à  laquelle  il  leur  tombe  quelques  plumes  qui  sont 
remplacées  par  d'autres  plus  noires  ,  et  cela  continue  jusqu'à 
ce  que  leur  plumage  devienne  et  reste  entièrement  noir,  avec 
des  retlets  violets  ;  mais  ils  conservent ,  sous  l'aile,  une  tache 
de  couleur  de  {aAiac  d  Espagne  ;  dans  cet  état,  ils  n'ont  que 
huit  pouces  de  longueur  totale  et  qu'un  cri  de  rappel,  lors- 
qu'ils se  rassemblent  en  troupes  séparées  des  vieux.  Ce  n'est 
qu'à  un  an  que  leur  chant  commence  à  prendre  de  la  régu- 
larité, et  ce  n'est  qu'à  deux  ans  que  leur  plumage  est  parfait, 
que  leur  bec  s'allonge  ,  que  leur  face  se  rétrécit,  que  la  tête 
et  le  cou  se  recouvrent  de  plumes  longues,  étroites,  serrées 
les  unes  contre  les  autres  et  repliées  en  gouttière  ;  les  rcflcls 


T  R  O  539 

se  perdent  ,  des  modifications  varient  ie  chant ,  et  l'inslinct 
acquiert  plus  de  finesse.  Extrait  dç  la  traduction  française  de 
r  Histoire  des  Oiseaux  du  Paraguay  ^  par  Sonnini. 

Le  Troupialechrysoptère  ,  Agtlaius  chrysopiems ,  Vieili. ; 
Orlolus  rayanensis  ,  Lath.  Cette  espèce  se  trouve  dans  toutes 
les  grandes  îles  Antilles,  à  Cayenne  ,  à  l'île  Saint-Thomas 
et  au  Paraguay.  Le  mâle  est  totalement  noir ,  à  l'exception 
des  couvertures  supérieures  et  inférieures  des  ailes  qui  sont 
d'un  beau  jaune  ;  l'iris  est  de  cette  couleur  ;  la  queue  arron- 
die à  son  extrémité  ;  le  bec  et  les  pieds  sont  noirs  ;  longueur 
totale,  six  pouces  et  demi  à  sept  pouces.  La  femelle  a  le 
dessus  et  les  côtés  de  la  tête  noirâtres;  les  sourcils  d'une 
teinte  plus  claire  ;  ie  dos  d'un  brun  foncé;  les  plumes  des 
autres  parties  supérieures  et  des  inférieures,  noires  et  bor- 
dées de  roussâlre  ;  mais  sur  les  dernières  les  bordures  sont 
plus  étroites  et  d'une  nuance  plus  foible  -,  son  aile  est  pareille 
à  celle  du  mâle.  Le  jeune  mâle  lui  ressemble  pendant  sa 
première  année. 

Le  Troupiale  commandeur,  Agelai us phœnicus,\ ieWL; 
Oriolus  phœnicus ^  Lath.  ;  pi.  R.  11  ,  n."  4  ^e  ce  Dictionnaire. 
On  retrouve  ,  dans  cet  oiseau,  les  qualités  sociales  àncarouge 
à  long  bec  ,  même  intelligence,  môme  docilité  et  même  apti- 
tude à  imiter  des  voix  étrangères ,  soit  qu'on  le  tienne  en 
cage,  soit  qu'on  le  laisse  courir  dans  la  maison.  Des  Amé- 
ricains le  distinguent  du  quiscale  versicolor  par  le  nom  de  sœamp 
hlack-bird  (oiseau  noir  des  marais);  d'autres  l'appellent  ma«e 
ihlef{  voleur  de  maïs),  dénomination  qu'ils  imposent  aussi  à 
ce  quiscale^  et  qui  convient  très-bien  à  ces  deux  espèces  ;  car , 
réunies  ou  isolées,  elles  font  de  grands  dégâts  dans  les  champs 
de  maïs.  Elles  recherchent  les  grains  de  cette  plante,  surtout 
lorsqu'ils  commencent  à  germer  et  quelque  temps  avant  lem^ 
pleine  maturité  ,  parce  que,  à  ces  deux  époques,  cette  sub- 
sistance est  moins  dure  et  d'une  macération  plus  facile.  La 
tête  de  ces  troupiales  a  été  autrefois  mise  à  prix  comme  celle 
des  quiscales,  et  les  agriculteurs  n'avoient  pas  trouvé  de  moyen 
plus  efficace  pour  les  détruire  ,  que  de  tremper  le  maïs  ,  au 
moment  de  le  planter,  dans  une  décoction  d'ellébore.  Tous 
les  commandeurs  qui  en  mangeoient  tombolent  dans  des  con- 
vulsions si  violentes  ,  qu'on  pouvoil  aisément  les  prendre  à  la 
main  ;  mais  il  en  est  résulté  les  mêmes  inconvéniens  dont  j'ai 
parlé  précédemment  à  l'article  du  quiscale  versicolor.  On  les  a 
donc  laissés  tranquilles  ,  parce  qu'on  a  reconnu  qu'ils  contre 
balançolent  au  moins ,  par  leur  utilité  ,  les  pertes  qu'ils  pou- 
volent  occasioner  d'un  autre  côté,  en  détruisant  les  Insectes 
et  les  vers  qui ,  par  leur  muiliplicilé  ,  spnt  un  tiéau  beaucoup 


54o  T  R  O 

plus  à  craindre  pour  l'agriculture.  Néanmoins  ,  c'esl  un  mal- 
heur d'avoir  un  champ  de  blé  de  Turquie  dans  le  voisinage  de 
la  retraite  habituelle  de  ces  oiseaux  ;  car  ils  le  dévastent  en  peu 
de  temps,  pour  peu  qu'ils  soient  en  nombre.  Rien  ne  peut  leur 
faire  abandonner  celui  qu'ils  veulent  ravager  ;  rien  ne  les 
épouvante  :  si  le  bruit  de  l'arme  à  feu  ou  la  mort  de  leurs  sem- 
blables, dont  on  en  tue  souvent  douze  et  plus  d'un  seul  coup 
de  fusil ,  d'après  leur  manière  de  voler  et  de  se  percher ,  les 
en  éloignent,  ce  n'est  que  pour  un  moment,  et  ils  y  reviennent 
aussitôt  avec  la  même  audace  ;  seulement  ils  se  tiennent  plus 
sur  leurs  gardes  ,  et  semblent  avoir  alors  des  senlmelles  ,  qui 
avertissent  la  troupe  à  l'approche  du  danger.  A  leur  premier 
cri  d'alarme  ,  qui  m'a  paru  exprimer  le  mot  kouik,  et  qu'ils  ne 
jettent  que  lorsqu'on  inquiète  les  troupiales  ,  toute  la  bande 
s'enfuit,  s'élève  à  une  certaine  hauteur  et  décrit  plusieurs 
cercles  dans  les  environs  ,  comme  pour  s'assurer  de  la  réalité 
du  péril  ;  si  elle  le  juge  imminent ,  elle  s'éloigne  à  une  grande 
distance  et  revient  à  sa  pâture  favorite  aussitôt  qu'elle  croit  y 
être  en  sûreté.  Ces  oiseaux  ont  le  vol  vif,  droit  et  élevé  ;  ils  se 
tiennent  très-serrés  quand  ils  volent ,  et  se  perchent  très-près 
les  uns  des  autres  dans  les  roseaux  ,  leur  demeure  habituelle, 
ou  à  la  cime  d'un  arbre  ,  et  tous  choisissent  le  même  pour  s'y 
poser  ,  s'ils  y  trouvent  assez  de  place  ;  leurs  cris  sont  aigus  ; 
leur  ramage  est  sonore,  et  n'a  ,  selon  moi ,  rien  de  désagréa- 
ble ;  leur  chair  ne  peut  passer  pour  un  bon  manger,  même 
quand  ils  sont  gras.  • 

Cette  espèce  ,  qu'on  rencontre  dans  l'Amérique  septen- 
trionale,  depuis  le  Mexique  jusqu'à  la  Nouvelle-  Ecosse  et 
encore  plus  au  nord,  ne  se  trouve  point  dans  les  îles  Antilles. 
Elle  passe  la  mauvaise  saison  dans  le  sud  des  Etats-Unis,  et 
-elle  revient,  versles  premiers  jours  de  mars,  dans  les  provinces 
du  centre.  J'ai  remarqué  que  lesmâles  y  arrivoient  seuls  et 
les  premiers  ,  tandis  que  les  femelles  s'y  montroient  un  peu 
plus  tard.  J'ai  cru  pendant  long-temps  ,  d'après  celte  sépa- 
ration des  deux  sexes  à  leur  retour  ,  qu'ils  constituoient  deux 
espèces,  d'autant  plus  que  les  femelles  ont  un  plumage  très- 
différent  de  celui  des  mâles,  et  sont  d'une  taille  plus  petite  ; 
mais  par  la  suite  j'ai  reconnu  ma  méprise  ,  dans  laquelle  sont 
aussitombésBrissonet  tous  les  auteurs  qui  ont  fait  de  la  femelle 
une  espèce  distincte  ,  et  sous  le  nom  àecaronge  tacheté  {oriolus 
melanoleucus)  ,  mais  non  pas  le  troiipiale  tacheté  de  Cayenne  que 
Gmelin  et  Latham  lui  ont  rapporté  ;  car  celui-ci  est  le  trou- 
piale  de  la  Guyane  dans  son  premier  âge. 

Tous  les  commandeurs  qui  habitent ,  pendant  l'été  ,  dans 
le  nord  des  États-Unis,  mâles,  femelles  et  jeune-s,  émigrant 


T  R  O  5^1 

ensemble  à  l'automne,  sont  à  la  Louisiane  en  bandes  si  nom- 
breuses ,  qu'à  l'arrière-saison  ,  pendant  l'hiver,  on  peut  en 
prendre  trois  cents  d'un  seul  coup  de  filet,  et  qu'un  habitant 
de  celte  contrée ,  cité  par  Mauduyt ,  a  rassemblé  pendant 
un  seul  hiver  quarante  mille  de  ces  plaques  rouges  ,  dont  la 
partie  antérieure  des  ailes  des  seuls  mâles  est  décorée.D'après 
cela  ,  on  peut  juger  de  leur  extrême  quantité  dans  cette  con- 
trée ,  la  retraite  hybernale  d'une  grande  partie  des  oiseaux 
qui  se  tiennent  pendant  l'été  dans  le  nord  de  l'Amérique. 
Ces  plaques  étoient  autrefois  très-recherchées  par  les  fem- 
mes pour  garnir  leurs  robes. 

Ces  oiseaux  fréquentent,  à  leur  retour  dans  les  états  de 
New- York  et  du  INevv  -  Jersey  ,  les  marais  salés  ,  où  ils  se 
nourrissent  alors  des  graines  de  la  zizanie  aquatique.  A  me- 
sure qu'ils  pénètrent  dans  des  régions  plus  boréales,  les 
bandes  deviennent  moins  nombreuses,  parce  que  chacun 
retourne  au  lieu  de  sa  naissance  et  va  se  fixer  au  milieu  des 
plantes  aquatiques  dont  le  pied  baigne  continuellement  dans 
l'eau.  Ces  oiseaux  fréquentent  pendant  le  jour  les  champs  et 
les  prairies  ,  se  retirent  le  soir  dans  les  marais  et  les  roseaux, 
et  y  passent  la  nuit.  Quoique  appariés,  ils  se  tiennent  tou- 
jours à  peu  de  distance  les  uns  des  autres  ;  la  recherche  de 
leurs  alimens  ,  l'amour  même,  ne  jettent  point  la  discorde 
parmi  eux  ;  d'un  naturel  très  social,  ils  vivent  ensemble  d'un 
commun  accord.  Leur  nid ,  qu'ils  placent  souvent  dans  un 
endroit  impénétrable,  est  comme  suspendu  entre  des  roseaux 
dont  ils  entrelacent  les  feuilles  pour  en  faire  une  espèce  de 
comble  ;  des  herbes  grossières ,  liées  ensemble  avec  de  la 
terre  ,  donnent  à  son  contour  et  à  sa  base  beaucoup  de  soli- 
dité et  d'épaisseur.  Cette  sorte  de  batifodage  est  garni  en 
dedans  de  fiîamens  de  racines  et  d'herbes  les  plus  fines  et  les 
plus  mollettes.  Ce  berceau  est  placé  à  une  hauteur  si  bien 
mesurée ,  qu'il  se  trouve  toujours  au-dessus  des  crues  d'eau 
ordinaire.  Lorsque  les  roseaux  ne  présentent  pas  à  ces  oiseaux 
les  commodités  qu'ils  recherchent ,  ils  nichent  sur  les  arbris- 
seaux, et  toujours  sur  ceux  qui  sont  dans  Jes  lieux  marécageux. 
Chaque  ponte ,  car  ils  en  font  ordinairement  deux  par  an 
est  de  cinq  ou  six  œufs  dun  gris-blanc  parsemé  de  taches 
noires  irrégulières. 

La  plaque  rouge  du  mâle  a  valu  k  celte  espèce  ,  de  la  part 
des  Espagnols  du  Mexique  ,  le  nom  de  commendador  ,  d'après 
quelques  rapports  entre  elle  et  la  marque  d'un  ordre  de  che- 
valerie. Les  Mexicains  l'appellent  acolchichi ,  et  les  Français 
de  l'Amérique  septentrionale  lui  trouvant  plusieurs  traits  de 
conformité  daris  son  plumage  et  ses  habitudes  avec  notre 
éloumeau  ,  lui  en  ont  imposé  le  nom  ;  cependant^  ce  n'est 


5^2  T  R  O 

point  un  oiseau  du  genre  de  ce  dernier  ;  quoiqu'au  Muséum 
d'Histoire  naturelle  on  l'y  ait  placé,  car  il  n'en  a  pas  le 
bec. 

Le  haut  de  la  plaque  que  Ton  remarque  sur  la  partie  anté- 
rieure de  l'aile  est  d'un  rouge  de  cerise, et  le  bas  d!un  jaune  cha- 
mois clair;  tout  le  reste  du  plumage  est  d'un  noir  pur  qui  jette 
de  foibles  refletsbleuâtres  et  verdâlres;  l'iris  est  jaune;  le  tarse 
noir;  le  bec  est  de  cette  couleur  et  diffère  de  celui  des  autres 
Iroupiales  en  ce  qu'il  est  ciselé  ,  avec  un  petit  renfoncement 
à  la  base  de  sa  partie  supérieure  ;  tel  étoit  le  bec  des  individus 
que  j'ai  eu  occasion  d'examiner;  la  longueur  totale  est  de  huit 
pouces.  Cette  description  ne  convient  qu'au  mâle  dans  l'âge 
avancé.  L'adulte  a,  dans  ses  premières  années,  une  partie 
des  plumes  du  corps,  les  couvertures  supérieures  et  les  pen- 
nes des  ailes  pfus  ou  moins  bordées  de  blanc  ;  les  épaulettes 
d'un  rouge  orangé  et  terminées  par  une  teinte  de  feuille  morte. 
Le  jeune  mâle  ,  jusqu'à  sa  première  mue  ,  est  d'une  taille  un 
peu  inférieure  ;  ses  plumes  sont  presque  toutes  bordées  de 
roux  et  de  blanc  sur  un  fond  noir  ;  celles  de  la  partie  anté- 
rieure de  l'aile  sont  de  cette  dernière  couleur  dans  le  milieu, 
et  d'un  orangé  foncé  sur  les  bords. 

La  femelle  a  six  pouces  trois  quarts  de  longueur  totale  ;  le 
bec  noirâtre  en  dessus ,  jaunâtre  en  dessous  ;  les  sourcils  de 
cette  dernière  teinte  ;  toutes  les  parties  supérieures  d'un  brun 
foncé, varié  détaches  longitudinales  blanches  sur  la  tête, d'un 
blanc  qui  Incline  au  jaune  sur  le  corps, et  qui  sont  plus  sombres 
surla  poitrine  et  sur  le  ventre;la  couleur  bianclie  prend  un  ton 
roux  à  la  base  du  bec  et  sur  le  devant  du  cou  ;  les  couver- 
tures supérieures  des  ailes  ,  les  pennes  et  celles  de  la  queue 
ont  à  leur  extérieur  un  liseré  pâle  sur  un  fond  brun  ;  les  pieds, 
sont  noirâtres  ;  quelques  plumes  du  haut  de  l'aile  sont  rouges, 
mais  d'une  nuance  moins  vive  que  la  plaque  du  mâle.  Les 
jeunes  femelles  ne  diffèrent  des  adultes  qu'en  ce  que  leurs 
couleurs  sont  plus  claires ,  et  qu'elles  n'ont  point  d'épauleltes 
rouges. 

Celle  espèce  présente  quelques  variétés  accidentelles  ; 
celle  indiquée  par  Buffon  a  la  tête  et  le  haut  du  cou  d'un 
fauve  clair;  j'en  ai  vu  une  autre  ,  à  Philadelphie  ,  dans  le 
muséum  de  M.  Peales,  qui  étoit  totalement  d'une  couleur 
de  crème. 

Les  différences  très-prononcées  qu'on  remarque  entre  les 
mâles,  les  femelles  et  les  jeunes,  ont  induit  en  erreur  îes 
personnes  qui  disent  que ,  lorsqu'on  tire  sur  une  volée  de  ces 
troupiales,  il  tombe  ordinairement  des  individus  de  plusieurs 
espèces;  car,  à  l'exception  des  quiscales  versicolors  ,  on  voit 
très -rarement  d'autres  oiseaux  mêlés  avec  eux,  quand  il» 


T  R  O  5^3 

sont  en  Tair.  Il  n'en  est  pas  toujours  de  même  lorsqu'ils 
cherchent  leur  nourriture  ;- car  j'ai  vu  souvent  avec  eux  des 
passanos  ,  des  pâturages  et  des  carouges  noirs  ^  mais  ceux-ci  font 
toujours  bande  à  part,  dès  l'inslant  qu'ils  s'envolent. 

Le  Troltiale  doré  ,  Jgelaîus  xanihomus ,  Vieill.  ;  On'oltis 
xanthornus,  Lalh.  ;  pi.  enl.  de  Buffon ,  n.°  5,  fig,  i  ,  sous  le 
nom  decarouge  du  Mexique. Cette  espèce  se  trouve,  non  seule- 
ment à  Cayenne  ,  mais  encore  et  rarement  dans  les  Grandes 
Antilles.  C'est  par  erreur  que  Montbeillard  a  donné  pour  la 
femelle  de  cet  oiseau ,  le  carouge  de  St.-Domingue ,  car  il 
est  d'une  espèce  bien  distincte,  «  Le  mâle,  dit  cet  auteur, 
a  un  jargon  à  peu  près  semblable  à  celui  de  notre  loriot ,  et 
pénétrant  comme  celui  de  la  pie.  j>  Le  troupiale  doré  sus- 
pend son'nid  en  forme  de  bourse  à  l'extrémité  des  bratiches, 
surtout  de  celles  qui  sont  longues  ,  dépourvues  de  rameaux  , 
et  qui  sont  penchées  sur  une  rivière.  Dans  chaque  nid,  il  y 
a  ,  assure-l-on  ,  de  pcliles  séparations  où  sont  autant  de  ni- 
chées. Cet  oiseau,  rusé  et  difficile  à  surprendre,  est  un  peu 
plus  gros  que  l'alouette  ;  il  a  six  pouces  neuf  lignes  de  lon- 
gueur ;  le  bec  et  les  pieds  noirs  ;  la  queue  élagée  ;  le  dessus 
de  la  tête,  les  côtés,  ceux  du  cou  et  de  la  gorge  ,  le  ventre, 
la  poitrine,  les  couvertures  inférieures  de  la  queue,  d'unjaune 
doré;  la  gorge,  noire  ;  le  dessus  du  corps  ,  d'un  jaune  sali  de 
brun  sur  les  uns  ,  d'un  vert  jaune  sur  d'autres  ;  les  petites  cou- 
vertures des  ailes,  de  celte  dernière  teinte;  les  moyennes  ont 
une  tache  noire  ;  les  autres,  les  pennes  des  ailes  et  de  la 
queue  sont  pareilles,  et  les  grandes  couvertures  terminées  de 
blanc. 

*  Le  Troupiale  dragon,  Agelaîusvirescens^  Yieill.,  se  trouve 
au  Paraguay  et  à  Buenos- Ayres.  Le  nom  de  dragon  a  été  im- 
posé à  celle  espèce,  par  M.  de  Azara  ,  à  cause  de  sa  couleur. 
Il  a  huit  pouces  sept  lignes  de  longueur  totale  ;  la  tête,  noi- 
râtre; le  devant  du  cou,  brun  (  quelques  individus  ont  du  jaune 
au  haut  de  la  gorge);  la  poitrine  ,  le  haut  du  ventre  et  les 
couvertures  des  ailes  ,  à  l'exception  des  grandes ,  jaunes  j 
tout  le  reste  du  plumage  d'un  brun  noirâtre  ,  lavé  de  vér- 
dâtre  sur  le  croupion  ;  le  bec,  brun^ foncé,  et  le  tarse,  noir. 

*  Le  Troupiale  a  épaulettes  rousses  ,  Agelaius  pyrrho- 
pterus  ,  Vieill.  M.  de  Azara,  qui,  le  premier,  a  décrit  ce 
troupiale  sous  le  nom  de  tordo  negro  cobijas  de  canela  ,  s'ex- 
prime ainsi  à  son  sujet  :  C'est  un  oiseau  vigoureux  ;  il  marche 
quelquefois  sur  la  terre  ;  il  vole  avec  force  ,  et  il  est  défiant; 
son  œil  est  petit  ;  sa  tête  rétrécie  en  devant ,  et  les  plumes  qui 
la  couvrent  sont  serrées  l'une  contre  Tautre.  Cependant,  je 
pense  qu'il  doit  être  séparé  des  troupiales,  à  cause  de  sa  queue 


544  T  R  0 

plus  longue  et  fortement  étagée  ,  de  son  vol ,  de  ses  jambes  , 
de  ses  pieds  et  de  ses  doigts  plus  courts  ,  de  son  corps  plus 
délié  ,  de  la  quatrième  penne  de  Toile  plus  longue  que  les 
autres,  du  bec  plus  ef(jlé,  aminci  et  sans  enfoncement  à  sa 
base  ;  enfin  ,  à  cause  de  la  couleur  rousse  de  l'iris.  Ces  dif- 
férences sont-elles  assez  essentielles  pour  l'éloigner  de  ce 
genre?  Au  reste,  on  le  voit  en  petites  troupes,  et  on  ne 
remarque  point  de  dissemblances  entre  les  sexes.  Ces  oi- 
seaux ne  s'éloignent  point  de  la  lisière  des  bois  et  des  hal- 
liers  ;  ils  ne  fréquentent  jamais  les  lieux  aquatiques  ni  les 
bois  ;  enfin  ,  ils  ne  mangent  point  de  grains  et  ne  vivent  que 
d'insectes.  Ils  construisent  leur  nid  à  la  pointe  des  bran- 
cbes  longues  d'une  palme,  entrelacent  el  arrangent  des  brins 
de  paille  déliée  qu'ils  fortifient  avec  des  feuilles  ;  le^  liens  qui 
les  aîlachentetle  poidsdunid  font  plierun  peu  les  feuilles  ,  de 
sorte  que  le  berceau  est  abrité  de  tous  côtés,  et  qu'il  est  cou- 
vert en  dessus  par  la  brancbe  elle-même.  Il  n'est  point  garni 
en  dedans  ;  et,  quoique  tissu  en  forme  de  bourse  suspendue, 
il  est  si  court ,  que  son  fond  ne  dépasse  pas  les  feuilles.  La 
ponle  est  de  trois  œufs. 

Cette  espèce  a  buit  pouces  et  un  tiers  de  longueur  totale  ; 
la  queue,  longue  de  huit  pouces  trois  quarts,  composée  de 
douze  pennes  étagées,  dont  l'extérieure  est  plus  courte  de 
onze  lignes,  que  les  quatre  intermédiaires;  les  narines,  assez 
larges  ,  placées  très-près  des  plumes  du  front,  et  recouvertes 
par  une  petite  membrane  à  leur  partie  supérieure  ;  la  langue, 
étroite,  longue  ,  dure  et  comme  usée  à  sa  pointe  ;  le  tarse, 
robuste  et  long  de  onze  lignes;  tout  le  plumage  ,  le  bec  et  les 
pieds,  d'un  noir  profond,  à  l'exception  d'une  tache  d'un  roux 
vif  ou  de  couleur  de  tabac  d'Espagne  ,  large  de  six  lignes  , 
qui  est  au  milieu  des  couvertures  supérieures  de  l'aile.  Le 
iTiale,  la  femelle  et  le  jeune  se  ressemblent. 

Selon  Sonnini ,  on  ne  peut  se  refuser  à  reconnoître  l'iden- 
tité de  ce  troupiale  et  de  l'acolchichi  de  Fernandez.  Pour 
adopter  son  opinion ,  il  faut  une  description  plus  complète 
de  cet  acolchlchi ,  que  celle  donnée  par  Fernandez  ;  cepen- 
dant, connue  cet  auteur  espagnol  assure  que  cet  oiseau  est 
rranivore  ,  tandis  que  le  troupiale  à  épaulettes  rousses  ne 
touche  point  aux  grains  ,  ni  en  captivité,  ni  en  liberté,  c'est 
une  objection  assez  forte  pour  douter  de  leur  identité.  Son- 
nini ajoute  ,  pour  renforcer  son  opinion  ,  que  l'acolchichi 
n'est  pas  le  même  oiseau  que  le  commandeur  des  Etats-Unis, 
quoique  Guenau  -  de  -  Montbeillard  et  les  naturalistes  qui 
l'ont  suivi  l'aient  jugé  différemment  ;  cependant,  l'espèce  de 
ce  commandeur  est  si  nombreuse  dans  la  partie  septenlrio- 


.T  R  O  5.;5 

hile  du  Mexique  ,  surlout  pendant  l'hiver,  qu'il  seioit  éton- 
nant qu'elle  eût  échappé  aux  recherches  de  Fernandez,  si 
ce  n'est  pas  son  acolchichi  auquel  les  Espagnols  de  celte 
contrée  donnent  le  nom  de  commendador. 

Le  Troupiale  feurugitseux.  V.  Troupiale  gris  de  fer. 

Le  Troupiale  A  FRONT  châtain,  Jgelaius  frontalïs ,\ieil]. 
Cet  oiseau  que  l'on  trouve  à  Cayenne,a  le  front,  la  gorge  et  le 
haut  du  cou  en  devant ,  d'un  châtain  rembruni  ;  le  reste  du 
plumage  ,  le  bec  et  les  pieds  noirs  ;  taille  un  peu  inférieure  à 
celle  du  Troupiale  doré. 

Le  Troupiale  gri^.  F.  Troupiale  tocolin. 

Le  Troupiale  GRIS  de  fer,  Oriohis ferruginosus.  Cet  oiseau 
est  un  jeune  ou  une  femelle  de  l'espèce  du  Carouge  hoir. 
V.  ce  mot. 

Le  Troupiale  de  la  Guianp  ,  de  la  pi.  enl.  de  Buffon, 
n."  36,  est  un  jeune  de  l'espèce  du  Troupiale  rouge  et  noir. 
V.  ci-après. 

Le  Troupiale  guirahuro  ,  Age.îaius  guirahuro,  Vieill.  Le 
nom  imposé  à  cet  oiseau  est  du  langage  des  (guaranis,  et  veut 
dire  oiseau  nuir  et  fâcheux  ;  mais.,  dit  M.  de  Azara,  aucune 
de  ces  qualifications  ne  convient  à  l'oiseau  de  cet  article  ;■ 
cependant  il  le  décrit  sous  ce  nom  ;  d'autres  l'appellent  gui- 
7-ahu  bannadu,  parce  qu'il  vit  dans  les  lieux  humides,  et  quel- 
ques-uns dragon  à  cause  de  sa  couleur.  11  est  assez  commun 
au  Paraguay  ,  dans  le  voisinage  des  eaux  stagnantes  ;  on  le 
trouve  aussi  à  la  rivière  de  la  Plata.  11  se  rassemble  par 
petites  troupes  ,  et  il  se  perche  sur  les  arbres  et  sur  le» 
plantes  aquatiques. 

Cette  espèce  construit  son  nid  dans  les  joncs  ,  l'attache  à 
deux  petits  rameaux  qui  font  la  fourche,  de  sorte  qu'il  paroît 
comme  suspendu  à  cette  fourche  :  il  est  petit  ,  profond  , 
formé  de  pailles  menues  sans  aucune  garniture  intérieure  , 
et  élevé  de  trois  palmes  au-dessus  de  la  terre  ;  la  ponte  est 
de  trois  œufs  blancs  et  tachés  de  roux.  Ce  troupiale  a  neuf 
pouces  un  quart  de  longueur  totale  ;  la  tête  et  le  devant  du 
cou ,  noirâtres  ;  le  derrière  de  la  tête  ,  le  haut  du  dos  ,  les 
pennes  et  les  grandes  couvertures  supérieures  des  ailes,  d'un 
brun  foncé  et  lavé  foiblement  de  jaune  ;  les,  couvertures 
supérieures  de  la  queue  de  la  même  teinte  et  bordées  de 
jaune  ;  le  reste  du  plumage  d'un  jaune  pur  ;  l'iris  châtain  ;  le 
bec  et  les  pieds  noirs.  Sonnini  rapporte  cet  oiseau  au  ca- 
rouge de  Saint-Domingue,  mais  c'est  de  sa  part  une  méprise. 
V.  Carouge  esclai^e^^et  comparez.  Il  a  cependant  dans  son  genre 
de  vie  une  grande  similitude  avec  le  troupiale  commandeur, 

xxxiY.  'io 


H^  T  R  O 

Le  Troufiale  huppé  de    Madras.   V.  Platyrhykque 

IIUPPÉ  A  TÊTE  COULEUR  d' ACIER  POLI. 

Le  Troupiale  des  Indes.  F.  Loriot  orangé. 

*  Le  Troupiale  jacapani  ,  Orîolus  brasilianus  ,  La  th.  Ce 
troupiale  du  Brésil  est  de  la  grosseur  de  Vétourneau,  et  long  de 
huit  pouces.  Le  bec  est  noir  ,  long  ,  pointu  ,  un  peu  courbé  ; 
la  tête  noirâtre  ;  l'iris  couleur  d'or  ;  un  mélange  de  noir  et 
de  brun  clair  couvre  la  partie  postérieure  du  cou  ,  le 
dos  ,  les  ailes  et  le  croupion  ;  les  pennes  de  la  queue  sont 
noirâtres  par-dessus  ,  et  tachetées  de  blanc  par-dessous  ;  la 
poitrine  ,  le  ventre  ,  les  jambes,  variés'de  jaune  et  de  blanc, 
avec  des  lignes  transversales  noirâtres  ;  les  pieds  bruns,  et 
les  ongles  noirs  et  pointus. 

Brisson,  en  rapportante  ce  \TOVtT^\d\e.\c  gobe-mouche  jaune  et 
//nm  de  Sloane  a  copié  l'erreur  de  ce  naturaliste,  qui  a  cru  que 
c'étoitlemême  oiseau  que  celui-cl.Montbeillarda  jugé  que  ces 
deux  oiseaux  étoient  d'espèces  distinctes,  non-seulement  d'a- 
.près'leur  plumage,  mais  parce  que  l'un  étoit  une  fois  plus  gros 
que  l'autre,  Latham  et  Gmelin  ont  adopté  son  opinion  ; 
néanmoins  ils  ont  donné  le  nom  brasilien  a  l'oiseau  de  la 
Jamaïque  ,  et  ont  désigné  le  vrai  jacapani  par  le  nom  très- 
peu  significatif  de  troupiale  du  Brésil ,  puisqu'il  se  trouve  plus 
d'une  espèce  àt  troupiale  dans  cette  partie  de  l'Amérique,  ce 
qui  jette  une  sorte  de  confusion  dans  leur  nomenclature. 

Le  Troupiale  jaune,  Oriolu.t  fiai>us ,  Lath.  Taille  du 
■m€rle  ;  bec  et  pieds  noirâtres  ;  iris  rouge  ;  tête ,  devant  du 
C'ju  ,  poitrine  ,  ventre  et  dessus  du  haut  de  l'aile,  d'un  jaune 
d'orpiment;  dessus  du  cou,  ailes  et  queue  d'un  noir  de  velours. 
Cet  oiseau  se  trouve  à  l'île  de  Panay  ,  et  aussi  dans  le 
nouveau  continent,  vers  la  rivière  de  la  Plata,  où  il  est 
connu  sous  le  nom  de  ventre  coloré.  L'individu  qu'a  décrit 
M.  de  Azara ,  sous  la  dénomination  de  tordjcaheza  amarîlla^ 
est  rapporté  par  Sonnini  au  précédent.  En  effet,  le  plumage 
de  ces  deux  oiseaux  présente  les  plus  grands  rapports;  mais 
sont-ce  bien  des  oiseaux  d'une  même  espèce?  Au  reste  la  fe- 
melle ressemble  au  mâle  ;  et  celui-ci  a  les  joues  ,  le  dessus 
du  cou  et  du  corps  ,  la  queue  et  ses  couvertures  supérieures  , 
les  grandes  couvertures  des  ailes  et  leurspennes,lesplumes  des 
jambes  à  l'extérieur  ,  noirs  ;  le  reste  du  plumage  d'un  beau 
jaune  pur  qui  devient  orangé  sur  le  front  et  le  devant  du  cou  ; 
les  ailes  et  la  queue  sont  en  dessous  d'une  couleur  noirâtre  et 
lustrée  ;  l'iris  d'un  brun  roussâtre.  Longueur  totale  :  sept 
pouces  et  demi.  Ces  troupiales  vont  en  bandes  nombreuses  , 
se  réunissent  communénnent  avec  des  troupes  formées  d'oir 


T  R  O  S/,7 

•seaux  d'autres    espèces ,   et  ils  font  entendre  tous  à  la  fois 
un  ramage  qui  n'est  pas  désagréable. 

J.e  Troupiale  a  long  bec  ,  Jgeîaîus  longirostris  ,  Vieill. 
Cet  oiseau  ressemble  tellement  au  carvuge  à  long  bec ,  qu'on 
les  confondra  toujours  ,  si  on  ne  peut  les  comparer  l'un  et 
l'autre,  puisqu'ils  ne  diffèrent  guère  qu'en  ce  que  ce  dernier 
a  le  bec  un  peu  plus  grêle  et  un  peu  plus  arqué  ,  tandis  que 
l'autre  l'a  plus  robuste  et  très-droit.  La  taille  est  la  même 
chez  tous  les  deux.  Ce  troupiale  que  l'on  trouve  au  Brésil,  et 
peut  être  dans  la  Guiane  ,  a  la  tête  entière  ,  la  gorge  ,  les 
cotés,  le  devant  du  cou  et  le  milieu  du  haut  de  la  poitrine 
d'un  beau  noir  Iftncé  ;  les  plumes  de  cette  couleur  sont,  sur 
cette  dernière  partie, terminées  en  pointe;le  dessus  du  cou  est 
couvert  d'un  large  collier  jaune  ,  qui  descend  sur  ses  cotés  ? 
le  bas  du  dos,  le  croupion  et  le  reste  des  parties  inférieures 
sont  de  la  même  couleur;  la  bande  longitudinale  blanche  qui 
se  fait  remarquer  sur  l'aile,  part  de  son  pli  ,  et  s'étend  Jus- 
qu'à l'extrémité  de  plusieurs  pennes  secondaires  ;  le  reste 
des  ailes  ,  le  haut  du  dos  ,  la  queue  ,  le  bec  et  les  pieds  sont 
noirs.  Le  carougeàlonghec  diffère  non-seulement  dece  troupiale 
par  la  forme  de  son  bec,  mais  encore  en  ce  que  la  couleur 
jaune  des  parties  inférieures  est  moins  vive  ;  en  ce  que  le 
blanc  des  ailes  est  plus  étendu  sur  les  pennes  secondaires  ; 
enfin  ,  en  ce  que  le  dessus  du  cou  est  noir.  C'est  par  erreur 
que  l'on  a  dit  dans  sa  description  qu'il  étoit  jaune. 

Le  Troupiale  de  Madrast  a  été  retranché  du  genre  trou- 
piale par  Montbeiilard  ;  sa  taille  est  celle  du  geai;  la  tête, 
la  gorge  ,  le  cou  et  le  dessus  du  corps  sont  jaunes  ;  la  poi- 
trine, le  ventre  et  les  parties  postérieures  sont ,  de  plus,  va- 
riés de  lignes  obliques  ,  tortueuses  et  noirâtres  ;  une  bande 
ovale  de  cette  couleur  est  sur  chaque  côté  de  la  tête  ,  et  passe 
par  les  yeux  ;  les  couvertures  supérieures  et  les  pennes  des 
ailes  sont  noirâtres  sans  aucun  mélange  ;  la  queue  est  jaune. 
Description  de  Brisson. 

Le  troupiale  fauve  de  Madrast.  Cet  oiseau,  mis  dans  ce  genre 
par  Brisson,  en  est  exclus  par  Montbeiilard.  Il  est  de  la  taille 
du  précédent  ;  tout  son  corps  est  couvert  de  plumes  fau- 
ves ,  rayées  de  petites  lignes  d'un  roux  brun  ;  une  bande 
oblique  noire  passe  par  les  yeux;  les  couvertures ,  les  pennes 
des  ailes  et  de  la  queue  sont  de  cette  dernière  couleur  et 
marquées  de  jaune;  il  faut  cependant  en  excepter  les  latérales 
de  la  queue  ,  qui  sont  blanches  et  mêlées  de  jaune.  Descrip- 
tion de  Brisson. 

Le  troupiale  tacheté  de  Madrast  àe.  Brisson  ,  est  regardé  par 


548  T  \i  O 

Lalhain  coîume  une  variété  du  ion'oi  Je  la  Chine  ,  et  exclus" 
du  genre  Iroupiale    par  Monibeillard. 

Il  a  la  taille  de  notre  geai;  la  tête,  la  gorge  et  le  cou  cou- 
verts de  plumes  noirâtres  ;  le  dos  ,  le  croupion  ,  la  poitrine  , 
le  ventre,  les  côtés  et  les  jambes,  d'un  jaune  varié  détaches, 
noirâtres  ;  les  couvertures  du  dessus  el  du  dessous  de  la  queue 
de  la  même  couleur  ',  celles  du  dessus  des  ailes ,  les  pennes 
et  celles  de  la  queue  ,  xionàlres.  Description  de  Brisson. 

Cet  oiseau  ,  le  troupiale  de  Madrast  et  le  troupiale  fauve 
du  même  lieu,  me  paroissent  appartenir  à  la  même  espèce. 

Le  TnoupiALE  du  Mexique.  V.  âcolchi  de  Séba. 

Le  Troupiale  NOIR  de  Saint-Domingue,  Jgehius  niger , 
Vieiil.  ;  Oriohis  niger  ^  Lath.  ,  pi.  enl.  de  Bvjf.  ,  n.*^  534-  Les 
oiseaux  noirs  de  l'Amérique  ,  décrits  sous  les  noms  de  cassi- 
qi/e  ,  de  gw'sca/e  ,  de  iroupiale,  de  curouge  el  de  pie,  sont 
lellemeiit  confondus  dans  les  ouvrages  d'ornitJioIogie ,  qu'il 
n'est  guère  possible  de  les  reconnoître ,  si  on  ne  les  compare 
en  nature,  d'autant  plus  que  leur  plumage  jette  les  uiemes 
reflets  sur  le  même- fond  ,  et  ne  peut  être  indiqué-,  dans  une 
description  ,  d'une  manière  assez  précise  pour  offrir  un  ca- 
ractère spécifique  dislinctlf  On  doit  donc  ,  afin  de  ne  pas 
eirer  ,  saitacher  à  une  désignation  stricte  et  exacte  des  dif- 
féronces  que  présentent  leur  taille  ,  la  forme  de  la  queue  et 
du  bec.  Si  Daudin  s'y  fût  conformé  ,  il  n'aurolt  pas  réuni  ce 
iroupiale  et  le  cassique  noir  ,  pour  n'en  faire  qu'une  seule  es- 
pèce :  car  ils  diffèreni  essentiellement  dans  les  parties  indi- 
quées ci-dessus.  Pennant,  Latbam  ,  Gmelin  ,  n'auroient  pas, 
d'après  le  même  motif,  présenté  ce  troupiale  noir  pour  un 
oiseau  du  nord  de  l'Amérique  ,  où  l'on  ne  volt  que  des  quis- 
cales  et  des  carouges  noirs.  Mnuduyt  a  commis  aussi  une  er- 
reur en  le  faisant  vivre  à  la  Louisiane  ,  puisqu'il  lui  rapporte 
le  prétendu  cassique  de  cette  contrée,  lequel  n'est  ,  comme 
je  i'al  dit  ailleurs, qu'une  variété  accidentelle  du  quiscale ver- 
sirolor  ;  Latham  n'aurolt  pas  du  indiquer  pour  un  individu  de 
l'espèce  du  troupiale  noir,  un  oiseau  trouvé  dans  les  Etats- 
Unis,  qui  n'est  autre  chose  que  le  carouge  noir ^  sous  son 
vêlement  d'hiver. 

La  couleur  du  iroupiale  de  cet  article ,  lui  a  valu,  à  Saint- 
Domingue  ,  le  nom  de  notre  merle  ;  mais  son  vêtement  n'est 
pas  d'un  noir  aussi  uniforme  que  celui  de  cet  oiseau  d'Eu- 
rope ;  en  effet  ,  il  jette  des  reflets  verdâtres  et  violets  ,  sur  la 
tête  ,  le  cou ,  le  dos ,  les  ailes  et  la  queue  ;  celle-ci  est  pres- 
que carrée  ;  le  bec  et  les  pieds  sont  noirs  ,  et  sa  longueur  to- 
tale est  d'environ  dix  pouces.  La  femelle  est  d'un  noirâtre  à 
reflets  verdâtres  et  peu  appareils  ,  sur  diverses  parties.  Le 


T  R  0  5/9 

jeune  a  tout  le  corps  d'un  gris  roussâtre ,  avec  àa  noirâtre 
sur  les  couvertures  des  ailes  ;  leurs  pennes  et  celles  et  de  la 
queue  d'un  brun  noir  ,  et  bordées  de  roux  à  Texlérieur. 

Cette  espèce,  peu  commune  à  Saint-Domingue,  vit  iso- 
lée ,  et  cherche  sa  nourriture  le  long  et  au  pied  des  haies.  Je 
ne  l'ai  point  suivie  dans  le  temps  de  la  ponte  ;  mais  dos  co- 
lons m'ont  assuré  que  souvent  ce  troupiale  ne  se  donne  pas 
la  peine  de  construire  un  nid,  et  qu'il  s'empare  de  ccliù  du 
iangara  esclai>e  ^  après  avoir  détruit  sa  couvée,  et  l'avoir  chassé 
du  palmiste  où  il  avoit  établi  son  domicile  habituel.  Selon 
d'autres  colons,  il  en  construit  un  lui-même ,  et  les  maté- 
riaux qu'il  emploie  sont  en  petit  nombre  ,  et  arrangés  sans 
ordri».  Sa  ponte  est  de  quatre  œufs  blancs. 

Sonninl  s'est  mépris  en  disant  que  les  créoles  l'appellent 
esdaoe  ^  à  cause  de  la  préférence  qu'il  donne  au  palmiite  sur 
les  autres  arbres,  préférence  si  marquée  ,  qu'il  revient  à  quel- 
que heure  du  jour  que  ce  soit ,  à  son  arbre  chéri ,  et  dont  il 
paroît  esclave.  Cet  article  ,  extrait  du  Mémoire  que  je  lui  ai 
communiqué  ,  appariient  au  caroiige  esclave.  Selon  ce  savant 
naturaliste,  le  troupiale  de  cet  article  se  trouve  aussi  à 
Cayenne  ,  où  il  porte  le  nom  à^olseau  de  riz  ,  parce  qu'il  se 
jette  sur  les  terrains  ensemencés,  el  particulièrement  sur  les 
rizières  ;  mais,  est-ce  bien  la  môme  espèce  ?  car  le  troupiale 
oridi'oreest  plus  petit,  et  a  un  genre  de  vie  tout-à-fait  diffé- 
rent, f^.  son  article. 

Le  Tkoui'Iale  de  la  Nouvflle-Espagne.  V.  Xocuitol; 

Le  Troupiale  olive  de  Cayenne,  Agelaius  oUoareus., 
\ieill.  ;  Oriohis  oliv>areus  ,  Lath.  ,  pi.  enl.  de  Buff.^  n.°  606  , 
fig.  2  ;  a  de  six  à  sept  pouces  de  long;  la  tête,  la  gorge,  le 
devant  du  cou  et  la  poitrine,  d'un  brun  mordoré  ,  plus  foncé 
sous  la  gorge,  et  tirant  <à  l'orangé  sur  la  poitrine,  où  le  mor- 
doré se  fond  avec  la  couleur  olivâtre  du  dessous  du  corps  ; 
celle  teinte  ,  mais  plus  sombre  ,  esf  celle  de  la  partie  posté- 
rieure du  cou  en  dessus  ,  du  dos  ,  de  la  queue  et  des  couver- 
tures des  ailes  les  plus  voisines  du  corps;  les  grandes  couver- 
tures sont  variées  de  brun  et  bordées  de  blanc  ,  ainsi  que  les 
pennes  des  ailes;  le  bec  et  les  pieds  sont  noirs. 

*  Le  Troupiale  ORizivoRE,  Oriolus  oriziçoms  ^  Lath.  On 
soupçonne  que  cet  oiseau,  décrit  par  Latham  dans  la  Collec- 
tion de  miss  Blomefield,  vient  de  Cayenne  ;  son  éliquelle 
portoit  le  nom  fCaiscau  de  riz  de  la  grosse  espère.  Sonnini  le 
rapporte  au  iroupiale  noir  de  Saini-Doniingue  (  Oriohis  nigrr); 
mais  je  ne  peux  adopl^er  son  sentiment,  car  il  montre  une 
taille  plus  petite  de  près  de  deux  pouces  ;  il  a  le  bec  autre- 
ment conformé  ,  et  des  habitudes  très-opposées  à  celles  de 


S5o  X  R   O 

l'oiizivore.  «  Les  créoles  de  Cayenne  ,  dit  ce  naturaliste  , 
donnent  aux  troupiales  noirs  le  nom  d'oiseaux  de  riz  ,  parce 
qu'ils  se  jettent  sur  les  terrains  ensemencés  ,  et  parti- 
culièrement sur  les  rizières.  Ils  sont  de  passage  dans  la 
Guiane  française  ;  ils  y  arrivent  vers  la  fin  des  pluies,  c'est- 
à-dire  au  mois  de  juin  :  l'on  ne  sait  d'où  ils  viennent  ni  où 
ils  retournent  au  commencement  de  la  saison  pluvieuse ,  après 
avoir  passé  dans  la  colonie  de  la  Guiane  ,  les  mois  de  juillet , 
d'août  et  de  septembre  ;  on  les  voit  presque  toujours  voler 
en  grandes  troupes  ;  ils  ne  quittent  guère  le  bord  des  eaux, 
et  ils  se  tiennent  pour  l'ordinaire  dans  les  palétuviers.  Ce 
troupiale  a  huit  pouces  et  demi  de  longueur  totale  ;  le  bec 
long  de  dix  huit  lignes  ,  noir  ,  roLuste  ,  aigu  ,  très-peu  incliné 
à  sa  pointe  ,  aplati  en  dessus  vers  sa  base  qui  s'avance  sur  le 
devant  du  front  ,  comme  à  celui  des  cassiques  ,  c'est-à-dire 
qu'elle    y  prend  la   forme    d'un    angle   arrondi. 

D'après  le  bec  ainsi  conformé  ,  cet  oiseau  seroitmieux  pla- 
cé parmi  ceux-ci,  que  parmi  les  troupiales.  Il  est  généralement 
noir,  avec  des  reBets  pourpressur  latête,  lecou  et  la  poitrine; 
les  ailes  et  le  reste  du  corps  sont  d'un  noir  mat  ;  les  pennes 
alaires ,  dans  l'état  de  repos,  ne  dépassent  pas  l'origine  de 
la  queue. 

Je  n'ai  jamais  vu  en  nature  cet  oiseau  telqueLalham  le  dé- 
peint ,  mais  très-souvent  la  race  qui  porte  son  nom,  au  Mu- 
séum d'Histoire  naturelle  ,  et  cette  race  n'est  autre  que  mon 
quiscale  versicolor^k  qui  certainement  la  description  de  Lathain 
ne  peut  convenir,  si  ce  n'est  pour  les  couleurs  du  plumage; 
car  il  a  ,  au  moins  ,  trois  pouces  de  plus  en  longueur  ,  le  bec 
tout  autrement  conformé  ,  et  on  ne  l'a  jamais  vu  dans  aucun 
des  envois  qu'on  a  faits  de  Cayenne,  ce  qui  doit  être, puisqu'il 
ne  s'y  trouve  point  dans  quelque  saison  que  ce  soit.   » 

*LeTROUPIAI.E  d'OunalaschK  (  Oriolus  Ounalaschkensis  , 
Lalh.),  a  sept  pouces  et  d?mi  de  longueur;  le  bec  et  les  pieds 
bruns  ;  le  plumage  en  dessus  ,  de  cette  même  couleur  ,  niais 
elle  est  plus  foncée  sur  le  milieu  des  plumes  ;  entre  le  bec  et 
l'œil  est  une  tache  blanche  ;  les  couvertures  et  les  pennes  se* 
condaires  des  ailes  ont  leurs  bords  extérieurs  ferrugineux  ; 
les  primaires  sont  brunes  ,  ainsi  que  les  pennes  de  la  queue  ; 
le  haut  de  la  gorge  est  d'un  blanc  sale  ;  une  marque  sombre 
et  divergente  s'aperçoit  sur  les  côtés  de  la  gorge  ,  qui  est  d'un 
brun  ferrugineux,  ainsi  que  le  devant  du  «cou  et  la  poitrine  ; 
le  ventre  et  les  côtés  sont  d'une  teinte  sombre. 

Le  PETIT  Troupiale  nofr  ou  le  Tanoavio  ,  Oriolus  minor, 
Tanagra  bonariensis  ^  Lalh.  ;  pi.  enl.  de  Buff.  ,  n."  710,  sous 
le  nom  de  iangavio.  Les  Guaranis  appellent  cet  oiseau  gui- 


T  R  O 


bot 


ra-7ii/ (  oiseau  noir);  M.  de  Azarâ ,'  qui  le  nomme  Tordu 
commun.fïï'di  point  adopté  la  précédente  dénomination,  parce 
qu'elle  manque  d'exactitude  ,  ces  peuples  l'appliquant  à 
d'autres  oiseaux;  c'est  bien,  comme  il  le  pense,  le  bruant  noir 
de  Gommerson  ,  ou  le  tangavio  de  Buffon  ;  mais  Sonuini  se 
méprend  en  rejetant  ce  rapprochement,  et  en  donnant ,  pour 
la  femelle  de  ce  guira-hu  ,  le  brunetde  Virginie,  car  c'est  celle 
de  son  troupiale  bruantin(//2a;?a55er/ne  des  pâturages') ,  et  que, 
par  une  fa*ite  typographique  ,  on  a  indiquée  dans  ce  Diction- 
naire ,  comme  le  mâle  ,  à  l'article  de  cette  passerine.  Mont- 
beillard  a  fait  une  autre  méprise  en  donnant  pour  la  femelle 
de  son  petit  troupiale  noir  ,  l'individu  de  la  pi.  enl.  ,  n,"  606  , 
tig.  I  y  lequel  est  le  troupiale  bruantin  mâle.  ' 

On  rencontre  fréquemment  le  tangavio  au  Paraguay  et 
à  la  Guiane  ,  quelquefois  dans  les  îles  de  Porto-Rico  et  de 
Saint-Domingue  ;  mais  je  ne  crois  pas  qu'il  habite  dans  les 
Etats-Unis,  du  moins  je  ne  l'y  ai  point  rencontré,  et  Wil- 
son  n'en  parle  pas.  J'ai  dit  ci-dessus  que  le  troupiale  bruan- 
tin étoit  un  oiseau  différent  du  tangavio  ou  petit  troupiale 
noir  ,  ce  dont  je  me  suis  assuré  à  Saint-Domingue  et  dans 
les  États-Unis;  cependant  si  l'on  consulte  leur  genre  de  vie, 
et  surtout  la  manière  dont  l'un  et  l'autre  se  comportent  pen- 
dant la  saison  des  amours  ,  il  faut  avouer  qu'on  ne  doit  les 
séparer  spécifiquement  que  parce  que  le  plumage  des  mâles 
seuls  est  différent  ;  car,  de  même  que  le  troupiale  bruantin  ,  le 
tangavio  se  tient  à  la  lisière  des  bois  et  dans  les  terrains  cul- 
tivés, se  plaît  avec  les  bestiaux  ,  les  suit 'de  près ,  voltige  sans 
cesse  autour  d'eux ,  et  pique  la  terre  pour  y  prendre  les  in- 
sectes que  les  pieds  de  ces  animaux  en  font  sortir.  Lorsqu'il 
est  tatigué  ,  ou  que  la  fantaisie  lui  en  prend  ,  il  saute  sur  leur 
dos  ,  et  se  laisse  porter  où  ils  veulent  ,  sans  s'occuper  de 
manger  leur  vermine  ,  comme  font  les  pique-bœufs  sur  les 
vaches,  et  nosétourneauxsurles  moutons;  mais  ce  qui  prouve 
la  plus  grande  analogie  entre  ces  deux  races ,  c'est  qu'ainsi 
que  la  passerine  des  pâturages ,  le  tangavio  ne  fait  point  de 
nid  ,  dépose  ses  œufs  dans  celui  d'oiseaux  étrangers,  et  laisse 
à  ceux-ci  le  soin  de  les  couver  et  d'élever  ses  petits:  en  effet, 
M.  de  Azara  qui  ne  l'a  jamais  vu  s'occuper  à  construire  un 
nid, nous  dit  que  plusieurs  témoins  dignes  de  foi  lui  ont  assuré 
avoir  trouvé  les  petits  de  son  espèce  ,  dans  les  nids  des  four- 
niers  ^  àcs  paroares  ,  des  cardinaux  y  des  chingolas^  des  suirirîs  y 
etc.  ,  mêlés  avec  les  petits  de  ces  espèces  hospitalières  ;  il 
faut ,  ajoute-t-il  ,  en  convenir,  ef  c'est  l'opinion  générale  ^ 
que  son  iordo  commun  sait  introduire'^ses  œufs  dans  les  nids 
des  autres  oiseaux  ,  auxquels  il  laisse  le  soin  de  les  cou- 
vtr  et  de  les  faire  éclore  (  F.  Passerine  des  pâturages  ), 


^5s  T  R  O 

D'après  une  telle  identité  entre  ces  deux  oiseaux,  et  de  plus  i 
d'après  leur  bec  conformé  de  même  ,  c'est-à-dire  ayant  les 
deux  mandibules  à  bords  recourbés  en  dedans  (  caractère 
des  passerines)  ,  je  pense  qu'on  ne  doit  pas  les  séparer  gé- 
ncriquement  ;  je  propose  donc  d'appeler  le  troupiale  de  cet 
article  ,  Passerine  discolore  ,  Passen'na  discolar. 

Le  mâle  a  le  plumage.,  les  pieds  et  le  bec  noirs  ,  avec  des 
reflets  d'un  bleu  foncé  ,  violets  et  verts  ,  sur  la  tête  ,  le  cou  , 
le  corps  et  les  couvertures  supérieures  des  ailes*;  longueur 
totale  ,  huit  pouces.  Chez  les  femelles,  ou  du  moins  les  indi- 
vidus qu'on  soupçonne  telles,  les  côtés  de  la  tête  et  tou- 
tes les  parties  inférieures  sont  d'un  brun  sans  mélange  ;  la 
môme  couleur  ,  mais  plus  foncée  ,  règne  sur  les  parties  su- 
périeures, et  presque  toutes  leurs  plumes  ont  une  bordure 
d'une  nuance  plus  claire  et  peu  apparente  ,  mais  plus  sensi- 
ble à  la  queue  ,  aux  grandes  couvertures  supérieures  ,  aux 
pennes  et  surtout  aux  dernières  pennes  des  ailes.  Le  bec  et 
les  pieds  sont  bruns  :  longueur  totale  ,  sept  pouces  un  quart. 

Quoique  ce  soit  l'opinion  générale,  que  ces  individus  bruns 
soient  les  femelles  dans  cette  espèce  ,  elle  présente  ,  selon 
M.  de  Azara  ,  des  difficultés  ;  en  effet ,  dit-il  ,  pour  que  ces 
oiseaux  bruns  puissent  être  regardés  comme  des  femelles  ,  il 
faudroit  que  leur  nombre  égalât  et  même  excédât  celui  des 
noirs  ou  Ac^  mâles  ;  car  suivant  l'ordre  général  observé  dans 
les  oiseaux,  les  jeunes  portent  la  livrée  de  leur  mère  :  or, 
les  bruns  sont  moins  nombreux  que  les  noirs.  Quelquefois  , 
on  voit  des  troupes*composces  de  noirs  seulement,  et  quel- 
quefois deux  noirs  ensemble  ,  comme  s'ils  étoienl  mâle 
et  femelle  ,  et  aussi  deux  ou  trois  avec  un  seul  brun.  On 
pourroit  penser  que  ces  oiseaux  bruns  sont  des  varié- 
tés singulières  et  accidentelles  ;  mais  leur  nombre  est  trop 
considérable,  pour  que  cette  conjecture  ait  quelque  fonde- 
ment. Afin  de  se  ranger  du  sentiment  de  ce  naturaliste  ,  il 
faudroit  qu'il  n'y  eût  pas  d'exceptions  dans  l'ordre  qu'il  dit 
général;  mais  elles  sont  très- nombreuses,  car  on  connoit  beau- 
coup d'espèces  chez  qui  les  jeunes  portent  un  plumage  dif- 
férent de  celui  de  leur  mère. 

D'après  un  ouvrage  très-moderne  ,  ce  rapport  de  pliïmage 
entre  le  jeune  et  la-femelle  est  restreint  aux  seules  espèces 
dont  la  femelle  diffère  du  mâle  par  des  couleurs  moins 
vives:  mais  celte  règle,  qu'on  semble  présenter  comme  géné- 
rale ,  souffre  aussi  des  exceptions.  V.  Plumage. 

*  Le  Troupiale  aux  pieds  bleus  ,  Af;elaùis  cyanopvs, 
"Vieill.  Il  est  totalement  d'un  noir  profond  ,  sans  en  excepter 
l'iris  ;  les  pieds  sont  d'un  bleu-violet,  et  la  queue  est  élagée. 


T  II  O  5-3 

Longueur  totale  ,  sent  pouces  et  demi.  On  pourroil  cnnCnr!- 
dre  cet  oiseou  avec  le  pciit  iroiipiote  noir  ,  mais  ceinl-ri  a  la 
queue  coupée  carrément  à  son  exlrénniîc  ,  et  les  pieds  ijruns. 
C'est  donc  une  espèce  distincte  dont  on  doit  la  connoissanre 
à  M.  de  Azara,  qui  l'a  vue  au  Paraguay  jusqu'au  27.*  degré  de 
latitude  australe,  et  qu  il  appelle  iordonegroy  varia.  Si  telle 
est  l'uniformité  du  plumage  du  mâle  dans  son  état  par- 
fait ,  la  femelle  et  les  jeunes  en  diffèrent  beaucoup  ,  car 
chez  eux  les  côtés  de  la  tête  sont  noirâtres  ;  une  petite  tacne 
jaune  peu  apparente  est  au-dessus  de  l'œil  ;  les  plumes  de  la 
tête,  de  la  nuque  ,  du  croupion',  et  presque  tontes  les  couver- 
tures supérieures  de  l'aile  ont  du  noirâtre  sur  le  milieu,  et  un 
jaurte  pâle  sur  les  bords  ;  celles  du  haut  du  dos  et  les  grandes 
couvertures  de  l'aile, sontnoires  avec  une  ])ordure  rougeâlre  ; 
les  pennes  alaires  noirâtres  ,  et  celles  de  la  queue  noires  ;  le 
dos  est  presque  brun  ;  le  haut  de  la  gorge,  marbre  de  noir  et 
de  jaune  ;  le  bas  d'un  jaune  sale  ,  de  même  qne  le  devant  du 
cou  ,  la  poitrine  et  le  ventre  ;  la  même  teinte  se  retror.ve  sur 
le  bord  des  plumes  des  côtés  du  corps,  qui  ont  leur  milieu 
noir  ;  celles  des  jambes  sont  brunes  ;  les  couvertures  infé- 
rieures de  la  queue  rayées  de  jaune  ;  enfin,  celles  du  dessous 
de  l'aile  d'un  brun  lavé  de  jaune  ;  quelques-uns  ont  du  brun 
sur  les  tiges  des  plumes ,  et  un  peu  moins  sous  le  cou. 

Sonnini  croit  reconnoître  dans  ce  troupinle  l'oiseau  dit 
Chili  que  Molina  a  décrit  sous  le  nom  de  aireti ,  et  dont  on 
a  tait  un  turdus  cnrœrls  ;  mais  il  soupçonne  quelques  exagéra- 
tions dans  la  description  qu'a  faite  cet  auteur.  Cependant  , 
cet  oiseau  ne  peut  être  en  même  temps  un  trovpiale  et  un 
merle.  Voilà  une  de  ces  méprises,  où  l'on  est  souvent  exposé 
quand  des  oiseaux  sont  décrits  d'une  n)anière  inexacte  :  re- 
proche fondé  que  l'on  peut  faire  surtout  à  Molina  et  à  beau- 
coup de  voyageurs. 

Le  Troupiale  a  queue  A^■^'ELÉE.   V.  I'roupiale  aroe^- 

QUEUE. 

*  Le  Troupiale  a  queue  fourchtje  ,  On'ohn  frrrraitis  , 
Lalh,  Il  habite  le  Mexique  ;  il  a  le  bec  jaune  ;  le  plumage 
noir  ;  cette  couleur  incline  au  bleu  sur  le  dos  ,  le  croupion  , 
les  ailes  et  la  queue;  cette  dernière  a  ses  couvertures  infé- 
rieures blanches;  les  pieds  et  les  ongles  sont  noirs. 

Le  Troupiale  rouge,  Jgelaius  ruher  ^  Yieill.  ;  On'nhfs 
ruler ,  Lath.  ;  pi.  68  du  royagc  à  la  ISoncdie- Guinée. ,  par 
Sonnerat,  qui  l'a  trouvé  à  Anligue  et  dans  l'île  Panay.  il  est 
un  peu  moins  gros  que  notre  merle  ,  et  il  a  le  bec  noirâtre  ; 
la  tête  ,  le  cou  ,  le  dos  et  les  plumes  des  jambes,  d'un  be.au 
rouge  de  carmin  ;  les  ailes,  la  queue  cl  le  ventre,  d'an  noir 
velouté  ;  lirls  osl  couleur  da  feu. 


55{  T  R  O 

Le  Troupiâle  rouge  et  noir  ,  Agelatus  miUkms,  Vieill.  ; 
Tanagra  miUlaris  ci  Oriuliis  americanm ,  Lalh.  ;  pi.  enl.  ffe 
Euff. ,  n.o  236  ,  sous  le  nom  de  troupiale  de  Cayenne.  Il  a  six 
à  sept  pouces  de  longueur  totale  ;  toutes  les  parties  supé- 
rieures d'un  noir  foncé  ;  la  gorge  ,  toutes  les  parties  posté- 
rieures et  le  pli  de  l'aile  ,  d'un  rouge  vif;  les  pennes  des  ailes 
et  de  la  queue  noires  ,  et  comme  moirées  transversalement 
d'une  couleur  de  plomb  ,  mais  l'on  n'aperçoit  ces  raies 
transversales  que  lorsqu'on  pose  l'oiseau  sous  un  certain 
jour  ;  des  individus  ont  un  peu  de  noir  sous  le  bec  ;  une  bor- 
dure blanchâtre  aux  quatre  premières  pennes  de  l'aile  ,  et 
un  trait  étroit  et  blanc  qui  prend  naissance  au-dessus  de 
l'œil  ,  et  se  termine  sur  le  côté  de  l'occiput  ;  l'iris  est  noir 
ainsi  que  la  partie  supérieure  du  bec;  Tinféricurc  est  d'un 
bleu  céleste,  et  le  tarse  noirâtre. 

Le  Troupiale  DE  la  Guiane,  Onolusguyanensis,  Latb.  ;  pi. 
enl.  de  Buff. ,  n."  556;  est  un  jeune  oiseau,  après  sa  première 
mue.  Ce  qui  est  noir  dans  le  précédent ,  n'est  que  noirâtre 
dans  celui-ci  ,  et  chaque  plume  de  cette  couleur  est  bordée 
de  gris  ;  le  rouge  des  parties  inférieures  est  varié  de  traits 
blanchâtres  qui  sont  sur  le  bord  des  plumes  ;  l'inlérieur  des 
pennes  de  l'aile  et  l'extrémité  des  pennes  de  la  queue  sont 
grisâtres.  Il  n'y  a  aucun  vestige  de  rouge  dans  son  vêtement 
lorsqu'il  est  dans  son  premier  âge. 

Ces  tmupiales  ne  sont  point,  comme  l'a  pensé  le  collabo- 
rateur de  Buffon  ,  de  simples  variétés  du  commandeur;  ils 
présentent  trop  de  dissemblances  dans  les  couleurs  ,  dans  la 
taille  et  la  forme  du  bec.  Ces  oiseaux,  dit  Sonnini ,  qui  les  a 
observés  dans  leur  pays  natal  ,  ont  un  ramage  agréable  et 
imitateur;  ils  suspendent  leur  nid  ,  long  et  cylindrique,  aux 
branches  des  arbres.  Les  créoles  de  Cayenne  les  désignent  sous 
la  dénomination  de  5c«/2/o«o'eo/s  ,  par  une  plaisante  allusion  à 
la  veste  rouge  dont  les  navigateurs  protestans  de  la  Kochclle 
éloient  toujours  revêtus. 

On  trouve  aussi  cette  espèce  au  Paraguay  ,  où  elle  se  tient 
dans  les  marais  et  dans  les  campagnes  qui  les  avoisinent  ;  elle 
se  pose  sur  les  joncs  et  sur  les  autres  plantes  ,  et  elle  cherche 
à  terre  sa  nourriture  ;  quoiqu'elle  ne  soit  pas  farouche  ,  elle 
se  cache  communément  dans  les  joncs  et  les  broussailles  , 
plutôt  pour  y  trouver  sa  pâture  ,  que  par  crainte  ou  par 
défiance. 

Le  Troupiale  du  Sénégal.  V.  Tisserin  cap-more. 

Le  Troupiale  siffleur  de  St.-Doimingue.  V.  Carouge 

ESCLAVE. 

Le  Troupiale  tacheté  de   Cayenne,  Oriohts  meîancholL 


T  R  O  B-, 

rus,  Lath.  ;  pi.  enl.  de  Buff.  ,  n."  44^,  fig-  i  cl  2.  Ce  pciit 
Iroupiale  a  un  plumage  brun  ou  noirâtre  ,  varié  d'un  jaune  plus 
ou  moins  orangé  sur  les  ailes  ,  la  queue  et  la  partie  inférieure 
du  corps,  et  d'un  jaune  plus  on  moins  rembruni  sur  le  dos 
et  toutes  les  parties  supérieures;  la  première  teinte  occupe 
le  milieu  des  plumes,  et  la  seconde  les  bords:  la  gorge  est  sans 
taches  et  de  couleur  brune  ;  un  trait  de  même  couleur,  qui 
passe  immédiatement  sur  Tœil  ,  se  prolonge  en  arrière  entre 
deux  traits  noirs  parallèles,  dont  I "un  accompagne  le  trr.if  brun 
par-dessus  ,  et  l'autre  embrasse  Tceil  par-dessous  ;  l'iris  est 
d'un  orangé  vif  et  presque  rouge. 

Dans  la  femelle  ,  le  noirâtre  est  remplacé  par  du  roux  jau- 
nâtre, et  le  jaune  orangé  par  du  blanc  sale  :  l'un  et  l'autre  ont 
le  bec  épais  ,  pointu  et  d'un  cendré  bleuâtre  ;  leurs  pieds  sont 
couleur  de  chair.  Ces  oiseaux  ,  dont  je  ne  connois  que  l'image, 
ne  seroient-iJs  pas  des  jeunes  de  l'espèce  du  troupiale  noir  et 
rouge  ? 

*  Le  Troupi \i,E  TOCOLIN,  0/7o/w5  ^^meu5  ,  Lath.  Ocoroh'n 
est  le  vrai  nom  mexicain  de  ce  troupiale;  il  a  ,  dit  Fernandez  , 
la  grosseur  de  ï  élourneiiu  ;  le  dos  ,  le  ventre,  les  jambes,  cen- 
drés ,  et  tout  le  reste  du  plumage  varié  de  noir  et  de  jaune. 
Cet  oiseau  habite  les  forets  de  la  ±Souvelle-Espagne ,  et  n'a 
point  de  chant.  Sa  chair  est  un  bon  manger. 

Le  Troupiale  vulgaire  ,  Oriolus  icterus.  V.  Carouge  \ 
LO^T.  Etc. 

*  Le  Troupiale  vert  et  jaune  ,  Oriolus  hudsonicus ,  Lalh. 
Cet  oiseau  de  la  baie  d'Hudson  a  huit  pouces  de  long;  le  bec 
et  les  pieds  noirâtres  ;  les  sourcils  ,  les  joues  et  la  gorge  jau- 
nes ;  quelques  unes  des  couvertures  des  ailes  terminées  de 
blanc  ;  le  reste  du  plumage  vert. 

Le  Troupiale  xochitol.  V.  Xochitol.  (v.) 
TROUPIE,  V.  Troupille.  (desm.) 
TROUPILLE.  Altération  du  nom  de  la  Torpille,  (b.) 
TROUSSE-COL.  Nom  vulgaire  du  Torcol.  (v.) 
TROUTE.  On  donne  quelquefois  ce  nom  à  la  Truite. 

(B) 
TROUVEE.  Variété  de  Poire,  V.  Poirier,  (besm.) 
TROX  ,  Trox ,  Fab.  Genre  d'insectes  coléoptères  de  la 
section  des  pentamères  ,  famille  des  lamellicornes,  tribu  des 
srarabéïdes  ,  section  des  xylophiles  ,  ayant  pour  caractères  : 
antennes  courtes  de  dix  articles,  dont  le  premier  très-velu,  et 
dont  les  trois  derniers  forment  une  massue  feuilletée;  laLrc 
crustacé  ;  mandibules  cornées;  un  ongîc  corné  en  forme  de 
dent  au  côté  interne  des  mâchoires;  languette  cachée  par  le 
menton;  palpes  terminés  par  un  article  plus  grand,  presque 


^"G  T  R  O 

ovalaire  ;  corps  bombé  (or<linairemenl  très-raboteux)  ;  pattes 
insérées  à  égale  dislance  les  unes  des  autres;  cuisses  anté- 
rieures larges,  cachant  la  tête,  dans  la  contraction;  écus- 
son  distinct  ;  élyfres  embrassant  le  dessus  et  l'extrémité  pos- 
térieure de  Tabdornen  et  lui  formant  une  sorte  de  voûte. 
Les  scarabéïdes  de  notre  section  des  géotrupins  et  les 
Irox  sont  les  seuls  la'mcUicorncs  dont  les  élytres  embrassent 
si  parfaitement  le  dessus  de  l'abdomen  ;  dans  les  autres  , 
l'anus  est  toujours  à  découvert.  Les  trox  diffèrent  mainte- 
nant des  géotrupins  par  le  nombre  des  articles  de  leurs  an- 
tennes, l'habitude  de  cacher  leur  tête  entre  les  pattes  an- 
térieures et  quelques  autres  caractères. 

On  rencontre  les  trox  par  terre,  dans  les  champs,  dans 
les  endroits  sablonneux  et  un  peu  secs.  On  les  voit  quel- 
quefois rongeant  les  parties  tendineuses  qui  lient  les  os  des 
cadavres  dont  la  chair  a  été  dévorée  et  consumée  depuis 
quelque  temps.  On  trouve  ceux  d'Europe  pendant  tout  Tété, 
mais  plus  particu'ièreinent  au  printemps.  Dès.  qu'on  les 
louche,  sem.bla>>!es  auK  escnrhcis^  aux  hyirhes,  aux  dennestes^ 
aux  anihrèncs ,  ils  collent  les  pattes  et  les  antennes  contre 
leur  corps,  cessent  leurs  mouvemens  pendant  quelque  temps, 
et  paroissent  comme  morts  jusqu'à  ce  que  leur  crainte  soit 
passée.  Ils  font  quelquefois  entendre  un  petit  cri  aigu  ,  oc- 
casioné  p:!r  le  frottement  de  la  base  de  l'abdomen  contre 
les  parois  intérieures  du  corselet. 

Nous  ne  connoissons  pas  la  larve  de  ces  insectes  ,  mais 
nous  soupçonnons  qu'elle  vit  dans  les  charognes  et  dans  les 
substances  animales  et  végétales  en  puiréfaclion  ou  dessé- 
chées. 

Pallas  a  trouvé  dans  les  déserts  arides  de  la  Tariarie,  près 
des  fleuves  Jaïcus  et  Irlls,  sous  des  cadavres  desséchés  par 
l'ardeur  du  soleil ,  une  espèce  de  trox  qui  ,  sem]>lable  aux 
espèces  d'Europe  ,  rongeoit  et  détruisoit  les  parties  tendi- 
neuses de  ces  cadavres.  Dans  la  description  que  cet  auteur 
donne  de  ces  trox,  il  les  nomme  snirahœi  silpldoides,,  scnrahées 
silphioïdcs  ou  scarahées  I/orirl.'ers, s^ns  doute  à  cause  de  leur  ma- 
nière de  vivre,  semblable  à  celle  des  hmirh'ers. 

Parmi  les  espèces  d'Europe  ,  la  plus  commune  est  : 

Le  Trox  SABULEUX,  Tidx  sahulosus^  Oliv,;  le  Scarahre  petîé, 
Geoff.  ;  pi.  R.  lo  ,  lo  de  cet  ouvrage.  Son  corps  est  ovale  , 
noir  ,  mais  souvent  couvert  d'une  poussière  cendrée  ;  le  cha- 
peron est  arrondi ,  et  la  tclc  est  un  peu  chagrinée  ;  le  corselet 
est  inégal,  raboteux,  rebordé  ,  avec  les  bords  latéraux  un 
peu  ciliés  ;  l'écusson  est  arrondi  postérieurement;  les  élytror, 
ont  plusieurs  rangées  de  points  élevés,  arrondis,  d'inëg^!e 


grosseur  ;  les  bords  latéraux  sonl  un  peu  ciliés  ;  les  cuisses 
antérieures  soiU  coniprlniées  ,  assez  grosses  ;  les  jambes  ont 
quelqn<.'s  dents  latérales  à  peine  marquées,  (o.  i,.) 

TROXIMON,  Troximon.  Genre  de  plantes  proposé  par 
Gœrtner  ,  pour  séparer  quelques  Salsifis  qui  ont  le  calice 
imbriqué.  11  n'a  pas  été  adopté. 

Le  Troximon  glauque  est  figuré  pi.  16G9  du  Buianical 
Magasine  de  Curtis. 

Le  Troximon  odorant  sert  de  type  au  sous-genre  Ago- 
SERIS.  (b.) 

TROXIMON.  Les  espèces  de  ce  genre  de  Rafinesque  qui 
sont  acaules  forment  le  genre  Agoseris  du  même  auteur  , 
voisin  de  Va/iargia.  Ses  caractères  sont  :  périanthe  polyphylle 
imbriqué  ,  multillore  ;  pborante  nu  ,  ou  réceptacle  ponctué, 
à  fleurons  ligules  ;  aigrette  sessile  ,  pileuse  ,   simple,  (ln.) 

TRUBLÉ.  L'une  des  dénominations  que  l'on  donnoit  à 
la  spatule,  du  temps  de  Belon.  /'.  Spatule,  (s.) 

TRUGilERAN.  Le  Millepertuis  est  ainsi  appelé  dans 
quelques  parties  de  la  France,  (desm.) 

TRUELLE  A  RAMONEUR.  Synonyme  de  Truelle 
vernie,  (b.) 

TRUELLE  VERNIE.  Paulet  donne  ce  nom  au  Bolet 
oblique  de  Bulliard.  (b.) 

TRUELLUM.  Ce  genre, établi  par  Houttuyn  pour  placer 
le  polygonum  perfotiatum ,  seule  espèce  épineuse  du  genre 
poh/i^onnm ,  voisine  du  sarrasin  ,  n'a  pas  été  adopté,  (ln.) 

TRUEN.  r.  Labbe  A  longue  queue,  à  l'article  Ster- 
coraire, (v.) 

TRUFAMANDO.NomdelaSANTOLiNE,  en  Languedoc, 

(desm.) 
TRUFFE,  TuLer.  Genre  de  plantes  de  la  famille  des 
Champignons  ,  qui  présente  une  substance  toujours  ferme 
et  charnue  dont  les  semences  ne  sortent  jamais  sous  la  forme 
de  poussière  ,  et  qui  se  multiplie  par  décomposition  dans  la 
terre. 

Les  genres  Uperuize  et  Hypogeon  s'en  rapprochent  beau- 
coup. 

Parmi  les  espèces  de  ce  genre  ,  qui  sont  au  nombre  de  six, 
la  plus  importante  à  considérer  est  sans  contredit  la  Truffe 
proprement  dite  ou  Trïjffe  comestible,  dont  la  couleur 
est  noirâlre  et  la  surface  couverte  de  tubercules  prismatiques. 
Elle  n'a  ni  racine  apparente  ni  base  radicale.  Sa  forme  est 
irrégulière ,  mais  cependant  toujours  rapprochée  de  la  glo- 
buleuse. Sa  grosseur  varie  depuis  celle  d'un  pois  jusqu'à  celle 
des  deux  poings  réunis.  Elle  répand  une  odeur  agréable  et 


538  T  R  U 

pénétrante,  qu'on  ne  pcul  comparer  à  aucune  autre  ,  et  qui 
fait  son  principal  niérile.  Dans  sa  maturité  ,  elle  est  souvent 
crevassée  et  toujours  d'un  brun  veiné  de  blanc  dans  soil  inté- 
rieur. Elle  présente  plusieurs  variétés  ,  mais  il  ne  faut  pas 
regarder  comme  telles  la  truffe  hlunrlie  et  la  truffe  musquée  ;  ce 
sont  de  véritables  espèces  ,  comme  on  le  verra  plus  bas. 

C'est  principalement  dans  les  foréis  plantées  de  chênes  et 
de  châtaigniers  ,   dans   les   terrains   secs ,    légers  et   abon- 
damment  pourvus  d'humus  ,    qu'on   rencontre   la  truffe  co- 
mesliUe.  Elle  se  trouve  dans  t<5ute   l'Europe  ,    et  principa- 
lement  en  France.   C'est  ordinairement  de  trois    à   quatre 
poucesde  terresculementqu'elleestrecouverle.  On  lachcrche 
de  diverses  manières.  L'une  de  ces  manières  est  de  conduire 
im  cochon  aux  lieux  où  on  en  soupçonne  ,  et  de  fouiller  ta  terre 
dans  les  points  où  on  le  voit  donner  des  coups  de  boutoir. 
Ce  moyen  est  sûr  ,  parce  que  ces  animaux  aiment  avec  fureur 
les  truffes  ,  et  que  lorsqu'ils  en  ont  une  fois  goûté,  il  n'est  plus 
besoin  de  les  stimuler  ;  mais  il  a  le  grave  inconvénient  d'exiger 
la  plus  grande  surveillance.  On  a  en  conséquence  trouvé  plus 
avantageux  de  dresser  des  chiens  à  les  indiquer.  Rien  n'est 
plus  facile  que  de  leur  donner  ce  genre  de  talent  ,  lorsqu'ils 
sont  jeunes.  J'en  ai  vu  ,  au  bout  de  huit  jours  d'exercice,  être 
on  état  de  remplir  les  vues  de  leur  maître.  Les  bons  cher- 
cheurs de  truffes  reconnoissent  les  lieux  où  il  doit  y  en  avoir, 
soit  par  la  nature  du  terrain, soit  par  son  exposition,  soit  par 
la  présence  d'une  espèce  de  petites  Tipules  dont  les  larves 
vivent  à  leurs  dépens.  Lorsque  je  demeurois  sur  la  chaîne 
calcaire  qui  est  entre  Langres  et  Dijon  ,  j'ai  souvent  employé 
ce  moyen  pour  découvrir  les  truffes  à  l'époque  de  leur  matu- 
rité ,  c'est-à-dire  à  la  fin  de  l'automne  ;  mais  tous  les  jours 
et  tous  les  instans  ne  sont  pas  propres  aux  observations  de 
ce  genre.  Ceux  où  le  soleil  luit,  et  neuf  heures  du  matin, sont 
les  deux  circonstances  qu'on  doit  choisir.  Il  ne  s'agit  alors  que 
de  se  pencher  ,  de  regarder  horizontalement  la  surface  de  la 
terre ,  pour  voir  une  colonne  de  ces  petites  tipules ,  à  la  base 
de  laquelle  on  n'a  qu'à  fouiller  avec  une  pioche  pour  trouver 
la  truffe  d'où  elles  sortent. De  Borch  a  donné  une  mauvaisefi- 
gure  de  cette  ^//3«/e, qui  est  noirâtre, et  qui  a  les  antennes  sélacées 
et  les  ailes  croisées.  Il  a  aussi  fait  connoître  une  petite  mouche 
Àjeu*  ro?/^e5  dont  la  larve  vit  également  aux  dépens  des  truffes. 
Les  truffes  sont  recherchées  comme  assaisonnement  et 
comme  aliment.  Plus  elles  sont  mûres,  c'est-à-dire,  plus  leur 
chair  est  marbrée  ,  et  plus  elles  sont  agréables  au  goût.  Celles 
de  certains  cantons  sont  plus  estimées,  tantôt  parce  que  réel- 
lement elles  ont  crû  dans  un  terrain  plus  favorable ,  tantôt 


T  n  u  559 

par  effet  de  préjugé.  Celles  des  environs  de  Périgupux  et 
d'Angoulènie  sont  de  beaucoup  préférées  à  Paris;  cependant 
j'ai  goûté  au  mcnic  moment,  cuites  sous  la  cendre,  des  truffes 
des  environs  de  Pérlgueux  et  des  truffes  des  environs  de  Lan- 
gres  ,  et  je  n'ai  pas  trouvé  de  différence  sensible  dans  leur 
saveur  ni  dans  leur  odeur;  mais  il  est  vrai  de  dire  que  je  les 
avois  choisies,  autant  que  possible,  au  même  degré  de  ma- 
turité. 

Les  estomacs  vigoureux  peuvent  faire  un  usage  habituel  des 
truffes,  maisles  personnes  d'un  tempéramentfoible  doivent 
n'en  manger  qu'avec  discrétion,  et  les  beaucoup  mâcher. 
Elles  sont  très-contraires  aux  tempéramens  bilieux  et  à  ceux 
qui  sont  attaqués  de  maladies  nerveuses. 

On  conserve  les  truffes  en  les  tenant  dans  une  glacière,  ou 
en  les  ei^tourant  de  graisse  ,  ou  en  les  desséchant. 

Culliard,  dans  son  Histoire  des  Champignons^  et  de  Borch, 
dans  son  Histoire  des  Truffes  du  Piémont ,  proposent  de  faire 
des  truffières  artificielles,  comme  on  fait  des  couches  à  cham- 
pignons ^  en  transportant  dans  une  fosse  creusée  dans  un  jar- 
din, la  terre  d'une  truffière  naturelle.  Ils  ont  jusqu'à  un  certain 
point  réussi ,  mais  ils  n'ont  pas  donné  de  suites  à  leurs  expé- 
riences. On  ne  peut  que  conseiller  de  les  répéter  ;  car  on  ne 
voit  pas  de  motifs  pour  que  les  truffes  croissent  dans  une  foret 
plutôt  que  dans  un  lieu  fermé  de  murs ,  lorsque ,  d'ailleurs  , 
la  terre  et  l'exposition  ne  sont  pas  trop  différentes. 

A  cette  occasion  ,  il  est  bon  de  rappeler  ce  qu'on  a  lu  à 
l'article  Champignons,  c'est-à-dire,  que  les  naturalistes  sont 
partagés  sur  le  mode  de  reproduction  de  ces  végétaux.  Les 
uns  ,  à  l'imitation  de  Gœrtner ,  pensent  qu'ils  n'ont  que  des 
bourgeons  ;  les  autres  ,  et  Bulliard  est  à  leur  tôle  ,  leur  attri- 
buent de  véritables  graines.  Il  sort  cependant  de  ce  principe 
pour  les  truffes,  qu'il  appelle  vivipares;  car  il  dit  positivement 
que  ce  ne  sont  pas  des  graines  que  l'on  observe  dans  les  cel- 
lules de  leur  chair,  mais  de  petites  truffes  toutes  formées, 
qui  sont  pourvues  de  filets  ou  d'ombilics  ,  avec  lesquels  elles 
se  nourrissent  aux  dépens  de  la  mère  truffe  ,  et  ensuite,  lors- 
qu'elle est  détruite,  s'implantent  dans  la  terre.  Il  remarque 
que  les  jeunes  truffes  ,  parvenues  à  la  grosseur  d'un  pois  , 
conservent  encore  visiblement  ces  petits  filets.  Il  paroîira 
sans  doute  singulier  qu'un  aussi  bon  esprit  que  Bulliard  ait  re- 
connu cette  vérité  pour  une  espèce  de  champignon  ,  et  l'ait 
repoussée  pour  les  autres,  quoiqu'il  fût  stimulé  par  moi,  qui, 
à  l'époque  où  il  faisoit  des  expériences  sur  la  fécondation 
des  Champignons,  répélois  celles  de  Treinbley  sur  la  re- 
production des  Polypes. 


56o  T  II  U 

Apîèi;  la  truffe  comeslible,  il  faul  parier  des  auUes  es- 
pèces : 

D'abord  vient  la  Truffe  musquée,  qui  est  noire,  a  la  peau 
Jisse  ,  la  cîiair  blanche  ,  réticulée  de  noir  ,  et  une  odeur  forte 
de  musc.  Elle  se  trouve  dans  la  terre  comme  la  truffe  comes- 
lible. 

La  Truffe  blanche,  qui  a  une  base  qui  fait  les  fonc- 
tions de  racines  ;  elle  est  blanche  en  dedans  dans  sa  jeu- 
nesse ,  et  jaunâtre  dans  sa  vieillesse.  Sa  surface  est  ordinai- 
rement lisse  ,  quelquefois  cependant  elle  est  inégale.  On  la 
trouve  dans  la  terre.  Les  sangliers  sont  fort  friands  de  cette 
truffe  ,  comme  de  toutes  les  autres  ,  mais  il  est  bon  de  remar- 
quer qu'ils  ne  mangent  que  les  vieilles. 

La  truffe  que  les  Piémonlais  appellent  biancheiio ^  n'avoit 
pas  été  mentionnée  avant  de  Borch.  Elle  est  presque  ronde, 
mile  ,  grise  ,  de  la  grosseur  d'une  forte  noix  ;  sa  chair  est 
blanche  ou  livide,  farineuse,  et  exhale  une  odeurterreuse.  Il 
ne  faut  pas  la  confondre  avec  la  truffe  blanche  ci-dessus. 

La  Truffe  du  Piémont,  qui  est  blanche  et  velue  ,  est 
encore  différente  de  la  précédente. 

11  en  est  de  même  de  la  Truffe  d'Amérique.  Elle  est 
grisâtre,  mais  d'ailleurs  ressemble  beaucoup  aux  trois  der- 
nières et  n'a  point  d'odeur.  Sa  saveur  la  fait  rechercher 
des  gourmets. 

M.  Macbride  a  trouvé  dans  la  Caroline  une  truffe  qui  pèse 
quelquefois  quarante  livres, et  devient  très-dure  après  sa  des- 
.siccation.  Il  Ua  appelée  lycopcrdon  solidum.  On  la  mange. 

J'en  ai  vu  une  dans  le  même  pays,  mais  j'ignore  si  c'est 
celle-ci.  Elle  éloil  blanchâtre  et  grosse  comme  le  poing. 

La  Truffe  de  l'Arabie  déserte  ,  observée  par  Olivier 
dans  son  voyage  en  Perse.  Elle  est  blanchâtre,  a  sa  surface 
inégale  et  grisâtre.  On  la  recherche  beaucoup  ,  mais  on  ne 
peut  la  comparer  pour  le  goût  à  aucune  des  précédentes. 
Les  sangliers  en  sont  très-friands.  C'est  au  printemps  qu'on 
la  trouve. 

La  Truffe  parasite,  qui  est  irrégulière  ,  tuberculeuse, 
d'un  jaune  rougeâtre  ,  et  a  de  véritables  racines,  avec  les- 
quelles elle  s'approprie  les  sucs  des  végétaux  vivans.  Elle 
se  trouve  sur  les  racines  de  plusieurs  espèces  de  plantes  , 
mais  c'est  sur  Tognon  du  safran  où  elle  a  été  le  plus  re- 
marquée,  parce  qu'elle  le  fait  promptement  périr,  et  cause 
ainsi  de  grarsds  dommages  aux  cultivateurs. 

Duhamel  a  le  premier  publié  une  bonne  description  et  une 
bonne  ligure  de  cette  truffe  ,  bien  connue  dans  tous  les  en- 
droits où  on  ciillive  ie  safran,  sous  le  nom  de  mon  du  safran. 


T  R  U  56i 

Elle  sert  aujourd'hui  de  lype  aux  genres  Sclérote  et  Rhi- 
ZOCTOME.  Un  seul  ognon  allaque  intl'cle  bienlôt  tout  un 
champ.  Elle  se  mul  iplie  iion-seulenient  par  ses  eraines  ou 
mieux  ses  hourgeons  ,  comme  les  autres  truffes  ,  mais  encore 
par  ses  racines  qui  se  prolongent,  divergent,  s'attachent  aux 
enveloppes  des  ognons  voisins  et  se  changent  en  suçoirs  qui 
pénètrent  dans  leur  intérieur  pour  vivre  à  leurs  dépens  et 
ensuite  deviennent  des  truffes  qui  donnent  naissance  à  de 
nouvelles  générations. 

Cette  plante  détruiroit  bientôt  un  champ  de  safran,  si  on 
n'arrêtoilsa  rapide  propagation  en  ouvrantdes  tranchées  pro- 
fomles  autour  des  places  où  elle  exerce  ses  ravages, et  en  ayant 
soin  de  jeter  la  terre  en  dedans  du  cercle  ;  car  une  seule  pel- 
letée de  cette  terre  suffiroit  pour  porter  la  contagion  dans  les 
endroits  sains.  L'expérience  a  même  appris  qae  des  or^nons 
plantés,  au  bout  de  quinze  et  même  vingt  ans,  dans  un  lieu 
infecté  ,  ne  tardent  pas  à  être  attaqués  ;  ainsi ,  les  semences 
ou  hourgeons  de  cette  espèce  peuvent  se  conserver  en  état  de 
végéiatioi.  pendant  cet  espace  de  temps  ,  et  même  plus  sans 
doule.  ■• 

Bulliard  a  donné  d'excellentes  figures  de  cette  truffe  pi. 
4-56  de  son  ouvrage  sur  les  Champignons,  (b.) 

TRUFFE.  Synonyme  de  Pierre  a  champignons  ,  sui- 
vant Paulet.  (b.) 

TRUFFE.  La  Parmentière  ou  Pommelé-terre  porte 
ce  nom  dans  beaucoup  de  lieux.  (B.) 

TRUFFE  DE  CERF.  Nom  vulgaire  de  la  Vesseloup  de 
CERF,  qui  croît  dans  la  terre  comme  les  truffes,  et  qui, 
constitue    aujourd  hui  le  genre  Hippogeon.  (b.) 

TRUFFE  D  EAU.  Nom  de  la  Macre.  (b.) 

TRUFFE  ROUGE.  On  appelle  ainsi  la  Pomme  de- 
terre,  (b.) 

TRUE  LE.  V.  Truffe,  (desm.) 

TRUFLlER.C'est  le  Troène,  aux  environs  de  Boulogne. 

(B.) 

TRÏGLING.  Selon  Reuss ,  ce  nom  allemand  a  été  donné 
à  la  Chaux  phosphatée,  (ln.) 

TRUIE.  Femelle  du  cochon  domestique.  V.  l'article  du 
COCHOW.  (s.) 

TRUIE.  Selon  M.  Salerne  ,  on  nomme  ainsi,  dans  quel- 
ques cantons  de  la  France  ,  la  Draine.  V.  ce  mot.  (s.) 

TRUIE  D'EAU.  Quelques  voyageurs  ,  en  parlant  du 
lamantin  ,  l'ont  désigné  par  le  nom  faussement  appliqué  de 
truie  d'eau.  V.  Lamantiin.  (s.) 

TRUIE  DE  MER.  Poisson  du  genre  Scorpène.  (b.) 

TRUITE.  Espèce  de  poissons  du  genre  Salmone  ,  Salmo 

xxxiv.  3G 


562  T  R  U 

fario  ,  Linn. ,  qu'on  trouve  dans  les  ruisseaux  de  l'Europe  et 
du  nord  de  l'Asie,  et  dont  la  chair  est  fort  estimée.  V.  au  mot 
Salmone. 

Ce  poisson  ,  qu'on  appelle  aussi  trouite  ,  se  distingue  des 
autres  espèces  du  même  genre  dont  quelques-unes  portent 
le  même  nom  ,  et  surtout  de  la  truite  saumonée,  {salmo  trutla  , 
Linn.  ),  par  sa  lêle  qui  est  assez  grosse  ,  par  sa  mâchoire 
inférieure  qui  avance  un  peu  sur  la  supérieure  lorsque  sa 
bouche  est  fermée,  et  qui  sont  toutes  deux  armées  de  dents 
pointues  et  recourhées.  On  remarque  également  de  petites 
dents  sur  son  palais  et  sa  langue.  Son  nez  et  son  front  sont 
d'un  brun  foncé  ;  ses  joues  jaunes,  mêlées  de  vert  ;  son  corps 
est  aplati  ,  avec  une  ligne  latérale  droite  et  des  écailles  pe- 
tites ;  sur  son  dos  ,  qui  est  obscur ,  se  voient  des  taches  noi- 
râtres, et  sur  ses  côtés,  qui  sont  bleuâtres,  des  taches  rouges  , 
entourées  d'un  cercle  plus  pâle  -,  son  ventre  est  blanc  ;  ses 
nageoires  pectorales  sont  d'un  brun  clair  ;  celles  de  son  ventre 
jaunes,  et  acccompagnées  d'un  appendice;  celle  de  l'anus 
est  composée  de  onze  rayons  mêlés  de  gris  et  de  jaune  ,  ex- 
cepté le  premier ,  qui  est  rouge  et  plus  grand  ;  celle  de  la- 
queue  est  arrondie  et  légèrement  échancrée  ,  et  rayée  de 
jaune  ;  la  première  du  dos  est  grise  ;,  tachée  de  rouge  ,  et 
la  seconde,  ou  l'adipeuse,  jaune,  avec  une  bordure  brune. 
Le  corps  de  la  truite  est  ordinairement  long  d'un  pied  , 
«t  pèse  une  demi-livre.  On  en  trouve  cependant,  dans  les' 
lacs  et  les  étangs  ,  qui  pèsent  trois  livres  ,  et  même  jusqu'à 
six  à  huit  ;  mais  ces  dernières  sont  extrêmement  rares. 

C'est  dans  les  eaux  limpides  et  froides .  dans  les  ruisseaux, 
les  lacs  et  les  étangs  des  montagnes,  que  se  plaisent  le  mieux 
les  truites.  Elles  nniltiplient  rarement  dans  les  eaux  st.ig- 
nantes  ,  dont  le  fond  est  boueux.  Elles  fraient  en  automne. 
A  cette  époque  ,  elles  s'approchent  du  rivage  ,  se  fourreqt 
entre  les  racines  des  arbres  ou  entre  les  grosses  pierres, et  se 
laissent  fort  aisément  prendre  à  la  main.  Elles  multiplient 
beaucoup,  quoique  pourvues  d'une  moindre  quantité  d'œufs 
que  les  carpes  et  autres  poissons  de  même  grosseur  ,  pro- 
bablement parce  qu  il  y  a  peu  de  poissons  voraces  dans  les 
eaux  qu'elles  préfèrent.  On  prétend  que  le  plus  dangereux 
ennemi  de  la  truite  est  la  truite  même,  les  grosses  mangeant 
très-fréquemment  les  petites. 

La  truite  vit  de  petits  poissons,  de  coquillages  ,  de  crus- 
tacés ,  de  vers  et  d'insectes.  Comme  elle  est  le  meilleur  pois- 
son de  nos  rivières,  elle  se  soutient  toujours  à  des  prix  élevés, 
surtout  dans  les  grandes  villes.  On  a,  en  conséquence,  fré- 
quemment fait  des  dépenses  pour  la  multiplier  dans  des 
étangs  ;   mais   ces  entreprises  n'ont  réussi  qu'autant  que 


T  R  U  563 

l'étang  avoit  un  fond  de  sable  ,  et  éloit  alimenté  par  des 
sources  voisines  assez  abondantes  pour  permettre  un  cou- 
rant continuel ,  que  ses  bords  étoient  entourés  de  grands 
arbres  propres  à  procurer  de  la  fraîcheur  à  l'eau  pendant 
l'été,  V.  au  mot  Etang,  la  manière  de  les  construire  et  de 
les  emménager. 

On  empoissonne  ordinairement  les  étangs  à  truites  avec 
soixante  tiuiles  par  arpent ,  et  on  choisit  le  commencement 
de  l'hiver  comme  l'époque  la  plus  favorable  pour  faire  celte 
opération. 

Les  truites  qu'on  renferme  dans  les  étangs  sont  souvent 
plus  nombreuses  que  la  nourriture  qu'elles  y  trouvent  ne  le 
comporte  ;  en  conséquence  ,  il  faut  leur  fournir  ,  surtout 
pendant  l'hiver,  des  supplémens ,  qui  doivent  être  toujours 
tirés  du  règne  animal,  parce  que  ce  poisson  ne  vil  point  de 
végétaux.  En  conséquence,  on  y  jettera,  coupés  en  petits 
morceaux,  tous  les  animaux  morts  qu'on  pourra  se  pro- 
curer, les  entrailles  de  toutes  les  volailles  qu'on  consommera 
dans  la  maison,  etc.  On  indique  aussi,  comme  très-bonne, 
une  bouillie  faite  avec  de  l'orge  cuite  et  du  sang  de  bœuf  H 
est  à  observer  qu'on  s'occupe  peu  de  la  nmlliplication  des 
truites  en  France  ,  quelque  avantageux  qu'en  soient  les  ré- 
sultais ,  et  que  c'est  chez  nos  voisins  les  Allemands  qu'il  faut 
aller  chercher  de  bons  exemples  à  cet  égard. 

On  trouve  fréquemment  des  truites  dans  des  ruisseaux  où 
il  n'y  a  que  quelques  pouces  d'eau  pendant  l'été  :  alors  elles 
se  réfugient  dans  des  fosses  ,  sous  des  racines  d'arbres  ,  entre 
des  pierres  ,  etc.,  et  ne  sortent  que  la  nuit  pour  chercher  leur 
nourriture.  Elles  nagent  avec  une  si  grande  rapidité,  que, 
lorsqu'elles  sont  surprises,  l'œil  ne  peut  les  suivre  dans  leur 
fuite.  Elles  sautent  à  cinq  ou  six  pieds  de  haut  pour  franchir 
les  obstacles  qui  s'opposent  à  leur  passage.  Les  moyens 
qu'elles  emploient  pour  parvenir  à  s'élever  ainsi,  sont  les 
mêmes  que  ceux  dont  le  saumon  fait  usage  dans  des  circons- 
tances analogues. 

On  prend  ordinairement  la  truite  à  la  trouble  ,  à  la  louve, 
à  la  nasse,  et  à  la  ligne.  11  faut  lever  avec  vitesse  la  trouble  dès 
qu'on  s'aperçoit  qu'il  y  en  a  une  d'arrêtée  ,  parce  qu'elle 
échapperoit  par  un  saut.  On  l'attire  dans  la  nasse  ou  la  louve 
au  moyen  d'un  mélange  de  casloreum  ,  de  camphre  et  d'huile 
de  lin  ,  fait  par  le  moyen  du  feu  ,  et  enfermé  dans  un  sachet 
de  toile.  On  met  pour  amorce  ,  à  la  ligne  ,  un  morceau  de 
chair  d'écrcvisse  ,  un  petit  poisson  ,  un  gros  ver  de  terre  ,  une 
larve  de  hanneton  ,  une  sangsue  ,  etc.  Les  Anglais  ,  qui  ai- 
m.ent  beaucoup  la  pêche  à  la  ligne  ,  ayant  remarqué  que  les 
truites  sautent  souvent  hors  de  Teau  pour  prendre  les  insectes 


564  T  R  U 

au  vol ,  forment  des  figures  4'insectes  avec  de^  étoffes  colo- 
rées et  de  la  soie  ou  du  crin  ,  et  après  les  avoir  attachées  à 
l'hameçon  ,  les  promènent  sur  l'eau.  Le  poisson  vient  s'y 
prendre  ,  et  le  même  appât  peut  servir  fort  long-temps  ;  mais 
on  doit  le  changer  tous  les  mois  ,  parce  que  la  nature  amène 
chaque  mois  de  nouvelles  espèces  d'insectes,  et  qu'il  faut, 
autant  que  possible  ,  l'imiter.  Ainsi  j'ai  reçu  d'Angleterre  de 
ces  appâts  ,  qui  représentent  des  Ephémères  ,  des  Fri- 
CANES ,  des  Grillons  ,  etc.  Cette  pêche  ,  que  je  n'ai  pas  eu 
occasion  de  pratiquer  depuis  que  je  possède  ces  amorces  fac- 
tices, réussit  surtout  vers  le  lever  du  soleil  et  pendant  la  nuit. 

Dans  les  pays  où  la  pêche  des  truites  est  abondante  ,  et 
où  l'on  ne  trouve  pas  le  débit  de  ses  résultats  ,  on  les  sale  et 
on  les  marine  pour  les  conserver.  Dans  d'autres  où  ce  poisson 
est  rare  ,  sa  pêche  est  un  droit  féodal ,  et  on  coupe  la  main  , 
on  bannit ,  on  emprisonne  ceux  qui  s'y  livrent  sans  autori- 
sation. 

La  chair  de  la  truite  est  blanche  ,  tendre  et  d'un  bon  goût. 
Plus  l'eau  où  elle  a  vécu  est  pure  et  froide  ,  et  plus  elle  est 
savoureuse.  C'est  pendant  l'été  qu'elle  est  la  plus  recher- 
chée, parce  que  c'est  alors  qu'elle  est  grasse.  Du  temps  des 
Romains ,  elle  ornolt  déjà  les  tables  les  plus  délicates.  Les 
œufs  de  la  truite  sont  très-gros  au  moment  du  frai ,  et  d'une 
excellente  saveur.  On  les  emploie  pour  prendre  le  Salmot^e 

OMBRE    CHEVALIER.  (B.) 

TRUITE  DES  ALPES  ou  TRUITE  NOIRE  ,  Salnw 
afpùius  ,  Linn.  V.  au  mot  Salmone.  (b.) 

TRUITE  RRUNE.  Espèce  de  SALMO^^,  que  quelques 
auteurs  regardent  comme  une  variété  de  la  Truite  commuîse. 

(B.) 

TRUITE  DE  MER.  On  appelle  ainsi  une  espèce  de 
Salmome  (  Salmo  gœdenii ,  Bloch  ) ,  qu'on  pêche  dans  la  mer 
Baltique,  (b.) 

TRUITE  SAUMONEE  ,  Salmo  trutta  ,  Linn.  Cette  es- 
pèce se  dislingue  de  la  truite  commune  ,  lorsqu'elle  est  cuite, 
par  sa  chair  ,  qui  est  rougcûtre  comme  celle  du  saumon  ,  et 
lorsqu'elle  est  en  vie  ,  par  sa  tête  plus  petite  ,  ses  mâchoires 
d'égale  longueur,  son  nez;  et  son  front  noirs,  ses  joues  d'un 
jaune  mêlé  de  violet,  son  dos  et  ses  flan<is  noirâtres  et  cou- 
verts de  taches  noires,  son  ventre  blanc,  ses  nageoires  grises, 
avec  des  rayons  blancs,  excepté  l'adipeuse  et  la  caudale ,  qui 
sont  noires. 

Ce  poisson  mérite  le  nom  qu'il  porte,  car  il  tient  de  la 
truite  commune  et  du  saumon.  Il  parvient  à  la  grandeur 
d'un  saumon  moyen  ,  c'est-à-dire,  à  trois  ou  quatre  pieds 
de  long  et  à  huit  à  dix  livres  de  poids.  Il  habite ,  comme  le 


T  R  U  565 

saumon  ,  une  partie  de  Tannée  dans  les  fleuves  ,  et  l'autre 
partie  dans  la  mer.  Il  fraie  dans  l'eau  douce  au  milieu  de 
l'hiver.  Sa  nourriture  est  la  même  que  celle  de  la  truite  com- 
mune, et  il  aime,  comme  elle,  une  eau  vive  et  courante 
qui.  ait  un  fond  de  sable  et  de  cailloux.  Sa  chair  change  selon 
les  rivières  où  on  le  prend. 

On  pêche  les  truites  saumonées  au  filet ,  à  la  nasse  et  à 
la  ligne  de  fond  ,  à  laquelle  on  attache  un  gros  ver  ou  une 
sangsue.  Dans  les  endroits  où  on  en  prend  une  grande 
quantité  ,  et  où  on  ne  peut  les  consommer  fraîches  ,  on  les 
sale,  on  les  fume  et  on  les  marine.  En  Ecosse,  par  exemple, 
où  elles  sont  l'objet  d'un  commerce  considérable ,  voici 
comme  on  les  y  prépare  :  après  les  avoir  vidées  et  lavées  , 
on  les  met  dans  le  sel  pendant  quelques  heures  ,  puis  on  les 
fait  sécher,  on  les  arrose  de  beurre  ou  d'huile  d'olive  ,  et  on 
les  fait  cuire  sur  le  gril  ;  il  ne  s'agit  plus  ensuite  que  de  les 
mettre  dans  des  barils,  alternativement  sur  des  lits  de  feuilles 
de  laurier  ,  de  romarin  ,  'de  tranches  de  citron,  de  clous  de 
girofle  et  de  poivre  ,  et  de  remplir  les  interstices  de  fort  vi- 
naigre qu'on  a  fait  bouillir. 

On  les  marine  aussi  dans  l'huile  ,  c'est-à-dire  ,  qu'après  les 
avoir  vidées,  lavées  et  fait  cuire,  on  les  coupe  par  morceaux, 
dont  on  ôte  les  principales  arêtes,  et  on  les  met  dans  des  vases 
pleins  d'huile.  V.  au  mot  Thon. 

La  truite  saumonée  fraîche  est  un  excellent  manger,  sur- 
tout quand  elle  est  grasse.  Sa  chair  est  tendre  et  facile  à  di- 
gérer, (b.) 

TRUITÉE.  Nom  marchand  d'une  coquille  du  genre 
Porcelaine,  Cypraea  lynx  ^  L.  (desm.) 

TRUKAWKA.  Nom  polonais  de  la  Tourterelle,  (v.) 

TRUMBLURE.  L'un  des  noms  suédois  du  marsouin  , 
espèce  de  Dauphin,  selon  M.  Lacépède.  (desm.) 

TRUMBOTTO.  Nom  italien  du  Butor,  (v.) 

TRUMMER-ACHAT  ,  c'est-à-dire  ,  Brèche  agate  ou 
Agate  BRÉCHÉE  des  Allemands.  Labrèche  d'agate  deRochlitz 
en  Saxe  ,  est  une  des  plus  belles  qu'on  puisse  citer  pour 
exemple,  (ln.) 

TRUMMER-PORPHYR  des  Allemands.  Ce  sont  les 
porphyres  ,  lorsqu'ils  contiennent  des  parties  fragmentifor- 
mes  de  même  nature  et  de  même  espèce  que  la  roche,  (ln.) 

TRUMMERSTEIN.  Les  naturalistes  allemands  em- 
ploient cette  dénomination  pour  désigner  les  poudingues  et 
autres  conglomérats  secondaires,  (ln.) 

TRUMPO.  Nom  spécifique  d'une  espèce  de  Cachalot. 
Il  est  particulièrement  attribué  à  ce  cétacé  par  les  habitans 
des  îles  Bermudes.  (desm.) 


566  T  R  U 

TRUNCILLA.  M.  Rafinesque  ayant  divisé  le  genre  de 
coquilles  appeléMuLETTE, Mn«o,  en  huit  sous- genres,  applique  à 
l'un  de  ceux-ci  le  nom  de  irundlla  :  il  renferme  les  espèces 
à  valves  bombées  ,  tronquées  antérieurement  ;  à  dent  posté- 
rieure semi  lamellaire  de  la  charnière,  déniée;  à  dent  la- 
mellaire oblique,  courte.  Les  espèces  américaines,  qu'il 
îaomme  tmncilla  tiiquetra  gI  iruncWa  truncata ^  ont  pour  carac- 
tère commun  d'avoir  l'axe  médial.  (desm.) 

TRUNCrIBIN  et  TIRIAM-JABYN,  Noms  arabes  de  la 
manne  qu'on  recueille  en  Perse  ,  sur  l'arbrisseau  appelé 
Agul  et  Alhagi.  V.  ces  mots.  Rauwolfe  appelle  cette  manne 
irarischihil.  (ln.) 

TRUO.  Le  pélican  se  nommoit  ainsi  dans  l'ancien  latin  , 
et  il  a  conservé  ce  nom  chez  les  Romains  modernes.   V. 

PÉLICATN.  (s.) 

TRUONG-KHE.  V.  Nhon-cut  dée.  (ln.) 

TRUXALE,r/u:»rt//5. Genre  d'insectes  de  l'ordre  des  or- 
thoptères, famille  des  sauteurs,  tribu  des  acrydiens.  Ses  ca- 
ractères sont  :  tarses  à  trois  articles;  lèvre  inférieure  bifide  ; 
antennes  très-rapprochées,  pyramidales,  insérées  au-dessus 
de  la  ligne  qui  sépare  transversalement  les  yeuK  ;  le  corps 
est  allongé  ;  la  tête  s'élève  en  pyramide  ,  et  a  deux  yeux  al- 
longés ,  et  trois  petits  yeux  lisses  ;  l'abdomen  est  simple ,  avec 
les  élytres  en  toit  ;  les  pattes  postérieures  sont  fort  longues 
et  propres  à  sauter. 

Les  truxales ,  dont  Linnseus  a  formé  la  division  des  acrydes^ 
de  son  genre  gryllus  ,  ont  beaucoup  de  rapports  avec  les  m- 
^«efc;  mais  on  les  en  distingue,  au  premier  coup  d'œil,  par  leur 
tête  conique,  allongée, leursantennes  en  forme  de  sabre  et  leurs 
pattes  postérieures  très-longues.  On  ne  sait  rien  des  mœurs 
de  ces  insectes  ;  on  les  trouve  dans  les  pays  chauds. 

Truxale  a  grand  nez,  Tnixalis  nasutiis ,  Fab.  ;  Gryllus 
nasutm^  Linn, ,  pi.  R  lo  ,  1 1 ,  de  cet  ouvrage.  Elle  a  environ 
trois  pouces  de  long,  tout  le  corps  et  les  élytres  de  couleur 
verte  ,  dans  l'insecte  vivant  ;  le  corselet  comprimé  en  dessus 
et  sur  les  côtés  ,  avec  trois  lignes  longitudinales  élevées,  peu 
marquées  ;  \<i!!,  élytres  et  les  ailes  très-étroites,  plus  longues 
que  l'abdomen  ;  les  pattes  postérieures  garnies  de  deux  ran- 
gées d'épines  courtes  et  minces. 

On  la  trouve  dans  les  cantons  méridionaux  de  la  France, 
en  Italie,  en  Espagne  et  en  Afrique. 

Il  y  a  un  travail  à  faire  sur  les  espèces  qu'on  a  confondues 
avec  celle-ci.  Le  corselet  et  la  couleur  des  ailes  fourniront 
des  caractères  suffians  pour  les  séparer.  Dans  une  espèce  ob- 
servée en  Espagne  ,  par  mon  ami  M.  Léon  Dufour,  les  ailes 
inférieures  sont  roses  ,  avec  de  petits  traits  noirâlrçs, 


T  R   Y  567 

Truxale  de  Hongrie  ,  Tmxalis  Hungariœ,  Fab.  Eile 
est  moins  grande  que  la  précédente  ;  elle  a  la  tête  conique, 
d'unverl  obscur  ;  les  antennes  et  les  pattes  rougeâlres  ;  les 
élylres  vertes,  avec  des  lignes  ferrugineuses  et  noirâtres  ,  au- 
delà  du  milieu  ;  le  corselet  a  trois  lignes  élevées.  Ce  n'est 
peut-être  qu'une  variété  du  mâle  de  la  précédente. 

On  la  trouve  en  Hongrie,  (l.) 

TRUYE.  V.  Truie,  (s.) 

rRY(ilS  et  TROCHIS.  Synonymes  grecs  des  tragos  ou 
iragus  des  anciens,  (lm.) 

ÏRY(iON.  La  Tourterelle,  en  grec,  (s.) 

TRYGON.  Adanson  a  donné  ce  nom  aux  Raies  de  la  di- 
vision des  Pastenagues.  (desm.) 

TRYGOJSOBATE.  Genre  de  Raies  établi  par  M  de 
Blainville  ,  dans  le  Nouveau  Bulletin  de  la  Société  Philo- 
malhique.  (desm.) 

TRYGOS,  TRIGONA.  Noms  grecs  de  la  Tourterelle 

DES  BOIS.  (V.) 

TRYCiTAS.  Nom  grec  du  Bécasseau,  suivant  Gesncr, 
et  CiGELOs,  suivant  Belon.  (v.) 

TRYMATlUlM.  Genre  de  plantes  de  la  famille  des  mous- 
ses ,  établi  par  Frtilisch  ,  et  non  adopté,  (r.  B.) 

TRYPETHELION,  Trypethdium.  ^oxxvt^kti  ^eme  de 
plantes  de  la  famille  des  Lichetss  ,  proposé  par  Acbarius 
dans  sa  Lirhenographie.  unioerselle.  H  comprend  le  Trypethe- 
Lio>!  de  SPRENGELet  le  Trypethelion  mastoïde.  Cette  der- 
nière espèce  étoit  décrite  sous  le  nom  de  Bathelion  dans  le 
Methodus  Uchenum. 

Ce  genre  a  pour  caractères  :  une  base  {Ihollus)  carlilagi- 
néo  -  membraneuse  ,  uniforme  ;  des  écussons  hémisphéri- 
ques sessiles ,  colorés ,  à  bords  noir  ,  épais  ,  élevés,  ayant  au 
centre  des  lignes  ou  des  points  irréguliers  qui  sont  ,  comme 
dans  plusieurs  pézizes  ,  la  sommité  saillante  d'espèces  dé  po- 
ches dans  lesquelles  sont  renfermés  de  petits  grains  globuleux. 

Il  se  divise  en  deux  sous-genres  appelés,  l'un  Glyphis  et 
l'anire  Chiodecton. 

Plusieurs  espèces  de  ce  genre  sont  figurées  tome  12  ,  pi.  3 
des  Transactions  de  la  Société  linnéenne  de  Londres,  (b.) 

TRYPOXYLON,  7'/ryPOJt;y/o«,  Latr. ,  Fab.  :  Jpius ,  Jur. 
Genre  d'insectes  de  l'ordre  des  hyménoptères,  section  des 
porte-aiguillons,  famille  des  fouisseurs,  tribu  des  crabronites, 
ayant  pour  caractères  :  un  aiguillon  ,  dans  les  femelles  ;  lèvre 
inférieure  évasée  au  bord  supérieur  ,  à  divisions  latérales 
très-petites  et  peu  apparentes;  antennes  grossissant  insen- 
siblement vers  l'extrémité,  grosses,  insérées  vers  le  milieu 
de  l'entre-deux  des  yeux  ;  premier  et  troisième  articles  allon- 
gés; palpesmaxiliaires  courts;  mandibulesenlières, sans  dents. 


568  T  S  A 

Les  trypoxylons  ont  le  corps  allongé  ;  la  tête  de  la  largeur 
du  corselet,  avecle  chaperon  court,  large  ;  les  yeux  échan- 
crés  ;  le  corselet  un  peu  plus  étroit  en  devant  ;  l'abdomen 
rétréci  insensiblement  vers  sa  naissance  ,  et  les  tarses  munis 
d'une  grosse  pelote  entre  leurs  crochets  ;  trois  cellules  cubi- 
tales aux  aiies  supérieures ,  mais  dont  la  seconde  et  la  troi- 
sième ,  ébauchées  ou  moins  distincles. 

Le  trypoxylon  potier  ,  l'espèce  la  plus  commune  de  ce  genre, 
place  le  nid  de  ses  petits  dans  les  bois,  les  portes  ,  les  vieux 
arbres  ;  il  profite  des  trous  faits  par  d'autres  insectes  qui  en 
sont  sortis,  les  nettoie  ,  les  agrandit,  les  revêt  à  l'intérieur 
d'une  couche  de  terre  délayée  ,  y  met  une  araignée^  y  dépose 
«n  œuf  et  maçonne  l'ouverture.  Tout  ceci  n'est  l'affaire  que 
de  deux  jours  pour  chaque  nid.  La  larve  est  sans  pattes,  pâle  , 
Semblable  a  cfc]  le  des  a^e/7/cs.  Après  avoir  consumé  le  cadavre 
de  l'araignée  ,  elle  se  file  une  coque  très-mince,  d'un  brun 
jaunâtre. 

Trypoxylois  potier,  Tijpoxylonfigulm  ,  Fab.  ;  Sphex  fi~ 
gïiliis ,  Linn.  Cet  insecte  est  long  d'environ  quatre  lignes, 
tout  noir,  iuisant  e1  glabre  ;  les  bords  postérieurs  des  anneaux 
de  l'abdomen,  ou  du  moins  leurs  côtés,  ont  un  reflet  d'un 
gris  luisant;  les  ailes  s'ont  plus  courtes  que  l'abdomen,  à  rai- 
son de  sa  forme  allongée  ;  leur  extrémité  est  noirâtre. 

Cet  insecte  est  commun  en  Europe. 

L'espèce  nommée  par  Fabricius  alhiiarse  ^  a  été  apportée 
de  la  (Caroline  par  M.  Bosc.  Elle  est  toute  noire  ,  avec  les 
tarses  postérieurs  blanchâtres;  le  premier  anneau  de  l'ab- 
domen a  ,  en  dessons  ,  dans  l'un  des  sexes  ,  une  épine  ;  les 
ailes  sont  noires,  (l.) 

TRZNADEL.  Nom  polonais  du  Bruant,  (v.) 

TSAGRA.   F,  BaTARA  TSAGRA.  (V.) 

TSAl.  Nom  cochlnchinois  de  la  plante  de  ce  pays  ,  qui , 
traitée  comme  I'Indigotier  ,  fournit  une  fécule  verte  ,  qui 
seule  teint  les  étoffes  en  celle  couleur.  J'ignore  à  quel  genre 
appartient  cette  plante,  (b.) 

TSAI  FU  KEN.  Nom  donné  ,  en  Chine  ,  au  Radis 
(  Raphanus  satims  ,  L.).  Cette  plante  est  cultivée  au  Japon  , 
en  Chine  et  Cochinchine.  (ln.)        t  ' 

TSALTSALYA.  Nom  donné  par  Bruce  ,  dans  son 
Voyage  en  Abyssinie  ,  à  un  insecte  de  l'ordre  des  diptères  , 
qui  tourmente  par  ses  piqûres  divers  animaux,  et  que  le  lion 
même  redoute.  C'est  probablement  une  espèce  àe  pangoiiie 
ou  de  (ann.  (l.) 

TSAMPACA-CALAC.  V.  Tulipifera.  (ln.) 

TSAO-GAO.  Nom  d'une  espèce  d'ARMOiSE  ( /////"«««i 
annua  ,  Lour.)  ,  en  Chine.  (LN.) 


T  s  C  569 

TSAO-KIE.  Nom  donné  ,  en  Chine  ,  à  une  espèce  de 
Mimosa  {^  M.  fera  ,  Leur.),  hérissée  d'épines,  et  qui,  pour 
cette  raison,  sert  à  faire  d'excellentes  haies  de  clôture,  (ln.) 

TS \()-KIT-LA.M.  Nom  donné  ,  en  Chine,  à  une  espèce 
de  Caneficier,  Cassia  obtusifolia,  L.  (ln.) 

TSAO-QUO.  Nom  donné,  en  Chine  ,  à  Yamomum  mé- 
dium ,■  Lour.  V.  Thao  QUA.  Une  autre  espèce  du  même  genre 
est  nommée  TsAO-KEU.  F.  Mé-tlé.  (ln.) 

TSAU-XU.  V.  Tsi-xu.  (ln.) 

ÏSCilA(àOU.  Nom  imposé  par  les  Samoïèdes  à  l'OiE  a. 

cou  ROUX.    (V.) 

TSCHAKVYOI.  Nom  que  les  Osliaques  donnent  à  l'OiE 

A   COU  ROUX,   (V.) 

TSCHAMA.  Les  Tschérémisses  donnent  ce  nom  au  Pou- 
lain, (desm.) 

TSGHAN.  Nom  du  Poulain  ,  chez  les  Tarlares  Sirja- 
nices.  (desm.) 

TSCHAR.  Les  Tartares  Morduans  donnent  ce  nom  à 
une  petite  espèce  de  Rat.  (desm.) 

TSCHASCHEA  et  AHSINGES.  Noms  des  Chiens  ,  au 
Kamschalka.  (desm.) 

TSCHATAK,  Nom  du  Glouton  chez  les  Tunguses , 
selon  Erxleben.  V.  Glouton,  (s.) 

TSCHAUKA.  Nom  turc  du  Choucas,  (v.) 

TSCHEGRAVA.  V.  Sterne,  (v.) 

TSCHELATA.  Nom  que  porte,  sur  les  bords  du 
Kamschatka,  le  nincateux  de  cette  contrée,  (v.) 

TSCHETÏLEspèce  de  Piment  qui  croît  dans  le  royaume 
deDar-Four,  en  Afrique,  et  dont  on  fait  une  grande  con- 
sommation dans  le  pays,  (ln.) 

TSCHETTI.  r.  les  articles  Schetti.  (ln.) 

TSCHIGIÏAI  ou  CZIGITHAL  Espèce  de  quadrupède 
qui  appartient  au  genre  Cheval,  (desm.) 

TSCHIKUÏTS.  C'est  ainsi  que  les  Koriaques,  peuple  de 
la  Sibérie  ,  appellent  le  pika.  Ce  nom  a  rapport  à  la  voix  de 
ce  quadrupède.  V.  Pika.  (s.) 

TSCHlNAMA.  Les  Morduans  donnent  ce  nom  à  la 
Marte,  (desm.) 

TSCHISS.  Les  Iakoutes  donnent  au  PiKA  ce  nom,  qui 
exprime  ,  en  quelque  façon  ,  le  cri  de  ce  quadrupède.  Ils 
l'appellent  aussi  daas-kyhta  ,  c'est-à-dire  ,  animal  des  pierres  , 
ou  agas  ,  qui  signifie  vieillard ,  à  cause  du  son  de  sa  voix  un 
peu  grave  et  comme  cassée.  V.  Pika.  (s.) 

TSCHUBHUKU.  Les  Iakoutes  appellent  de  ce  nom 
I'Argali  des  Mongoles  ou  Mouton  sauvage,  (desm.) 


^7^  T  S  I 

TSCHUNI.   Nom   du  Poulain  ,  chez  les  WotîaqHcs. 

(DESM.) 

TSCHUTSCHIS.  V.  Hochequeue,  (v.) 

TSE-LA  N.  V.  Trach-lan.  (ln.) 

TSEM-CAN.  Nom  chinois  d'une  variété  ou  espèce  d'O- 
RANGER.  Loureiro  pense  que  c'est  une  espèce  :  il  l'a  nommée 
ciirus  nobilis  ,  parce  qu'elle  produit  des  oranges  délicieuses  et 
les  meilleures  de  toutes,  (ln.) 

TSE-SONG.  C'est  le  Grand  Getsévrier  de  la  Chine,  (b.) 

TSHET-BÉ.  F.  l'ariicle  Bataua.  (v.) 

TSEU  PIEN-TEU.  Le  Doue  vovrvre  (Dollchos  pur- 
piireus  )  porte  ce  nom  en  Chine.  On  y  mange  ses  légumes 
lorsqu'ils  sont  jeunes  et  encore  tendres,  (ln.) 

TSEYRAIN  des  Persans  et  des  Turcs.  C'est  \ahu  de 
Ksempfer,  et  I'Amtilope  de  Verse  (^Aitiilopa  suljguiiurosa) 
de  Guldenstœdt.  (dhsm.) 

TSHINCA.  Nom  de  pays  du  Giroflier,  (b.) 

TSIA.  Nom  du  Thé  ,  au  Japon.  V.  Thée.  (lw.) 

TSIACARBÈBE.  C'est  le  cotylédon  hdnia/a  dans  Rum- 
phius  (  Amb.  5  ,  tab.  gS  ).  Celte  plante  grasse  est  le  type  du 
genre  kahmchoë à' \i\anson.  (ln.) 

TSIAGERLNUREL.  Le  Plaqueminier  à  trois  feuilles 
porte  ce  nom  dans  ITnde.  (b.) 

TSIA-IP.  Arhrisseau  grimpant,  qui  croît  en  Chine.  Les 
habitans  de  ce  canton  se  servent  de  ses  feuilles, naturellement 
très-âpres  pour  polir  différentes  sortes  d'ouvrages,  et  notam- 
ment i'étain.  Cet  arbre  est  regardé  par  Loureiro  comme 
une  espèce  d'actée  {actœa  aspera)  ;  mais  il  ne  peut  appar- 
tenir à  ce  genre,  et  doit  en  constituer  un  ;  l'usage  de  ses 
feuilles  est  le  même  que  celui  des  autres  plantes  de  l'Inde. 

F.   FOLIUM-POLITORIUM  ,    et  TrACH\TELLE.  (LN.) 

TSIXKELU.  F.  Tsiela.  (s) 

TSIAM  HOA.  Nom  chinois  d'une  espèce  de  Rosier 
particulière  à  l'Inde  {Rosa  indira ^  L.).  (ln.) 

TSIAIMPAC,  Nom  vulgaire  d'une  espèce  de  Champac 
d'Amboine.  (b.) 

T.SL\iVJ-PANG,AM.  On  trouve  le  Brésillot.  ou  un  arbre 
fort  voisin  de  lui,  mentionné  sous  ce  nom  dans  Rhéedc.  (b.) 

TSIAM  TEU.  C'est,  en  Chine,  une  espèce  de  Haricot  , 
P/mseo/us  mimgo,  L. ,  qu'on  y  eu  tive  dans  les  champs.  Siao  ieu 
est  un  autre  nom  de  cette  plante  ,  dont  les  graines  servent 
de  nourriture  dans  toute  l'Inde,  (ln.) 

TSIANA.  Nom  qui  se  donne  ,  dans  l'Inde  ,  au  Costus 
trè.s-beau.  (b.) 

TSIANA-KUA.  Plante  qui  paroît  ne  pas  différer  du  Cos- 
lu.s  d'Arabie,  (b.) 


T  S  I  071 

TSIANE,  Tsiana.  Nom  donné  par  RhécJe  au  Costl'S 
d'Arabie  ,  le  même  qui  a  été  appelé  ^«72c/5i">parKœnig.  (b.) 
TSIANGA-PUSPAM.  La  (iRATiOLE  a  feuilles  rondes 
porle  ce  nom  dans  l'Inde,  (b.) 

TSIANOKI.  Synonyme  de  Thé  ,  au  Japon,  (b.) 
TSIAO-MUI-HOA.  Nom  d'une  espèce  de  Rose  qui  croît 
en  Chine.  C'est  le  rosa  nankinensis  ,  Lour.  (lis.) 
^  TSIAU  -  TSUNG  -  H  O A.  C'est  le  nom  que  porte  ,  en 
Chine,  TEtskiatsthe  quinquéflore  de   Loureiro  ,  plante 
extrêmement  remarquable  par  ses  fleurs  d'un  beau  rouge 
rassemblées  dans  un  calice    commun  ,   ordinairement  ca- 
duc.   Les  personnes   riches    en    conservent     des   branches 
dans   des  vases  de  porcelaine  pleins  d'eau  :  et  ,    pour  jouir 
long-temps  des   fleurs  ,  elles  les  prennent  aussitôt  qu'elles 
commencent  à  paroîlre.  Cintis  (Bot.  Mag.  ,  tab.  164.9)  figure 
une  autre  espèce  qui  est  très  -  probablement  la  mêuie.  (ln.j 
TSLCHÛ.  Nom  chinois  du  Badamier  au  vernis,  (b.) 
TSIELA.  Arbre  du  genre  des  Figuiers  ,  dont  les  fruits 
servent  à  teindre  en  rouge,  et  l'écorce  à  faire  des  cordes.  Cet 
arbre  vient  de  l'Inde,  el  n'est  pas  encore  parfaitement  connu. 

(B.) 

TSIELI.  Le  Scirpe  articulé  porte  ce  nom  dans  l'Inde. 

(B.) 

TSIEM-CUMULU.  L'Orobanche  aginetie  est  figurée 
sous  ce  nom  dans  Rhéede.  (B.) 

TSIEM-TANI.  On  croit  que  c'est  le  Rumphe.  (b.) 

TSIEN-CHI-HUM.  Les  Chinois  nomment  ainsi  une  es- 
pèce de  Balsamine  (Impaiiens  cochleata  ,  Lour.  )  qu'ils  cul- 
tivent dans  leurs  jardins,  (ln.) 

TSIENPEN.  C'est  le  nom  que  les  Persans  donnent  au 
Talc  blanc.  On  sait  qu'ils  emploient  ce  minéral  réduit  en 
poudre  et  mêlé  avec  de  la  rliaux  et  de  l'eau  ,  pour  blanchir  les 
murs  des  maisons  el  des  jardins,  et  leur  donner  ainsi  une  appa- 
rence plus  belle,  (ln.) 

TSIERA-BELUTTA.  La  Passe-velours  argentée  est 
figurée  sous  ce  nom  dans'  Rliéede.  (b.) 

TSIERA-KUREN-PULLU.  La  Canamelle  en  épi 
porte  cenom  dans  Rhéede.  (b.) 

TSIERA  MARAM.  C'est  le  Croton  panaché,  (b.) 

TSIERIA-MAYA-NARI.  11  y  a  quelques  rapports  entre 
la  figure  de  cette  plante  ,  donnée  par  Rhéede ,  et  la  Gratiole 
de  Virginie,  (b.) 

TSIëROU  CANSIERAM.  On  trouve  la  Laureli.e  figu- 
rée sous  ce  nom  dans  Rhéede.  (b.) 


5/2  T  S  I 

TSIEROU  KANDEL.  Espèce  de  Mangle  figurée  dans 
Rhéede.  (B.) 

TSIEROU  -  KTRGANELI.  Rhéede  a  figuré,  sous  ce 
nom,  le  Niruri.  (b.) 

TSIEROU  KOSIOLETTÎ  -  PULIN.  C'est  la  Jonci- 
NELLE  CÉTACÉE  dans  Rhéede.  (b.) 

TSlr.ROU-MA-HARAVARA.  La  plante  qui  porte  ce 
nom^  dans  Rhéede,  se  rapporte  à  la  Vanille  a  feuilles 

MINCES,  (b.) 

TSIEROU-PONNA.  Synonyme  de  Calaba.  (b.) 

TSIERU-KARA.  Il  y  a  lieu  de  croire  que  c'est  le  Canti 
A  PETITES  fleurs  qui  porte  ce  nom.  (b.) 

TSIERU-TSIUREL.  Rhéede  a  ligure  le  Rotang  sous 
ce  nom.  (B.) 

TSIERU- VALLT-PAVA.  L'Ophioglosse  grimpante 
s'appelle  ainsi  dans  l'Inde.  (B.) 

TSÎERU-VELA.  On  donne  ce  nom  au  Mozambé  mono- 
phylle  dans  rindc.  (b.) 

TSIEURU  -  VRElS.  Plante  de  Tlnde,  qui  est  figurée  par 
Rhéede.  C'est  la  JVlÉLOCtîiE  A  feuilles  de  corette.  (b.) 

TSÏRT-TSAO.  Nom  donné  ,  en  Chine  ,  à  une  espèce  de 
Dragonier  ,  Dracœna  ferrea  ,  L.  (ln.) 

TSIETTI  MANDARU.  C'est  la  Poincillade  ,  dans 
l'Inde.  (B.) 

TSIETTI -PU.  La  Chrysanthème  de  l'Inde  porte  ce 
nom  dans  Rhéede.  (b.) 

TSIKO  ou  TSCHIKOO.  L'un  des  noms  hongrois  du 
Poulain,  (desm.) 

TSIKUI.  Nom  japonais  de  la  Pierre  calcaire,  (ln.) 

TSIKUSITS.  K.œmpfer  mentionne,  sous  ce  nom  et  sous 
celui  de  fucu  ,  une  graminée  qui,  selon  Thunberg  ,  est  une 
espèce  (]e  saccharum  {sacc/i.  Japonir.um).  UoLanna^  vulgaire- 
ment boo  de  Kœmpfer  ,  est  encore  la  mêmeplante.  (ln.) 

TSILKIN.  Rumphius  appelle  ainsi  le  Lagerstrome  de 
l'Inde.  (B.) 

TSIMAMASOR.  Arbuste  grimpant  de  Madagascar,  dont 
les  fleurs  sont  d'un  rouge  éclatant.  J'ignore  à  quel  genre  il  se 
rapporte,  (b.) 

TSIM-Pl-XU.  C'est  le  Citronnier  en  Chine,  Citms  me- 
dica.  (ln.) 

TSIM-SIAM-TSU.  La  Passe-velours  argentée  (  Celo- 
.«a  rtrg-Ê/î/ga)  porte  ce  nom  à  la  Chine,  (ln.) 

TSIN.  Nom  que  les  Chinois  donnent  à  un  minéral  d'où 
ils  tirent  la  couleur  bleue  qu'ils  emploient  sur  la  porcelaine. 
Quelques  auteurs  disent  que  le  tsin  est  notre  cobalt^  ce  qui 
est  très-probable  ;  mais  ils  ajoutent  que  ce  minéral  se  trouve 


T  S  .1  573 

dans  des  mines  de  plomb  ,  et  qu'il  a  déjà  naturellement  une 
couleur  bleue  ,  ce  qui  ne  conviendroit  point  au  cohall  ^  dont 
l'oxyde  ne  devient  bleu  que  par  l*iasion.  V.  Cobalt,  Safre 
et  Smalt.  (pat.) 

TSIIS  -  Ll  -  QUONG.  Espèce  de  Trèfle  qui  croît  en 
Chine  ,  et  à  laquelle  les  Chinois  donnent  ce  nom.  C'est  le 
irifoUum  gluhosum  ,  Linn.  ,  suivant  Loureiro.  (ln.) 

TSiOHEl.  Séba  cite,  sous  cette  dénomination,  une  sorte 
de  grimpereau  des  Indes,  que  des  ornilhologisies  ont  pris 
mal  à  propos  pour  un  colibri^  ce  dernier  genre  d'oiseaux  ne 
se  trouvant  pas  dans  l'ancien  continent,  (s.) 
TSIOÏEI.  On  appelle  ainsi  le  Myrte,  (b.) 
TSlTSlHl.  Les  Madégasses  appellent  ainsi  Vèciireuil  de 
leur  pays.  V.   Écureuil  de  Madagascar,  (s.) 

TSITTI  PULLU.  Nom  malahare  du  Coracan  des  Indes 
(  Cynosunts  r.oracanus  ,  L-  )  ,  suivant  Rhéede  (  Mal.  13  ,  t.  78  ). 
C'est  le  ntialsjoiii  de  Knmphius.  (L^^) 

TSIUDE-MARAM.  Rhéede  nous  donne  ,  sous  ce  nom  , 
la  figure  de  la  Carmantiî^e  peinte,  (b.) 

TSIUISDA-ÏSIERA.  On  croit  que  c'est  I'Hotto^e  de 
l'Inde.  (B.) 

TSIURIA  CRANTI.  Plante  voisine  de  la  Quamoclite, 
si  ce  n'est  pas  elle.  (B.) 

TSl-XU.  Les  Chinois  donnent  ce  nom  et  celui  de  /5a/  xu 
à  TAuGlE  ,  arbre  qui  fournit  le  beau  vernis  particulièrement 
nommé  vernis  (le  Chine.  V.  Cay-SON.  (lN.) 

TSJACA.  Synonvine  de  Jacquier  dans  Rumphius.  (b.) 
TSJAGERl-NUREN.  Nom  malahare  du  diuscorea  tri- 
phylla  ,  L. ,  d'après  la  figure  de  cette  espèce  d'IoNAME,  don- 
née par  Rhéede  {Mai.  7  ,  I.  33).  Planche  35  du  niême  Ou- 
vrage ,  est  représenté  le  miren  -  kelengu  des  Malabares  ,  ou 
diosrorea  perUapliylla.  (LN.) 

TSJAKALA  (  Rhéede  ,  Mal. ,  3,  t.  64  ).  C'est  une  espèce 
de  Figuier  au  Malabar  {Jicus  venosa).  (ln.) 

TSJAKA-MARAM.  Nom  malahare  de  I'Arere-a-pain 
{Jr/ocarpus  i/itegrifoiiii.,  L.),  figuré  planches  26-28  du  vol.  3  de 
l'Herbier  du  Malahare  ,  par  Rhéede.  Dans  d'autres  parties 
de  l'Inde,  cet  arbre  se  nomme  yWa  .,  jaaca  ,  j'aqiia  et  /acens  , 
selon  Garzias,  Acosta  ,  Linscolt ,  etc.  De  ces  noms  dérive 
celui  de  Jacquier  (  F^ojez  ce  mot  )  ,  que  nous  donnons  à 
I'Arbre-a-pain.  (ln.) 

TSJAMA-PULLU  (  Rhéede  ,  Mai. ,  12  ,  pi.  45  ).  Gra- 

niinée    du  Malahare   qui  est  difficile  à  déterminer.  On  la 

rapporte,  soit  aa  feshira  indice  ,  Retz,  soit  au  paninmi  miliare., 

Lk.  ,  qui ,  selon  Vaillant ,  est  le  tekama  des  Indiens,  (ln.) 

TSJAINIPACCA  I*^omdu  Champac  (Michelia  thampacuj 


574  T  S  .T 

L.)»dansl'inde, selon  Breyne.  Ce  bel  arbre  est  nommé  zam^ 
pacra  aux  îles  Luçon ,  d'après  Cainelli  ;  c'est  le  sampaca  ou 
honga-sjampacm  des  Maf%,  suivant  Rumphius  ;  enfin,  c'est 
le  champar.a  ou  rhampaam  des  habilans  du  Malabar  (Rhéede). 
(iarzias  parotl  être  le  premier  botaniste  qui  ait  fait  connoître 
cet  arbre  qu'il  nomme  chutnpe.  'j'oules  ces  dénominations 
ont  pour  origine  le  même  nom  diversement  prononcé.  Il  ne 
faul  pas  confondre  le  tsjampacca  de  Breyne  avec  le  tsjampa- 
duha  de  Rumphius  {Amh. ,  ton»,  i  ,  tab.  3i)  ,  qui  n'est  qu'une 
variété  à  feuilles  velues  de  1  arbre  à  pain  et  le  champidaca  des 
Javans  ,  selon  Bontius.  Loureiro  en  fait  une  espèce  qu'il 
nomme  pohphœma  champeden.  Elle  croît  naturellement  dans 
les  bois  élevés  de  la  Cocbincbine  ,  et  y  est  également  culti- 
vée. On  se  sert  de  son  bois  pour  les  constructions  ;  il  est  d'une 
longue  durée.  Les  Malais  nomment  ce  Jacquier,  champeden. 

V.   l'sjACA-MARAM.  (LN.) 

TSJAaiPADAHA.  V.  Tsjampacca  ,  L.  (ln.) 
TSJANA-KUA.  Nom  malabare  d'une  espèce  de  Cos- 
TUS  ,  que  ,  sur  l'aulorilé  de  Roxburgh  ,  on  doit  regarder 
couime  le  Cosrus  arabicus  ,  Lk.,  pi.  i  ,p.  2  ,  qui  est  le 
C.  sppciusus  de  Sn>ith  ,  et  le  hanksea  speclusa  de  Kœnig.  (L^^) 
TSJANGA-PUSPAM.  Nom  malabare  du  gmtiola  rutun- 
difolla,  L.  ,  dans  Rhéede  (  Mal.  9  ,  tab.  57  ).  Il  ne  faut  pas 
confondre  cette  plante  avec  le  f^ratiola  chamœdrifoUa,  Lk.,  qui 
esl  le  fs/era-manga-naii  ,  Rhéede  {  L.  C.  ,  tab.  58  )  ;  ni  le 
gratiola  verunicœfulia  ,  Retz  ,  qui  est  le  riiellla  antipoda ,  L.  , 
et  le  pée-ijanga-piispam  (Rhéede,  L.  C. ,  tab.  89);  ni  le  gratiola 
irifida ,  Vahl  ,  qui  est  Vhotlonia  indica  ,  L.  ,  et  le  tsjuden 
isieria  de  Rhéede  (  vol.  12  ,  tab.  36  )  ;  qui  est  écrit  dans  le 
Species  plantarum  de  Linnœus  ,  tsiunda-tsiera  ,  et  dans  V Index 
de  Buriîiann  ,  ùjude  l.ijerœ.  (ln.) 

TSJAUK.  Nom  malais  de  la  Turbinet.le  poire.  (de.sm.) 
TSJERA  BELUTTA-ADECA-MANIAM.  Nom  ma- 
labare de  I'Amaranthine  argentée  (  Celosia  argenlea  ,  L.  ) , 
plante  annuelle   cultivée  dans  les  jardins  de  l'Inde.  Elle  est 
figurée  dans  Rhéede  (  vol.  10  ,  tab.  89  ).  (ln.) 

'TSJE:RA-CATU-NAREGAM.  Nommalabaredu  LiMO- 
NELLIER  acide  (  Limoniu  aridisv'ma  ,  L.  )  ,  dont  Adanson 
avoit  fait  un  genre  particulier  ,  qu'il  nomme  naringi  ^  déno- 
mination brame  de  cet  arbre.  Linnaeus  l'avoit  d'abord  consi- 
déré comme  une  espèce  de  srhînus  ;  puis  ,  il  le  transporta 
dans  son  Limonia  qui ,  par  conséquent ,  seroit  le  même  genre 
que  le  Naringi  d' Adanson.  La  pi.  i4  du  vol.  4-  àaVHuitus 
malahariciis  représente  celte  plante  des  Deux-Indes,  (ln.)  , 

TSJERA-C1T-AMBP:L.  Plante  herbacée  et  aquatique 
du  Malabar  ,  figurée  par  Rhéede (tom.  n  j  pi.  27).  .Elle  a 


T  S  ,T  S75 

Je  port  du  Cit-ambel  (  Nymphœa  palUda  ,  Wilia.  ).  On 
présume  qu'elle  peut  être  une  espèce  du  genre  Villarsia  , 
établi  aux  dépens  <\a  menyantfies  ,  Linn.  ;  le  'l'sjera-cit  ambd 
est  le  aimidi  ans  lîrauics.  (ln.) 

TSJERA-MANGA-NARl.  F.  Tsianga-pusp-sm.  (ln.) 
TSJEREGAM  MULLA.  Nommalahare  d'une  espèce  de 
Jasmin  (  Jasminum  unduintum ,    Vahl.).  (LN.) 

TSJERIA  KUUEN  PULLI3  (  Rhéede  ,  Malab.  12, 
t.  62  ).  C'est  le  Perotis  latifolia ,  W.,  ou  Saccharum  spicaturn^ 

L.  (LN.) 

TSJERIAM-COTTAM.Nom  malabare  d'un  arbrisseau 
peu  connu  ,  qui  paroît  appartenir  à  la  famille  des  ihymélécs. 
Selon  Lamarck  ,  Adanson  en  fait  un  genre  qu'il  nomme 
Patïara.  F.  ce  mot.  (ln.) 

TSJERIA-ONAPU.  Nom  malabare  d'une  variété  de  la 
'B^LS^Mll!iEFASClCVLtE,  Impatiens  fasciculala,  Lk.  F.  Onapu. 

(LN.) 

TSJERIA-PU-PAL-VALLI.  Celte  planle  ,  ^  figurée 
Horl.  malab.  7  ,  tab.55  ,  a  été  reconnue  êlre  une  Échite  , 
Ef.hiles  raryophyllala  ,    Roxb.  (b.) 

TSJERIA  SAMSTRAVADI.  Rhéede  figure  sous  ce 
nom  le  Jambosieh  a  fruits  auguleux  (b.) 

TSJEROU-MEER  ALOU.  Nom  malabare  d'une  espèce 
de  Figuier  (  Ficus  ierehnda ,  L.  ).  (ln.) 

TSJEROU-KARA.  Arbrisseau  du  Malabar  ,  figuré  par 
Rhéede  (iMalab.  5 ,  pi.  Sj),  Lamarck  et  Jussieu  le  rapportent 
au  genre  canl/iiiim  ;  c'est  le  r.  paivijlonim  ,  Lk. ,  que  Vill- 
denow  rapporte  au  genre  armera  ,  en  le  désignant  par  wehera 
ietrandra  ,  et  y  ajoutant  le  synonyme  de  tsjevoic-kara ,  qu'il 
avoit  rapporté  auparavant  et  affirmativement  à  son  monetia 
diacaniJia ,  qui  eslVan'ma  diarantha,  Lk.  «  Espèce  douteuse  , 
dit-il ,  selon  Dryander  ,  et  que  je  crois  devoir  conserver  à 
cause  de  la  description  soignée  et  de  la  figure  donnée  par 
Rhéede.  Le  kanden  kara  (  Rhéed.  5,  t.  36  )  ,  ajocite-t-il ,  est 
sans  nul  doute  une  espèce  de  ce  genre  ,  ou  bien  une  variété 
du  moiielhi  diacardha. 

On  doit  faire  observer  que  Lamarck  n'a  établi  son  Azinta 
d!arantfia,quG  sur  la  figure  seulement  de  V amaranthuïdcs l'ndicum 
de  Plukentt  (  Alm.  27  ,  tab.  i33)  ,  et  que  la  figure  de  cette 
plante  ne  prouve  nullement  qu'elle  appartienne  à  ce  genre  , 
ni  à  la  plante  figurée  par  Rhéede.  Il  en  résulteroit  donc 
que  Wllldenow  n'aur'Ut  pas  dû  la  confondre,  et  qu'il  faut 
annuler  Y azima  tetracantha  ,  Lk.  ,  et  ne  pas  conclure  encore 
que  le  tsjerou-kara  soit  plutôt  une  espèce  de  monetia  que  de 
webera.  (ln.) 

TSJEROU:MAU-MARAVARA.  C  Rhéede,,  Mal.  12  , 


5-6  T  S  J 

lab.  5).  Nom  malabarede  V Epidendrum  ienuifuh'um,  qacW'ûl- 
denow  place  dans  le  genre  cymhidiam.  (ln.) 

TSJEilOU-PAN^ÈL.  Nom  malabare  delà   Guatteuie 

TOUJOURS  VERIT..  (B.) 

TSJERU-CANIKAM.  Arbrisseau  ainsi  nommé  sur  la 
côte  A'îalabare  ;  c'est  le  tilo-caro  des  Brames.  11  a  les  fleurs 
télrandres  ,  ainsi  que  le  sclieru-valli-caniram .  Ces  deux  ar- 
brisseaux sont  figurés  pi.  2  et  4.  du  vol.  7  de  VHurlus  malaha- 
rlcus.  Adanson  a  fait  du  premier  le  type  de  son  genre  Ujeni- 
caivram,  et  Lamarck  a  rapporté  les  deux  à  son  genre  anis- 
jera,  en  les  considérant  comme  des  variéiés  d'une  même 
espèce  (  C.  malabarica  ,  L.  ).  Willdenow  les  distingue  ,  mais 
les  réunit  au  genre  Dtiphne  :  ce  sont  ses  I).  polysUchya  et 
rnoiiostacliya.    (ï.N.) 

TSJKRU-KOÏSJOLETTI-PULLU  (  Rbéede  ,  Mal. 
12  -  t.  G8  ,  i;pc.  63  ).  C'est  Veriocaulon  setaceum  ,  L.  (ln  ) 

TSJERU-PAKUA  (Rbéede,  Mal.  10,  18  ).  C'est  le 
sida  aciUa^  Cav.  ;  même  plante  que  !e  sîlagunum  longifolium 
de  Rumpbius  (  Amh.  6 ,  t.  18  ).  (lî^.) 

TSJERU  POEAM  des  Malabares ,  est  rapporté  au 
isiemUmi  (  V.  ce  mot  )  par  Adanson.  (ln.) 

TSJERU-TALLI-DAMA.  Nom  nialabarc  de  Vhedyo- 
ils  racemosa ,  Lk,  dans  Rbéede  (  Mal.  i5  ,  labl.  24  ).  (ln.) 

TSJERU-TARDAVEL  (Rbéede,  Mal.  10,  tabl.  94 ). 
Plante  du  Malabar  ,  peu  connue,  et  qui  n'est  pas  lejusiida 
prucumbens,  L.,  comme  le  croyoit  Burmann  (Ind.  ,p.  8). 
Jl  ne  faut  pas  la  confondre  avec  le  iardcwel  de  Rhéeôe  (  g, 
tabl.  76),  plante  berbacée  qui,  dans  le  Species  de  Willde- 
iiovv  ,  est  rapportée  ,  avec  doute  ,  à  son  spermacoce  scahm^ 
très-différent  du  spermacoce  hispida,  L.  V.  Tardavel.  (ln.) 
TSJERU-VALLEL  (  Rbéede,  Mal.  10,  t.  28  ).  C'est 
Yhydrolea  zei/anica,  Vabl ,  qui  formoit  le  genre  «ama,  puis 
sieris  de  Linnœus.  (LN.) 

TSJIN-KIN.  Arbre  des  Indes  ,  qui  atteint  la  grandeur  du 
grenadier,  dont  on  voit  une  figure  dans  Rumpbius  (Amb.  7, 
pi.  28).  C'est  le  lagersirœmia  indien^  L.  ,  et  le  genre  fsji/ikùt 
d'Adanson.  F.  Lagerstrome.  (ln.) 

TSJOCATTl.  Arbrisseau  de  douze  pieds  de  hauteur, 
qui  croît  au  Malabar,  et  dont  Rbéede  a  donné  une  figure. 
Gœrtner  en  a  fait  un  genre  qu'il  nomme  meesiu  ,  et  que 
Scbréber  cl  Willdenow  ont  adopté  sous  celui  de  IValkèie. 

(LN.) 

TSJONFÎDU.  En  Chine,  on  donne  ce  nom  aux  gramcs 
du  CoNDORI  (  adencnthera  pacuninna,  L.)  (LN.) 

TSJOPvl-VALLI.  Nommaiabare  d'une  espèce  d'A<  hit 
(  Cissus  carnosa ,  Lk.  )  ,  figurée  pi.  9  du  vol.  7  du  Jardin  du 


T  s  O  577 

Malabare.  On  voit  à  la  pi.  io,le  Belutta-isjori-valU,  qui  est  une 
autre  espèce  du  même  genre  (  Cissus  pédala  ,  Lk,  ),  et  non 
pas  le  Sambucus  canadensis  ,  L. ,  comme  l'a  cru  Burmann  , 
Ind.  75.  Rhécde  figure  ,  pi.  11 ,  le  schunambu-nulU ,  qui  est  le 
cissus  laiifo lia  ,  Lk.  (ln.) 

TSJO VANNA.  Nom  malabare  de  plusieurs  arbrisseaux: 
Rhéede  en  indique  trois,  savoir  : 

Le  isjomnna  amelpodi{  vol  6  ,  t.  4/  )  »  qui  est  VopJn'oxylum 
serpentinum  ,  L.  ; 

Le  isjomnna  areli  (  g  ,  tab.  2  )  qui  est  le  nerium  oduraluni  ,' 
Lam.  ,  espèce  de  Laurose; 

Et  le  tsjuoanna  - mannelli  (9,  tab,  38),  qui  est  \e  dama 
pana  des  Brames  ,  et  dont  Adansonfait  un  genre  dans  la  fa- 
mille des  légumineuses,  voisin  de  son  scaligera ,  qui  est  1  05- 
palaihus,  Linn.  Il  est  caractérisé  par  sa  gousse  cylindri- 
que, courte,  à  trois  ou  quatre  graines  spbériques,  son  calice 
tubulé  à  quatre  divisions  longues  ;  par  ses  fleurs  en  épi ,  et  par 
sesfeuilles  ailées, sans  impaire.  Ces  caractères  ne  se  trouvent 
point  dans  Vaspalathus.  Burmann  avoit  donc  jugé  à  tort  que 
îeùjopannamanncl/iéloïi  une  variété  de  son  aspalaihus  persica, 
ou  Va.  indica  ,  L.  (LN.)  < 

TSJO  VKiUSA.  Nom  japonais,  d'une  espèce  de  Sauge 
( 5aA'/a  y'ayyo/j/ca,  Thunb.,   Jap. ,  tab.  5),    selon  Ksempfer. 

(LN.) 

TSJUDAN  TSIERIA.  K.Tsjanga-puspam.  (ln.) 
TSJUDE-MARAM.  Nom  indien  de  la  Carmantine 

PEINTE.    (B.) 

TSJURIA-CRANTL  Nom  malabare  de  Vipomœa  qua- 
moclit,  L.,  dans  l'ouvrage  de  Rhéede  (  Malab.  11 ,  tab.  60). 

(ln.) 

TSKAN.  Nom  tarlare  d'un  petit  rongeur  du  genre 
des  Rats,  (desm.) 

TSOD()R.    L'un  des  noms  hongrois  duCHEVAL  entier. 

(dfsm.) 

TSONG-XU.  Nom  qui  désigne  ,  à  Canton,  en  Chine, 
nn  petit  arbre  de  la  dioécie  pentandrie  ;  c'est  le  strehlus  corda- 
tus,  Lour.  (ln.) 

TSONS.  Nom  japonais  d'une  espèce  de  Laurier  (  L. 
glauca^  Thunb.  ),  suivant  Kœmpfer.  (ln.) 

TSO-TSIAN  ÏSAO.  Espèce  d'oxalide  (oxalis  comicu-^ 
lata^  Linn.  ),  qui  croît  naturellement  dans  les  jardins,  en 
Chine,    (ln.) 

TSOUBAKL  Toycz  Tsubakki.  (b.) 

TSOWA  et  TSWA.  Noms  du  Tussilage  du  Japon, 
dans  Ksempfer.  (ln.) 

XXXIV.  Zj 


57»  T  S_V 

TSUBAKKI.    Nom  que  l'on  donne  ,  au  Japon,  selon 
Kaempfer  ,   au  came/ia,  bel  arbrisseau,  maintenant  Irès-cul- 
tivé  en  Europe  ,  dans  les  jardins  des  curieux.  Le  genre  canielia 
est  désigné  par    tsuhaki ,   dans   les   Familles   des   plantes 
d'Adanson.  (ln.)  ' 

TSUl-rUM-TSAO.  Kspèce  de  Sainfoin,  qui  croît  à 
la  Chine,  ci  qui  y  porte  ce  nom  ;  c'est  V /ledysarùm  /agopodioi- 
des,  Linn.  ,  suivant  Lourciro.    (ln.) 

TSULANG.  Nom  malais  du  Gattilier  à  feuilles  ailées 
(  Vitex  pimiata,  L.  )  ,  dont  Loureiro  fait  un  genre  qu'il  nom- 
me oglaia.  C'est  le  camunium  sinense,  Rumph.  7,1,  i8,et 
Burm.,  Ind.  ,  t.  4^  1  f-  2,   (ln.) 

TSIJM-XI.  Nom  de  I'Ognotsî  en  Chine  {aUhim  cepa , 
L.  ),  Loureiro  ,  portugais  ,  fait  observer  que  les  ognons  de 
la  Cochinchine  (  V.  Cay-hanh)  remportent  de  beaucoup, 
sur  ceux  d'Europe,  pour  le  goût  et  la  saveur,  de  même 
que  les  feuilles  de  ces  plantes  qu'on  mange  aussi  dans  cette 
partie  de  l'Asie,  (t.n.) 

ÏSUNG-LOLNG-THU.  Les  Chinois  appellent  aînsï 
une  espèce  de  Sainfoin  (  Hedysamm  gangeticum  ,  L.  ).  (ln.) 

TSURÏ.  Nom  japonais  de  la  Grue,  (s.) 

TSU-SU.  Nom  chinois  d'une  espèce  de  Mélisse  quî 
croît  et  qu'on  cullive  dans  les  pays  au  delà  de  la  presqu'île 
de  l'ïnde.  Selon  Thunberg  et  Loureiro ,  ce  seroit  la  Mélisse 
DE  Crète  (  Melissa  cretlca  )  ,  dont  on  mange  en  Chine  ,  et 
en  Cochinchine  ,  où  elle  est  appelée  /«-/ô,  les  jeunes  feuilles 
en  salade.  Elle  a,  du  resJe,  les  vertus  communes  à  toutes 
les  planles  labiées  aromatiques,  (ln.) 

TSUTJU-CRAWAN,  Turdus  ochrocephalus.  V.  GniVE , 
à  l'article  Meri.e  ,  tome  20  ,  page  24-3.  (v.) 

TSU  TSAO.  Espèce  de  JiuoLosE  qui  croît  en  Chine  , 
et  que  Loureiro  dit  être  la  Ruglose  officinale  {^Anchvsa 
officinaUs^.  Cette  "»iëme  plante  se  retrouve  en  Cochinchine  : 
elle  y  porte  le  nom   de  Tu-thao.  (ln.) 

TSÙTSUSl.  L'AzALÉA  DE  l'Inde  est  ainsi  nommé  dans 
Keempfer.   Adanson  a  nomnié  de  même  le  genre    Azaléa. 

(LN.) 


FIN    DU   TRENTE-QUATRIEME   VOLUME. 


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